Revue de presse théâtre
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Scooped by Le spectateur de Belleville
May 23, 2015 6:56 PM
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Dans la solitude des champs de coton de Koltès

Dans la solitude des champs de coton de Koltès | Revue de presse théâtre | Scoop.it

bPublié par Gilles Costaz dans WebTheatre
Changement de sexe

Koltès était très pointilleux sur la façon dont on s’emparait de ses textes. Il avait poursuivi Patrice Chéreau de sa vindicte, sans aller jusqu’à lui retirer son amitié, parce que celui-ci avait repris le rôle du dealer noir dans De la solitude des champs de coton. Aujourd’hui, le sacrilège est pire : deux actrices jouent les deux personnages de cette même pièce, alors qu’il s’git de deux hommes. Dans une zone imprécise de non-droit, de marché illicite, un vendeur de drogue – mais ce n’est pas dit, il vend tout et rien – dialogue avec un client qui ne prononce pas davantage sur la nature de l’achat qu’il pourrait faire. Ils s’éloignent et se rapprochent sans cesse l’un de l’autre, éclairant et voilant les sentiments qui les anime, cherchant la vérité de l’autre plus que leur vérité personnelle. L’échange est rhétorique, conceptuel, traquant d’une façon sans cesse fluctuante les idées de désir, d’amour et de solitude – où, pour l’auteur, tout est relié au marché, au marchandage. Commerce d’objets mystérieux et commerce de mots tournoyants : c’est Koltès tout entier, dans la fuite éclairante d’un langage miroitant qui débusque sans s’arrêter jamais sur une certitude définitive.
Voilà donc la pièce qui change de sexe. Pourtant, ce n’est pas ce qui frappe le plus dans cette étonnante mise en scène de Roland Auzet, artiste et musicien qui aime expérimenter du nouveau, tout en restant dans la passion des textes. L’originalité, c’est d’abord que le spectacle se passe dans un centre commercial, au cœur de l’atrium, aux différents niveaux des galeries superposées, alors que l’établissement reste ouvert aux clients de la soirée. Les passants, ainsi, croisent parfois les actrices se déplaçant d’une mezzanine à l’autre, empruntant les escaliers et l’ascenseur aux parois translucides. Dans le même temps, ce spectacle est réservé aux spectateurs car eux seuls ont les écouteurs qui transmettent la voix des actrices dotées d’un micro hf. Tout cela n’entraîne aucune glaciation, comme d’aucuns pourraient le craindre, mais crée un théâtre mêlé à la vie quotidienne, où les mots et les notes ont une même pureté sonore et où mouvements et images nous saisissent par leurs respirations nouvelles dans un contexte pourtant familier.
Le texte grince parfois quand il fait directement des allusions au caractère masculin des personnages. Mais cela se produit si rarement. Car les deux interprètes ont une féminité batailleuse, douloureuse et blessée qui nous renvoie si bien à la question des sexes telle que la voyait Koltès : il y a tant de féminité dans l’homme et de virilité chez la femme ! Anne Alvaro joue le dealer avec sa présence de reine et sa musicalité qui donne tant de accents opposé à l’intérieur chaque mot. Elle injecte beaucoup d’ironie. C’est un régal de sentir autant d’intentions amusées dans cette prose complexe, théorique et féroce. Audrey Bonnet choisit une partition plus blessée et désemparée, menant une lutte du verbe et du corps tout à fait belle et subtile. Quel grand théâtre à vif !

Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès, mise en scène et musique de Roland Auzet, lumières de Bernard Revel, scénographie sonore de La Muse en Circuit, voix définition du deal : Philippe Fretun, avec Anne Alvaro et Audrey Bonnet.

Centre de shopping de la Part-Dieu, Lyon, tél. : Théâtre des Célestins, 04 72 77 00, jusqu’au 23 mai. Reprise la saison prochaine aux Bouffes du Nord, Paris. (Durée : 1 h 15).

Photo Christophe Raynaud de Lage.

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May 16, 2015 12:23 PM
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Anne Alvaro et Audrey Bonnet font résonner Koltès dans le centre commercial de la Part-Dieu | Sceneweb

Anne Alvaro et Audrey Bonnet font résonner Koltès dans le centre commercial de la Part-Dieu | Sceneweb | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Stéphane Capron pour Sceneweb :


Quelle idée farfelue ! Quelle belle idée ! Le metteur en scène Roland Auzet adapte Dans la solitude des champs de coton de Koltès pour deux des plus grandes comédiennes de la scène française, Anne Alvaro et Audrey Bonnet, hors les murs du Théâtre des Célestins, à la Part-Dieu. Gonflé et réussi !


Il est 20h30, les boutiques du centre de Shopping de la part-Dieu ferment leur rideau de fer. Le centre n’est pas tout à fait désert, les restaurants restent ouverts. C’est le début de la vie nocturne. Instant idéal pour la transaction entre le dealer (Anne Alvaro) et le client (Audrey Bonnet).

 

Les spectateurs munis de casques guettent l’arrivée des actrices, rassemblés sur deux niveaux autour du monumental double escalier en colimaçon. Une musique stridente retentit. Puis les premiers mots d’Anne Alvaro. On se lève. On la cherche. Elle gravit quelques marches sous le regard impassible des clients qui errent dans les allées. Puis le dialogue s’installe entre les deux comédiennes. Magnifiques. Transcendées par l’expérience. On oublie totalement les images de la pièce lors de la création mémorable de Patrice Chéreau avec Laurent Malet et Isaac de Bankolé en 1987. On oublie aussi que Bernard-Marie Koltès a écrit le texte pour deux hommes. Peu importe. La force des personnages et le jeu des comédiennes font le reste.

Anne Alvaro et Audrey Bonnet sont constamment sur le fil. Elles doivent jouer avec les éléments extérieurs. Elles interpellent par moment des passants, ahuris. Le dispositif technique est parfaitement maitrisé par l’équipe de Roland Auzet. La création sonore rajoute encore un peu plus de tension dans ce face à face électrique. Le texte de Koltès, sa puissance politique, trouve toute sa résonance dans cet environnement marchand. On est scotché par la performance scénique et par l’intimité du dialogue malgré le lieu imposant de ce centre commercial. Roland Auzet réussit un projet ambitieux.

 

 

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

 

Dans la solitude des champs de coton
Bernard-Marie Koltès | Compositeur : Roland Auzet | Mise en scène : Roland Auzet
Avec Anne Alvaro, Audrey Bonnet 
Coproduction – Act-Opus – Compagnie Roland Auzet, Célestins – Théâtre de Lyon, C.I.C.T – Théâtre des Bouffes du Nord
Le texte de la pièce est édité aux Éditions de Minuit.

Du 13 au 23 mai 2015
Au Centre Shopping de La Part-Dieu dans le cadre de la saison du Théâtre des Célestins` http://www.celestins-lyon.org/index.php/Menu-thematique/Saison-2014-2015/Spectacles/Dans-la-solitude-des-champs-de-coton



Photo Christophe Raynaud de Lage

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