De nombreux facteurs contribuent à ce que le soin soit devenu un bien de consommation dont on peut abuser : ainsi, la surmédicalisation, l’extra-médicalisation et d’autres facteurs contributifs, concourent à stimuler l’offre et la demande de soins entre convenance, facilité et mercantilisme. La sobriété en soins, à l’opposé de la privation, est un mode d’exercice médical et soignant et de consommation des soins qui privilégie la pertinence et la qualité à la quantité. La surmédicalisation résulte de la rencontre de la propension à prescrire pour rassurer, de façon réflexe ou systématique, et de l’attente addictive de la prescription comme solution à toute plainte. L’extra-médicalisation participe au consumérisme en induisant une prescription qui intègre le champ du bien-être, du confort, des aspirations sociétales et parfois de la compensation d’un vécu social. La fascination pour l’innovation, la promotion pharmaceutique et biotechnologique, certains modes d’exercice de la médecine avec l’intrusion de la financiarisation outrancière stimulent la consommation en soins.
Les conséquences de ces déviances consuméristes du système de santé sont multiples : le risque iatrogène, l’inéquité des soins, l’impact environnemental avec des retombées écologiques qui ne peuvent être négligées, un insoutenabilité économique qui ne saurait être occultée. L’efficacité de la gestion administrative en strates doit, elle aussi, être évaluée au filtre d’un questionnement éthique sur ses conséquences en termes d’autonomie/responsabilité des professionnels du soin, de bienfaisance/efficacité/pertinence, de non-malfaisance et d’équité des décisions.
Sur la base de ce constat, l’Académie Nationale de Médecine émet des recommandations destinées aux citoyens et usagers du système de santé, aux professionnels de santé, aux institutions chargées de l’organisation, de la gestion et du financement des soins et aux industriels des produits de santé. Il en va d’un impératif civique de sauvegarde de notre système de solidarité nationale.