Les médias face à leur destin

Féru de révolution, Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, raconte sa visite à rédaction de La Presse, le principal journal québécois, qui a entamé sa propre révolution il y a quatre ans.

Ce journal a décidé en janvier 2010 de tout miser sur la tablette et d’abandonner à court terme le papier. La Presse, à fait le choix de la gratuité, aux antipodes des réflexions hexagonales.

Extrait

> «Il ne s’agit absolument pas de faire le journal papier sous forme numérique », insiste Jean-François Bégin, le jeune directeur des informations générales,« mais de penser le papier dans sa forme numérique en coordination avec les graphistes, la photo, la vidéo, sans maquette précontrainte. C’est un travail d’équipe, on pense au story telling».

> Pour convaincre les annonceurs qu’ils seront vus, il faut leur prouver que les gens passent au moins autant de temps sur la tablette que sur le papier : « on y est parvenu. Nos lecteurs lisent le journal papier 35 minutes en moyenne. Avec la tablette, on est passé à 42 minutes par jour, 70 minutes le samedi et 50 minutes le dimanche (car le journal numérique paraît 7 jours sur 7, NDA) », se réjouit Eric Trottier.

> Autre constat: "Le web n’attire clairement pas les lecteurs de journaux"

Les dirigeants souhaitent limiter au maximum les licenciements. Mais ont déjà prévenu qu'il y en aurait certainement après les départs à la retraite volontaires. 

En moyenne, les lecteurs de La Presse+ passent 36 minutes à la consulter en semaine, 40 minutes le dimanche et 65 minutes le samedi.

Par ailleurs, la progression spectaculaire de l'audience du site donne de l'espoir à ceux qui misent sur la qualité via le numérique.

300.000 téléchargements en 6 mois, 850.000 visites par semaine, 2,5 millions de visiteurs uniques par mois et 100 millions de pages vues... Tels sont les chiffres spectaculaires dont se félicite le journal canadien La Presse grâce à sa superbe application gratuite « La Presse + » pour iPad lancée mi-avril. Dans META-MEDIA, Eric Scherer, le directeur de la prospective à France Télévisions, analyse les raisons du succès mais aussi les écueils potentiels d'une formule qui a tout de même permis l'embauche de 55 journalistes.

Alors que les murs payants se généralisent chez les médias américains – et canadiens, à l’exception de La Presse, qui a plutôt décidé de miser sur sa version iPad -, la stratégie du tout-payant fait désormais place à une adaptation progressive des médias à leur lectorat, ce qui comprend une modification de l’offre gratuite, ainsi que des méthodes utilisées pour « vendre » l’accès au contenu en échange de quelques deniers. Pour Rick Edmonds, de chez Poynter, les murs payants « 2.0″ sont ainsi déjà en construction.

Cet article s'adresse plus aux communicants qu'aux journalistes, mais il est révélateur du virage qu'entendent prendre certains patrons de presse. Donc, puisqu'un journaliste averti en vaut deux... lisez-le. Il n'est pas très long. 

> Lancée il y a 13 mois, l'appli de LaPresse+ génère 800 par jour en moyenne. 500.000 personnes l'ont téléchargée depuis son lancement.

> 74% des lecteurs n’étaient pas lecteurs du papier.
> 43% des lecteurs ont entre 18 et 49 ans. Les CPM sont bien supérieurs au web et au papier. la pub y génère déjà 35% des revenus publicitaires du groupe et 68% des lecteurs disent l’apprécier.
> seulement 18.000 désabonnements du papier sont liés à cette appli.

En résumé...

L'éditeur de journaux a indiqué que cette «refonte stratégique» devrait lui valoir des économies annuelles d'environ 55 millions $

«Nous n'avons pas le choix car si on ne fait pas ça, nous ne survivrons pas», a déclaré Martin Tremblay, porte-parole de Québecor, dont le siège social se trouve à Montréal.

Sun Media compte 36 journaux quotidiens payants et trois journaux quotidiens gratuits, en plus de près de 200 journaux régionaux, guides d'achat et autres publications spécialisées.

Annoncés comme une grande première mondiale dans le domaine du mobilier urbain, ces nouveaux abribus doivent « renforcer le positionnement de Québecor Média comme leader dans le marché et enrichir l’expérience des clients de la STM ». 

Dès septembre 2013, une quarantaine de ces nouveaux abribus numériques seront déployés sur l’ensemble de l’île de Montréal.

Les explications dans cet article.