S'exprimant au Sommet mondial de l'innovation pour l'éducation (World Innovation Summit for Education) qui s'est tenu à Paris les 20 et 21 février 2019, M. Schleicher a avancé que l'importance actuellement accordée à la programmation fait partie d'un problème plus large dans l'éducation.
« Chaque jour, nous pensons que la nouvelle idée est extrêmement importante aujourd'hui, et nous ne pensons pas que l'avenir sera différent », a-t-il déclaré. M. Schleicher rappelle que de nombreux sujets enseignés dans le passé ne sont pas pertinents dans le système éducatif actuel et qu'il faudrait donc avoir pour habitude d'enseigner moins de choses de manière plus approfondie. « La trigonométrie est un bon exemple. Si vous demandez à un mathématicien si la trigonométrie est le fondement des mathématiques, il vous dira : " Non, c'est une application spécifique" », dit-il. Et de conclure que « [la trigonométrie] était pertinente dans un contexte historique spécifique. »
L'expert a expliqué que l'éducation est un « environnement social très conservateur » et que la société sait très bien ajouter des choses à enseigner aux enfants, mais ne sait pas bien comment en retirer. « L'astuce, c'est donc d'enseigner moins de choses plus en profondeur - c'est vraiment le cœur du succès de l'éducation », a-t-il déclaré.
Dans cette logique, il estime qu'enseigner aux enfants à coder est une perte de temps, car c'est selon lui une compétence qui sera bientôt obsolète. Pour Andreas Schleicher, cette compétence est simplement « une technique de notre temps » et elle deviendrait inutile à l'avenir.
« D'une certaine manière, coder n'est qu'une technique de notre époque. Et je pense que ce serait une grave erreur que cet outil soit enraciné. Vous l'enseignez à des enfants de trois ans et, jusqu'à ce qu'ils aient leur diplôme, ils vous demanderont de leur rappeler ce qu’était le codage. Cet outil sera bientôt obsolète », déclare l'expert en éducation. Il affirme qu’il est beaucoup plus enclin à enseigner la science des données ou la pensée informatique que d'enseigner une technique très spécifique d'aujourd'hui.
Via Mickael Ruau