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Cap Métiers NA
May 19, 2022 9:35 AM
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La transition, mot d'ordre de l'inclusion
Vincent Raineau est responsable de l'antenne régionale de « Osons ici et maintenant », créée en 2014. L’ambition de l’association est de développer le pouvoir d'agir des jeunes. C’est le cas dans son programme « 100% transition », lauréat du PIC « 100% inclusion ». Comment a débuté le projet 100% transition ? La genèse du programme 100% transition c'est que, au fur et à mesure des années, nous avons vraiment ciblé ce qu’on savait bien faire, c'est à dire remobiliser des jeunes. Pour résumer, notre travail est de les mettre en situation de montrer de quoi ils sont capables, leur donner les clés, leur redonner la confiance et l’envie. Beaucoup d’entre eux ne savent pas comment contribuer. Ils sont perdus dans le système d’orientation et se démobilisent à force de faire de mauvaises expériences. Il y a quelques années, nous avons eu un premier partenariat avec INSUP formation. On s'était dit que ça pourrait être intéressant de « binômer » à nouveau sur l'accompagnement des jeunes, de croiser nos regards, nous dans la partie remobilisation par le service civique d’initiative et INSUP sur la partie freins sociaux et orientation vers la formation. Le PIC a été pour nous la possibilité d'expérimenter en grand un projet que l’on souhaitait mettre en place depuis un petit moment. On s'est aussi associé avec Ellyx, une agence d'innovation sociale qui nous accompagne sur la mesure d'impact auprès des jeunes. Comment avez-vous procédé ? Pour penser le projet, nous sommes partis de nos expériences d’accompagnement pour améliorer le ruban pédagogique. La nouveauté, c'est la dimension de la transition écologique et sociale. Pour les jeunes, le mot transition est abstrait. Nous faisons en sorte de le rendre concret, de les pousser à s'intéresser à des formations et des métiers qu’ils n'auraient pas imaginés auparavant, notamment en rencontrant des professionnels. La transition c'est aussi le passage d'un point A à un point B. Les jeunes que nous accompagnons sont souvent à l'arrêt, en manque de confiance. On leur propose une transition vers un « moi qui se connaît mieux », qui est plus capable d'aborder un projet de vie ou un projet professionnel, et de l'assumer. Où déployez-vous votre programme ? Au démarrage, nos expérimentations étaient plutôt basées en Nouvelle-Aquitaine, essentiellement sur Bordeaux, l'entre-deux-mers et le Béarn. Le PIC nous a permis de mettre en place le programme sur d'autres territoires : Bretagne, Auvergne Rhône-Alpes, Guyane. Donc 100% transition, c'est 8 promotions de 12 jeunes, dont 3 promotions en Nouvelle-Aquitaine. A quel public s’adresse-t-il ? C’est le public service civique, 16 à 25 ans, 30 ans en situation de handicap. Dans nos promotions, il y a environ deux tiers de jeunes qui sont infra Bac. L’idée, c'est plutôt de partir avec des jeunes peu ou pas diplômés, qui manquent vraiment de confiance, ou qui sont isolés. On peut très bien être un jeune démobilisé en ayant un bac plus 4. On leur présente 100% transition avec des arguments qui leur parlent, du genre « viens choisir ta vie avec nous ». Comment faites-vous pour constituer vos groupes ? Le sas d’entrée dans le programme, c’est « la fabriK à talent. » Pendant 3 jours, on réunit une vingtaine de personnes intéressées par le programme. On leur propose des ateliers pédagogiques, de connaissance de soi, un jeu de rôle d’une journée sur la transition. Puis, les structures avec lesquelles on travaille viennent se présenter. A l’issue de ces 3 jours on fait des entretiens individuels pour savoir qui est partant pour participer au programme, et si nous sommes d’accord. Cela peut arriver qu’on devine chez certains de telles fragilités qu’on ne se sent pas capables de les accompagner. On ne garde pas des jeunes qui pourraient être contre productifs dans une dynamique collective. Avez-vous rencontré des difficultés à les identifier ? Pour recruter une promotion de 12 jeunes, nous en rencontrons une trentaine ou une quarantaine. En matière de repérage, l’implantation est importante. Cette capacité d’aller vers les jeunes, les convaincre, est pour moi quelque chose d’important. Nous avons fait le choix d’intervenir sur des territoires où les prescripteurs nous connaissent. Nos coordinateurs se montrent, se présentent partout. Ils doivent non seulement trouver les jeunes, mais aussi des structures d’accueil qui partagent la même envie. Que se passe-t-il quand un jeune rejoint le programme ? Comme c’est un public volatil, la semaine d’intégration commence 10 jours après la « fabriK à Talent. » Le groupe rencontre notre équipe et les structures qui participent au programme. Les jeunes se positionnent, puis on construit des missions concrètes avec eux. Quand on parle de pédagogie de la motivation, je sais qu’un des leviers pour un jeune, c’est d’être acteur de sa mission. S’il choisit sa structure et les grands contours de sa mission, qu’il est dans le « faire », il sera plus motivé. Ce qui nous intéresse c’est de les mettre en contact avec des structures qui interviennent dans le champ de la transition écologique et sociale. Nous voulons déclencher chez eux un déclic vers la contribution dans le domaine environnemental, des Amap, de l’artisanat bio et local, des maisons de retraite, des clubs sportifs, etc. Ils s’engagent pour combien de temps ? Le programme complet dure 8 mois, dont 6 de service civique. Chaque semaine, ils passent 3 jours dans leur structure d’accueil, une journée de formation collective et une journée pour des entretiens individuels. L’idée c’est de les suivre dans l‘évolution de leur projet. Nous organisons aussi des grands temps forts pendant cet accompagnement, et un temps de célébration à la fin du programme. Les jeunes terminent par la période de « l’envol », pendant laquelle ils sont accompagnés dans l’élaboration de leur projet de vie. Ils font des stages ou des PMSP pour confirmer leur projet. Pour certains, ça veut dire aller vers une formation après une remise à niveau. Pour d’autres trouver un job, voire même créer son activité. Quels résultats avez-vous enregistré ? Ce qu’on peut mettre en valeur sur le programme 100% transition, c'est la mesure d'impact sur la confiance et l'estime de soi, sur la définition d'un projet de vie et d’un projet professionnel. On travaille avec des jeunes qui partent de loin, nous voulons les sortir de l'isolement, qu’ils fassent des rencontres et qu’ils s’engagent vers la transition écologique et sociale. Notre approche est confortée par les premiers résultats des mesures d’impact d’Ellyx sur l’élévation de la confiance, de la connaissance et de l’estime de soi. Avant, on le ressentait de manière empirique dans nos accompagnements. Maintenant c’est plus formalisé, plus scientifique. Par exemple, au bout de quelques jours seulement, les participants sont près de 90% à sentir un effet bénéfique du programme, 58% une amélioration de leur état psychologique et relationnel, et environ un tiers sentent confusément qu'ils retrouvent de l’enthousiasme et de la confiance. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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Cap Métiers NA
February 24, 2022 8:09 AM
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L’insertion, une affaire de sportifs
« Notre volonté c’est de rendre notre sport accessible, que nous puissions accueillir n'importe quel gamin ou gamine, quelles que soient les barrières financières et sociales » explique Fabien Drouin, directeur des Girondins Bordeaux Bastide Handball. L’histoire de ce club commence en 2014, suite au dépôt de bilan de la structure précédente. A cette époque, la mairie a proposé d’aider à recréer la structure qui était bien implantée dans le quartier de la Bastide, avec pour mission de développer des actions socio-éducatives au travers de la pratique sportive. Aujourd’hui, le Girondins Bordeaux Bastide Handball possède plusieurs équipes, dont une en nationale 1. En l’absence d’une maison de quartier, le club anime également des écoles multisports qui accueillent 170 personnes chaque semaine. Son but est de faire découvrir les activités du quartier, les lieux, les encadrants, et d’amener les pratiquants vers les clubs avec lesquels il a signé des conventions : football, hockey, basket, karaté, yoga, gymnastique volontaire, boxe thaïlandaise. Il effectue aussi des interventions en milieu scolaire et propose des activités physiques, ainsi que du sport santé, à des publics très éloignés de la pratique sportive, des mères de famille, des seniors. « En 2014, nous étions 4 salariés pour prendre en charge un certain volume d'actions. En développant le multi sport, le sport santé, nous avons eu de plus en plus de besoins de ressources humaines. Et comme nous sommes ancrés dans un territoire avec un fort taux de chômage, notamment chez les moins de 30 ans, nous avons dès le départ pensé que nous devions travailler sur l'insertion professionnelle des jeunes adultes, pour répondre à nos besoins et à ceux du quartier. Ainsi, nous sommes progressivement passés de 4 à 10 salariés. » Du service civique à l'emploi Après quelques années de pratique, la structure a ressenti le besoin, en 2019, de mieux formaliser son approche. Elle a fait le choix de mettre en place un parcours sur le schéma « service civique - contrat d'apprentissage – emploi ». L’appel à projets régional « mobilisation formation » a été l’occasion de passer un cap. « Avant ça, on était encore un peu sur du bricolage. L’aide de la Région nous a permis de vraiment étoffer notre action et nos partenariats. » Ayant son propre agrément en service civique, le club accueille 7 jeunes pour des durées de 8 à 10 mois pour les préparer aux métiers du sport, leur faire découvrir l'animation en milieu scolaire, en club, en école multisport, en organisation d’évènementiels ainsi qu’en communication. Les jeunes qui en expriment l’envie sont intégrés en BPJEPS par apprentissage. « Ils peuvent être apprentis chez nous, mais vu que nous accueillons 7 services civiques par an, on ne peut pas tous les prendre comme salariés. Donc nous en gardons 1 ou 2 par an, et nous accompagnons les autres pour trouver une structure partenaire, comme le club de handball de Floirac/Cenon, de Villenave d’Ornon, le centre d’animation de la Benauge. On les accompagne tout au long de leur formation pour qu'ils valident leur diplôme, puis nous les amenons vers l'emploi. » Même si le premier objet du service civique n’est pas la mise à l’emploi, le club a défendu dès le départ l’idée que son approche comportait plusieurs dimensions pour des jeunes qui ont connu un parcours parfois chaotique. A la fois un travail autour de la médiation et de la citoyenneté, et la préparation aux métiers du sport et à la qualification. « Le plus que nous proposons à ces gamins, c’est une expérience de terrain très diversifiée au travers de nos actions : centre de loisirs, club de handball, événements, partenariats. Ça leur permet, quand ils arrivent au concours du BPJEPS d'avoir plus d'expérience que n’importe quel autre candidat. » Au départ, l’objectif du club était de viser un public de QPV, des jeunes qui n'avaient pas forcément réussi à mettre leurs qualités en avant dans le milieu scolaire. Mais il a assez vite constaté que de constituer des groupes issus du même quartier ne présentait pas que des avantages, que cela avait tendance à créer une attitude de repli sur soi. D’où la volonté d’introduire de la mixité sociale et de genre, pour changer les a priori réciproques de jeunes de milieux différents. « Au début, ils se regardent bizarrement parce qu’ils ne se connaissent pas. En fin d'année, c’est devenu un groupe de potes prêts à mener des actions ensemble. Ça c'est magique. Il nous faut impérativement de la mixité, parce que faire évoluer les regards vers le monde et les gens, pour moi, ça fait partie des savoir-être. » Faire une carrière dans le milieu du sport n’est pour autant pas une finalité pour les jeunes qui entrent dans le dispositif. « Dans notre accompagnement, il y a bien sûr les savoir-faire, mais il y a aussi les savoir-être. Si nous arrivons à faire adopter les postures professionnelles à un jeune, c’est positif. S’il ne perd pas de temps à trainer au quartier, c’est déjà gagné. Même s’il ne se destine pas à travailler dans le secteur sportif. Mais de fait, 90% des jeunes que nous suivons partent vers un métier d'éducateur sportif après le BPJEPS. » Tutorat renforcé Depuis 2014, le club a accueilli 49 jeunes en service civique. 47 d’entre eux ont eu leur diplôme et sont aujourd’hui salariés. Il assume son choix de ne prendre que 7 jeunes à l’année, même si ce nombre limité le prive de certains financements. Mais cela lui permet de garantir 95% de réussite. Un tuteur accompagne chaque stagiaire au quotidien. Il doit également lui consacrer du temps en dehors du lieu de travail, pour aller prendre un café ou déjeuner. C’est l’occasion d’échanger sur la situation du jeune, de ses problèmes de logement et de mobilité, de son permis de conduire, de ses besoins financiers. Le cas échéant, de son casier judiciaire. « Souvent les associations disent que c'est compliqué de travailler dans les quartiers. Pour nous c'est plus simple de le faire ici qu'ailleurs, parce qu’aujourd’hui nous avons une vraie aura sur ce territoire. Notre travail est respecté par tout le monde et à toutes les échelles. Des habitants du quartier sont devenus bénévoles, ils participent à l’organisation de nos évènementiels. Nous savons qu’il n’y aura aucun souci, parce que nous avons accompagné les petits frères, les grands frères, les filles, fils et neveux de tous les habitants. Le regard de la population est très bienveillant envers nous. Et ça c'est quelque chose d'important pour que notre travail d’insertion professionnelle soit véritablement couplé à l'intégralité de nos actions. » En raison de son histoire, le club veut assurer sa sécurité en multipliant les partenaires, en développant le partenariat privé, pour ne dépendre d’aucun financeur. Depuis 2019, la structure s’est renforcée. Elle a monté son propre parc informatique. Quand les jeunes entrent en service civique, ils reçoivent une dotation aux couleurs des Girondins. Ils participent à un week-end d'intégration où ils apprennent à se connaître, à rencontrer les encadrants. « Nous avons réussi à muscler ce petit dispositif qui au départ partait de pas grand-chose, qui visait juste à accueillir des gamins qui voulaient découvrir les métiers du sport, et un jour en faire leur métier. Depuis deux ans, nous avons pris un réel virage. Nous venons de signer un partenariat avec le dispositif Sésame qui finance des formations complémentaires comme des BPJEPS, des BAFA ou des CQP. Ce qui ne change pas, c’est que nous voulons que le projet associatif reste au centre de nos actions. »
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Cap Métiers NA
October 21, 2021 10:21 AM
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L’insertion par le grand large
Dominique Lespagnol est directeur du Centre de Voile de Bordeaux-Lac. Implanté en 1975 dans le nord de la métropole, sa mission a depuis l’origine été de proposer l’activité voile aux scolaires et plus largement d’en faciliter l’accès à tous les publics. Cette année, il déploie le programme national « la mer est à vous », destiné aux jeunes de 18 à 25 ans. Il est lauréat du PIC 100% inclusion. Quelle est l’origine du programme « La mer est à vous » ? C’est un projet qui a été lancé au niveau national par la Fédération Française de Voile, puis décliné au niveau régional. Il a été conçu en 3 vagues. Une première qui s’est déjà déroulée en 2020-2021, avec 8 structures. Une deuxième, que nous avons rejointe, avec 11. L’idée c’est que l’on soit 18 structures pour la troisième vague sur 2022-2023. La genèse du projet, c’est un constat dressé par la FFV d’un gros déficit de main-d’œuvre au niveau de l’encadrement, particulièrement en saison. On le constate pour les métiers du nautisme en général, le transport de passagers, la maintenance nautique, la construction. L’idée générale est de remobiliser les jeunes par une action qui dure 5 mois et demi, avec un gros noyau de formation autour de la pratique de la voile, et la découverte de tous les métiers liés au nautisme. Pourquoi ce programme est-il déployé à Bordeaux plutôt que sur la côte ? Parce que les publics ciblés sont les QPV. Et c’est vrai qu’à Bordeaux Lac, nous sommes en plein dedans. Il faut ajouter que ces publics ne sont pas forcément bienvenus dans les écoles de voile. Le problème que nous avons connu par le passé, c’est qu’une fois qu’on avait réussi à former les jeunes, nous étions regardés avec suspicion sur le fait d’avoir pu diplômer ces jeunes-là pour de l’encadrement. J’avais parfois du mal à les placer. A l’époque j’avais comme partenaire l’UCPA. Elle a fait confiance à certains d’entre eux, qui sont parfois toujours en place dix ans après. Nous avons eu des échecs, mais aussi de beaux succès. Quelle est votre expérience avec ces publics ? Il y a une dizaine d’années, à l’échelle locale de la communauté urbaine de l’époque, nous avions monté un projet de remobilisation des jeunes des quartiers prioritaires de la ville par l’activité sportive. Un projet qui durait 12 mois, au cours duquel nous leur faisions passer un premier diplôme de qualification voile, afin de leur permettre d’enseigner l’activité sur la saison estivale. Puis, éventuellement, d’intégrer les formations BPJEPS par le biais de l’apprentissage, puisque nous étions en partenariat avec le CFA du sport. Nous avons fait ça 3 ans de suite. C’est très lourd à gérer, c’est un public qui demande beaucoup d’attention. Et les dossiers de financement sont compliqués à monter, avec beaucoup d’intervenants. Donc pour vous, ce programme est une sorte de continuité ? Quand on a vu surgir le projet « la mer est à vous », nous n’avons pas réagi. Nous nous étions un peu épuisés sur ce genre d’actions, et nous n’avions pas forcément envie de nous y remettre. Mais l’avantage du dispositif, c’est que tout est préparé. La seule chose que nous avons à faire, c‘est le sourcing, arriver à trouver les jeunes pour les 9 places disponibles. L’AFPA est partenaire de l’opération au niveau national, ainsi que l’APELS (agence pour l’éducation par le sport). C’est aussi ce qui nous a finalement décidé à participer. En quoi consiste-t-il ? Contrairement à notre action précédente, qui était ciblée animation, là on est sur quelque chose de beaucoup plus large. Nous allons leur faire pratiquer la voile, leur faire passer le permis bateau, éventuellement le certificat de radiotéléphoniste restreint, des niveaux techniques voile. Mais surtout, nous allons leur proposer un large panel d’activités. La voile est la porte d’entrée, mais ils vont aussi découvrir le transport de passagers, la pêche, le tourisme fluvial qui se développe de plus en plus... Sur 5 mois et demi ils ont 3 semaines de stage pour découvrir tous ces métiers-là, en plus des plateaux techniques qui leur seront proposés. Le principe est de leur présenter le maximum de choses, et que derrière ils fassent un choix et s’orientent vers le secteur qui les attire le plus. La sortie positive du dispositif, c’est qu’ils trouvent une voie de formation. Comment allez-vous trouver les jeunes ? Nous allons faire le sourcing avec l’AFPA et avec la mission locale, qui connait bien les jeunes de 18 à 25 ans visés par le programme. Nous avons aussi tout le réseau des associations sportives, des maisons de quartier, des centres d’animation. Les premiers retours que nous avons de la mission locale, c’est que dès que l’on propose de faire du bateau, ça freine certains jeunes. Ce qui peut les motiver, c’est que lorsqu’ils arrivent, on les équipe de la tête aux pieds. En plus, ils ont un PC portable en dotation, qu’ils conserveront à l’issue du dispositif. Je n’ai pas besoin d’avoir de prescripteurs. Le premier jeune de 18-25 ans qui passe, originaire d’un QPV, peu qualifié, en gros un public très éloigné de l’emploi, s’il a envie, il rentre. Et je suis son interlocuteur. Son inscription est ensuite validée par les référents nationaux du programme, au niveau fédéral, pour être sûr que l’on est bien dans les bonnes cases. Quels sont les accompagnants ? L’équipe d’animation mobilisée, c’est l’équipe habituelle. J’ai un animateur du centre qui est lui-même issu de notre action précédente, lui-même originaire d’un QPV. A l’époque, quand il est arrivé, c’était un peu compliqué, il avait lâché l’école en 3e. Maintenant il est marié, père de deux enfants, il a construit sa maison. C’est lui qui sera le référent, il apportera la valeur d’exemple. En ce qui me concerne, je serai en coordination générale. Je vais chercher un moniteur en complément, ça va générer de l’emploi au niveau de la structure. Comment le programme va-t-il se dérouler ? Nous allons baliser le parcours par des étapes clés, des sortes de récompenses comme le permis bateau qui va être un peu la carotte pour avancer. Au début, nous mettons en place un petit séjour d’intégration et de cohésion, 2 ou 3 jours à l’extérieur de Bordeaux pour faire différentes activités, accrobranche, course d’orientation. L’AFPA va accompagner les jeunes une demi-journée par semaine, pour faire de la technique de recherche d’emploi, la visite de plateaux techniques. Elle va aussi mobiliser son réseau de relations avec les entreprises pour trouver des stages. Les stages sont répartis en plusieurs fois, une semaine en décembre, 2 semaines en février, pour leur laisser le temps de mûrir leur projet. Le reste du temps, ils seront à l’école de voile. A nous de rendre cette partie la plus intéressante possible, sachant que la période n’est pas la plus facile pour les activités nautiques. Nous savons très bien que, parmi les jeunes que nous allons accompagner, si on en emmène un ou deux vers un CQP ou BPJEPS, ce sera déjà pas mal. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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Cap Métiers NA
September 16, 2021 6:34 AM
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Un fil d'Ariane vers l'insertion
Sana El Abbeir est juriste-coordinatrice pour l’Association du Lien Interculturel Familial et Social (ALIFS – Bordeaux). Son projet « Le fil d’Ariane » est lauréat de l’appel à projets national du PIC « Repérer et mobiliser les publics invisibles ». Quelle est la vocation d’ALIFS ? Depuis sa création en 1982, sous le nom d'association des Tunisiens de France, son cœur de métier est l'accès aux droits pour tous, ainsi que l’accès à la culture. Au départ, l’association avait deux pôles, ceux de l'action sociale et de l'action culturelle. Ainsi qu’un troisième, un pôle hommage pour les anciens combattants, qui s’est progressivement étendu à l'accompagnement juridique des personnes vieillissantes, à partir de 60 ans. Comment avez-vous commencé à travailler sur l’insertion professionnelle ? En 2015, nous avons décidé d’œuvrer dans ce champ pour répondre à une montée du décrochage scolaire constatée par les services de l’Etat. Nous étions déjà présents dans les établissements scolaires pour des actions interculturelles, des ateliers théâtre, les passeports citoyens, mais on n’agissait pas sur le décrochage. Nous avons lancé un projet, soutenu par des financements européens, « Décolle : l’Entreprise Réussite », qui a duré 3 ans. Le bilan était globalement satisfaisant mais le problème est que pour que l’Europe considère un jeune comme « NEET » (ni en emploi, ni en études, ni en formation), il faut qu’il ait décroché pendant un an et six mois. Donc impossible de prendre en charge, par exemple, un jeune qui commence à tomber dans la délinquance après 8 mois de décrochage. On ne pouvait pas se résoudre à ne pas travailler avec ces jeunes-là. Vous avez imaginé votre projet « le fil d’Ariane » suite à cela ? En 2019, « le fil d’Ariane » a été retenu dans le cadre du PIC « repérer et mobiliser les publics invisibles », ce qui nous a permis de travailler avec des jeunes de 16 à 29 ans. Pour ce projet, nous avons voulu lancer un véritable pôle d'insertion. Nous avons créé un tiers-lieu dans une maison de location, où les jeunes peuvent venir manger ensemble, boire un café, parler de leurs problèmes. Ils disent souvent qu’ils « viennent à la maison ». Ils savent qu’ils peuvent y trouver de l’aide à plusieurs niveaux, pas seulement sur la dimension professionnelle, mais aussi psychologique, sociale, etc. Cet outil a permis un repérage fluide sans que nous soyons obligés d'aller sur le terrain. C'est là aussi que l'on fait les audits administratifs, juridiques et professionnels, un passage obligé pour les jeunes. En quoi consistent ces audits ? C’est un questionnaire administratif basique qui nous sert de révélateur. On demande aux jeunes s'ils ont une carte d’identité, une carte vitale ou une carte de transport en commun pour vérifier s’il y a des amendes qu’ils n'auraient pas payé. Si on trouve un obstacle juridique, une juriste va travailler sur les points qui posent problème, comme des dettes. A cette occasion, on peut se rendre compte que certains jeunes sont SDF. Dans ce cas, on peut les aider à rechercher un logement. On en a également ceux qui ne se nourrissent pas. Avec nos partenaires, nous leur proposons de venir chercher des paniers repas une à deux fois par semaine. Quels étaient vos objectifs initiaux ? Nous sommes partis sur l’accompagnement de 100 personnes, on voulait commencer doucement. Mais pour moi ça n'était pas un chiffre fixé. Dans la réalité, notre pôle insertion accompagne 180 jeunes par an. Notre plan prévoyait de travailler en priorité sur la remobilisation individuelle, sous forme d'art thérapie, d’ateliers théâtre, de sport, toutes ces activités que les jeunes abandonnent souvent parce qu’elles sont trop coûteuses. On a aussi travaillé sur les traumas causés par la violence ou l'humiliation de l'échec, qui concernent beaucoup de jeunes invisibles. Pour les accompagnements professionnels, les jeunes sont coachés par des spécialistes des métiers et des intervenants bienveillants du monde de l'entreprise. Grâce à nos partenariats avec les clubs d'entreprises, on a pu créer des stages d’immersion avant embauche. En fait l'important c'est le réseau. Aujourd'hui nous sommes en contact avec 75 entreprises, associations et ONG. Sur ce projet, nous avons un volet qui s'appelle « accompagnement des entreprises dans le recrutement » qui a pour objectif de les aider à faire toutes les démarches, par exemple une autorisation de travail. Comment procédez-vous pour le repérage ? Le repérage peut être de différentes natures, il fonctionne beaucoup par le bouche-à-oreille. Nous avons opté pour le recrutement d'un adulte relais, un médiateur qui travaille sur des animations et des activités sportives, en allant directement dans les quartiers à la rencontre des jeunes. Ça a été notre premier moyen de sourcing. On a aussi distribué des flyers des affiches dans les lieux de regroupement. La police, la gendarmerie et la protection judiciaire de la jeunesse, nous ont signalé des jeunes. On s'est également associé avec un club de boxe qui travaille sur l'insertion avec les jeunes les plus compliqués. La boxe c'est aussi un facteur de défouloir et surtout une bonne zone de repérage dans le sens où beaucoup de jeunes en colère s'orientent vers les sports de combat. Avec un peu de recul, quel est votre premier bilan ? Dans notre accompagnement, nous jouons sur le volontariat du jeune. Mais une fois qu'il est rendu visible, ça n'est pas pour autant qu'il veut travailler. Une fois qu'il a réglé ses problèmes, il peut très bien disparaître pendant un ou 2 mois. On peut le remobiliser grâce aux activités proposées dans notre tiers lieu. S’il vient à la maison, nous gardons un œil sur lui et on peut faire un point sur sa situation. Souvent, même quand les jeunes sont en emploi ils viennent participer aux animations. Grâce à nos partenaires, nous bénéficions de tarifs préférentiels pour des spectacles, et donc ces jeunes restent dans le réseau le fil d’Ariane. On les suit même s’ils sortent du dispositif, l’objectif étant qu’ils ne redeviennent pas invisibles. Si on se retrouve à avoir plein de jeunes qui viennent mais qu'on n’a pas de sortie positive pour eux, finalement on est aussi bloqués que les acteurs institutionnels et notre activité n'a pas lieu d'être. Pour nous, une sortie positive c'est la mise à l'emploi, en stage ou en intérim. Mais ça peut aussi être une insertion sociale et culturelle. Comment avez-vous géré la crise sanitaire ? Le confinement a été très mal vécu par nos jeunes. On a eu de nombreux appels à l’aide. Nous avons très vite ouvert des séances collectives en visio, des ateliers d'art thérapie, du coaching à distance, pour les faire sortir de leurs craintes. On a aussi largement utilisé les réseaux sociaux. Beaucoup de jeunes ont commencé à braver les interdits parce qu'ils avaient besoin de se retrouver les uns chez les autres. On a beaucoup travaillé sur leur colère face à cette situation. Progressivement, nous avons pu remettre en place les activités collectives en respectant les consignes sanitaires. Mais c'était difficile à gérer parce que les jeunes sont venus nombreux et devaient attendre leur tour.
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Cap Métiers NA
July 8, 2021 8:17 AM
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Samedi matin, c’est métiers
Découvrir des nouveaux métiers chaque samedi matin pendant deux ans. C’est la proposition que l’association bordelaise « Ikigai - l’école du samedi » fait à des jeunes de réseaux d’éducation prioritaire, particulièrement ceux qui manquent d'appétence pour la chose scolaire, qui ne voient pas le lien entre le théorique et le pratique. Elle s’appuie sur deux expériences belges et néerlandaises qui existent depuis 10 à 20 ans, en associant le côté concret, le « faire par soi-même » et une dimension de long terme, un accompagnement tout au long d’un programme qui dure plusieurs années, les « ateliers de l'avenir. » Ikigai constitue des groupes de 25 élèves de classes de CM2 originaires d’écoles différentes. Les candidats potentiels sont repérés par les établissements ou par le biais du Programme de Réussite Educative (PRE) des mairies. Le projet est exposé en classe et aux parents, il ne présente aucun caractère obligatoire. Pour Florian Machayekhi, directeur, « il faut une grande part de motivation parce que c'est un engagement sur le long terme. On se situe en amont du décrochage scolaire qui intervient généralement en fin de collège et au début du lycée. D'une orientation subie à une orientation choisie « L'idée n'est pas de les orienter, parce qu'ils sont encore très jeunes, mais de les motiver pour faire de l'accrochage scolaire. Nous voulons leur donner des perspectives d'avenir très positives, rencontrer des personnes stimulantes, élargir leur champ d'horizon. Notre objectif c'est d'ouvrir le champ des possibles en amont pour éviter les situations d'orientation subie dès la fin du collège. A cet âge-là, ils sont encore très curieux et très ouverts, on peut leur proposer tout un éventail d'activités. » A l’ouverture des inscriptions, Ikigai rencontre chaque jeune et ses parents pour échanger sur la façon dont ils perçoivent l'avenir de leur enfant. Mieux impliquer les parents c'est aussi mieux impliquer les jeunes, et s’assurer qu’ils reviennent d’une année sur l’autre. « Pour les ateliers d'avenir nous avons le souci que les parents comprennent ce que l’on fait avec les jeunes tous les samedis. On leur envoie un petit débrief à la fin de chaque cycle pour les tenir informés. Et nous organisons 2 à 3 fois par an des petits moments festifs, ainsi qu’une réunion de bilan en fin d'année avec une remise de diplôme. » A raison de 25 samedis par an, 2 intervenants par samedi sur 2 ans, c’est une centaine d'intervenants professionnels que les jeunes rencontrent sur l'ensemble de leur parcours. En plus de la découverte des métiers, ils travaillent sur la confiance en soi et l’expression orale. Un des objectifs du programme est aussi de leur faire découvrir leur environnement, les associations et les entreprises de leur quartier, pour faire du lien géographique en plus du lien intergénérationnel. Ces « ateliers de l’avenir » se déroulent au centre de médiation de culture scientifique technique et industrielle « Cap Sciences » (Bordeaux). Les jeunes mettent littéralement la main à la pâte, de façon ludique : monter un petit mur avec un maçon, imaginer la maison de leurs rêves avec un architecte, apprendre à prendre soin des autres avec une esthéticienne, faire des points de suture à une banane avec un chirurgien. Tous les métiers sont abordés, qu’ils soient manuels ou intellectuels, plus ou moins valorisés par la société, sous tension ou pas. Découvrir tous les métiers Le calendrier est organisé en cycles thématiques de 4 semaines (santé, agriculture, industrie…), le quatrième samedi étant consacré à une visite sur le terrain pour renforcer le côté immersif : caserne de pompiers, hôpital, exploitation agricole, tribunal, etc. Le programme de chaque séance n'est pas connu à l'avance, afin de conserver un petit effet de surprise. Au cours d’un cycle, les jeunes savent de quel secteur il s’agit, mais pas les métiers exacts qui seront abordés, de manière à ce qu’ils ne fassent pas de sélection en amont, en fonction de ce qu’ils ont envie de voir ou pas. Cela permet également de lutter contre les stéréotypes de genre, pour que les filles découvrent des métiers traditionnellement masculins qui ne les attirent pas spontanément. Une trame est définie pour chaque atelier, libres aux intervenants de la modifier pour que cela corresponde mieux à leur réalité. L’essentiel est qu'ils aient une bonne interaction avec les jeunes, qu'ils soient dans une approche ludique et de transmission. « L'intervenant ne va pas dans le détail technique puisque les ateliers sont tout de même assez brefs. Ils ne cherchent pas à être à 100 pour 100 véridiques, la priorité c'est de donner un aperçu aux jeunes. Un atelier se termine par un temps d’échange où les questions sont en général plus précises qu’au départ. » La recherche des bons intervenants n’est pas forcément simple, elle prend beaucoup de temps. Ikigai attend d’eux qu’ils s’engagent, bénévolement, au moins une demi-journée par an. « Au début c'était beaucoup de bouche-à-oreille et de connaissances. Nous cherchons des intervenants qui ont envie de partager leur métier, leurs connaissances, et qui soient à l'aise avec les jeunes. On s'appuie aussi beaucoup sur les réseaux sociaux comme LinkedIn et sur les ordres professionnels. On essaie de plus en plus de contractualiser avec les entreprises pour que chaque année certains de leurs salariés participent au programme. » La première promotion, lancée en janvier 2019 vient de se terminer. « Nous étions partis de l’idée de faire des cohortes de 3 ans. Mais finalement, une durée de 2 ans permet déjà une bonne accroche et un nombre suffisant d’ateliers. En septembre 2021 nous allons constituer un groupe sur Bordeaux nord et un autre sur Lormont. Nous envisageons également un développement géographique au niveau régional, peut-être pour septembre 2022 ou l'année d'après, notamment à La Rochelle. » Pour compléter les « ateliers de l’avenir », Ikigai lance dès septembre un deuxième projet plus centré sur l'orientation. Il s’agit en quelque sorte d’un programme d’approfondissement, un réseau d'anciens élèves ouvert à ceux qui ont déjà été accompagnés pendant deux ans, continuer à leur proposer des activités. « L'idée c'est toujours de les pousser à faire par eux-mêmes, qu'ils aient à terme les outils qu'ils pourront utiliser dans leur vie de tous les jours. Nous avons aussi le projet d’organiser des événements qui permettraient de toucher plus de jeunes, sur des temps plus courts, en gardant le côté concret qui est en quelque sorte notre ADN. Pour l'instant nous essayons de nous appuyer sur l'existant et de nous améliorer, en dressant un bilan sur ce qui a marché ce qui a moins bien marché. » "Les ateliers de l'avenir" est un projet soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de l'appel d'offres "Expérimentations et innovations territoriales en matière d'orientation".
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June 3, 2021 10:41 AM
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PAIA, faire de l’illectronisme un objet de formation et d’échanges intergénérationnels
Partir de l’appétence des jeunes pour les outils numériques, c’est en résumé le principe de base de PAIA (Parcours Accompagnement Interaction Articulé). Ce projet créé à l’initiative de l’Insup Formation ambitionnait de toucher des jeunes de 16 à 26 ans, décrocheurs scolaires, prioritairement issus des Quartiers Politique de la Ville, pour leur proposer en quelque sorte une première marche vers la formation sur trois sites (Pau, Dax, Mont-de-Marsan). PAIA visait deux grands objectifs. Tout d’abord accompagner des jeunes dans la mise en forme et l’animation d’ateliers de lutte contre l’illectronisme. Ensuite les emmener vers une qualification partielle et obtenir une partie d’un titre, en l’occurrence le TP infographiste, plus particulièrement le CCP « réaliser un support de communication ». Le caractère innovant de l’action consistait à trouver des personnes sans prérequis, qui avaient le désir de suivre la formation, afin de les amener à suivre un parcours à temps partiel sur 6 mois pour acquérir une partie d’un diplôme. Avec la perspective de continuer ensuite pour décrocher la totalité du titre. « Après avoir déposé le projet dans le cadre de l'appel à projets "illettrisme et illectronisme" et reçu l’accord de la Région, nous sommes allés sur chaque territoire, à la rencontre des intervenants susceptibles de nous orienter des jeunes répondant aux critères, » explique Stéphane Bourdens, délégué territorial INSUP 64. « Donc rencontrer Pôle emploi, la mission locale, pour leur présenter le projet de manière à identifier une dizaine de candidats. » Parcours court et parcours long Deux formations ont été mises en place en janvier 2020 pour des groupes de 6 à 8 jeunes, une à Mont-de-Marsan et une à Pau. Ces formations à temps partiel, sans rémunération, proposaient deux types de parcours. D’un côté un « parcours court », destiné à des jeunes déjà engagés ailleurs, par exemple en service civique, centré sur la conception d’ateliers de lutte contre l’illectronisme et la validation du CCP. De l’autre, un « parcours long » de 2 à 3 journées par semaine qui comprenait, outre l’organisation d’ateliers et le CCP, le passage de deux certifications TOSA numériques. « Le plus difficile, c’était de tout mixer : la présentation à un CCP, le TOSA numérique et, pour tous, les animations d’ateliers. C’était protéiforme en quelque sorte. » La formation comprenait une partie technique, au moins une journée avec un infographiste notamment pour préparer le passage du CCP. Et une partie accompagnement menée par une formatrice de l’INSUP, chargée du suivi des jeunes, des emplois du temps, de la préparation des ateliers, etc. « Pour nous il ne s’agissait pas seulement de faire une formation, mais d’aider les jeunes à se projeter dans l’avenir. Nous avons alterné les séances techniques et les phases d’accompagnement, pour éviter qu’ils ne se lassent et garder leur attention. » Première modalité de PAIA, les ateliers de lutte contre l’illectronisme sont des séances de 2 heures environ, sur des thèmes qui tournent autour de l’utilisation des outils numériques : « comment répondre à une offre d’emploi via le Net ? », « qu’est-ce qu’un CV numérique ? », « Comment s’inscrire et consulter ses droits au CPF ? », ou « comment répondre à une offre d’emploi depuis un smartphone ? ». Pour les concevoir, les jeunes ont été formés à l’animation, à l’utilisation des supports, aux différentes manières de capter un auditoire, etc. « Au départ, puisque c’était expérimental, nous avons démarché des missions locales, organismes, associations sportives, en leur proposant d’intervenir auprès de leurs publics mal à l’aise avec l’utilisation des outils numériques. Avec les jeunes, nous avons rapidement décidé de nous focaliser sur la question de l’insertion professionnelle des publics en âge de travailler, pour aider ceux qui, par exemple, rencontrent des difficultés à se servir de l’offre numérique de Pôle emploi. » Les jeunes animaient les ateliers par binômes. Ils étaient accompagnés au cas où les participants leur posent des questions sortant du thème de la séance. « Là où il y a eu des difficultés, c’est que, comme dans tous les groupes, certains étaient plus à l’aise que d’autres sur la prise de parole devant un public. L’essentiel, c’est qu’ils se soient bien préparés et qu’ils arrivent avec des outils bien réalisés. Globalement, les ateliers étaient plutôt bien conçus. » Echanges intergénérationnels autour du numérique Intervenir auprès de publics en situation d’illectronisme, des adultes pour l’essentiel, présentait aussi une plus-value en ce qui concerne les échanges intergénérationnels. Cette dimension était dès l’origine au cœur du projet, celle de mobiliser l’attrait de la jeune génération pour l’outil numérique afin d’opérer un transfert de compétences vers leurs aînés. La crise sanitaire a repoussé les formations au printemps 2020. Au déconfinement, seul le groupe de Pau a pu être reformé pour une prolongation de parcours jusqu’en septembre. La moitié d’entre eux ont finalement validé le CCP (ainsi qu’un jeune à Mont de Marsan), 3 ont également validé le TOSA numérique. PAIA a permis à une dizaine de jeunes de remettre le pied à l’étrier, passer un premier diplôme et poursuivre leur parcours vers d’autres horizons : un DUT multimédia, une formation de développeur web, ou de technicien en fibre optique. D’autres ont choisi de se diriger vers les métiers de l’animation, voire de la puériculture. « Nous avons touché une population plutôt isolée. Pour la plupart, des jeunes qui avaient quitté le système scolaire, n’avaient pas de solution à ce moment-là, ou s’apprêtaient à entrer en service civique. Les jeunes ont tiré un bilan positif de leur parcours, ils ont appris beaucoup de choses sur le plan technique, l’animation des ateliers leur a permis de se sentir utiles. Mais ils ont trouvé que la formation était trop étalée dans le temps, ils auraient aimé pouvoir emporter les ordinateurs et les logiciels chez eux pour pratiquer. C’est un point qu’il faudrait améliorer. Ils auraient également voulu découvrir un environnement professionnel, mais il n’y a pas eu de stages en entreprises, et ça manquait. »
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April 29, 2021 9:34 AM
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Mathieu Saunier est, avec Odile Ginoccki, responsable de l’association Traverses, qui anime le « Young Café », un café associatif et tiers lieu situé à Dax. Présentez-nous le Young café. Le Young Café est un tiers lieu dédié aux jeunes et à l’accompagnement de leurs projets professionnels et personnels. Notre idée est de nous adresser à un maximum de jeunes, particulièrement les « Neet », ceux qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en suivi. Notre accueil est inconditionnel, c’est-à-dire que nous essayons de répondre à des demandes à n’importe quel moment. Le Young Café dispose de deux moyens principaux pour prendre contact : la buvette à accès libre, sur adhésion, et un petit studio d’enregistrement. Pourquoi avoir choisi Dax ? En 2014, nous avons ouvert un lieu à Paris, la Fabrique coopérative, un lieu de rencontre à destination des jeunes dans lequel Traverses a testé plusieurs dispositifs. Il n’y avait aucun autre acteur dans le quartier. En 2017, nous avons eu envie de développer le concept sur un territoire rural. Nous avons alors mené des actions ponctuelles dans le Médoc. C’est comme ça que nous avons été repérés chargée de mission à la politique de la ville du Grand Dax. Notre expérience l’intéressait. Comment s’est déroulée votre arrivée ? Notre méthode de travail, c’est la recherche action. Pendant un an, nous sommes allés à la rencontre des jeunes, des acteurs de la jeunesse, identifier qui fait quoi, les lieux ressources, les manques où nous pouvions glisser notre dispositif en étant utile et sans faire double emploi. Dans des petits écosystèmes, il ne s’agit pas devenir déstabiliser des structures existantes, ne serait-ce qu’en termes de financement. La Région nous a financé une partie de cette étude en matière d’innovation. Pour avoir de la visibilité, notre idée était de créer un lieu central, implanté à équidistance des trois quartiers politique de la ville. En termes de ressources notre intérêt aurait plutôt été de nous installer près des jeunes, en QPV, mais nous ne voulions pas nous couper des autres quartiers. L’idée c’est aussi de permettre aux jeunes de se réapproprier le centre-ville. Et puis surtout de créer un endroit attractif, pas institutionnel, qui n’a pas l’air « social ». Comment avez-vous été reçus par « l’écosystème » ? Nous avons progressivement rencontré les personnes en présentant notre démarche. Nous avons parfois été vécus comme des concurrents, mais nous avons aussi été soutenus par des intervenants comme le service de prévention spécialisée du Département et son dispositif Accompagnement vers l'emploi des jeunes. Pour rencontrer les maires des autres communes, la chargée de développement locale a été très aidante. Sans ces points d’accroche, notre projet était impossible. Pour rencontrer les jeunes, nous nous sommes aussi appuyés sur des structures spécialisées. Unis-Cité nous a mis en contact avec un certain nombre de services civiques, les ateliers relais nous ont permis de toucher des décrocheurs. En tout, nous avons parlé avec environ 150 jeunes sur l’agglomération. Les jeunes ont-ils été associés à la création du lieu ? Nous portons un projet un peu généraliste, c’est indispensable de le mener avec eux, leur permettre de se l’approprier. A chaque fois que nous avons mené des entretiens, nous avons gardé les coordonnées des jeunes intéressés. Quand on a trouvé notre local, nous les avons rappelés pour leur proposer de nous aider à l’aménagement. Ils ont été 40 à 50 à participer d’une manière ou d’une autre. Le nom « Young Café » a été choisi par les jeunes, c’était une façon supplémentaire d’apporter de la légitimité au lieu. Il faut continuer dans cette optique, garder la même dynamique. Pour les intéresser, l’offre d’animations doit être permanente, pas passive. Avec notre expérience, on s’est posé des questions sur l’amélioration du dispositif, d’où par exemple l’introduction d’une buvette. C’est aussi sorti des propositions des jeunes, d’avoir la possibilité de boire quelque chose à pas cher, mais pas gratuit. L’idée c’est de ne pas se faire déborder. Quel bilan tirez-vous au bout d’un an ? Nous avons bien sûr pris du retard avec la Covid. Le grand regret c’est de ne pas avoir pu développer les actions hors les murs, dans les communes périphériques, comme des événements autour de la musique. Notre idée c’est aussi de faire de l’essaimage local, de développer des lieux dans des communes qui ont des locaux et du matériel mais aucun budget pour avoir un animateur. Le but est de former les jeunes au concept de tiers lieux, des lieux partagés qu’ils pourraient gérer en autonomie. Malgré tout ça, nous commençons à être identifiés comme un endroit un peu complémentaire d’autres structures comme la mission locale. Nous avons eu 160 jeunes adhérents, pas loin de notre estimation de 200. La surprise c’est que nous touchons des jeunes bien au-delà de Dax, jusqu’à 40 kilomètres de distance. On a aussi des publics qu’on n’attendait pas, comme des jeunes en emploi précaire dans la restauration. Ça dépasse notre cœur de cible, mais il y a des solidarités à trouver. Dans le paysage de l’accompagnement, vous vous définissez comment ? Traverses est une association d’éducation populaire. L’action éducative qui nous intéresse, c’est de favoriser l’autonomie des personnes, leurs choix personnels, qu’ils soient en mesure de faire des choix en conscience. On ne veut pas avoir l’air institutionnel parce que ça rebute certains jeunes, on reste un peu à la marge, donc on ne communique pas là-dessus. Même si on s‘inscrit dans les politiques publiques, on essaie d’intervenir là où les autres structures ont plus de mal. Nous privilégions l’accueil immédiat, en essayant de renvoyer les jeunes après dans le droit commun, vers lequel ils ne vont pas spontanément. L’accueil inconditionnel implique qu’il faut quelqu’un pour donner de vraies réponses. Pas des réponses évasives. En identifiant assez finement les acteurs, notre idée c’était d’éviter de guider les jeunes vers la mauvaise structure qui ne saura pas leur répondre. Des conseils pour ceux qui voudraient ouvrir un lieu similaire ? Il faut absolument susciter un maximum d’adhésion, notamment auprès des jeunes. Et être attentif au territoire, bien identifier s’il y a des structures qui portent un projet similaire, et essayer de les associer. On ne peut pas arriver sans crier gare, sauf à être un local de l’étape. Il faut d’abord trouver une légitimité. Nous avons réussi tout simplement en menant le projet, en recueillant les besoins des jeunes, en ouvrant le lieu sans attendre trop longtemps. Notre recherche action a duré un an, il ne fallait pas plus. Elle nous a permis de légitimer nos propres présupposés. Ndlr. Cet article a été publié sur la plateforme collaborative nommée " La Place". Elle constitue un espace d'informations, d'animations et de partages dédié aux acteurs du PIC pour les aider à mener à bien leur projet et à faire connaitre leurs caractères innovants dans nos territoires de Nouvelle-Aquitaine et au-delà.
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July 4, 2019 10:27 AM
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Jeu vidéo et persévérance scolaire
Comment transformer un instrument de loisirs en outil d’apprentissage ? C’est le credo de Fusion Jeunesse, association franco-québécoise qui lutte contre le décrochage scolaire. Implantée en France depuis quelques mois, elle mène ses actions au Canada depuis 2009. A la base de ses projets, l’apprentissage des matières générales et des compétences disciplinaires, au travers de projets créatifs et motivants dans les domaines de la musique, de la technologie, de l’environnement, du journalisme ou encore du sport. L’expérimentation française lancée depuis le début de l’année grâce à un financement de la Région, s’est portée sur le jeu vidéo. « Le choix s’est fait presque par hasard » précise Gabriel Bran Lopez, président de Fusion jeunesse. « Au départ, ce sont des professeurs de technologie qui l’ont proposé. C’est d’autant plus intéressant qu’il existe en Nouvelle-Aquitaine une dynamique autour du jeu vidéo, entre les grandes écoles et l’industrie, comme avec un de nos partenaires, le bordelais Ubisoft. Nous sommes partis là-dessus, mais ça aurait pu être l’environnement, la mode, ou la robotique. » La démarche a été portée initialement par deux proviseurs de Tonneins et Duras (Lot-et-Garonne), qui ont mobilisé d’autres chefs d’établissements et une quarantaine de professeurs de différentes disciplines. 8 classes ont été sélectionnées (de 5e, 4e et seconde), puis les élèves ont commencé à travailler en janvier avec pour objectif de concevoir et réaliser un jeu vidéo en 6 mois. « Les classes retenues sont hétérogènes, elles ne comportent pas que des élèves « à risque ». Nous ne voulons pas nous adresser qu’à des décrocheurs, pour ne pas les stigmatiser. Et nous savons que nos actions fonctionnement mieux avec des groupes mixtes. » Cet aspect est important lorsque Fusion jeunesse présente ses missions aux établissements. Au cœur de la formule il y a le professeur et les élèves. Et pour soutenir la démarche, l’association embauche des diplômés récents, des experts en design et programmation de jeux vidéo, qui interviennent dans les classes au titre de coordonnateurs de projet. Participent aussi au projet des mentors venus d’entreprises comme Ubisoft. « C’est loin d’être du loisir. Le but est de faire comprendre aux jeunes pourquoi il est important d’apprendre et de comprendre les matières qui leurs sont enseignées. Au début du projet, avant même de tester les outils numériques, on leur présente l’industrie du jeu vidéo et comment leur programme va se dérouler. On est très exigeants sur les compétences disciplinaires. Si cette dimension pédagogique n’existait pas, ni les professeurs ni le rectorat ne suivraient ». Dans la pratique, chaque classe suit 3 heures de « cours de jeu vidéo » par semaine, pour 3 ou 4 projets différents en sous-groupes. Les coordonnateurs mettent en place les étapes successives et les professeurs adaptent leur enseignement aux réalités pratiques des projets. Ils utilisent le jeu vidéo comme médiation pour amener leurs élèves à s’intéresser à des sujets d’habitude pas forcément faciles à aborder. Les jeunes doivent écrire une histoire sans fautes d’orthographe, créer des personnages, intégrer des aspects historiques et géographiques, faire des calculs pour créer des situations réalistes. C’est une application pratique des savoirs appris en cours de français, mathématiques, musique ou Histoire-géographie. Les partenaires apprécient l’approche de fusion jeunesse en cela qu’elle permet également de développer des compétences transversales comme la communication, la créativité, l’ouverture d’esprit, l’organisation, la résolution de problèmes, le travail d’équipe. « Nous faisons comprendre aux jeunes qu’avec nous, ils ne seront pas des consommateurs de jeux vidéo, mais des créateurs. Qu’ils apprendront ce qu’est un échéancier, la répartition des tâches, un livrable, et toutes les pressions associées. Dans chaque projet les jeunes doivent créer quelque chose de positif. Ainsi on tente de valoriser l’école, l’établissement, l’enseignement. C’est vraiment le concept de persévérance scolaire. » Qu’en est-il de l’effet sur les élèves ? « Nous constatons un impact constant, qu’on soit en milieu rural ou urbain, au Canada ou en France. L’effet le plus évident est la réduction de l’absentéisme. Les jeunes sont présents parce que il y a le projet de jeu vidéo. Leur comportement s’améliore aussi, entre eux et avec les enseignants. Même les habitués des sanctions n’en ont plus, sans doute parce qu’ils ont pris conscience qu’ils étaient privilégiés de faire partie de ce projet. On peut avoir une influence sur les résultats scolaires, et au-delà des notes, c’est l’attitude du jeune à l’école et la présence qui sont très largement améliorées. » Le 20 juin dernier, les élèves du projet pilote ont été rassemblés à Tonneins, pour présenter leurs réalisations à l’occasion d’un « festival de l’éducation du futur ». La quarantaine de jeux créés seront disponibles sur une plate-forme en ligne pour que chaque jeune puisse le valoriser dans le futur, le faire apparaître sur son cv par exemple. Pour Fusion jeunesse, l’aventure ne s’arrête pas là. « Le projet va s’étendre l’année prochaine, on ajoutera des établissements de Lot-et-Garonne et de Gironde, avec les mêmes professeurs. On ne peut aboutir à des résultats qu’avec des partenariats à long terme avec les établissements. Les actions ponctuelles ne fonctionnent pas. »
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February 15, 2019 4:56 AM
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Agen, la clé d’un accompagnement réussi
Le cœur de métier d’une mission locale est le suivi des jeunes de 16 à 25 ans. Mais il arrive que ce « droit commun » se révèle insuffisant pour capter une partie du public, celle qui justement a le plus besoin d’aide. D’où l’existence de dispositifs dits « d’accompagnement renforcé » qui se révèlent être les seuls à pouvoir agir efficacement. Pour la mission locale de l'Agenais, de l'Albret et du Confluent, cette démarche s’appelait CARAP (Contrat d'Accompagnement Renforcé et d'Accueil de Proximité), un dispositif issu d’une volonté politique et partenariale. Et d’un constat commun selon lequel il fallait aller chercher les jeunes là où ils sont, plutôt que d’attendre qu’ils viennent à la rencontre des structures. « La particularité du CARAP c’est que l’on travaillait fortement avec les autres acteurs de terrain », décrit Laurence Martin, référente formation – orientation. « Tous les mois on se retrouvait autour d’une commission de suivi où on pouvait échanger sur les situations individuelles avec les centre médico-sociaux, les assistantes sociales, les éducateurs spécialisés, les référents emploi des centres socio-culturels, la préfecture, parfois Pôle emploi. Chacun, avec sa compétence particulière, contribuait à aider le jeune dans ses démarches d’accès à l’emploi, de formation ou ses problématiques sociales. » L’idée initiale était d’être plus réactif que d’ordinaire. Le travail partenarial s’accompagnait d’actions collectives, les « semaines d’accès à l’emploi », avec visites d’entreprise ou de centres de formation, rencontres avec des employeurs, ateliers de technique de recherche d’emploi. « Par la suite nous avons évolué en proposant des chantiers citoyens. Le matin les jeunes travaillaient pour gagner un peu d’argent (par exemple pour la rénovation d’un espace multimédia). L’après-midi, on continuait les démarches de recherche d’emploi. Nous voulions entre autres faire participer les jeunes activement à leur accès au permis de conduire. » L’approche CARAP était assez différente de l’accompagnement habituel de la mission locale, surtout grâce à l’apport des autres partenaires qui étaient partie prenante des semaines de l’emploi dans toutes leurs dimensions : mise en œuvre, utilisation des locaux, aides financières, repas, déplacements. La mission locale se donnait entre 6 mois et un an pour que le jeune arrive à réaliser son projet d’emploi ou de formation. « Au-delà des actions, cela a permis aux partenaires de terrain de mieux se connaître, de débloquer des dossiers rapidement, et d’établir des relations de confiance, vu que chacun a sa façon de travailler, son éthique, son territoire d’intervention, etc. » Si le CARAP n’existe plus depuis l’été 2018, son principe subsiste « Nous avons maintenu des permanences, pour ne pas perdre tout le bénéfice des actions passées. Mais sans financement il nous est impossible de conserver tout le dispositif. Nous allons répondre à un appel à projets, en conservant la logique partenariale et en s’appuyant sur les espaces numériques des centres sociaux. Nous allons essayer d’apporter une vraie plus-value sur le terrain en maintenant des personnes pour faire de la médiation numérique. » Pour l’instant, il s’agit de faire intervenir des volontaires en service civique qui ont pour mission d’accueillir chaque jeune au tout début de son inscription. Ils vérifient s’il dispose bien de ses droits, et l’aident à ouvrir son compte Amélie, son compte CPF, son inscription à Pôle emploi. Mais aussi à se doter d’un cloud pour stocker tous ses documents. En résumé, ils posent les fondations d’un accompagnement aux démarches administratives que les jeunes ne maitrisent pas toujours, et qui risquent de les bloquer dans leur parcours. « Nous constatons la plus-value de ce travail lors de la première rencontre avec un conseiller qui est d’emblée dans son rôle puisqu’il n’a pas à s’occuper de certaines démarches avant de débuter l’accompagnement proprement dit. Par exemple, pour faire une demande de formation, si le CPF du jeune est déjà prêt, c’est du temps gagné. Il faut dégager tout le temps possible pour échanger avec le jeune. » Le bilan du CARAP s’est avéré positif en matière d’insertion professionnelle puisque les deux tiers des jeunes en demande d’emploi se sont insérés durablement (au moins en CDD de 6 mois). Il était moins probant sur la formation à cause des étapes précédentes parfois difficiles à gérer, comme en cas d’illettrisme. « Comme il s’agissait d’accompagnement renforcé, nous connaissions bien les besoins des jeunes, on s’adaptait à leurs attentes. Nous avons aussi créé du lien social entre eux, cassé leur isolement grâce à l’aspect collectif. Les déplacements organisés, par exemple à Toulouse sur les métiers de l’aéronautique, ont permis à certains de quitter Agen pour la première fois de leur vie. Même prendre un bus, un train, aller dans un grand centre commercial ou manger dans un vrai restaurant, pour certains c’était très nouveau. » Aujourd’hui, la certitude des équipes de la mission locale, c’est l’importance d’être présent au cœur des quartiers, être en soutien et relais par rapport aux acteurs qui y travaillent, aider la population dans ses démarches d’accès à l’emploi et à la formation. « Nous voulons aussi continuer à mener des actions collectives. Ça, tous les partenaires y tiennent. » Photo : Peoplecreations / Freepik.
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April 7, 2022 9:07 AM
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Bivouac, camp de base de l’insertion
Vincent Péchaud est cofondateur de l’association « La Smalah » située à Saint-Julien-en-Born (Landes). Le projet «Bivouac, le camp des 4 C » est lauréat du PIC « Repérer et mobiliser les publics invisibles » (RMPI). En quoi consiste Bivouac ? En 2018, nous avons lancé une formation de conseiller médiateur numérique avec des jeunes décrocheurs. Cette première expérience de formation nous a montré que certains jeunes avaient besoin de retrouver la motivation et les bases de la sociabilisation, avant de s'engager dans une formation professionnalisante. Le projet Bivouac part de là. Bivouac, c’est un séjour de remobilisation de 21 jours pour des groupes de 12, deux fois par an. Nous aimons bien cette idée de parenthèse dans un projet professionnel, cette grande aventure pendant laquelle on emprunte des chemins. On peut se tromper, se décourager. Bivouac intervient comme un temps de pause dans cette aventure. Les jeunes touchent des indemnités de 15€ par jour. Cela peut paraître peu, mais c'est une motivation supplémentaire. Comment se déroule un séjour ? Nous avons rythmé un séjour de 21 journées avec différents ateliers pour travailler sur 4 compétences clés qui sont la communication, la coopération, la créativité et l'esprit critique. Ça se passe à Saint-Julien-en-Born, dans un milieu très rural et très naturel qui renforce ce côté bivouac. Et puisqu’on est près de la plage, on essaie de lier des activités physiques avec des animations un peu plus intellectuelles, des activités de plein air et des activités d’intérieur. On s'appuie sur les lieux que l'association La Smalah anime. D’abord un café associatif, un vrai lieu de vie dans lequel une quarantaine de bénévoles proposent au moins une dizaine d’ateliers par semaine : cuisine, écriture, lecture, informatique, théâtre, guitare… Nous avons aussi une salle de formation et un plateau technique, le grenier de Mézos, qui comprend des imprimantes 3D, de découpage laser et des machines-outils plus traditionnelles. L'idée de l'atelier, c'est de créer des objets à partir de rebuts (bois, plastiques…). Quel sont les grands principes du programme ? Les 4 premiers jours, les jeunes fabriquent ensemble une borne d'arcade de jeux vidéo, avec différents matériaux trouvés à l’atelier. Ils sont aidés par un menuisier et une designeuse. Pendant la première semaine, nous leur faisons rencontrer des conseillers de Pôle emploi et de la mission locale autour d’un café, pour qu’ils renouent des contacts avec les institutions. C’est l'occasion de signer une période de mise en situation professionnelle (PMSMP) pour faire un stage conventionné la semaine suivante, dans des entreprises locales, des associations, des artisans de notre réseau. Nous leur proposons aussi deux jours d'éducation aux médias, encadrés par des journalistes, avec qui ils réalisent un petit reportage vidéo sur des professionnels et des gens du territoire qui ont quelque chose à raconter, qui peuvent être inspirants. Les participants sont logés ensemble en bungalow, nous en profitons pour travailler aussi sur l'alimentaire et sur le vivre ensemble, parce que souvent ce sont des jeunes qui n’ont jamais vraiment quitté leurs parents. Certains doivent apprendre ou réapprendre la sociabilité. Les derniers jours sont consacrés à « apprendre à te raconter ». Nos jeunes, selon leur parcours, ont tendance soit à se dévaloriser complètement, soit au contraire à se survaloriser. Notre idée, c'est de trouver un juste milieu. On travaille avec eux sur un petit texte de présentation de leurs envies, de leurs besoins, de leurs passions, et on lie ça avec des perspectives de reprise d'études ou de retour à l'emploi. Ils repartent avec une sorte de feuille de route, des objectifs à 3 et 6 mois. Ils peuvent ensuite aller sur une formation un peu plus professionnalisante. Au besoin, nous pouvons continuer à les accompagner dans leur projet. Quel est le public concerné ? Nous touchons vraiment des publics « invisibles », des 18-30 ans qui ne sont inscrits dans aucun dispositif, pour certains qui sont passés par l’aide à l'enfance ou qui ont des problèmes sociaux, de harcèlement à l’école, des problèmes d'addiction. Souvent, ce sont des jeunes isolés, qui n'ont pas beaucoup d'amis, qui ont coupé avec le collectif. Bivouac, c’est l’occasion de vivre une expérience en bande, qu’ils n’ont jamais connue avant. Comment les repérez-vous ? Notre association compte 1 300 adhérents qui sont des parents, des amis, des membres de la famille. Le bouche à oreille fonctionne bien, et l'écosystème de la Smalah est porteur d'une dynamique qui peut les remotiver. Nous mettons aussi en place des campagnes sur les réseaux sociaux, et la mission locale nous donne les cordonnées de certains jeunes qu’elle a vu passer, mais qui ne sont entrés dans aucun dispositif. Même avec tout ça, c'est difficile d'aller débusquer ceux qui restent dans leur chambre à jouer aux jeux vidéo 12 heures par jour. Prioritairement nous visons des jeunes du territoire, mais ça a du sens pédagogiquement d’en faire rentrer qui viennent d’un peu plus loin ou d'autres milieux. Ainsi nous gardons toujours deux places pour des demandeurs d'asile et des réfugiés. C'est intéressant aussi pour les jeunes de se confronter à l'altérité. Avec le recul, quel bilan tirez-vous ? Nous avons identifié des choses à modifier dans notre dispositif. La durée de 21 jours marche très bien, nous n’avons eu qu’une seule personne qui a décroché sur les trois promotions. Mais la temporalité (deux par an) est compliquée pour les jeunes, parce qu’il faut réussir à les avoir au bon moment. Ce serait mieux de pouvoir les accueillir au fil de l'eau. Nous sommes en train de repenser un peu les choses, plutôt pour 2024. D’ici là, le dispositif restera globalement le même. Pour l’instant, les groupes ont très bien fonctionné, peut-être parce que on n'est pas du tout dans un système classique. On est plutôt dans une sorte de colonie de vacances où on travaille sur soi. Avez-vous rencontré des difficultés particulières ? Outre le problème du sourcing, la question du logement nous cause plus de problèmes que prévu. Nous sommes dans un territoire qui est marqué par la saisonnalité, avec une surpopulation en été et donc aucun logement disponible. L’hiver, plus personne, et toujours pas de logement disponible, ou alors loués très cher. Par ailleurs, nous rencontrons des jeunes qui ont des problèmes psychosociaux et médico-sociaux importants. Souvent ils sont sous traitement, une sorte de palliatif à leurs difficultés d’accéder aux soins. Nous n’avions pas forcément identifié qu'il y aurait autant de problème là-dessus. Heureusement, nous avons associé une psychologue à l’équipe pédagogique qui nous aide à identifier les éventuels freins périphériques, des choses qui empêchent d'avancer. Pendant les 3 semaines, elle reçoit chaque jeune à plusieurs reprises. Le cas échéant, elle peut aussi faire le lien avec des dispositifs de soin. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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January 13, 2022 10:14 AM
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La solidarité, source d'apprentissage
Leslie Terrasson et Valentine Jaulin sont chargées de développement local pour l’AFEV, respectivement à Bordeaux et à Poitiers. Elles animent le programme « Apprentis solidaires », un service civique particulier puisqu’il est aussi une Prépa apprentissage. D’où vient le programme Apprentis solidaires ? Apprentis solidaires est une idée qui a émergé en 2016 à Grenoble. Faisant face à des difficultés de recrutement, EDF a contacté l’AFEV pour que des jeunes en service civique travaillent sur leur projet professionnel dans le but d’intégrer ensuite une formation avec EDF. Par la suite, l’AFEV a mené une réflexion plus large sur les problèmes de recrutement des entreprises. En s’appuyant sur le service civique, qui constitue une première expérience permettant aux jeunes d’acquérir les codes du monde du travail. Nous sommes convaincus des bienfaits de l’engagement des jeunes. Ceux que nous accompagnons développent des compétences, des savoir être et une confiance en soi qu’ils peuvent mettre au service d’un futur apprentissage. Notre approche est un peu originale par rapport à d’autres prépas apprentissage, puisque l’AFEV n’est pas connue pour ça. Justement, pourquoi l’AFEV s’est-elle positionnée sur une Prépa apprentissage ? Parce que cela rejoint l’objectif de départ de l’AFEV, de lutter contre les inégalités d’accès à l’éducation et d’accompagner des jeunes en situation de décrochage scolaire auxquels le système classique ne convient pas. Nous utilisons le levier des missions solidaires et de l’engagement des jeunes pour les remobiliser, leur donner un sentiment d’utilité, leur redonner confiance en eux. A travers l’aide qu’ils vont apporter aux autres, ils trouvent une place plus valorisante dans la société. « Apprentis solidaires » est un service civique ou une Prépa apprentissage ? Les deux. Le dispositif s’appuie sur trois piliers, l’engagement associatif et les missions solidaires, le travail sur le projet professionnel et les PMSMP, enfin la remise à niveau sur les savoirs de base. L’originalité du projet réside dans les missions de service civique, ce qui va permettre aux jeunes d’avancer d’une autre manière, c’est un plus dans leur parcours. L’idée est de leur faire découvrir l’engagement associatif. C’est nouveau pour eux puisque leur milieu ne les a pas forcément sensibilisés à ça. L’engagement citoyen leur montre qu’être utile à la société leur fait du bien. Ils ont souvent connu un parcours scolaire ou de vie marqué par l’échec et la dévalorisation. Passer une journée dans une épicerie solidaire, par exemple, leur fait prendre conscience qu’ils savent faire des choses, qu’ils ne sont pas bons à rien, qu’ils ont des compétences. Quels publics visez-vous ? Apprentis solidaires est ouvert à des jeunes qui ont au maximum un niveau bac non validé. On s’adresse à des publics en rupture avec le système scolaire classique pour qui les solutions de formation sont soit l’alternance, soit la formation professionnelle. Cette dernière est plus compliquée parce qu’il faut remplir certaines cases pour avoir des financements. Nos jeunes rencontrent aussi des difficultés très importantes de logement, de violences, de santé, de mobilité. Si on ne travaille pas sur ces questions-là avec eux, ils ne peuvent être disponibles pour un apprentissage. Cet accompagnement social est une autre spécificité du programme. Il faut aussi qu’ils aient envie de se former par l’alternance, qui est une modalité intéressante pour eux, particulièrement ceux qui sont en décrochage. Avec Apprentis solidaires, ils bénéficient d’un accompagnement plus cadré, d’un service civique un peu adapté. Pendant les 6 mois qu’ils passent avec nous, ils ont des temps de réflexion et de préparation approfondis sur le projet professionnel, les techniques de recherche d’emploi (CV, lettre de motivation), etc. Des choses qu’ils n’ont fait que survoler. Ce sont des outils qu’ils ont besoin d’avoir dans leur vie professionnelle et qu’ils ne maîtrisent pas encore. Comment se passe l’intégration d’un jeune dans Apprentis solidaires ? Un jeune qui arrive démarre tout de suite les missions solidaires et le travail sur la construction de son projet professionnel. On lui propose de faire deux stages de 15 jours en PMSMP. L’objectif final est qu’il postule à un contrat d’apprentissage. On mène vraiment les deux de front, dès le démarrage du service civique. On sait que beaucoup de ces jeunes n’ont pas les codes, qu’ils n’arrivent pas à décrocher un contrat d’apprentissage parce qu’ils ne savent pas faire un CV et une lettre de motivation. Quand ils arrivent à l’entretien, ils n’ont pas la bonne posture, la tenue adaptée, le langage approprié. Même quand ils décrochent un contrat, il y a rapidement des ruptures. En pratique ça se passe comment ? Avec les missions solidaires, on continue à travailler sur le projet du jeune, puisqu'on lui fait prendre conscience des compétences qu’il développe. Nous partons de son projet professionnel, de ses envies. Par exemple, un jeune qui veut s’orienter vers les métiers du BTP, on va le diriger vers l’association « habitat humanisme » qui fait de la rénovation de logement pour des personnes en difficulté. Le fil rouge, c’est le fait d’apporter de l’aide aux autres, en plus d’acquérir des compétences. Par ailleurs, un jeune qui s’engage en service civique, ça en dit beaucoup sur qui il est, sa sensibilité aux autres. Et ça peut plaire aux entreprises. Nous pouvons aborder tous les secteurs. Cela dépend du projet du jeune. A nous de créer les ponts vers le secteur qui l’intéresse. Les PMSMP sont là pour confirmer ou non son envie de départ. Au travers de missions solidaires, les jeunes peuvent aussi se rendre compte de ce qu’ils veulent faire. Quelles sont les autres activités proposées ? Ils ont une remise à niveau qui fait également partie du service civique, à raison d’une demi-journée par semaine (français, maths, numérique). Nous travaillons également avec des associations sur des ateliers très spécifiques de technique de préparation d’entretien, de présentation, des ateliers théâtre pour améliorer la prise de parole en public, affirmer sa confiance en soi. Ou encore un atelier jeu coopératif pour travailler la cohésion d’équipe. Toute une série d’actions qui ne sont pas présentes dans un service civique classique. Combien de participants encadrez-vous ? Une dizaine par promotion. Pour trouver des candidats, il faut s’approcher du secteur médico-social, là où sont les jeunes. Ça demande un travail de fourmi d’aller rencontrer en amont les centres d’animation, les associations, faire connaître le dispositif. Et puis l’AFEV n’est pas connue sur ce terrain-là, nous sommes plus connus par le public étudiant. On ne croule pas sous les candidatures. Sans compter le caractère hybride du programme. Il faut que les jeunes soient à la fois partants pour l’alternance et pour les missions solidaires. Est-ce qu’un service civique qui est aussi Prépa apprentissage demande une organisation spécifique ? C’est une ingénierie de projet un peu particulière, un travail qui est toujours en cours. Le profil des intervenants est différent de ceux qui encadrent habituellement les services civiques. Nous sommes toujours sur la lutte contre les inégalités, mais d’une manière très différente. Pour son recrutement, l’AFEV s’est tourné vers des éducateurs, des formateurs ou des professionnels de l’insertion professionnelle. Le travail sur le monde économique est nouveau pour nous. Dans un premier temps, nous avons essayé de nous faire connaître des fédérations des professionnels et des entreprises, pour le stages et l’orientation. Ça se fait petit à petit en fonction des jeunes que l’on reçoit et de leur projet. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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September 17, 2021 2:46 AM
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Collégiens et entreprise, l’expérience « stages des talents »
Rapprocher l’école et l’entreprise est le principe du projet « Stages des talents ». Initialement porté par l’association « Talents de la réussite », fondée par Anaïck Jusy, il l’est aujourd’hui par une autre association, « Entreprendre pour apprendre », dont elle est devenue entretemps directrice pour la Nouvelle-Aquitaine. « Stages des talents » a pour ambition de traiter différents problèmes liés aux stages de classes de 3e. Soit les collégiens n’en trouvent pas ou trouvent des stages peu adaptés, soit les entreprises n’ont pas le temps ou les moyens d’accompagnement nécessaires pour accueillir un stagiaire sur une semaine. « J’ai mené une expérimentation dont j’ai préparé toute la structuration pédagogique, avec le rectorat de Bordeaux et le collège Capeyron de Mérignac. Nous avons bâti le principe d’un stage collectif d’une semaine afin d’accueillir des groupes d’élèves et ne mobiliser chaque entreprise que le temps d’une visite. » Le programme proposé aux collégiens lors de cette expérimentation a servi de base pour « stages des talents ». La première journée est consacrée à des activités de cohésion, les jeunes évoluant par groupes de 4-5 élèves. On aborde l’entreprise à l’aide d’une « carte mentale » enrichie tout au long de la semaine. L’après-midi, travail sur le CV, suivant le principe du « j’apprends en faisant ». « Nous leur donnons différents CV en leur demandant de se mettre dans la peau du recruteur, analyser de ce qui convient ou pas, ce qu’il faut mettre et éviter de mettre. » La journée se termine par un escape game de découverte de l’économie locale : les grandes filières d’activité, les différents emplois, etc. Autre objectif, aborder les questions d’égalité femmes hommes. La deuxième journée débute par un atelier ludique sur ce thème. « Dans une classe de SEGPA, les enseignants nous disaient que les filles avaient tendance à se diriger toujours vers les mêmes filières comme les services à la personne. Nous avons voulu pousser en avant les femmes qui travaillent dans l'industrie. » Ensuite, préparation des visites proprement dites. Les jeunes jouent un rôle actif, ils doivent effectuer des recherches sur les entreprises qu’ils visiteront, et doivent présenter le résultat de leurs recherches aux employeurs. Ils remplissent des fiches avec les informations recueillies sur Internet : les activités de l’entreprise, comment elle gagne de l’argent, quelles sont les conventions de son milieu, ses actions en faveur du développement durable, etc. Des visites actives Ils font aussi un focus sur deux métiers, que chaque groupe doit présenter aux personnes qui pratiquent ces métiers dans l’entreprise. Les visites durent 2 à 3 h, elles sont intenses dans leur contenu. « Tout l’intérêt du processus est qu’ils arrivent en étant actifs. Cela enrichit les échanges lors de la visite. En amont, nous donnons les outils pédagogiques aux entreprises. Je fais aussi un travail de repérage préalable pour voir quelle thématique traiter, sur quel sujet appuyer. » Cette dynamique se poursuit pendant 3 jours, en variant les secteurs d’activité, les types d’entreprises. Le dernier jour est consacré à la restitution. Le matin, un exercice de formalisation vidéo par groupes. L’après-midi, des exposés individuels de 2 minutes pour que chaque élève dise comment il a vécu la semaine. Un mois plus tard, une évaluation à froid permet de savoir quelles compétences ont été acquises et les apports de l'expérience pour chaque participant. Pour toutes leurs activités, les élèves sortent de leur établissement. Ils ne restent pas dans le cadre scolaire afin de travailler différemment. Les enseignants adhèrent à cette formule, d’autant plus qu’ils ne disposent pas du temps et du réseau nécessaire à mettre en place un tel dispositif. Mêmes retours du côté des entreprises qui apprécient le côté interactif avec les élèves. Les questions posées leur permettent de voir comment elles sont perçues. Par ailleurs la formule n’est pas chronophage, parce qu'elles n'ont rien à préparer avant les visites. À la base, le projet était ouvert aux stages d'observation de 3e, mais en raison des nombreuses demandes, il concerne désormais des classes SEGPA, des CAP ou des 3e générales pour la préparation des stages. « L’idée est d’apporter aux jeunes des attitudes et des compétences entrepreneuriales qui puissent leur servir ensuite dans le monde professionnel. Nous avons bâti différentes activités autour de çà, pour qu’ils développent des compétences, des activités de groupe, la connaissance de l’entreprise, ainsi que la prise de parole en public. » Les élèves participants sont mobilisés par les établissements scolaires, soit par classe entière, soit par groupes d'élèves de classes différentes. Quand un établissement s'inscrit, il choisit les entreprises qu’il voudrait faire découvrir à ses élèves, en fonction de leur profil. L’association s’adapte autant que possible à leurs attentes. Elle ne vient pas avec un catalogue d'entreprises clé en main. Il faut compter 3 mois pour mobiliser les professionnels sur un territoire. « On s'attache beaucoup au territoire. L'important c'est de recruter des entreprises implantées localement parce que ça permet aux élèves de découvrir l'économie et l'écosystème locaux. L'établissement scolaire en fait d’ailleurs lui-même partie. Cela facilite également les questions de transport. Mais le premier objectif c'est de découvrir le territoire, ce qui se passe autour d'eux.» Démystifier le monde de l'entreprise « Stages des talents » ambitionne d’être une ouverture vers le monde de l'entreprise, une première approche qui aborde le contexte professionnel et toutes les aptitudes et les compétences qu'il faut développer. Il permet également de démystifier l’entreprise auprès des jeunes, qui ont tendance à l’imaginer comme un milieu très austère. On leur parle de valeurs et de performance en leur montrant qu'elle n’est pas que financière, mais aussi humaine, respectueuse de l'environnement, etc. « Depuis la première action en novembre 2020 au collège Jeanne d’Albret à Pau, nous en avons programmé 5 autres. Maintenant nous réfléchissons à la manière d’aller chercher les enseignants pour ce type de projet, puisque ce sont toujours un peu les mêmes établissements qui participent. Nous avons fait une étude qui montrait que 70 pour 100 des enseignants qui venaient étaient des personnes qui avaient connu autre chose que l'enseignement dans leur parcours. Finalement, ils apprennent autant que les élèves. C'est pour cela que nous souhaitons accentuer la formation des enseignants, les faire monter en compétence sur la pédagogie de ce genre de projet. »
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July 16, 2021 3:20 AM
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L'orientation en formule colo
Pour Delphine Lacaille, fondatrice de Colombus (Bordeaux), l'orientation ne se fait pas uniquement à partir des résultats scolaires d’un élève et de son niveau dans les différentes matières. Faire des choix de vie ou de formation nécessite de prendre en compte beaucoup d'autres paramètres. « Si on veut agir en prévention plutôt qu’en réparation, il faut investir dans le périscolaire en complément de ce qui se fait à l’école. Le cœur du sujet c’est que pour aider les jeunes à faire leurs choix, je crois à l’action de terrain, à la découverte et aux expériences, aux rencontres et aux échanges. C’est ce que j’ai eu envie de proposer avec Colombus Camp. » L’idée générale du programme Colombus Camp est d’organiser des séjours d’une semaine, pendant les vacances scolaires, sur le modèle des colonies avec toutes les activités habituelles : soirées, jeux, temps libres, piques niques, etc. Au programme de chaque journée, des visites d’entreprises et des ateliers « clés pour soi » de développement personnel. C’est un cadre ludique bienveillant proposé aux jeunes de 12 à 17 ans , qui permet de dédramatiser les questions d’orientation et de les aborder sans pression. « Je suis persuadée que la colonie de vacances est un lieu de développement personnel, de lien et de mixité sociale qui permet d’atteindre les objectifs du programme tant au niveau humain que dans l’accompagnement en orientation. » Un univers par jour Les séjours sont thématisés, sur le principe « 5 jours 5 univers ». Chaque journée de visites est dédiée à un thème différent : nature et environnement, art et culture, santé et solidarité, commerce et artisanat, industries et technologies. Les entreprises sont choisies en fonction des lieux et de l’économie locale. Les jeunes sont en quelque sorte mis dans la situation de reporters, de façon à les rendre les plus actifs possible lors des visites et les pousser à poser des questions. L’économie sociale et solidaire ainsi que les technologies numériques sont toujours abordées dans la démarche. « Par exemple, lors de la journée arts et culture, on peut aller chez un artisan qui utilise peu ou pas du tout d’outils numériques, ou une startup qui fait du marché de l’art en ligne. Nous cherchons un équilibre entre le traditionnel et l’innovant, la petite structure et la plus importante, des parcours atypiques et des parcours plus linéaires. Afin qu’il y ait des typologies différentes en termes de métiers et de témoignages. » Colombus Camp s’adresse à deux publics. D’abord les 12-14 ans, qui ne se trouvent pas encore à proprement parler dans une démarche d’orientation. Ils y sont tout de même sensibles, notamment ceux qui envisagent de rejoindre une filière professionnelle à l’issue de la 3e. Le pari du programme c’est de leur apporter un nouveau regard sur ces questions, de façon ludique et sans stress. « Finalement il n’y a pas d’âge pour les motiver, leur donner des outils, les rendre acteurs de leur parcours. Plus on commence tôt, mieux c’est. A cet âge, on est encore sur de l’éveil, dans une curiosité plus naturelle, spontanée. Quand on s’occupe des décrocheurs ou des jeunes de 16 à 20 ans, la démarche est plus complexe et demande du temps individuel et sur mesure . » Deuxième public visé, les 15-17 ans, plus compliqué à mobiliser, dont la préoccupation immédiate s’appelle Parcours Sup et son éventail d’options. « Notre rôle c’est de faire le lien entre l’école et le sens qu’ils vont donner à leurs choix sur le terrain. Avec les rencontres professionnelles, on les aide à faire leurs choix en confiance et en conscience. On leur montre qu’ils peuvent déterminer leur orientation en rapport avec leur vocation, ou en suivant des voies différentes. On s’adapte vraiment à chaque profil, en essayant de leur donner des outils pour supprimer l’autocensure et les freins à leurs envies qu’on appelle les croyances limitantes. Mon rôle est de trouver des visites intéressantes et des rencontres inspirantes pour que les moments partagés soient un plaisir autant pour les professionnels que pour les jeunes. » « Je travaille avec des coachs certifiés, puisque l’accompagnement en développement personnel est un vrai métier technique. Deux structures m’accompagnent : ApiEco qui travaille sur la « permaculture humaine », le concept de permaculture attaché à l’humain. Et un coach scolaire, « Etud’avenir », une professionnelle de Parcours sup, des filières, une sorte de conseillère d’orientation 2.0. » Un travail partenarial Colombus travaille également en partenariat avec l’association « Cap d’Agir » qui fait de l’accompagnement à la scolarité en quartier prioritaire de la ville. Les jeunes suivis dans le cadre de l’aide aux devoirs se voient proposer des sessions individuelles d’orientation et des sessions collectives pendant les vacances. Ils pourront également bénéficier de stages en entreprise avec le « Pass métiers » de la chambre de commerce et d’industrie qui propose aux jeunes de faire des stages en entreprise pendant les vacances scolaires. En complément des colonies de vacances, Colombus souhaite développer d’autres partenariats avec des structures diverses comme les missions locales, les tiers lieux, les établissements scolaires, les centres d’animation. La méthodologie d’accompagnement des adolescents de 12 à 16 ans leur est présentée : connaissance de soi, renforcement des apprentissages, développement de la curiosité sur le terrain, rencontre de professionnels inspirants, afin que les structures qui le veulent mettent en place la démarche sur leur territoire. « Nous lançons un autre programme qui s’appelle « Colombus mentoring », un accompagnement individuel sur mesure qui peut répondre à des urgences d’orientation, plus spécifiquement pour des jeunes de 3e qui vont probablement être orientés dans une filière professionnelle, et qui n’ont aucune idée du métier qu’ils veulent choisir. On va agir pour une orientation choisie plutôt que pour une orientation subie, grâce à cet accompagnement individuel et des stages, pour qu’ils vérifient avant ce qui leur convient. Nous allons le proposer aussi à des lycéens qui n’ont aucune idée des vœux qu’ils vont faire, qui ont eux aussi besoin d’accompagnement individuel. » Pour l’instant, le programme Colombus camp propose des séjours à Arcachon, ainsi qu’à Bordeaux en partenariat avec Aerocampus avec des jeunes qui sont accueillis en résidence sur leur site. Une journée est consacrée à l’industrie et la technologie aéronautiques, les 4 autres à des visites dans diverses entreprises du territoire. D’autres villes seront concernées à terme, comme Poitiers, Limoges, Pau, La Rochelle. Le but est d’accueillir des jeunes de ces villes dans les autres lieux de Nouvelle-Aquitaine, afin de créer de la mobilité et de leur permettre de découvrir d’autres territoires que le leur, de créer du lien entre ruraux et urbains, de leur faire de découvrir différents écosystèmes pour se préparer au monde d’aujourd’hui et de demain.
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July 1, 2021 4:19 AM
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AZIA, pour la valorisation des métiers et l’attractivité d’un territoire
Vivre et travailler sur le territoire est une problématique que partagent beaucoup de zones rurales. La Soule, région du Pays basque, ne fait pas exception. A Tardets, l’association AZIA, association « de jeunes pour les jeunes » dont les bénévoles ont entre 18 et 35 ans, s’est pleinement emparée du sujet depuis plusieurs années. En 2015, elle a mené un diagnostic de territoire pour évaluer la situation économique et de l‘emploi. « Avec cette enquête on s'est rendu compte que les jeunes Souletins partaient faire leurs études dans les grandes villes, et qu'ils ne revenaient pas sur le territoire parce qu'ils ne pensaient pas pouvoir y trouver de l'emploi, » explique Laure Etcheberriborde, animatrice territoriale. « De l'autre côté, des chefs d'entreprise qui voulaient intégrer des jeunes pour qu'il y ait des nouvelles dynamiques dans les entreprises. C'est de là que l'idée du « guide de l'emploi » est née. » Le guide de l’emploi est un classeur qui contient une présentation économique du territoire de la Soule et des fiches où des professionnels de 7 secteurs d'activités du territoire expliquent leurs métiers, leurs atouts, leurs contraintes, les études qu'ils ont suivies. Particularité, ces professionnels sont des jeunes actifs, peut être plus à même de s’adresser à leurs pairs et à les intéresser à leur parcours. Il est disponible à une trentaine d'exemplaires dans les services publics, mairies, mission locale, centre multi services, bibliothèques et CDI des établissements scolaires. « Nos partenaires sont des entreprises qui nous ont soutenu financièrement pour créer cet outil. Nous avions lancé une campagne de mécénat qui avait très bien marché, parce que l'association est bien connue. Nous travaillons en réseau avec toutes les structures du territoire, les associations, Pôle emploi, la mission locale, les chambres consulaires, les établissements scolaires, la communauté d’agglomération, qui sont associés dans le comité technique et le comité de pilotage du guide. » Des témoignages en vidéo Pour être encore plus attractif, l’outil papier est complété par des vidéos disponibles sur les réseaux sociaux et le site Internet de l'association. Les bénévoles de l’association ont suivi des formations en tournage et montage avec une société coopérative de production audiovisuelle locale, Aldudarrak bideo (Bidarrai). Ils se sont ensuite rendus sur le terrain à la rencontre des jeunes pour recueillir leurs témoignages. La première version du guide, réalisée en 2018, comportait 24 fiches. Pour la nouvelle en cours d’élaboration, l’association bénéficie du soutien financier de l’appel à projet régional « expérimentations et innovations territoriales en matière d’orientation ». « Notre but, c'est de continuer à alimenter l’outil. Tous les 2 ans, deux secteurs d'activité avec une dizaine de nouveaux témoignages. Cette année, c'était une mise à jour pour la santé et l'industrie. Nous avons aussi envisagé de faire un nouveau diagnostic, d’aborder des secteurs qu'on n'avait pas vus pour la première édition. » AZIA intervient également dans les établissements scolaires en partenariat avec l'Odace, Organisation pour le Développement par l'Action et la Coopération Economique, le centre d'appui aux entreprises de Soule (Libarrenx). Elle propose un parcours d'orientation destiné aux collégiens de 3e, qui se compose de 4 ateliers suivis de visites d'entreprises. Le premier atelier sert à faire connaissance, le deuxième à présenter le guide et les vidéos. Le troisième atelier est consacré à la préparation des visites d'entreprises. Les élèves sont pleinement impliqués, ils choisissent les entreprises parmi celles qui leur sont proposées, les contactent et préparent des questionnaires. Après les visites, c’est le temps des bilans, l’occasion de savoir comment améliorer les ateliers, ce qu’ils pourraient apporter de plus. En fin d'année, AZIA rencontre les équipes pédagogiques, les établissements scolaires et les entreprises pour recueillir leurs impressions. « Par nos interventions, nous touchons environ 300 jeunes par an. Nous essayons de couvrir tout le territoire de la Soule, mais on ne peut pas aller dans tous les établissements scolaires. Nous demandons une participation financière pour les animations, mais tous ne peuvent pas. Dans les ateliers, nous constatons qu'il y a beaucoup de jeunes qui ne sont jamais entrés dans une entreprise, qui ne savent pas ce que c'est. C'est vrai que la classe de 3e c'est tôt, mais on veut tout de même leur montrer ce qui est possible sur le territoire, éveiller leur curiosité en découvrant des entreprises, même si elles ne les intéressent pas spontanément. » Toucher tous les publics En 2018, des présentations avaient été faites pour le grand public, dans 4 villages de la Soule, pour présenter l'outil, montrer ce qui avait été fait, savoir comment les habitants voyaient leur territoire et son évolution sur l’emploi et sur leur vie quotidienne. AZIA reçoit des jeunes toute l’année, et les aide sur l'orientation puisqu'elle est labellisée réseau d'information jeunesse (PIJ). Ils peuvent consulter de la documentation sur les formations, sur le logement, apprendre à faire leur CV et leurs lettres de motivation. Le guide de l’emploi est venu combler un manque en proposant un outil spécifique à la Soule. L'association propose aussi des conventions de stages, notamment pour ceux qui ont découvert une entreprise et qui souhaitent y faire leur stage de 3e. « Nous avons aussi été sollicités pour présenter notre guide lors d'une plénière sur l'orientation à Anglet en début d'année. Nous avons rencontré d'autres structures, qui ne nous connaissaient pas forcément, et qui nous ont demandé de venir présenter ce qu'on faisait, et de parler de ce qu'on pourrait mettre en place ensemble. Ce projet pourrait essaimer sur d'autres territoires. » « AZIA est une petite structure, elle est vouée à connaître beaucoup de changements. En ce moment, il existe une bonne dynamique sur les jeunes qui veulent rester sur le territoire, qui veulent s'impliquer au maximum. Nos jeunes font partie d'autres associations comme les comités des fêtes, les clubs de sport. Le guide, ça a été un gros travail mené par des bénévoles qui y ont consacré beaucoup de leur temps. C’est maintenant à la nouvelle équipe de reprendre le flambeau et de continuer de le développer. » http://azia.xyz/
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May 27, 2021 8:45 AM
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Des campus de projets pour les jeunes ruraux
La Communauté de Communes Parthenay-Gâtine rassemble 38 communes. Elle résulte de la fusion, en 2014, de 4 communautés de communes antérieures (Parthenay, Secondigny, Thénezay, Ménigoute). Dès le départ, les élus ont engagé une réflexion sur un projet de territoire qui s’est notamment traduit par le développement d’une politique attractive pour la jeunesse. En parallèle, la Gâtine et le Bocage (Bressuire) ont, à l’époque, réalisé un diagnostic jeunesse qui a souligné l’importance des partenariats locaux, la nécessité de créer des lieux identifiés et de mieux associer les jeunes de 16 à 30 ans dans la mise en œuvre des actions. Cette volonté a débouché sur la création du projet « les jeunes s’en mêlent » dont la coordination est aujourd’hui assurée par l’association « Bogaje » pour « Bocage Gâtine Jeunesse ». Son ambition est de couvrir le territoire d’espaces d’accueil et d’accompagnement des jeunes, les « campus ruraux de projet ». Ces lieux ont pour vocation de favoriser la création d’activités et de projets citoyens, ainsi que de proposer des services de proximité. Les jeunes doivent pouvoir y trouver de quoi maitriser leur parcours de vie et continuer à vivre sur le territoire s’ils le désirent. Une logique de réseau « Notre objectif, c’est de mettre en place des campus pour les jeunes locaux de 16 à 30 ans et de mettre en réseau ces espaces pour être en harmonie sur tout le territoire, » décrit Alexis Bailly, coordonnateur jeunesse de la communauté de communes de Parthenay Gâtine. « Jusqu’à l’adolescence nous avons un foyer de jeunes, mais il y a un vide dans l’accompagnement des autres tranches d’âge. Nous voulons aussi prendre en compte le lien inter générationnel et interprofessionnel, et laisser une place pour les échanges et l’apprentissage de pair à pair. » Chacun des sites a pour ambition d’accompagner la mobilité et l’autonomie des jeunes dans tous types de projets : loisirs, culturels, professionnels (CV, permis de conduire). Ils auront également pour mission de faciliter l’accès aux droits, aux savoirs de base numériques, à la transmission de savoirs et savoir-faire en adéquation avec le territoire. A terme, il est envisagé qu’ils soient labellisés information jeunesse. « Ce sont des lieux novateurs, expérimentaux. Ils sont ouverts à tous, sans exclusive, autant pour des demandes individuelles que collectives. Ils s’adressent aux jeunes actifs salariés, à ceux qui font des études supérieures et qui souhaitent venir y travailler, mais aussi les décrocheurs connus de la mission locale, en lien avec la Garantie Jeunes. Les campus se doivent permettent de jeter des passerelles entre eux, mixer les différents publics et usagers. » Le site de Ménigoute, ouvert depuis 2020, est pour l’instant le seul à être pleinement opérationnel. Il occupe les locaux d’un ancien bistrot, situé en centre bourg. Il comprend un espace détente, des postes informatiques en libre accès. A l’étage, des logements dédiés. En l’absence d’adultes, les jeunes peuvent accéder au lieu avec leur « CVQ » (Carte de Vie Quotidienne). Le référent jeunesse (un par territoire) et la mission locale y assurent des permanences. « Le référent jeunesse est à la croisée de tout, il est un peu homme ou femme à tout faire. Il reçoit les jeunes, analyse leurs besoins, et peut servir de passerelle avec d’autres interlocuteurs comme la mission locale, la CAF, la MSA, une auto-école, un employeur potentiel, etc. Il travaille beaucoup au cas par cas. » Le covid a freiné la montée en charge des campus. Ils ont dû s’adapter aux besoins des jeunes en lien avec la crise sanitaire. D’où la distribution de paniers alimentaires en lien avec les associations caritatives. Les référents jeunesse reçoivent régulièrement les jeunes pour savoir comment ils vivent la période. Leur principal problème est le manque de projection. Associer les jeunes au projet Les autres sites se préparent à ouvrir pleinement d’ici à la rentrée. A Thénezay le campus a investi les locaux d’un ancien site de coworking. A Secondigny et Parthenay, les jeunes, les partenaires associatifs et les élus sont associés à la démarche. Quelques projets culturels ont déjà émergé. « Les jeunes ont été associés dès le départ à des groupes de travail. Nous avons fait des micros-trottoirs à Parthenay pour recueillir leurs besoins avant de lancer la réflexion. Nous captons leur parole dans les clubs sportifs, les associations culturelles, les lieux d’hébergement… A partir de cela, nous allons mobiliser un groupe autour du projet. C’est en cours aussi à Secondigny. » Les dynamiques associatives ne seront pas les mêmes sur les 4 territoires. Chaque pôle structurant a des problématiques différentes, même s’ils ne sont situés qu’à quelques dizaines de kilomètres les uns des autres. « Lorsque nous réunissons les référents jeunesse, les échanges sont très riches. Chacun peut se projeter sur l’action des autres, ou de profiter de ce que fait un partenaire pour le mettre sur son territoire, plutôt que d’inventer des solutions nouvelles à chaque fois. La communauté de communes est aussi signataire, avec la MSA et la CAF, d’une convention territoriale globale qui réunit tous les acteurs. Ils ont été associés à la démarche, et peuvent aussi bénéficier des campus. Ce sont des nouveaux lieux qui ne font pas concurrence à l’existant. »
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Cap Métiers NA
October 17, 2019 9:39 AM
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Report’emploi, la découverte des métiers par le reportage numérique
Permettre aux jeunes d’acquérir des compétences numériques et transverses, comme le travail collectif, la gestion de projet et l’autonomie. C’est en résumé l’objectif de l’action « Report’emploi » menée par la mission locale rurale de la Haute-Vienne, financée par la fondation Orange dans le cadre d’un appel à projets « insertion des jeunes ». Le principe est de se rendre sur le terrain pour découvrir des métiers via le vidéo reportage. Les sujets de films sont définis avec les jeunes, dans un projet concret qui met en valeur leurs compétences, pratiques, besoins et idées. Mathilde Dubois, chargée de projets vie sociale, décrit comment il s’inscrit dans les pratiques de la mission locale. « Traditionnellement les jeunes que nous accompagnons font des enquêtes métiers, ils rencontrent des professionnels pour les questionner sur leur réalité quotidienne, les conditions de travail, les parcours. Ici l’idée c’est d’utiliser leur propre smartphone, outil qui leur est familier, pour travailler leur orientation et leur projet de façon un peu plus ludique. » Pour les accompagner, les conseillers sont eux aussi formés aux techniques de prise de vue et de montage. Car l’action vise tout autant à développer leurs compétences numériques que celles des jeunes. Le but étant que, après l’expérimentation, ils continuent à utiliser cet outil avec d’autres groupes. Pour ce faire, un professionnel de l’audiovisuel assure l’apprentissage de tous les aspects techniques. « Nous avons débuté en avril à Saint-Junien, et d’ici la fin de l’année, nous aurons mené l’action sur nos autres antennes : Aixe-sur-Vienne en juin, Saint-Yrieix-la-Perche en septembre et Bellac en décembre. A chaque fois, elle s’étend sur 6 semaines au lieu de 5, ce qui correspond à la période de collectif de départ de la garantie jeunes, un peu étendue. » Dans ce laps de temps, au cours d’une demi-douzaine de sessions, les participants assistent à une présentation de la démarche, puis votent pour choisir ensemble les films qu’ils ont envie de réaliser, les professionnels qu’ils veulent rencontrer et les questions à leur poser. L’intervenant extérieur les aide en leur fournissant quelques consignes. Dans chaque antenne, entre 10 et 15 reporters se répartissent en 3 équipes de tournage. « Ensuite, les jeunes font leur tournage auprès, par exemple, d’un animateur radio, d’un carrossier, d’un technicien de maintenance informatique ou d’un projectionniste. Pour finir, il y a une séance de montage par sous-groupe. L’idée étant d’avoir une douzaine de films de 3 à 5 minutes à la fin de l’année. » La recherche de contacts se fait à l’initiative des équipes, avec le soutien des conseillers. Il n’est pas toujours possible, voire impossible, de trouver un professionnel prêt à témoigner. « C’est ce que l’on fait en mission locale, apprendre aux jeunes à téléphoner à une entreprise, à se présenter, à parler de leur projet, à poser des questions, régler les questions de mobilité et de prise de rendez-vous. Il n y’a pas que le numérique dans cette action, ce qu’ils mettent en œuvre doit leur servir dans leurs démarches ultérieures, d’avancer dans les techniques de recherche d’emploi. » En septembre, la mission locale a organisé un rendez-vous de mi-parcours, une sorte d’avant-première avec projection de 7 films en présence d’élus du département et de la fondation Orange. Les jeunes et les conseillers ont eu l’occasion de témoigner de leur expérience. Tous en tirent des enseignements positifs, les uns sur les visites d’entreprise et la réalisation d’un travail concret, les autres ayant trouvé intéressant de participer à l’action au même niveau que les groupes qu’ils accompagnent. « La démarche va être intégrée dans nos pratiques, puisque 8 conseillers ont été formés à l’utilisation de l’outil. Au-delà de l’aspect numérique, le travail collectif, l’autonomie que cela demande sont pour les jeunes des atouts supplémentaires dans la définition de leur projet professionnel et dans leur recherche d’emploi. » Nb. A terme, les films réalisés rejoindront la bibliothèque numérique de la fondation d’orange, pour rendre visible le travail effectué par les équipes.
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Cap Métiers NA
May 6, 2019 3:33 AM
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Apprendre en faisant, le modèle « école de production »
La première école de production de Nouvelle-Aquitaine, établissement privé, s’apprête à ouvrir ses portes en septembre 2019 à Limoges. C’est le résultat d’une initiative locale lancée par une association créée à cet effet, qui a présenté son dossier à la fédération nationale. Le modèle nécessite le respect de certaines conditions afin de se voir attribuer le label officiel et recevoir toute l’aide nécessaire du réseau pour assurer le montage de l’école.
Son chef de projet, Pascal Veillon, la présente comme une offre complémentaire par rapport aux lycées professionnels et CFA. « Nous nous adressons à des jeunes décrocheurs, ou en passe de l’être. Des jeunes de 15 à 18 ans pour lesquels le schéma classique n’a pas fonctionné pour diverses raisons (faible motivation, peu de maîtrise de la langue, troubles « dys », difficultés d’attention…), à qui nous proposons une pédagogie alternative. »
L’esprit « école de production » réside dans l’inversion de la logique classique : on commence par la pratique pour aller vers la théorie. Ce que réalisent les jeunes au cours de leur cursus est une véritable production, puisque l’école est tout à la fois un établissement de formation et une entreprise qui travaille pour les autres. « J’ai sollicité des entreprises pour qu’elles nous confient un peu de sous-traitance. Ainsi les jeunes se forment aux gestes professionnels tout en apprenant les critères de qualité attendus par les clients, et ce qu’ils refusent. Le jeune produit pour satisfaire la commande, pas seulement pour décrocher une note. »
Les promotions rassemblent une dizaine d’élèves sous statut scolaire, un nombre volontairement limité. Ils sont encadrés par un « maître professionnel », issu du secteur d’activité enseigné, qui sera en mesure de leur inculquer les vrais gestes, les codes, le contexte de l’entreprise, les bonnes attitudes. L’idée est qu’un jeune puisse être directement intégré à une entreprise en sortant de l’école. C’est déjà le cas dans les écoles de production existantes (25 en France), car elles placent presque 100% de leurs élèves dans un délai de 2 mois à l’issue de leurs formations.
A Limoges, la formation enseignée sera le CAP électricien, en deux ans. « Pour que cela fonctionne, il faut viser un métier qui est en tension sur le plan local. Il se trouve qu’ici, c’était électricien. De plus, certaines personnes du groupe projet avaient des relations dans ce milieu, ce qui nous a fait choisir cette voie. Par ailleurs, il faut que le métier soit suffisamment séduisant pour attirer des décrocheurs et, si possible, les jeunes filles ». Avec un principe de deux tiers pratique, un tiers théorie, les jeunes prépareront à la fois l’aspect industriel et le référentiel bâtiment. Ils passeront les mêmes sessions d’examen que les autres apprentis.
Pour identifier les jeunes qui pourraient être intéressés, l’école rencontre les associations de quartier, associations d’insertion et d’accompagnement, les collèges des zones Réseau d’éducation prioritaire (REP et REP +), ainsi que les lycées professionnels. Outre les prescripteurs habituels, il peut aussi s’agir de clubs sportifs, ou encore de structures d’accueil des migrants. « Nous rencontrons chaque jeune pour faire un point sur son projet, sa motivation, son attrait pour le métier, avec ou sans période d’immersion. Sur les écoles de production, nous avons la possibilité d’adapter le parcours pédagogique à chaque situation ».
A terme, l’ambition est de monter une section bac pro dans deux ans, de manière à permettre à ceux qui le voudraient de poursuivre leur formation avec la même méthodologie. Dans l’ensemble du réseau national, environ la moitié des jeunes font ce choix.
A Limoges, l’heure est à la constitution de la première promotion et à l’installation dans des locaux adaptés. « Nous avons trouvé un emplacement sur un ancien site occupé par l’AFPA, dans le quartier de Babylone. Nous serons installés au sein d’un village associatif tourné vers l’insertion. Il y a certainement des synergies à créer sur place. Nous sommes confiants sur la réussite de notre projet, puisque si le concept n’est pas bien connu en Nouvelle-Aquitaine, le regard de tous les acteurs s’est révélé bienveillant. »
https://www.ecoles-de-production.com
https://www.ecoledeproductionlimoges.com
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