Initiatives locales et paroles d'acteurs
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February 13, 4:27 AM
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La surface de remobilisation

La surface de remobilisation | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Remise en jeu est, à l’origine, une histoire bretonne. Créée à Lorient en 2012, puis étendue un peu partout en Bretagne, l’objet de cette association est d’utiliser le sport pour remobiliser les jeunes en difficulté et leur redonner l’envie de se construire un avenir. Son fondateur Robert Salaün, a mené une longue carrière de professeur d’EPS et de footballeur, ainsi que d’éducateur sportif au sein d’un IME à Poitiers, auprès d’un public connaissant des difficultés à la fois psychologiques et mentales. Cette expérience de plusieurs années l’a convaincu que malgré leur handicap, ces jeunes avaient du potentiel et que ceux qui réussissaient en sport collectif s’en sortaient mieux dans la vie professionnelle.

 

« Quand vous faites du sport collectif tous les jours, il y a plein de choses que vous arrivez à gérer. Déjà, physiquement, vous êtes mieux. Un match de foot, c'est un travail psychomoteur qui agit au niveau de l’équilibre, de la coordination, de l'orientation dans l'espace et dans le temps. Tous ces éléments, vous les travaillez en permanence. De plus, quand vous voulez faire du sport collectif, vous devez savoir gérer vos émotions et votre frustration, parce que ça ne se passe jamais comme vous avez envie. »

 

C‘est après son départ à la retraite que Robert Salaün a décidé de passer de la théorie à la pratique en créant Remise en jeu. Son principe, partir de l'intérêt du jeune pour le football afin de le mobiliser et lui faire travailler tous les éléments nécessaires à une entrée dans la vie professionnelle. Alors qu’il n’a a priori que peu de motivation pour le monde du travail.

 

Le football comme matière principale

 

Toute la partie physique est basée sur le football, mais également les cours de français (les articles de l’Equipe et de France football), de mathématiques (les classements, la durée des matches), de géographie (où se trouvent les clubs français et européens ?). Il existe une corrélation entre ce qui se passe sur un terrain et ce qui se passe en cours. « Un gamin qui a un ballon dans les pieds et qui veut faire une passe a le même problème, sur le plan mental et psychomoteur, que celui qui tient un crayon et qui veut tracer des lettres. La trajectoire de la passe ou la lettre est déjà dans sa tête, avant qu’il réalise l’action ».

 

La formation dure huit mois, elle est suivie par des groupes d’une quinzaine de jeunes de 16 à 25 ans, et débute généralement en octobre-novembre, pour se terminer en mai.  Le parcours compte deux grandes périodes distinctes. Les quatre premiers mois consistent en une immersion complète, avec une discipline de vie assez stricte pour des jeunes plus habitués à se coucher à trois heures du matin qu’à être présents sur un terrain à neuf heures. La journée est consacrée à la remise à niveau scolaire et à un premier travail sur le projet professionnel.

 

À partir du quatrième mois est abordée plus en profondeur la dimension professionnelle, avec des visites et des stages en entreprise. « La grande majorité des jeunes qui sortent de chez nous sont envoyés vers les métiers du bâtiment ou de la vente. On en a aussi beaucoup qui s’orientent vers les métiers du sport, à qui on fait passer ou un CQP sport, ou un BPJES en alternance. En Bretagne, quelques-uns de nos éducateurs ont suivi toute la filière chez nous. Ils ont été stagiaires, ont fait un CQP sport en alternance puis un BPJEPS, avant d’être embauchés par l’association. »

 

Aucun profil type, les participants vont du MNA originaire d’Afghanistan ou d’Ukraine, au jeune de Guéret ou de Limoges qui a échoué à la faculté de sport et vient préparer un BPJEPS. Tous les parcours sont individualisés, le seul critère d'entrée est d’être un jeune en grande difficulté. Sur le plan sportif, pas de prérequis non plus, aucune obligation de savoir jouer au football ou même de pratiquer un sport régulièrement. Chaque plateforme constitue une équipe, dans laquelle il peut y avoir des footballeurs de très bon niveau et des jeunes qui n’ont jamais tapé dans un ballon. Le but est de créer un groupe où chacun trouve sa place.

 

« Dans ma carrière d'éducateur j'ai rencontré pas mal de gamins, et je n’en ai jamais vu deux pareils. Quand on a débuté, l'âge moyen des participants chez nous était autour de 21-22 ans. Aujourd’hui c'est plutôt de 17-18 ans. C’est peut-être dû au fait que les dispositifs d’accompagnement, par exemple à la mission locale, ont moins de problèmes à placer les publics avec une certaine maturité. Dans ce cas, ils ont moins besoin de nous, mais davantage pour les plus jeunes. C’est aussi le reflet de ce qui se passe ailleurs, y compris dans les lycées. »

 

Les filles représentent entre 10 et 15% des effectifs, à peu près la proportion des licenciées à la fédération de football. Si elles ne sont pas plus présentes, c’est en partie en raison d’obstacles culturels. Dans certaines cités à dominante étrangère, il leur est difficile de fréquenter des structures où se trouvent une majorité de garçons. L’association a tenté de trouver une solution, en mixant le football et l’équitation, pratique à dominante féminine. Mais sans succès. Cela dit, ses actions restent ouvertes aux filles, qui y réussissent très bien.

 

Quand l’association envisage de s’implanter sur un territoire, elle commence par contacter tous les clubs sportifs et leurs dirigeants, pas forcément que dans le domaine du football. Ensuite, elle contacte les CCAS, les éducateurs de rue, surtout dans les grandes villes, où il existe une proportion assez importante de jeunes suivis par les services judiciaires, SPIP et PJJ.  

 

Remettre les jeunes sur de bons rails

 

Le repérage effectué par ces partenaires permet de toucher les publics qui ne sont pas déjà suivis par d’autres opérateurs. Sur l'ensemble des plateformes Remise en jeu, un peu plus de 60% des participants sont inconnus des dispositifs d'insertion. Initialement, les missions locales, qui sont toujours associées, envoyaient des jeunes à Remise en jeu. Aujourd’hui, le circuit est en quelque sorte inversé, puisque les jeunes qui ne sont pas retenus par l’association sont redirigés vers une mission locale.

 

« Pour monter un groupe nous avons procédé de diverses façons. À une époque, on annonçait notre arrivée, on tenait des informations collectives, puis on recevait une trentaine de jeunes en entretiens individuels. Quand il fallait en choisir une quinzaine, nous n’avions pas de critères d'entrée. Maintenant, nous annonçons notre arrivée et nous prenons les quinze premiers inscrits. » Ce processus est plutôt efficace, puisque la présence en formation dépasse les 90%. Lorsqu’il y a abandon, c’est au tout début du parcours, parce que le jeune s'aperçoit que ce n’est pas un club de vacances, mais qu’on lui demande de travailler son endurance, sa vitesse, sa technique. Et ça n’est pas de tout repos, le rythme est parfois trop soutenu.

 

En Nouvelle-Aquitaine, Remise en jeu se déploie depuis 2023. Elle est présente à La Rochelle, Niort, Poitiers, Angoulême, Limoges et Guéret. Chaque structure compte au moins deux salariés, des encadrants titulaires d’un brevet d'état, pour accueillir une quinzaine de jeunes par promotion. De plus, un coordinateur est attaché à des trios de structures, il passe une journée par semaine sur chaque site. Il se charge du suivi individuel des jeunes, de leur évolution, des problèmes qu’ils peuvent rencontrer. Il effectue également la recherche des stages. Tous sont des permanents de l'association, qui compte aujourd’hui une cinquantaine de salariés.

 

L’association compte poursuivre son développement, en fonction des sollicitations. « Nous sommes en train de chercher d'autres approches. Par exemple, certains clubs importants de la Région nous ont contacté pour monter une structure en interne. Ils mettraient à disposition les deux éducateurs, et nous fournirions le contenu et la pédagogie. Et puis financièrement nous pourrions trouver un arrangement. Nous aurions très bien pu aller en Normandie ou en PACA, nous avons eu des demandes un peu partout. Mais nous restons une petite association, et pour aller plus loin, il faudrait qu’un opérateur plus important prenne la main. »

 

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March 10, 2022 9:15 AM
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La remobilisation par le terrain

La remobilisation par le terrain | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

« Nous sommes convaincus qu’à partir du moment où un jeune est dans un club de sport, il est inséré, » explique Vincent Peron, directeur de la mission locale de l’Agglomération Royan Atlantique. « Parce qu’il va y rencontrer différentes personnes qui composent l'association, des entreprises, ça lui ouvre un réseau. Pour nous c'est un premier vecteur d'insertion. »

 

Le sport comme vecteur d’insertion, la mission locale de Royan l’avait déjà expérimenté en 2015. A l’époque, l’action s'appelait « Remise en jeu ». Elle était inspirée d’une initiative menée par la mission locale de Lorient, une remise à niveau centrée sur la pratique du football. Puis est venu le dispositif JUMP. « Nous ce qu'on voulait, c'était que ce soit multisport parce qu’un des objectifs premiers de JUMP c'est de découvrir des sports différents, aussi bien individuels que collectifs. Même si nous ne sommes pas vraiment dans du sportif, on est dans de l'activité physique, de la remobilisation qui s’appuie sur les valeurs du sport. »

 

JUMP s’adresse à des groupes d’une douzaine de jeunes pour des sessions d’environ 4 mois, deux fois par an. Les conseillers de la mission locale sont chargés d’identifier les participants potentiels. Plutôt des 16-18 ans, parfois plus vieux et déscolarisés, qui relèvent de l'obligation de formation dont les missions locales ont la responsabilité. Il s’agit de leur proposer de suivre un planning et retrouver un rythme dans leurs relations sociales avec d'autres jeunes.

 

Seuls prérequis pour être sélectionné, donner son accord pour s'engager sur la durée, être ponctuel et n’avoir aucune contre-indication physique à la pratique sportive. Tous les participants reçoivent en dotation une tenue sportive, la même pour tous afin de créer une cohésion d'équipe, ainsi que des tickets services pour couvrir leurs frais de repas. Par ailleurs ils bénéficient d’un pécule de 150€ par mois, occasion pour certains de s’occuper de tâches administratives comme faire leur carte d'identité, leur carte de sécurité sociale.

 

Un programme sportif, mais pas que

 

Le programme est le même chaque jour, à commencer par une activité sportive tous les matins. L’idée étant que les jeunes découvrent l'offre de loisirs sportifs de leur territoire. « En diversifiant l’éventail des sports nous avons pu élargir le panel de public, accueillir plus de filles. Nous avons accès à un terrain et un gymnase, donc nous pouvons proposer du football, du rugby, du handball, du volleyball, du tennis. Plus ponctuellement de la trottinette électrique, du paddle, du surf ou de la voile. » Deux conseillers, dont un est également éducateur sportif, accompagnent les groupes. Lorsque les associations ne sont pas disponibles, l’éducateur sportif est en mesure d’organiser lui-même des séances. 

 

L'après-midi est consacré à des domaines très variés, visite de musée, atelier photo dans Royan suivi d’un travail sur la photo artistique, théâtre, bilan santé, atelier cuisine et l’alimentation… Ou encore d’aborder la question des déplacements urbains, occasion d’organiser un circuit pour faire le tour des institutions comme la CAF, les agences intérims, l'hôpital...

 

Par ailleurs, chaque groupe doit mener un projet collectif. Par exemple, l’organisation d’une tombola avec tout ce que cela implique : contacter des entreprises pour recueillir des lots, vendre des tickets. « Lors de la dernière session, la recette a servi à emmener tout un groupe à la montagne pendant 3 jours. Pour certains, il s’agissait d’une découverte. D’autres n’avaient même jamais eu l’occasion de prendre l’autoroute. »

 

Le travail sur le projet professionnel intervient vers la fin de la session, à partir de 2 mois et demi. « Très souvent les jeunes ont du mal à parler de leur projet de façon positive et synthétique. Nous essayons de rendre ça ludique et dynamique. » Sur le principe de « The Voice », la mission locale fait venir des employeurs pour écouter, à l’aveugle, les jeunes présenter leurs projets. Ils leur expliquent pourquoi ils se sont retournés ou pas, et leur donnent des conseils utiles dans le cadre de leur future recherche d'emploi.

 

« Le moment choisi pour commencer à parler du projet professionnel est une question centrale, dans le sens où nous sommes conscients que JUMP peut frôler le centre de loisirs. Nous essayons toujours de raccrocher les activités que l’on propose à la dimension professionnelle. Par exemple, dans l'activité de handball, nous disons aux jeunes qu’ils doivent jouer en équipe, se dépasser pour le groupe, respecter les règles, se démarquer… que ce sont des attitudes et des compétences nécessaires dans le cadre professionnel. »

 

Le programme inclut un stage de 2 semaines. Certains jeunes peuvent en faire plusieurs s’ils y sont prêts. « En principe nous sommes sur une montée en charge. Quand on aborde le travail sur le projet professionnel, on les amène à réfléchir sur ce qu'ils aiment, puis on va progressivement sur des rencontres avec des professionnels, des découvertes métiers. Nous ne basculons pas entièrement vers le professionnel, de temps en temps, nous gardons une activité de loisir. »

 

Dans la perspective de découvrir des métiers, la mission locale mobilise une partie de son réseau de partenaires. « Nous travaillons chaque année avec 400 entreprises. Nous cherchons des employeurs empathiques pour accueillir les jeunes en situation professionnelle et leur donner les rudiments nécessaires à une recherche d'emploi. Comme c'est très souvent pour eux la première expérience professionnelle, il y a un enjeu majeur, leur donner confiance. »

 

Projection vers l'emploi

 

Une fois que JUMP est terminé, certains jeunes se dirigent vers l’apprentissage, vers la garantie jeune/ contrat engagement jeune ou un service civique. D’autres doivent encore être accompagnés ou ont besoin d’un temps de latence avant de reprendre un parcours. « Il y a vraiment tous les types de profils. Nous sommes plutôt aux alentours de 60% de sorties en apprentissage, en garantie jeune / contrat engagement jeune, en formation ou en service civique. C'est donc plutôt positif parce que cette dynamique et les valeurs du sport sont intéressantes pour aider ce type de public à se projeter vers l'emploi. »

 

Depuis son lancement, JUMP a été ajusté. Notamment parce que la fin du programme était un peu trop brutale. Après leur stage, les jeunes se retrouvaient du jour au lendemain sans rien. Désormais, les sessions se terminent progressivement. Pour que cela se fasse de façon plus tranquille, leur date de fin est approximative. A la sortie des stages, les jeunes ne sont pas « lâchés dans la nature », la mission locale organise des ateliers et activités pendant quelques jours. Dans le même esprit, elle a mis en place, à la moitié et à la fin du parcours, un entretien avec le conseiller référent pour reprendre ce qui s’est fait pendant la période et envisager la continuité du parcours.

 

« A la fin, les deux référents de l'action écrivent une lettre au jeune en sa présence, celle des parents quand ils sont disponibles ou de l'éducateur. Ils retracent ce qui s’est passé, ses atouts, ses points à améliorer avec un regard un peu humoristique. C'est souvent source d'émotion, ça lui est transmis comme un petit bilan de la session. »

 

« Maintenant, nous voulons travailler de plus en plus avec les parents. Nous encadrons les jeunes au quotidien, mais le soir et les week-ends ils sont dans leur famille. Or beaucoup d’entre eux sont délaissés sur le plan familial, ils souffrent de carences éducatives et affectives fortes. Travailler cette dimension est très important. Nous restons en lien avec le jeune, mais nous essayons aussi de faire le lien avec les parents parce qu’on sait qu'ils sont importants dans la continuité du parcours. »  

 

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September 21, 2023 7:39 AM
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Le sport au service de l’apprentissage des savoir-être

Le sport au service de l’apprentissage des savoir-être | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Hugo Lanvers est directeur de Sport Emploi, association créée en 2005 à Floirac par Jean Trillo, ancien international du XV de France, qui voulait s’appuyer sur les valeurs du sport pour mobiliser les jeunes en difficulté d'insertion. Aujourd’hui, Sport Emploi travaille sur l'impact social du sport. Son cœur d'action reste l'insertion professionnelle, mais elle intervient aussi sur d'autres champs comme l'éducation, la cohésion sociale, la santé, le bien-être. Son projet Mobi’Sport est financé par l’appel à projets régional « Mobilisation vers la formation ».

 

D’où vient le programme Mobi’Sport ?

Mobi’Sport a été créé en s'appuyant sur la pédagogie que nous avions mise en place il y a 10 ans pour le dispositif « AVI passeport », en partenariat avec l'IUT de Bordeaux. AVI passeport fonctionne bien, sa pédagogie est pertinente, elle a vraiment un impact sur le public. Mais son accès est un peu restrictif, puisqu'il impose des prérequis scolaires, au moins un niveau terminale. Nous avons réfléchi à un programme qui puisse répondre aux besoins d'un public plus étendu. Nous avons créé Mobi’sport en 2021, comme un parcours de remobilisation du public, d’une durée d’un mois. Nous en sommes à la troisième année, à raison de 3 sessions par an pour des groupes jusqu'à 20 participants.

 

En quoi consiste-t-il ?

Mobi’Sport est un programme de remobilisation par le sport et de travail sur les savoir-être. L'idée c'est qu'ensuite, les personnes puissent trouver un projet, quel qu'il soit, pas seulement un projet professionnel. Et on ne cible pas de secteurs en particulier. Le sport est notre support principal, mais nous proposons différents types d'ateliers d'accompagnement socioprofessionnel. Par exemple sur la prise de parole, du théâtre, du conseil en image, la connaissance de soi ou les techniques de recherche d'emploi.

 

A quels publics est-il ouvert ?

On ne ferme la porte à personne. Il y a toujours une problématique de départ, ce sont des gens éloignés de l'emploi ou de la formation, à des degrés divers. Nous avons surtout des participants de 16 à 30 ans, quelques-uns plus âgés. Le côté intergénérationnel est intéressant pour la remobilisation, en particulier pour les plus jeunes. Il a un vrai impact sur leur façon de se comporter. Les profils sont assez variés, nous avons des personnes très isolées qui ont juste envie de retrouver des interactions sociales, d’autres qui ont déjà une idée précise de leur projet professionnel, mais qui ont encore quelques freins sur lesquels il faut travailler, des questions d’addiction parfois. Souvent, c’est un problème au niveau de la posture, et ça ne passe pas toujours avec les employeurs.

 

Comment trouvez-vous les participants ?

Certains nous sont envoyés sur prescription. Nous travaillons beaucoup avec la mission locale des Hauts de Garonne, Pôle emploi, des partenaires associatifs, les CCAS, la Maison Départementale des Solidarités. A côté de ça, nous faisons des réunions d'information collective. Et nous avons développé des actions de proximité, notamment le projet « sport impact » qui consiste à organiser des séances de sport gratuites en pied d’immeuble. Cela nous permet de nous ancrer sur le territoire et d'être identifiés par les habitants. Le bouche-à-oreille fonctionne bien, les gens savent ce qu'on propose, ils viennent aussi par ce biais-là.

 

Avant l’entrée dans le programme, nous faisons toujours des entretiens individuels, pour vérifier si Mobi’Sport est pertinent pour la personne, si c’est adapté à sa problématique. On évite d’accepter des gens qui viennent juste pour se défouler, mais qui n’ont pas de besoins par ailleurs. Pour nous, le projet professionnel est un véritable objectif, même si le parcours ne dure qu’un mois.

 

Quel est l’apport particulier de l’approche par le sport ?

Le sport c'est le respect des règles, une notion de cadre qui est très importante et dont les jeunes ont vraiment besoin.  Pendant un mois, ils viennent tous les jours à 9 heures, du lundi au vendredi, ce qui nous permet d'installer ce cadre. On insiste beaucoup sur la ponctualité. La différence par rapport à un dispositif classique, c’est l'utilisation du sport, qui se fait moins à la mission locale, et la densité du programme qui crée une vraie dynamique. L'équipe est différente aussi, puisque nous avons surtout des éducateurs sportifs, ainsi qu’une conseillère en insertion professionnelle.

 

Exigez-vous des prérequis en sport ?

On va avoir tout type de profil, il y en a qui ne font que très peu de sport et ça se passe très bien, puisque les ateliers sont aménagés pour intégrer tout le monde. Le seul prérequis, c’est d’avoir un certificat médical d’aptitude à la pratique sportive. Certains nous disent que le sport, ça n’est pas trop leur truc. Le programme les attire, mais ils se demandent s’ils vont être au niveau. On leur explique qu’on ne cherche pas la performance.  

 

Comment s’organise une journée type ?

D’abord le sport le matin. Chaque jour, nous travaillons sur une compétence, des savoir être attendus par les entreprises, indispensables pour un emploi ou une formation. Par exemple, on va faire une séance de foot-communication avec des ateliers construits pour que les groupes abordent les différentes formes de communication et progressent presque de façon inconsciente. Nous travaillons aussi sur l'autonomie, la persévérance, le respect des règles, la proactivité, etc. L'après-midi, les différentes activités sont en lien avec ce qui a été travaillé le matin.

 

Dans notre équipe pédagogique, les éducateurs sportifs font le lien avec la conseillère en insertion sur le parcours de chaque participant, en signalant ce qu’ils ont observé le matin. Par exemple un jeune un peu renfermé, qui a tendance à ne pas trop s’exprimer en entretien, mais qui pendant les séances de sport va révéler des qualités de leader, qui va aider les membres de son équipe. Nous travaillons avec ces éléments, on cherche à faire prendre conscience au jeune que c’est quelque chose qu’il peut valoriser.

 

Que faites-vous spécifiquement par rapport au projet professionnel ?

Nous abordons le sujet tout de suite parce que c'est une réalité, on n’a pas peur de leur faire peur. Quand la confiance est instaurée, les jeunes arrivent à en parler assez librement. Le sport a aussi ce côté cohésion de groupe qui permet de créer un lien de confiance. Je trouve qu'on arrive assez bien à parler avec eux de projet professionnel. Les participants sont très bienveillants entre eux, ils se livrent plus facilement, ils arrivent à dire des choses très personnelles.

 

Tout au long du mois nous leur proposons des découvertes métiers et des visites d'entreprises, dans plein de secteurs différents, parfois des secteurs vers lesquels ils ne se tourneraient pas. Mais c'est important de les ouvrir sur ce qu’ils ne connaissent pas. On fait en sorte que le jeune se pose des questions sur lui-même, sur ses caractéristiques, sur ce qui lui plaît. En face, on regarde ce qu'il y a sur le marché, quel secteur, quelles possibilités, il faut prendre le temps. Notre slogan cette année, c’est « du temps pour moi et mes projets ».

 

Que considérez-vous comme une sortie positive ?

Une sortie positive se traduit principalement par l’intégration en emploi, en formation ou dans un parcours d’accompagnement. Pour autant, nous attachons aussi beaucoup d’importance à l’évolution des comportements lors de la remobilisation. Certains jeunes peuvent être particulièrement renfermés au début, difficiles d’accès. Si nous les voyons évoluer dans leur posture professionnelle, leur rapport aux autres, leur capacité à se conformer au cadre mis en place, c’est gagné. Ça a d'autant plus de valeur que nous en accueillons certains qui, non seulement sont très éloignés de l'emploi, mais aussi du système de manière générale.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

 

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