C’est le chiffre du jour. Entre le 11 janvier, date du début de l’opération Serval et le 13 février, l’aviation française a effectué “plus de 970 sorties” aériennes au-dessus du Mali, selon un décompte provisoire donné par l’Etat-major des armées. Nul doute que le seuil des 1.000 missions a dû être dépassé à ce jour.
Ce nombre comprend les sorties “au sens global”, c’est à dire qu’elles concernent aussi bien les missions de transport, de frappes et d’appui.
Plus de 200 ont été effectuées par les avions de chasses engagés dans l’opération (6 Mirage 2000D, 6 Rafale, 2 Mirage F1CR) et qui opèrent depuis N’Djamena (Tchad) et Bamako. Au total, “plus de 170 frappes” aériennes ont été effectuées par les appareils français au cours de la période considérée.
Certaines ont été réalisées par des avions de patrouille maritime Atlantique2. Sur la page “opérations” que l’Etat-major des armées gère sur Facebook, l’on peut ainsi voir des armuriers installer des bombes GBU-12 sur un de ces appareils de la Marine nationale basé à Dakar, au Sénégal (voir photo).
Dans le Nord du Mali, l'armée malienne peut être aussi violente que les groupes islamistes armés. Les soldats maliens ont régulièrement recours à la torture contre ceux qu'ils accusent d'avoir soutenu les groupes islamistes armés, au temps de leur domination, ont constaté des médecins et militaires maliens, des soldats français et un journaliste de l'AFP.
L'ampleur du phénomène reste difficilement quantifiable. Le colonel Saliou Maïga, qui dirige la gendarmerie de Gao, à 1 200 km au nord-est de Bamako, a recensé plusieurs cas de torture : "les soldats, s'ils ne sont pas contrôlés par leurs chefs, peuvent faire n'importe quoi". Certains de ces militaires, souvent mal encadrés, sont portés sur l'alcool, voire la drogue.
Les "peaux blanches" visées
Plusieurs ont ainsi tiré sur des personnes désarmées en marge d'affrontements avec un petit groupe de jihadistes, le 10 février dans le centre de Gao, a constaté un journaliste de l'AFP. Des militaires maliens et français estiment que les victimes civiles ce jour-là (au moins trois morts et 15 blessés) étaient "essentiellement" du fait à l'armée malienne.
Les accusations d'exactions contre cette dernière se multiplient depuis le début de l'opération française Serval le 11 janvier, dans la presse, de la part d'ONG (Human Rights Watch, Amnesty International, Fédération internationale des droits de l'Homme) et des communautés arabes et touareg. Ces deux ethnies sont surnommées "peaux blanches" par la population noire majoritaire, qui les accuse souvent d'être "tous des terroristes" et mène aussi, par endroits, des représailles ethniques.
Acide dans les narines et violences sexuelles
Un journaliste de l'AFP a pu voir quatre "peaux blanches", à Gao et Tombouctou, à 900 km au nord-est de Bamako, portant des traces de torture : brûlures de cigarettes, à l'électricité, à l'acide, os brisés, marques de coups et de strangulation, balles dans le corps, violences sexuelles. Dans l'une des villes, un homme affirme qu'après l'avoir tabassé et brûlé à la cigarette, des soldats maliens lui ont versé de l'acide dans les narines. Ailleurs, une "peau blanche" gît sur son lit, des os brisés, plusieurs balles dans le corps. Là encore, l'armée a sévi, dit le jeune blessé à l'AFP. Son médecin précise qu'il a été violé.
Près de Tombouctou, des journalistes de l'agence américaine Associated Press (AP) ont découvert deux Arabes enterrés dans le sable. L'un d'eux avait été arrêté par les forces maliennes deux semaines auparavant. Plus de nouvelles ensuite, jusqu'à la découverte du corps. Depuis, des soldats maliens sont venus plusieurs fois voir les journalistes d'AP, selon une source militaire française et un journaliste sur place. Pas de menaces physiques, selon ces sources, mais une insistante pression psychologique. L'agence n'a pas souhaité s'exprimer.
Le silence de l'armée française
A Gao et Tombouctou, des soldats français ayant vu agir leurs homologues maliens confient leur écoeurement. "Ils traitent leurs prisonniers comme des chiens", dit l'un. Un autre explique : "la hiérarchie (de l'armée française) a semblé inquiète, mais ensuite ça se joue à Paris". Le porte-parole de l'opération Serval à Bamako, le lieutenant-colonel Emmanuel Dosseur, n'a pas souhaité faire de commentaire sur le sujet.
Des rapports d’organisations humanitaires vont tous dans le même sens : les groupes jihadistes ont recruté, massivement semble-t-il, des enfants soldats au temps où ils occupaient les villes du Nord-Mali. La Coalition malienne des droits de l’enfant (Comad), qui regroupe 78 associations, avait rendu compte de ce phénomène dans une enquête publiée en août dernier.
“La situation est très grave et inquiétante, pour nous, organisations défenseurs des droits de l’homme et de l’enfant, parce que nous avons des informations de sources concordantes que des centaines d’enfants, entre 9 ans et 17 ans, sont en train d’être exploités à des fins militaires et idéologiques, en toute impunité, par des groupes armés au nord du Mali”, avait expliqué, à l’époque, Mamoud Lamine Cissé, le président de cette organisation.
L’envoyée spéciale de France Infos au Mali, Anne Lamotte, a recueilli le témoignage d’un journaliste malien habitant à Tombouctou, ville désormais contrôlée par les forces françaises et africaines. Ce dernier a ainsi assuré avoir vu les militants d’al-Qaïda au Maghreb islamique chercher à endoctriner des enfants âgés d’au moins 10 ans. D’abord en leur donnant de “petits cadeaux”, puis en les faisant participer à des prières collectives. Ces gamins leur servaient ensuite d’informateurs. “Ils pouvaient s’introduire dans telle ou telle maison et rapporter les activités d’untel ou d’untel”, a-t-il expliqué.
Ce phénomène a également été confirmé par la représentante de l’Unicef au Mali, Françoise Ackermans, lors donné un entretien à l’AFP. “C’est quelque chose qui a eu lieu dans d’autres pays mais qui n’a pas de précédent au Mali. Aujourd’hui, on a la certitude qu’il y a des centaines d’enfants qui sont enrôlés dans des groupes armés. (…) Les petites filles – on n’en parle pas beaucoup, il y en a généralement très peu – vous pouvez imaginer à quoi elles servent: elles vont peut-être faire la cuisine, mais elles vont faire beaucoup d’autres choses. Peu importe le groupe, quand il y a des enfants, il faut leur venir en aide”, a-t-elle expliqué.
Et le problème est que ces enfants enrôlés dans rangs jihadistes sont difficiles à identifier. “Aujourd’hui, c’est au compte-gouttes qu’ils sortent de ces groupes armés”, a indiqué François Ackermans.
Les jihadistes du Nord-Mali ne font que répéter ce qu’ont fait avant eux leurs homologues établis au Pakistan et en Afghanistan. A la différence que, pour le moment, aucun de ces enfants n’a été impliqué dans une attaque suicide. En 2011, les services de renseignement afghans indiquèrent que “plus de 80% des kamikazes capturés” avant un passage à l’acte au cours des 9 derniers mois “étaient des garçons mineurs, généralement âgés de 13 à 17 ans.”
L’une des insuffisances capacitaires des forces françaises concerne notamment les moyens ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance), c’est à dire les équipements qui permettent de recueillir du renseignement et de surveiller les mouvements ennemis.
Cela étant, les militaires français engagés au Mali ne sont pas totalement dépourvus en la matière, avec des avions Awacs, Transall Gabriel et Atlantique 2 ainsi que des éléments de la brigade de renseignement de l’armée de Terre, pour intercepter les signaux adverses, comme leurs communications. Ils disposent également de renseignements d’origine image (ROIM) grâce aux moyens satellites, ou encore aux drones Harfang, lesquels font ce qu’ils peuvent. Et sans oublier le renseignement d’origine humaine (ROHUM).
Quoi qu’il en soit, cela ne suffit pas, d’autant plus qu’il s’agit de traquer des groupes mobiles dans de vastes étendues. D’où l’envoi d’un avion R1 Sentinel britannique en soutien de l’opération Serval et l’aide apportée en la matière par les Etats-Unis, via leurs drones.
Justement, Washington pourrait aller encore plus loin en mettant à la disposition des troupes françaises engagées au Mali un appareil de type E-8 J-STARS (Joint Surveillance Target Attack Radar System). Du moins, cette option, proposée à Paris le 13 février, est à l’étude.
L’E-8 J-STARS est un boeing 707 dotés du radar AN/APY-7 et de capteurs qui, développés par Northrop-Grumman, permettent d’assurer la surveillance d’un théâtre d’opérations sur une surface de 50.000 km2, de détecter et de pister 600 objectifs à 250 km de distance tout en transmettant ces informations en temps réel via liaison 16. L’US Air Force met en oeuvre 17 appareils de ce type.
Des obus, des produits chimiques ou encore des engins explosifs. Voilà un aperçu de l'arsenal de guerre que les combattants islamistes s'étaient constitué au Mali. Les photos de ces matériels, récupéré depuis par les troupes françaises, sont publiées en exclusivité dans le Journal du dimanche. Les clichés pris dans les villes de Konna, au centre du pays, et à Gao, au nord, donnent un aperçu des actions que préparaient les narco-djihadistes.
Un hangar de l'aérodrome de Gao, repris par l'armée française il y a trois semaines, s'était ainsi transformé en atelier de fabrication d'explosifs, comme le montre cette photo. Des produits chimiques ou encore une seringue qui cachait un détonateur artisanal (en haut à droite de l'image) ont notamment été retrouvés.
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Au total, plus de deux tonnes de matériel ont été découverts dans la ville de Gao. Des tonneaux de charges explosives (sur la photo suivante, quatre charges de 75 kg) et des obus de 122 mm, assemblés ensemble pour former une charge plus puissante, ont par exemple été saisis cette semaine.
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A Bandiakara, à 20 km au nord de Gao, les combattants avaient à disposition un stock d'EEI, des engins explosifs improvisés, comparables à ceux des insurgés en Irak et en Afghanistan. Selon nos sources, des Pakistanais auraient formé des djihadistes du Mujao à la fabrication de ces engins. Ci-dessous, des extincteurs anti-incendie piégés :
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Les djihadistes possédaient en outre de grandes quantités de munitions pour leurs actions offensives…
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… et des dispositifs plus sophistiqués, relevant davantage d'une logique de guerre asymétrique. La première photo montre ainsi un gilet explosif destiné à une attaque-suicide, découvert à l'aéroport de Gao fin janvier. L'autre gilet de combat, sur la seconde photo, est quant à lui piégé par un système antidéplacement. Il explose dès qu'on le soulève.
Au Mali, le premier ministre Diango Cissoko a annoncé des mesures destinées à mettre fin à la rivalité qui oppose les Bérets rouges, ex-fidèles à Amadou Toumani Touré, et les Bérets verts proches du capitaine Amadou Haya Sanogo.
Conformément au souhait de la hiérarchie militaire, des éléments du 33e régiment des commandos parachutistes, les bérets rouges seront mutés, et le régiment sera restructuré.
Les décisions de mutation constituaient la pomme de discorde entre une partie des Bérets rouges qui ne voulaient pas rejoindre d’autres unités et le commandement militaire qui y tenait beaucoup.
Les Bérets rouges craignaient surtout la dissolution de leur régiment mais les autorités ont décidé de le maintenir.
Il sera réorganisé en 3 compagnies dont une située a Bamako et les autres à Tombouctou et Gao.
Ces décisions doivent entrées en application d’ici au 1er mars et les Bérets rouges contactés par la BBC se sont dits confiants et satisfaits.
Pour parvenir à ces résultats, le premier ministre Diango Cissoko a mené pendant une semaine des discussions avec des représentants des forces vives, de la hiérarchie militaire, et une délégation du commando parachutiste.
Il ya un peu plus d’une semaine, des tirs dans le camp des Bérets rouges avaient fait des victimes, la tension entre les deux groupes de militaires était monté d’un cran entre les deux groupes.
Le président malien de transition Dioncounda Traoré avait appelé au calme et demandé à son premier ministre de s’investir pour résoudre la crise.
Des soldats français, maliens et nigériens sont entrés ce matin dans la ville de Bourem, située entre Gao et Kidal, dans le nord du Mali. Bourem se trouve sur la route de Kidal, située à quelque 150 km au nord-est, et constitue aussi un point de passage pour se rendre à Kidal depuis Tombouctou (nord-ouest). Les militaires ont été chaleureusement accueillis par la population de Bourem qui brandissait des petits drapeaux français et maliens.
La Commission européenne a débloqué vendredi (15 février) une première enveloppe de 20 millions d’euros pour la stabilisation du Mali. Cette somme provient de l’Instrument de stabilité et vise à fournir un soutien immédiat à la justice, aux autorités locales, au dialogue et aux initiatives de réconciliation, ainsi que les premières phases du processus électoral prochain. Cet apport vient ainsi compléter les missions de la PeSDC en cours de montée en puissance : renforcement des capacités (EUCAP Sahel) au Niger (qui pourrait comprendre aussi un volet “Mali”), et formation de l’armée malienne (EUTM Mali) tout comme le soutien financier et logistique à la MISMA (la Mission sous direction africaine de soutien international au Mali), et la reprise de l’aide au développement annoncée par le Commissaire Piebalgs.
Le paquet de soutien de stabilisation comprend cinq composantes principales :
Appui à la restauration de la sécurité et de la protection des civils: fourniture de matériel d’urgence nécessaire (véhicules, matériel de communication, …) afin de permettre le redéploiement des services de sécurité, en particulier dans le nord, et de se protéger contre les menaces terroristes dans les zones urbaines et des infrastructures critiques, Bamako compris ;Appui aux collectivités locales maliennes, pour rétablir la présence de l’État dans tout le Mali, surtout dans le nord, en mettant l’accent sur la reprise des services sociaux de base (administration, scolaire, équipements médicaux, services vétérinaires et techniques);Promotion des initiatives de dialogue et de réconciliation au niveau local, soutien aux efforts visant à réduire la radicalisation et l’extrémisme violent (programmes communautaires de radio, …);Contribution aux premières phases du processus électoral (campagne de sensibilisation et mise à jour de la liste électorale);Assistance technique aux autorités maliennes dans leurs efforts visant à stabiliser le Mali (expertise technique, services et formation dans les domaines de la sécurité, la justice, la réconciliation).
Christophe Lacroix, député PS (belge francophone), porte-parole du groupe pour la question du Mali, a expliqué à B2 (*) la position de son parti sur l’engagement militaire belge au Mali.
Une position qui semble partagée, peu ou prou, par plusieurs groupes au parlement belge, selon nos informations : les libéraux du MR notamment mais aussi dans une certaine mesure par les Chrétiens-démocrates flamands du CD&V. Les Chrétiens-démocrates francophones par la voix de G. Dallemagne ne sont pas tout à fait d’accord étant favorables à un engagement plus marqué de la Belgique. De l’autre côté, les autonomistes flamands du NVA étant très réticents.
L’engagement belge dans l’opération européenne EUTM Mali nécessite une évaluation, qu’entendez-vous par là ?
Nous sommes déjà engagés dans l’opération Serval (française) avec deux hélicoptères et deux C-130. Toute modification de cet engagement nécessite un rapport d’évaluation sur plusieurs plans: politique, budgétaire et militaire. Il faut bien examiner l’impact budgétaire de tout nouvel engagement. Combien coûte-il ? Tout comme les règles d’engagement sur place. Il faut examiner également l’impact sur les autres missions en cours. Nous sommes déjà engagés au Bénin, en Ouganda, au Congo… Pourrons-nous maintenir ces engagements ?
Un changement peut-il se faire rapidement ?
Oui. il suffit d’avoir le rapport d’évaluation, une décision du gouvernement et un débat au Parlement. C’est au gouvernement de prendre une décision. Et de venir l’expliquer devant le Parlement. Cela peut se faire très vite. Il suffit que le gouvernement après un conseil restreint vienne devant les parlementaires immédiatement. Nous pouvons nous réunir très vite. Nous l’avons déjà fait dans le passé. (Nb : l’autorisation du parlement belge n’est pas nécessaire, sauf en cas de déclaration de guerre. Mais c’est désormais une pratique quasi-obligatoire de venir en cas d’engagement extérieur recueillir l’accord du Parlement).
Est-ce une fatigue de l’engagement européen ?
Non au contraire. Notre groupe a, en mai dernier, déposé une résolution à la Chambre souhaitant insérer l’avenir de l’armée belge dans un cadre européen. Et nous espérons que d’autres groupes (au parlement belge) vont rejoindre cette résolution.
On sent tout de même une certaine réticence au niveau belge à un nouvel engagement. Vous estimez que la Belgique en fait trop ?
Ce ne doit pas toujours être les mêmes pays qui doivent se mobiliser. Aujourd’hui, le cercle des pays proactifs dans les opérations est toujours le même. Les Belges ont toujours été présents. Mais d’autres Etats peuvent s’engager. Les Etats-Unis ont, à plusieurs reprises, envoyé des signaux vers l’Europe, estimant que nous devons prendre en main leur défense.
Ce n’est pas le cas ?
Pas vraiment. Actuellement on a l’impression qu’il y a des discours, au niveau européen, mais peu d’engagements. Certains pays doivent sortir du bois et reprendre le flambeau.
On a l’impression de reconnaitre l’Allemagne par exemple
Oui. Mais pas seulement. Chacun doit abattre ses cartes aujourd’hui. On ne peut plus jouer au poker menteur indéfiniment.
Le premier tour de l'élection présidentielle au Mali aura lieu le 7 juillet et le second le 21, en même temps que les législatives, a annoncé, jeudi, le ministre de l'administration territoriale, Moussa Sinko Coulibaly, lors d'une conférence de presse à Bamako.
Les deux scrutins seront décisifs pour la stabilisation du pays, où l'armée française intervient depuis le 11 janvier contre les islamistes qui s'étaient emparés du Nord. Après la reprise de Gao et de Tombouctou, le président par intérim, Dioncounda Traoré, avait souhaité que ces élections se déroulent avant le 31 juillet.
Ce dernier a été désigné chef de l'Etat par intérim en avril 2012, lorsque les auteurs du coup d'Etat militaire du 22 mars ont remis le pouvoir à une administration civile. Mais les membres de la junte n'ont pas renoncé à peser sur les affaires publiques, ce qui a amené la communauté internationale à insister sur la nécessité d'élections libres et équitables.
Environ 40 membres de l’Aviation royale canadienne composent le contingent qui assure le processus de chargement, l’entretien et qui effectue les vols.
Chaque livraison aérienne nécessite environ 16 à 20 heures de travail ce qui inclut le chargement, le parcours de 4 000 km entre la France et le Mali, le déchargement et ainsi que le vol de retour. Les militaires canadiens conservent ce rythme soutenu pour assurer le transport de l’équipement et des troupes le plus rapidement possible en maximisant le temps en vol.
Ottawa avait annoncé le 15 janvier qu’il mettait à la disposition de l’armée française un appareil de transport CC-177 pour une semaine seulement, puis le délai a ensuite été porté à un mois.
John Kerry a salué une action militaire "couronnée de succès", alors même que l'administration Obama est critiquée aux Etats-Unis pour ne pas y avoir davantage participé.
Le 8 février dernier, des éléments français engagés dans l’opération Serval s’emparaient de la localité de Tessalit, l’un des derniers bastions des islamistes implantés au Nord-Mali. Depuis, et après la remise en état de la piste de l’aéroport local par les sapeurs du 17e Régiment du Génie Parachutiste (RGP), ils ont reçu le renfort de militaires tchadiens.
Les moyens français déployés à Tessalit comprennent notamment des chars AMX-10 RC ainsi que des Camions équipés d’un système d’artillerie (CAESAR) mis en oeuvre par le sous-groupement tactique interarmes (S/GTIA) 31.
Pour le moment, il s’agit de “sécuriser” le secteur de Tessalit et de recueillir du renseignement. “On a décelé certains objectifs” hostiles, “dont un certain nombre ont été traités lors des opérations aériennes”, a expliqué le colonel Thierry Burkhard, le porte-parole de l’Etat-major des armées (EMA), ce 14 février.
Justement, au cours de ces derniers jours, l’aviation française a réalisé environ 200 sorties aériennes et détruit une quinzaine d’objectifs, comme des “points logistiques, des centres d’entraînement ou des pick-up armés.”
A noter également que des troupes françaises (au moins des hussard parachutistes) sont également présentes à Menaka, à 80 km de la frontière nigérienne. La ville, qui était alors contrôlée depuis le 5 février par les militants indépendantistes touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), a été reprise sans combat par l’armée malienne.
Par ailleurs, le colonel Burkhard a rejeté l’idée d’un enlisement, laquelle fait maintenant surface un mois après le lancement de l’opération Serval, tout en ne cachant pas les difficultés auxquelles les forces françaises et africaines doivent faire face.
“Je ne pense pas qu’on puisse parler pour l’instant d’enlisement”, a-t-il ainsi déclaré. “Pour l’instant nous avons progressé relativement rapidement, probablement plus vite que ce que les gens pouvaient imaginer”, a-t-il expliqué. Seulement, se pose maitenant le problème de ravitailler les troupes sur le terrain. “Bamako-Tessalit, cela fait la distance entre Paris et Rome”, a souligné l’officier. En outre, le porte-parole de l’EMA a reconnu des “difficultés”, liées “mode d’actions que choisissent les groupes terroristes”, comme récemment, par exemple, à Gao
Philip Hammond, le Defence Secretary, vient de confirmer la contribution britanniqueà la mission européenne de formation de l'armée malienne.
Selon lui, "les forces britanniques joueront un rôle important dans EUTM".
Le détail: - 21 soldats du 1er Battalion The Royal Irish Regiment dispenseront une formation au niveau infanterie, - 12 autres soldats traiteront de la partie artillerie, - 4 officiers d'état-major et trois personnels civils, sous la responsabilité du Foreign Office (FCO,) oeuvreront dans le domaine des droits de l'homme et de la lutte contre les violences sexuelles.
Rien pour la force protection confiée aux Français et aux Tchèques (ça rappelera Warehouse à certains).
6 autres soldats, issus des rangs de l'armée irlandaise, se joindront aux Britanniques.
Largesse suprême: Londres réitère sa proposition de fournir jusqu'à 200 instructeurs aux pays africains qui déploient des troupes au Mali.
Opération Serval, le 10 février 2013 : mission d'un avion Rafale depuis la base aérienne de N'Djamena, au TchadPartez en mission au-dessus du Mali à bord d'u...
Les arbres du village de Kadji sont visibles à l'oeil nu sur l'autre rive du fleuve Niger. «Ils sont là aussi, assure Seydou Maiga, en toisant les pirogues du quartier Boulgoundje. C'est le premier village qui a fourni des combattants lors de l'arrivée du Mujao (1).»
Comme d'autres foyers fondamentalistes de la région, Kadji a accueilli à bras ouverts l'arrivée des djihadistes et l'instauration de la charia au printemps 2012. «Les femmes y ont toujours porté le voile intégral», rapporte Boubacar, un habitant.
Selon les voyageurs qui arrivent du Nord, des éléments du Mujao circulent toujours en brousse. Quand ils ne viennent pas se ravitailler en eau et en nourriture directement au village.
Enfants espions
Aba s'apprêtait à entrer dans Gao, samedi, quand un combattant l'a hélé à quelques centaines de mètres seulement du barrage militaire Nord. «Il m'a demandé d'aller lui chercher des dattes et du lait à moto. Il avait énormément d'argent.»
Le soir même, dix djihadistes attaquaient le check point. Puis, dimanche, un groupe de combattants infiltrés plongeait le centre de Gao dans le chaos
«Nous cherchons encore à comprendre comment ils ont opéré, confesse un colonel de gendarmerie. Ils sont probablement arrivés en pirogue et par la brousse. Depuis lundi, nous patrouillons sur les rives du Niger»
Pour déjouer les nouvelles mesures de sécurité, les djihadistes ont changé de tactique : «Ils envoient des enfants de Kadji vendre au marché de Gao. Les petits remontent ensuite en pirogue et rapportent ce qu'ils ont vu en ville», assurent les habitants de Boulgoundje.
Cet état de fait dure depuis la libération de la ville, le 26 janvier, se plaint le Cadre de concertation de Gao, une assemblée de représentants de la société civile. «Nous informons régulièrement l'armée des déplacements des djihadistes qui rôdent là-haut, s'insurge un doyen. L'armée nous répond que la priorité est la sécurisation de la ville.»
Les hélicoptères des forces françaises opèrent des raids dans les environs. Mais ces actions restent insuffisantes. Le calme précaire qui règne dans les rues de Gao en témoigne.
Un document signé du chef d'Aqmi, Abdel Malek Droukdel a été retrouvé à Tombouctou dans les décombres d'un local occupé par les islamistes par des journalistes de médias anglophones. Dans ce document dactylographié en arabe et authentifié par des islamologues, on découvre, noir sur blanc, les grandes lignes de la stratégie d'Aqmi au Mali. Sous forme de correspondance avec les chefs locaux d'Aqmi, Abdel Malek Droukdel recommande à ses lieutenants une application plus souple de la charia, en s'appuyant sur les groupes locaux.
Le document est daté du mois de mars 2012, juste avant la prise des trois principales villes du Nord par Aqmi, al-Qaïda au Maghreb islamique, et ses alliés Ansar Dine et le Mujao, Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest. Un document sous forme de recommandations :
Droukdel reproche à ses lieutenants de ne pas prendre suffisamment de précautions : « Nous devons prendre en compte l'environnement local qui rejette un islam trop rigoureux », explique le chef d'Aqmi qui cite deux applications problématiques de la charia : la destruction des mausolées de Tombouctou et la lapidation en cas d'adultère. Il dénonce une application trop radicale de la charia par le Mujao à Gao.
Le chef algérien d'Aqmi appelle ses hommes à privilégier les alliances avec les groupes locaux. Il estime que la décision d'Ansar Dine d'entrer en guerre contre le MNLA, Mouvement national de libération de l'Azawad, est une erreur majeure. Pour lui, Aqmi ne doit pas monopoliser la scène politique et militaire locale et doit se faire discret.
« Mieux vaut apparaître, dit il, comme un mouvement local avec ses propres causes et ses préoccupations. Nous n'avons aucune raison de mettre en avant notre projet jihadiste et expansionniste ». « ll nous faut, dit Droukdel, planter juste quelques graines dans un sol fertile qui, grâce à des engrais, deviendront un arbre stable et vigoureux ». Une doctrine de la patience bien loin de son application sur le terrain au nord du Mali.
La question des hélicoptères d’évacuation médicale Medevac pour la mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM Mali) ne risque pas d’être réglée avant lundi. Aussi les responsables européens ont décidé d’opter pour une solution “innovative”. Selon nos informations, les ministres des Affaires étrangères de l’UE devraient bien adopter, lundi (18 février), la décision de lancement de la mission EUTM Mali mais de manière progressive. Le lancement de la partie “expertise-conseil” de la mission serait immédiat. Tandis que le lancement de la partie “formation” serait soumis à la condition de la finalisation de la génération de forces (cf. hélicoptères). Les formateurs devraient arriver un peu plus tard que prévu sur le terrain, plutôt vers la fin mars. Mais les premières formations débuter, comme prévu, début avril. Ce qui laisse ainsi le temps pour la Belgique de finaliser, en termes politique et budgétaire, la mise à disposition de la mission des hélicoptères Medevac voire de la “force protection”.
L’avion de transport néerlandais KDC10 a effectué son premier vol vers Bamako, dans le cadre du soutien à l’opération Serval au Mali. Le cabinet (gouvernement) avait, jusqu’à présent, mis une réserve à l’emploi de cet appareil vers Bamako, n’autorisant un vol que vers le Tchad, estimant la situation dans la capitale malienne peu sûre. Cette réserve a été levée. L’appareil a quitté la base aérienne de Eindhoven jeudi vers la France pour prendre des marchandises avant de reprendre l’air vers Bamako. Il est rentré dans la nuit de vendredi à samedi annonce la défense néerlandaise.
Un avion multifonctionnel
L’armée de l’air néerlandaise a acheté en juin 1992, deux DC-10, à la compagnie aérienne Martinair. Ils ont été convertis au transport multifonctionnel et avions ravitailleurs et mis en service à la mi-1995. L’avantage du KDC-10 (comme son concurrent l’A330) est son adaptabilité et la possibilité de transporter sur de grandes distances de grosses quantités de marchandises ou du personnel. En configuration fret, il peut transporter maximum 65 tonnes. En configuration mixte passagers/ fret, il peut transporter 165 personnes une demi-charge de fret. En configuration ravitailleur, il délivre 1750 litres de carburant par minute par un système RARO avec une perche (boom) de 8 mètres de long située à l’arrière de l’appareil qui peut être étendue à une longueur maximale de 15 mètres.
Le colonel Frédéric Gout, chef de corps du 5erégiment d’hélicoptères de combat et actuellement en charge du GAM (Groupement aéromobile), explique que la spécificité du théâtre sahélien tient à la fulgurance dans l’action menée par la force Serval.
«Nous avons surpris nos adversaires. Etant désorganisés, ils sont actuellement en fuite et renoncent à combattre, car le rapport de forces est trop déséquilibré. Nous faisons face à un ennemi déstabilisé qui ne s’attendait pas à avoir une telle concentration de forces agissant avec autant de mobilité contre lui. Il a donc pris la décision salutaire de rebrousser chemin, ainsi que nous avons pu le constater à Tombouctou. (…) La décision a été prise d’aller chercher les forces d’AQMI jusqu’au bout dans leurs caches, afin de leur ôter au maximum toute possibilité de se réorganiser. Voilà pourquoi nous ne nous arrêtons pas aux points d’appui de Tombouctou et de Gao.»
Actuellement en phase de montée en puissance avec un deuxième GTIA qui arrive et un troisième en préparation, la force Serval a agi très vite avec le GAM comme pion clé de la manœuvre, dont la mission est, en plus d’actions autonomes, «d’appuyer les GTIA soit en phase offensive de type reconnaissance ou raid, soit en phase d’appui : nous avons par exemple renseigné et appuyé par le feu le saut du 2e REP, afin de lui permettre de se regrouper dans les meilleures conditions». La cadence du tempo opérationnel et les élongations à couvrir représentent le défi majeur et «préservent les moyens de manœuvre quelles que soient les conditions», donc en situation dégradée, s’avère la préoccupation constante du colonel Gout.
A Gao, ces jours derniers, ce ne sont pas moins de trois cents hommes et une vingtaine d’hélicoptères qui se tenaient prêts à repartir après trois déménagements consécutifs par convoi routier et avion tactique de transport. Le commandant du GAM salue trois points positifs permettant le bon déroulement des opérations. Tout d’abord, la bonne réactivité du GAM : «Je dispose actuellement des moyens complets d’un régiment ou presque. J’ai tout avec moi : de la tour de contrôle et station météo aux camions de pompier et toute la maintenance pour tenir en autonomie pendant des mois.
Ce qui est extraordinaire est que nous avons quitté Pau et Bordeaux pour Bamako le 16 janvier avec tout notre détachement et notre matériel dans des ATS (Antonov et Airbus), le 26 janvier, nous étions cinq cents kilomètres plus loin à Sévaré, et le 6 février, encore cinq cents kilomètres plus loin à Gao. (…) Nous avons systématiquement, au fur et à mesure que nous progressons, trois jours d’avance en eau, vivres et munitions et la chaîne logistique doit assurer la relève pour que nous conservions en permanence cette avance. (…) Malgré la rapidité de la manœuvre, cette opération valide ainsi la capacité d’un groupement aéromobile, doté d’une vingtaine d’hélicoptères, à être déployé en autonome, quasiment sans préavis, avec seulement les moyens logistiques nécessaires à notre transport.»
Ensuite une coordination interarmées bien rôdée : le colonel Gout souligne le bon niveau d’intégration entre GTIA et GAM («il arrive que mon chef Ops soit dans le même VAB que le chef Ops du GTIA»), ainsi que «l’excellente coordination interarmées avec la Marine (ATL2), l’armée de l’air (chasseurs et JFACC) et l’armée de terre (forces au sol, forces parachutées et hélicoptères en appui)».
Le GAM a, par ailleurs, sous son commandement tactique direct deux Puma RESCO de l’armée de l’air, ce qui n’est pas un mode opératoire classique : «sous OpCom du JFACC et du CAOC pour la partie RESCO, ils sont extrêmement bien intégrés. Ils prennent plus particulièrement la mission EVS en raison de leur allonge un peu supérieure et je les mets à contribution exactement de la même façon [que les moyens ALAT].»
Enfin une coopération interalliés efficace : «Nous la ressentons énormément au niveau logistique. Pour transférer mon détachement sur Gao, j’ai bénéficié d’un ATT belge et d’un ATT danois et lorsque j’étais à Sévaré, j’avais deux Agusta 109 belges qui sont venus s’intégrer à notre détachement pour la partie évacuation sanitaire, en se calant naturellement sur nos briefings et heures de vol.»
Le GAM travaille également en étroite coopération avec l’armée malienne et une force africaine en train de monter en puissance. En ce qui concerne le développement potentiel de la menace IED, «on ne sent pas la même expérience qu’en Afghanistan — d’autant que la cadence des opérations n’est pas la même et a eu un effet déstabilisateur sur l’ennemi —, mais ce n’est que le début et tout dépend du temps qu’il aura pour se réorganiser. C’est là où la transition avec la force africaine est fondamentale», conclut le colonel Gout.
On aurait tort de croire que les "barbus" n'avaient pas trouvé dans la région de Gao de populations acquises à leur cause et qu'ils avaient imposé leur pouvoir à des populations réticentes. Sur la rive gauche du Niger, en face de la ville de Gao, des villages, comme celui de Kadji, ont fourni des combattants dès l'arrivée des islamistes au printemps dernier. C'est dans ces villages de pêcheurs et d'agriculteurs bâtis sur des bancs de sable qui longe le fleuve que des combattants islamistes se seraient réfugiés. François Rihouay, le correspondant d'Ouest-France est toujours sur place. Il raconte. Pour lire son article, cliquez sur l'image.
Après deux attentats suicide et une attaque d’un commando du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), la tension reste vive à Gao, ville où le groupe islamiste s’était établi en 2012.
Ainsi, le 13 février au matin, des centaines de kilos d’explosifs ont été découverts à deux pas de l’hôtel Askias, où sont installés les journalistes. Cet impressionnant stock, réparti en 4 fûts reliés à une des détonateurs par des cordons mais de disposant pas de déclencheurs, était entreposé dans la cour de la dernière résidence connue d’Abdoul Hakim, l’un des dirigeants du Mujao. L’intervention des démineurs français aura permis d’écarter tout danger. Et l’on imagine sans peine ce qu’il se serait passé si par malheur ce dispositif avait été mis à feu.
Toujours est-il que l’infiltration de combattants islamistes dans Gao reste une menace. Et cela d’autant plus qu’ils semblent particulièrement motivés pour passer à l’action. Aussi, la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), armée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), a lancé un appel à la population pour l’aider à déjouer les plans des militants du Mujao.
“Les jihadistes ou les terroristes pourraient être dans la ville ou dans les alentours. Pour le moment, on ne sait pas qui est jihadiste. On ne peut pas voir quelqu’un là et deviner s’il est jihadiste ou pas”, a expliqué le le capitaine Yao Adjoumani, le porte-parole de la MISMA. “Nous demandons aux populations de nous aider. Il faut dénoncer pour nous aider en dénonçant tout ce qui est suspect”, a-t-il ajouté.
Actuellement, 500 soldats nigériens de la MISMA sont présents à Gao, aux côtés de leurs homologues français et maliens.
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