Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. Les Épingles entomologiques - En épingle en 2019 : Décembre
"Le souvenir d’une belle rend les mecs agressifs les uns vis-à-vis des autres. Elle n’est plus là, ils ne sont pas en compétition pour la conquérir, mais pourtant les voilà qui se précipitent en avant en se faisant plus gros qu’ils ne sont. Ceci en agitant leurs ailes, car ils sont des Mouches du vinaigre.
Menée par Yonil Jung, une équipe du Caltech (États-Unis) a montré comment le cerveau de la mouche gère ce comportement dépendant de l’expérience.
Quand un monsieur rencontre une demoiselle, il lui fait généralement la cour, en faisant vibrer ses ailes. Il est connu que ce sont les neurones P1 qui gouvernent cette réaction, déclenchée par son parfum. Dès qu’il se retrouve seul, ses neurones P1 cessent d’être actifs.
La découverte de l’équipe est que ces P1 ont activé des neurones pCd, qui ne s’éteignent qu’au bout de plusieurs minutes. Ce sont eux qui sont responsables de l’agressivité ; si, par génie génétique, on les inactive, la rencontre des 2 mâles est du genre pacifique.
Ce mécanisme semble avoir évolué pour permettre au mâle de sentir à la fois la présence d’une femelle et cette d’un concurrent, de façon à se préparer à livrer bataille. Or, pour sentir, dans ce monde, il faut se toucher par les pattes. À trois, cela ne peut guère se faire, surtout quant tout le monde marche de long en large, d’où le besoin de stocker l’information.
Il reste à comprendre comment les pCd restent actifs si longtemps alors qu’un neurone normal ne le demeure que quelques milliseconde.
Ce travail pourrait déboucher sur la compréhension de certains troubles de la mémoire et maladies psychiatriques chez Homo sapiens."
D’après « How interacting with females increases aggression in male fruit flies », par Lori Dajose. Lu le 12 décembre 2019 à //phys.org/news/
Photo : le mâle de droite en posture d’agression sur celui de gauche. Cliché Anderson Lab
"Ces résultats établissent les chenilles du monarque comme un modèle pour l'étude des relations entre la disponibilité des ressources et le comportement agressif dans des conditions écologiques données et ouvrent la voie à de futures études sur la neuroéthologie de l'agressivité dans un tel système."