« Pour bricoler un aleurode », au lieu d'essayer de lui injecter le gène quand il n'est encore qu'un tout petit embryon, piquer sa mère | EntomoNews | Scoop.it

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Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. Les Épingles entomologiques - En épingle en 2020 : Avril


"Qui souffre, par plantes interposées, des aleurodes désespère d'en venir à bout. Ces Hémiptères sternorrhynches, vulgairement appelés mouches blanches, sont détestés des serristes, horticulteurs, agriculteurs, arboriculteurs ainsi que des propriétaires de plantes en pot. Ils affaiblissent les végétaux dont ils ponctionnent la sève, qu'ils noircissent à partir de leur miellat et transmettent des virus. Ils deviennent vite résistants aux insecticides, se maîtrisent dans bien des cas par la lutte biologique et la pose de filets. On aimerait compléter cette panoplie par la lutte génétique.


Pour ce faire, c'est-à-dire introduire un gène de létalité ou d'incompétence vectorielle dans les populations. L'outil est le système CRISPR/cas9, qui comporte un enzyme qui coupe le brin d'ADN à l'endroit voulu pour retirer ou ajouter des gènes. On l'applique classiquement à l'embryon, mais celui des aleurodes est trop petit et la mortalité rend le procédé inopérable.


À l'université de Pennsylvanie (États-Unis), Jason Ragson et son équipe sino-américaine ont mis au point le système ReMOT Control (transduction ovarienne guidée par récepteur). Les « ciseaux » sont attachés à une petite molécule ligand (dite BtKV) qui les conduisent jusqu'à l'ovaire.


La première application, sur l'Aleurode du tabac Bemisia tabaci, a produit la naissance de larves aux yeux blancs virant au rouge, par injection du gène « yeux blancs ». La transformation se transmet à leur progéniture.


Il suffit d'une injection, manip facile. La méthode est validée. Reste à l'appliquer pour créer puis lâcher notamment des lignées d'aleurodes incapables de transmettre les virus."


Article source DOI: 10.1089/crispr.2019.0067

 

 

Illustration : aleurodes sauvages (yeux marron) et génétiquement modifiés (yeux rouges). Des auteurs  

 

À (re)lire : Les aleurodes, par Alain Fraval. Insectes n° 155 (2009-4)