Hier, la Commission a autorisé la commercialisation de grillons domestiques (Acheta domesticus) comme aliments dans l’UE. Il s’agit du troisième insecte autorisé à la consommation, après le ver à farine séché et le criquet migrateur autorisé en novembre.
11 février 2022
Représentation en France
"Le grillon domestique sera disponible congelé, séché ou en poudre. L’autorisation a été approuvée par les États membres le 8 décembre 2021, à la suite d’une évaluation rigoureuse réalisée par l’Agence européenne de sécurité des aliments, qui a conclu que la consommation de cet insecte était sans danger dans le cadre des utilisations proposées.
Les produits contenant ce nouvel aliment seront étiquetés de manière adéquate pour signaler tout risque de réaction allergique. Ces dernières années, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a constaté que les insectes constituaient une source alimentaire saine et nutritive, à forte teneur en matières grasses, en protéines, en vitamines, en fibres et en minéraux. Les insectes sont un élément important de l’alimentation quotidienne de centaines de millions de personnes dans le monde. Dans le cadre de la stratégie "De la ferme à la table", ils sont considérés comme une source potentielle de protéines qui pourrait faciliter la transition vers un système alimentaire plus durable."
Règlement d’exécution (UE) 2022/188 de la Commission du 10 février 2022 autorisant la mise sur le marché de formes congelée, séchée et en poudre d’Acheta domesticus en tant que nouvel aliment en application du règlement (UE) 2015/2283 du Parlement européen et du Conseil et modifiant le règlement d’exécution (UE) 2017/2470 de la Commission (Texte présentant de l’intérêt pour l’EEE)
Bernadette Cassel's insight:
(Re)lire aussi :
Des insectes dans notre assiette, en toute légalité ? - De www.lemonde.fr - 29 janvier 2019, 18:35
Par leur mode de communication unique, les grillons Eneopterinae font l'objet d'études portant sur l'évolution de la communication
Par Tony Robillard, 17.01.2021
"Les grillons forment un groupe d’insectes Polynéoptères appartenant à l’ordre des Orthoptères et au sous-ordre des Ensifères. Comme beaucoup d’Ensifères, ils se caractérisent par la faculté des mâles à produire des signaux de communication, émis à l’aide de structures spécialisées portées par leurs élytres (ailes antérieures rigidifiées). Cet appareil stridulatoire leur permet de produire des sons servant généralement à attirer la femelle pour la reproduction.
Ces insectes sont principalement tropicaux ; on n’en trouve que quelques espèces en France métropolitaine, bien qu’ils peuplent beaucoup de laboratoires de biologie et d’animaleries, où ils servent de nourriture aux NAC (nouveaux animaux de compagnie) en tous genres… De ce fait, seule une poignée d’espèces de grillons a fait l’objet de nombreuses études portant sur la communication acoustique, la sélection sexuelle, ou le fonctionnement du système nerveux. Mais cette apparente familiarité, pour le public comme pour le biologiste, dissimule une grande diversité, souvent méconnue, chez ces insectes dont on connaît près de 5 000 espèces (Cigliano et al. 2021).
Cette diversité résulte de leur longue histoire évolutive, car on estime l’origine des grillons à environ 250 millions d’années (Song et al. 2015). Cette diversité touche non seulement leur morphologie, mais aussi leurs habitats, leurs comportements et leurs émissions sonores.
Les représentants de la sous-famille Eneopterinae constituent la parfaite illustration de cette diversité, ce qui fait d’eux un groupe modèle depuis une vingtaine d’années pour des études portant sur l’évolution de la communication et sur la diversification, notamment en milieu insulaire (Nouvelle-Calédonie, en Asie du Sud-Est)."
[Image] Système de communication des Lebinthini, incluant chant du mâle à haute fréquence et réponse vibratoire de la femelle, acquis par exploitation sensorielle du réflexe de fuite présent chez les autres grillons (Source : Robillard, 2021)
Bernadette Cassel's insight:
"L’exemple de grillons Eneopterinae permet de démontrer que la taxonomie et l’histoire naturelle dans son ensemble sont primordiales dans l’étude de l’évolution, à la fois pour reconstruire les relations phylogénétiques à tous les niveaux, pour retracer l’histoire biogéographique des lignées, et pour explorer la diversité des traits des taxons. Des pans entiers de la diversité du vivant se dissimulent encore bien trop souvent derrière les espèces modèles ou archétypes que l’on croit « bien connus », en particulier chez les insectes dont la diversité est immense."
Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. « Le Grillon domestique Acheta domesticus (Orth. Gryllidé) apprécie les environs de nos fours dans nos chaumières depuis le Moyen-Âge. De nombreux spécimens ont été disséqués mais c’est tout récemment qu’une équipe d’entomologistes allemands et autrichiens a observé l’arrière de la bête familière, plus précisément la tarière – ou oviscapte – de la femelle. Ceci avec de gros moyens : observations – avec vidéos - de spécimens vivants et de préparations, coupes sériées et reconstitutions en 3D, enregistrements des signaux nerveux… »
« L’oviscapte, organe de ponte impair, est composé de 4 lames creuses juxtaposées, deux dorsales et deux ventrales. Leur découverte est que ces lames sont parcourues par l’hémolymphe, avec un flux et un reflux que l’on peut déjà observer par transparence à la binoculaire au travers de la cuticule en suivant les mouvements des plus gros hématocytes.»
« À l’instar des autres appendices des insectes, les lames sont séparées en 2 compartiments accolés divisés par un septum : l’hémolymphe va vers la partie distale dans l’un et revient par l’autre. À la base de chaque lame, une ampoule pulsatile ou cœur accessoire, qui se contracte rythmiquement (de 0,2 à 0,5 Hz) de façon autonome sous l’influence de muscles qui les enveloppent. Les 4 cœurs battent de façon synchronisée, les diastoles et les systoles étant alternées. Des mouvements latéraux de la chambre génitale proche assurent sans doute l’échange d’hémolymphe avec l’hémocèle abdominal. »
« Ces cœurs accessoires sont sous le contrôle de neurones situés dans le ganglion terminal. »
Le Guru pensait qu’il avait déjà évoqué le cas du nématomorphe, dans l’un de ses nombreux articles consacrés aux parasites. Et bien non ! Pourtant il est très étudié et pour preuve on vient encore de lui trouver une capacité de résistance au froid.
C’est un ver filiforme qui peut se trouver à l’intérieur du corps de son hôte. Il grandit tellement, qu’il prend pratiquement tout l’espace de la pauvre créature qu’il squatte, en attendant le bon moment pour émerger brutalement. Mais ce n’est pas la chose la plus effrayante que nous apprend une nouvelle étude, il peut aussi survivre à un gel intense, jusqu’à -70 °C, et une fois dégelé, continué à infecter ses hôtes préférés. Heureusement pour nous, il s’en prend aux insectes et aux crustacés.
Le schéma ci-dessus est tiré de l'étude, il nous montre le cycle de vie du parasite. On voit que l'hôte définitif, c'est-à-dire l'hôte dans lequel le parasite atteint sa maturité, est ici un grillon.
Des chercheurs de l'université de Cambridge ont décortiqué en images la manière dont un petit insecte d'Afrique du Sud réussit à s'extraire de l'eau pour éviter la noyade.
"Le grillon provençal Grillus bimaculatus (Orth. Gryllidé) se fait entendre de la fin de l'été au début de l'automne. En frottant ses ailes antérieures durcies l'une contre l'autre, il stridule. C'est son chant de cour, pour séduire une grillonne. Laquelle choisit le géniteur de ses grillonneaux à la qualité de son chant."
Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. Les Épingles entomologiques - En épingle en 2021 : Février
"Qu'arrive-t-il si des sons ou des bruits couvrent en partie son chant ? Les grillons proches d'une autoroute, par exemple, sont-ils perturbés et jusqu'où ?
En testant des grillonnes avec des stridulations artificielles de différentes qualités dans différentes conditions acoustiques, Adam Bent et ses collaborateurs (Anglia Ruskin University , Royaume-Uni) ont d'abord vérifié que les sons de qualité supérieure sont préférés. Le taux d'accouplements est augmenté et la latence précoïtale diminuée. Mais le résultat s'inverse par rapport à ce qu'on observe dans es conditions sonores ambiantes si l'on diffuse le bruit du trafic routier ou un bruit blanc.
Près de notre autoroute, le grillon mâle devra s'efforcer de produire une meilleure stridulation, ce qui est coûteux et ne peut que réduire sa fitness (capacité reproductive). La grillonne quant à elle risque de s'arrêter sur un mauvais partenaire. La population peut en être gravement affectée."
Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. Les Épingles entomologiques - En épingle en 2019 : Juillet
"Le Grillon du Pacifique Teleogryllus oceanicus (Orth. Gryllidé) est bien connu pour se faire avoir à tous les coups. En effet, comme tout le monde, il stridule pour attirer et séduire une partenaire sexuelle. Mais qui arrive et lui saute dessus à la place d’une alliciante grillonne ? La mouche Ormia ochracea (Dip. Tachinidé) bien connue pour avoir l’oreille plus que fine (que les ingénieurs essayent d’imiter, d’ailleurs).
En guise de noces, notre grillon subira durant une semaine une lente mais radicale perte de ses moyens, miné de l’intérieur par l’asticot de la tachinaire ; il lui restera toutefois la capacité de se nourrir et de se toiletter… Puis, vidé, il crèvera.
On connaît et on suit depuis quelques décennies, à Hawaï, la présence d’un phénotype nouveau du grillon chez une partie des individus : les mâles « aux ailes plates », incapables de striduler. Muets, donc condamnés au célibat en principe, mais échappant au parasitoïde.
En examinant la descendance de 2e génération produite au labo de femelles capturées, Jessie Tanner et ses deux collaboratrices (université du Minnesota, États-Unis) ont trouvé que les mâles stridulants l’emportent nettement en termes de succès reproductif sur leurs compères « ailes plates » ; que la plupart des femelles ont copulé avec plusieurs partenaires, surtout des stridulants, et que les femelle ne portent que rarement la mutation responsable du mutisme. La sélection sexuelle en faveur des stridulants est très forte au labo. Mais puisqu’on trouve des muets en nature en proportion grosso modo constante, c’est que celle-ci est fortement contrebalancée par une sélection en faveur des muets dans la nature - où sévit Ormia."
D’après, notamment, « Male crickets losing ability to sing, despite reproductive advantage of singing », com. univ. Minnesota. Lu le 2 juillet 2019 à //phys.org/news
Sexual signal loss in field crickets maintained despite strong sexual selection favoring singing males, Evolution (2019). DOI: 10.1111/evo.13761
Photo : Ormia ochracea sur Teleogryllus oceanicus. Cliché Ron Hoy
Par moha. RTS.ch. « Le grillon champêtre est l'animal de l'année 2014 »
[...]
« L'animal de l'année de Pro Natura en 2014 est le grillon champêtre. L'organisation de protection de la nature a choisi lundi de mettre en avant cet insecte pour attirer l'attention sur l'intensification de l'agriculture en Suisse. »
« L'habitat du grillon champêtre, prairies ensoleillées et fleuries, se réduit comme peau de chagrin, menaçant à terme la biodiversité, note Pro Natura. »
Les grillons jouent les fier-à-bras sur le ring dès qu’ils ont des spectateurs ou plus simplement c’est le premier insecte chez lequel on a pu constater un changement de comportement lorsqu’il se sent observé.
Leur étude publiée sur Biology Letters : Playing to an audience: the social environment influences aggression and victory displays.
« Des chercheurs en biologie de l'Université de Western ont découvert un principe par lequel les insectes ont la capacité de sortir de l'engourdissement causé par le froid.
Les photographes animaliers font souvent poser les insectes après les avoir fait refroidir au réfrigérateur, où ils entrent dans un état de paralysie appelé "chill coma", caractérisé par une perte totale de la fonction musculaire. Si le photographe est alors suffisamment patient, il aura la chance d'observer l'insecte lors de son réveil. Le "chill coma" a été décrit pour la première fois il y a plus d'un siècle, et les photographes ne sont pas les seuls à avoir su en tirer profit. Par exemple, un certain nombre d'araignées des neiges prennent pour proie des insectes ayant atterri par mégarde sur la neige et y ont été paralysés. Les biologistes, quant à eux, ont appliqué ce phénomène à la mesure de la tolérance des insectes au froid : une équipe de l'Université de Western a étudié la sortie du "chill coma" du grillon automnal (Gryllus pennsylvanicus) et a découvert que leur capacité de récupération dépend de la façon dont ils organisent les déséquilibres hydrique et salin qui se produisent lorsque l'insecte est froid. (...) »
Bernadette Cassel's insight:
→ Reestablishment of ion homeostasis during chill-coma recovery in the cricket Gryllus pennsylvanicus
... nous avons avec nous Tony Robillard. Sévèrement mélancolique il y a peu, ayant fait chou blanc au cours de longues chasses nocturnes stériles et mouillées, après avoir repris des couleurs à 1 700 m lorsque le premier représentant de sa sous-famille de grillon d’adoption est tombé dans son filet, il est aujourd’hui sur un nuage et affirmatif à 100% : les Eneopterinae lui ont livré trois espèces nouvelles « pour la science » ; deux dans le genre Lebinthus et une dans le genre Cardiodactylus.
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(Re)lire aussi :
Des insectes dans notre assiette, en toute légalité ? - De www.lemonde.fr - 29 janvier 2019, 18:35