EntomoNews

Les zones boisées du Salvador, déjà réduites, sont menacées par l’expansion d’un insecte qui ravage les arbres. Unique solution : l’abattage, qui ne fait qu’accroître l’assèchement des sols.

Courrier International (abonnés), 09.12.2016

"... Le dendroctone [un insecte xylophage de l’ordre des coléoptères, proche du charançon] a desséché ce pin en une dizaine de jours, le laissant tout juste bon à couper.

... Les conséquences de la pullulation de dendroctones dans un pays qui possède seulement 12 % de couvert forestier sont désastreuses, et la situation sera pire encore lorsque les nappes phréatiques seront vides et que la qualité de l’air se dégradera. Plus de vingt mille arbres ont déjà dû être coupés.   Google Earth au secours de la forêt amazonienne Cet insecte n’est pas un nouveau venu. Il a toujours habité la région et avait déjà causé des dégâts à la suite d’incendies de forêt ou [...]"

Le dendroctone méridional du pin s'attaque depuis des décennies aux pins du sud des États-Unis, du Mexique et de l'Amérique centrale. Mais le réchauffement climatique aidant, le petit coléoptère ravage depuis quelques années les forêts de la Nouvelle-Angleterre. Des scientifiques américains craignent que l'insecte fasse bientôt son chemin jusque dans les forêts canadiennes.

[Dendroctonus frontalis, Coleoptera Curculionidae]

Certes, l’étude porte sur le dendroctone, un insecte de type coléoptère et montre que le conflit sexuel entre mâles et femelles peut conduire à des changements dans la forme de leurs organes génitaux. Ces conclusions en biologie fondamentale, présentées dans la revue Evolution, illustrent la rapidité des changements évolutifs et, précisément co-évolutifs car ces modifications se correspondent dans les 2 sexes.

Source: Evolution May, 2016 doi: 10.1111/evo.12938 Selection on an antagonistic behavioral trait can drive rapid genital coevolution in the burying beetle Nicrophorus vespilloides

[Image] Research from the University of Exeter on burying beetles has now found that the species is evolving to adapt their genitals, in response to the males' desire to have more sex than the females http://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-3600526/Beetle-genitals-change-shape-mating-rates-high.html

Abattre toujours plus d’arbres ne permettra pas à la forêt de Bialowieza de venir à bout des insectes ravageurs. Il faut laisser l’écosystème forestier s’adapter le plus naturellement possible.

Par Lucinda Kirkpatrick. The Conversation, 07.04.2016

"... Le département des forêts de l’État polonais considère [...] l’abattage comme une nécessité pour venir à bout des flambées de dendroctone de l’épicéa, dont les larves creusent sous l’écorce des arbres pour pondre leurs œufs. En se nourrissant des couches ligneuses internes, les larves peuvent tuer l’arbre."

"... De fait, cette forme d’abattage de sauvetage cause davantage de préjudices aux écosystèmes qu’il est censé protégé. Après avoir connu une invasion de ravageurs dans le parc national de Sumava, qui s’étend le long de la frontière entre la Bavière et la République tchèque, il a été prouvé que l’abattage de sauvetage retardait les processus de récupération de la forêt."

 L’abattage n’est pas nécessaire

"Cette méthode n’est pas la seule solution pour venir à bout des ravageurs. Les pièges à phéromones, par exemple, sont très efficaces pour capturer ces insectes en grande quantité et, en Grande-Bretagne, on déploie un prédateur des dendroctones, le Rhizophagus grandis. Largement utilisé dans l’industrie forestière, ce dernier est relativement peu cher et accessible. Des recherches à ce sujet ont montré que la prévention des invasions est plus efficace que l’abattage des arbres infestés."

"... Dans tous les cas, si une attaque de dendroctones peut être désastreuse pour les arbres individuellement, elle ne nuit pas nécessairement à la forêt dans son ensemble. Comme de nombreux écosystèmes, Bialowieza est soumise aux changements climatiques. Alors que des espèces telles que l’épinette de Norvège sont affaiblies par ces modifications, le dendroctone, lui, en profite. Ceci s’inscrit dans le processus de régénération de la forêt, permettant aux arbres à feuilles caduques – mieux armés face à l’évolution des conditions climatiques – de se développer dans le vide laissé par la disparition des épicéas. À long terme, il donc sans doute préférable pour la forêt de Bialowieza de laisser la nature suivre son cours."

→ Minimising the impact of the great spruce bark beetle - Forestry Commission, décembre 2012 http://www.forestry.gov.uk/pdf/FCPN017.pdf/%24FILE/FCPN017.pdf