Les coextinctions pourraient avoir un rôle majeur dans la perte de biodiversité | EntomoNews | Scoop.it
On parle aussi de disparition en cascade… la disparition d’une espèce en entraînant d’autres… ce phénomène d’interdépendance est connu mais encore mal caractérisé. Pour estimer son impact à la fin du siècle, des chercheurs et chercheuses de l’Université australienne de Flinders ont construit une sorte de planète virtuelle, une modélisation mimant les interactions documentées entre vertébrés ainsi que tous les facteurs responsables de pression sur la biodiversité.

 

Le Journal des sciences (extrait), 21.12.2022

Alexandra Delbot


"Résultat, selon leurs modélisations, 17% des vertébrés auront disparu d’ici à 2100… et les coextinctions amplifient de 180% les extinctions primaires, c'est-à-dire les extinctions directement dues aux effets du dérèglement climatique. Les auteurs appellent donc à une prise en compte de l’ensemble des réseaux d’interactions entre espèces, sans quoi, la crise de biodiversité actuelle continuera d’être minimisée."

 

Pour aller plus loin

Les coextinctions pourraient être le moteur principal de la perte de biodiversité d'ici 2100 (Futura sciences)

 

L'étude sur les coextinctions (Science Advances, en anglais)

 

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NDÉ

Illustration

 

[Image] Fig. 3. Coextinction effect by 2050.
This is quantified as the percentage increase in diversity loss in the coextinction scenario compared to the reference (primary extinctions only) scenario. To ease visualization and comparisons, we set the maximum value of the color bar to 2 (i.e., 200% increase), but black pixels indicate all values ≥ 200%.

 

 

Traduction (extrait)

 

Lorsque nous avons comparé les simulations incluant des événements de coextinction aux contrôles qui ne tenaient compte que des extinctions primaires, les effets moyens des coextinctions (mesurés en pourcentage de diminution de la biodiversité entre les simulations de coextinction et de contrôle) étaient de 27. 5 ± 1,5 %, 39,2 ± 2,5 % et 21,8 ± 0,6 % en 2050 (27,1 ± 2,0 %, 34,0 ± 4,0 % et 18,1 ± 0,7 % en 2100) dans les trois scénarios de changement climatique SSP2-4,5, SSP4-6,0 et SSP5-8,5, respectivement (figure 3, colonne de gauche).

 

Cependant, une hypothèse potentiellement trop optimiste du modèle est que les herbivores et les mangeurs d'invertébrés ne s'épuisent jamais en biomasse de plantes et d'insectes. Notre modèle traite les insectes et les plantes comme des ressources non épuisables, malgré les preuves croissantes du déclin des invertébrés dans le monde (26).

 

Cela implique que les consommateurs capables de n'utiliser que des vertébrés et ceux qui utilisent également des invertébrés (insectivores et omnivores) sont " invulnérables " aux coextinctions ascendantes (extinctions de consommateurs déclenchées par l'épuisement des ressources, ce qui est l'hypothèse la plus courante concernant le mécanisme sous-jacent aux extinctions secondaires (8-11)) et pourraient donc s'éteindre " uniquement " en raison des changements climatiques et d'utilisation des terres, ainsi que des effets de réseau descendants et de la concurrence des nouveaux colonisateurs.


Fig. 3. Effet de coextinction d'ici 2050.
Cet effet est quantifié comme l'augmentation en pourcentage de la perte de diversité dans le scénario de coextinction par rapport au scénario de référence (extinctions primaires uniquement). Pour faciliter la visualisation et les comparaisons, nous avons fixé la valeur maximale de la barre de couleur à 2 (c'est-à-dire une augmentation de 200 %), mais les pixels noirs indiquent toutes les valeurs ≥ 200 %.

 

8
R. R. Dunn, N. C. Harris, R. K. Colwell, L. P. Koh, N. S. Sodhi,The sixth mass coextinction: Are most endangered species parasites and mutualists? Proc. Roy. Soc. B 276, 3037–3045 (2009).
 
 
9
R. K. Colwell, R. R. Dunn, N. C. Harris,Coextinction and persistence of dependent species in a changing world. Ann. Rev. Ecol. Evol. Syst. 43, 183–203 (2012).
 
10
J. F. Brodie, C. E. Aslan, H. S. Rogers, K. H. Redford, J. L. Maron, J. L. Bronstein, C. R. Groves,Secondary extinctions of biodiversity. Trends Ecol. Evol. 29, 664–672 (2014).
 
11
G. Strona, C. J. A. Bradshaw, Co-extinctions annihilate planetary life during extreme environmental change. Sci. Rep. 8, 1–12 (2018).
 
26
R. van Klink, D. E. Bowler, K. B. Gongalsky, A. B. Swengel, A. Gentile, J. M. Chase,Meta-analysis reveals declines in terrestrial but increases in freshwater insect abundances. Science 368, 417–420 (2020).