Des études récentes montrent que ces coléoptères s’en remettent à la luminosité de la voûte étoilée pour savoir dans quelle direction aller.
Par James Foster , 22.01.2021
"... [Des] expériences menées au planétarium [avaient] montré que les coléoptères ne s’en [remettaient] pas aux constellations formées d’étoiles brillantes, mais plutôt aux caractéristiques de la Voie lactée. Mes collègues et moi-même nous sommes donc dit qu’ils procédaient probablement à des comparaisons de luminosité, en repérant soit le point le plus lumineux de la Voie lactée, soit un certain gradient de lumière présente dans le ciel du fait de cette dernière.
Une Voie lactée artificielle
Pour confirmer cette théorie, nous avons eu recours à notre Voie lactée artificielle, reproduite sous forme de traînée lumineuse simplifiée, et en simulant différentes configurations d’étoiles et de gradients de lumière. Nous avons constaté que les insectes s’éloignaient de leur trajectoire lorsqu’ils étaient confrontés à une disposition partielle d’étoiles au sein de la Voie lactée. Ils ne parvenaient à respecter l’itinéraire voulu que si les deux extrémités de la traînée présentaient des degrés de luminosité différents.
Ces observations montrent que les coléoptères nocturnes ne se fient pas aux tracés complexes des étoiles de la Voie lactée mais plutôt à la différence de luminosité au sein de la voûte céleste. Il en va de même pour leurs semblables diurnes, qui s’orientent, lorsque le soleil n’est pas visible, en se basant sur le gradient de luminosité du ciel.
Si cette stratégie, qui repose sur la différenciation des degrés de luminosité, est assurément moins élaborée que la méthode consistant à se référer à certaines constellations, méthode à laquelle ont recours les oiseaux et les navigateurs, elle s’avère tout à fait adaptée pour interpréter la multiplicité de données que présente la voûte céleste, surtout si l’on tient compte de la taille minuscule des yeux et du cerveau de ces insectes. Ils surmontent ainsi les possibilités limitées de leurs systèmes de traitement des informations et en font davantage avec moins de ressources, tout comme les humains ont appris à le faire avec la technologie.
Quoique rudimentaire, cette approche se révèle particulièrement efficace sur de courtes distances. De fait, bien que le Scarabaeus satyrus soit la seule espèce connue à s’orienter de cette manière, cette technique pourrait bien être utilisée par de nombreuses autres créatures lors de leurs expéditions nocturnes."
- Mechanisms for Milky Way Orientation : Stellar performance: mechanisms underlying Milky Way orientation in dung beetles | Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 13.02.2017 http://rstb.royalsocietypublishing.org/content/372/1717/20160079
- Diurnal dung beetles use the intensity gradient and the polarization pattern of the sky for orientation | Journal of Experimental Biology (2014) https://jeb.biologists.org/content/217/13/2422
[Image] Une boussole pour le travail de nuit. Shutterstock
(Re)lire aussi :
→ Ce scarabée s'oriente grâce aux contrastes de la Voie Lactée - De www.science-et-vie.com - 10 juillet 2017, 23:59
→ Des insectes utilisent les étoiles pour s'orienter : on a trouvé des bousiers qui suivaient la Voie Lactée ! - De www.sciencedaily.com - 24 janvier 2013, 23:55