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Les Punaises des Pins

Les Punaises des Pins | Insect Archive | Scoop.it
De nombreuses punaises sont liées à une famille de plantes voire même à une espèce spécifique. Les Pins abritent de nombreuses punaises et afin de mieux connaître leur phénologie et les espèces présentes dessus, une enquête est lancée.

 

Venez découvrir et participer à l’enquête des Punaises des Pins afin d’améliorer les connaissances de notre région !

Publié le 17 juin 2022 par Simon Barbier
 

"Cette image vous présente quelques espèces faciles à identifier de par leur forme ou leur couleur mais d’autres espèces sont également présentes dans la région sur ces arbres."

 

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NDÉ

 

via Hétéroptères de France et d'Europe

Groupe public sur Facebook

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Henri Boullier : Toxiques légaux. Comment les firmes chimiques ont mis la main sur le contrôle de leurs produits

Henri Boullier : Toxiques légaux. Comment les firmes chimiques ont mis la main sur le contrôle de leurs produits | Insect Archive | Scoop.it
: En dépit d'un dispositif légal qui se voudrait drastique, les firmes chimiques sont toujours en mesure de commercialiser des produits toxiques. Manipulation de données, expertises indécises, dérogations en cascade, cette enquête fait état d'une véritable mainmise des industriels sur les procédures de contrôle, éclairant ainsi les ressorts de cette bureaucratie des molécules.

 

Éditions La Découverte

Paru le 14/02/2019


"Depuis les années 1960, d'ambitieux dispositifs réglementaires promettent de contrôler les produits chimiques auxquels nous sommes exposés quotidiennement. Pourtant, les rares " interdictions " prononcées sont systématiquement assorties de dérogations permettant de continuer à les utiliser. Pourquoi les États semblent-ils incapables de prononcer des décisions fermes ? Comment la commercialisation de substances toxiques est-elle devenue " légale " ?


Ce livre montre comment les grandes entreprises chimiques ont inscrit dans le droit l'impossibilité d'interdire leurs molécules, si toxiques soient-elles. Depuis 2006, le règlement REACH encadre leur commercialisation en Europe. Ce texte promettait de résoudre la méconnaissance des effets de dizaines de milliers de substances présentes sur le marché et d'améliorer leur contrôle.

 

Finalement, les entreprises sont au cœur de la fabrique de l'expertise et les agences publiques se retrouvent à évaluer les risques de produits pour lesquels elles n'ont aucune donnée solide. En suivant la trajectoire de trois molécules dangereuses – un sel métallique, un solvant et un plastifiant –, l'enquête de l'auteur montre comment REACH organise leur maintien sur le marché.
L'histoire retracée dans ce livre est caractéristique de la manière dont certaines grandes réformes contemporaines masquent en fait un désengagement de l'État sans précédent. L'expertise est externalisée, les données fournies sont insuffisantes, les procédures dérogatoires multiples. Les firmes maîtrisent, plus que jamais, les ressorts de cette bureaucratie industrielle.

 
 
 
Henri Boullier, sociologue, est chercheur au CERMES3 (Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société). Il s'intéresse aux relations entre savoirs et gouvernement des risques dans les domaines de la chimie et du médicament.
 
 
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De la fascination des insectes sur les savants

De la fascination des insectes sur les savants | Insect Archive | Scoop.it
Chercheur de l’Université de Neuchâtel, Thibaud Martinetti publie un essai fouillé sur le pouvoir de fascination qu’exercent nombre d’espèces aujourd’hui menacées. Où l’on apprend que science et poésie ont longtemps cheminé ensemble

 

"Les Muses de l’entomologie", voir les insectes avec les yeux de l’amour - Le Temps

 

Claire Jaquier
Publié le 12 août 2023
 
"On fête cette année le bicentenaire de Jean-Henri Fabre (1823-1915), naturaliste et homme de lettres provençal surnommé le «Virgile des insectes», dont les Souvenirs entomologiques ont joui d’une audience internationale. Ce n’est pas cette circonstance, cependant, qui motive la publication de la vaste enquête que Thibaud Martinetti a conduite sur l’histoire de l’entomologie et de sa vulgarisation aux XVIIIe et XIXe siècles, des Mémoires pour servir à l’histoire des insectes (1734-1742) de Réaumur à La Vie des abeilles (1901) de Maurice Maeterlinck.

 

Si l’auteur consacre à Fabre un chapitre entier, c’est une raison moins occasionnelle qui est à l’origine de son projet. Sensible au sort d’une biodiversité menacée – on peine à recenser les espèces d’insectes qui disparaissent –, ce jeune chercheur de l’Université de Neuchâtel s’est lancé dans une entreprise qui fait écho à une préoccupation contemporaine. Sa thèse, soutenue à l’Université de Bâle, prend acte en effet d’un engagement qui traverse aujourd’hui la biologie, la philosophie et la littérature, en faveur d’une science qui renonce au modèle expérimental et objectivant au profit d’un rapport au vivant qui tienne compte des interdépendances entre l’homme et les milieux naturels."

(...)

 

[Image] Une planche tirée de «L’Histoire naturelle des lépidoptères d’Europe», publié par l’entomologiste français Louis Marie Alphonse Depuiset en 1867 - DR

 

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Étude sur la santé mentale : "Les troubles psy des enfants sont extrêmement genrés"

Étude sur la santé mentale : "Les troubles psy des enfants sont extrêmement genrés" | Insect Archive | Scoop.it
... Ce mardi 20 juin 2023, une étude d’ampleur révèle que 13 % des enfants français scolarisés, âgés de six à onze ans, présentent « au moins un trouble probable de santé mentale ». Menée par l’agence Santé publique France à la suite de la crise du Covid-19, l'enquête Enabee est nationale, inédite et transversale. Les données ont été collectées du 2 mai au 31 juillet 2022, auprès d'enseignants, de 10 000 parents et de 8 172 enfants scolarisés dans près de 400 écoles différentes.

 

Entretien

Par Estelle Aubin

Publié le 20/06/2023 à 17:32

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Ce mardi 20 juin 2023, une vaste enquête de Santé publique France montre que plus d'un enfant sur dix souffre d'« au moins un trouble de santé mentale », allant de l'anxiété généralisée à l'hyperactivité. Des symptômes qui varient selon le genre de l'enfant, souligne la psychanalyste Catherine Grangeard à « Marianne ».

Ce sont des chiffres inédits, et qui manquaient cruellement jusque-là pour cette catégorie d’âge. Ce mardi 20 juin 2023, une étude d’ampleur révèle que 13 % des enfants français scolarisés, âgés de six à onze ans, présentent « au moins un trouble probable de santé mentale ». Menée par l’agence Santé publique France à la suite de la crise du Covid-19, l'enquête Enabee est nationale, inédite et transversale. Les données ont été collectées du 2 mai au 31 juillet 2022, auprès d'enseignants, de 10 000 parents et de 8 172 enfants scolarisés dans près de 400 écoles différentes.

Précisément, 5,6 % des enfants souffrent d'un « trouble émotionnel probable », à savoir un trouble anxieux (anxiété de séparation, anxiété généralisée, phobies spécifiques) ou un trouble dépressif. 6,6 % montrent un « trouble oppositionnel probable » (humeur particulièrement colérique, comportement querelleur ou provocateur). Enfin, 3,2 % présentent un trouble persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité (TDAH) probable. Si les résultats ne permettent pas vraiment de souligner des différences spécifiques selon le niveau scolaire des enfants, ni selon le secteur de l'école, ils se révèlent très disparates selon le genre de l'enfant. C'est ce que nous explique (entre autres) la psychanalyste et psychosociologue Catherine Grangeard.

 

Marianne : Que nous révèle cette étude ?

Catherine Grangeard : Elle nous montre que plus d’un enfant sur dix présente au moins un trouble de santé mentale… un taux relativement stable depuis dix ans. Et ce, alors qu’on ne cesse de répéter que nos enfants vont de plus en plus mal depuis le Covid-19. Cependant, l’étude nous ouvre les yeux sur le problème. Il faut qu’on s’en inquiète beaucoup plus, car le phénomène est massif.

 

Comment expliquer l’apparition de ces troubles de santé mentale ?

Les causes sont plurifactorielles. Elles sont d’abord à regarder du côté des violences faites aux enfants. Des chiffres publiés le 7 juin 2023, dans le cadre du plan de lutte du gouvernement contre les violences faites aux enfants, montrent que chaque année, 160 000 mineurs subissent des atteintes sexuelles, qu’une personne sur dix aurait été victime d’inceste dans l’enfance et qu’un enfant est tué tous les cinq jours dans le cadre familial… Comment veut-on que ces gosses-là aillent bien ? On oublie souvent de faire ces corrélations, mais il faut bien garder en tête que là où il y a des violences intrafamiliales, il y a des enfants troublés. Sans parler du fait que les enfants sont très réceptifs à la violence, lorsqu’ils sont par exemple confrontés aux disputes entre leurs parents ou au harcèlement scolaire. Ce sont de vraies éponges.

 

À LIRE AUSSI : Manque d'empathie, perte de concentration… Quelles conséquences du porno sur les très jeunes ?

 

Par ailleurs, la pollution et la nourriture qu’on ingurgite influencent fortement les troubles des enfants. On ne peut pas non plus nier les effets du climat social et politique très agressif sur leur santé mentale. La guerre en Ukraine, la séquence de la réforme des retraites et tout un tas de sujets sont anxiogènes. Les enfants subissent les répercussions d’une anxiété qui les dépasse, les englobe, les concerne par ricochet. Leur anxiété est celle de notre époque, avec toute sa violence. Les enfants subissent tout cela. Une autre récente étude montrait que les enfants consommaient de la pornographie très jeune, ce qui peut être extrêmement traumatique pour eux. Tout cela engendre un mal-être chez nos enfants. Peut-être enfin que notre société est plus sensible au sujet de la santé mentale qu’auparavant.

 

L’étude nous montre que ces troubles de santé mentale sont genrés…

En effet, l’étude révèle que les filles souffrent davantage de troubles émotionnels, c’est-à-dire anxieux et dépressifs, alors que les garçons sont plutôt concernés par les troubles oppositionnels et de l’attention. Ce n’est pas du tout étonnant : les troubles de santé mentale sont extrêmement genrés, étant donné que les adultes ont des perceptions de l’enfant et des tolérances différentes si c’est un petit garçon ou une petite fille. On va accepter des comportements très différents en fonction du genre de l'enfant. C’est classique. Ce sont nos préjugés, nos stéréotypes intériorisés.

 

À LIRE AUSSI : Santé mentale des jeunes : "L’accoutumance aux psychotropes est la plus grande menace"

 

Ainsi, si un garçon court de partout, s’agite, s’oppose, dit « non », c’est « normal », dans le sens des normes de notre société. Mais si une petite fille a exactement le même comportement, on va lui faire remarquer qu’elle doit se calmer. Car on attend généralement d’une petite fille qu’elle soit plus sage, plus docile, plus obéissante. Ainsi, les petites filles sont plus peureuses, ont plus d’anxiété de séparation, d’anxiété généralisée, de difficultés à se lancer, car on l’éduque à être plus sage, moins touche-à-tout, moins aventureuse. Si une fille s’oppose, on a tendance à dire qu’elle « a mauvais caractère », alors qu’on dirait, pour un garçon, qu’il « a du caractère ». En aucun cas, c’est lié à des différences génétiques.

 

Comment peut-on y faire face ?

 

Venez débattre !

pour accéder aux débats, cliquez sur ce lien

 

Il y a deux réponses : prévention et guérison. Commençons par la guérison. La plupart des enfants n’ont pas de maladie mentale, mais un mal-être. Ils n’ont ainsi pas besoin de médicaments, mais d’écoute. Très souvent, si l’on parle des troubles, ils ne s’amplifient pas. Le simple fait de leur dire que la violence vue ou subie n’est « pas normale » suffit… C'est un soulagement pour eux. Ensuite, la société et l’État doivent protéger les plus faibles, les victimes de violences, écarter les agresseurs… Et la prévention, c’est le plus important. Qu’est-ce qu’on attend depuis des années ? On peut par exemple réguler les réseaux sociaux, où il y a du harcèlement scolaire, ou réguler les sites pornographiques. Mieux vaut prévenir que guérir.

 

  • Par Estelle Aubin

 

 

[Image] "Une étude d’ampleur révèle que 13 % des enfants français scolarisés, âgés de 6 à 11 ans présentent au moins un trouble de santé mentale".
Rafael Ben-Ari/Chameleons Eye/Ne

 

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Thibaud Martinetti : Les muses de l'entomologie. Poétiques et merveilleux de l'insecte de Réaumur à Maeterlinck

Thibaud Martinetti : Les muses de l'entomologie. Poétiques et merveilleux de l'insecte de Réaumur à Maeterlinck | Insect Archive | Scoop.it
Cette étude ne se contente pas de mettre en relation trois œuvres majeures du XIXe siècle : L’Insecte (1858) de Jules Michelet, les Souvenirs entomologiques (1879-1907) de Jean-Henri Fabre et La Vie des abeilles (1901) de Maurice Maeterlinck, mais elle aborde leur production comme l’expression d’une littérature entomologique plus vaste, saisie en tant que genre, c’est-à-dire comme un complexe d’œuvres unies par des relations à la fois analogiques et généalogiques.

 

Publié le 11 Mai 2023 par Marc Escola
 

"De Réaumur à Maeterlinck, les entomologistes et les vulgarisateurs s’unissent par leur volonté d’exprimer l’étonnement exceptionnel qu’ils ont vécu face à l’insecte. Chacun à leur manière, ils s’essayent à signifier sa sublimité, sa capacité à dérouter le langage et l’entendement, mais aussi à motiver la production de savoirs entomologiques dont les poétiques troublent les frontières conceptuelles établies par l’homme pour se distinguer des animaux. Notre enquête va donc aborder le merveilleux moderne de l’entomologie à la frontière des discours scientifiques et littéraires."

 

Thibaud Martinetti est docteur en littérature française de l’Université de Bâle. Chercheur postdoctoral à l’Université de Neuchâtel depuis 2020, son travail porte sur les poétiques scientifiques de l’insecte (XVIIIe- XXe siècles) et sur la botanique coloniale au siècle des Lumières.

 

Table des matières…

Lire l'introduction…


Date de publication 09/05/2023

 

 

Bernadette Cassel's curator insight, May 13, 2023 1:15 PM

 

Précédemment

 

  • Yvan Daniel, Alain Montandon, Jessica Wilker : Poétiques et poésie de l'insecte - De www.fabula.org - 26 avril, 19:17

 

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Didier Fassin : « Nommer la crise, c’est ainsi souvent s’exposer au risque de se priver de la penser. » - L'exemple du changement climatique

Didier Fassin : « Nommer la crise, c’est ainsi souvent s’exposer au risque de se priver de la penser. » - L'exemple du changement climatique | Insect Archive | Scoop.it
TRIBUNE. Dans un extrait de la leçon inaugurale qu’il a prononcée jeudi soir au Collège de France, l’anthropologue, sociologue et médecin propose une réflexion sur le langage que les sociétés déploient face aux crises et ses effets sur la démocratie.

 

La leçon inaugurale de Didier Fassin au Collège de France : « Ce qu’on appelle crise est toujours une construction sociale »

 

Par Didier Fassin

Professeur au Collège de France

Le Monde. Publié hier à 18h05

 

"Au début de son livre Legitimationsprobleme im Spätkapitalismus paru en 1973 (Raison et légitimité. Problèmes de légitimation dans le capitalisme avancé, Payot, 1988), le philosophe allemand Jürgen Habermas propose de définir ce qu’est une crise. Deux composantes sont indispensables, affirme-t-il, l’une objective, l’autre subjective. Il ne suffit pas qu’un problème se pose à la société, encore faut-il qu’il soit appréhendé comme tel. On le comprend aisément dans le cas du changement climatique.

 

Pendant longtemps, la question du réchauffement de la planète est demeurée confidentielle, au moins jusqu’à la création, en 1988, du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et la tenue du sommet de Rio en 1992. Même alors, le problème et ses conséquences ne semblaient guère perçus par le public et les responsables politiques, d’autant que controverses et dénis en fragilisaient la reconnaissance. Ce n’est que récemment que le changement climatique est devenu un objet à la fois de savoir partagé et de préoccupation commune, même si demeurent des disparités en fonction des pays et des générations.

 

Ce passage de l’objectivation à la subjectivation a supposé une traduction de la science vers l’opinion grâce à des chiffres et des graphiques, des photos de glaciers en voie de disparition et d’ours isolés sur des icebergs, la mobilisation d’associations de défense de l’environnement et de partis écologistes, l’expérience de phénomènes météorologiques extrêmes. Nombre de situations critiques correspondent ainsi à cette conjonction des deux processus. Mais que se passe-t-il lorsqu’il y a dissociation entre les deux phénomènes : la subjectivation d’une crise sans son objectivation, ou l’objectivation d’une situation critique sans sa subjectivation ?

Imposer un discours de crise

Le 10 juin 2018, un navire affrété par l’association SOS Méditerranée, avec à son bord 629 naufragés en provenance d’Afrique subsaharienne, se voit refuser l’accès aux ports italiens par le ministre de l’intérieur. C’est là un nouvel épisode de la criminalisation des organisations de sauvetage en mer. Alors que la situation sanitaire sur le bateau devient alarmante, l’incident génère des tensions entre les États européens, qui finissent par trouver un accord durcissant les politiques de l’immigration.

Nulle part dans le document ne sont mentionnés les 15 000 morts dans la Méditerranée au cours des cinq années précédentes. Il n’est pas plus fait état de la considérable baisse des arrivées sur le continent européen par la mer, dont le nombre annuel est dix fois moins élevé que trois ans auparavant. Largement relayée par les médias, cette crise n’a pourtant aucun fondement démographique. Elle est un fait subjectif sans substrat objectif.

 

Trois ans plus tôt, tandis que l’Union européenne semblait mise en péril par la présence sur son sol de un million de demandeurs d’asile, soit seulement deux millièmes de sa population, l’Afrique du Sud, où je conduisais une enquête sur ce thème, en dénombrait au moins autant avec une démographie pourtant dix fois plus modeste. Le monde entier assistait, dans un emballement médiatique, à la supposée crise des réfugiés en Europe, mais personne ne parlait de ce qui se jouait en Afrique australe.

 

Les pays du Sud ont rarement l’autorité pour imposer leur propre discours de crise, lequel ne peut légitimement leur venir que des pays du Nord. Pour les sciences sociales, une critique de la crise consiste donc à mettre en cause les usages abusifs de l’autorité pour décréter des crises sans réalité objective, et à identifier ces situations de privation d’autorité qui conduisent à ce que des situations critiques ne soient pas reconnues.

 

Situation inverse pour les prisons aux États-Unis. L’emprisonnement de masse désigne à la fois la progression rapide de la population carcérale, multipliée par huit en trente ans pour ce qui est des prisons fédérales et d’État, et la forte surreprésentation des minorités, le taux d’incarcération des hommes noirs de 20 à 40 ans y étant sept fois plus élevé que celui des hommes blancs du même âge. Évolution spectaculaire, alors même qu’un déclin significatif de la criminalité était constaté dans la même période, mais qui n’a pas suscité dans le pays de discussion publique jusqu’à une période récente.

Nommer sans penser

Comme me l’a expliqué la présidente de la commission de réforme pénale et pénitentiaire du New Jersey dont je suis membre, les autorités ont commencé à s’en soucier en raison de l’augmentation du nombre de jeunes femmes et hommes blancs des classes moyennes et supérieures pris dans des affaires de stupéfiants, auxquels la loi promettait de longues peines de prison.

La guerre à la drogue avait été conçue pour punir les jeunes Noirs à une époque où les victoires du mouvement des droits civiques suscitaient des craintes au sein de la majorité blanche. Lorsqu’elle s’est retournée contre cette dernière, des allégements de peines ont paru souhaitables. Jusqu’alors, la situation critique de l’emprisonnement de masse n’avait pas généré de crise politique ou morale. C’était un phénomène objectif sans expression subjective."

(...)

 

Didier Fassin est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines. Il est aussi professeur de sciences sociales à l’Institute for Advanced Study (Princeton) et directeur d’études en anthropologie politique et morale à l’École des hautes études en sciences sociales. 

 

Leçon inaugurale à paraître à l’automne 2023.

Didier Fassin (Professeur au Collège de France)

 

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Jürgen Habermas : « Dans cette crise, il nous faut agir dans le savoir explicite de notre non-savoir »  

 

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NDÉ

Pour en savoir plus

 

 

 

Illustration

 

via La Lettre du Collège – 23 mars 2023

 

Anthropologue, sociologue et médecin, Didier Fassin interroge la valeur de la vie humaine et son traitement inégal dans le monde contemporain. 


Ses travaux abordent dans une perspective critique des questions morales et politiques. Ils reposent sur une méthode ethnographique rigoureuse, fondée sur une présence de longue durée en France, au Sénégal, en Afrique du Sud, en Équateur et aux États-Unis, qui lui a permis d’étudier l’expérience des malades du sida, des personnes détenues, des demandeurs d’asile, des étrangers en situation irrégulière, ainsi que les enjeux autour de la mortalité maternelle, du saturnisme infantile, du traumatisme psychique et de l’action humanitaire.

 

Bernadette Cassel's insight:

 

« Le langage de la crise met ainsi à l’épreuve la démocratie. Il diffère la réflexion. Il permet d’agir sur les conséquences, ce qui est légitime, mais en éludant les causes, qui sont généralement structurelles. Nommer la crise, c’est ainsi souvent s’exposer au risque de se priver de la penser. »

Didier Fassin

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Autour des premières Assises nationales de la féminisation des métiers et filières du numérique

Autour des premières Assises nationales de la féminisation des métiers et filières du numérique | Insect Archive | Scoop.it
Aux premières Assises nationales de la féminisation des métiers et filières du numérique, l'alarme est sonnée sur le manque de diversité de l'industrie technologique.

 

Assises de la féminisation du numérique : « l'urgence » de diversifier l'industrie de la tech
 
Par Mathilde Saliou
Le lundi 20 février 2023 à 17:31
 

"Si l'on se prive de « 50 % des talents », comme le pointe l'association Femmes@Numérique, comment espérer remplir les nombreux postes vacants ?

 

En Europe, il manque 756 000 professionnels du numérique, selon la Commission européenne. En France, ce sont entre 170 000 et 212 000 postes qui restent à pourvoir dans l’industrie technologique, selon un rapport de France Stratégie et la Dares.

 

En face, les chiffres de la représentation sont clairs : les femmes ne représentaient que 17 % du secteur en 2022, selon l’étude GenderScan. Si les femmes représentaient 48,5 % des personnes actives en France en 2020, pourquoi le secteur du numérique continue-t-il de se priver des talents de la moitié de la population ? Telle est la question qui a guidé les débats des premières Assises de la féminisation des métiers et filières numériques, organisées le 16 février 2023 au ministère de l’Économie par l’association Femmes@numérique. 

 

Mais au-delà de ces mesures qui concernent le monde économique en général, l’« urgence » a été soulignée à de nombreuses reprises par les intervenantes et intervenants. Pourquoi un terme si fort ? Non seulement parce qu’il faut pourvoir les emplois vacants, mais aussi parce que, pour espérer, voire sortir des écoles d’ingénieurs et d’informatique des contingents d’étudiants paritaires, il faut s’y prendre dès le collège, donc dès aujourd’hui…

La réforme du bac en prend pour son grade

Les chiffres de l’éducation ont beaucoup occupé les premiers échanges, car effectivement, comment faire entrer plus de femmes et de diversité dans l’industrie numérique si rien qu’à la sortie des écoles, elles sont déjà minoritaires ? 

 

Au bac général, la réforme des lycées qui a transformé le choix de filières ES, S et L en choix de spécialités a fait chuter la part de filles suivant des cours de mathématique « au niveau de 1994 », selon un communiqué de neuf associations de mathématiques. Le 16 février, beaucoup d’intervenantes sont revenues sur la question, obligeant la responsable égalité filles-garçons au ministère de l’Éducation nationale, Claude Roiron à revenir à plusieurs reprises sur les autres mesures prises par le ministère pour favoriser l’enseignement des cultures numériques.

 

 

Celle-ci a par exemple cité la création de la spécialité Numérique et Sciences Informatiques (NSI), directement dédiée à la tech. La haute fonctionnaire a aussi souligné que « très peu de filles prennent cette option », citant l’exemple d’une école poitevine où les étudiantes ne sont que « trois ou quatre par classe, un nombre qui chute ensuite en terminale ». 

Pousser les filles vers les maths dès le plus jeune âge

[...]

 

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NDÉ

L'enquête en ligne Gender Scan

 

 

 

Sommaire


La proportion de femmes dans les emplois de technologie ne progresse pas et reste inférieur à 20% dans le numérique


Le niveau de satisfaction des femmes dans la tech en France est similaire à celui observé à l’international


Organisation du travail : un niveau de déploiement des dispositifs liés à la flexibilité du travail supérieur à celui observé à l’international pour les femmes et les hommes


Organisation du travail : les attentes des salariées sont focalisées sur un meilleur agencement du télétravail et la flexibilité des horaires


Gestion de carrière : un déploiement des dispositifs qui stagne ou régresse pour les femmes en France alors qu’il progresse à l’international


Gestion de carrière : les attentes des salariées portent sur l’implication renforcée des RH dans la gestion de carrière, le mentorat et la formation


Equilibre vie professionnelle /vie privée : une baisse du déploiement des dispositifs plus importante en France qu’à l’international


Equilibre vie professionnelle /vie privée : les attentes des salariées portent en majeure partie sur le soutien à la garde d’enfants et une meilleure gestion des horaires


Un niveau d’engagement des entreprises françaises de la Tech qui reste plus élevé en France qu’à l’international


SEXISME : 46% des femmes de la tech déclarent avoir été victimes de comportements sexistes


Près de 40% des répondantes ont connaissance de dispositifs d’accompagnement des victimes de comportementsexistes mis en place par leur employeurmais moins de 5% l’utilisent


RESEAUX : les réseaux font bouger les lignes sur les carrières, les attitudes sexistes et les formations

 

RESEAUX : l’apport des réseaux aux entreprises et aux salariés.e.s


FIDELISATION : une proportion de salariés satisfaits identique chez les hommes et les femmes travaillant dans la tech


Fidélisation : Les femmes de la tech sont moins nombreuses à se sentir valorisées et reconnues dans leurs fonctions


FIDELISATION : des motifs d’insatisfaction partagés avec les hommes auxquels s’ajoutent pour les femmes la discrimination et le sexisme


Méthodologie de l'enquête en ligne Gender Scan

 

 

[Image] L'’augmentation observée du nombre de diplômées dans les TIC (cf Gender Scan Etudiant – Décembre 2021) se traduit par une légère augmentation de la proportion de femmes parmi les personnes en situation d’emploi diplômées du numérique. Cette proportion augmente de 2%, et passe de 15% en 2011, à 17% en 2020.
Bernadette Cassel's curator insight, February 21, 2023 4:38 AM
 

« Premier point donc : pour féminiser le numérique, il faut commencer par élargir le vivier, en convainquant plus de jeunes filles de faire des maths et des sciences. »


"C'est un contresens. Pour féminiser le numérique, il faut faire du numérique le contexte général et global de l'ensemble des disciplines, et pas seulement de l'enseignement mathématique et scientifique. Le numérique doit être le paysage ordinaire de la formation de le citoyenne (et du citoyen), ouverte et engagée dans son temps."

 

Michel Guillou, 20/02/23 à 18:16:56
 
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Dossier Glyphosate - Le Monde "Planète"

Dossier Glyphosate - Le Monde "Planète" | Insect Archive | Scoop.it
Toute l’actualité sur le sujet Glyphosate. Consultez l’ensemble des articles, reportages, directs, photos et vidéos de la rubrique Glyphosate publiés par Le Monde.
 
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NDÉ
Liste des articles publiés en 2022
 

Une étude industrielle sur la neurotoxicité du glyphosate n’a pas été transmise aux autorités européennes

L’étude de 2001 mettait en évidence de possibles effets délétères sur la construction du cerveau d’une exposition prénatale. En cause, la firme suisse agrochimique Syngenta.

Publié le 07 septembre 2022 à 09h18, mis à jour le 07 septembre 2022 à 14h43 Stéphane Foucart

 

Glyphosate : des experts indépendants mettent en doute l’intégrité des travaux d’homologation

Les agences nationales chargées d’expertiser les pesticides qui seront ensuite autorisés dans toute l’Union européenne n’appliquent pas les mêmes règles de prévention des conflits d’intérêts, contrairement à ce qui est fait pour les médicaments.

Publié le 01 juillet 2022 à 11h14 Stéphane Foucart

 

« Il est temps que les enjeux de santé environnementale et de santé au travail fassent cause commune »

L’historienne Judith Rainhorn pointe, dans une tribune au « Monde », le lieu de travail comme environnement toxique et les facteurs d’invisibilité de cette toxicité dans le système économique contemporain, depuis l’ère industrielle.

Publié le 25 juin 2022 à 11h00 Judith Rainhorn

 

Pesticides : un groupe d’experts indépendants va se pencher sur l’équipement des travailleurs agricoles

Des scientifiques vont analyser les connaissances existantes après la publication d’une enquête dans « Le Monde » montrant que les équipements de protection sont fréquemment inefficaces, voire aggravent l’exposition des opérateurs.

Publié le 24 juin 2022 à 12h00, mis à jour le 24 juin 2022 à 19h52 Stéphane Foucart

 

Bayer échoue devant la Cour suprême des Etats-Unis dans l’affaire du glyphosate

Le groupe agrochimique et pharmaceutique espérait solder le contentieux qui pèse sur lui depuis le rachat de Monsanto, en 2018.

Publié le 22 juin 2022 à 10h01 Cécile Boutelet

 

Le glyphosate altère la reproduction des bourdons

Un quart des espèces de bourdons européennes, un groupe de pollinisateurs parmi les plus importants, est menacé d’extinction.

Publié le 04 juin 2022 à 10h41 Stéphane Foucart

 

Le glyphosate franchit une étape-clé vers sa réautorisation en Europe

L’Agence européenne des produits chimiques, qui donne un poids déterminant aux tests fournis par les industriels, estime que l’herbicide controversé ne présente pas de danger majeur pour la santé.

Publié le 31 mai 2022 à 09h32, mis à jour le 31 mai 2022 à 10h16 Stéphane Foucart

 

Face aux critiques, l’expertise européenne sur le glyphosate est reportée à 2023

Les deux agences chargées de la réévaluation, l’Autorité européenne de sécurité des aliments et l’Agence européenne des produits chimiques, expliquent que le retard est dû aux très nombreux commentaires d’experts des Etats membres et de la société civile.

Publié le 12 mai 2022 à 09h54 Stéphane Foucart

 

Une étude européenne cruciale sur les effets du glyphosate reportée d’un an

L’Autorité européenne de sécurité des aliments et l’Agence européenne des produits chimiques disent avoir reçu un « nombre sans précédent d’observations » sur le rapport préliminaire d’évaluation sanitaire et environnementale de l’herbicide.

Publié le 10 mai 2022 à 18h43, mis à jour le 11 mai 2022 à 10h39 Le Monde avec AFP

 

Du « produire mieux » au « produire plus », le virage d’Emmanuel Macron sur l’agriculture

Le quinquennat a été marqué par une rupture de ton de la part de celui qui prône le « en même temps ». Le point de bascule s’est produit au moment même où a éclaté la crise liée au Covid-19.

Publié le 26 février 2022 à 10h00, mis à jour le 26 février 2022 à 13h51 Laurence Girard

 

Le glyphosate, l’expertise et la défiance

La défiance envers les politiques vaccinales contre le Covid-19 prospère sur les scandales sanitaires et environnementaux récents, permis par des expertises contestables, estime dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».

Publié le 05 février 2022 à 17h30, mis à jour le 07 février 2022 à 11h38 Stéphane Foucart

 

Glyphosate : une expertise indépendante de l’évaluation européenne en cours réclamée

La Commission nationale de la déontologie et des alertes en santé publique et d’environnement juge que la confiance des citoyens dans le processus actuel de réautorisation de l’herbicide controversé n’est pas garantie.

Publié le 10 janvier 2022 à 18h40, mis à jour le 11 janvier 2022 à 08h14 Stéphane Foucart

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Lancement de l'action Porté disparu | Office Central de la Coopération à l'École

Lancement de l'action Porté disparu | Office Central de la Coopération à l'École | Insect Archive | Scoop.it
Un outil pédagogique pour comprendre la disparition des espèces !

 

Des enquêtes coopératives pour comprendre la disparition des espèces et agir pour la prévention de la biodiversité.

L'OCCE vous propose une démarche d'investigation scientifique innovante. Porté disparu sensibilise les élèves de cycle 3 et 4 au déclin de la biodiversité, en découvrant des espèces menacées comme l'écrevisse à pattes blanches.

 

Ce nouveau dispositif pédagogique propose aux enseignants désireux de se lancer dans cette enquête, de nombreux supports pédagogiques : 

  • un guide pédagogique et un photolangage,

et pour chacune des espèces : 

  • un dossier ressources,
  • des cartes indices,
  • les pictos "menaces".
  • ainsi qu'une fresque "milieu de vie" réalisée par Emilie Vanvolsem, illustratrice de litterature jeunesse scientifique.

D'autres enquêtes à réaliser avec vos élèves vont venir compléter cette première espèce : le rhinolophe, la posidonie et la pie-grièche.

Porté disparu a reçu le soutien financier de l'OFB (Office français de la Biodiversité).

Cliquez ici pour vous inscrire et télécharger le kit complet

 
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NDÉ
En complément :
"Toutes les informations relatives à la nouvelle édition de l'action nationale #ecocoop de @OCCE_FD ➡️https://t.co/hpGTE7MA2z. Dans une démarche éco-citoyenne, il s'agit cette année de s'intéresser particulièrement aux espèces en danger.
      Eco' coop | coopérer pour la planète | Office Central de la Coopération à l'École
http://www2.occe.coop/eco-coop-cooperer-pour-la-planete
 
via Fabrice MICHEL sur Twitter, 21.10.2021 https://twitter.com/coordnatocce/status/1451212281228972034
 
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Le Covid, une fuite de laboratoire ? Ce que l'on sait vraiment après plus de deux ans de spéculations

Le Covid, une fuite de laboratoire ? Ce que l'on sait vraiment après plus de deux ans de spéculations | Insect Archive | Scoop.it
La théorie selon laquelle le coronavirus aurait accidentellement fuité d'un laboratoire de Wuhan refait surface.
Elle a longtemps été écartée, car trop proche des thèses complotistes, avant de gagner en crédibilité face à de nouveaux éléments.
Retour sur plus de deux ans et demi de tâtonnements. · Santé et bien être : Le Covid, une fuite de laboratoire ? Ce que l'on sait vraiment après plus de deux ans de spéculations.

 

Felicia Sideris
Publié hier à 17h44, mis à jour hier à 18h00
 

 

"... publication de trois thèses réalisées en Chine en 2014, 2017 et 2019. Relayées par Le Monde en mai 2021, elles montrent que Pékin aurait délibérément caché certains travaux conduits dans le laboratoire de Wuhan. Enfin, toujours l'été dernier, le Wall Street Journal assure que trois scientifiques de l'institut de virologie de Wuhan seraient tombés malades au point d'être hospitalisés en novembre 2019. Des informations d'autant plus troublantes que face à ces aveux, les autorités chinoises nient en bloc. Tout en refusant l'accès à certaines données. Ce manque de transparence et les zones d'ombre autour du laboratoire de Wuhan poussent donc à envisager cette thèse longtemps écartée.

 

Mais les autorités chinoises ne sont pas les seules à garder le mystère. Un dernier argument vient soutenir la thèse d'un virus issu dans laboratoire... Avec l'aval des États-Unis. Dans une enquête sur Peter Daszak, le spécialiste des zoonoses cité plus haut, la revue Vanity Fair dévoilait que le zoologue avait profité de larges subventions de la part des Instituts américains de la santé (NIH) afin de construire des coronavirus "chimériques". C'est-à-dire, qui combinent des fragments de différents virus qu'on trouve dans la nature. Lors de ces travaux, l'ONG du spécialiste a activement collaboré avec l'Institut de virologie de Wuhan. Des recherches tenues sous silence avant les révélations de la revue américaine. Raison pour laquelle l'économiste Jeffrey Sachs, président de la Commission du Lancet sur le Covid-19, a lancé un appel. Le 20 mai dernier, il a réclamé que les universités et instituts de recherche ouvrent leurs bases de données sur le sujet. 

 

 Quant à la piste "naturelle", elle reste la plus crédible. Mais les efforts pour découvrir cette source du virus sont restés vains. Le fameux "chaînon manquant", qui aurait permis le passage du Covid-19 de la chauve-souris à l'homme reste introuvable. 

 

Le mystère persiste donc. Seule une nouvelle enquête pourrait permettre de faire toute la lumière. C'est ce qu'ont demandé 18 scientifiques dans une lettre publiée [le 14./05/2021, NDÉ] dans Science. Ils résument parfaitement la situation. Les deux thèses actuelles - celle de la libération accidentelle d'un laboratoire et celle de la zoonose - "restent toutes les deux viables"."

 

 

[Image] via The Lab-Leak Theory: Inside the Fight to Uncover COVID-19’s Origins | Vanity Fair, 03.06.2021 https://www.vanityfair.com/news/2021/06/the-lab-leak-theory-inside-the-fight-to-uncover-covid-19s-origins

 

Bernadette Cassel's insight:

 

  • Sur le même sujet, vu récemment :

 

→ Nouveaux doutes sur l’origine du Covid-19 - C à vous - 07/06/2022

142 812 vues - 7 juin 2022 https://www.youtube.com/watch?v=f-jWyhxTP3s

 

Nouveaux doutes sur l’origine du Covid-19 C à vous

 

présenté par : Anne-Elisabeth Lemoine, Patrick Cohen, Bertrand Chameroy, Pierre Lescure, Marion Ruggieri, Emilie Tran NGuyen, Mohamed Bouhafsi, Matthieu Belliard

 

Questions et révélations sur l’origine de la Covid-19 : le virus est-il né dans la nature ou dans un laboratoire ? Si cette dernière hypothèse se révèle exacte, le laboratoire incriminé pourrait-il être américain ? C’est la question ultra sensible qui vient d’être relancée par un universitaire de renom. Jeffrey Sachs vient de publier dans la revue de l’Académie des sciences, un appel à une enquête indépendante et transparente aux États-Unis [Source (écrite, en ligne) en cours de recherche, NDÉ]. Patrick Cohen revient sur cette nouvelle accusation qui fait trembler les States. 

 

  • À (re)lire :

 

→ Origines du Covid-19 : l’hypothèse d’un accident à l’Institut de virologie de Wuhan relancée après la divulgation de travaux inédits - De www.lemonde.fr - 14 mai 2021, 18:44

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Exclusif : la liste des sites miniers empoisonnés que l’État dissimule

Exclusif : la liste des sites miniers empoisonnés que l’État dissimule | Insect Archive | Scoop.it
L’extraction minière a provoqué une pollution durable de la France. L’État en a fait l’inventaire, mais il le cachait jusqu’à présent. Reporterre publie cet inventaire pour toutes les régions, ainsi qu’une carte des territoires empoisonnés par les déchets miniers. [Enquête 1/3]

 

Celia Izoard (Reporterre)

4 juin 2022 à 10h18 Mis à jour le 6 juin 2022

 

Vous lisez l’enquête « Mines : l’héritage toxique de la France ».
Le deuxième volet, « Le calvaire des victimes des mines empoisonnées », est à lire ici.
Le troisième volet, « Il n’y a pas d’après-mine heureux ! », est à lire ici.

 


GION PARGION, L’INVENTAIRE GEODERIS DES ANCIENS SITES MINIERS

 

 

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Artemisiae a dépassé la barre symbolique des 5 000 espèces !

Artemisiae a dépassé la barre symbolique des 5 000 espèces ! | Insect Archive | Scoop.it
Le portail des papillons de France compte désormais plus de 5 330 espèces et sous-espèces avec au moins une observation validée dans la base, ce qui représente 89 % des taxons connus en France métropolitaine et Corse.

 

Publié le 03/05/2022

Auteur : David DEMERGÈS

 

"Le portail d'oreina s'enrichit quotidiennement de données, améliorant en permanence la chorologie et la phénologie des espèces. Pour autant, faire grimper le nombre d'espèces renseignées dans la base est plus laborieux, parce que cela nécessite d'aller puiser dans les collections historiques, dans la bibliographie spécialisée et auprès de quelques spécialistes, des informations pour des taxons qui ne sont parfois connus que d'une seule localité, voire d'un seul spécimen en France.

 

Dépasser la barre des 5 000 espèces avec au moins une observation validée dans la base est symbolique, parce qu'elle signifie que l'on entre dans le dernier carré ! Avec 5 640 espèces et plus de 330 sous-espèces connues à ce jour en France métropolitaine et en Corse, cela veut aussi dire que pour atteindre l'objectif de tendre vers l'exhaustivité que s'est fixé oreina, il reste encore du travail d'enquête, de saisie bibliographique et d'import de données historiques. Il faudra du temps et des recherches ciblées mais à tous, nous y arriverons !

 

En attendant de pouvoir disposer d'une donnée pour chaque taxon connu, la liste des Lépidoptères de France a été mise à jour. Elle est consultable et téléchargeable à tout moment ici : 

 

 

Et pour connaître l'état d'avancement de la connaissance taxonomique sur le portail Artemisiae, nous vous invitons à consulter cette page : 

 

 

[Image] Capture d'écran au 07/05/2022 18:22

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Les sciences participatives, un outil pédagogique à développer

Les sciences participatives, un outil pédagogique à développer | Insect Archive | Scoop.it
Si elles intègrent peu à peu l’enseignement scientifique, les sciences et recherches participatives devraient être mieux adaptées aux objectifs pédagogiques.

 

Bastien Castagneyrol

Chercheur en écologie, Inrae

28 octobre 2021

 

"Science et société dialoguent en continu. Les chercheurs qui « font la science » sont aussi des citoyens, de même que les citoyens « lambda » ne sont pas pour autant dénués de savoirs à même de contribuer à la fabrique de la science. Si cette interaction entre science institutionnelle et citoyens a toujours existé, elle est aujourd’hui mise en lumière à travers les sciences et recherches participatives (SRP).

 

Celles-ci sont définies comme des « formes de production de connaissances scientifiques auxquelles des acteurs non scientifiques professionnels, qu’il s’agisse d’individus ou de groupes, participent de façon active et délibérée ».

 

Particulièrement florissantes dans le domaine de l’écologie et des sciences de l’environnement, elles apparaissent comme une façon de co-construire les savoirs. Mais elles constituent également un formidable outil de dialogue entre la science et la société, et un outil pédagogique encore sous-exploité pour l’enseignement scientifique.

 

L’enseignement des sciences à l’école revêt une triple dimension : disciplinaire, épistémologique et sociale. Les élèves doivent acquérir des savoirs, comprendre comment ils se sont construits et s’approprier ces connaissances pour agir en citoyens dans leur vie de tous les jours.

 

La pleine exploitation des SRP pour l’enseignement scientifique se heurte alors à une difficulté majeure : faire coïncider les objectifs de la recherche scientifique et ceux de l’enseignement des sciences dans toutes ses dimensions. La tâche est d’autant plus complexe que les approches de SRP sont encore peu connues des enseignants, alors que les programmes les invitent à les utiliser.

 

Les SRP à la frontière entre science et recherche

Une distinction fondamentale doit être opérée entre la science et la recherche. La science est un ensemble de savoirs et de connaissances sur lequel l’ensemble de la communauté scientifique s’accorde. La recherche, c’est la science en train de se faire : les savoirs émergent et évoluent rapidement, leurs contours se précisent, mais ils ne sont pas encore stabilisés. Faire comprendre cette distinction entre « ce que je sais que je sais » (la science) et « ce que je sais que je ne sais pas encore » (la recherche) est aussi essentiel que délicat.

 

Or, à l’école, les SRP se situent justement à la frontière entre science et recherche : l’enseignant transpose et enseigne les savoirs savants sur lesquels se fondent les hypothèses de la recherche, en même temps que les élèves participent à cette dernière, sans pour autant que les savoirs qui en sont issus ne leur soient enseignés.

 

Un outil encore sous-exploité

Nous avons mené un travail d’enquête auprès de 13 enseignants participant avec leur classe au projet « Tree bodyguards ».

Ce projet de science participative au niveau européen implique un réseau de classes et de scientifiques dans l’étude de la résistance des arbres aux attaques d’insectes herbivores en lien avec le climat et les changements globaux. Les élèves sont impliqués dans la récolte de données et de matériel biologique, lesquels sont transmis aux chercheurs, qui les analysent. Les données sont collectées selon un protocole standard, détaillé, développé par les chercheurs.

 

Pour la majorité des enseignants interrogés, le protocole de recueil de données écrit par les scientifiques est devenu la séquence d’enseignement en tant que telle, sans qu’il y ait eu de mise en contexte ou de problématisation. Pour les enseignants, l’objectif était de faire participer les élèves à un authentique projet de recherche scientifique, mais pas d’acquérir des connaissances en écologie ou de contextualiser les apprentissages.

 

Autrement dit, les dimensions disciplinaires et sociales de l’enseignement scientifique s’étaient effacées face à la dimension épistémologique. Il n’y avait pas de construction de connaissances sur les relations trophiques (mangeur mangé) dans les écosystèmes ou les conséquences des changements globaux sur ces relations.

Pour les chercheurs et les profs, un défi exigeant

Il y a bien sûr un fort enjeu éducatif et social à expliquer le fonctionnement de la recherche et l’on ne peut que se réjouir que les sciences et recherches participatives y participent, en favorisant les interactions entre le monde de la recherche et celui de l’enseignement.

 

Mais c’est sous-exploiter leur potentiel. La responsabilité n’en revient pas uniquement aux enseignants, elle est aussi partagée par les chercheurs pilotant les projets de SRP mis en œuvre en milieu scolaire.

 

Pour qu’ils soient mis en œuvre avec succès en milieu scolaire, c’est-à-dire pour que les élèves contribuent à la production de données utilisables pour construire de nouveaux savoirs scientifiques, il est impératif que les protocoles de SRP soient adaptés aux compétences des élèves à un niveau donné, alignés avec le calendrier scolaire et intégrés aux programmes scolaires.

 

C’est par exemple le cas des différents projets du programme Vigie nature école. En proposant des activités clés en main aux enseignants pour le suivi de la biodiversité à partir de protocoles rigoureux (dimension épistémologique), ils permettent de faire acquérir des connaissances naturalistes aux élèves (dimension disciplinaire), tout en contribuant à les sensibiliser à leur environnement (dimension sociale).

 

Or, avoir été élève un jour ne donne pas les clés pour comprendre ce qu’est le métier d’enseignant, ses objectifs, ses contraintes. Seuls, les chercheurs peuvent avoir des difficultés à satisfaire ces exigences.

 

Il ne faut pas non plus sous-estimer la diversité des compétences implicites que doivent mobiliser les enseignants eux-mêmes pour participer aux projets de SRP. Il peut s’agir d’un minimum de connaissances naturalistes ou d’agilité avec les outils numériques. Elles peuvent constituer un frein, une autocensure, pour de nombreux enseignants.

 

Le rôle facilitateur des maisons pour la science

Ces réflexions écrivent un rôle essentiel pour un troisième acteur des SRP à l’école à l’interface entre les chercheurs et les enseignants, celui de la formation initiale et continue des enseignants.

 

Le travail mené avec les enseignants ayant participé avec leurs classes au projet ,Tree bodyguards a clairement mis en avant le rôle des maisons pour la science comme « intermédiaires facilitateurs ». Le réseau des maisons pour la science a été mis en place par la fondation La main à la pâte.

 

Les Maisons sont implantées dans les universités et font le lien entre le monde de la recherche et celui de l’enseignement. Elles ont pour mission de promouvoir les démarches d’investigations scientifiques auprès des enseignants au travers d’une offre de formation continue assurée conjointement par des pédagogues et des chercheurs.

 

Pour les enseignants comme pour les chercheurs, il s’agit d’avoir un interlocuteur privilégié capable d’appréhender à la fois les objectifs des projets de SRP en matière de production de connaissances scientifiques et d’apprentissages.

 

Nous faisons le pari que les SRP à l’école sont promises à un bel avenir sous réserve que les projets évoluent d’un mode contributif vers un mode plus collaboratif, fondé sur la co-construction des objectifs (même s’ils diffèrent selon les acteurs) et des méthodes de la recherche et de la transmission des savoirs. Et nous espérons bien gagner ce pari !"

 

[Image] Tree bodyguards est un projet de science participative à l’échelle européenne qui implique un réseau de classes et de scientifiques dans l’étude de la résistance des arbres aux attaques d’insectes herbivores. Nathalie Andriamamonjy, Fourni par l'auteur

 

Bernadette Cassel's insight:

 

À (re)lire :

 

→ Effets du climat sur les interactions entre arbres, insectes et prédateurs - De www.inrae.fr - 22 février, 19:17

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Outils de télédétection et bases de données pour enquêter sur l’environnement – Global Investigative Journalism Network

Outils de télédétection et bases de données pour enquêter sur l’environnement – Global Investigative Journalism Network | Insect Archive | Scoop.it

"... Parmi les ressources que nous proposons dans ce document, certaines ont été présentées dans le cadre d’un webinaire organisé par l’association Environmental Investigative Forum (EIF), un consortium de journalistes international à but non lucratif. D’autres ressources ont été dévoilées durant une seconde interview avec Alexandre Brutelle, un reporter indépendant également directeur d’EIF."

 

Par Rowan Philp • 27 juin 2022


"Outre une tendance croissante à la collaboration, déclare Brutelle, les perspectives sont excellentes pour ce qui est des enquêtes sur l’environnement, grâce à la disponibilité de l’imagerie spatiale et d’outils d’analyse de données de systèmes d’information géographique (SIG), de bases de données établies comme Global Forest Watch, et au partage de données provenant d’enquêtes récentes. Il cite en exemple l’archive #WildEye de crimes contre l’environnement constamment actualisée qui est publiée par le média d’investigation africain innovant Oxpeckers. Les reporters peuvent utiliser ses données sélectionnées pour suivre les affaires judiciaires, les saisies d’actifs et les arrestations liées à des opérations illégales de commerce écoresponsable, qu’il s’agisse des exportations de bois de Myanmar ou du trafic illégal d’espèces sauvages en Inde.

“C’est un bon exemple d’outil très performant pour les journalistes qui enquêtent sur l’environnement, et les données proposées ont dépassé leur frontière d’origine en Afrique du Sud pour couvrir non seulement l’Asie, l’Europe, mais le monde entier”, déclare Brutelle.

Il ajoute que, depuis son inscription en France en 2020 en tant qu’organisation à but non lucratif, et malgré un budget limité, EIF compte désormais 60 membres, y compris des reporters et des experts en datalogie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, aux Balkans, aux États-Unis et en Europe.

“L’objectif d’EIF est de connecter les journalistes et les experts”, ajoute-t-il. “Nous souhaitons devenir un consortium mondial qui encourage les nouveaux outils et initiatives en matière d’enquête sur l’environnement.

 

Bases de données internationales pour vérifier les antécédents des sites menacés

Il suffit d’explorer EJAtlas pour avoir de nouvelles idées d’enquêtes. — Alexandre Brutelle

Lorsqu’on commence à enquêter sur une menace environnementale spécifique, qu’il s’agisse d’une nouvelle mine ou d’un déversement toxique, il est essentiel d’avoir rapidement accès aux règles de conservation de ce site, aux informations sur les enjeux environnementaux, sur l’historique de gestion du site et sur les préoccupations verbalisées par la communauté locale. Brutelle indique que les trois bases de données mondiales suivantes apportent rapidement des réponses à bon nombre de ces questions et en soulèvent d’autres.

 

DOPA Explorer : “DOPA est un outil relativement simple, mais extrêmement utile. C’est un catalogue facile à utiliser de zones protégées dans le monde entier, y compris tous les types de zones humides, de réserves ornithologiques, de sites Ramsar [zones humides] et de réserves de l’UNESCO”, ajoute Brutelle. “Quand j’entends parler, par exemple, de nouvelles opérations initiées par des sociétés minières occidentales dans un pays africain, mon premier réflexe est d’en déterminer les coordonnées pour vérifier si ces opérations n’ont pas lieu dans des zones protégées signalées par les données de DOPA.” Produit par le Centre commun de recherche de la Commission européenne, non seulement DOPA (Digital Observatory for Protected Areas, Observatoire numérique pour les aires protégées) indique aux reporters les lieux sur la carte dont l’environnement est protégé par la loi, mais il place également ces règles en contexte en communiquant des détails sur les écosystèmes et espèces vulnérables dans la région. “L’observatoire est si utile qu’il propose également des informations sur d’autres problèmes de conservation dans les régions que vous observez, qu’elles abritent des espèces menacées ou des animaux sur liste rouge”, ajoute-t-il."

(...)

 

[Image] Des données de SkyTruth sur le torchage de gaz ont récemment été exploitées dans le cadre d’une enquête sur des projets de forage “non conventionnels” dans le sud de la Tunisie. Image : Capture d’écran

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Consultation Nationale Étudiante 2023 "Écologie, solidarités : l’enseignement supérieur face aux attentes étudiantes"

Consultation Nationale Étudiante 2023 "Écologie, solidarités : l’enseignement supérieur face aux attentes étudiantes" | Insect Archive | Scoop.it
La Consultation Nationale Etudiante est une grande enquête, lancée par le RESES, qui mêle monde étudiant et enjeux environnementaux.

 

CNE2023 – RESES

"Les chiffres de la CNE 2023 révèlent une population étudiante qui est de plus en plus politisée et qui demande l’engagement des institutions. 57% des étudiant·es s’identifient comme écologistes, et pour 4 sur 5 d’entre elle.eux, l’État est le principal acteur qui doit piloter en priorité la transition écologique. Ces chiffres marquent une vraie rupture avec l’écologie “des petits pas” souvent mise en avant dans les discours médiatiques et politiques.

 

Malgré cela, les étudiant·es ne se sentent pas pris en compte dans les décisions politiques (77% d’entre elle.eux). La population étudiante est également une population qui se précarise et dont l’amélioration des conditions de vie est la clé de l’engagement.

Les étudiant·es sont ainsi soumis à de fortes contraintes matérielles et économiques qui les préviennent de changer d’habitudes de consommation et de s’engager librement malgré une volonté marquée. Leurs attentes vis-à -vis des établissements et des campus sont concrètes et en accord avec leur engagement écologique. Iels attendent ainsi la rénovation énergétique de leur campus (44%) et une meilleure prise en compte de la transition écologique par les points de restauration de leurs campus. Iels considèrent aussi la formation comme un levier clé de sensibilisation."

 

  • L’infographie


91% des étudiant·es estiment que leur campus n’agit pas suffisamment pour la transition écologique

 

69% des étudiant·es souhaitent être mieux formé·es aux enjeux écologiques et solidaires

 

77% des étudiant·es estiment que les intérêts de la population étudiante ne sont pas suffisamment pris en compte dans les décisions politiques

 

 

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L’élevage des abeilles mélipones sur l’île de Cuba : une enquête ethnozoologique réalisée dans la plaine du río Mayabeque et la forêt de la Sierra del Rosario (2014)

L’élevage des abeilles mélipones sur l’île de Cuba : une enquête ethnozoologique réalisée dans la plaine du río Mayabeque et la forêt de la Sierra del Rosario (2014) | Insect Archive | Scoop.it
Introduction Plus de 20 000 espèces d’abeille ont été répertoriées dans le monde. Elles sont les représentantes de plusieurs familles d’Apoïdes qui toutes se nourrissent de nectar et de pollen, et ...

 

Samuel Perichon Le Rouzic, Walberto Lóriga Peña et Jorge Demedio Lorenzo

Études caribéennes [En ligne], 27-28 | Avril-Août 2014, mis en ligne le 15 août 2014

 

"En Amérique centrale, l’élevage des abeilles sans dard est une pratique vieille d’au moins deux millénaires, qui a connu son apogée à la fin de l’ère maya. Les Méliponinés, sous-famille à laquelle appartiennent ces abeilles, rassemblent près de 500 espèces distribuées pour l’essentiel en zone intertropicale. La plupart d’entre elles nichent dans des cavités d’arbres secs ou sous terre, et affectionnent les forêts ombrophiles où elles assurent un rôle actif dans la pollinisation des plantes sauvages. Sur l’île de Cuba, une seule espèce de méliponinés (Melipona beecheii) est présente, elle a probablement été introduite durant l’époque précolombienne à partir de souches génétiques originaires de la péninsule du Yucatán. Dans les campagnes autour de La Havane, les abeilles mélipones continuent d’être un vecteur de socialisation, car leur domestication correspond souvent à une tradition familiale et parce que les bénéficiaires des produits de la ruche sont des familiers du méliponiculteur. En forêt, en revanche, le miel donne davantage lieu à des pratiques de cueillette. Depuis une vingtaine d’années, la prise de conscience du rôle de l’abeille dans le fonctionnement des écosystèmes et la valeur des services qu’elles seraient susceptibles de rendre à l’agriculture sont à l’origine d’une évolution rapide des représentations sociales associées à l’insecte. Cette évolution contribue à diversifier les profils des éleveurs, à détacher les pratiques du poids des traditions d’élevage ou de cueillette, et à concevoir la méliponiculture comme une activité de loisir voire à envisager son intégration dans une logique marchande."

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Usbek & Rica - Le climat est-il en train d’éclipser les autres enjeux environnementaux ?

Usbek & Rica - Le climat est-il en train d’éclipser les autres enjeux environnementaux ? | Insect Archive | Scoop.it
ENQUÊTE - La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et le dérèglement climatique qu’elles provoquent est désormais placée au centre du jeu politique. Mais les autres enjeux environnementaux - préservation de la biodiversité et des ressources en eau, régénération des sols… - semblent quant à eux relégués au second plan. Comment l’expliquer ? Est-il encore possible de corriger ce déséquilibre ? 

 

Pablo Maillé
- 3 November 2021
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Crise et transition écologiques : quels impacts sur le travail ? | Unedic.fr

Crise et transition écologiques : quels impacts sur le travail ? | Unedic.fr | Insect Archive | Scoop.it
Le premier volet de l’enquête « Le travail en transitions », réalisé par l’institut Elabe pour l’Unédic, livre un éclairage inédit sur le rapport des actifs à la question du dérèglement climatique.
 
 
04 avril 2023
Par Unédic
 

 

"Forêts ravagées par les flammes, canicules suffocantes, orages dévastateurs, hiver trop sec… Ces derniers mois, les événements climatiques extrêmes ont percuté le quotidien des Français avec brutalité. Cette actualité parfois dramatique, propice aux prises de conscience, n’est pourtant qu’un accélérateur dans ce que Laurence Bedeau, associée au sein de l’institut Elabe, qualifie sans détour de « révolution de l’opinion » face au dérèglement climatique. « Depuis plusieurs décennies dans notre pays, l’écologie était la cause de préoccupation et d’engagement d’une partie plus militante de la population, un sujet conjoncturel et ponctuel dans le cadre d’accidents écologiques, tels que la catastrophe de l’“Erika”, qui provoquaient une inquiétude. Au bout de quelques jours, quelques semaines parfois, cette inquiétude refluait. Les choses ont commencé à évoluer en 2008-2009, sous la conjonction des discours de lanceurs d’alerte comme Al Gore et de catastrophes climatiques lointaines mais qui commençaient à se multiplier dans le monde. Et, il y a cinq à six ans, la préoccupation est devenue majoritaire, de façon constante », explique-t-elle.

 

Avec l’enquête « Le travail en transitions », l’Unédic entend mettre en lumière la manière dont les grandes transformations du monde du travail sont perçues par les actifs. Le premier volet, dont les résultats sont publiés ici, analyse le rapport de l’opinion au changement climatique, sous deux prismes : personnel et professionnel. Réalisée par Elabe, cette étude confirme que la préoccupation est ultra-majoritaire : 85% des actifs se déclarent préoccupés par le changement climatique et la situation de l’environnement. Plus d’un sur cinq se déclare même « anxieux, angoissé par l’avenir ». « Ces personnes se posent des questions existentielles. Pour elles, l’inquiétude s’est mue en une peur qui peut être paralysante », constate Laurence Bedeau."

 

[...]

 

"L'engagement écologique est désormais un déterminant de la relation à l'employeur"

"Pour les employeurs, un enjeu d’attractivité émerge. L’enquête montre en effet que 7 salariés sur 10 jugent qu’un engagement actif de leur entreprise en faveur de la protection de l’environnement les inciterait à y rester durablement. Pour 44%, des pratiques allant à l’encontre de la transition écologique pourraient être un motif de départ. Le schéma se répète dans la perspective de recrutements : 62% des actifs voient dans l’engagement écologique d’une entreprise un motif qui les inciterait à y postuler. Pour 48%, l’absence d’engagement actif serait un repoussoir. Laurence Bedeau relève que « toutes les catégories de population, quel que soit le critère que vous considérez, s’accordent sur le fait que la transition écologique est désormais un déterminant de la relation à un employeur ». Preuve que, comme d’autres aspects de l’activité humaine, le monde du travail est lui aussi déjà bousculé par le changement climatique."

(...)

 

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Choisir une filière scientifique : l’importance des « role models » pour les lycéennes

Choisir une filière scientifique : l’importance des « role models » pour les lycéennes | Insect Archive | Scoop.it
À partir du lycée, nombreuses sont les jeunes filles qui se détournent des filières scientifiques. Leur permettre de dialoguer avec des ingénieures et chercheuses peut-il modifier leurs choix ?

 

Publié: 26 février 2023, 12:11 EST

Marion Monnet

Maitresse de conférence en économie, Université de Bourgogne – UBFC

 

L’égalité entre les femmes et les hommes a été déclarée grande cause nationale par le président de la République. Réaliser les conditions de cette égalité commence dès le plus jeune âge, à l’école, comme le rappelle l’article L121-1 du Code de l’éducation qui stipule que « Les écoles, les collèges, les lycées et les établissements d’enseignement supérieur […] contribuent à favoriser la mixité et l’égalité entre les hommes et les femmes, notamment en matière d’orientation ». Or les chiffres montrent que nous sommes encore loin du compte en la matière.

 

Après le collège, premier temps fort dans l’orientation des élèves, les filles s’orientent pour la plupart vers la voie générale et technologique (71 %), quand seulement un peu plus de la moitié des garçons optent pour cette voie (57 %), l’autre moitié se dirigeant vers la voie professionnelle. C’est ensuite au lycée que les jeunes filles commencent à se détourner massivement des sciences dites « dures » (mathématiques et sciences de l’ingénieur) et du numérique, quand les garçons se détournent eux des filières plus littéraires.

 

À la rentrée 2021, les filles ne représentent, par exemple, que 40 % des effectifs de l’enseignement de spécialité de mathématiques et seulement 13 % des effectifs de sciences de l’ingénieur et du numérique. Ces choix d’enseignements de spécialités préfigurent très largement l’orientation post-bac des élèves, où les filles ne constituent que 17 % des effectifs d’étudiants en mathématiques, ingénierie et informatique.

 

Or le simple fait que filles et garçons ne fassent pas les mêmes choix d’orientation, et notamment le fait que les filles soient sous-représentées au sein de certaines filières scientifiques, explique entre un tiers et un quart des écarts de rémunérations entre les femmes et les hommes sur le marché du travail.

 

Le poids des stéréotypes de genre

Si les causes de ce désintérêt des filles pour les filières scientifiques sont multiples, le poids des normes sociales et des stéréotypes de genre est aujourd’hui reconnu par la communauté scientifique comme l’une des causes principales des inégalités d’orientation entre les filles et les garçons.

 

Dans une enquête réalisée auprès de 8 500 lycéens d’Île-de-France, nous montrons que la prévalence des stéréotypes de genre demeure élevée : entre 20 % et 30 % des filles et des garçons de notre échantillon sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle les hommes seraient naturellement plus doués en mathématiques que les femmes.

 

Contrecarrer l’influence de ces stéréotypes associés aux rôles masculins et féminins et promouvoir une image plus inclusive des filières scientifiques semble donc être un des premiers leviers à mobiliser pour favoriser des choix éducatifs moins genrés.

 

Une piste prometteuse pour y parvenir est de mettre les élèves au contact de role models féminins auxquels les jeunes filles puissent s’identifier. C’est ce que proposent diverses associations et programmes, à l’instar de « Elles bougent » ou encore « Femmes et maths ». Notre équipe de recherche a évalué l’impact de l’une de ces initiatives : le programme « For girls in science » porté par la fondation L’Oréal. Il consiste en des interventions dispensées par des femmes scientifiques en classes de seconde générale et de terminale scientifique, deux moments clés dans l’orientation des élèves.

 

L’objectif de cette heure d’échanges est double : déconstruire les stéréotypes associés à la présence de femmes en sciences et susciter l’intérêt des jeunes filles pour les filières scientifiques. L’évaluation de ce programme a été conduite dans 600 classes, réparties dans 98 lycées représentatifs des trois académies d’Île-de-France.

 

Afin de déterminer l’effet causal de l’intervention des femmes scientifiques sur les perceptions et sur les choix d’orientation des élèves, nous avons procédé à une évaluation par assignation aléatoire, qui consiste à tirer au sort la moitié des classes pour bénéficier de l’intervention (groupe « traité »), l’autre moitié servant de groupe de comparaison (groupe « témoin »).

 

Le tirage au sort garantit que les classes bénéficiant de la venue d’une femme scientifique sont en moyenne identiques aux classes témoins, puisqu’elles n’ont pas été choisies sur la base de caractéristiques spécifiques, comme une implication plus ou moins grande des enseignants dans le processus d’orientation, ou encore en fonction de la part plus ou moins élevée d’élèves projetant de faire des études scientifiques. Toute différence observée par la suite entre les classes traitées et témoins peut donc être interprétée comme l’effet direct de l’intervention.

 

Des représentations qui évoluent

Les résultats de notre étude montrent d’abord que l’intervention a eu des effets importants sur la manière dont les élèves se représentent les aptitudes des femmes et des hommes en sciences (Graphique 1). Parmi les élèves des classes traitées, la proportion se déclarant d’accord avec l’affirmation selon laquelle les hommes sont naturellement plus doués en mathématiques que les femmes, ou selon laquelle les cerveaux des hommes et des femmes sont différents diminue de 15 % à 23 % par rapport aux élèves des classes témoins.

 

L’intervention a par ailleurs rendu plus visible la sous-représentation des femmes en sciences, comme en témoigne la part d’élèves d’accord avec le fait qu’il y a plus d’hommes dans ce domaine qui augmente de 12 à 17 points de pourcentage. En revanche, un effet non anticipé du programme est qu’en mettant l’accent sur la sous-représentation des femmes en sciences, les interventions ont renforcé chez les élèves le sentiment que les femmes ont une moindre appétence pour les sciences et qu’elles sont discriminées dans les carrières scientifiques.

 

Graphique 1. Impact du programme sur la perception des différences de genre face aux sciences. Fourni par l'auteur

 

En suivant les élèves l’année après l’obtention de leur baccalauréat, nous montrons que, si le programme n’a en moyenne pas modifié les choix d’orientation des garçons ou des filles de seconde, il a néanmoins permis d’orienter une partie des filles de terminale scientifique vers des filières dans lesquelles elles sont largement sous-représentées. La proportion de filles inscrites en classe préparatoire scientifique passe ainsi de 11 % dans les classes témoins à 14,1 % dans les classes traitées, soit une augmentation de près de 30 %.

 

Dit autrement, cet effet est équivalent à avoir fait basculer une fille toutes les deux classes en classe préparatoire scientifique. Le graphique 2 montre que l’effet se concentre principalement sur les filles figurant parmi les 20 % les meilleures en mathématiques, avec une proportion d’inscrites en classe préparatoire scientifique passant de 28 % à 43 %.

 

Dans la toute dernière partie de notre étude, nous montrons que les intervenantes qui ont été les plus efficaces pour faire changer l’orientation des jeunes filles sont celles qui ont réussi à susciter l’intérêt des filles pour les métiers scientifiques. Celles ayant plus insisté sur la sous-représentation des femmes dans les métiers ne sont en moyenne pas parvenues à modifier les choix d’orientation.

 

Graphique 2. Impact du programme sur la probabilité de s’inscrire en classe préparatoire scientifique selon le niveau en mathématiques.

 

Bien que les interventions de role models féminins en milieu scolaire constituent une piste prometteuse pour susciter l’intérêt des jeunes filles pour les filières scientifiques, cela ne saurait suffire à résorber l’ampleur des inégalités d’orientation entre les filles et les garçons. Ce type d’intervention doit donc s’intégrer dans un ensemble plus large de mesures oeuvrant en faveur de l’égalité filles-garçons à l’école.

 

[Image] Des ingénieures rencontrent des lycéennes – Exemple d’actions menées par l’association Femmes et Mathématiques (France 3 Grand Est, 2022).

 

 

À lire aussi : Pourquoi l’égalité entre les sexes n’efface-t-elle pas les ségrégations dans les filières scientifiques ?

 

À lire aussi : Pourquoi les filles ont délaissé l’informatique

 

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Napel à ch'nille, la revue du Conservatoire botanique national de Franche-Comté – Observatoire régional des Invertébrés - n°9 - Janvier 2023

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Au sommaire de ce numéro 9

Dernières actualités

Retour sur...

Connaissances

  • L’inventaire permanent de la flore de Franche-Comté
  • Flora Vogesiaca : fin du programme interrégional sur la flore sauvage des Vosges

Conservation

  • Plan régional d’actions en faveur des papillons de jour
  • L’apollon prend de la hauteur
  • Contribution à la conservation ex situ d’espèces menacées et présentes sur le tracé LGV Rhin-Rhône

Espèces exotiques envahissantes

  • Des nouvelles du myriophylle hétérophylle, une plante aquatique envahissante en expansion rapide
  • Retour sur l'enquête participative Espèces exotiques envahissantes

Les dernières découvertes botaniques entomologiques et malacologiques

Partenariats

  • Végétal local
  • Suivi du pâturage des ENS du Doubs : des partenariats multiples

Sensibilisation

  • Programme de réintroduction de saxifrage œil-de-bouc : une année charnière
  • Papillons et agriculture : rencontres et formations

Publications récentes

 

 
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Comment distinguer information et communication : Fiche info du CLEMI, tous niveaux scolaires

Comment distinguer information et communication : Fiche info du CLEMI, tous niveaux scolaires | Insect Archive | Scoop.it
À la suite de l’industrie du tabac qui a développé une batterie de stratégies dans les années 1950, des pans entiers de l’industrie manipulent l’information scientifique dans le but de soutenir la vente de produits toxiques.

 

"Comment les lobbys industriels peuvent manipuler l'information scientifique"

Stéphane Horel, journaliste au Monde

 

Fiche info, parue dans le Dossier de la SPME 2020

 
 

"Ni  fraude, ni fabrication de données. Lorsqu’il s’agit de défendre leurs produits et leurs intérêts, certaines firmes utilisent des moyens très subtils pour manipuler l’information scientifique. Il peut s’agir, par exemple, de compagnies pétrolières semant le doute sur l’origine humaine des changements climatiques, de multinationales de la boisson détournant l’attention du sucre pour pointer le manque d’activité physique, ou encore de fabricants de pesticides attaquant les études documentant la nocivité de leurs best-sellers.

 

La production d’une matière scientifique sur mesure, vouée à défendre des intérêts commerciaux, passe essentiellement par deux circuits : des articles publiés dans des revues scientifiques d’une part, la production d’études de toxicité destinées aux autorités d’autre part. 

 

Des études publiées dans la revues scientifiques 

La plupart du temps, les études financées par une industrie ne comportent pas de résultats de recherche originaux. Il s’agit le plus souvent de critiquer les études indépendantes qui documentent les effets nocifs d’un produit ; l’objectif étant de créer l’impression d’un désaccord au sein de la communauté scientifique. Ces pseudo-controverses permettent ainsi aux firmes d’entretenir le doute et de retarder la prise de décision par les pouvoirs publics. C’est ce que l’on appelle la « manufacture du doute » (1).

 

Ce type de missions peut être confié par les industriels à des cabinets spécialisés, dits de « défense de produits », qui emploient des lobbyistes diplômés en toxicologie, en épidémiologie, etc. Mais ce rôle peut aussi revenir à des scientifiques issus du monde universitaire, en poste ou retraités, usant de leur réputation et de celle de leur institution pour vendre leurs services. À noter que ces activités sont parfaitement légales.

 

Ainsi, des universitaires signent parfois des articles auxquels ils ont contribué de façon très minimaliste. Cette pratique du ­« ­ghostwriting » (écriture fantôme) est répandue dans le secteur pharmaceutique (2). Mais en 2017, les « Monsanto papers » – des documents internes de la firme agrochimique rendus publics par décision de justice aux États-Unis – ont permis de constater que cette pratique était routinière au sein de la firme, voire dans le secteur dans son ensemble (3). À l’issue de ce processus de « sciencewashing », le matériau de défense de produit est intégré au corpus scientifique, où il peut faire illusion.

 

Le biais de financement

Mais l’influence des firmes s’exerce aussi via un deuxième circuit, officiel celui-là. Partout dans le monde, les agences réglementaires font reposer leur évaluation des produits chimiques sur les études de toxicité fournies par les fabricants, qui les ont commanditées. Protégées par le secret commercial, ces données ne sont jamais publiées dans les revues. Elles ne peuvent donc pas être soumises à une expertise indépendante.

 

Or, des recherches sur le « funding effect » (ou biais de financement) ont démontré que les études réalisées sous sponsor ont quatre à huit fois (90 pour le tabac) plus de chances de déboucher sur des conclusions favorables au produit du financeur qu’à celles effectuées sur fonds publics ou non commerciaux (4).

Cette capture des circuits de production du savoir se prolonge par une capture de l’information scientifique destinée au grand public. Les firmes et leurs cabinets de relations publiques sont présents sur le web et les réseaux sociaux, où ils tentent de convaincre l’opinion et influencer les pouvoirs publics. Pour défendre le glyphosate, l’ingrédient actif du Roundup, l’herbicide de Monsanto, le cabinet de lobbying Fleishman-Hillard a orchestré par exemple « Let Nothing Go » (ne rien laisser passer), une opération de contre-offensive consistant à répondre systématiquement aux mentions négatives du produit dans les médias ou les réseaux sociaux et les forums en ligne (5).

 

Ressources

  • Stéphane Foucart, « Changement climatique : le double discours
    d’Exxon Mobil », Le Monde, 24 août 2017
  • Stéphane Horel, « Enquête sur la science sous influence des millions de Coca-Cola », Le Monde, 8 mai 2019
  • Stéphane Horel, Lobbytomie, La Découverte, Paris, 2018
  • Stéphane Foucart, La Fabrique du mensonge, Denoël, Paris, 2013
  • Naomi Oreskes et Erik M. Conway, Les Marchands de doute, Le Pommier, Paris, 2012

 

1. David Michaels, Doubt is their Product. How Industry’s Assault on Science Threatens Your Health, Oxford University Press, Oxford, 2008.

2. Sergio Sismondo, « Ghost management : How much of the medical literature is shaped behind the scenes by the pharmaceutical industry ? », PloS Medicine, vol. 4, n°?9, septembre 2007, e286.

3. Stéphane Foucart, Stéphane Horel, « “Monsanto papers”, désinformation organisée autour du glyphosate », Le Monde, 4 octobre 2017

4. Andreas Lundh et al., « Industry sponsorship and research outcome », The Cochrane Library, février 2017.

5. Stéphane Foucart, Stéphane Horel, « Glyphosate : comment Monsanto mène sa guerre médiatique », Le Monde, 31 janvier 2019

Bernadette Cassel's insight:
 

Actualité en relation :

 

Réchauffement climatique : ExxonMobil disposait depuis les années 1970 de projections fiables - De www.lemonde.fr - Aujourd'hui, 16:54

 

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Quel rôle joue l’éducation dans les préoccupations environnementales ? - Cereq

Quel rôle joue l’éducation dans les préoccupations environnementales ? - Cereq | Insect Archive | Scoop.it

 Plusieurs études et rapports internationaux ont mis en valeur le rôle central de l’éducation dans la sensibilisation des populations à la préservation de l'environnement. L’enquête Génération 2013, intégrant un questionnaire ciblé sur le développement durable, permet d’apporter un nouvel éclairage. Ce Céreq Bref s’intéresse aux facteurs éducatifs, mais aussi socio-économiques et géographiques qui influent sur les préoccupations environnementales des jeunes. Au-delà du degré de sensibilisation, ce sont surtout les types de problématiques écologiques qui semblent différer selon le niveau de diplôme.  


Via PRN Sports de nature, DocBiodiv
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L’écologie, une terre de conflits

L’écologie, une terre de conflits | Insect Archive | Scoop.it

Par Nicolas Truong dans Le Monde - 03 juin 2022

 

 

Le combat contre la catastrophe climatique oppose de multiples courants de pensée divisés entre un environnementalisme réformiste et une écologie plus radicale. De son côté, l’extrême droite tente de conjuguer la préservation de la biodiversité avec la défense de l’identité ethnique.

 

Des milliers d’oiseaux étourdis par la chaleur qui tombent en pluie sur les terres craquelées de l’Inde et du Pakistan. Des saumons qui meurent brûlés par la température trop élevée d’un fleuve aux Etats-Unis. Un consortium d’experts intergouvernementaux sur le climat qui rappelle que l’humanité dispose d’un temps restreint afin de « garantir un avenir viable ». L’Ukraine meurtrie devenue l’épicentre d’un conflit global de l’énergie et d’une crise alimentaire mondiale. Le réchauffement climatique qui place les organismes aux limites de ce que peut supporter leur physiologie… L’écologie est assurément l’affaire du siècle, le grand combat d’aujourd’hui. Mais elle est aussi une source de conflits que l’urgence de la dévastation planétaire amplifie.

 

Au point que les appels à la « désertion » se multiplient. A l’image de ces jeunes ingénieurs d’AgroParisTech qui, le 30 avril, lors de la cérémonie de remise de leurs diplômes ont appelé à « bifurquer » et à refuser le « système ». Notamment celui de l’agro-industrie, qui mène une « guerre au vivant » et à la paysannerie. Une invitation à ne pas participer aux métiers qui les conduiront à « concevoir des plats préparés et ensuite des chimiothérapies pour soigner les maladies causées » ou encore à « compter des grenouilles et des papillons pour que les bétonneurs puissent les faire disparaître légalement ». Un mouvement qui rappelle et radicalise celui lancé en 2018 par le manifeste étudiant « Pour un réveil écologique ». Une volonté de faire sécession qui témoigne d’un « affect écologique universel » dont la jeunesse est traversée, observe le philosophe Dominique Bourg. A tel point que, selon une enquête mondiale sur l’écoanxiété menée dans dix pays du Nord comme du Sud, 75 % des 16-25 ans jugent le futur « effrayant » et 56 % estiment que « l’humanité est condamnée » (The Lancet Planetary Health, 2021).

 

Ces appels à « bifurquer », comme dit le philosophe Bernard Stiegler, c’est-à-dire à emprunter un autre chemin, parce que « notre modèle de développement est un modèle de destruction », et que « la véritable guerre mondiale », c’est « celle qui oppose notre genre tout entier à son environnement global », disait le philosophe Michel Serres, mettent en relief la nature du conflit entre deux écologies, assure Bruno Villalba, professeur de science politique à AgroParisTech et auteur de L’Ecologie politique en France (La Découverte, 128 pages, 10 euros). Une écologie « superficielle » et une écologie « profonde », que le philosophe norvégien Arne Næss (1912-2009) s’est attaché à distinguer dès 1973. « Superficielle », en raison de son inclination à proposer des solutions techniques afin de diminuer la pollution ou d’endiguer la surconsommation sans s’attaquer aux racines d’un productivisme axé sur une conception anthropocentrée du monde. « Profonde », parce qu’elle s’évertue à associer les formes de vie humaines et non humaines au sein d’une métaphysique écocentrée. Une philosophie de l’écologie qu’Arne Næss a baptisée « écosophie », terme repris par le philosophe et psychiatre Félix Guattari.

Gouvernement contre autonomie

Beaucoup d’intellectuels s’accordent en effet sur le constat d’une fracture entre une écologie « conciliatrice » avec le productivisme et une écologie « radicale » qui cherche à rompre avec lui, une opposition entre une écologie « correctrice » et une écologie « paradigmatique », poursuit Dominique Bourg, à savoir entre un environnementalisme qui présuppose une séparation ontologique entre l’homme et son environnement et une écologie qui prend acte de nos interdépendances avec le vivant. Une « écologie de gouvernement » et une « écologie de l’autonomie », résume le philosophe Antoine Chopot, auteur avec Léna Balaud de Nous ne sommes pas seuls (Seuil, 2021).

 

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Pour les philosophes Léna Balaud et Antoine Chopot, « l’écologie est porteuse d’une charge révolutionnaire »

 

Cette écologie correctrice est largement dominante. Elle repose sur le « développement durable », une idée forgée par le rapport de la commission Brundtland en 1987 afin de « répondre au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations à répondre au leur ». Elle s’articule notamment autour des notions de « transition » (des énergies fossiles vers les énergies renouvelables, telles que le solaire et l’éolien, afin de sortir de l’industrie du pétrole et du charbon), de « compensation » (comme la plantation d’arbres afin de compenser l’impact carbone d’un trajet en avion ou d’une construction en béton), de « résilience » (à l’image de ces territoires régénérés après une exposition à une industrialisation et une agriculture intensives) et de « soutenabilité » (qui tend à remplacer l’expression « développement durable »).

 

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Cette écologie correctrice, qui cherche à s’adapter à un monde limité, est notamment portée par l’ingénieur et conférencier Jean-Marc Jancovici, qui propose de « concilier sobriété et capitalisme » grâce à la « décarbonation effective de nos activités ». Alors que le premier quinquennat d’Emmanuel Macron « n’a en rien favorisé » ce qu’il appelle « l’inversion des critères de décision », à savoir que la lutte contre le changement climatique doit être « pilotée » par le changement de « logiciel » économique, The Shift Project, un laboratoire d’idées qu’il a cofondé, vient de proposer un Plan de transformation de l’économie française (Odile Jacob, 272 pages, 11,90 euros).

 

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Jean-Marc Jancovici : « Il n’y a pas d’échappatoire au problème climatique »

 

Afin de « mettre en place la gouvernance de la transition » qui réduirait la consommation de ces énergies fossiles qui ont « détraqué » le climat, et de sortir de la dépendance au pétrole – « le sang de la mondialisation » –, le collectif porté par Jean-Marc Jancovici propose pêle-mêle de « prioriser » les ressources en hydrogène produit par l’électrolyse, d’électrifier le parc automobile, d’étendre la cyclogistique (le transport de marchandises à vélo), de diminuer par trois la consommation de viande bovine, de mettre fin à la « déforestation importée » (provoquée par l’exportation de soja, de crevettes ou d’huile de palme) par l’étiquetage obligatoire sur tous les produits transformés, ou de prendre moins l’avion et davantage le train. Un plan « ni croissanciste, ni décroissanciste », tient-il à préciser.

 

Mais le recours aux solutions technologiques tout comme sa défense de l’énergie nucléaire qui, dit-il, « est la plus sûre pour les hommes, et la plus respectueuse de l’environnement », ne cesse de diviser. Cette écologie « conciliatrice » s’inscrit dans le cadre d’un Green Deal européen, ce Pacte vert qui est, selon la diplomate Laurence Tubiana, « le nouveau contrat social » contemporain au sein duquel il faut se préparer à « affronter le choc macroéconomique de l’action climatique », explique l’économiste Jean Pisani-Ferry dans Politiques de l’interrègne (Le Grand Continent. Gallimard, 320 pages, 21 euros). Sans être hostile à une écologie de gouvernement, à condition de « ne pas subordonner la transition écologique à la croissance économique », comme le fait selon lui la Commission européenne avec son Pacte vert, l’économiste Eloi Laurent propose, dans la revue Germinal (numéro 2, mai 2021), d’aller plus loin et de « sortir de la croissance », à l’instar de la Nouvelle-Zélande en matière de santé, affirme-t-il, afin de réaliser la « transition sociale-écologique ».

Domination industrielle de la nature

Mais les conflits fracturent aussi les partisans d’une écologie « sans transition », selon l’expression du collectif Désobéissance écolo Paris. Ainsi, Antoine Chopot relève qu’« une gauche anticapitaliste et léniniste en quête d’intégration d’une écologie longtemps restée hors de son champ d’attention » reproche aux nouveaux naturalistes de « pleurnicher le vivant », comme l’écrit l’économiste Frédéric Lordon. Et de se détourner de l’immuable combat de notre temps : « C’est le capitalisme qui détruit la planète, ça n’est qu’en détruisant le capitalisme qu’on sauvera la planète » (Figures du communisme, La Fabrique, 2021). Une gauche désarçonnée par l’apport conceptuel de la nouvelle écosophie, qui craint que l’écologique supplante l’économique, que la nature détrône la culture, que l’amour des oiseaux remplace le soutien aux prolétaires, que l’attention aux terres damées détourne celle pour les damnés de la Terre. Or, réplique Antoine Chopot, « on peut être anticapitaliste parce qu’on est sensible au monde sauvage, aux conditions de vie des vivants, à leur épanouissement, à leurs points de vue, et aux relations constitutives avec le reste des habitants ». Il convient non seulement de « politiser l’émerveillement » avec le philosophe Baptiste Morizot, mais aussi l’émoi et l’effroi que peut provoquer une coupe rase dans une hêtraie sauvage. « Ces affects ressentis face à la destruction du monde vivant sont aussi des portes d’entrée vers la politique, puisqu’ils peuvent nous faire remonter aux causes du ravage écologique », témoigne Antoine Chopot.

 

D’autre part, rien ne garantit que d’autres figures du communisme ou du socialisme préserveraient des ravages de l’extractivisme. C’est notamment ce qu’a mis en relief le philosophe Serge Audier : l’histoire de l’« hégémonie prométhéenne » occidentale montre que les syndicalistes révolutionnaires et les marxistes orthodoxes du siècle dernier envisageaient le socialisme comme « l’héritier dialectique du capitalisme » (L’Age productiviste, La Découverte, 2019). En résumé, « il se pourrait que la gauche ait été largement “hégémonisée” par l’imaginaire et la pratique du capitalisme industriel ».

 

Chez la plupart des marxistes, la domination industrielle de la nature reposerait sur une culture séparatiste et artificialiste semblable à celle des libéraux, même si la philosophe américaine Judith Butler considère, dans Deux lectures du jeune Marx (Les Editions sociales, 2019), qu’on a « largement exagéré l’idée selon laquelle, pour Marx, le travail est un acte de domination de la nature ». « La situation actuelle de transformation cataclysmique de la composition chimique de l’atmosphère, des sols et des océans, ce n’est pas une crise standard, ce n’est pas une contradiction ordinaire, interne, du capitalisme », prolonge le philosophe Pierre Charbonnier, auteur de Culture écologique (Presses Sciences Po, 344 pages, 19 euros). D’autant qu’« il n’y a pas que le capitalisme qui a accompagné le développement matériel, même s’il a évincé tous les autres systèmes. D’ailleurs, on peut tout à fait imaginer que le triomphe d’une révolution communiste mondiale au XXe siècle nous laisserait avec un “bilan carbone” encore pire que celui constaté aujourd’hui, tout simplement parce que ses performances productives et développementales auraient été bien meilleures ».

L’émergence d’une écologie décoloniale

Figure centrale de la révolution spartakiste dotée d’une sensibilité naturaliste, Rosa Luxemburg (1871-1919) avait déjà résolu ces contradictions dans ses Lettres de prison. Dans sa correspondance avec son amie Sophie Liebknecht, la militante de la IIe Internationale écrit : « Savez-vous que j’ai souvent l’impression de ne pas être vraiment un être humain, mais un oiseau ou un autre animal qui a pris forme humaine. Au fond, je me sens beaucoup plus chez moi dans un bout de jardin, comme ici, ou à la campagne, couchée dans l’herbe au milieu des bourdons, que dans un congrès du parti. » Inutile d’y voir une manière de déserter son combat prolétarien. « A vous je peux bien le dire, poursuit-elle, vous n’allez pas me soupçonner aussitôt de trahir le socialisme. Vous le savez, j’espère mourir malgré tout à mon poste, dans un combat de rue ou un pénitencier. » « Mais, écrit-elle encore, en mon for intérieur, je suis plus près de mes mésanges charbonnières que des “camarades”. » Affaire de sensibilité et non de sensiblerie. Question d’humanité et non de pleurnicherie.

 

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Bien avant les travaux de la biologiste Rachel Carson (1907-1964) qui ont révélé l’ampleur des méfaits, notamment sanitaires, des pesticides aux Etats-Unis dans Printemps silencieux (1962), Rosa Luxemburg dévore des ouvrages de sciences naturelles, de botanique ou de zoologie, et comprend pourquoi les « oiseaux chanteurs » disparaissent d’Allemagne : « Cela est dû à l’extension de la culture rationnelle – sylviculture, horticulture, agriculture – qui détruit peu à peu les endroits où ils nichent et se nourrissent : arbres creux, terres en friche, broussailles, feuilles fanées qui jonchent le sol. J’ai lu cela avec beaucoup de tristesse. » Son affliction n’est pas anthropocentrée : « Je n’ai pas tellement pensé au chant des oiseaux et à ce qu’il représente pour les hommes, mais je n’ai pu retenir mes larmes à l’idée d’une disparition silencieuse, irrémédiable de ces petites créatures sans défense. » Mais sa compassion s’élargit à l’ensemble des espèces et des peuples arraisonnés. « Je me suis souvenue d’un livre russe, du professeur Sieber, sur la disparition des Peaux-Rouges en Amérique du Nord que j’ai lu à Zurich : eux aussi sont peu à peu chassés de leur territoire par l’homme civilisé et sont condamnés à une mort silencieuse et cruelle. » Sans transformer ces lettres de prison en un traité d’émancipation écopolitique, on peut remarquer que Rosa Luxemburg établit une correspondance entre les différents types de dominations.

 

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Car tout est lié dans notre monde enchevêtré. C’est pourquoi se déploie depuis quelques années une écologie décoloniale critique envers un « colonialisme vert », dont la matrice est la plantation, mise en place depuis les débuts de la colonisation, comme l’a analysé l’ingénieur en environnement Malcom Ferdinand dans Une Ecologie décoloniale (Seuil, 2019), à l’aide du concept de « plantationocène » proposé par l’anthropologue Anna Tsing et la philosophe Donna Haraway. C’est ainsi que se sont également développés les écoféminismes, parfois critiqués en raison « des formes d’essentialisme » qui « [associent] les femmes à la nature » auxquelles certaines féministes, qui sont également écologistes, telle la théoricienne des gender studies Judith Butler, refusent de souscrire.

« Faire discuter les chasseurs et les végans »

La tentative de dépassement des oppositions convenues entre l’anticapitalisme écologique et les nouvelles humanités environnementales est en partie à l’œuvre, un peu à la manière dont la gauche intellectuelle et politique essaye de sortir de l’alternative rebattue entre le « social » et le « sociétal ». Un dépassement perceptible sur le plan théorique, notamment illustré par le philosophe Paul Guillibert, qui s’attache, dans Terre et Capital (Amsterdam, 2021), à « replacer le vivant au cœur d’une politique communiste » à condition que celle-ci soit capable de « refonder sa cosmologie sur un naturalisme renouvelé ». Un « communisme du vivant » présent dans tous les endroits « où l’on tente de suspendre l’exploitation de la nature et du travail au nom d’un usage vivant de la Terre », comme à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) en France ou à Standing Rock aux Etats-Unis, réserve amérindienne où les Lakotas se sont opposés à un projet de pipeline menaçant les ressources en eau.

 

Le dépassement entre écologie sociocentrée et écologie naturaliste, entre praticiens de l’agriculture paysanne et partisans de la libre évolution (ces terres rachetées par des particuliers ou des associations et soustraites à toute exploitation) s’opère aussi sur le terrain. C’est l’objet du collectif Reprise de terres, qui enquête notamment sur les conflits entre usages et protection des milieux (forêts, champs, zones humides, etc.) et montre qu’il est possible d’associer petit élevage et vie sauvage, production d’une alimentation de qualité et réensauvagement.

 

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Mais la volonté d’écologiser le monde au sein d’une politique terrestre n’est pas réductible au communalisme des zones à défendre (ZAD) ou aux archipels réensauvagés. A la manière de Léon Blum qui, au congrès de Tours (1920), voulait « garder la vieille maison » socialiste de la SFIO face à la scission communiste, le philosophe Bruno Latour, auteur d’un Mémo sur la nouvelle classe écologique avec Nikolaj Schultz (La Découverte, 94 pages, 14 euros), considère qu’« on ne peut ouvrir un front écologique sans culture du compromis, c’est-à-dire sans social-démocratie ». En effet, l’ambition de « maintenir les conditions d’habitabilité de la planète » nécessite de sceller de nouvelles « alliances géosociales » et oblige à « faire discuter ensemble les chasseurs et les végans, les entrepreneurs capitalistes et les anarchistes zadistes ». Les conflits entre la gauche et la droite, analyse-t-il, se sont construits autour des questions de production et se poursuivent aujourd’hui sur les questions d’habitabilité.

 

Il existe aussi une droite qui estime que l’écologie est intrinsèquement conservatrice, puisqu’elle vise à « conserver » la biosphère, mais également une extrême droite ancrée dans la mouvance écologiste, qui adosse son idéologie réactionnaire à la préservation de la Terre. « A force de dire que l’écologie est de gauche, comme le font certains militants, nous avons oublié que l’écologie politique a aussi des racines de droite, et à force d’isoler la pensée d’extrême droite, nous avons oublié les effets de contagion et d’emprunt », constate le politologue Stéphane François, qui a mené une enquête sur « l’écologie de l’extrême droite française » (Les Vert-Bruns, Le Bord de l’eau, 216 pages, 20 euros).

La voie de l’écorépublicanisme

« La protection de l’environnement est évidemment la vocation du conservatisme, qui n’est rien d’autre que la défense du foyer », estime ainsi le philosophe conservateur britannique Roger Scruton, se référant à l’étymologie du mot « écologie » – forgé sur le grec oikos (« maison », « habitat ») et logos (« discours », « raison ») –, cette science de l’habitat et de la maison inventée en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel. Les ambivalences du vocable, qui désigne à la fois l’étude des milieux naturels et un combat contre ce qui les détruit, conduiraient l’écologie à osciller entre progressisme et conservatisme. Mais aussi à « basculer du côté d’un antimodernisme réactionnaire, contre-révolutionnaire et anti-Lumières », que l’essor de la droite radicale est venu « confirmer et accentuer » ces dernières années, affirme Stéphane François.

 

Tout d’abord, les extrêmes droites ont « une conception organiciste » de la communauté, ce qui les conduit à souhaiter que les groupes ethnoculturels préservent leurs particularismes du métissage et de l’indifférenciation. Cette dénonciation de l’« idéologie du même » portée par Alain de Benoist, le théoricien de la nouvelle droite, est un « ethno-différentialisme » : les peuples et la diversité des cultures doivent être protégés « d’un système général d’homogénéisation planétaire », affirme Alain de Benoist. Cet ethno-différentialisme reposerait sur ce que l’essayiste Hervé Juvin, l’expert en écologie du Rassemblement national et chroniqueur de la revue Eléments, appelle l’« écologie des civilisations » (La Grande Séparation, Gallimard, 2013).

 

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Stéphane François : « L’écologie est devenue un enjeu de l’extrême droite occidentale depuis les années 2000 »

 

Les adeptes de la révolution conservatrice s’attachent à combattre une mondialisation qui détruirait aussi bien l’ethnodiversité que la biodiversité. C’est en cela que « l’écologie d’extrême droite est fondamentalement une écologie des populations », écrit Stéphane François. L’écologie néodroitière repose également sur le localisme, le néopaganisme et l’anti-universalisme. Sans oublier une certaine conception de l’« écologie intégrale », peut-être moins présente qu’auparavant, qui s’oppose aux OGM comme à la PMA au nom de la résistance à l’artificialisation du vivant. Mais, en intégrant la question écologique, l’ethno-différentialisme s’est progressivement doublé de ce que l’on pourrait appeler un « éco-différentialisme », remarque le philosophe Pierre Madelin dans son article « La tentation écofasciste : migrations et écologie », dans la revue en ligne Terrestres, à savoir un « anti-immigrationnisme vert » qui cherche à articuler écologie et immigration. En tout cas, rappelle-t-il, Marine Le Pen soutient qu’il faut protéger « les écosystèmes, à commencer par les écosystèmes humains que sont les nations », et Hervé Juvin assure que l’homme doit « défendre son biotope » face aux « espèces invasives ». Puisque la protection de l’environnement et la maîtrise de l’immigration font partie des principales préoccupations des citoyens, « l’extrême droite ne pourra parvenir au pouvoir qu’à condition d’articuler de façon cohérente le rejet de l’immigration et le souci de l’environnement », analyse Pierre Madelin. Mais le terrorisme identitaire a déjà radicalisé cette jonction.

 

« Je me considère comme un écofasciste », avait écrit Brenton Tarrant, qui tua, le 15 mars 2019, à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, cinquante et une personnes et en blessa quarante-neuf dans plusieurs mosquées. L’immigration et le réchauffement climatique sont « deux faces du même problème, notait-il dans un manifeste. L’environnement est détruit par la surpopulation, et nous, les Européens, sommes les seuls qui ne contribuent pas à la surpopulation. (…) Il faut tuer les envahisseurs, tuer la surpopulation, et ainsi sauver l’environnement ». L’écofascisme est une menace bien réelle. Et la « porosité » entre une écologie progressiste et une autre conservatrice « existe bel et bien », insiste Stéphane François, notamment autour de « la défense d’un mode de vie préindustriel et enraciné ». Mais « il est inutile d’essentialiser cette convergence entre les écologies », tempère Pierre Madelin : « Ce n’est pas parce que l’extrême droite se réclame aujourd’hui de la démocratie que celle-ci est d’extrême droite. »

 

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Ecofascisme : comment l’extrême droite en ligne s’est réappropriée les questions climatiques

 

L’écologie, combien de divisions ? Autant qu’il y a de façons d’écologiser la politique et de politiser l’écologie. Parmi les tentatives de résoudre ces conflits, l’« écorépublicanisme » de Serge Audier est une voie originale et peu empruntée. Portée par une nouvelle philosophie politique destinée à affronter le défi climatique, elle se présente comme une forme de républicanisme civique capable de « dépasser son anthropocentrisme dogmatique » (La Cité écologique, La Découverte, 2020). Un écorépublicanisme qui « sera cosmopolitique ou ne sera pas », assure Serge Audier, et bien éloigné du nationalisme en tout cas, car « l’écologie politique dans un seul pays a encore moins de cohérence que le socialisme dans un seul pays ». Mais beaucoup préfèrent politiser l’écologie à partir des concepts d’« habitabilité » et de « condition terrestre ». Serge Audier estime d’ailleurs qu’« il importe que l’écologie devienne l’enjeu de controverses et de luttes politiques autour du sens même de la société présente et future ». Celles-ci ne manquent pas. Des controverses qui sont en train d’inventer, sur le terrain des idées mais aussi des idéaux incarnés, une nouvelle politique de la nature.

 

Nicolas Truong

 

Crédit photo : CHRISTELLE ENAULT

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Rachel Carson, pionnière de l’écologie politique et « première grande lanceuse d’alerte »

Rachel Carson, pionnière de l’écologie politique et « première grande lanceuse d’alerte » | Insect Archive | Scoop.it
« Printemps silencieux », l’enquête de cette biologiste américaine sur les ravages des pesticides, est réédité en France, plus de 50 ans après sa parution.

 

Par Valentine Faure

Publié le 26 mai 2022 à 00h34 - Mis à jour le 27 mai 2022
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[PDF] Napel à Ch'nille N°8, avec un zoom sur... Les ronces et l’agrile de la ronce

[PDF] Napel à Ch'nille N°8, avec un zoom sur... Les ronces et l’agrile de la ronce | Insect Archive | Scoop.it
Numéro 8 - Janvier 2022La revue du Conservatoire botanique national de Franche-Comté – Observatoire régional des Invertébrés (ISSN : 2491-1895).

 

via Dernières découvertes, projets et actus du Conservatoire botanique national de Franche-Comté – Observatoire régional des Invertébrés, 15.12.2021

 

 

Au sommaire de ce numéro 8

Zoom sur... Les ronces et l’agrile de la ronce

Actualités

  • L’équipe support évolue
  • Le guide « Espèces sauvages et hybrides interspécifiques du genre Vitis » reçoit le prix de l’OIV 2021
  • Nos associations se regroupent dans un portail documentaire commun et accessible en ligne

Coup d'oeil dans le rétro

  • Le travail du Groupe d’étude des papillons de nuit de Franche-Comté s’intensifie

Connaissances

  • Rubus : un genre complexe et méconnu de la flore de France

Des découvertes à la pelle

  • Sciuro-hypnum flotowianum, nouvelle mousse pour le Doubs
  • Une nouvelle population de saxifrage œil-de-bouc sur le site des Pontets
  • Malacologie : Découvertes en conditions abyssales
  • Publication de la liste rouge des mollusques continentaux
  • de France métropolitaine
  • Une « petite » nouvelle en Franche- Comté : l’orchis géant
  • Des nouvelles de l’anémone des Alpes en Franche-Comté

Expertises et partenariats

  • Utilisation des lichens comme bio-indicateurs de la qualité de l’air

La boîte à conserv'

  • Étude de deux espèces végétales menacées liées aux prairies humides : la stellaire des marais et la nivéole d'été
  • Agir pour protéger le fadet des tourbières et l’azuré des paluds

Espèces exotiques envahissantes

  • Myriophyllum heterophyllum, une nouvelle plante aquatique envahissante pour la Franche-Comté

Sensibilisation

  • Une chanson pour la déesse précieuse
  • Les opérations de sciences participatives se poursuivent...
  • Coup de « boost » pour l’enquête plantes printanières en 2021
  • Des supports pour sensibiliser et encourager le dialogue
  • Se rapprocher du monde agricole

Publications

  • Les Nouvelles Archives de la flore jurassienne et du nord-est de la France : zoom sur la bryologie comtoise
  • La biodiversité de la Grandvallière : une richesse à protéger
  • Les végétations de Franche-Comté

Biblio

  • Bientôt : l'atlas des libellules de Bourgogne-Franche-Comté

 

 

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