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March 8, 2017 9:56 PM
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#Qatar - #Russie : une lune de miel énergétique à l’ombre de la crise de #Syrie  - Bouger les lignes #énérgie #gaz

#Qatar - #Russie : une lune de miel énergétique à l’ombre de la crise de #Syrie  - Bouger les lignes #énérgie #gaz | Infos en français | Scoop.it

L'émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, et le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine.
ublié le 26 février 2017 par Caroline Galactéros 

 

l est parfois des couples improbables et discrets qui se forment à l’abri du tumulte du monde, sur la base d'intérêts tactiques bien compris voire de long terme. Ainsi en va -t-il de la Russie et du Qatar. L’idylle est aujourd’hui de nature d’abord énergétique, mais pourrait toucher demain l’industrie et la coopération militaires. A première vue, tout donne l’impression que la Russie sépare de manière étanche sa politique économique de sa politique diplomatique, dans la mesure où le Qatar et la Russie sont officiellement opposés sur le dossier syrien (le Qatar soutenant les Frères musulmans en Syrie, notamment le groupe Ahrar Al-Sham, quand la Russie défend mordicus le régime syrien alaouite, membre de l’axe chiite). Le présent article tend à montrer la complexité et les nuances qui viennent tempérer cette doxa et démontrent qu’il n’y a pas de réel hiatus entre la politique économique et la politique étrangère de Moscou mais une manœuvre stratégique fort habile, qui voit et vise loin.

Rosneft, Novatek, accord de coopération militaire … une corbeille de la mariée richement dotée

Quelques points de chronologie d’abord. Le 20 février, l’ambassadeur de Russie au Qatar, Nurmakhmad Kholov, a annoncé à l’agence russe Tass que « le Qatar investissait près de 2 milliards de dollars dans les activités de l’entreprise russe Novatek, plus important producteur indépendant de gaz de Russie ». Kholov a précisé que « la Russie et le Qatar ont réussi ces trois dernières années à obtenir de bons résultats en matière d’économie et d’échanges commerciaux grâce au travail conjoint de la commission intergouvernementale pour le commerce, l’économie, la science et la coopération technique » entre les deux pays. Avant de conclure : « Le Qatar exprime un grand intérêt pour les produits agricoles russes ainsi que pour les projets russes en matière de pétrochimie et de sources énergétiques, autant que dans le domaine de la construction ».

Ceci est dans la droite ligne de la privatisation du géant public russe du pétrole, Rosneft, qui a eu lieu au début du mois de décembre dernier. L’Etat russe qui possédait 50% de Rosneft, première entreprise pétrolière mondiale, en a cédé 19,5% du capital au fonds d’investissement Glencore ainsi qu’au fonds souverain du Qatar (dans une proportion que l’on ignore) pour un montant de 10,5 milliards de dollars, qui doivent servir au renflouement du budget russe via l’entreprise publique Rosneftegaz. Précisons que le Qatar est lui-même majoritaire au sein du fonds Glencore.

Précisions enfin, pour illustrer cette « lune de miel » qu’au delà de l'énergie, un embryon de coopération militaire existe entre les deux pays. Le 6 septembre 2016, Moscou et Doha ont en effet signé un accord militaire après une visite du ministre qatari de la Défense, Khalid bin Mohammad Al Attiyah à son homologue russe Sergueï Choïgou, lors du Forum international militaire et technique de Moscou « ARMÉE-2016 ». Cet accord faisait suite à la rencontre, en mai de la même année, du vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov avec l’émir Tamim ben Hamad al-Thanin. « Nous avons signé un accord de coopération militaire avec la Russie, mais il ne comprend pas l’achat d’armes », a indiqué Saoud Bin Abdallah al-Mahmoud, Ambassadeur du Qatar à Moscou. Comme l’explique le site Opex360, « s’agissant d’éventuels contrats d’armement, rien n’est fermé du côté de Doha, le diplomate ayant assuré que son gouvernement examinerait cette ‘possibilité’ ». Dans ce nouveau contexte marqué par les progrès en matière de coopération énergétique, il n’est pas à exclure que des armes russes soient vendues au Qatar dans les deux ans, d’autant plus qu’elles ont, au grand dam de Doha, démontré toute leur efficacité en Syrie et que Moscou engrange déjà de précieux contrats d’armement dans la région (nous ferons un point d’ici peu sur ces contrats tous azimuts).

Une vieille discorde entre la Russie et le Qatar, aggravée par la crise syrienne

Le passif entre Moscou et Doha est pourtant ancien. La Tchétchénie fut un premier motif de discorde. Au commencement de la décennie 2000, le Tchétchène Zelimkhan Iandarbiev, alors au Qatar, était accusé par la Russie de financer des rebelles tchétchènes liés à Al-Qaïda et d’avoir participé à l’organisation de la prise d’otages dans un théâtre moscovite en octobre 2002 qui s’était soldée par 129 morts. Mais Doha a refusé à la Russie son extradition. En février 2004, toujours en exil à Doha, Zelimkhan Iandarbiev trépassa après qu’une bombe placée dans sa voiture eut explosé. Comme l’explique le site Opex360, « les services russes (SVR et GRU) furent accusés d’avoir commis cet assassinat, qui sera, plus tard, à l’origine de la première loi anti-terroriste adoptée par l’Emirat. En tout cas, deux suspects de nationalité russe appartenant effectivement au GRU furent interpellés et jugés à Doha pour assassinat et trafic d’armes. Après avoir été torturés selon Moscou, les deux hommes furent condamnés à la prison à vie, avant d’être finalement transférés en Russie pour y accomplir leur peine. On y a perdu leur trace ».

La relation russo-quatarie se dégrade brutalement dès le début de la Guerre civile syrienne en 2011. Alors que la Russie joue des circonstances pour consolider son alliance avec le régime syrien (pour ne pas laisser les mains libres à Téhéran), et vole ouvertement à son secours en septembre 2015 en intervenant militairement (une première pour Moscou depuis l’invasion de l’Afghanistan en 1979), le Qatar, proche des Frères musulmans, est en fait dès le début de la Guerre syrienne à la manœuvre pour faire tomber le régime de Bachar al-Assad et installer, en coopération avec les Turcs – eux aussi très liés aux Frères musulmans – et en concurrence avec les wahhabites d’Arabie Saoudite, un régime sunnite à Damas sous la forme d’un “Etat islamique”. Les Frères musulmans financent et arment les rebelles syriens (moins le Front al-Nosra, émanation wahhabite d’Al-Qaïda, qu’Ahrar al-Sham et la coalition du Front islamique, dominés par les Frères musulmans et parrainés par Doha et Ankara).

En 2012, alors que les Occidentaux pensent que le régime de Bachar al-Assad va tomber en quelques semaines, le ministre qatari des Affaires étrangères Hamed Ibn Jassem aurait déclaré à l’ambassadeur russe auprès des Nations Unies : « Je vous mets en garde contre toute utilisation du veto sur la crise en Syrie; la Russie doit approuver la résolution, sinon elle perdra tous les pays arabes ». Mais l’intéressé, Vitali Tchourkine, qui vient de décéder brutalement, aurait alors rétorqué au Qatari : « Si vous me reparliez sur ce ton de nouveau, il n’y aurait plus une chose qui s’appelle le Qatar » avant de lancer directement au Premier ministre du Qatar : « Vous êtes ici au Conseil de sécurité en tant qu’invité, respectez-vous et reprenez votre taille initiale, d’ailleurs je ne m’adresserai plus à vous, je parle au nom de la grande Russie, et qu’avec les Grands ». Ces propos peu diplomatiques ont été bien sûr démentis par la Fédération de Russie, mais ils illustrent bien les certitudes de l’époque : les puissances sunnites du Moyen-Orient, fortes de leurs soutiens occidentaux, pensent alors réellement pouvoir parvenir à leurs fins en profitant des « Printemps arabes » pour écarter le très gênant Assad tandis que les Russes, cherchant à rattraper l’humiliation endurée en Libye - où ils n’ont pu empêcher les Occidentaux d’outrepasser leur mandat initial pour provoquer la chute du régime libyen et la fin terrifiante du Colonel Kadhafi -, se promettent alors de ne plus rien céder aux Occidentaux ou à leurs alliés du Golfe, tant sur le terrain diplomatique, en dégainant leur veto au Conseil de Sécurité que sur le terrain militaire, en volant directement à la rescousse d’Al-Assad dans sa guerre contre-insurrectionnelle l’opposant aux « rebelles » syriens.

Sur fond de crise syrienne, mais aussi de guerre du pétrole et du gaz, il faut donc convenir qu’aujourd’hui, en concluant ces accords avec Moscou, le Qatar, à l’instar de la Turquie l’été dernier, prend acte de la domination stratégique russe sur la région et « va à Canossa », tandis que Moscou consolide son approche diplomatique éminemment pragmatique et basée sur du « win-win » consistant à parler à tous - même à ses adversaires voire à ses ennemis - et à trouver avec chacun des bases d'accord diversifiées permettant d’exercer un effet de levier sur d’autres partenaires-concurrents (en l’espèce sur Téhéran qui ne peut que s’inquiéter fortement de l’actuel rapprochement Moscou-Doha)

La prophétie qatarie, partagée à l’époque par bien des analystes occidentaux – « vous allez voir, en protégeant Bachar al-Assad, les Russes vont se mettre à dos tous les pays de la région, particulièrement les puissances sunnites, et ils s’enliseront en Syrie comme les Soviétiques (ou les Américains…) en Afghanistan » – ne s’est pas révélée exacte. Contrairement à la France, qui, seule contre tous, semble encore vouloir pousser en Syrie les rebelles contre le régime – il faut lire la passionnante enquête de Georges Malbrunot du Figaro sur ce point –, les Qataris, comme les Turcs, ont pris acte de leur échec pour déstabiliser le régime de Bachar al-Assad et souhaitent désormais exercer leur influence autrement sur la région. Si le processus d’Astana n’a pas encore porté ses fruits politiques, il y a fort à parier que les Turcs, mais aussi les puissances du Golfe, font tout pour disposer en Syrie d’une zone d’influence qui comporte la région d’Idleb (aujourd’hui aux mains des rebelles, essentiellement djihadistes) mais aussi la région de l’extrême Nord du pays, symbolisée par la ville d’Al-Bab, récemment reprise à l’Etat islamique, où l’Armée turque aidée des rebelles syriens occupe, dans le cadre de l’opération « Bouclier de l’Euphrate », un espace stratégique et pourrait souhaiter s’étendre plus au sud vers Raqqa, moins au détriment du régime syrien (les Russes n’accepteraient pas) qu’au détriment des Kurdes du PYD, qui servent encore une fois, dans l’histoire du Levant, de variable d’ajustement régionale à l’usage des Russes comme des Américains... Une telle influence sunnite en Syrie ne gênerait d’ailleurs pas Moscou qui, contrairement à Damas ou Téhéran, ne souhaite pas un contrôle unitaire de l’ensemble de la Syrie. La Russie pourrait se satisfaire d’une solution fédérale avec une Syrie utile alaouite protégeant les intérêts stratégiques russes (base navale de Tartous et aérienne de Hmeimim).

Pour comprendre les raisonnements russe, turc et qatari, il faut s’intéresser aux enjeux gaziers et pétroliers. Non que la Syrie soit un producteur important d’hydrocarbures. Les réserves onshore au Nord et à l’Est du pays n’ont rien d’exceptionnel. Quant aux possibles réserves off-shore, elles se situent au large de Lattaquié, sous contrôle des Alaouites : les sociétés russes placent déjà leurs pions pour les exploiter ultérieurement. L’enjeu est moins dans la production d’hydrocarbures que dans le transport d’hydrocarbures des riches régions du Moyen-Orient (Iran, Qatar, Arabie Saoudite) vers l’Europe. Pour le dire en une phrase, les puissances sunnites, en s’alliant aux Occidentaux, pensaient pouvoir doubler les Russes dans l’approvisionnement en hydrocarbures du Sud de l’Europe avec la Turquie servant de « hub » énergétique à cette opération d’envergure. Une Syrie sous contrôle sunnite aurait facilité un tel projet… et introduit une sévère concurrence pour les Russes sur le marché européen des hydrocarbures. Mais ce rêve sunnite a vécu. Le 9 août dernier, le président turc Recep Erdogan qui, pour asseoir son pouvoir autocratique, a besoin de l’influence russe pour contrebalancer celle des Américains, est lui aussi « allé à Canossa » en rencontrant Poutine à Saint-Pétersbourg (cf. l’excellente analyse de Jean-François Colosimo dans une interview au Figaro). Le lendemain, Vladimir Poutine se rendait à Istanbul et les deux présidents relançaient le projet de gazoduc « Turkish Stream », qui permet aux Russes de passer par la Turquie (et de contourner l’Ukraine !) pour vendre du gaz à l’Europe via le sud du continent. En investissant dans Rosneft et dans Novatek, les Qataris comprennent à leur tour qu’ils ne peuvent avoir sérieusement accès au marché européen sans l’aval de Moscou. Une aubaine financière pour le président russe friant de l’argent qatari pour assainir ses finances publiques et réduire le déficit public du pays (même si la dette publique russe n’atteint que 20% du PIB quand la nôtre frôle les 100%...).

Je prends la liberté de citer longuement le Général (2S) Jean-Bernard Pinatel qui résume parfaitement, dans Atlantico, la nouvelle donne géostratégique : « Trois pays – la Russie, l’Iran et le Qatar – possèdent 50% des réserves mondiales de gaz naturel. Les trois sont désormais alliés économiquement et stratégiquement, ce qui marque l’échec de la stratégie de l’Union européenne de diversification de ses sources d’approvisionnement de gaz naturel inspirée et voulue par les Etats-Unis et l’Otan. En effet, la Russie est déjà le premier fournisseur de l’Union européenne avec 40% des importations, qui représentent 20% de la consommation totale de gaz de l'Union européenne. Compte tenu de la hausse de la consommation dans l'Union européenne et de l'épuisement du gisement gazier en Mer du Nord, cette dépendance énergétique de l'UE vis-à-vis de la Russie devrait fortement s'accroître dans les prochaines années. La Commission européenne estimait en effet que, d'ici 2040, 70% des besoins énergétiques de l’UE devraient être assurés par les importations, contre 50% aujourd'hui. Cette dépendance était inacceptable pour les stratèges américains pour lesquels la création d’une Eurasie annoncerait la fin de leur suprématie mondiale et l’arrivée d’un troisième grand acteur sur la scène mondiale qui perturberait leur tête-à-tête d’adversaire-partenaire avec la Chine. Pour les stratèges américains et les atlantistes européens, le Qatar, avec 24300 milliards de m3 de réserves prouvées qui lui assurent 154 ans de production au rythme actuel, était la solution. A condition toutefois de construire un gazoduc, car la liquéfaction et le transport en bateau via le détroit d’Ormuz et le canal de Suez rendaient le gaz qatari non concurrentiel avec le gaz russe. Selon des informations du journal libanais Al-Akhbar publiées en 2012, les Qataris avaient établi un plan, approuvé par l’administration Obama et l’UE visant à construire un gazoduc vers l’Europe via la Syrie. Ce gazoduc terrestre aurait traversé l’Arabie Saoudite, puis la Jordanie, en évitant l’Irak pour arriver à Homs en Syrie, d’où il aurait bifurqué dans trois directions : Lattaquié sur la côte syrienne, Tripoli au nord du Liban, et une troisième branche via la Turquie vers l’Europe. Mais Bachar El-Assad refusait d’autoriser ce transit ».

J’avais moi-même publié un article dans la Revue des Affaires sur les enjeux énergétiques de la Guerre de Syrie. Ce que j’entrevoyais commence de se réaliser et nous voyons les prémisses d’une politique énergétique moyen-orientale directement pilotée par Moscou. Alors qu’avant 2011, deux projets de gazoducs entraient en concurrence – un “tracé chiite” permettant d’exporter le gaz iranien via la Syrie et un “gazoduc sunnite” permettant d’exporter le gaz qatari via la Turquie – la Russie a joué un jeu à la fois ferme (via ses Soukhoï...) et souple (en ne fermant pas la voie d’une influence sunnite dans une future Syrie fédérale) de sorte à devenir le pivot central et l’honest broker du Levant pour que le gaz tant iranien que qatari transite vers l’Europe sans déposséder Moscou via le futur gazoduc russo-turc Turkish Stream, la Syrie marquant dans ce périple gazier une étape essentielle.

La Russie, acteur régional et global de coordination et de médiation.

Quid de la suite ? Tandis que la Guerre de Syrie commence de se stabiliser avec une zone chiite formée par la Syrie utile et une percée vers l’Est à Deir Ezzor, une zone sunnite et une zone kurde servant de levier à l’influence croisée américano-russe, des compromis politiques pourraient être trouvés peu à peu à Astana où les véritables négociations de paix devraient supplanter celles de Genève sur le fond du dossier. Dans le même temps, une coordination des différents acteurs régionaux (Iran, Turquie, Qatar, Arabie Saoudite) se matérialise sous les auspices de la Russie qui, négocie parallèlement son action à un niveau supérieur de gouvernance avec les Etats-Unis, eux-mêmes désireux de conserver leur « leadership from behind » - en matière de non-interventionnisme, Trump pourrait paradoxalement agir en continuité avec la politique de B. Obama -, et avec la Chine qui, elle, devrait jouer à l’avenir un rôle essentiel au Moyen-Orient via son projet de « Nouvelle route de la Soie ». Un projet pharaonique qui constitue l’armature de ce que je nommerai le « pivot vers l’Ouest » chinois en miroir du « pivot vers l’Est » américain.

En-deça de de ce “grand jeu” stratégique, les yeux du tacticien Poutine se tournent vers la Libye où la Russie déploie discrètement son jeu diplomatique et là encore énergétique. Alors que le désormais Maréchal Haftar, maître de la Cyrénaïque et concurrent du soi-disant « gouvernement d’Union nationale » qui règne sur la Tripolitaine, a pu faire main-basse sur les installations pétrolières du Golfe de Syrte, on apprend que Rosneft passera un accord avec la National Oil Corporation libyenne dont le PDG, Mustafa Sanalla, a rencontré Igor Sechin, son homologue de Rosneft, à Londres lors de la Conférence internationale de l’énergie le 20 février dernier. Un “signal faible” intéressant dont je vous conterai les tenants et les aboutissants prévisibles d’ici peu…

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November 1, 2016 5:11 PM
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Audio RTS 55 mn : Entre #Qatar et #ArabieSaoudite - itw de #GabrielMalika , auteur du roman "Qatarina"

Audio RTS 55 mn : Entre #Qatar et #ArabieSaoudite - itw de #GabrielMalika , auteur du roman "Qatarina" | Infos en français | Scoop.it

Audio RTS 55 mn : Entre #Qatar et #ArabieSaoudite - itw de #GabrielMalika , auteur du roman "Qatarina"

Qarabie en 2022: la coupe du monde de hole-ball se prépare tout comme une exposition à la gloire de la culture qarabienne. Un professeur d’art américain et une responsable du ministère du Tourisme qarabien se retrouvent plongés au cœur d’un jeu dangereux dont ils ne maîtrisent pas les règles. Pure fiction?

"Qatarina" est le second roman de Gabriel Malika qui a vécu plusieurs années au Quatar, l’occasion de découvrir cepays qui fait beaucoup parler de lui.

Une interview de Martine Galland
Rediffusion du 20.04.2015

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September 27, 2012 10:35 AM
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MATIÈRES PREMIÈRES «Glenstrata», un poker à 80 milliards #megamineria #glencore #xstrata #suisse #tonyblair #quatar

Valère Gogniat pour le Journal "Le Temps" le 27 septembre 2012

 

Le décor, d’abord: la nuit du 6 septembre, dans l’un des salons aux plafonds voûtés du Claridge’s – un cinq étoiles du centre de Londres. Les joueurs, ensuite: le milliardaire zougois Ivan Glasenberg, l’ex-chef du gouvernement britannique Tony Blair, le premier ministre du Qatar, le cheikh Hamad bin Jassim al-Thani, et une poignée de banquiers. L’enjeu de cette partie de poker: la naissance d’un mastodonte de 80 milliards de francs de capitalisation boursière (deux fois celle d’UBS), de 219 milliards de chiffre d’affaires annuel (deux fois celui de Nestlé) et d’environ 130 000 employés.

«Après environ deux heures de discussion détendue», selon une personne présente ce soir-là, le verdict est tombé aux premières heures de l’aube. Mûrie depuis des mois en secret sous le nom de code «Everest», la fusion de l’année entre l’entreprise d’Ivan Glasenberg, Glencore, et Xstrata, un conglomérat minier détenu à 12% par les Qataris, revient de loin. Et le 1er octobre, une nouvelle étape pourrait ouvrir la voie à un accord définitif. «On est là sur un coup exceptionnel», assure Christophe Wilhelm, avocat spécialisé dans le droit des sociétés à l’étude FBT Avocats à Lausanne. «C’est le monde des matières premières. Ces hommes sont des joueurs de poker, prêts à faire rater la transaction s’ils estiment possible de gagner plus.»

«C’est la plus grande entreprise la moins connue au monde», aiment dire les observateurs au sujet de Glencore: l’acronyme, dit-on parfois, de «Global Energy Commodities and Resources». Impossible de trouver un stylo ou une publicité marqués du nom du groupe. A l’exception de son quartier général de Baar (ZG) où la moquette, comme les chocolats servis avec le café, sont estampillés Glencore. Les ONG lui reprochent depuis des années son opacité et ses manquements sociaux. «Le respect des standards internationaux en matière de droits humains n’est pas encore pris au sérieux par Glencore, affirme Chantal Peyer, de Pain pour le prochain. En République démocratique du Congo, une enquête a révélé des problèmes de pollution d’eau. En Zambie, la firme a été accusée d’avoir gravement souillé la nappe phréatique. En Colombie, de collusion avec les paramilitaires, etc.» Le groupe récuse systématiquement ces accusations.

A Londres, lors de ce poker à 80 milliards, Tony Blair joue le croupier. La presse britannique assure qu’il aurait touché près de 1 million de dollars pour distribuer les cartes (d’autres sources évoquent un montant bien moindre). Fin connaisseur des pays du Golfe, il est également l’un des habitués du Forum économique de Davos. Le travailliste de 59 ans, qui a quitté Downing Street en juin 2007, a été engagé par la banque JP Morgan Chase en janvier 2008 en tant que «conseiller sur les questions internationales». Mais ce poste à la banque – bien qu’elle soit l’une des quatre qui conseillent Xstrata pour cette fusion – n’est pas la raison de sa présence. Ce soir, il vient animer la partie, qui promet d’être tendue.

D’un côté du tapis vert est assis Ivan Glasenberg, 55 ans, patron de Glencore. L’arrivée de son groupe, réputé pour sa discrétion, sur les marchés de Londres et de Hong­kong en mai 2011 a levé une partie du voile sur ses activités: 4,06 milliards de dollars de bénéfices en 2011 pour 186 milliards de chiffre d’affaires, 50 bureaux dans une quarantaine de pays, en bonne place parmi les premiers fournisseurs mondiaux de pétrole, de charbon, de sucre… Le titan zougois possède sa flotte de vaisseaux (2,5 fois plus que n’en compte la Royal Navy), des dizaines de fonderies, des installations portuaires disséminées sur tous les continents, etc. Les analystes estimaient que l’un des objectifs de son entrée en bourse était d’acquérir les liquidités suffisantes pour s’offrir de nouveaux actifs… Comme par exemple le conglomérat Xstrata.

Pas si simple. Face à Ivan Glasenberg, le cheikh Hamad bin Jassim al-Thani, 53 ans, premier ministre du Qatar, est venu brouiller les cartes. Le fonds souverain du petit pays du Golfe (Qatar Holding) est l’un des bras de la Qatar Investment Authority, qui gère 100 milliards de dollars d’actifs. Deuxième actionnaire de Xstrata (après Glencore), il «voit les mérites de la combinaison des deux compagnies», mais estime alors que les termes du contrat ne sont pas adéquats. Glencore propose à chaque détenteur d’une action de Xstrata 2,8 actions de l’entité fusionnée. Les Qataris jugent qu’un ratio de 3,25 «fournirait une distribution plus appropriée des bénéfices de la fusion». Comme la structure de la proposition de Glencore implique que seuls 16,48% des actionnaires suffisent pour bloquer le vote, ce membre de la famille princière du Qatar possède avec ses titres un confortable tas de jetons devant lui. En sept mois, ce pays grand comme deux cantons des Grisons a progressivement augmenté ses parts dans Xstrata, dépensant au total plus de 5 milliards de dollars pour en détenir aujour­d’hui 12%.

A lire l’histoire des deux groupes, on comprend que le poker était censé se jouer en famille. Au vu des liens étroits entre Glencore et ­Xstrata (dont les quartiers généraux sont distants de seulement 2,9 km le long de l’Industriestrasse qui relie Baar à Zoug), l’annonce, en février 2012, de la «fusion d’égal à égal» n’a surpris personne. Xstrata, la «petite sœur» de Glencore dirigée par Michael «Big Mick» Davis, est née Südelektra en 1926. Cette société suisse avait déjà été investie par Glencore en 1990 pour y adjoindre d’autres filiales, notamment les sociétés Rhoex et Vantech. Baptisé Xstrata en 1999, le groupe prendra le large pour se développer dans l’industrie minière.

En 2002, Ivan Glasenberg vend certaines mines de charbon à ­Xstrata et lui laisse les coudées franches pour épaissir son portefeuille. En dix ans, 35 milliards de dollars seront dépensés en acquisitions minières, sous l’œil du grand frère Glencore, qui conserve 34% du groupe. Présent dans 20 pays – des Philippines à l’Argentine en passant par la Tanzanie – Xstrata est aujourd’hui le premier exportateur de charbon thermique et le numéro un des alliages ferrochromes. Grâce à de nombreux accords, la majorité de ses cargaisons est commercialisée par… Glencore.

Mais les liens ne sont pas seulement commerciaux: Ivan Glasenberg et Michael Davis se connaissent depuis leurs années à l’Université sud-africaine de Wit­watersrand tandis que les présidents des conseils d’administration – les septuagénaires Simon Murray et Sir John Bond – ont partagé la table du CA de Vodafone entre 2007 et 2010.

Début février, le jour de l’annonce de la possible fusion, les titres des deux groupes bondissent d’environ 10%. Les économies tirées de la rationalisation entre extraction et livraison permettraient de dégager «entre 250 et 700 millions de dollars de profit additionnel», selon des analystes de Credit Suisse. D’autres tempèrent la liesse: «Glenstrata contrôlerait la production et les prix des matières premières. Cette entreprise aurait la masse critique pour imposer ses prix», s’inquiète l’avocat vaudois Christophe Wilhelm.

Xstrata a «depuis longtemps reconnu la logique stratégique d’un rapprochement [avec Glencore], assure Sir John Bond, dans une lettre aux actionnaires fin mai 2012. Un [rapprochement] a été discuté formellement et informellement à de nombreuses occasions». Tout en détaillant la structure organisationnelle de l’entité à naître, celui qui a passé quarante-cinq ans au service de HSBC considère les termes de la fusion «justes et raisonnables». Les actionnaires sont d’un autre avis.

Certains détails en froissent plus d’un. Ainsi, le patron de la nouvelle entité, Big Mick, recevra près de 30 millions de dollars de salaire en trois ans pour rester à la tête du groupe. «C’est beaucoup trop, rouspètent des investisseurs dans la presse londonienne. Xstrata devrait porter moins d’attention à son directeur général et davantage à ses actionnaires.»

Alors que les observateurs estimaient que les joueurs laisseraient Glencore et Xstrata s’arranger en ­famille, la partie se corse. Xstrata dont, selon notre source, «aucun membre n’était présent» lors de la réunion secrète à Londres, a quitté le tapis. A l’inverse, ses actionnaires se multiplient pour faire grimper la mise. En plus des Qataris qui se manifestent contre les termes de la ­fusion dès le 26 juin, le fonds d’investissement norvégien NBIM, Schroders Plc, et d’autres ont demandé une augmentation des conditions financières offertes par Glencore. Le 3 juillet, le fonds d’investissement Knight Vinke annonce se rallier à l’opposition. La fusion peut être bloquée. Sous pression, Xstrata doit reporter une première assemblée générale. Chez Glencore, pourtant coté en bourse depuis 2011, les actionnaires sont plus dociles: il faut dire que la majorité du capital est entre les mains du patron et de ses lieutenants.

Jusqu’à la dernière mise, Ivan Glasenberg a refusé de plier, martelant que son offre était «généreuse» et donc qu’il n’y en aurait pas d’autres. «Les Qataris et Glasenberg ont joué à celui qui clignera des yeux le premier», ont imagé les observateurs du duel. Les dollars se sont empilés sur la table sans qu’aucun des joueurs ne craque… jusqu’au moment où, dos au mur, Ivan Glasenberg a abattu ses cartes.

Au lendemain de la partie de poker, au casino-théâtre de Zoug, le spectacle offert par les présidents des conseils d’administration laisse les actionnaires stupéfaits: l’assemblée de Xstrata est retardée d’une vingtaine de minutes, durant lesquelles une poignée de directeurs marmonnent sur la scène, sans que personne ne comprenne ce qu’il se passe. Les AG des deux groupes – censées voter sur la fameuse fusion – sont coup sur coup ajournées pour cause «d’événements survenus durant la nuit».

Et les annonces finissent par tomber. Le fameux ratio d’échange de titres est revu à la hausse. Une action Xstrata vaudra désormais 3,05 titres «Glenstrata». Ivan Glasenberg «s’est aligné» et payera davantage. Mais avec un joker dans la manche: contrairement à ce qui était initialement prévu, Big Mick ne pilotera l’entité fusionnée que durant les six premiers mois. Par la suite, c’est Ivan Glasenberg qui prendra les rênes du nouveau mastodonte. «En tant qu’actionnaire principal et patron du nouveau groupe, les profits qu’il dégagera lui permettront d’oublier le supplément qu’il doit payer aujourd’hui», estime un banquier au fait des négociations. Plus personne n’est dupe: la «fusion d’égal à égal» prend désormais un visage de rachat hostile.

Lundi, la direction de Xstrata a annoncé qu’elle validerait ou non cette nouvelle offre le 1er octobre. Pour l’heure, le Qatar reste dans l’ombre, jouant la montre en attendant le verdict de Xstrata. Grâce à Tony Blair, un nouvel empire minier est peut-être appelé à naître. Officiellement, il sera baptisé Glencore Xstrata International. Mais peu importe son nom: il n’y aura toujours pas de stylo ou de publicité qui le portera.

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February 21, 2017 12:24 AM
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L' #EtatIslamique (O. Hanne, T. Flichy de la Neuville) - Note de lecture par #MichelDrac - 33 mn #Daech #EI

L' #EtatIslamique (O. Hanne, T. Flichy de la Neuville) - Note de lecture par #MichelDrac - 33 mn #Daech #EI #israel #Iran #arabiesaoudite #qatar #Syrie #Irak #Turquie #Terrorisme #Djihad #Djihadisme

 

Une note de lecture sur "L'Etat islamique, anatomie du nouveau Califat", de MM. Hanne et Flichy de la Neuville

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May 19, 2016 12:27 PM
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Audio 22 mn RTS : interview Saïda Keller-Messahli, présidente du Forum pour un #islam progressiste - #Suisse

Audio 22 mn RTS : interview Saïda Keller-Messahli, présidente du Forum pour un #islam progressiste - #Suisse | Infos en français | Scoop.it

Audio 22 mn RTS : interview Saïda Keller-Messahli, présidente du Forum pour un #islam progressiste - #Suisse

...

et il y est beaucoup question de la forte intrusion, notamment économique, du Qatar, de l'Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis ..à écouter calmement

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