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#MBS, version édulcorée : comment les #médias occidentaux étouffent la violence du prince héritier d' #ArabieSaoudite - #SaudiArabia

Source : Middle East Eye, Gregory Shupak, 23-11-2017

L’accueil favorable réservé par les commentateurs occidentaux à Mohammed ben Salmane passe sous silence la brutalité du gouvernement saoudien à l’intérieur des frontières du royaume comme à l’étranger

a couverture trompeuse des mesures récentes prises par le gouvernement saoudien a été généralisée. Les commentaires sur la purge lancée par le prince héritier Mohammed ben Salmane et ses initiatives contre le Liban et l’Iran ont eu tendance à brouiller la répression intérieure, le sectarisme et le bellicisme de l’État saoudien, tout en obscurcissant le rôle des États-Unis et de ses alliés dans les mesures saoudiennes.

Un large pan de la couverture médiatique est caractérisé par la dissimulation de l’horreur infligée par l’Arabie saoudite, les États-Unis, le Royaume-Uni et leurs partenaires dans leur guerre au Yémen

Une grande partie de la couverture propage l’idée selon laquelle les mesures prises par le prince Mohammed ben Salmane sont des efforts nécessaires, bien que peut-être durs, pour faire évoluer l’Arabie saoudite. Souvent, ces éloges ne concernent pas seulement les initiatives qu’il a prises au cours des deux dernières semaines, mais aussi ce qu’il a fait à plus long terme.

La brutalité passée sous silence

Le titre d’un article rédigé par Patrick Wintour pour le Guardian décrit le prince héritier comme « un homme téméraire animé d’une ferveur réformatrice ». L’auteur inscrit ensuite la purge dans le cadre d’une « révolution culturelle et sociale » plus large et répète une seconde fois la notion de « révolution ».

Dans le New York Times, Thomas Friedman affirme : « J’ai interviewé Mohammed ben Salmane deux fois […] J’ai trouvé authentique sa passion pour la réforme, significatif le soutien dont il bénéficie auprès des jeunes de son pays et convaincant son argumentaire en faveur d’un changement radical en Arabie saoudite […] Et s’il n’existait pas, le système saoudien aurait dû l’inventer. Quelqu’un devait secouer le cocotier. »

Cet accueil favorable passe sous silence la conduite brutale du gouvernement saoudien depuis le coup d’État de palais mené par Mohammed ben Salmane en juin. En juillet, les autorités saoudiennes ont interdit l’accès à la ville chiite d’al-Awamia. L’État a intensifié sa répression contre les habitants d’al-Awamia, mécontents des plans du gouvernement visant à démolir le quartier d’al-Musawara. Selon un chercheur de Human Rights Watch, la violence gouvernementale était motivée par des « préjugés antichiites ».

Amnesty International rapporte que de juillet à octobre, l’État saoudien a tué 60 personnes, « multipli[ant] les exécutions, avec une moyenne de cinq mises à mort par semaine », selon Lynn Maalouf, directrice du travail de recherche pour Amnesty au Moyen-Orient.

L’organisation affirme que de nombreuses personnes condamnées à mort et exécutées en Arabie saoudite se voient refuser un procès équitable et sont souvent reconnues coupables uniquement sur la base d’« aveux » extorqués sous la torture. Comme le souligne Maalouf, « les autorités saoudiennes utilisent la peine de mort pour étouffer la dissidence et mater les minorités, ce qui témoigne de leur indifférence à l’égard de la vie humaine ». Mais ce n’est pas ce que la plupart des commentateurs occidentaux nous apprennent dans leurs publications. (...)