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February 27, 2018 6:09 PM
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Passionnante interview SANS AUCUNE LANGUE DE BOIS sur les #médias d'#AudeLancelin par la chaîne YouTube #Thinkerview - 27.02.2018- 86 mn - #media #presse #journalisme #lemedia

Passionnante interview SANS AUCUNE LANGUE DE BOIS sur les #médias d'#AudeLancelin par la chaîne YouTube #Thinkerview - 27.02.2018- 86 mn - #media #presse #journalisme #lemedia

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December 10, 2017 6:03 PM
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#LEMÉDIA DÉVOILE SA RÉDACTION (et c'est une évidence que ce ne sera pas la #media de la #FI mais un #média engagé à gauche .. sans l'auto-censure qui ronge les #médias dominants) #presse #journalis...

#LEMÉDIA DÉVOILE SA RÉDACTION (et c'est une évidence que ce ne sera pas la #media de la #FI mais un #média engagé à gauche .. sans l'auto-censure qui ronge les #médias dominants) #presse #journalisme #médias

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December 15, 2016 1:30 AM
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#ONU : une journaliste démonte en 2 minutes la rhétorique des #médias traditionnels sur la #Syrie et #Alep #Aleppo

#ONU : une journaliste indépendante, #EvaBartlett, démonte en 2 minutes la rhétorique des #médias traditionnels sur la #Syrie

Ajoutée le 13 déc. 2016

Les médias occidentaux se basent-ils toujours sur des sources crédibles dans leur reportages sur la Syrie ? La réponse de cette journaliste canadienne a laissé sans voix son interlocuteur.

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October 20, 2016 1:38 AM
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En #France, main basse sur l’information - Mediapart 32 mn #medias #Bolloré #Drahi & Co #QuiPaieCommande

En #France, main basse sur l’information - Mediapart 32 mn #medias #Bolloré #Drahi & Co #QuiPaieCommande

Avec Aude Lancelin, licenciée de l’Obs pour motif politique; Nicolas Vescovacci, réalisateur du documentaire sur le Crédit mutuel censuré par Bolloré lorsqu'il a pris le contrôle de Canal+; Lilian Alemagna, président de la SDJ du quotidien «Libération», racheté par Patrick Drahi; Isabelle Roberts, co-fondatrice du site Les Jours, auteure avec Raphaël Garrigos du livre «L’Empire – Comment Vincent Bolloré a mangé Canal+».

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October 15, 2016 1:59 PM
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La revue de la semaine #2 par #Mélenchon :  #Syrie , #médias , #Orwell , #CETA, #lobbies , #agriculture - 25 mn

La revue de la semaine #2 par #Mélenchon :  #Syrie , #médias , #Orwell , #CETA, #lobbies , #agriculture - 25 mn

Ajoutée le 14 oct. 2016

Dans ce nouvel épisode de la revue de la semaine, Jean-Luc Mélenchon revient sur la situation en Syrie et sur le traitement médiatique réservé à ce sujet. À quelques jours de la réunion du Conseil des ministres du Commerce de l'UE qui doit décider d'approuver ou non le CETA (accord de libre-échange UE-Canada), il explique également les enjeux de ce traité et ses effets potentiellement dévastateurs sur l'agriculture paysanne dans notre pays.

Quelques liens sur ces sujets :
- Les États-Unis inquiets de leur implication dans des crimes de guerre au Yémen : http://www.lefigaro.fr/international/...
- Des Syriens demandent réparation à Fabius : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/201...
- Géométrie variable sur le traitement médiatique des bombardements : http://heuredupeuple.fr/geometrie-var...
- Des chars turcs sont entrés en Syrie : http://www.lemonde.fr/proche-orient/a...
- Yémen : plus de 140 morts lors de raids aériens meurtriers contre une veillée funèbre à Sanaa : http://www.lemonde.fr/proche-orient/a...
- Ceta : l’accord qui pourrait accélérer l’industrialisation de l’agriculture (Basta!) : http://www.bastamag.net/Ceta-l-accord...
- Les articles de Jean-Luc Mélenchon sur le CETA : http://melenchon.fr/categorie/themes/...

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October 12, 2016 10:22 PM
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#France2 et #Alep - ou comment manipuler l' #information - #PierreLeCorf #medias #media #Syrie #Syria

#France2 et #Alep - ou comment manipuler l' #information - #PierreLeCorf #medias #media #Syrie #Syria | Infos en français | Scoop.it

#France2 et #Alep - ou comment manipuler l' #information - #PierreLeCorf #medias #media #Syrie #Syria

Agora Vox -

par Gérard Luçon
dimanche 9 octobre 2016

Pierre le Corf a été l’objet d’un reportage sur France 2 malheureusement (et sans que cela ne me surprenne) ses propos et son action ont été détournés pour cause de propagande anti-syrienne et pro-djihadistes (ou terroristes), on a volontairement mélangé les quartiers et laissé croire que les "gentils" sont les "méchants", et réciproquement ..... notre presse est décidément de plus en plus lamentable !!! Ce qui était un contre-pouvoir est devenu un outil de propagande, subventionné et servile ...(...)

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October 2, 2016 11:15 AM
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Le #QuaidOrsay, l’ #UE et les #US financent le « #AleppoMediaCentre», qui défend la cause des djihadistes #Syrie

Le #QuaidOrsay, l’ #UE et les #US financent le « #AleppoMediaCentre», qui défend la cause des djihadistes #Syrie | Infos en français | Scoop.it

Le #QuaidOrsay, l’ #UE et les #US financent le « #AleppoMediaCentre», qui défend la cause des djihadistes #Syrie

Par Vanessa Beeley – 20 septembre 2016 – 21st Century Wire

L’histoire a fait la une partout : «Petit garçon sorti vivant des décombres». La vidéo et la photographie produites par le Aleppo Media Centre (AMC), qui montrait Omran Daqneesh, alias «le petit rescapé d’Alep» prétendument sauvé par les notoirement connus casques blancs dans la partie est d’Alep tenue par les terroristes, est aussitôt devenue virale et a été propulsée bien haut dans la stratosphère de la propagande médiatique occidentale.

Pratiquement tous les grands organes de presse du monde ont montré la vidéo et ce qui est devenu depuis la célèbre photographie d’Omran, le «petit rescapé d’Alep». Le garçon couvert de poussière et de sang a été placé sur une chaise dans ce qui semble être une ambulance en parfait état, malgré sa présence dans une prétendue zone de guerre, pour ensuite être photographié en rafale par un nombre incalculable de caméras et de téléphones portables. Pendant tout ce temps, personne ne lui a prodigué des soins, comme s’il s’agissait d’une séance photo montée de toutes pièces.

Personne ne l’a réconforté, n’a pansé ses prétendues plaies, ne lui a posé un collier cervical ou ne l’a placé dans une civière au cas où il aurait subi des lésions cervicales (procédure de premiers soins habituelle), lui qui venait d’être sauvé de «sous(..)

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July 20, 2016 10:04 PM
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#AFP #‎propagande‬ ‪‬ ‪#‎désinformation‬ ‪#‎médias‬ ‪#‎Syrie #Minbej #terrorisme #Syria #VOSGuerresNOSMorts

#AFP #‎propagande‬ ‪‬ ‪#‎désinformation‬ ‪#‎médias‬ ‪#‎Syrie #Minbej #terrorisme #Syria #VOSGuerresNOSMorts | Infos en français | Scoop.it

#‎propagande‬ ‪#‎France‬ ‪#‎désinformation‬ ‪#‎médias‬ ‪#‎Syrie #Syria #Siria ‬ :
L' ‪#‎AFP‬ - cette "Agence France Presse" à l'indépendance de plus en plus douteuse, ne fait pas mention , dans cette dépêche publiée ce soir à 22h41 où l'opposition syrienne demande à la Coalition de lever le pied sur les bombardements de civils dans le cadre de la lutte contre ‪#‎Daech‬ (une attaque a massacré, selon les sources confirmées, de 56 à 125 CIVILS dont des enfants .. mes propres sources me parlent de 200). que .. c'est l'aviation française qui a exécuté ces bombardements.
Cela s'appelle la presse de guerre, en d'autres termes la propagande via la désinformation de l'opinion publique-
Le gouvernement français, à nouveau, pousse vers le terrorisme les familles et proches des victimes INNOCENTES et essaie de le cacher à l'opinion publique
Ce terrorisme, sont-ce Hollande, Valls, Obama qui en sont victimes ?
Non, c'est nous : les civils
VOS guerres, NOS Morts

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June 22, 2016 9:27 PM
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#ArsIndustrialis:  #Média et #politique (4/15) - 57 mn-RTS- #BernardStiegler #TV #pulsions #TéléRéalité #Marketing

#ArsIndustrialis:  #Média et #politique (4/15) - 57 mn-RTS- #BernardStiegler #TV #pulsions #TéléRéalité #Marketing | Infos en français | Scoop.it

#ArsIndustrialis:  #Média et #politique (4/15) - 57 mn-RTS- #BernardStiegler #TV #pulsions #TéléRéalité #Marketing

En 2006, Bernard Stiegler fait publier "La télécratie contre la démocratie: lettre ouverte aux représentants politiques", pour tenter d'apporter une contribution d'Ars Industrialis dans les débats de l'élection présidentielle française de 2007. On revient sur cette réflexion qui décrit comment les industries de programmes ruinent le débat démocratique dans les sociétés industrielles.

Avec également Gerald Moore, chercheur de l'université de Durham et membre d'Ars Industrialis qui donne son point de vue sur l'évolution des idées en politique, et Dominique Cardon, sociologue, notamment au centre de recherche Orange Labs, nous parler des mouvements populaires actuels que sont Occupy Wall-Street et Nuit debout.

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May 26, 2016 11:44 PM
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Quand #DonaldTusk « président de l’ #Europe » muselait la presse d’opposition en  #Pologne -    #UE #EU #medias #Néocons

Quand #DonaldTusk « président de l’ #Europe » muselait la presse d’opposition en  #Pologne -    #UE #EU #medias #Néocons | Infos en français | Scoop.it

Quand #DonaldTusk « président de l’ #Europe » muselait la presse d’opposition en  #Pologne -    #UE #EU #medias #Néocons

Donald Tusk a été Président du Conseil des ministres en Pologne de 2007 à septembre 2014, date à laquelle il devient le deuxième Président du Conseil européen. La sortie de nouveaux enregistrements réalisés secrètement révèle comment son gouvernement intervenait pour changer les rédactions des journaux jugés trop critiques.

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May 24, 2016 4:00 PM
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#Média : Contre-enquête en direct sur #Periscope et #Twitter ( #LeFigaro bidouille, engendre vote FN,engendre haine)

#Média : Contre-enquête en direct sur #Periscope et #Twitter ( #LeFigaro bidouille, engendre vote FN,engendre haine) | Infos en français | Scoop.it

#Média : Contre-enquête en direct sur #Periscope et #Twitter ( #LeFigaro bidouille, engendre vote FN,engendre haine)

Les réseaux sociaux comme outil dʹenquête et de fact-checking? Cʹest de plus en plus le cas! Une jeune journaliste française et une militante anti-raciste ont hier lancé une contre-enquête, en direct sur Twitter et Periscope, dʹun article du Figaro Magazine qui présentait la ville de Saint-Denis (en banlieue parisienne) comme la Molenbeek française. Une contre-enquête à retrouver sur le hashtag #ContreenqueteWS.

Un sujet de Magali Philip.

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February 27, 2018 2:31 PM
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Conférence magistrale (durée 2h) du 08.02.2018 sur l'état des #médias par #AudeLancelin (virée de l'#Obs pour raisons politiques et actuellement journaliste à #lemedia ) #presse #journalisme #info...

Conférence magistrale (durée 2h) du 08.02.2018 sur l'état des #médias par #AudeLancelin (virée de l'#Obs pour raisons politiques et actuellement journaliste à #lemedia ) #presse #journalisme #information #info

 

Ajoutée le 26 févr. 2018
 
 
Aude Lancelin est journaliste. Spécialiste de la vie des idées, elle a été directrice adjointe des rédactions de L’Obs et de Marianne. Elle est notamment l’auteur de Le Monde libre (éditions LLL, prix Renaudot essai 2016) et de L'Éloge de la politique, avec Alain Badiou (Café Voltaire, Flammarion 2017). Croit-on encore à la liberté des grands médias dans notre pays depuis qu'ils sont entre les mains des fortunes du CAC 40 ? Les rédactions fondent comme peau de chagrin ; les journalistes se réfugient dans le fact checking pour éviter d'affirmer des positions trop tranchées ; une grande homogénéité idéologique s'installe ; la méfiance du public augmente ; la France plonge à la 39e place dans le classement de Reporter sans Frontières. Du jamais vu depuis la Libération. Avec Le Monde libre, prix Renaudot de l'essai 2016, Aude Lancelin avait ouvert les fenêtres sur la servitude des médias, après avoir été brutalement licenciée de son poste de numéro 2 de L'Obs. Aujourd'hui elle se bat pour qu'on interdise aux actionnaires des télécoms de posséder journaux, radios et télévisions. Et qu'on repense une presse où chacun pourrait exercer son travail honnêtement, sans mettre sa tête en danger. Enregistré le 8 février 2018 salle Roland Topor du Théâtre du Rond-Point Conférence programmée par Jean-Daniel Magnin pour le cycle "Nos disques sont rayés #2" Captation et montage Léo Scalco et Sarah-Mei Chan durée 01:59:22 Mis en ligne le 26 février 2018 sur ventscontraires.net, la revue en ligne du Théâtre du Rond-Point
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January 6, 2017 4:54 PM
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#Russie : et encore une “fake news” du journal #LeMonde …  (honte à vous @lemondefr ) #russophobie #medias

#Russie : et encore une “fake news” du journal #LeMonde …  (honte à vous @lemondefr ) #russophobie #medias | Infos en français | Scoop.it

#Russie : et encore une “fake news” du journal #LeMonde …  (honte à vous @lemondefr ) #russophobie #medias

Encore du boulot sérieux du journal Le Monde

Le 31 décembre, grande nouvelle : les “hackers russes” (apparemment les plus bêtes du monde, puisqu’ils se font “identifier” facilement) ont piraté le réseau électrique américain – super crédible…

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October 25, 2016 9:53 PM
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Interview de #Snowden : Pourquoi les #médias ne font pas leur travail - #désinformation #journalisme

Interview de #Snowden : Pourquoi les #médias ne font pas leur travail - #désinformation #journalisme | Infos en français | Scoop.it

Interview de #Snowden : Pourquoi les #médias ne font pas leur travail - #désinformation #journalisme

Source : Columbia Journalism Review, le 10/05/2016

La journaliste du Tow Center for Digital Journalism, Emilie Bell, a parlé à Edward Snowden sur une ligne sécurisée au sujet de ses expériences de travail avec des journalistes et son opinion sur le changement du monde des médias. Il s’agit d’un extrait de cette conversation, qui s’est tenue en décembre 2015. Elle paraîtra dans un livre à venir Le Journalisme après Snowden : Le Futur de la Presse Libre sous l’État de Surveillance, qui sera publié par Columbia University Press en 2016.

Emily Bell : Pouvez-vous nous parler de vos interactions avec des journalistes et avec la presse ?

Edward Snowden : L’un des plus grands défis concernant le changement de nature des relations du public avec les médias et de celles du gouvernement avec les médias est que les médias n’ont jamais été aussi forts qu’aujourd’hui. Et en même temps, la presse est moins encline à utiliser ce genre de pouvoir à cause de sa commercialisation croissante. Il y avait cette tradition que la culture médiatique dont nous avions hérité depuis les premières diffusions visait à être un service public. Nous avons peu à peu perdu cela, pas simplement dans les faits mais dans l’idéal même, et ce particulièrement à cause des infos 24h sur 24h.

Nous voyons cela de façon constante, même dans des organes comme The New York Times. The Intercept a récemment publié “The Drone Papers” (les articles du drone), ce qui était un acte extraordinaire de service public de la part d’un lanceur d’alerte de l’intérieur du gouvernement pour porter l’information au public de quelque chose d’absolument vital sur ce que nous aurions dû savoir depuis plus de dix ans. Ce sont ces choses que nous avons vraiment besoin de connaître pour être en mesure d’analyser et d’évaluer les politiques. Mais cela nous a été rendu impossible, donc on se retrouve avec un organe journalistique qui casse le morceau, ils s’arrangent pour obtenir l’information. Mais les grands de la presse, notamment le New York Times, ne relaient pas l’histoire, ils l’ignorent complètement. C’était tellement extraordinaire que la responsable éditoriale public, Margaret Sullivan, a dû s’impliquer pour enquêter sur les raisons pour lesquelles ils avaient supprimé une histoire tellement riche en information. Il faut reconnaître au bénéfice du Times qu’ils ont un responsable éditorial public [responsable de la relation avec le public et de l’éthique journalistique, NdT], mais c’est inquiétant qu’il y ait un tel besoin de cette fonction.

Au Royaume-Uni, lorsque The Guardian mettait à jour l’histoire de la NSA, nous avons vu que s’il y a un climat de concurrence dans le milieu des media, s’il y a de l’argent en jeu, de la réputation, de la reconnaissance possible, quoi que ce soit qui a une valeur tangible qui pourrait profiter à la concurrence, même si cela devait en même temps bénéficier au public, les organes de presse sont de moins en moins désireux d’assurer le service pour le public à leur propre détriment. C’est typiquement ce qui se passe pour les rédactions. Il se peut que cela ait toujours existé, mais on ne s’en souvient pas. Culturellement nous n’aimons pas penser que cela a toujours existé. Il y a des choses que nous devrions savoir, des choses qui ont de l’importance pour nous, mais nous ne sommes pas autorisés à les connaître parce que The Telegraph ou le Times ou n’importe quel autre journal à Londres décide que, comme il s’agit d’une exclusivité de quelqu’un d’autre, on ne va pas en faire mention. Au lieu de cela nous allons tenter une “contre histoire” sur le sujet. Nous allons tout simplement rencontrer des officiels du gouvernement et leur demander de faire une déclaration, et nous en rendrons compte sans nous poser de question d’aucune manière parce que c’est cela qui est notre exclusivité. Indépendamment du fait que c’est beaucoup moins intéressant, beaucoup moins substantiel que les faits réels sur lesquels on peut développer des discussions politiques. Nous sommes, semble-t-il, entrés dans un monde où les rédactions prennent les décisions sur les histoires qui doivent être développées sur la base de l’avantage que cela présente pour le concurrent, plutôt que sur l’intérêt de l’information comme telle.

J’aimerais vraiment avoir vos réflexions là-dessus, parce que bien que j’interagisse avec les media, je leur suis extérieur. Vous connaissez les media. En tant que vous avez travaillé dans ce milieu, percevez-vous la même chose ? Une espèce d’effet Fox News où les faits ont moins d’importance ?

La distance entre la présentation et le fait réalise, parfois, toute la différence.

Bell : C’est une question fascinante. Si vous regardez Donald Trump, il y a un problème lorsque vous avez une presse qui trouve qu’il est important de rendre compte de ce qui s’est passé sans le prisme d’une mise en perspective. C’est le problème de Trump, n’est-ce pas ? Il dit que des milliers de musulmans faisaient la fête dans les rues du New Jersey après les attaques du 11-Septembre et ce n’est clairement pas vrai. Ce n’est même pas une question de nombre, c’est juste inexact. Cependant, cela domine le manège des nouvelles, et il prend toute la place à la télé, et vous ne voyez rien changer dans les enquêtes d’opinion – ou, plutôt, vous le voyez devenir plus populaire.

Il y a là deux choses, je crois, dont l’une n’est pas nouvelle. Je suis complètement d’accord avec vous à propos de la manière dont les forces économiques ont effectivement produit un mauvais journalisme. Une des choses intéressantes, et qui à mon avis est positive à propos du journalisme américain, est que au cours des dix dernières années il y a eu une rupture dans cette relation de libre marché qui dit que vous ne pouvez pas faire du bon journalisme sans faire de profits, et dans la compréhension que le vraiment bon journalisme non seulement n’apporte pas forcément de profits, mais ne va même plutôt jamais produire que des résultats non profitables.

Je pense que vos actes et vos révélations sont réellement intéressants en ce sens que c’est une aventure très coûteuse, et ce n’est pas le genre d’histoire que les publicitaires souhaitent voir à côté de leurs messages. En fait, les gens ne voulaient pas payer pour les lire. Après quoi ils diront, nous aimons bien The Guardian ; nous soutenons leur travail. Donc je suis d’accord avec vous qu’il y a eu une coupure entre les faits et comment ils sont présentés. J’aimerais pouvoir penser que ça s’améliore.

Vous êtes sur Twitter maintenant. Vous devenez un personnage public beaucoup plus consulté et beaucoup de gens ont vu “Citizenfour” [le film qui raconte l’histoire de Snowden, NdT]. Vous avez changé entre le moment où vous étiez cette “personne source” et maintenant que vous êtes activement engagé dans la Freedom of the Press Foundation (fondation pour la liberté de la presse), et aussi en ayant votre flux de publication à travers une société de media sociaux. Vous n’avez plus besoin de l’ouverture d’un accès à la presse. Comment voyez-vous celà ?

Snowden : Aujourd’hui vous avez des gens qui touchent directement leur public avec des outils comme Twitter, et j’ai environ 1,7 million de suiveurs actuellement (ce nombre indique les suiveurs de Snowden en décembre 2015). Ce sont des gens que théoriquement vous pouvez toucher, à qui vous pouvez envoyer un message. Que ce soit une centaine ou un million de personnes, ces individus constituent un public avec lequel vous pouvez parler directement. C’est en réalité un des moyens que vous voyez utiliser par les acteurs des nouveaux média, et aussi par des acteurs malveillants, et exploiter ce qui est perçu comme de nouvelles vulnérabilités dans le contrôle par les média de l’histoire qu’ils veulent présenter, par exemple dans le cas de Donald Trump.

En même temps ces stratégies ne marchent toujours pas [….] pour modifier le regard et persuader les gens sur une plus large échelle. C’est aussi ce qui m’arrive. Le directeur du FBI peut faire une fausse déclaration, ou une sorte de déclaration trompeuse en tant que témoin devant le Congrès. Je peux confronter aux faits et dire que c’est inexact. A moins qu’un organe doté d’un large public ne le répercute, par exemple, un organe de presse reconnu, l’impact de ce genre de déclaration que je peux faire reste plutôt minime. Ils suivent leurs flux d’information et puis rapportent sur ces flux. C’est pourquoi je pense que nous voyons une forte relation et une intéressante interaction émerger entre ces nouveau media d’auto-publication genre Twitter et la fabrication d’histoires et l’utilisation de Twitter comme base par des journalistes.

Si vous regardez qui sont les membres de Twitter en termes d’influence et d’impact qu’ils ont, il y a des célébrités sur Twitter, mais en fait ils sont seulement en train d’essayer d’entretenir leur image, de promouvoir un groupe, d’être mode, de rappeler aux gens qu’ils existent. Ils ne réalisent réellement aucun changement, et n’ont aucune sorte d’influence autre que directement commerciale.

Bell : Abordons la question sous l’angle de votre contribution aux changements du monde, c’est à dire en présentant ces nouveaux faits. Il y a une partie de la presse technologique et de la presse de renseignement qui, au moment des fuites, a dit que nous savions déjà cela, sauf que c’est caché bien en vue. Pourtant, un an après vos révélations, il y eut un important changement dans la perception du public à propos des technologies de surveillance. Cela peut se réduire, et probablement après les attentats de Paris, cela se réduit un peu. Etes-vous déçu qu’il n’y ait pas davantage d’effet de long terme? Avez-vous l’impression que le monde n’a pas changé assez vite ?

Snowden : En fait je ne pense pas cela. Je suis vraiment optimiste à propos de la façon dont les choses ont évolué, et je suis très surpris de l’importance de l’effet produit par ces révélations, bien au-delà de ce que j’avais imaginé. Je suis célèbre pour avoir dit à Alan Rubridger [rédacteur en chef du Guardian, NdT] que ce serait une histoire à trois épisodes. Vous êtes en train de faire allusion à cette idée que les gens s’en fichent, ou que rien n’a réellement changé. Nous avons entendu cela de différentes façons, mais je pense que cela a réellement changé de manière très profonde.

Maintenant quand on parle au sujet de la presse technique, ou dans le registre de la sécurité nationale, et que vous dites qu’il n’y a rien de neuf dans ces domaines, nous le savions déjà, ce discours est tenu pour des raisons de prestige, de la même manière qu’ils sont obligés de signaler que nous sommes des experts, puisque nous savions que cela se passait. Dans de nombreux cas en fait ils ne savaient pas. La différence c’est qu’ils savaient que le potentiel technique existait.

Je pense que c’est ce qui souligne pourquoi les fuites ont eu un tel impact. Il y a des gens qui disent que les premières publications au sujet de la récupération de masse des enregistrements d’internet et des métadonnées remontent à 2006. Il y avait également une histoire sans garantie d’écoutes électroniques au New York Times. Pourquoi n’ont-elles pas eu le même effet de transformation ? C’est parce qu’il y a une différence fondamentale lorsqu’il s’agit de la mise en œuvre de l’information, différence entre savoir et pouvoir, la déclaration que la possibilité pourrait être utilisée, et le fait qu’elle a été utilisée. La distance entre allégation et fait, parfois, génère toute la différence.

C’est, pour moi, ce qui définit la meilleure forme de journalisme. C’est l’une des choses réellement sous-évaluée à propos de ce qui s’est produit en 2013. De nombreuses personnes me félicitent en tant qu’acteur seul, du genre je suis le personnage incroyable qui a fait cela. Personnellement je me vois comme ayant eu un rôle plus modeste. J’ai été le mécanisme de mise à jour sur un sujet très réduit pour les gouvernements. Ce n’est pas vraiment à propos de la surveillance, c’est à propos de ce que le public comprend – quel contrôle a le public sur les programmes et politiques de leurs gouvernements. Si nous ne savons pas ce que notre gouvernement fait réellement, si nous ne savons pas quels pouvoirs les autorités revendiquent pour elles-mêmes, ou s’arrogent, en secret, on ne peut pas dire que nous tenons le gouvernement en laisse d’aucune manière.

Une des choses qui est réellement oubliée c’est le fait que, aussi valable et important que les informations qui sortirent des premières archives, ce fut l’énorme nombre des très intéressantes révélations que le gouvernement fut obligé de faire, parce qu’ils étaient pris à contre-pied par la nature agressive des faits révélés par les archives. Il y avait des histoires dans le lot qui montraient comment ils avaient abusé de ces possibilités, combien ils étaient intrusifs, le fait qu’ils avaient enfreint la loi dans de nombreux cas ou avaient violé la constitution.

L’un des points les plus importants est que nous avons davantage de publications en concurrence pour un nombre fini et même en diminution de sujets d’intérêt disponibles.

Quand le gouvernement est présenté de manière tout à fait publique, particulièrement pour un président qui a fait campagne sur l’idée de couper court à ce genre d’activités, comme ayant continué de telles pratiques, et dans de nombreux cas de les avoir amplifiées selon des façons contraires à ce que le public attend, ils doivent tenter de se défendre. Alors dans les premières semaines, on a eu droit à la rhétorique genre personne n’écoute vos conversations téléphoniques. Cela n’a pas été très concluant. Alors ils y sont allés de “ce ne sont que des métadonnées”. De fait cela a marché un moment, même si ce n’est pas vrai. En ajoutant de la complexité ils ont réduit la participation. Il est encore difficile pour l’homme de la rue de comprendre que les métadonnées, dans bien des cas, sont en fait plus révélatrices et plus dangereuses que le contenu des conversations téléphoniques. Mais des révélations continuaient. Alors ils ont cédé, oui en effet, même s’il s’agit “seulement de métadonnées” c’est quand même une pratique anticonstitutionnelle, alors comment la justifier? Ils ont fini par dire, dans ce contexte elles sont légales, ou bien dans cet autre contexte aussi.

Tout d’un coup ils ont eu besoin de traiter de la légalité, et cela voulait dire que le gouvernement devait faire état d’ordonnances judiciaires auxquelles les journalistes n’avaient pas accès, auxquelles je n’avais pas accès, et auxquelles personne à la NSA n’avait accès, parce qu’elles étaient attachées à une administration tout à fait différente, le Ministère de la Justice (Department of Justice).

Ici, à nouveau, on passe du soupçon, du déclaratif à des faits avérés. Maintenant, bien sûr, comme il s’agit de réponses politiques, chacune d’elles était intentionnellement trompeuse. Le gouvernement veut se montrer sous son(..)

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October 16, 2016 9:30 PM
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#Mossoul  Nul doute que le traitement #media de ce nouveau massacre de civils sera différent que pour #Alep

#Mossoul  Nul doute que le traitement #media de ce nouveau massacre de civils sera différent que pour #Alep | Infos en français | Scoop.it

#Mossoul  Nul doute que le traitement #media de ce nouveau massacre de civils sera différent que pour #Alep

 

L'opération pour reprendre Mossoul a commencé


Le Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi a annoncé le début de l'offensive de Mossoul dans la nuit de dimanche à lundi à la télévision officielle. L'opération vise à reprendre la grande ville du nord de l'Irak tenue par l'Etat islamique depuis juin 2014.


"Le temps de la victoire est venu et les opérations pour libérer Mossoul ont commencé", a déclaré le chef du gouvernement dans une allocution télévisée.


S'adressant aux habitants de la région de Mossoul, il a lancé: "Je déclare aujourd'hui le début de ces opérations victorieuses pour vous libérer de la violence et du terrorisme de Daesh", acronyme arabe de l'Etat islamique (EI).


Le Premier ministre a précisé que seules l'armée et la police irakiennes entreraient dans Mossoul. De nombreuses autres forces participent à l'offensive préparée depuis des semaines pour reprendre la deuxième ville d'Irak, dont des combattants peshmergas kurdes et des milices sunnites et chiites.


L'offensive de Mossoul est également soutenue par la coalition dirigée par les Etats-Unis. "Bonne chance aux forces irakiennes héroïques, aux peshmergas kurdes et aux volontaires de Ninive. Nous sommes fiers de nous tenir à vos côtés dans cette opération historique", a déclaré sur Twitter Brett McGurk, envoyé spécial de Washington auprès de la coalition contre l'EI après l'annonce du Premier ministre irakien.


Dernier bastion
L'armée irakienne avait auparavant annoncé avoir largué par les airs des dizaines de milliers de tracts sur Mossoul. Certains donnent des consignes de sécurité aux habitants en prévision d'une offensive sur ce fief irakien de l'EI. Ils les invitent notamment à mettre du ruban adhésif sur leurs fenêtres afin de prévenir les éclats de verre, et à éviter les endroits où des raids aériens se déroulent.


Des largages de tracts donnant des "informations" aux populations ont déjà eu lieu à Mossoul et dans d'autres villes tenues par l'EI que l'armée irakienne cherchait à reconquérir.


L'offensive de Mossoul pourrait provoquer une crise humanitaire majeure. L'ONU estime que jusqu'à un million de personnes pourraient être déplacées. En essayant de fuir la ville, les habitants risquent aussi d'être pris dans le feu croisé des deux camps ou utilisés comme boucliers humains par l'EI.


Mossoul est le dernier bastion des djihadistes en Irak. Avant la guerre, sa population était estimée à environ deux millions. Les troupes gouvernementales leur ont déjà repris Falloudja et Ramadi.


(ats / 17.10.2016 01h44)

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October 15, 2016 1:37 PM
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#Syrie : «bavardages» et bourrage de crâne médiatique #medias #media #Mélenchon

#Syrie : «bavardages» et bourrage de crâne médiatique #medias #media #Mélenchon

Décryptage des bobards médiatiques autour des propos de Jean-Luc Mélenchon le 11 octobre dernier. À partager !

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October 10, 2016 5:35 PM
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#MichelCollon:  #journalisme ou #propagande ? 69 mn #DédicacéAuxAntifasDuDimanche #médias #media

#MichelCollon:  #journalisme ou #propagande ? 69 mn #DédicacéAuxAntifasDuDimanche #médias #media

Ajoutée le 20 sept. 2016

Quelle est la différence entre journalisme et journalisme engagé? Que l’on travaille pour de grands groupes, ou avec un indépendant, c’est une opinion citoyenne qui nous incite à exercer ce métier. Le problème commence quand la transparence et l’honnêteté se transforment en propagande et en désinformation...Regardez ce documentaire réalisé par Jennifer Malherbe et faites vous votre opinion. Les grands médias ont l’argent. Nous, nous ne pouvons compter que sur les gens. Aidez-nous à démasquer les médiamensonges ! https://dons.investigaction.net/fr

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August 23, 2016 1:27 PM
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Décryptage : Les #médias ont caché le rôle d’ #alQaïda en #Syrie - #Syria #presse #journalisme #désinformation

Décryptage : Les #médias ont caché le rôle d’ #alQaïda en #Syrie - #Syria #presse #journalisme #désinformation | Infos en français | Scoop.it

Important et factuel.

A lire d'urgence si on veut comprendre dans le détail comment les médias de masse ont manipulé l'opinion publique sur la #Syrie depuis 2011  (les hyperliens pour les sources et des cartes sont disponibles si vous cliquez sur le site)

 

Décryptage : Les #médias ont caché le rôle d’ #alQaïda en #Syrie - #Syria #presse #journalisme #désinformation

 

Par Gareth Porter le 16 avril 2016
 
 
Gareth Porter est un journaliste superbe. Dans l’article ci-dessous il analyse la couverture des médias aux Etats-Unis. Nous avons constaté la même couverture mensongère de la part des médias traditionnels européens. SC
 
Lorsque les frappes aériennes russes ont débuté en Syrie, les médias des États-Unis [la presse occidentale en général, ndlr] ont affirmé mensongèrement que le président Poutine avait promis de frapper uniquement l’EIIL et avait attaqué à la place des rebelles « modérés ». Mais le secret gênant est que ces rebelles travaillaient avec al-Qaïda, écrit Gareth Porter.

Par Gareth Porter

Il y a eu un problème crucial dans la couverture médiatique de la guerre civile syrienne, c’est la façon de caractériser la relation entre l’opposition prétendument « modérée » armée par la CIA, d’une part, et la franchise d’al-Qaïda le Front al-Nosra (et son allié proche Ahrar al-Sham), d’autre part.

Mais c’est un sujet politiquement sensible pour les dirigeants des États-Unis, qui cherchent à renverser le gouvernement de Syrie sans avoir l’air de faire cause commune avec le mouvement responsable du 11 septembre, et le système de production de l’information a effectivement fonctionné pour empêcher les médias d’information d’en rendre compte de façon exacte et complète.

L’administration Obama a depuis longtemps dépeint les groupes d’opposition à qui elle a fourni des armes antichars comme étant indépendants du Front al-Nosra. En réalité, l’administration s’est appuyée sur la coopération proche de ces groupes « modérés » avec le Front al-Nosra pour exercer une pression sur le gouvernement syrien.

Les États-Unis et leurs alliés, en particulier l’Arabie saoudite et la Turquie, veulent que la guerre civile s’achève sur la dissolution du gouvernement du président syrien Bachar el-Assad, soutenu par les rivaux des États-Unis comme la Russie et l’Iran.

Étant donné que le Front al-Nosra a été créé par al-Qaïda et lui a confirmé sa loyauté, l’administration a désigné al-Nosra comme une organisation terroriste en 2013. Mais les États-Unis ont effectué très peu de frappes aériennes depuis, ce qui contraste avec l’autre rejeton d’al-Qaïda, l’État islamique ou EIIL (Daech), qui a été l’objet d’intenses attaques aériennes de la part des États-Unis et de ses alliés européens.

Les États-Unis sont restés silencieux à propos du rôle de leader du Front al-Nosra dans les efforts militaires contre Assad, dissimulant le fait que le succès d’al-Nosra au nord-ouest de la Syrie a été un élément clé de la stratégie diplomatique pour la Syrie du secrétaire d’État John Kerry.

Quand l’intervention russe en soutien au gouvernement syrien a commencé en septembre dernier, visant non seulement l’EIIL mais aussi le Front Nosra et les groupes alliés à lui soutenus par les États-Unis contre le régime d’Assad, l’administration Obama a immédiatement estimé que les frappes russes visaient des groupes « modérés » plutôt que l’EIIL, et a exigé que ces frappes cessent.

La volonté des médias d’information d’aller plus loin que la ligne officielle et de rendre compte de la vérité sur le terrain en Syrie a ainsi été mise à l’épreuve. Il a été bien documenté que ces groupes « modérés » avaient été intégrés en profondeur dans les campagnes militaires dirigées par le Front al-Nosra et Ahrar al-Sham sur le front principal de la guerre dans les provinces d’Idleb et d’Alep au nord-ouest de la Syrie.

Par exemple, une dépêche d’Alep de mai dernier dans Al Araby Al-Jadeed (Le Nouvel Arabe), un journal quotidien financé par la famille royale qatarienne, a révélé que chacune des dix factions « modérées » de la province, voire plus, soutenues par la CIA, avait rejoint Fatah Halab (Conquête d’Alep), le commandement tenu par al-Nosra. Officiellement, le commandement était dirigé par Ahrar al-Sham et le Front al-Nosra en était exclu.

Mais comme le journaliste d’Al Araby l’a expliqué, cette exclusion « signifie que l’opération a une plus grande chance de recevoir le soutien régional et international. » C’est une manière détournée de dire que l’exclusion supposée d’al-Nosra était un dispositif qui visait à faciliter l’approbation de l’administration Obama d’envoi de plus de missiles TOW aux « modérés » dans la province, parce que la Maison-Blanche ne pouvait pas soutenir de groupes travaillant directement avec une organisation terroriste.

Le Front al-Nosra était d’autant plus engagé qu’il permettait à des groupes « modérés » d’obtenir ces armes des États-Unis et de ses alliés saoudiens et turcs, parce que ces groupes étaient perçus comme trop faibles pour opérer indépendamment des forces djihadistes salafistes, et parce que certaines de ces armes seraient partagées avec le Front al-Nosra et Ahrar.

Après que le Front al-Nosra a été formellement identifié comme organisation terroriste dans le but d’obtenir un cessez-le-feu syrien et des négociations, il est pratiquement devenu clandestin dans les zones proches de la frontière turque.

Un journaliste qui habite au nord de la province d’Alep a dit à Al-Monitor que le front al-Nosra avait arrêté de battre son propre pavillon et dissimulait ses troupes sous celles d’Ahrar al Sham, qui avaient été acceptées aux discussions par les États-Unis. Cette manœuvre visait à soutenir l’argument que c’étaient les groupes « modérés » et pas al-Qaïda qui étaient visés par les frappes aériennes russes.

Mais un examen de la couverture des frappes aériennes russes et du rôle des groupes armés soutenus dans cette guerre par les États-Unis lors des toutes premières semaines dans les trois journaux les plus influents des États-Unis avec le plus de ressources pour rendre compte précisément du sujet, le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal, révèle un schéma-type dans les articles, qui penchait fortement dans la direction désirée par l’administration Obama, soit en ignorant entièrement la subordination des groupes « modérés » au Front al-Nosra, soit en n’en faisant qu’une légère mention.

Dans un article du 1er octobre 2015, la correspondante du Washington Post à Beyrouth, Liz Sly, a écrit que les frappes aériennes russes étaient « conduites contre l’une des régions du pays où les rebelles modérés ont toujours un point d’ancrage et d’où l’État islamique a été éjecté il y a plus d’un an et demi. »

À sa décharge, Sly a précisé « Certaines des villes touchées sont des bastions de la coalition récemment formée Jaish al Fateh », dont elle a dit qu’elle comprenait le Front al-Nosra et « un assortiment d’islamistes et de factions modérées. » Ce qui manquait, cependant, c’était le fait que Jaish al Fateh n’était pas simplement une « coalition » mais une structure de commandement militaire, ce qui veut dire qu’il existait une relation bien plus étroite entre les « modérés » soutenus par les États-Unis et la franchise al-Qaïda.

Sly faisait spécifiquement référence à une attaque qui a touché un camp d’entraînement à la périphérie d’une ville de la province d’Idleb aux mains de Suqour al-Jabal, qui avait été armé par la CIA.

Mais les lecteurs ne pouvaient pas évaluer cette description sans le fait essentiel, rapporté dans la presse régionale, que Suqour al-Jabal était l’une des nombreuses organisations soutenues par la CIA qui avaient rejoint le Fatah Halab (« Conquête d’Alep »), le centre de commandement militaire d’Alep apparemment dirigé par Ahrar al Sham, l’allié le plus proche du Front al-Nosra, mais en fait sous le contrôle strict d’al-Nosra. L’article a ainsi communiqué la fausse impression que le groupe rebelle soutenu par la CIA était toujours indépendant du Front al-Nosra.

Un article de la correspondante du New York Times à Beyrouth Anne Barnard (cosigné par le pigiste du Times en Syrie Karam Shoumali, 13 octobre 2015) semblait s’écarter du sujet en traitant les groupes d’opposition soutenus par les États-Unis comme une partie dans la nouvelle guerre par procuration États-Unis/Russie, détournant ainsi l’attention de la question : le soutien de l’administration Obama aux groupes « modérés » contribuait-il ou non au pouvoir politico-militaire d’al-Qaïda en Syrie ?

Sous le titre « Les armes des États-Unis changent le conflit en Syrie en une guerre par procuration avec la Russie », on a appris que les groupes armés d’opposition venaient de recevoir de grosses livraisons de missiles antichars TOW, qui avaient forcément été approuvées par les États-Unis. En citant les déclarations confiantes des commandants rebelles à propos de l’efficacité des missiles et le bon moral des troupes rebelles, l’article suggérait qu’armer les modérés était un moyen pour les États-Unis de faire d’eux la force principale d’un camp d’une guerre opposant les États-Unis à la Russie en Syrie.

Vers la fin de l’article, cependant, Barnard a effectivement ébranlé ce thème de « guerre par procuration » en citant l’aveu des commandants des brigades soutenues par les États-Unis de leur « gênant mariage d’intérêt » avec la franchise al-Qaïda, « parce qu’ils ne peuvent pas opérer sans le consentement du plus grand et plus puissant Front al-Nosra. »

Faisant référence à la prise d’Idleb au printemps précédent par la coalition d’opposition, Barnard s’est souvenue que les missiles TOW avaient « joué un rôle majeur dans les avancées des insurgés qui ont finalement mis en danger la domination de M. Assad. » Mais elle a ajouté :

« Même si cela semblerait un développement bienvenu pour les décideurs politiques des États-Unis, en pratique cela présente un autre dilemme, étant donné que le Front al-Nosra était parmi les groupes bénéficiant d’une amélioration de leur force de frappe. »

Malheureusement, la remarque de Barnard, que les groupes soutenus par les États-Unis étaient profondément intégrés dans une structure militaire contrôlée par al-Qaïda, était enterrée à la fin d’un long texte, et pouvait donc facilement échapper à la lecture. Le gros titre et l’introduction en Une garantissaient que, pour la grande majorité des lecteurs, cette remarque serait noyée dans l’idée générale plus large de l’article.

Adam Entous du Wall Street Journal s’est approché du problème sous un angle différent mais avec le même résultat. Il a écrit un article le 5 octobre qui reflétait ce qu’il a qualifié de colère de la part des responsables des États-Unis parce que les Russes visaient délibérément les groupes d’opposition que la CIA avait soutenus.

Entous a rapporté que les dirigeants des États-Unis ont cru que le gouvernement syrien voulait que ces groupes soient visés à cause de leur détention de missiles TOW, qui avaient été le facteur clé dans la capture par l’opposition d’Idleb plus tôt cette année. Mais l’article ne reconnaissait nulle part le rôle des groupes soutenus par la CIA à l’intérieur de structures de commandement militaires dominées par le Front al-Nosra.

Un autre angle du problème était adopté dans un article du 12 octobre par le correspondant à Beyrouth du Journal, Raja Abdulrahim, qui a décrit l’offensive aérienne russe comme ayant stimulé les rebelles soutenus par les États-Unis et le Front al-Nosra à former un « front plus uni contre le régime d’Assad et ses alliés russes et iraniens. » Adbulrahim a ainsi admis la collaboration militaire étroite avec le Front al-Nosra, mais en a rejeté toute la faute sur l’offensive russe.

Et l’article a ignoré le fait que ces mêmes groupes d’opposition avaient déjà rejoint des accords de commandement militaire conjoint à Idleb et Alep plus tôt en 2015, en anticipation des victoires au nord-est de la Syrie.

L’image dans les médias de l’opposition armée soutenue par les États-Unis victime des attaques russes et opérant indépendamment du Front al-Nosra a persisté jusqu’au début 2016. Mais en février, les premières fissures de cette image sont apparues dans le Washington Post et le New York Times.

Rapportant les négociations entre le secrétaire d’État John Kerry et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sur un cessez-le-feu partiel qui a commencé le 12 février, la rédactrice en chef adjointe et correspondante principale de la sécurité nationale Karen DeYoung a écrit le 19 février qu’il y avait un problème non résolu : comment décider quelles organisations devaient être considérées comme des « groupes terroristes » dans l’accord de cessez-le-feu.

Dans ce contexte, a écrit DeYoung, « Jabhat al-Nosra, dont les forces sont entremêlées à des groupes rebelles modérés au Nord-Ouest près de la frontière turque, est particulièrement problématique. »

C’était la première fois qu’un organe de presse majeur rapportait que l’opposition armée soutenue par les États-Unis et les troupes du Front al-Nosra étaient « entremêlées » sur le terrain. Et dans la phrase juste après, DeYoung a lâché ce qui aurait dû être une bombe politique : elle a rapporté que Kerry avait proposé dans les négociations de Munich de « laisser Jabhat al-Nosra en dehors des limites des bombardements, dans le cadre du cessez-le-feu, au moins temporairement, le temps que les groupes puissent être triés. »

Au même moment, Kerry exigeait publiquement dans un discours à la conférence de Munich que la Russie interrompe ses attaques contre les « groupes d’opposition légitimes », comme condition pour un cessez-le-feu. La position de Kerry à la négociation reflétait le fait que les groupes de la CIA étaient certains d’être touchés par les frappes dans les régions contrôlées par le Front al-Nosra, tout autant que la réalité que le Front al-Nosra et Ahrar al-Sham liés à al-Qaïda étaient cruciaux pour le succès des efforts militaires appuyés par les États-Unis contre Assad.

À la fin, cependant, Lavrov a rejeté la proposition de protéger les cibles du Front al-Nosra des frappes aériennes russes, et Kerry a laissé tomber cette demande, permettant l’annonce conjointe des États-Unis et de la Russie d’un cessez-le-feu partiel le 22 février.

Jusqu’alors, des cartes de la guerre syrienne dans le Post et le Times identifiaient des zones de contrôle uniquement pour les « rebelles » sans montrer où les forces du Front al-Nosra avaient le contrôle. Mais le même jour que l’annonce, le New York Times a publié une carte « mise à jour »accompagnée d’un texte affirmant que le Front al-Nosra « est intégré dans la région d’Alep et au nord-ouest vers la frontière turque. »

Au briefing du département d’État le lendemain, les journalistes ont cuisiné le porte-parole Mark Toner sur l’éventualité du fait que les forces rebelles soutenues par les États-Unis soient « mélangées » avec des forces du Front al-Nosra à Alep et au nord. Après un très long échange sur le sujet, Toner a dit « Oui, je suis convaincu qu’il y a un mélange de ces groupes. »

Et il a continué, parlant au nom de l’International Syria Support Group, qui comprend tous les pays impliqués dans les négociations de paix en Syrie, dont les États-Unis et la Russie :

« Nous, le ISSG, avons été très clairs en disant que al-Nosra et Daech [EIIL] ne font partie d’aucune sorte de cessez-le-feu ou d’aucune sorte de cessation négociée des hostilités. Donc si vous traînez avec les mauvaises personnes, alors vous prenez cette décision. […] Vous choisissez avec qui vous sortez, et cela envoie un signal. »

Bien que j’ai montré l’importance de la déclaration (Truthout, 24 février 2016), aucun média principal n’a jugé opportun de rapporter cet aveu remarquable du porte-parole du département d’État. Toutefois, le département d’État a clairement alerté le Washington Post et le New York Times du fait que les relations entre les groupes soutenus par la CIA et le Front al-Nosra étaient bien plus étroites que ce qu’il avait admis par le passé.

Kerry a évidemment calculé que le fait que les groupes armés « modérés » soient prétendument indépendants du Front al-Nosra ouvrirait la porte à une attaque politique des Républicains et des médias s’ils étaient touchés par les frappes russes. Ce prétexte n’a donc plus été utile politiquement pour essayer d’obscurcir la réalité aux médias.

En fait, le département d’État a depuis semblé vouloir inciter autant que possible ces groupes à se détacher plus clairement du Front al-Nosra.

La confusion dans la couverture des trois principaux journaux sur les relations entre les groupes d’opposition soutenus par les États-Unis et la franchise al-Qaïda en Syrie montre ainsi comment les sources principales ont méprisé ou évité le fait que les groupes armés clients des États-Unis étaient étroitement interdépendants avec une branche d’al-Qaïda, jusqu’à ce qu’ils soient incités par les signaux des représentants des États-Unis à réviser leur ligne et fournir un portrait plus honnête de l’opposition armée en Syrie.

 Gareth Porter | 23 avril 2016

 

Gareth Porter, journaliste d’investigation indépendant et historien sur la politique de sécurité nationale des États-Unis, est le lauréat du prix de journalisme Gellhorn 2012. Son dernier livre est Manufactured Crisis: The Untold Story of the Iran Nuclear Scare, publié en 2014. [Cet article est paru à l’origine chez Fairness and Accuracy in Reporting.]
Article original : Consortiumnews.com

 

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.

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Reporting (or Not) the Ties Between US-Armed Syrian Rebels and Al Qaeda’s Affiliate

Un problème essentiel dans la couverture médiatique de la guerre civile syrienne a été de savoir comment qualifier les relations entre l’opposition soi-disant “modérée” armée par la CIA d’une part, et la filiale d’al-Qaïda le Front al-Nosra (et son proche allié Ahrar al Sham), d’autre part. Il s’agit d’un point important pour la politique étatsunienne qui cherche à renverser le gouvernement syrien sans se lier avec le mouvement responsable du 11 septembre, et le système médiatique a travaillé efficacement pour empêcher les médias d’aborder ce point et d’en parler de manière précise.

L’administration Obama a pendant longtemps déclaré que les groupes qui étaient armés avec du matériel antitank étaient indépendants du Front al-Nosra. En réalité le gouvernement comptait sur la coopération étroite de ces “modérés” avec le Front al-Nosra pour exercer une pression sur le gouvernement syrien. Les États-Unis et leurs alliés – en particulier l’Arabie saoudite et la Turquie – souhaitent que la guerre civile se termine par la destitution du président syrien Bachar el-Assad, qui est soutenu par des rivaux des Américains comme la Russie et l’Iran.

Le gouvernement a désigné le Front al-Nosra comme organisation terroriste en 2013, sachant qu’il a été créé par al-Qaïda et qu’il lui a confirmé son allégeance. Mais les États-Unis ont mené peu de raids aériens contre lui depuis, en comparaison de l’autre filiale d’al-Qaïda, l’État islamique ou ISIS (Daech) qui a fait l’objet de nombreux raids américains et européens. Les États-Unis sont restés silencieux sur le rôle prédominant qu’a eu le Front al-Nosra dans la guerre contre Assad, cachant même que le succès d’al-Nosra dans le Nord-Ouest a été un élément clef dans la stratégie diplomatique pour la Syrie du secrétaire d’État John Kerry.

Quand l’intervention russe pour soutenir le gouvernement syrien a commencé en septembre dernier, visant non seulement ISIS mais aussi le Front al-Nosra et leurs alliés soutenus par les Américains, le gouvernement Obama a immédiatement déclaré que les frappes russes visaient plus des groupes modérés qu’ISIS et a insisté sur le fait que ces attaques devaient cesser.

La volonté des médias d’information d’aller au-delà de la version officielle et de raconter la vérité du terrain fut mise à l’épreuve. Beaucoup d’informations démontrent que ces groupes “modérés” ont été complètement intégrés au sein des campagnes militaires menées par le Front al-Nosra et Ahrar al Sham sur le principal front à Idleb et Alep au nord-ouest de la Syrie. Par exemple, une dépêche d’Alep en mai dernier dans Al Araby Al-Jadeed (The New Arab), un quotidien financé par la famille royale qatari, a révélé que chacune d’au moins dix factions “modérées” dans la province, soutenues par la CIA, avait rejoint la nébuleuse Nosra sous commandement Fatah Halab (Conquête d’Alep). Auparavant le commandement était dirigé par Ahrar al Sham et le Front al-Nosra en était exclu.

Mais comme le reporter d’Al Araby l’expliqua, cette exclusion “signifiait que l’opération avait de meilleures chances de recevoir de l’aide régionale ou internationale.” C’était un moyen détourné de dire que la prétendue exclusion d’al-Nosra était un stratagème destiné à faciliter l’approbation par l’administration Obama d’envois supplémentaires de missiles TOW aux “modérés” de la province, parce que la Maison-Blanche ne pouvait pas soutenir des groupes impliqués directement avec une organisation terroriste. Ou dit autrement, le Front al-Nosra permettait à ces groupes “modérés” d’obtenir ces armes des États-Unis et de ses alliés l’Arabie saoudite et la Turquie, parce qu’ils étaient perçus comme trop faibles pour agir de manière indépendante des forces salafistes djihadistes – et parce que certaines de ces armes seraient partagées avec le Front al-Nosra et Ahrar.

Apres que le Front al-Nosra a été formellement identifié comme organisation terroriste en préalable à la réunion de cessez-le-feu syrien, il se retira dans les environs de la frontière turque et s’y est fait discret. Un journaliste vivant dans une province au nord d’Alep écrivit dans l’Al Monitor que le front al-Nosra avait cessé de faire flotter son drapeau et cachait ses troupes parmi celles d’Ahrar al Sham, qui avait été accepté par les États-Unis comme participant aux négociations. Cette tactique avait pour but de propager l’idée que c’était les groupes “modérés” et non al-Qaïda qui étaient visés par les frappes aériennes russes.

Mais une analyse de la couverture médiatique des trois journaux américains les plus influents et disposant de suffisamment de moyens pour enquêter avec précision – le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal – sur les cibles des raids aériens russes ainsi que du rôle des groupes armés soutenus par les Américains dans la guerre au cours des premières semaines met en évidence des articles qui allaient dans le sens souhaité par l’administration Obama, soit en ignorant le ralliement des “modérés” au Front al-Nosra soit en ne le mentionnant qu’à peine.

Dans un article du premier octobre, la correspondante du Washington Post à Beyrouth, Liz Sly, a écrit que les frappes aériennes russes ont “été menées contre les quelques régions du pays où les rebelles modérés sont toujours implantés et desquelles l’État islamique a été expulsé il y a plus d’un an et demi.” A son crédit, Sly mentionne “Certaines des villes touchées sont des bastions de la coalition récemment formée Jaish al Fateh” qui, d’après elle, inclut le Front al-Nosra et “un mélange d’islamistes et de factions modérées.” Ce qui manque cependant, c’est le fait que Jaish al Fateh n’était pas seulement une “coalition” mais plutôt une structure de commandement militaire, impliquant une relation étroite entre les “modérés” soutenus par les Américains et la franchise d’al-Qaïda.

Sly fait directement référence à une attaque contre un camp d’entraînement aux abords de la ville d’Idleb, une province sous contrôle de Suquor al-Jabal, qui a été armé par la CIA. Mais aucun lecteur ne pouvait mettre cette déclaration dans son contexte sans la connaissance d’un fait essentiel,rapporté dans la presse régionale, que Suquor al-Jabal était l’une des nombreuses organisations soutenues par la CIA ayant rejoint Fatah Halab (“Conquête d’Alep”), le centre de commandement militaire d’Alep dirigé par Ahrar al Sham, un proche allié du Front al-Nosra, mais en fait sous contrôle strict de Nosra. L’article répandait l’idée fausse que les groupes de rebelles soutenus par la CIA étaient toujours indépendants du Front al-Nosra.

Un article de la correspondante du New York Times à Beyrouth Anne Barnard (coécrit par le correspondant local du Times en Syrie Karam Shoumali – 13 octobre 2015) semble déraper en considérant les groupes d’opposition soutenus par les États-Unis comme faisant partie de la guerre États-Unis/Russie par procuration, tout en éloignant l’attention sur le fait que le soutien de l’administration Obama aux groupes “modérés” contribuait au pouvoir politico-militaire d’al-Qaïda en Syrie. Sous le titre “L’armement américain est en train de transformer la Syrie en guerre par procuration avec la Russie,” il raconte comment des groupes d’opposition armée viennent de recevoir de grandes quantités de missiles antitanks TOW qui ont dû être approuvés par les États-Unis. Citant les déclarations pleines de confiance de commandants rebelles quant à l’efficacité des missiles et au moral des troupes rebelles, l’article suggère que l’armement des “modérés” était un moyen pour les États-Unis d’en faire la principale force d’une des facettes de la guerre qui oppose les États-Unis contre la Russie en Syrie.

A la fin de l’article, cependant, Barnard amoindrit en fait l’idée de guerre “par procuration” en citant [ce qu’admettent] les commandants des brigades soutenues par les États-Unis au sujet d’un “mariage de raison peu commode” avec la division al-Qaïda, “car ils ne peuvent rien faire sans le consentement du Front al-Nosra qui est bien plus fort et important.” En citant la capture d’Idleb au printemps précédent par la coalition d’opposition, Barnard rappelle que les missiles TOW ont “joué un rôle majeur dans l’avancée des insurgés qui a fini par menacer le pouvoir de M. Assad.” Mais elle ajoute :

Bien que ça semble une avancée heureuse de la politique américaine, dans les faits cela pose un autre dilemme, étant donné que le Front al-Nosra était parmi ceux qui ont bénéficié de cette formidable puissance de feu.

Malheureusement, l’idée de Barnard démontrant que les groupes soutenus par les Américains étaient profondément impliqués dans la structure militaire contrôlée par al-Qaïda se trouvant tout à la fin d’un long article, il était facile de passer à côté. Le titre et le chapeau faisaient en sorte, pour la majorité des lecteurs, de diluer cette idée dans l’article.

Adam Entous du Wall Street Journal prit le problème sous un angle différent mais obtint le même résultat. Il a écrit un article le 5 octobre que l’on peut résumer à la colère des responsables américains que les Russes ciblent délibérément les groupes d’opposition soutenus par la CIA. Entous continue en écrivant que les responsables américains étaient convaincus que le gouvernement syrien voulait que ces groupes soient expressément ciblés à cause de leur possession de missiles TOW, ce qui était un facteur déterminant dans la capture d’opposants à Idleb au début de cette année. Mais rien dans l’article ne traitait du rôle des groupes soutenus par le CIA au sein de la structure militaire dirigée par al-Nosra.

Un autre aspect du problème fut abordé dans un article du 12 octobre par le correspondant du journal à Beyrouth, Raja Abdulrahim, qui raconte que ce sont les raids aériens russes qui ont encouragé les rebelles soutenus par les États-Unis et le Front al-Nosra à former un “front plus uni face au régime d’Assad et ses alliés russes et iraniens.” Abdulrahim reconnaît ainsi la proche collaboration militaire avec le Front al-Nosra, mais en reporte la faute sur l’offensive russe. Et l’article ne traite pas du fait que ces mêmes groupes d’opposition avaient déjà uni leur commandement militaire à Idleb et Alep quelques mois plus tôt en 2015, en prévision de victoires dans le nord-est de la Syrie.

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L’image présentée dans les médias de l’armée d’opposition soutenue par les États-Unis opérant distinctivement du Front al-Nosra, et victime des attaques russes, a persisté au début de l’année 2016. Mais en février, les premières failles dans cette image sont apparues dans le Washington Post et leNew York Times.

En rendant compte des négociations entre le secrétaire d’État John Kerry et le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov concernant un cessez-le-feu débutant le 12 février, le rédacteur en chef adjoint au Washington Post et correspondant principal de la sécurité nationale Karen DeYoung a écrit le 19 février que le problème non résolu dans cet accord était de savoir comment décider quelles organisations devaient être considérées comme “groupes terroristes”. Ainsi, DeYoung écrit “Jabhat al-Nosra, dont les forces sont mélangées avec des groupes rebelles modérés dans le nord à proximité de la frontière turque, pose particulièrement problème.”

C’était la première fois qu’un média important racontait que l’opposition armée soutenue par les États-Unis et le Front al-Nosra étaient “mélangés” sur le terrain. Et dans la phrase suivante DeYoung lâche ce qui aurait dû être une bombe politique : Elle raconte que Kerry avait proposé aux négociations de Munich d’”exclure al-Nosra des bombardements, durant le cessez-le-feu, au moins temporairement, jusqu’à ce qu’on puisse faire le tri dans ces groupes.” Dans le même temps, Kerrydemandait publiquement dans un discours à la conférence de Munich que la Russie cesse ses attaques sur “les groupes d’opposition légitimes” comme condition pour le cessez-le-feu. La position de Kerry reflétait le fait que les groupes [soutenus par] la CIA étaient sûrs d’être la cible de tirs lors des attaques dans les territoires contrôlés par le Front al-Nosra, ainsi que le fait que le front al-Nosra lié à al-Qaïda et Ahrar al Sham étaient essentiels au succès de l’action militaire soutenue par les États-Unis contre Assad.

Finalement, Lavrov rejeta la proposition d’exclure les cibles Front al-Nosra des attaques aériennes russes et Kerry abandonna cette idée, permettant une annonce commune États-Unis/Russie d’un cessez-le-feu partiel le 22 février. Jusqu’à cet instant, les cartes de la guerre en Syrie dans le Post et leTimes identifiaient les zones comme contrôlées uniquement par des “rebelles” sans montrer ce que les forces du Front al-Nosra contrôlaient. Mais le jour de cette annonce, le New York Times présenta une carte “mise à jour” accompagnée d’un texte expliquant que le Front al-Nosra “était présent dans les environs d’Alep et au nord vers la frontière turque.”

A la réunion du département d’État du lendemain, les journalistes ont harcelé le porte-parole Mark Toner pour savoir si les forces rebelles soutenues par les États-Unis étaient “mélangées” avec le Front al-Nosra à Alep et au nord. Après un long échange sur ce sujet, Toner a déclaré : “Oui, je crois que ces groupes sont imbriqués.” Et il a enchaîné en parlant au nom du International Syria Support Group qui inclut tous les pays impliqués dans le processus de paix en Syrie, en particulier les États-Unis et la Russie :

Nous, l’ISSG, avons été très clairs en disant qu’al-Nosra et Daesh [ISIS] ne sont pas inclus, en aucune façon, dans le cessez-le-feu et les négociations pour l’arrêt des hostilités. Alors si vous faites affaire avec ces mauvaises personnes, vous agissez en connaissance de cause… Vous choisissez avec qui vous vous impliquez, et ça envoie un signal.

Bien que j’aie déjà démontré l’importance de cette déclaration (Truthout, 24 février 2016), aucun média dominant n’a vu l’intérêt de révéler cette formidable confirmation de la part du porte-parole du département d’État. Quoi qu’il en soit, la CIA avait alerté de manière claire le Washington Post et leNew York Times du fait que les relations entre les groupes soutenus par la CIA et le Front al-Nosra étaient bien plus proches qu’ils ne l’avaient admis dans le passé.

Kerry avait à l’évidence anticipé que si des groupes armés “modérés” indépendants du Front al-Nosra venaient à être touchés par les frappes aériennes russes cela servirait de prétexte pour une attaque politique de la part des Républicains et des médias. En fait, le département d’État semblait à présent intéressé par faire pression sur le plus grand nombre de groupes armés possibles afin qu’ils se démarquent de manière claire du Front al-Nosra.

Les contorsions et retournements dans la couverture par trois médias dominants de la question des relations entre les groupes de l’opposition soutenus par les États-Unis et la franchise d’al-Qaïda en Syrie reflètent la manière dont les grandes sources d’information ont méprisé ou évité clairement de parler du fait que les groupes armés par les États-Unis ont été étroitement liés à une branche d’al-Qaïda – jusqu’à ce que des signaux provenant des responsables américains les invitent à revoir leur ligne et à fournir une image plus honnête de l’opposition armée de la Syrie.

Par Gareth Porter | 21/03/2016

Gareth Porter, un journaliste d’investigation indépendant et historien de la politique américaine de sécurité nationale, a remporté le prix Gellhorn 2012 pour les journalistes. Son dernier livre est Manufactured Crisis: The Untold Story of the Iran Nuclear Scare, publié en 2014.

Aricle original: Fairness & Accuracy In Reporting

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.

Source: http://www.les-crises.fr/les-medias-des-etats-unis-ont-cache-le-role-dal-qaida-en-syrie-par-gareth-porter/

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July 14, 2016 1:13 PM
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Lettre ouverte aux charlatans de la révolution syrienne / Par #BrunoGuigue #Syrie #Syria #Siria

Lettre ouverte aux charlatans de la révolution syrienne / Par #BrunoGuigue #Syrie #Syria #Siria | Infos en français | Scoop.it

Un cri du coeur de Bruno Guigue auquel j'adhère

Adressé à tous les politiques et citoyens (pauvres gens manipulés par les premiers et les médias mainstreams) qui n'ont eu cesse d'appuyer des fous furieux, de leur faire des donations, de les inviter à des conférences

Vous avez été et pour certains, continuez à être ( "errare humanum est, PERSEVERARE DIABOLICUM" !!!) les idiots utiles des vendeurs d'armes et des compagnies gazières et pétrolières

 

Lettre ouverte aux charlatans de la révolution syrienne / Par #BrunoGuigue #Syrie #Syria #Siria

Par Bruno Guigue le 13 mai 2016

Au moment où un dirigeant historique de la résistance arabe libanaise, en Syrie, vient de mourir sous les coups de l’armée sioniste, j’adresse cette lettre ouverte aux intellectuels et militants de « gauche » qui ont pris parti pour la rébellion syrienne et croient défendre la cause palestinienne tout en rêvant de la chute de Damas.

Vous nous disiez, au printemps 2011, que les révolutions arabes représentaient un espoir sans précédent pour des peuples subissant le joug de despotes sanguinaires. Dans un excès d’optimisme, nous vous avons écoutés, sensibles à vos arguments sur cette démocratie miraculeusement naissante et à vos proclamations sur l’universalité des droits de l’homme. Vous aviez presque réussi à nous persuader que cette protestation populaire qui emporta les dictateurs tunisien et égyptien allait balayer la tyrannie partout ailleurs dans le monde arabe, en Libye comme en Syrie, au Yémen comme à Bahreïn, et qui sait où encore.

Mais cette belle envolée lyrique laissa rapidement paraître quelques failles. La première, béante, apparut en Libye. Adoptée par le conseil de sécurité pour secourir des populations civiles menacées, une résolution de l’ONU se transforma en chèque en blanc pour la destitution manu militari d’un chef d’Etat devenu encombrant pour ses partenaires occidentaux. Digne des pires moments de l’ère néoconservatrice, cette opération de « regime change » accomplie pour le compte des USA par deux puissances européennes en mal d’affirmation néo-impériale aboutit au désastre dont la malheureuse Libye continue de payer le prix. L’effondrement de ce jeune Etat unitaire livra le pays aux ambitions effrénées des factions et des tribus, sciemment encouragées par les convoitises pétrolières des charognards occidentaux.

Il y avait pourtant de bonnes âmes, parmi vous, pour accorder des circonstances atténuantes à cette opération, comme il y en avait, davantage encore, pour exiger qu’un traitement analogue fût infligé au régime de Damas. Car le vent de la révolte qui soufflait alors en Syrie semblait valider votre interprétation des événements et donner une justification a posteriori au bellicisme humanitaire déchaîné contre le potentat de Tripoli. Pourtant, loin des médias « mainstream », certains analystes firent observer que le peuple syrien était loin d’être unanime, que les manifestations antigouvernementales se déroulaient surtout dans certaines villes, bastions traditionnels de l’opposition islamiste, et que la fièvre sociale de couches paupérisées par la crise n’entraînerait pas pour autant la chute du gouvernement syrien.

Ces avertissements de bon sens, vous les avez ignorés. Comme les faits ne correspondaient pas à votre narration, vous les avez triés comme bon vous semble. Là où des observateurs impartiaux voyaient une polarisation de la société syrienne, vous avez voulu voir un tyran sanguinaire assassinant son peuple. Là où un regard dépassionné permettait de discerner les faiblesses, mais aussi les forces de l’Etat syrien, vous avez abusé de rhétorique moralisante pour instruire à charge le procès d’un gouvernement qui était loin d’être le seul responsable des violences. Vous avez vu les nombreuses manifestations contre Bachar Al-Assad, mais vous n’avez pas vu les gigantesques rassemblements de soutien au gouvernement et aux réformes qui emplirent les rues de Damas, Alep et Tartous. Vous avez dressé la comptabilité macabre des victimes du gouvernement, mais vous avez oublié celles des victimes de l’opposition armée. A vos yeux, il y avait de bonnes et de mauvaises victimes, des victimes qui méritent qu’on en parle et des victimes dont on ne veut pas entendre parler. Délibérément, vous avez vu les premières, tout en vous rendant aveugles aux secondes.

Au même moment, ce gouvernement français, dont vous critiquez volontiers la politique intérieure pour entretenir l’illusion de votre indépendance, vous a donné raison sur toute la ligne. Curieusement, la narration du drame syrien qui était la vôtre coïncidait avec la politique étrangère de M. Fabius, chef d’œuvre de servilité mêlant l’appui inconditionnel à la guerre israélienne contre les Palestiniens, l’alignement pavlovien sur le leadership américain et l’hostilité recuite à l’égard de la résistance arabe. Mais votre mariage ostensible avec le Quai d’Orsay ne sembla pas vous gêner. Vous défendiez les Palestiniens côté cour, et vous dîniez avec leurs assassins côté jardin. Il vous arriva même d’accompagner les dirigeants français en visite d’Etat en Israël. Vous voilà embarqués, complices, pour assister au spectacle d’un président qui déclare qu’il « aimera toujours les dirigeants israéliens ». Mais il en fallait plus pour vous scandaliser, et vous avez repris l’avion avec le président, comme tout le monde.

Vous aviez condamné à juste titre l’intervention militaire américaine contre l’Irak en 2003. La vertu roborative du bombardement pour la démocratie vous laissait froids, et vous doutiez des vertus pédagogiques des frappes chirurgicales. Mais votre indignation à l’égard de cette politique de la canonnière version « high tech » s’avéra étrangement sélective. Car vous réclamiez à cor et à cri contre Damas, en 2013, ce que vous jugiez intolérable dix ans plus tôt contre Bagdad. Une décennie a suffi pour vous rendre si malléables que vous voyiez le salut du peuple syrien, désormais, dans une pluie de missiles de croisière sur ce pays qui ne vous a rien fait. Reniant vos convictions anti-impérialistes, vous avez épousé avec enthousiasme l’agenda de Washington. Sans vergogne, non seulement vous applaudissiez par avance aux B 52, mais vous repreniez la propagande US la plus grotesque, dont le précédent irakien et les mensonges mémorables de l’ère Bush auraient dû vous immuniser.

Pendant que vous inondiez la presse hexagonale de vos inepties, c’est un journaliste américain, enquêteur hors pair, qui mit en pièces le pitoyable « false flag » destiné à rendre Bachar-Al-Assad responsable d’une attaque chimique dont aucune instance internationale ne l’a accusé, mais que les expertises du Massachussets Institute of Technology et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, en revanche, ont attribuée à la partie adverse. Ignorant les faits, les travestissant au besoin, vous avez joué à cette occasion votre misérable partition dans cette cacophonie de mensonges. Pire encore, vous continuez de le faire. Alors qu’Obama lui-même laisse entendre qu’il n’y a pas cru, vous vous obstinez à réitérer ces sornettes, comme des chiens de garde qui aboient après la disparition de l’intrus. Et pour quel motif ? Pour justifier le bombardement, par votre propre gouvernement, d’un petit Etat souverain dont le tort principal est de refuser l’ordre impérial. Pour venir en aide à une rébellion syrienne dont vous avez sciemment masqué le véritable visage, accréditant le mythe d’une opposition démocratique et laïque qui existe seulement dans les salons des grands hôtels de Doha, de Paris ou d’Ankara.

Cette « révolution syrienne », vous l’avez donc exaltée, mais vous avez pudiquement détourné les yeux de ses pratiques mafieuses, de son idéologie sectaire et de ses financements troubles et douteux. Vous avez soigneusement occulté la haine interconfessionnelle qui l’inspire, cette aversion morbide pour les autres confessions directement inspirée du wahhabisme qui en est le ciment idéologique. Vous saviez que le régime baassiste, parce qu’il est laïque et non confessionnel, constituait une assurance-vie pour les minorités, mais vous n’en aviez cure, allant même jusqu’à qualifier de « crétins » ceux qui prenaient la défense des chrétiens persécutés. Mais ce n’est pas tout. A l’heure du bilan, il restera encore cette ultime ignominie : vous avez cautionné la politique d’un Laurent Fabius pour qui Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaida, « fait du bon boulot ». Tant pis pour les passants déchiquetés dans les rues de Homs ou les alaouites de Zahra assassinés par les rebelles : à vos yeux, ils ne sont que du menu fretin.

Entre 2011 et 2016, les masques tombent. Vous vous réclamez du droit international, mais vous applaudissez à sa violation contre un Etat souverain. Vous prétendez promouvoir la démocratie pour les Syriens, mais vous êtes devenus les fourriers du terrorisme qu’ils endurent. Vous dites que vous défendez les Palestiniens, mais vous êtes dans le même camp qu’Israël. Lorsqu’un missile sioniste s’abat sur la Syrie, n’ayez crainte : il ne frappera jamais vos amis. Grâce à Israël, grâce à la CIA, et grâce à vous, ces courageux rebelles vont continuer à préparer l’avenir radieux de la Syrie sous l’emblème du takfir. Le missile sioniste, lui, va tuer un des dirigeants de cette résistance arabe que vous avez trahis.

Bruno Guigue | 13 mai 2016

Bruno Guigue est un haut fonctionnaire, essayiste et politologue français né à Toulouse en 1962. Ancien élève de l’École Normale Supérieure et de l’ENA. Professeur de philosophie et chargé de cours en relations internationales dans l’enseignement supérieur. Il est l’auteur de cinq ouvrages, dont Aux origines du conflit israélo-arabe, l’invisible remords de l’Occident (L’Harmattan, 2002).

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June 21, 2016 9:24 AM
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#justice Le silence des moutons. #Nestlé condamné en #France et les #médias gardent le silence #KnackiBall #Herta

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Herta est condamnée pour ne pas avoir assez alerté les consommateurs de ces saucisses sur le risque de suffocation des jeunes enfants.

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May 25, 2016 3:04 PM
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#Médias en #France : Cinq cas de journalistes acquis à la doctrine néoconservatrice #lobbies #réseaux #propagande

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#Médias en #France : Cinq cas de journalistes acquis à la doctrine néoconservatrice #lobbies #réseaux #propagande

Par Anticons le 20 mai 2016

Au début de la présidence de George W. Bush, la doctrine néoconservatrice était présentée comme le degré zéro de la pensée. Pour bon nombre de chroniqueurs, il s’agissait d’une simple parenthèse dans notre Histoire qui devait très rapidement retrouver le sens de la raison. Pourtant cette aberration est devenue en moins de deux décennies la conception politique quasi-exclusive qui domine en Europe, et donc bien entendu en France et cela quel que soit les gouvernements au pouvoir.

Pour preuve : en Septembre 2007, George Bush est encore président des USA. Interviewé par le New York Times, Nicolas Sarkozy parle de « l’éventualité d’une évolution » de la place de la France dans l’OTAN. Il laisse entrevoir en matière de politique étrangère un alignement plus affirmé de la France sur les positions américaines. Cela alors même que depuis 2003, les États-Unis sont engagés dans une guerre illégale en Irak. Ainsi, encouragé par une très grande partie de la classe politico-médiatique, Sarkozy parachèvera son triste bilan en réexpédiant la Libye au Moyen Âge. La suite nous la connaissons : François Hollande remporte l’élection présidentielle en mai 2012. Dès lors sur les dossiers de politique étrangères (Syrie, Ukraine, Israël, Iran), le duo Hollande – Fabius va s’employer à respecter autant qu’il est possible de le faire la conception stratégique de la politique étrangère élaborée en amont par les faucons de la Maison Blanche.

Comme toute idéologie a besoin de ses propagandistes, surtout lorsqu’elle fait l’objet de polémiques, nous pouvons dès lors postuler que certains de nos journalistes vont en devenir les chantres. Parmi ceux-ci,(..)

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Rescooped by Juan Carlos Hernandez from JUSTICE : Droits des Enfants
April 19, 2012 11:45 AM
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Maltraitance sexuelle : comment débusquer un pédophile ?

Maltraitance sexuelle : comment débusquer un pédophile ? | Infos en français | Scoop.it

Souhaitant faire la lumière sur un pervers pédophile : une ancienne victime, Jérôme Nozet, cadre à la SNCF, prend lui même la charge de l’enquête (7 ans d’investigations) pour retrouver la trace de personnes non prescrites par ses crimes... 

http://affairesfamiliales.wordpress.com/2012/04/18/maltraitance-sexuelle-comment-debusquer-un-pedophile/


Via Actus des familles
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