Les allergies médicamenteuses représentent un problème majeur de santé publique et la majorité est due à des antibiotiques tels que les bêta-lactamines. Les composés chimiques, tels que la benzylpenicilline (BP), sont des molécules de faible poids moléculaire qui ne peuvent être reconnus par le système immunitaire et ne peuvent donc pas déclencher une réponse immunitaire adaptative. Ainsi pour devenir immunogène, ces molécules se lient à des protéines telles que l’albumine humaine (HSA). Le complexe ainsi formé est internalisé par les cellules présentatrices d’antigène qui présentent ensuite des conjugués peptides-molécules, associés aux molécules HLA, aux lymphocytes T (LT).
Dans une étude à paraitre dans Allergy, Marc Pallardy et son équipe à la Faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry (Unité INSERM/UPSud UMR-S 996, en collaboration avec l'uMR 8076 BioCIS CNRS/UPSud et le SIMOPRO du CEA de Saclay - LabEx LERMIT), apportent une compréhension des mécanismes de l’immunisation contre les médicaments et le rôle des LT dans le développement des allergies médicamenteuses. Les chercheurs ont mis en évidence l'existence d’un répertoire de LT naïfs CD4+ spécifiques du bioconjugué HSA-BP chez des donneurs sains (
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/all.12173/abstract). Ensuite, ils se sont intéressés à l’identification des peptides haptenisés par la BP, issus de la HSA, et impliqués dans l’activation des LT naïfs ainsi que dans l’immunisation des patients allergiques. Leur stratégie a permis (1) l’identification des résidus lysine présents sur la HSA hapténisés par la BP par spectrométrie de masse, (2) la sélection par une approche in silico des peptides de 15-mer potentiellement immunogènes, (3) la synthèse orientée de ces peptides-BP à l’aide d’un monomère lysine-BP (
https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.bioconjchem.6b00393), (4) l’identification des épitopes reconnus par les LT naïfs de donneurs sains grâce à un modèle de co-culture autologue DC-LT, (5) la validation de deux épitopes situés sur les lysines 159 et 525 chez les patients allergiques aux pénicillines. D’une manière générale, ce projet a permis, d’une part, l’identification d’épitopes impliqués dans l’immunisation à la BP pouvant servir dans le développement d’un test à visée diagnostic et, d’autre part, d’établir une stratégie de prédiction de peptides potentiellement immunogènes.
Contact : marc.pallardy@u-psud.fr