Un énorme coléoptère de plus d’un mètre de haut vient de se poser dans le parc La Grange. Ce lucane cerf-volant est une sculpture en bois de l’artiste genevois Sylvio Asseo. Elle n’a pas été placée là au hasard, puisque son modèle vit dans ce parc. Le but de cette sculpture est de signaler la présence d’un gîte que le Muséum d’histoire naturelle et le Service des espaces verts et de l’environnement (SEVE) de la Ville de Genève ont créé afin de favoriser la reproduction de ces coléoptères protégés.
«Dans le cadre des engagements internationaux d’Aalborg sur le développement durable, nous avons recensé les coléoptères prioritaires en Ville de Genève, explique l’entomologiste du Muséum d’histoire naturelle Mickaël Blanc, à l’origine de cette initiative. Il y en a trois espèces, le lucane cerf-volant, le grand capricorne et le pique-prune. Les deux premières sont en voie de raréfaction, la dernière est très rare en Suisse. Les seules populations importantes se trouvent dans les cantons de Genève, du Valais et du Tessin.»
Si ces coléoptères se raréfient, c’est que leur habitat est de plus en plus restreint. Ils ont besoin d’arbres vieillissants ou de bois mort, or cela a fortement diminué après des décennies de politique du propre-en-ordre dans la gestion de l’environnement.
Le lucane joue un rôle non négligeable dans la nature: «C’est un jardinier de la forêt, rappelle Mickaël Blanc. Sa larve digère le bois mort et produit de l’humus. En plus, elle aère le sol. Tout cela aide la végétation à repousser. La protection de ces coléoptères favorise aussi d’autres espèces qui s’en nourrissent et sont également liées aux arbres sénescents, comme les chouettes ou les chauves-souris.»
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Prochaine étape pour le Muséum: trouver des fonds pour éditer un fascicule pédagogique s’attaquant aux idées reçues sur les insectes et le bois mort. En attendant, le public est appelé à signaler ses observations de ces coléoptères dans le canton, ce qui permettra de voir où les populations sont actives et créer des corridors biologiques.