Les apiculteurs critiquaient le gouvernement français pour les lacunes dans sa surveillance des mortalités d'abeilles aigües et massives. Saisie de l'affaire, l'Agence française de sécurité sanitaire (ANSES) a confirmé les critiques. Mais au lieu d'améliorer ses investigations, le gouvernement a l'intention ne plus rechercher systématiquement les résidus de pesticides dans ces cas-là. Une manière de les rendre invisibles ?
Par Anne-Françoise Roger, 14.03.2018
"Les apiculteurs avaient la désagréable impression que les gouvernements successifs cherchaient à incriminer leurs pratiques et les maladies des abeilles pour expliquer les mortalités massives et aigues constatées en France depuis l'apparition des néonicotinoïdes dans les années 1990.
C'est désormais plus qu'une impression. Un bilan officiel publié il y a un an estime que les maladies des abeilles sont la première cause de mortalité et les mauvaises pratiques des apiculteurs la seconde. Les pesticides sont quasiment hors de cause.
Comment une telle conclusion est-elle possible ? L'Union nationale de l'apiculture française (UNAF) s'est penchée sur le sujet et a observé que les mortalités d'abeilles sont sous-déclarées dans certaines régions, que les recherches de pesticides ne sont pas toujours réalisées et que des " biais statistiques " dans le bilan donne une importance exagérée aux maladies.
Pour l'ANSES, les maladies ne sont pas en cause
Devant la contestation, l'ANSES a été saisie. Dans son évaluation (rapport Oasis), elle se montre également très critique et reconnaît bien des déficiences au système de surveillance des mortalités d'abeilles. Elle rejette carrément les maladies évoquées dans le bilan pour expliquer des mortalités aigües et massives car ces maladies ne peuvent pas provoquer de tels phénomènes. Elle conseille même de ne plus les rechercher."
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- Mortalité d’abeilles : pour l’UNAF, 30 ans de surveillance officielle sont totalement remis en question par l’Anses. Et après ? 09.01.2018 https://www.unaf-apiculture.info/IMG/pdf/cp_2018-01-2018_unaf_surveillance_mortalite_anses.pdf
[Image] " Les indicateurs sont au rouge : 30% de mortalités annuelles des ruches, disparition de 80% de la biomasse volante en 25ans... Et malgré cela, le ministère de l'agriculture persiste dans son refus de regarder l'impact des pesticides sur les ruches " se désole Gilles Lanio, Président de l'UNAF, alors que le ministère vient d'annoncer vouloir revoir la méthode de surveillance des mortalités d'abeilles, mais sans prendre en compte la présence de résidus de pesticides.