LA LAÏCITÉ DANS L'ÉDUCATION ET L'ENSEIGNEMENT

Article issu du quotidien,

La Croix, le 28 octobre 2025

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Écrite dans un style simple, cette lettre de huit pages intitulée « Tracer de nouvelles cartes d'espérance » dessine une ligne éducative claire, refusant à la fois « l'utilitarisme scolaire », le repli idéologique et la dilution des spécificités de l'enseignement catholique.

« La déclaration conciliaire Gravissimum educationis réaffirme le droit de chacun à l'éducation et indique la famille comme première école d'humanité », écrit Léon XIV en ouverture de ce document.
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Concernant le numérique notamment, il prolonge les intuitions du document de 1965 : « Les technologies doivent servir la personne, non la remplacer.
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Plus concrètement, Léon XIV demande aux enseignants des écoles catholiques « une disponibilité » à la formation spirituelle et religieuse. « L'école catholique est un environnement dans lequel foi, culture et vie s'entrelacent, rappelle-t-il. Ce n'est pas simplement une institution, mais un milieu vivant où la vision chrétienne imprègne chaque discipline et chaque interaction.
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Ce rappel intervient alors que l'enseignement catholique est mis sous pression en France, confronté à la fois à des scandales d'abus sexuels d'anciennes communautés éducatives et à des critiques sur la place du religieux. Certains s'inquiètent d'un effacement de son identité catholique, quand d'autres épinglent le contenu du catéchisme, ou la place de la prière, vus comme des atteintes à la laïcité.

Article issu du quotidien,

Le Figaro, le 27 octobre 2025

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Cet épisode, qui a immédiatement suscité la polémique, est loin d’être le premier. En 2023, quelques jours après les attaques du Hamas contre Israël , Le Figaros’était déjà rendu à l’université de Saint-Denis pour raconter la mobilisation des syndicats étudiants d’extrême gauche propalestiniens. Deux ans plus tard, peu de choses ont changé. À l’intérieur de l’université, les militants continuent quotidiennement de distribuer des tracts en faveur de la Palestine, des étudiants défilent avec des keffiehs… Mais, depuis jeudi dernier, les élèves ont reçu l’ordre par mail de présenter leur carte étudiante avant d’entrer dans l’établissement. Une mesure prise pour éviter aux individus étrangers à l’université de s’inviter aux réunions étudiantes, ou une simple volonté d’empêcher les journalistes d’entrer dans la faculté ?
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’exemple de Paris 8 n’est pas un cas isolé. Selon le ministre de l’Enseignement supérieur, depuis le début de l’année, 115 actes antisémites ont été dénombrés dans les universités.
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Outre l’article 40 du code de procédure pénale, permettant à l’université de déposer un signalement auprès du procureur de la République, une loi contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur a été promulguée le 31 juillet dernier. Elle rend obligatoire une formation pour tous les étudiants à la lutte contre l’antisémitisme, le racisme et la haine.
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Avant la mise en vigueur de cette loi, certains établissements avaient déjà réfléchi à davantage de fermeté. À Sciences Po Paris, qui a été bercé ces derniers mois par de multiples manifestations propalestiniennes, le campus a retrouvé le calme depuis l’arrivée de son nouveau directeur, Luis Vassy , en octobre 2024.
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La France n’est pas la seule à être concernée. Le phénomène de militantisme propalestinien prend de l’ampleur dans les universités de bien d’autres pays.
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La France n’est pas la seule à être concernée. Le phénomène de militantisme propalestinien prend de l’ampleur dans les universités de bien d’autres pays.

Article issu de l'hebdomadaire,

L'Express, le 23 octobre 2025

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Malgré la demande d'annulation adressée quelques jours avant par un groupe d'étudiants propalestiniens à la présidence de l'école, l'intervention du professeur d'histoire a bien eu lieu devant les membres de l'ENM et seulement quatre étudiants sur les 40 inscrits initialement. Mais, durant sa prise de parole, plusieurs militants ont scandé des slogans relatifs à Gaza, à la Palestine et à la colonisation dans les couloirs de l'école. Et une vingtaine d'entre eux attendait Iannis Roder à la sortie en vue de l'intimider.
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Je me suis rendu à l'IEP dans le cadre d'une conférence organisée sur le thème "Juger sous Vichy" pour l'Ecole nationale de la magistrature et les étudiants. Mon intervention portait sur une mise en perspective des processus de crimes de masse du XXe siècle. A mon arrivée, on m'a expliqué, à ma surprise, qu'un comité d'accueil propalestinien m'attendait dans les étages. On m'a discrètement fait passer derrière ce groupe de jeunes gens vêtus de keffieh et arborant des drapeaux palestiniens. (…) J'ai appris par la suite que la salle avait été nettoyée juste avant mon arrivée pour faire disparaître des tracts qui avaient été collés sur les tables. Sur le tableau était écrit : "Iannis casse-toi".
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Dès que j'ai commencé à parler, les manifestants se sont mis à hurler dans le couloir des slogans que je ne comprenais pas bien. J'ai juste entendu des mots comme "Gaza" ou "colonisation". Compliqué de se concentrer avec tout ça en fond sonore ! (...) A la fin de mon allocution, on m'a fait sortir par une porte située à l'arrière du bâtiment. Mais à l'extérieur, les gens qui m'attendaient m'ont aperçu et ont commencé à courir vers nous en criant dans leur mégaphone. J'ai tourné au coin de la rue et ça s'est arrêté là.
(...)
Ces confusions et inversions ne sont pas que consternantes, elles sont également dangereuses. Sciences Po, et l'université en général, sont des lieux de savoir où l'on doit être capable d'écouter le point de vue de l'autre, de débattre de manière apaisée et argumentée en s'appuyant sur la science et la connaissance. Là c'est tout le contraire. Ces jeunes gens sont tellement convaincus d'être dans le Juste, le Bien et le Vrai qu'ils osent toutes les outrances. L'emploi du terme "insoutenable" est d'ailleurs assez révélateur.
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Parce que ce mot "insoutenable" relève du ressenti et de l'intime. Ce que nous disent ces étudiants, ce n'est pas leur indignation face au "crime des crimes" mais leur intolérance à tous ceux qui ne pensent pas comme eux et, littéralement, qu'ils ne peuvent "soutenir" un autre point de vue que le leur. Leurs idées font ainsi partie de leur être le plus profond, comme certains croyants en sont persuadés et se sentent offensés quand on critique leur foi. Celui qui offense ces étudiants en refusant de se rallier à leur dogme, car on est donc ici en présence d'un début de système de croyance, doit être effacé.
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Un antisémitisme d'atmosphère et vertueux, entretenu par les mêmes jeunes gens qui se sont opposés à ma venue à Sciences Po Lyon. Pris individuellement, aucun d'entre eux ne reconnaîtra qu'il est antisémite. Tous sont persuadés d'être dans le camp du bien et d'agir au nom de l'antiracisme et de l'antifascisme car nous sommes, à leurs yeux, des fascistes, voire, pour ce qui me concerne, un "génocidaire". Cette inversion repose sur une terrifiante corruption du langage qui confine à la post-vérité. Elle dit toute la difficulté à laquelle on se heurte.
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Or en l'absence d'autorité, c'est le sentiment d'impunité qui s'installe. Les outils juridiques existent, utilisons-les afin de tout faire pour que l'université reste un lieu d'échanges, de dialogue et d'expériences démocratiques. Et éviter ce type de radicalisation poussée à l'extrême, jusqu'à vouloir effacer celui qui ne pense pas comme vous. Le sentiment d'impunité ouvre grand les portes à la radicalisation, nous devrions le savoir.

Article issu du quotidien,

Le Monde, le 15 octobre 2025

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Comment en est-on arrivé là ? Trois tendances sont à l’œuvre, selon Lamri Adoui, président de France Universités – qui avait commandé ce rapport en 2023 : « La remise en cause de la science, la viralité de “l’information-déni” et la fragilisation, voire les attaques envers l’institution universitaire. » Un « climat toxique »qui , en cas de basculement politique, « prépare les esprits au fait de restreindre la liberté académique, certains estimant normal qu’il y ait une reprise en main ».

Tel fut le cas aux États-Unis. « Donald Trump n’est pas contre la science, mais contre la science telle qu’elle est faite, illustre Stéphanie Balme. Il voudrait que les établissements proposent des enseignements différents, faisant l’impasse sur tel ou tel objet scientifique. » En Chine, Xi Jinping promeut, quant à lui, une définition de la science réduite au seul rôle de vecteur de puissance, au nom d’un « techno-nationalisme triomphant », par ailleurs hostile à tout savoir critique.
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En France, ces dernières années, les atteintes à la liberté académique ont été le fait, minoritairement, d’universitaires eux-mêmes, mais majoritairement d’acteurs extérieurs, décrit le rapport : dirigeants politiques ou groupes de pression menant des campagnes médiatiques orchestrées, dont la virulence et la systématicité évoquent « une forme de maccarthysme contemporain 2.0 ».

Plusieurs approches critiques en sciences humaines et sociales continuent de faire l’objet d’ « amalgames idéologiques », souvent qualifiées de manière péjorative de « dérives décoloniales », de « wokisme » ou d’ « islamo-gauchisme », souligne le rapport.
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Par ailleurs, des chercheurs français ont été privés de liberté à l’étranger, notamment en Iran, en Russie ou en Tunisie. D’autres se sont vu interdire l’accès à leur terrain d’enquête ou en ont été expulsés.

Pour Stéphanie Balme, il est urgent de former à la liberté académique comme on forme déjà à l’importance de la liberté de la presse, à travers l’éducation civique. « C’est un peu comme si on était à la fin du XIXe siècle, au moment où on se demandait quel droit de la presse il nous fallait », compare l’universitaire.
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Le rapport préconise aussi d’instaurer un régime autonome de protection des sources pour les chercheurs en s’inspirant du secret des sources journalistiques et de lutter contre les procédures bâillons avec des amendes réellement dissuasives. Les universités elles-mêmes sont appelées à systématiser la protection fonctionnelle des enseignants-chercheurs lorsqu’ils sont attaqués, à désigner un référent et à définir un protocole de réponse d’urgence.

Article issu du quotidien,

Le Figaro, le 15 octobre 2025

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Je ne veux pas être la porte-voix de qui ou de quoi que ce soit, mais si mon nom peut aider ces initiatives, si nous pouvons dépassionner et dépolitiser les discussions dans les établissements scolaires autour de la laïcité et des valeurs républicaines, alors je me dois de m’impliquer. L’éducation nationale doit arrêter de se voiler la face sur les réalités de terrain et soutenir les actions concrètes et coconstruites avec les enseignants. Car ces derniers continuent à se sentir très seuls face à une jeunesse fort mal en point et, pour une partie, en proie à la violence.
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Faire une minute de silence pour faire une minute de silence n’a jamais servi à rien. Depuis cinq ans, ces hommages sont largement improvisés. On laisse les enseignants faire comme ils peuvent. Or, cela ne devrait pas se passer comme ça, par un ordre qui descend de la Rue de Grenelle [où se trouve le ministère de l’éducation] vers les enseignants.

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J’aimerais à l’inverse que les chefs d’établissement créent avec les enseignants une demi-journée en octobre pour parler des valeurs républicaines et humanistes sous forme de débats, de rencontres… On le fait bien à propos du handicap ou du harcèlement. Il s’agirait de proposer des ateliers sur la laïcité mais aussi sur l’empathie, les réseaux sociaux… Car l’attentat contre mon frère dépasse très largement les questions de laïcité. J’aimerais – peut-être est-ce un vœu pieux – que la lourdeur, la gêne, la crainte du dérapage disparaissent. La peur se combat par le collectif et par l’action.
(…)
Je ne veux pas rentrer dans ce débat. Je ne tiens pas du tout à ce que les caricatures de Charlie Hebdo soient d’office imposées à tous les enseignants de France. Les dessins et la liberté de la presse font partie des programmes scolaires, mais chaque professeur choisit son objet d’étude. Si le professeur choisit ces dessins, très bien, s’il en choisit un autre, très bien aussi. L’idée est avant tout de susciter le débat auprès des élèves.

Article issu du quotidien,

Le Parisien, le 15 octobre 2025

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Elles me semblent parfaitement inutiles. J'imagine que les jeunes n'en retirent rien. Certains ne savent pas de quoi on parle, ou bien la rejettent avec parfois des oppositions qui n'apportent rien à personne. Aujourd'hui, on laisse cette minute de silence aux mains des professeurs enfermés dans leur classe, alors qu'il faudrait des actions collectives, et à visée pédagogique. De plus, à chaque fois, le ministère réagit très tard, et souvent les minutes ne sont pas faites.
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Ce procès m'a permis de mettre du sens, de comprendre exactement ce qu'il s'est passé, qui étaient ces gens et quelles étaient leurs motivations. J'ai pu regarder en face ce qui s'était réellement passé et, une fois qu'on y arrive, eh bien, ça fait moins mal. On peut alors recommencer à réfléchir, à penser, à vivre en fait.
(…)
Je pense que l'institution n'est pas infaillible et qu' il existe encore des zones d'ombre. On attend des réponses depuis cinq ans. On a eu droit à un rapport bâclé de Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Éducation entre 2017 et 2022) trois mois après les faits, où l'institution se dédouanait de tout. Forcément, ça n'aide pas à avoir confiance dans ce que l'Éducation nationale fait ou ne fait pas. D'ailleurs, on a déposé une plainte, qui est toujours en cours, pour déterminer s'il y a eu des erreurs. Par contre, nous ne cherchons pas des coupables. Les coupables, ils étaient au procès. Nous cherchons à comprendre, pour que ça ne se reproduise plus.
(…)
Je n'attends rien des accusés et je suis assez convaincue qu' ils ne diront rien de plus en appel. Mais je serai présente, comme je suivrai à distance celui de l'assassinat de Dominique Bernard, quand la date sera fixée. Si Samuel n'était pas mort, Dominique Bernard ne serait pas mort. C'est ce qu'a dit une professeure d'histoire et géographie à la barre. Quelque part les deux assassinats sont liés.
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Je pense qu'ils ont peur, car ce n'est pas simple et je suis totalement en empathie avec ce qu'ils peuvent parfois vivre dans leur classe. Par contre, il va falloir qu'on trouve le moyen de dépassionner ce débat sur la laïcité, et là encore, ne pas laisser les enseignants seuls face à leurs élèves. Il faut faire vivre cette laïcité au niveau de l'établissement, d'un collectif et de projets, plutôt que de vouloir l'enseigner. La laïcité ne va pas rentrer de force dans l'esprit des élèves qui en sont éloignés. C'est le sens du prix Samuel Paty porté par l'Association des professeurs d'histoire et de géographie.

Article issu du quotidien,

La Croix, le 16 octobre 2025

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Près de 95 %. C’est l’étonnante proportion d’élèves musulmans scolarisés au collège catholique Saint-Joseph-Viala, à Marseille (Bouches-du-Rhône). Un chiffre certes exceptionnel mais qui illustre un phénomène qui tend à se banaliser dans le paysage scolaire français : dans la Cité phocéenne comme ailleurs, de plus en plus d’établissements catholiques accueillent une large proportion d’élèves musulmans.
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… sur 553 familles musulmanes interrogées, 85 % d’entre elles ont choisi un établissement catholique pour leur enfant pour au moins une étape de leur scolarité.

Dans certains quartiers paupérisés, l’inscription dans l’enseignement catholique tient d’abord à des raisons de stratégie d’évitement de l’enseignement public, au climat et au niveau scolaire jugés, par ces familles, dégradés.
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Et Dieu dans tout ça ? Certaines familles musulmanes se tournent vers l’enseignement catholique précisément pour des raisons confessionnelles. Ces dernières préfèrent que leurs enfants évoluent dans un milieu scolaire où Dieu a sa place, fût-il chrétien, plutôt que dans un environnement public laïc où la religion peut susciter des crispations. Même chez les musulmans non pratiquants, certains souhaitent que leurs enfants soient éveillés à la spiritualité, comme l’explique Latifa, mère parisienne de deux enfants : « Entendre parler de Dieu permet de réaliser qu’il y a des valeurs partagées dans toutes les religions. »
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Alors que, depuis les attentats de 2015 et la loi dite « séparatisme » en 2021, l’expression de la religiosité musulmane attise les tensions, « certaines familles se sentent davantage écoutées et respectées dans leur foi et leur liberté de conscience au sein de l’enseignement catholique, souligne le chercheur Sébastien Vida. Ces établissements sont une forme de cocon pour ceux qui se sont sentis blessés, discriminés ou stigmatisés en raison de leurs convictions religieuses. » D’autant que l’enseignement catholique n’est pas concerné par les lois interdisant les signes religieux ostentatoires à l’école. Au collège Saint- Mauront de Marseille, l’un des directeurs de l’établissement n’a par exemple pas interdit le voile, craignant que les filles concernées « ne viennent plus à l’école », se souvient son successeur Jacques Le Loup, qui a lui-même dirigé deux établissements catholiques à Marseille durant dix ans. Aujourd’hui, elles sont entre trois et cinq jeunes filles par classe à arborer ce signe. Marginale, cette pratique reste interdite dans le règlement intérieur d’une grande majorité d’ensembles scolaires. Saint-Mauront est d’ailleurs le seul établissement à l’autoriser dans la Cité phocéenne.
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Outre un rapport à la foi, les familles musulmanes peuvent aussi être attirées par une forme de « conservatisme catholique sur les questions de vie affective, relationnelle et sexuelle », expose Sébastien Vida. Meriem, qui s’inquiète de la montée du « wokisme » à l’école publique, se sent plus en confiance dans l’enseignement catholique.

Article issu du quotidien,

Le Parisien, le 24 octobre 2025

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« La laïcité, c'est un principe essentiel pour que le pays fonctionne bien », clame la jeune femme - qui a expérimenté d'autres systèmes, notamment au Canada, où l'appartenance religieuse s'affiche sans mal, même dans la fonction publique.

Elle n'est pas la seule : selon le livre-enquête « Les jeunes et leur laïcité », écrit par les sociologues Charles Mercier et Philippe Portier, qui vient de paraître aux Presses de Sciences-po, les moins de 30 ans ne sont pas les enragés anti-laïcité que l'on dépeint habituellement , par opposition aux générations plus âgées, favorables à une laïcité stricte.

Sommaire
1. « La religion doit rester chez soi, sinon c'est le foutoir »
« Ils sont attachés aux règles collectives et moins individualistes qu'on ne le pense. Comme leurs aînés, sur ce sujet, ils disent : Il faut un État !» résume Charles Mercier, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Bordeaux, spécialiste des religions dans l'espace public.

Ce que confirment quatre jeunes que nous avons contactés, chacun de confession religieuse, de sensibilité politique et d'un niveau d'études différents. « La laïcité, donc la neutralité de l'État vis-à-vis des religions, est un cadre nécessaire et une grande force de notre pays », juge Pierre, Nantais, 23 ans, catholique pratiquant et « de droite ».

« La religion doit rester chez soi, sinon c'est le foutoir », abonde Yohann, la trentaine, juif, habitant à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) et « Marine Le Pen compatible » - selon ses mots. Ainsi, à ses coreligionnaires qui voudraient que leur confession puisse prendre plus de place dans leur quotidien, il répond : « Vous n'avez qu'à aller en Israël ! »
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Pour les jeunes, la loi de 1905 a donc quelque chose de rassurant , « au vu de leur défiance quant à l'absolutisme religieux, voire de la religion qui voudrait dicter la conduite des citoyens », objective Charles Mercier, qui y voit un point commun avec les seniors, eux aussi opposés « à l'intransigeance religieuse. »

Une nuance : la jeunesse n'est pas un bloc uniforme. On distingue des différences selon le genre, l'âge, ou la confession. Les filles sont plus libérales : « C'est en lien direct avec la question du voile, et une conséquence de MeToo. Ce vêtement étant central dans les débats sur la laïcité, elles y voient une attaque de plus contre les femmes. »

Si jeunes et plus âgés s'accordent sur l'importance d'un cadre laïc, il subsiste des spécificités générationnelles. « Le bâtiment est le même - une laïcité qui encadre -, mais les jeunes ont apporté leurs propres pierres, des ingrédients extérieurs », illustre Charles Mercier. Principale particularité : l'interprétation des signes religieux.

2. 43 % des jeunes favorables au port de signes religieux à l'école
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Ainsi, Pierre, le catho de droite, estime que « les lois sur la laïcité n'ont pas besoin d'aller jusqu'à l'interdiction du voile dans la rue, ou la manière de s'habiller à la plage », illustre-t-il.

Inès se félicite de vivre au Canada, où il y a « une plus grande acceptation des différences de chacun ». « Certaines de mes collègues portent le turban au boulot, sans que cela ne crée de vague, car cela se fait dans le respect de l'ordre public », assure cette salariée de l'État fédéral.
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Un sondage réalisé en 2023 indique que 43 % des jeunes sont favorables au port de signes religieux au lycée, contre 24 % de la population générale. Cette plus grande tolérance est en opposition avec la vision des seniors, favorables à plus de fermeté. Et 60 % des moins de 30 ans jugent que la laïcité est « instrumentalisée » dans le débat pour dénigrer l'islam.
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U ne autre étude, cette fois-ci réalisée par l'Ifop en 2021, montre, elle, qu'une grande majorité des 15-18 ans estime que Samuel Paty, assassiné par un terroriste il y a cinq ans , a eu raison de montrer les caricatures du prophète Mahomet en classe. Pourquoi cette nuance ? La société évolue. « Ils ont été mieux formés à la laïcité à l'école, ont grandi dans un climat culturel plus mondialisé et favorable au droit des minorités, rappelle l'enquête. Leurs navigations sur Internet ou leurs voyages à l'étranger relativisent la norme laïque française. »

Article issu du quotidien,

Le Figaro, le 3 octobre 2025

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Le 2 octobre, le nouvel homme fort du Secrétariat général de l'enseignement catholique (SGEC) s'est entretenu, Rue de Grenelle, avec la ministre de l'Éducation nationale. Quelques jours auparavant, Élisabeth Borne avait rencontré Mgr Rougé, qui a récemment pris ses fonctions de président du Conseil des évêques pour l'éducation catholique. A-t-il été question de prières entre la ministre et Guillaume Prévost ? « Ils n'en ont pas du tout parlé » , affirme-t-on à l'enseignement catholique. La direction financière de l'Éducation nationale, qui est l'interlocuteur du SGEC au ministère, a de son côté indiqué le contraire à une organisation syndicale. Le sujet, selon elles, aurait bien été abordé. Ce hiatus montre en tout cas que les deux parties ne souhaitent pas s'engager dans un affrontement ouvert.
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Entre le « caractère propre » - cette notion volontairement floue qui a permis d'aboutir à un compromis entre les camps laïc et catholique à travers la loi de 1959 -, la liberté de conscience et le devoir de neutralité, le cadre est régulièrement sujet à interprétation. Ainsi, Guillaume Prévost défend « la liberté de conscience de l'enseignant, du chrétien de dire sa foi, ses convictions » , tandis que les syndicats d'enseignants du privé sous contrat ainsi que le ministère font valoir la liberté de conscience des élèves. « C'est une question juridique et philosophique que seul le Conseil constitutionnel pourrait trancher » , estime Jean-Louis Stalder au Spelc, l'un des principaux syndicats, qui préférerait que les choses se règlent « dans le dialogue ». « Pourquoi ne pas faire cette prière deux minutes avant les cours en laissant la possibilité aux élèves qui ne souhaitent pas y assister d'entrer après ? » , interroge-t-il.

En réalité, au-delà du sujet symbolique de la prière, c'est un projet plus vaste que Guillaume Prévost défend depuis son entrée en fonction. Pour lui, le défi de l'enseignement catholique, « c'est d'être plus profondément et plus véritablement catholique ». « Il a reçu un mandat des évêques : celui de recatholiciser les établissements. Il essaie de faire bouger les lignes en intégrant du religieux dans les enseignements,constate Valérie Ginet à la FEP-CFDT, le premier syndicat de l'enseignement privé. Mais nous ne sommes pas des prêtres ! Nous avons lancé une expertise juridique. »
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Mais, du côté de l'enseignement catholique, on explique que la position du nouveau secrétaire général sur la prière a simplement « éclairé ce qui se fait déjà dans certains établissements ». « Bien sûr, en Seine-Saint-Denis ou dans les quartiers nord de Marseille, où l'école catholique compte 80 % de musulmans, on ne va pas imposer une prière. Ce qui n'empêche pas de parler du projet éducatif chrétien. Les familles ont inscrit leurs enfants dans nos établissements pour cela. »

Article issu du quotidien,

La Croix, le 3 octobre 2025

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L'enseignante, qui tient à ce moment « fédérateur et apaisant », donnant une tonalité « sereine » à la journée qui démarre, n'avait jamais imaginé que cette pratique puisse faire débat. « Évidemment, je ne surveille pas qui prie ou qui reste silencieux ! Mais nous sommes dans une école catholique, son caractère propre n'est pas caché », souligne-t-elle.

Pourtant, en affirmant, d'abord dans une émission de KTO, puis lors de sa conférence de presse de rentrée, que les enseignants du privé « ont parfaitement le droit » de prier avec leurs élèves en classe, « parce que c'est leur liberté pédagogique et leur liberté de conscience », le nouveau secrétaire général de l'enseignement catholique, Guillaume Prévost (par ailleurs membre du conseil de surveillance du groupe Bayard, éditeur de La Croix), a provoqué de nombreuses réactions, à commencer par celle des syndicats des enseignants du privé.
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Dans les faits, le caractère propre des établissements catholiques s'exprime notamment par la pastorale qui se déroule en sus des heures de cours financées par l'État - et doit être facultative dès lors qu'elle engage la foi -, et lors de célébrations ponctuelles organisées dans la plupart des établissements catholiques (messes de rentrée, temps forts liturgiques...), qui doivent aussi être facultatives, une alternative étant proposée à ceux qui ne souhaitent pas s'y rendre.
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En réalité, les témoignages que nous avons pu recueillir montrent qu'un temps de prière quotidien est une pratique minoritaire, le plus souvent à l'initiative d'enseignants qui ne peuvent être que volontaires, se déroulant généralement sans susciter d'opposition de la part des familles. Quelques établissements, peu nombreux, organisent un temps de prière quotidien pour l'ensemble des élèves. Tel ce collège privé de l'académie de Poitiers où une première sonnerie retentit le matin à 8 h 10, cinq minutes avant le début des cours. C'est le signal de la prière du matin, qui a lieu dans la cour de récréation, avant la montée en classe et le début du temps scolaire. « Nous sommes tous présents, mais ceux qui ne veulent pas prier restent silencieux », témoigne une élève.
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Après la prise de position de Guillaume Prévost, le ministère de l'éducation nationale rappelait que « les temps dédiés au "caractère propre" de l'établissement (devaient) être distincts des enseignements du programme public. Si ce n'est pas le cas, l'établissement doit compenser les heures de cours perdues ».
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La question de la prière en classe est « symptomatique d'un des nombreux flous qui existent en réalité sur le détail du fonctionnement des établissements privés sous contrat », analyse Stéphanie Hennette-Vauchez, professeure de droit public à l'université Paris Nanterre. « Même si les enseignants du privé sous contrat sont des agents publics, ils ne peuvent pas être soumis au principe de laïcité au même titre que les autres », malgré la loi Censi de 2005 qui les qualifie d'agents publics, et la loi dit séparatisme de 2021 qui soumet au principe de neutralité tous ceux qui participent à des missions de service public. En revanche, ajoute Stéphanie Hennette-Vauchez, « ce qui relève des programmes officiels doit respecter le principe de neutralité ». En outre, du point de vue des élèves, « toutes les activités religieuses doivent rester facultatives pour respecter leur liberté de conscience ».

Article issu du quotidien,

La Croix, le 24 septembre 2025

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Tout est parti d'une phrase du secrétaire général de l'enseignement catholique, Guillaume Prévost. Interrogé sur KTO, le 12 septembre, sur la mission de l'enseignement catholique et la place de la proposition de la foi dans le projet éducatif, Guillaume Prévost assure vouloir « redonner clairement le droit à une enseignante de faire le matin une prière avec les élèves ». « Dans la classe ? », relance le journaliste. « Bien sûr », répond l'invité.

L'échange n'a pas échappé à la vigilance du député insoumis Paul Vannier, qui mène depuis quelques années l'offensive contre l'enseignement catholique. « C'est une attaque frontale contre la liberté de conscience »,s'enflamme sur le réseau X l'élu, accusant le secrétaire général de mener un « séparatisme revendiqué ».
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selon la loi Debré de 1969, qui cadre le statut d'un enseignement privé associé à l'éducation nationale, ce ne sont pas les établissements qui sont sous contrat mais les classes. En clair, tout ce qui concerne le temps strictement scolaire est placé sous le régime du service public : respect des programmes et neutralité des enseignements. En dehors de la classe, au nom du caractère propre reconnu par la loi aux établissements, les mêmes enseignants peuvent prendre part à des activités religieuses.
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Guillaume Prévost, lui, fait valoir une autre lecture. Il rappelle que le Conseil constitutionnel a garanti, dans une décision de 1985, la liberté de conscience des enseignants du privé, qui ne sont pas tenus au devoir de neutralité.
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Au risque de relancer la guerre scolaire ? Mgr Matthieu Rougé, chargé du dossier pour la Conférence des évêques de France, ne veut pas y croire. « Cela fait réagir car on traverse des temps électriques, on est à cran sur plein de sujets, alors que la priorité devrait être de fédérer pour faire face à la crise éducative », estime l'évêque de Nanterre, qui évoque les réminiscences récentes d'un « laïcisme un peu outré ». Mais il observe que dans beaucoup d'écoles « la prière du matin existe et ne pose aucun problème. C'est aussi pour cela que les parents mettent leurs enfants dans les établissements catholiques. »