Près de la moitié des réacteurs nucléaires en France sont menacés par un phénomène d’usure qui touche des gaines de combustibles, victimes de corrosion à force d’usage, selon un document interne à EDF que s’est procuré Mediapart. L’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) envisage des mesures de restriction d’exploitation pour prévenir les risques de rupture de ces enveloppes métalliques. Leur tenue est essentielle au bon fonctionnement des centrales atomiques car les gaines de combustibles assurent la première barrière de sûreté du système. Mais ces dispositions sont contestées par le groupe qui les juge trop contraignantes. L’ASN doit rendre un avis sur ce sujet dans les jours à venir.
Le problème, c’est que l’exploitant a découvert que la corrosion s’étendait sur des épaisseurs plus profondes que prévu sur certaines gaines. Si bien qu’il a dû modifier son modèle de référence. Mais ces nouvelles mesures sont rejetées par l’ASN qui considère qu'elles ne sont « pas acceptables », comme on peut le lire dans ce document. En conséquence, l’autorité « envisage la mise en place de "restrictions d’exploitation sur le combustible" afin d’en limiter l’irradiation, et ainsi réduire l’épaisseur de corrosion maximale du gainage ».
Autrement dit, elle pourrait demander par précaution à EDF d’utiliser moins longtemps ses combustibles et de les remplacer plus souvent par du matériel neuf. Soit exactement l’inverse de ce que fait aujourd’hui l’électricien, qui rallonge les durées d’utilisation des combustibles, de plus en plus chargés en uranium 235, pour accroître sa production nucléaire.