Chronique des Droits de l'Homme

Par Philippe Bilger

Nicolas Sarkozy, Philippe Courroye, Patrick Ouart et Jean-Pierre Picca. Ainsi ce qu’on pressentait, soupçonnait durant le dernier quinquennat était vrai, et bien au-delà de ce que l’esprit même le moins naïf pouvait imaginer. Non seulement la République irréprochable n’a servi que de leurre pour appâter, un temps, les égarés mais la justice, pour les affaires où le pouvoir agissait en terrain conquis. Elle a été dévoyée. Honteusement...

Il aura réussi à tout pourrir; et, comme il fallait s'y attendre, il n'a pas manqué de plonger à fond dans le piège FN. Mais, mis à part cela, il n'est pas facho. Faust est une oeuvre de Goethe ou le chercheur obsédé par la réalisation de son ego, offre son âme au diable afin de d’être le premier philosophe à trouver la formule de la pierre philosophale. Mais, ce qu’il y a de nauséeux et de nauséabond chez notre ami, c’est qu’il est censé servir de guide à un peuple, et veiller à son bien-être par-delà les spécificités locales, cultuelles, sociales, communautaires, ou corporatistes...

>>>> Pensée cyclique : l'Über, c'est le Faust au Copé ?

A l'analyse, tout le monde s'est aperçu de la droitisation de la campagne de Nicolas Sarkozy, dûe pour beaucoup à la trop grande influence du conseiller venu de l'extrême droite Patrick Buisson. Or des prémices de cette tendance avaient déjà été décelées il y a plusieurs mois, chez notre futur-ancien père de la nation. Notre président tenant alors salon, en attendant la future naissance de sa fille, entre deux voyages façon SuperDupont en Libye et un autre pour voir son ex-grande copine allemande. Sa femme bientôt à la maternité, ayant déjà épuisé toutes les cassettes vidéos de sa collection, enfin toutes les versions de Ben-Hur, son film préféré, il avait alors trouvé une nouvelle façon de se distraire...

Après le discours de Nicolas Sarkozy contre l'Europe d'aujourd'hui, Laurent Wauquiez jubile. « François Hollande nous a ouvert un boulevard en abandonnant les thèses d'Arnaud Montebourg sur la démondialisation », glisse le ministre de l'enseignement supérieur. On peut ne pas partager les idées du leader de la droite « sociale » devenue chaque jour plus « populaire », il a du flair. Du flair pour sentir où soufflera le sarkozysme. Après avoir dénoncé le « cancer » de l'assistanat, ce normalien avait prôné un protectionnisme européen. Le voilà suivi par le président...

>>>> Le mot cynique vient de chien, non ?

Lorsque, fin 2010, le ministre de l’Intérieur lui avait réclamé la tête d’un magistrat du parquet de Bobigny pour des propos tenus à l’audience contre des délinquants en uniforme, le garde des Sceaux s’était exécuté : inspection express, saisine du Conseil supérieur de la magistrature – qui concluait au non-lieu –, nouvelle saisine pour outrepasser cet avis et, finalement – devant le tollé suscité par cet acharnement stupéfiant –, inertie tactique. Ce magistrat est aujourd’hui à la retraite, il ne peut plus être sanctionné, mais le message était clair : silence dans les rangs !

L’OpenVLD et le MR, grands gagnants de l’accord budgétaire selon Pierre Verjans, le politologue de l’ULg, remettent donc au goût du jour des vieilles recettes éculées: celles de John Locke qui datent du … 17ème siècle! Les pauvres, c’est en fin de compte très rentable pour la nation, pourvu qu’on les tienne bien et qu’on les fasse travailler pour moins que ce qu’ils coûtent à nourrir!

“The demographics race we’re losing badly,” said Sen. Lindsey O. Graham (S.C.). “We’re not generating enough angry white guys to stay in business for the long term.”
--Washington Post, August 29, 2012...

>>>> Faut toujours qu'il y ait un connard pour vendre la mèche...

"Il y a eu une prise de conscience de la situation politique, économique, sociale et écologique du pays. A un moment l’image devenait totalement catastrophique et, voilà, il fallait se ressaisir. On l’a fait", a déclaré le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé, samedi matin sur Europe 1. Les volonté de rejoindre le futur gouvernement socialiste ont en effet semé la discorde dans les rangs d'Europe-Ecologie Les Verts. "Dans la vie, comme dans la vie politique, ce qui importe c’est n’est pas tout le temps de faire tout bien. Je pense que c’est rarissime, ce qui importe, c’est d’être lucide, de rectifier, de s’occuper des problèmes des Françaises et des Français plutôt que de se regarder le nombril", a-t-il ajouté...

>>>> Realpolitik. Petit poète, va ! Fait un concours avec Copé ?

>>>> D'un point de vue écologique, il ne faut surtout pas négliger l'usage des incisives susceptibles de sarcler des hectares de terres - pour pas un rond. Gnaps, gnaps !

Voici plusieurs mois que la campagne électorale est lancée, quoi qu’on en dise. Les interventions des candidats les mieux outillés sont calibrées en fonctions de sondages d’opinion permanents. Aussi, les cabinets qui conseillent le candidat sortant, comme les autres, recommandent-ils de répondre aux attentes et aspirations de l’électorat qu’il vise. Mais l’intérêt du pays ne coïncide pas nécessairement avec celui des candidats. Ces derniers souhaitent avant tout être élus, dussent les moyens pour y parvenir être néfastes à la collectivité...

Pour réaliser en Espagne son projet d’EuroVegas - un gigantesque complexe dédié au jeu - le milliardaire américain Sheldon Adelson a transmis aux autorités espagnoles sa liste d’exigences : exemption de la TVA, des impôts sur le jeu, des cotisations sociales, réforme du code du travail, régime légal dérogatoire durant 30 ans, subventions européennes, don des terrains, autorisation de jeu pour les mineurs, autorisation de fumer dans les bâtiments, etc ... Le cynisme brutal du promoteur de cette zone de non droit - que se disputent aujourd’hui Madrid et Barcelone, donne la mesure de ce qu’ont abandonné les nations européennes en se mettant à la merci des marchés et des fortunes privées : non seulement leur souveraineté, mais aussi leur dignité...

« Toutes les civilisations ne se valent pas » a affirmé Claude Guéant en mettant à l’appui de son propos l’exemple de l’égalité entre les hommes et les femmes et de « la dignité de la femme ». Propos relayé par Nicolas Sarkozy qui renchérit sur la moindre valeur d’une société qui « n’accorde pas la même place aux hommes et aux femmes », et par d’autres personnalités du gouvernement, comme Xavier Bertrand qui choisit les « civilisations permettant à la femme de s’émanciper ». Nos gouvernants seraient des féministes et on ne le savait pas !

Lors de son passage sur France 2, le président candidat n'a reculé devant aucun argument pour attaquer ses adversaires. Quitte à frôler la sortie de route.

La nuit dernière, sur l'initiative d'un député réputé proche des services de sécurité, l'UMP a fait adopter une proposition de loi qui augmente considérablement les secrets touchant la sphère commerciale et industrielle.

les mots de Sarkozy : être responsable et assumer... Quoique.