Une biographie restitue le destin d'Olga Benario, une jeune femme allemande, juive et communiste, qui rêva de soulever le Brésil et fut gazée en 1942. Qui se souvient d'Olga Benario Prestes (1908-1942), allemande, juive et communiste livrée aux nazis par le gouvernement de Getulio Vargas après le soulèvement raté de novembre 1935 à Rio de Janeiro ? Trois ans après l'accession au pouvoir d'Adolf Hitler, son extradition spectaculaire vers l'Allemagne émut l'opinion internationale. Enceinte de sept mois, l'épouse de Luis Carlos Prestes, le célèbre dirigeant du Parti communiste brésilien, n'était accusée d'aucun délit. Et le gouvernement de Getulio Vargas n'avait reçu aucune demande de la part de Berlin. Cela n'empêcha pas le presidente d'envoyer Olga vers une mort certaine.
« Vargas était un habile », dit-on parfois au Brésil pour expliquer comment le dictateur brésilien réussit à naviguer entre l'Axe et les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Mais l'habileté des habiles les pousse parfois à se rendre complices de crimes. Dans sa biographie d'Olga Benario, le journaliste et écrivain brésilien Fernando Morais fait de sa livraison aux nazis une histoire de vengeance personnelle. Getulio Vargas et l'ignoble Filinto Müller, le chef de sa police, ne supportaient pas la popularité de Carlos Prestes, le « chevalier de l'espérance » devenu une figure emblématique de la lutte antifasciste et anti-impérialiste du continent sud-américain. Luis Carlos Prestes avait fait partie des jeunes lieutenants idéalistes qui s'étaient révoltés contre la République autoritaire dans les années 20. Il aurait pu, comme tant d'autres, passer de l'idéalisme au fascisme.
Mais il choisit Lénine contre Mussolini. Envoyé à Moscou par le Kominterm, il y rencontra Olga Benario à l'occasion d'un congrès mondial de la Jeunesse communiste internationale. Agée de 23 ans, la jeune femme était déjà auréolée de gloire. Une parfaite bolchevik, qui « parlait couramment quatre langues, savait à fond la théorie marxiste-léniniste, tirait juste, pilotait des avions, sautait en parachute, montait à cheval et avait donné les preuves indiscutables de son courage et de sa résolution », explique Fernando Morais qui restitue son existence brève et tourmentée avec verve et lyrisme - et même un soupçon de romanesque.
Via Uston News