Le Kurdistan après le génocide

Jean-François Colosimo est écrivain et essayiste. Président du Centre national du livre de 2010 à 2013, il dirige désormais les éditions du Cerf. Son dernier livre, Les Hommes en trop, la malédiction des chrétiens d'Orient, est paru en septembre 2014 aux éditions Fayard.

Spécialiste du christianisme et de l’orthodoxie (il est lui-même chrétien orthodoxe), il enseigne depuis 1990 l'histoire de la philosophie et de la théologie byzantine à l’Institut Saint-Serge.

Dans cette interview fleuve accordée au Figaro, il évoque "une faute" de la France de François Hollande qui "a substitué à sa traditionnelle politique d'équilibre en Orient une politique hostile à l'Iran et à la Syrie, ignorante des Chiites et indifférente aux chrétiens".

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Extraits de ce très bon article des Clés du Moyen-Orient

> A l’instar de la minorité yézidie, les populations kurdes n’ont pas manqué d’adversaire commun à travers les siècles. Faire front commun face à des tentatives d’extermination serait même un facteur inhérent à l’identité des Kurdes de Syrie, de Turquie, d’Iran et d’Irak.

> Malgré ces conflits aux apparences fédératrices, l’identité kurde semble de plus en plus être tiraillée par des divisions internes et des guerres externes accentuées par un contexte de mondialisation.

>  l’islamisme n’a jamais été vraiment important au sein des populations kurdes, historiquement plus attachées aux causes nationalistes que religieuses, l’identité kurde prenant le dessus sur l’identité religieuse. Cependant, si la coalition islamiste ne représente que 17% du Parlement du Kurdistan irakien (élections de 2013), pourcentage particulièrement faible en comparaison de la majorité des pays voisins, on observe toutefois une relative islamisation de la société, particulièrement chez les jeunes générations. Le nombre de mosquées au Kurdistan irakien a explosé ces dernières années. L’intérêt de ces jeunes générations s’explique donc en partie par cette recherche identitaire, mais aussi par le fait que celles-ci ont eu un accès plus difficile à l’éducation (opéré par un certain délaissement de la région sous Saddam Hussein) que les générations antérieures, pour qui la laïcité est une valeur fondamentale apprise et transmise par l’école.

> la société kurde est amenée à faire face à elle-même : originellement tribale, elle doit harmoniser ses différents territoires et faire cohabiter ses diverses cultures au sein d’une même entité. Face à ces défis, seule la création d’un Etat fort, légitime, arbitrant les différends, paraît être une solution viable avec le renouvellement des élites politiques.

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Les députés français ont entendu cette semaine des spécialistes reconnus du monde arabe, avec les premières auditions d'une Mission d'information parlementaire sur les « moyens de Daech ». Très instructif. Ci-dessous, deux petits extraits. 

Extraits

> « la promesse d'une restitution des services de base, de la mise en place d'une justice sociale n'a pas été tenue » par Daesh, selon Myriam Benraad, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique. «Les populations sont déçues. Loin du califat idéal, elles ont plutôt assisté à la mise en place d'un nouveau système mafieux.

> Les combattants étrangers: « leur présence est vécue par les populations comme une invasion coloniale », a jugé Mme Benraad. L'EI est un « projet néocolonial et impérial qui veut à tout prix supprimer toute référence aux États irakien et syrien », a-t-elle résumé.

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Lien vers la vidéo de l'audition par les députés

En résumé

C'est de Tal Afar, une enclave turkmène dans une région majoritairement arabe, que sont issus certains des hommes les plus influents de Daesh. Nombre d’anciens baassistes hauts gradés originaires de Tal Afar sont aujourd'hui membres de la haute hiérarchie du groupe terroriste.

«Les Tal-Afaris se sont fait remarquer par leur attachement total à Al-Baghdadi et leur fidélité sans faille à leur chef» indique Hicham Al-Hachimi, un analyste irakien spécialiste de Daesh. Une loyauté qui n’est pas sans rappeler celle vouée à Saddam Hussein avant l’invasion américaine de 2003. 

D’après un haut responsable kurde alors en poste à Mossoul, les Tal-Afaris ont joué un rôle majeur dans la constitution du système mafieux et terroriste fondé sur le racket généralisé, les attentats et les assassinats. Ils ont progressivement pris le contrôle de la ville de Mossoul, bien avant l’assaut général de Daesh en juin 2014.

« C’est à Tal Afar que Daesh a préparé beaucoup d’attentats-suicides et dispose de nombreux camps d’entraînement, notamment pour les étrangers. Les habitants soutiennent Daesh depuis longtemps, si l’organisation est menacée, elle pourra s’y retrancher. » selon  Hicham Al-Hachimi.

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Extraits de cet excellent (mais pessimiste) article de Kendal Neman: cliquez sur le titre ci-dessus pour le lire en entier

> "Bien des États de la région, voire même certains décideurs américains auraient fini par s’accommoder de l’existence de ce Sunnistan salafiste n’eut été son idéologie djihadiste expansionniste et accessoirement millénariste. En effet, contrairement au salafisme institutionnalisé et embourgeoisé en vigueur en Arabie Saoudite, son avatar mésopotamien se veut encore plus pur, plus radical, plus fidèle aux « pieux ancêtres (salaf) », c’est-à-dire au Prophète et à ses premiers disciples, y compris dans leur façon de se vêtir, d’appliquer la « Loi divine (charia) » et de faire la guerre aux infidèles."

> "Faute de troupes au sol, 70 % des missions aériennes ne donnent lieu à aucune frappe. Les seuls combattants engagés sur le terrain contre Daech sont les Kurdes qui tant en Irak qu’en Syrie ont chassé les djihadistes de leurs territoires."

Extraits de l'article de Libération

> Déterminés, méfiants vis-à-vis de la démocratie turque, les jeunes militants kurdes se radicalisent. Eux qui ont grandi lors de la guerre démarrée en 1984 entre le PKK et l’armée, sont aujourd’hui plus revendicatifs que leurs parents.

> «La bataille de Kobané a marqué un tournant. Elle a changé l’état d’esprit des jeunes», affirme la députée HDP Enise Güneyli.

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Excellente mise en perspective du journal Le Monde.

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Dans cet article (à lire en cliquant sur le titre), les analyses de...

- Soner Cagaptay, directeur du programme de recherche sur la Turquie au Washington Institute.

- David Romano, professeur de politique du Moyen-Orient à l'université du Missouri.

- Pinar Elman, analyste turque de l'Institut polonais des Affaires internationales.

Extraits de article de Ludo De Brabander dans LeVif.be 

- "Alors que les États-Unis et leurs alliés européens font de la lutte contre l'EI une priorité absolue, la stratégie turque mine cet objectif"

- " la politique d'Erdogan destinée à affaiblir le PKK et son allié militaire en Syrie, l'YPG, arrange très bien l'État islamique."

- "Il n'est pas improbable que les tensions croissantes en Irak entre le PDK et le PKK dégénèrent en violences. Ce sera à nouveau l'EI qui en profitera."

Pour lire cette excellente mise en perspective de la situation en Turquie, Irak et Syrie, cliquez sur le lien.

Les 6 extraits clés de l'article du Monde

> Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a déclaré lundi. « C’est soit les armes, soit la démocratie, les deux ne sont pas compatibles. » 

> Un climat d’état d’urgence règne, plusieurs sites prokurdes ont été bloqués le 25 juillet tandis qu’une manifestation pour la paix, prévue dimanche 26 à l’appel d’associations de gauche, a été interdite par le préfet d’Istanbul.

> L’armée turque est sur les dents. L’état-major a fait annuler les vacances des officiers qui servent dans les « zones critiques ».

> « Le cessez-le-feu n’a plus aucune signification après les raids intensifs de l’armée turque d’occupation», affirme le PKK dans un communiqué.

> Selon les analystes, l’AKP entre en guerre contre l’EI et le PKK dans l’espoir de récupérer les voix perdues lors du dernier scrutin.

> Le grand perdant de la nouvelle donne est le Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, prokurde), jusqu’ici en première ligne pour négocier l’accord de paix entre le PKK et le gouvernement.

Les dirigeants du HDP se retrouvent désormais entre le marteau et l’enclume, marginalisés par les autorités pour leurs liens avec le PKK, contourné par la direction militaire du mouvement rebelle, moins encline que jamais à rendre les armes.

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Extrait de l'article de l'Humanité

"Une fois n’est pas coutume, le président du Kurdistan d’Irak, Massoud Barzani, qui entretient pourtant d’excellentes relations avec la Turquie, a émis une protestation après des bombardements turcs en territoire kurde irakien en arguant : « Des années de négociations valent toujours mieux qu’une heure de guerre. » Ce qui ne semble pas être l’avis de Recep Erdogan, qui préfère considérer sur un même plan les égorgeurs de l’« État islamique » et les combattants du PKK venus secourir les yezidis encerclés par les djihadistes et 
réfugiés sur le mont Sanjar."

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Extraits de l'article de l'AFP. Pour le lire en entier, cliquez sur le titre

Suite à l'attentat qui a fait 32 morts à Suruc le lundi 20 juillet, L’EI a été rapidement désigné comme coupable par Ankara qui, pour la première fois, a accusé directement l’organisation ultraradicale de perpétrer un acte terroriste sur son sol.

Pour les analystes, l’attentat pourrait renforcer la volonté d’Ankara de combattre en territoire syrien l’organisation jihadiste qui contrôle de larges pans de territoires en Syrie mais aussi en Irak, pays également voisin de la Turquie.

Aaron Stein, analyste auprès de l’Atlantic Council, voit dans l’attentat un «débordement de la bataille entre les Kurdes et l’EI» en Syrie. «Il s’agirait plus d’une attaque contre des Kurdes (turcs) soutenant la cause de Kobané» plutôt qu’une attaque contre la Turquie.

«Nous constatons une recrudescence de la violence contre les Kurdes en Turquie», dit-il.

Extraits de l'analyse de Romain Caillet : pour la lire en entier, cliquez sur le titre

> Par conviction politique ou par volonté d'éviter tout amalgame avec la religion musulmane, certains observateurs veulent absolument dissocier l'EI de toute relation avec l'islam. S'il est judicieux de se garder de toute lecture essentialiste et de ne pas ignorer la dimension purement politique, et «parfaitement profane», pour reprendre l'expression du politologue François Burgat, de l'engagement des leaders l'EI, ce serait toutefois une erreur de ne voir en ces derniers que d'habiles opportunistes manipulant la religion à des fins d'ambitions personnelles, sans aucune considération idéologique ou religieuse.

> Lorsqu'on évoque le poids de l'idéologie baasiste dans l'engagement jihadiste des anciens officiers de Saddam Husseïn, il faut impérativement distinguer deux catégories. La première celle d'anciens baasistes convaincus (...). La seconde catégorie regroupe quant à elle des officiers dont l'appartenance au Baas était purement utilitaire

Commentaire

Fin connaisseur des milieux jihadistes, Romain Caillet livre des informations très intéressantes sur le parcours des anciens baassistes, notamment de ceux qui ont suivi Saddam Hussein par opportunisme. En indiquant que nombre d'entre eux ont rejoint "des groupes jihadistes, au lendemain de la chute du régime irakien (NDLR: en 2003) dès le début de l'occupation américaine", il bat en brèche l'argument selon lequel bon nombre d'Irakiens sunnites (les plus nombreux parmi les baassistes) se sont jetés dans les bras de Daesh faute d'avoir trouvé leur place dans le nouvel Irak, essentiellement gouverné par la majorité chiite.

Il est évident que les purges dans l'armée irakienne et dans la haute administration ont compté, tout comme la politique répressive menée par des chiites revanchards contre les anciens maîtres du pays. Mais cette politique n'était pas encore en oeuvre, en 2003. Et déjà, des baassistes tournaient casaque, abandonnant l'étendard d'un Etat laïc pour celui du jihad. Dont acte.

Cela dit, qu'ils aient tombé le masque si vite montre aussi leur peu de "foi" en une idéologie, quelle qu'elle soit. Et si c'était tout simplement le pouvoir et l'argent qui les faisaient tous courir! Du trésor de guerre conquis dans les banques de Mossoul au contrôle des champs pétroliers et du trafic d'antiquité, il y a bien des motifs de vendre son âme!

Certes, des perspectives aussi florissantes n'étaient pas évidentes à entrevoir en 2003. Mais les néo-jihadistes pouvaient compter sur l'incapacité des Etats-Unis à gagner "la paix" après avoir gagné la guerre. En l'occurrence, l'incompétence des "géostratèges" américains a dépassé toutes leurs espérances.

TRADUCTION DE L'ARTICLE (pour le lire en anglais, cliquez sur le titre)

Le président français François Hollande a lancé un mouvement diplomatique contestant vivement président Recep Tayyip Erdogan, qui considère les Kurdes syriens, notamment ceux du YPG dans le soi-disant canton de Rojava, comme une organisation terroriste et qui est gravement ennuyé par l'aide militaire américaine apportée aux Kurdes dans leur lutte contre l'Etat islamique (IS). Le 8 février à l'Elysée, Hollande accueilli Asya Abdullah, la co-présidente du Parti de l'Union démocratique (PYD); Nesrin Abdullah, la commandante des YPJ (unités de femmes du YPG); et Khaled Issa, le représentant PYD en France. La réunion s'est tenue à l'invitation personnelle et officielle de Hollande. Aysa Abdullah a assisté à la réunion dans son costume traditionnel kurde et Nesrin Abdullah dans son uniforme de combat. Les récits diffèrent, mais les deux femmes kurdes auraient pris un vol de Erbil à Paris dans un avion privé envoyé par la France ou un vol régulier, tous frais payés.

Rojava légitimé sur la scène internationale

Encore plus significative était la diffusion de photographies de la réunion sur le site Web de l'Elysée, ce qui équivaut à une reconnaissance de l'identité kurde, en tant qu'entité politique kurde mais aussi des forces de défense kurdes par les dirigeants français.

L'un des principaux objectifs escomptés de ce message de Hollande est sans doute à destination d'Ankara. Des représentants du PYD ont dit à Al-Monitor que le message est surtout destiné à la Turquie.

Cette visite est donc devenue l'indicateur le plus important de la légitimité de Rojava dans l'arène internationale. Le Co-président Salih avait précédemment tenu des réunions avec des responsables occidentaux, mais ils n'étaient pas aussi notables ou symboliques.

Des armes de l'Ouest, un corridor de la Turquie

Le PYD a dit à Al-Monitor que les représentants kurdes ont raconté la situation dans Rojava et ont demandé des armes de pointe pour éliminer complètement la menace. Les Kurdes sont la plupart du temps à la recherche d'armes antichars du type de celles que l'Allemagne a fourni au gouvernement régional du Kurdistan. Hollande là indiqué aux Kurdes que son soutien à la lutte anti-Daesh continuera. Issa a dit au sujet de la réunion à l'Elysée: "Nous avons expliqué que nous proposons notre modèle, celui de Rojava, à l'ensemble de la Syrie. Nous avons souligné que le soutien international contre la menace de Daesh doit continuer. "

Zuhat Kobani, le responsable des relations étrangères du PYD, a également parlé à Al-Monitor à propos de la visite: "La visite a été effectuée à l'invitation officielle du président français. Toutes les facilités ont été accordées pour aider la délégation à venir à Paris. Nos représentants ont dit au président Hollande que la victoire à Kobanê n'est pas un succès seulement pour les Kurdes, mais pour l'ensemble de la Syrie. Ils lui ont dit: «Nous nous battons aussi contre ceux qui ont attaqué Charlie Hebdo. Notre résistance est votre résistance. Nous devons aller de l'avant dans cette lutte. Le YPJ et le PYD sont vos forces amies. "

Objectif kurde: étendre le modèle démocratique de Kobanê à toute la Syrie

"Ils ont discuté de la façon de lutter ensemble Daesh. L'aide internationale est nécessaire pour la reconstruction de Kobanê qui a été détruit pendant la guerre. Nous voulons que la Turquie ouvre un corridor pour Kobanê. Ce corridor est vital pour assurer l'approvisionnement de la reconstruction et des équipes internationales qui viendront travailler sur ce projet dans Kobanê. Nous avons demandé son aide pour faire aboutir nos demandes. Le président français a répondu positivement et a souligné que son soutien se poursuivra. La France veut mener la guerre contre Daesh et est à la recherche des moyens de coopérer avec les acteurs de Rojava dans ce cadre-là ".

Lorsqu'on lui a demandé s'ils avaient débattu sur l'élargissement de la guerre 'anti-Daesh à l'extérieur de Rojava ou si les Kurdes participaient à la lutte contre le régime de Damas, les représentants de Kobanê ont répondu: "Nous avons expliqué notre point de vue sur la Syrie. Notre résistance est la résistance de tous les groupes syriens en quête de liberté. Notre objectif est de démocratiser l'ensemble de la Syrie. Nous voulons une Syrie décentralisée. Nous avons fait nos preuves militairement et politiquement. Nous avons mis en place un modèle de gouvernance démocratique incorporant tous les groupes politiques, ethniques et religieux. Nous voulons que ce système prévale dans toute la Syrie. Il n'est pas possible de mettre ce système en place sous la dictature actuelle ".

Les Kurdes veulent une alliance avec les forces syriennes libres qui partagent leur objectif

Ma prochaine question est: S'il est impossible d'aller de l'avant avec le régime actuel, serait-ce à dire que les forces de Rojava adopteraient une posture offensive, abandonnant leur politique défensive qui a pour but d'essayer de garder la guerre loin de leur territoire?

Le représentant de Kobanê a répondu: "Nous allons aller dans une alliance avec les forces syriennes libres qui partagent notre objectif. Nous n'avons pas renoncé à notre légitime défense, mais si les forces comme Burkan el-Firat [Euphrate volcan] attaché à l'Armée syrienne libre [FSA] sont attaquées, nous allons jouer notre rôle et les aider. Si les forces du régime attaquent de nouveau comme elles l'ont fait au Hasakah, nous vous répondrons. Nous avons déjà eu plusieurs affrontements avec les forces du régime à Alep ".

Pas d'alliance avec les opposants au régime proches de Daesh

Lorsqu'on lui a rappelé que la FSA avait perdu de son efficacité sur le terrain, et que en plus de Daesh, des organisations comme Jabhat al-Nusra, l'Armée de l'Islam et Ahrar al-Sham devenaient de premier plan, le représentant de Kobanê a déclaré: "Nous parlons de la coopération avec les forces qui acceptent le modèle que nous avons créé. Les organisations que vous avez énumérées sont réellement soeurs de Daesh. Un partenariat avec eux n'est pas possible. Nous avions fait un accord avec eux quand Serekaniye a été attaqué, mais ils ont immédiatement exploité cet accord et ont essayé de dominer la région. Le YPG les a alors expulsés. Notre expérience montre qu'il ne peut y avoir aucun accord avec ces groupes. Nous essayons maintenant de mettre en oeuvre un accord à Afrin, semblable à notre alliance avec Burkan el-Firat ".

Visite à venir à Washington tandis que l'Europe suit de près l'expérience politique des cantons de Rojava

Le représentant de Kobanê a dit que le YPG et YPJ auront d'autres réunions en Europe et qu'une délégation élargie du PYD, y compris Abdullah Asya, envisage de se rendre à Washington. Les États-Unis avait déjà refusé un visa au leader kurde, parce que certaines de ses déclarations avaient perturbé Washington. Mais des sources PYD disent que les États-Unis ont déjà émis un visa pour le représentant Europe du PYD, Sinem Muhammed, et ils attendent maintenant des visas pour les autres membres de la délégation.

Pays européens suivent de près le modèle qui est maintenant opérationnel au Rojava. L'ancien ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner et Gregor Gysi, un chef de file du parti allemand La Gauche, ont visité le canton Jazeera en novembre 2014. Vers la même époque, une délégation du Parlement européen a également visité la région. Il y a certainement un intérêt croissant pour Rojava après la défaite de Daesh à Kobanê.

Les Kurdes de Rojava auraient souhaité qu'Erdogan ales reçoivent avant Hollande

En contraste avec l'intérêt spectaculaire porté par la France aux acteurs de Rojava, le gouvernement turc reste collé à sa politique de discréditer la résistance de Kobanê. Erdogan considère toujours le PYD comme une organisation terroriste qu'il assimile à Daesh, ce que reflète maintenant les déclarations officielles d'autres organismes turcs, dirigés par les forces armées turques.

Zuhat Kobani, se référant à la position de la Turquie contre la résistance kurde alors qu'il est de plus en plus de soutien européen pour les Kurdes, a déclaré: "La réception accordée à notre délégation dans nos costumes traditionnels et avec un uniforme militaire à l'Elysée était un message clair de l'acceptation du PYD, YPG et YPJ. Nous aurions souhaité qu'Erdogan ait fait cela avant Hollande et qu'il ai reçu les Kurdes. En tant que voisin, c'est ce que nous attendions de la Turquie. Nous espérons que la Turquie va en tirer la leçon maintenant. "

Les photos de l'Elysée sont un signe supplémentaire de la profondeur de l'isolement régional de la Turquie. Ankara était en harmonie avec la France lorsque des fissures sont apparues dans les relations de la Turquie avec les Etats-Unis sur la Syrie après 2013. Quelques heures après que le président américain Barack Obama a écouté les objections de M. Erdogan, des avions militaires américains ont livré des armes à Kobanê et la campagne de bombardement contre Daesh a commencé comme un signe avant-coureur de la nouvelle politique de Washington au Moyen-Orient "malgré Ankara". Le geste de Hollande envers les Kurdes permettra d'accélérer le processus de la légitimation des Kurdes.

Il n'y a aucun signe qu'Erdogan et son équipe vont revenir sur leur politique qui a pour but d'essayer d'éliminer les acteurs de Rojava. Récemment, le ministère turc des Affaires étrangères a réaffirmé sa position selon laquelle le PYD est une organisation terroriste.

> VIDEO DE FRANCE24 : DUREE 2'06"
> ET ANALYSE D'YVES TROTIGNON, ancien agent de la DGSE et consultant sur les questions d’antiterrorisme.

Débat de 46'18" en anglais.

Il est question du signe encourageant constitué par la présence des peshmergas du Kurdistan d'Irak à Kobanê. Mais aussi des anciennes divisions entre PKK, PDK, UPK, de la guerre civile entre PDK et UPK dans les années 90, des accords Sykes Picot en 1916, de l'opposition de la Turquie au nationalisme kurde.... Et, plus intéressant, des perspectives d'avenir.

Huda Par, un parti islamiste turc, en conflit avec le PKK, est soupçonné d'aider Daesh, tout comme le gouvernement d'Ankara. Les motifs de conflit ne manquent pas entre Kurdes et Turcs. Pour beaucoup de Kurdes, si Kobanê tombe, c'est la mort du processus de paix en Turquie.

EXCELLENT REPORTAGE VIDEO DE 12 MINUTES SUR ARTE : A VOIR

Jean-François Pérouse, directeur de l’Institut français d’études anatoliennes (Ifea) à Istanbul, répond à 5 questions de Slate.fr:

Conclusion de Jean-François Pérouse

> «C’est  horrible à dire, mais Kobané est peut-être l’occasion pour les Kurdes de se faire reconnaître comme un acteur sur la scène internationale pour les affaires moyen-orientales. Et peut-être seront-ils les premiers bénéficiaires de l’effondrement des frontières héritées de la Première Guerre mondialeet de ses lendemains.»

EXCELLENT RESUME DE 3 ANS DE GUERRE EN SYRIE ET DE L'EVOLUTION DU POSITIONNEMENT DU PYD / YPG. CI-DESSOUS, RESUME DU RESUME, CAR L'ARTICLE EST LONG.

> Avec l’accord implicite du régime, le PYD a occupé le vide de pouvoir, a pris le contrôle des structures militaires et des bâtiments administratifs abandonnés, et a enlevé les symboles du pouvoir central.

> Dans sa lutte pour l’hégémonie politique, le PYD n’a pas hésité à utiliser tous les moyens à sa disposition pour éliminer ou marginaliser ses rivaux politiques. Un rapport de Human Rights Watch, publié le 8 juillet 2014, documente une série de violations des Droits de l’Homme dans les zones sous contrôle du PYD.

> Rassuré sur son contrôle ferme des régions kurdes, en novembre 2013 le PYD a déclaré la création de trois cantons autonomes dans le Nord de la Syrie

> depuis l’automne 2013, l’État Islamique s’est révélé être un adversaire réel et obstiné du PYD / YPG.

> Dans le nord-est de la Syrie, l’EI a fortement étendu sa zone d’influence aux dépens de l’opposition arabe (Deir ez-Zor) et du régime (Raqqa et Hassakeh) mais il n’a pas réussi à vaincre les défenses du YPG.

> Le régime syrien et le PYD : alliés tactiques, adversaires stratégiques ?Malgré les apparences, les relations entre le PYD / YPG et le régime syrien sont complexes et en évolution permanente. Ces deux acteurs politico-militaires se comportent au même moment comme des alliés tactiques et des adversaires stratégiques.

Abdullah Öcalan, le chef historique du mouvement indépendantiste kurde, doit faire une déclaration importante le mercredi 15 octobre, aujourd'hui donc.

Résumé

« C'est pour protéger les firmes américaines et françaises que Washington et Paris se sont impliqués dans cette guerre. Leur priorité est les ressources énergétiques de la région », selon Hicham Jaber, général à la retraite et directeur du Centre du Moyen-Orient pour la recherche.

 L'EI semble bien connaître les lignes rouges: le Kurdistan et Bagdad en Irak,  la région de Damas, le littoral et la région centrale (Homs) en Syrie. 

Mais Hicham Jaber n'est pas optimiste pour la suite:

« Après Kobané, les prochaines cibles seront les villes à majorité kurde de Hassakeh et de Qamishli, ainsi que la ville da Salamiyeh, dans la province de Homs, connue pour être un des principaux berceaux de l'ismaélisme. Si ces cibles se confirment, nous serons face à une épuration ethnique effroyable », conclut-il.