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Les papillons menacés par le changement climatique

Les papillons menacés par le changement climatique | EntomoNews | Scoop.it
... les papillons sont en train de déserter les prairies, les lisières des bois, ainsi que les zones humides à travers le monde. Les papillons de jour se font de plus en plus rares : selon une étude publiée dans la revue Science, les populations de plus de 450 espèces de papillons ont diminué de 1,6 % par an depuis les années 80. Ces vingt dernières années, les populations de papillons à travers l'Europe ont subi un changement majeur : les espèces ont migré vers le nord et ont colonisé des zones plus élevées en altitude.

 

via La minute papillon - Septembre 2023

Illustration : Violette Courtois

 

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NDÉ

L'étude

 

 

Bernadette Cassel's insight:

 

" Cet article montre "comment les papillons, via leur organisme, leur cycle de vie, et leur aire de répartition, interagissent et réagissent aux impacts du changement climatique"

 

(Re)lire aussi

 

  • Les abeilles et d'autres insectes volants à plus grand risque d'extinction en raison de la crise climatique - De www.pieuvre.ca - 13 septembre, 23:58
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Le déclin des insectes met en péril le vivant

Le déclin des insectes met en péril le vivant | EntomoNews | Scoop.it
Diagnostiqué il y a près de vingt ans [selon l'année de la réf. la plus récente au bas de l'article : 2021/ndé], le déclin des insectes s’accélère dans l’indifférence générale, mettant en péril de nombreuses espèces. Nous pouvons encore agir pour l'arrêter.

 

MNHN

 

via "Insectes, un déclin silencieux" - YouTube, 24.02.2023 https://www.youtube.com/watch?v=BCYUzjLiNqE]

 

"Les chiffres sont sans appel : les populations d’insectes ont diminué de 70 à 80% dans les paysages européens mixtes agro-industriels, comme le montrent de nombreuses  études menées durant ces dix dernières années.

 

Pourtant, malgré les signalements de la communauté scientifique, le déclin des insectes est encore négligé voire douté dans la société. Force est de constater que les insectes ne suscitent pas le même intérêt que les grands mammifères ou les arbres. Trop souvent perçus comme indésirables, les insectes sont rarement la cible d’actions de préservation.

 

Mis à part l’abeille domestique prisée pour son miel, on méconnaît le rôle essentiel des insectes qui sont pourtant des maillons clés de la bonne santé des écosystèmes.

 

On méconnaît aussi la diversité de cette grande famille apparue il y a 400 millions d’années et qui représente 80% des espèces animales. Nous pensons surtout aux espèces jugées nuisibles, que nous trouvons toujours trop abondantes dans notre environnement.

 

Faisons le point sur les causes et les conséquences de ce déclin avec Philippe Grandcolas, écologue et systématicien, chercheur au CNRS-Muséum."

 

  • Le déclin des insectes, un phénomène nouveau ?
  • Comment savons-nous que les insectes sont en déclin ?
  • Pourtant, n’observe-t-on pas plus d’insectes qu’avant ?
  • Quelles sont les principales causes du déclin des insectes ?
  • Quelles sont les conséquences du déclin des insectes ?
  • Que faire pour protéger les insectes à mon échelle ?

 

Repères

 

2021, Avis de l’Académie des sciences sur le déclin des insectes. Plusieurs scientifiques alertent sur l’urgence de freiner le déclin des insectes et rappellent les risques majeurs qu’il fait porter aux écosystèmes. Jactel, H., Imler, J.L., Lambrechts, L., Failloux, A.B., Lebreton J.D., Le Maho, Y., Duplessy, J.C ., Cossart, P. & Grandcolas, P. (2021). Le déclin des insectes : il est urgent d’agir ; Insect decline: immediate action is needed. Comptes Rendus Biologies

 

2021, Déclin des insectes à l’Anthropocène [revue PNAS] - Insect decline in the Anthropocene: Death by a thousand cuts David L. Wagner, Eliza M. Grames, Matthew L. Forister, May R. Berenbaum, and David Stopak

 

2019, Le déclin des arthropodes dans les prairies et les forêts est associé à des facteurs au niveau du paysage [Revue Nature] - S. Seibold, M. M. Gossner, N. K. Simons, N. Blüthgen, J. Müller, D. Ambarlı, K. E. Linsenmair, “Arthropod decline in grasslands and forests is associated with landscape-level drivers”, Nature 574 (2019), no. 7780, p. 671-674.

 

2019, Le dangereux déclin de la nature : Un taux d’extinction des espèces « sans précédent » et qui s’accélère [rapport historique de l’IPBES - Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques] C’est l’évaluation la plus exhaustive réalisée sur le déclin de la biodiversité au cours des cinq dernières décennies et qui estime qu’1 million d’espèces végétales et animales sont menacées d’extinction.

 

2019, Déclin mondial de l'entomofaune [revue ScienceDirect] L’étude révèle que le taux majeur de déclin des insectes pourrait entraîner l'extinction de 40 % des espèces d'insectes dans le monde au cours des prochaines décennies. Francisco Sánchez-Bayo, Kris A.G. Wyckhuys, Worldwide decline of the entomofauna: A review of its drivers, Biological Conservation, Volume 232, 2019, Pages 8-27, ISSN 0006-3207

 

2017, Diminution de plus de 75 % sur 27 ans de la biomasse totale d'insectes volants dans les aires protégées [revue Plos One] Hallmann CA, Sorg M, Jongejans E, Siepel H, Hofland N, et al. (2017) More than 75 percent decline over 27 years in total flying insect biomass in protected areas. PLOS ONE 12(10): e0185809.

 

2016, rapport d’évaluation de l’IPBES sur les pollinisateurs, la pollinisation et la production alimentaire - Le rapport pointe, entre autres, “que les pollinisateurs sauvages ont diminué en termes de présence et de diversité (et d’abondance pour certaines espèces) aux échelles locale et régionale, en Europe du Nord-Ouest et en Amérique du Nord”.

 

2016, Impacts de l'utilisation des néonicotinoïdes sur les changements de population à long terme chez les abeilles sauvages en Angleterre [revue Nature communications] L’étude montre des preuves d'une augmentation des taux d'extinction de la population en réponse à l'utilisation du traitement des semences aux néonicotinoïdes sur le colza. Woodcock, B., Isaac, N., Bullock, J. et al. Impacts of neonicotinoid use on long-term population changes in wild bees in England. Nat Commun 7, 12459 (2016).

 

2016, La communauté des papillons évolue sur deux siècles [revue Nature] L’étude a analysé l’évolution d’une communauté de papillons sur deux siècles et constate que le nombre d’espèces a considérablement décliné. La proportion d’espèces spécialistes a diminué tandis que celle des espèces généralistes a augmenté. Habel, J.C., Segerer, A., Ulrich, W., Torchyk, O., Weisser, W.W. and Schmitt, T. (2016), Butterfly community shifts over two centuries. Conservation Biology, 30: 754-762.

 

2013, L'indicateur européen des papillons des prairies : 1990-2011 [revue EEA Technical Reports] L’étude menée dans 19 pays d'Europe montre que depuis 1990 jusqu'en 2011, les populations de papillons ont diminué de presque 50 %, indiquant une perte dramatique de la biodiversité des prairies. van Swaay, C., van Strien, A., Harpke, A., Fontaine, B., Stefanescu, C., Roy, D., ... & Warren, M. (2013). The European grassland butterfly indicator: 1990–2011. EEA Technical Reports, 11.

 

2010, Déclin mondial des pollinisateurs : tendances, impacts et moteurs [revue ScienceDirect] L’étude décrit la nature et l'étendue des déclins signalés, les facteurs potentiels de perte de pollinisateurs et leurs conséquences écologiques et économiques. Simon G. Potts, Jacobus C. Biesmeijer, Claire Kremen, Peter Neumann, Oliver Schweiger, William E. Kunin, Global pollinator declines: trends, impacts and drivers. Trends in Ecology & Evolution, Volume 25, Issue 6,2010

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Quelle est l'influence du déclin des insectes sur la reproduction des oiseaux ?

Quelle est l'influence du déclin des insectes sur la reproduction des oiseaux ? | EntomoNews | Scoop.it
The effect of insect food availability on songbird reproductive success and chick body condition: Evidence from a systematic review and meta-analysis


Eliza M. Grames, Graham A. Montgomery, Casey Youngflesh, Morgan W. Tingley, Chris S. Elphick
First published: 16 February 2023

 

Ecology Letters

 

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NDÉ

Traduction du résumé

 

Les rapports sur le déclin de l'abondance et de la biomasse des insectes et autres invertébrés dans le monde entier ont suscité des inquiétudes quant à la limitation de la nourriture, qui pourrait avoir de profondes répercussions sur les espèces insectivores. La disponibilité de la nourriture peut clairement affecter les espèces ; cependant, il existe des variations considérables entre les études quant à l'évidence de cet effet, et donc un manque de clarté quant à la généralité de la relation.

 

Pour comprendre comment la diminution de la disponibilité alimentaire due au déclin des invertébrés affectera les populations d'oiseaux, nous avons réalisé une étude systématique et utilisé un modèle d'équation structurelle méta-analytique, qui nous a permis de traiter nos principales variables d'intérêt comme des variables latentes estimées par les diverses manières dont les chercheurs mesurent la fécondité et l'état corporel des poussins.

 

Nous avons constaté un effet positif modéré de la disponibilité de la nourriture sur l'état corporel des poussins et un effet positif important sur le succès de la reproduction. Nous avons également constaté une relation négative entre l'état corporel des poussins et le succès de la reproduction.

 

Nos résultats démontrent que la nourriture est généralement un facteur limitant pour les oiseaux chanteurs nicheurs. Notre analyse fournit également des preuves d'un compromis cohérent entre la condition physique des poussins et le succès de la reproduction, démontrant la complexité de la dynamique trophique importante pour ces taux vitaux.

 

Illustration

 

"Nombre d’espèces d’oiseaux adoptent un régime insectivore pendant la période de nidification et un régime granivore l’hiver ; et 60 % des oiseaux dépendent des insectes pour se nourrir. Mais la généralisation des monocultures et l’usage massif des insecticides ont fait diminuer la quantité d’insectes disponible. En Allemagne, la biomasse totale d’insectes volants dans les aires protégées a chuté de plus de 75 % entre 1989 et 2016, selon une étude publiée en 2017."

 

Les clés pour comprendre le déclin des oiseaux. Par Thomas Allard, 12.08.2021 https://www.science-et-vie.com/article-magazine/les-cles-pour-comprendre-le-declin-des-oiseaux

 

[Image] Et les insectes se font de plus en plus rares

 

Référence

 

 

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Les abeilles et d'autres insectes volants à plus grand risque d'extinction en raison de la crise climatique

Les abeilles et d'autres insectes volants à plus grand risque d'extinction en raison de la crise climatique | EntomoNews | Scoop.it
La plupart des insectes qui contribuent à polliniser les plantes appartiennent aux espèces volantes que les chercheurs jugent menacées, et leur extinction serait catastrophique pour l'approvisionnement alimentaire mondial.

 

Par Pieuvre.ca le 13 septembre 2023 Environnement
 

"En réaction à la hausse des températures, à l’échelle mondiale, plusieurs plantes et animaux se déplacent vers les hauteurs pour survivre sous un climat plus frais. Mais une nouvelle étude de l’Université du Colorado à Denver et du Georgia Institute of Technology révèle que pour les insectes volants, notamment les abeilles et les papillons de nuit, cette sortie de secours pourraient être accompagnée de problèmes insurmontables qui pourraient signifier leur disparition.

 

L’équipe de recherche a examiné plus de 800 espèces d’insectes de partout dans le monde et découvert que plusieurs insectes ailés se déplaçaient vers des altitudes plus élevées, mais de façon beaucoup plus lente que les autres insectes non ailés. Cela s’explique en raison du fait qu’en altitude, l’air est moins dense, et offre donc moins d’oxygène pour ces espèces volantes.

 

Puisque le déplacement dans les airs nécessite plus d’oxygène pour générer l’énergie nécessaire au mouvement, comparativement aux autres types de déplacements, comme la marche, ces espèces migrent plus lentement.

 

Les conclusions de l’équipe de recherche sont publiées dans Nature Climage Change.

 

« Lorsque nous pensons aux endroits où les espèces seront en mesure de vivre, en raison des changements climatiques, au cours des prochaines décennies, nous devons nous rappeler que les animaux sont sensibles à davantage de choses que la simple question d’avoir chaud ou froid », mentionne le principal auteur de l’étude, Michael Moore."

(...)

 

-------

NDÉ

L'étude

 

 

 

Traduction

 

Le changement climatique oblige les espèces à migrer vers des températures plus fraîches en altitude, mais de nombreux taxons se dispersent plus lentement que nécessaire. L'une des explications de ces taux de migration inadéquats, qui n'a pas encore été testée, est que les environnements de haute altitude posent des obstacles physiologiques à la dispersion, en particulier chez les espèces ayant des exigences métaboliques élevées. En faisant la synthèse de plus de 800 espèces, nous avons trouvé des preuves de l'existence de contraintes métaboliques : la migration vers le haut des pentes est plus lente chez les insectes qui dépendent de la stratégie locomotrice la plus coûteuse de la nature - le vol.

 

Fig. 1 : Taux relatifs de migration ascendante des espèces d'insectes dépendant du vol par rapport aux espèces utilisant des modes de locomotion moins coûteux d'un point de vue physiologique.

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Déclin des insectes : alerte aux réactions en chaîne

Déclin des insectes : alerte aux réactions en chaîne | EntomoNews | Scoop.it
Près de la moitié des insectes sont envoie d'extinction. Or, cette hécatombe va engendrer de folles réactions en cascade. Observations et simulations montrent que cela n'affectera pas seulement les animaux et végétaux qui dépendent directement d'eux, mais aussi des espèces plus éloignées.. Pis : celles-ci pourraient même parfois en être les premières victimes, révèle Coralie Hancok.

 

Publié le 23 Juin 2019
Modifié le 27 juin 2019
Par Coralie Hancok

Repères

La classe des insectes, apparue il y a plus de 400 millions d’années, regroupe plusieurs millions d’espèces aux structures morphologiques communes : exosquelette de chitine, 3 segments, 2 antennes, 6 pattes, 4 ailes…

Promenons-nous dans un pré. C’est l’été, des papillons volettent gracieusement en zigzag. Ils croisent des abeilles qui, butinant des fleurs épanouies, se gavent de nectar. Dans l’herbe, des sauterelles bondissent. Au sol, une cohorte de fourmis s’active pour rapporter à la fourmilière de quoi nourrir la colonie. Dans l’air stridule le chant des cigales. Lequel, le soir venu, cède la place à celui des grillons, tandis que les premiers réverbères s’allument, attirant des nuées d’insectes volants. Nuées, le terme est adéquat tant les insectes sont innombrables sur notre planète : avec 1 million d’espèces différentes décrites (et peut-être plus de 5 millions qui ne le sont pas encore), les insectes représentent 66 % de toutes les espèces animales connues, et pour chaque être humain, on compte entre 150 et 1 500 kg d’insectes.

 

Grâce à leurs capacités d’adaptation exceptionnelles et à leur rapidité de reproduction, ils ont conquis la quasi-totalité des écosystèmes de la planète : forêts tropicales, toundras, montagnes, plaines, prairies humides ou déserts. À l’exception des pôles et des océans, les insectes sont partout ! Les chiffres publiés en février dernier par Francisco Sánchez-Bayo et Kris Wyckhuys promettent donc de bouleverser les paysages du monde entier. Après avoir analysé les données de 73 études différentes, les deux chercheurs des universités de Sydney et Brisbane, en Australie, ont conclu que 41 % de toutes les espèces d’insectes sont aujourd’hui en danger d’extinction. Pire encore : leur taux d’extinction serait 8 fois supérieur à celui des vertébrés (voir infographie p. 85).

41 %

C’est le pourcentage d’espèces d’insectes en danger d’extinction en 2019. Leur taux d’extinction est 8 fois supérieur à celui des vertébrés.

 

Cette étude a fait moins de bruit que l’alerte lancée début mai par des experts mandatés par l’ONU, annonçant que 1 million d’espèces animales et végétales, toutes branches confondues, risquent de disparaître à brève échéance de la surface de la Terre ou du fond des océans. Mais en se concentrant sur les seuls insectes, elle cible l’un des principaux points de fragilité de la biodiversité mondiale. La prévision lancée par Kris Wyckhuys en est d’autant plus lugubre :  » Si la tendance actuelle de 1 % d’espèces perdues par anse maintient, l’extinction de la totalité des insectes sera effective dans 100 ans… «  Ces chiffres  » catastrophiques  » font l’objet de débats dans la communauté scientifique. « Francisco Sánchez-Bayo et Kris Wyckhuys ont effectué une revue de la littérature scientifique en utilisant les mots-clés ‘déclin’ et ‘insectes’, ce qui introduit un biais. En effet, ils ont ainsi uniquement sélectionné les études montrant une diminution des insectes mais pas celles qui n’en montrent pas « , souligne Dirk Sanders, chercheur en écologie à l’université d’Exeter (Grande-Bretagne).

DE RARES SURVIVANTS OPPORTUNISTES

Autre critique : la méta-analyse des chercheurs australiens a compilé des données provenant essentiellement d’Europe, soit de pays de petite taille, très densément peuplés, aux paysages extrêmement anthropisés. Or, peut-on généraliser à l’ensemble de la planète ce que l’on observe de spécifique à l’Europe ?  » Il est vrai que la majorité des études que nous avons passées en revue concernent l’Europe et l’Amérique du Nord, tout simplement parce que ce sont les seules disponibles, répond Kris Wyckhuys.

 

Néanmoins, nous craignons que nos résultats soient extrapolables aux autres régions du monde : aujourd’hui, la perte d’habitats s’accélère dans la forêt amazonienne, à Bornéo, ainsi que dans le Sud-Est asiatique et en Afrique. Par ailleurs, en Asie, l’utilisation des pesticides est très importante. La disparition des habitats et la pollution étant les deux principales causes du déclin des insectes, il est malheureusement probable que leurs populations soient menacées à travers la planète. «  D’ailleurs, même si elles sont rares, certaines études montrent bien que le déclin est aussi à l’œuvre ailleurs qu’en Europe ou en Amérique du Nord. C’est par exemple le cas de celle publiée en 2018 par Bradford Lister (Institut polytechnique Rensselaer, États-Unis) et Andrés García (université de Mexico) menée dans une forêt tropicale de Porto Rico, qui montre qu’entre 1976 et 2013 lamasse d’insectes capturés dans leur piège a été divisée par 36 en juillet et même par presque 60 en janvier !

 

Au-delà de la précision des chiffres, tout le monde s’accorde donc pour dire que la crise des insectes est bien là. Agriculture intensive, pesticides, urbanisation, déforestation, réchauffement… Les causes de ce déclin sont multiples et sa vitesse variable selon les familles. Au point de faire disparaître toute l’entomofaune d’ici un siècle, comme l’annonce Kris Wyckhuys ? Jean-Pierre Lumaret, professeur émérite au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CNRS/université Montpellier-III), tempère :  » Les insectes étaient présents avant l’homme, et dans 100 ans il yen aura encore. Reste que le déclin des insectes est une réalité. Alors, quels insectes aurons-nous laissés dans 100 ans ? C’est là toute la question. «  Et de préciser :  » Les espèces ayant un cycle relativement long, comme certains papillons, sont plus fragiles, alors que celles qui ont un cycle très court, comme les moustiques, résisteront plus facilement. «  Franck Courchamp, chercheur au Laboratoire d’écologie systématique et évolution (CNRS/ université Paris-Sud), confirme :  » Les espèces les plus généralistes et les plus ubiquistes survivront. Mais cela est tout aussi inquiétant qu’une disparition totale des insectes car on perd en diversité et en complexité. L’entomofaune va devenir homogène, simplifiée, constituée d’un petit nombre plus restreint d’espèces adaptables et opportunistes.

 

«  Et cela ne sera pas sans conséquence sur l’ensemble des écosystèmes. Car les insectes forment un maillon essentiel de la plupart des réseaux écologiques terrestres. Et ces réseaux sont soumis à des effets domino et des réactions en cascades qui peuvent propager, voire amplifier les perturbations. Il suffit parfois d’une simple diminution des effectifs d’une espèce pour provoquer l’extinction pure et simple d’une autre. Comme l’illustre une étude publiée en 2013 par Torbjörn Säterberg et Bo Ebenman (université de Linköping, Suède) dans laquelle les chercheurs ont fait tourner des modèles mathématiques pour simuler le déclin d’une espèce au sein d’un réseau trophique. Résultat : dans plus de 80 % des cas, la première espèce à disparaître n’est pas celle dont le déclin est simulé, mais une autre qui, pourtant, allait bien jusqu’alors. Autrement dit, avant même qu’un insecte ait disparu, son déclin peut précipiter d’autres animaux dans la tombe.

Les écosystèmes sont des systèmes complexes : il est difficile de prédire comment une perturbation appliquée à une espèce ou un groupe d’espèces vase propager – TORBJÖRN SÄTERBERG Université de Linköping, Suède

Un impact sur d’innombrables espèces animales

Une disparition des insectivores bien documentée          

Le lien entre crise des insectes et crise des oiseaux est désormais bien établi. Des études de 2010 et 2015 ont montré que leurs populations déclinent dans les plaines agricoles, alors que celles des oiseaux se nourrissant de fruits et de graines restent stables. Tous les autres insectivores (grenouilles, chauves-souris, lézards…) sont aussi touchés par cette crise.

Mais des extinctions là où on ne les attend pas forcément

Si les mangeurs de grenouilles ou de lézards sont évidemment menacés, la complexité des dynamiques écologiques rend impossible de lister tous les animaux concernés. Les modèles montrent que ce sont parfois des espèces éloignées dans la chaîne alimentaire qui disparaissent en premier. 

DES RÉSEAUX ÉCOLOGIQUES ULTRACOMPLEXES

On pense, bien sûr, d’abord à ceux qui sont juste au-dessus des insectes dans les réseaux trophiques : les mangeurs d’insectes.  » En bonne logique, si les populations d’insectes diminuent, les premières espèces touchées seront d’abord celles qui sont insectivores « , pose Franck Courchamp. Cela a d’ailleurs déjà commencé.  » Dans tous les pays d’Europe, on observe un déclin des populations d’oiseaux, en particulier dans les grandes plaines explique Vincent Bretagnolle, directeur de recherche au CNRS. En France, les espèces des milieux agricoles ont vu leurs populations diminuer de 33 % en 25 ans. Sur notre site d’étude dans les Deux-Sèvres, nous avons même perdu 80 % des perdrix grises et 90 % des perdrix rouges ! Et quand on a cherché les causes de ce déclin, on s’est rendu compte qu’il s’expliquait en partie par une diminution de l’abondance des insectes. «  Ce lien entre la crise des oiseaux et la crise des insectes est aujourd’hui bien établi.

 

En 2010, l’équipe de Silke Nebel (université de l’Ontario de l’Ouest, Canada) a montré que les populations d’oiseaux qui diminuaient le plus aux États-Unis et au Canada étaient celles qui étaient insectivores. Et à Porto Rico, Bradford Lister et Andrés García ont constaté chez 6 espèces différentes d’oiseaux que, plus leur régime alimentaire contient une proportion élevée d’insectes, plus leur déclin est important. Ainsi, alors que la population de colombes rouviolettes, qui se nourrissent exclusivement de graines et de fruits, est restée stable entre 1990 et 2015, celle du todier de Porto Rico, un petit oiseau friand d’insectes, a diminué de 90 %. Sachant que les oiseaux ne sont pas les seuls insectivores touchés par cette hécatombe : les lézards, les grenouilles, les chauves-souris, et même les poissons qui se nourrissent des larves d’insectes se développant dans l’eau, pourraient aussi voir leur population diminuer drastiquement au point, parfois, peut-être, de disparaître.

Des effets sur toute la diversité végétale terrestre

Un déclin des plantes à fleurs annoncé          

Les insectes jouent un rôle important dans la pollinisation, notamment des plantes à fleurs. Leur déclin, comme celui des abeilles, s’accompagnerait d’une diminution de ces espèces végétales.

Une compétition entre végétaux relancée

Le déclin ou la disparition des insectes qui se nourrissent des plantes (racines, tiges, feuilles, fleurs ou fruits) va changer les règles de la compétition entre végétaux. Avec un impact imprévisible sur les équilibres écologiques des forêts et des prés.

Une dégradation à prévoir de la qualité de la terre

Les coléoptères coprophages, mais aussi les xylophages ou les fourmis jouent un rôle fondamental en aérant, enrichissant la terre en éléments nutritifs. Leur déclin pourrait impacter négativement la croissance des plantes. 

Mais l’effet peut aussi être moins direct.  » Dans nos simulations, une proportion relativement élevée de premières extinctions ont lieu chez des espèces qui ne sont pas directement liées à celles dont nous avons artificiellement induit le déclin « , indique Torbjörn Säterberg. Autrement dit, la première espèce à disparaître n’était pas forcément le prédateur de l’espèce envoie de disparition.

 

Des résultats a priori contre-intuitifs, mais confirmés par l’étude expérimentale menée en laboratoire par l’équipe de Dirk Sanders et publiée en 2015 : dans un microcosme constitué de plantes et de 3 espèces de guêpes se nourrissant chacune spécifiquement de 3 espèces de pucerons, les chercheurs ont montré que le fait de réduire l’abondance de l’une des 3 espèces de guêpes (sans pour autant la faire disparaître) conduisait à la disparition des deux autres. Comment ?  » Lorsque l’une des guêpes devient moins abondante, les pucerons dont elle se nourrit deviennent plus nombreux. La compétition inter spécifique entre pucerons s’intensifie alors aux dépens des deux espèces devenues minoritaires. Résultat : les prédateurs de ces dernières ont moins de proies à leur disposition et leurs populations diminuent en conséquence « , explique Dirk Sanders.

 

Or, ces dynamiques écologiques sont tellement complexes qu’il est finalement difficile de prévoir quels animaux seront menacés par le déclin des insectes. D’autant que la disparition d’un insecte peut aussi créer de nouvelles niches qui vont encore amplifier les déséquilibres écologiques. Exemple édifiant en Australie où, à leur arrivée, les colons ont développé l’élevage des bovins et des ovins. Problème : les coléoptères coprophages australiens, habitués aux excréments des marsupiaux, ne se sont jamais intéressés à ceux des bovins. Le pays s’est alors rapidement couvert de bouses qui mettaient des années à se dégrader (au point que l’Australie a perdu, à l’époque, 10 % de sa surface en pâturages, soit 1 million d’hectares !) et dans lesquelles les mouches se sont mises à pulluler, affectant finalement encore plus la productivité du bétail… Et tout cela à cause de l’absence de bousiers !  » Les écosystèmes sont des systèmes complexes ; de ce fait, il est donc difficile de prédire comment une perturbation appliquée à une espèce ou à un groupe d’espèces vase propager à toute la communauté, conclut Torbjörn Säterberg. Ce qui est sûr, c’est que le déclin des insectes sera néfaste pour la biodiversité animale.

 

«  Et pour les végétaux ? La question là encore est complexe. Les insectes étant majoritairement herbivores, on pourrait imaginer que leur déclin sera bénéfique aux végétaux… et aux agriculteurs qui les cultivent. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime en effet que les ravageurs des cultures sont responsables de la perte d’un cinquième de l’ensemble des récoltes. Sauf que les insectes ont aussi des effets bénéfiques. D’abord, certains sont carnivores et se nourrissent justement des insectes ravageurs des cultures : si les premiers diminuent, les seconds pourraient pulluler et ravager davantage les cultures. Par ailleurs, certains insectes favorisent la croissance des plantes.  » En recyclant les déjections animales, les bousiers permettent le retour au sol d’éléments nutritifs comme l’azote. En décomposant les feuilles et les branches mortes, les insectes xylophages l’enrichissent également. Quant aux fourmis et aux termites, elles déplacent des quantités gigantesques de terre, ce qui contribue à son aération « , liste Franck Courchamp.

UN DOMINO MONDIAL

Surtout, les insectes jouent un rôle important dans la pollinisation des végétaux.  » Si la quantité d’insectes pollinisateurs diminue, on peut s’attendre à voir décliner certaines plantes à fleurs « , pointe Benoît Fontaine, biologiste de la conservation au Muséum national d’histoire naturelle. C’est ce que montrait précisément une étude menée en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas en 2006 par l’équipe de Jacobus Biesmeijer, du Centre de biodiversité naturelle de Leiden (Pays-Bas) : le déclin de la diversité des espèces d’abeilles sauvages s’accompagnait d’une diminution des espèces végétales pollinisées par celles-ci (comme les plantes à fleurs), alors qu’au contraire celles pollinisées par le vent (comme les conifères ou les graminées) étaient en augmentation. De quoi rebattre les cartes de la diversité végétale des campagnes et des forêts. Et de quoi aussi préoccuper les agriculteurs (lire ci-contre). En tout cas, les faits sont là : une série de réactions enchaîne est entrain de s’enclencher dans le monde entier. Et tous les prés en seront bouleversés.

Quel impact sur l’agriculture ?

Il est moins important que ce que l’on pourrait craindre. Si 40 % environ de la production agricole végétale mondiale dépend des insectes pollinisateurs, cette dépendance est rarement totale. En 2009, Marcelo Aizen (université nationale de Comahue, Argentine) a calculé que même une absence totale de pollinisateurs ne réduirait la diversité des fruits et légumes que de 8 % et la production agricole mondiale de seulement 3 à 5 %. D’ailleurs, souligne-t-il,  » alors que le déclin des insectes pollinisateurs a débuté il y a plusieurs décennies, on n’observe pas de diminution de la production agricole mondiale, au contraire « . Mais de noter cependant que  » laper te de rendement liée à la baisse du nombre d’insectes pollinisateurs pourrait être plus importante dans les pays en développement, où les cultures dépendant des pollinisateurs occupent plus de surfaces « .

 

En savoir +

A consulter, les publications scientifiques :

la méta-analyse des chercheurs australiens : Biological Conservation, 2019

dans la forêt de Porto Rico : PNAS, 2018

l’étude des suédois qui ont fait tourner des modèles mathématiques d’extinction : Nature, 2013

celle sur les oiseaux insectivores aux Etats-Unis : Ecologie et conservation des oiseaux, 2010

sur le déclin des guêpes carnivores : Cell, 2015

sur le déclin concomitant des plantes à fleurs et de leurs insectes pollinisateurs : Science, 2006

et sur l’impact de la disparition des insectes pollinisateurs sur l’agriculture : Ann. Bot., 2009

 

[Image] Toutes les familles d'insectes sont touchées

Bernadette Cassel's curator insight, March 28, 2023 2:06 PM

 

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Même dans les zones protégées, les insectes sont exposés aux pesticides

Même dans les zones protégées, les insectes sont exposés aux pesticides | EntomoNews | Scoop.it
Selon une étude allemande, des produits phytosanitaires peuvent affecter les invertébrés à plusieurs kilomètres des champs traités. Une quinzaine de substances en moyenne sont détectées sur les insectes des aires de conservation.

 

Par Stéphane Foucart, 19.12.2021 (abonnés)

 

"L’étude avait fait grand bruit : en octobre 2017, une douzaine de chercheurs européens documentaient dans la revue PLoS One la disparition des insectes dans les paysages représentatifs de l’Europe occidentale. Le biologiste et écologue Caspar Hallmann (université Radboud, Pays-Bas) et ses coauteurs avaient analysé des données historiques de capture d’insectes volants dans 63 zones protégées allemandes et concluaient à une chute catastrophique de ces populations entre 1989 et 2016 : 76 % à 82 % de leur biomasse avaient disparu en un quart de siècle.

 

Comme en complément à ces travaux, une équipe de chercheurs conduits par Carsten Brühl (université de Coblence-Landau, Allemagne) a publié, jeudi 16 décembre dans Scientific Reports, une étude montrant que les insectes capturés dans les zones protégées peuvent être contaminés par un grand nombre de pesticides employés dans les parcelles environnantes.

 

Les auteurs ont utilisé le même type de piège non sélectif que leurs prédécesseurs en 2017. Ils ont ainsi capturé, en mai et en août 2020, des insectes volants de toutes espèces, dans 21 zones protégées allemandes insérées dans des paysages agricoles. Ils ont ensuite recherché sur ces animaux des traces de 92 pesticides."

(...)

 

 

"... Residues of the herbicides metolachlor-S, prosulfocarb and terbuthylazine, and the fungicides azoxystrobin and fluopyram were recorded at all sites. The neonicotinoid thiacloprid was detected in 16 of 21 nature conservation areas, most likely due to final use before an EU-wide ban. A change in residue mixture composition was noticeable due to higher herbicide use in spring and increasing fungicide applications in summer. The number of substances of recorded residues is related to the proportion of agricultural production area in a radius of 2000 m. Therefore, a drastic pesticide reduction in large buffers around nature conservation areas is necessary to avoid contamination of their insect fauna."

 

Traduction :

 

Par conséquent, une réduction drastique des pesticides dans de larges zones tampons autour des zones de conservation de la nature est nécessaire pour éviter la contamination de leur faune d'insectes.

Bernadette Cassel's insight:

 

« Pas mal d’études montrent des contaminations de parcelles non traitées par le voisinage traité, mais là ce sont les insectes qui sont analysés, et non des échantillons de sol », souligne l’écologue et systématicien Philippe Grandcolas, directeur de l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (Muséum national d’histoire naturelle, CNRS, Sorbonne Université, Ecole pratique des hautes études, université des Antilles), qui n’a pas participé à ces travaux et les juge « très importants et très significatifs ». « La distance de vol peut être importante pour certains petits insectes qui, à l’extrême, pourraient venir de régions non protégées et être piégés dans les zones protégées, ajoute M. Grandcolas. Mais cela ne change rien à la conclusion principale que l’on peut en tirer : les sites protégés ont une faune d’insectes qui est touchée par les traitements, d’une manière ou d’une autre. »

Stéphane Foucart

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