Plutôt la Haine ou l’Indifférence ? A première vue l’indifférence survient après les derniers sursauts de haine. Mais en réalité elle provient de nulle part, s’étale simplement ; elle n’a pas de cause et pas plus de motif de disparaître. Avec sa complice Solitude, son nom est Non – à tout ce qui précède et ce qui survivra. Elle est le comble du concret, et de l’abstrait ; glisse sur tout ou accroche un rien. Rêverie ou utopie qu’un quarteron de poètes surdoués a su transformer en pépite rare, ce fut "De la déception pure, manifeste froid" paru en 1973 chez Christian Bourgois et signé par Bailly, Buin, Sautreau et Velter. Un Non qui n’épargne pas même la poésie : «Parler de la poésie comme si elle « existait », voilà qui revient à lui accorder beaucoup d’importance. La poésie n’a aucune importance. Ectoplasme patient, elle ne proteste même pas devant une telle affirmation. A vrai dire, elle ne se départit jamais de son indifférence, qu’on la nie, la provoque, ou la berce. » (Yves Buin, ibid., p. 32)