10 septembre: la journée du ralentissement de l'Internet | Toulouse networks | Scoop.it



Il y a des journées pour tout, pour les amoureux, pour les joueurs de poker ou les gauchers. Et il y a maintenant la journée du ralentissement du net. Une journée militante en faveur de la neutralité du web. Pour que ne s'impose pas un réseau à deux vitesses, dominé par l'argent.


Le principe de neutralité revient régulièrement sur le tapis politique. Cette neutralité a pour but de garantir "l’égalité d’accès au réseau pour tous les internautes, pour tous les contenus, pour tous les flux de données et pour tous les types d’utilisation."

Ce principe garantit que les fournisseurs d’accès internet (les opérateurs télécoms) ne peuvent pas accorder de priorité à certains pourvoyeurs de contenus. C’est ainsi que Belgacom ou Voo ne peuvent pas accélérer le débit pour Google (par exemple), et le réduire pour Youtube. Or -principalement aux Etats-Unis- des opérateurs veulent mettre fin à ce principe de neutralité.

L’idée est que les fournisseurs d’accès pourront facturer les sites qui désirent un "traitement préférentiel". Une connexion serait alors octroyée aux sites qui acceptent d’en payer le prix. Un peu comme si l’on proposait aux automobilistes de payer une redevance qui leur permettrait de rouler plus vite alors que les autres usagers de la route seraient ralentis. C’est contre ce risque que des internautes militants lancent le "net Slowdown", ou journée du ralentissement du Net.

Ce qui va changer le 10 septembre

Pas de panique, votre connexion ne sera pas ralentie, en tout cas pas plus que d’habitude. Tous les internautes qui refusent cet internet à deux vitesses sont appelés à afficher en signe de protestation le symbole du téléchargement, cette petite roue étoilée qui tourne sans cesse pour signaler un téléchargement en cours. Cette roue qui, pour beaucoup d’entre nous, désigne aussi le symbole de la lenteur. Plusieurs sites militants américains (dont Battleforthenet.com) proposent de télécharger ce symbole pour le mettre sur son site, sa page Facebook ou Google, sur son blog et dans ses messages. Bref, partout.

A l’origine de ce mouvement figurent des organisations citoyennes qui veulent sensibiliser la toile au risque de ralentissement des sites qu’entraînerait la fin de la neutralité du web. L’ambition de cette journée est qu’un maximum d’internautes affichent sur leur site, dans la photo d’avatar de Facebook ou ailleurs cette roulette agaçante qui deviendrait notre quotidien en cas de commercialisation du débit internet. Et, bien sûr, ce doit être aussi l’occasion d’envoyer des mails au pouvoir politique pour le sensibiliser à ce risque.

Les conséquences pour les organisations qui ne paieraient pas…

Dans un tel système, tous les autres sites qui refuseraient de payer (des organisations non lucratives ou des blogs de particuliers) devraient se contenter des chemins internet de traverse. Ils devraient alors s’interdire de diffuser de la vidéo parce que le débit gratuit ne le permettrait pas ou mal. On assisterait à un internet à deux vitesses.

Et le risque n’est pas que théorique. Netflix, le fournisseur de télévision en ligne qui arrive chez nous, a déjà signé aux Etats-Unis un accord avec l’opérateur Comcast pour s’assurer que les films en streaming passent sans coupure à l’écran. Verizon, un autre opérateur, a également obtenu ce droit d’un tribunal américain. Le soir aux USA, Netflix accapare 40% du trafic internet. Et Youtube 20%

En Europe la situation semble plus favorable. Le Parlement européen a voté en faveur du maintien, à de rares exceptions près, du principe de la neutralité. A la fin de la précédente mandature, les députés européens ont protégé l’Internet européen. Mais il faudra encore d’autres votes, ainsi que des négociations entre le nouveau Parlement et le nouveau Conseil pour concrétiser l'accord. Et les lobbies n’ont pas encore dit leur dernier

Parmi les exceptions évoquées au principe de neutralité figurent la VOD (vidéo à la demande) les weconférences et le stockage de données en ligne (le cloud).

Jean-Claude Verset