Patrick Désiré, Aerospace Valley : « Les PME n'ont rien à envier aux grands groupes » | Toulouse networks | Scoop.it

Patrick Désiré est le nouveau directeur général du pôle de compétitivité Aerospace Valley, parmi les trois premiers leaders mondiaux pour la performance des projets soutenus.

 

En fonction depuis mai, Patrick Désiré a pour mission de faire d'Aerospace Valley une « usine à croissance » selon les objectifs de l'Etat. Spécialiste des questions d'ingénierie, de sous-traitance et projet et du management de l'innovation, il a candidaté spontanément à la direction générale du pôle.

 

Patrick Désiré, vous êtes ingénieur diplômé de l’Insa de Lyon, avant d’avoir fait carrière au sein du groupe Airbus, essentiellement sur sa filière espace. Comment êtes-vous arrivé au pôle Aerospace Valley ?
Via mon parcours professionnel entièrement consacré à l’aéronautique et au spatial. Dans ce cadre, j’ai œuvré dans le management qui est une des missions du pôle. Par ailleurs, les trois à quatre dernières années j’ai été responsable de la question dédiée à l’innovation industrielle. A ce titre j’ai d’ailleurs piloté le DAS (domaine d’activité stratégique, NDLR) Usine du futur pour le pôle. Voyez, il y a bien un lien entre mon expérience et Aerospace Valley. C’est pourquoi j’ai candidaté au poste que j’occupe désormais dès que j’ai su que mon prédécesseur partait. Cette candidature a reçu tout de suite un écho favorable.

 

Le pôle est très orienté vers le soutien des PME depuis quelques années. Issu d’un grand groupe, que savez-vous des PME ?
Ah ! J’ai l’impression de repasser l’entretien pour le poste ! (rires) C’est clair que je n’ai jamais travaillé au sein d’une PME, mais mon activité professionnelle m’a amené à fréquenter des PME et à travailler avec elles. Lorsque je pilotais le DAS, qui était déjà très tourné vers les PME, j’ai noué de nombreux contacts avec les entreprises. C’est là d’ailleurs que j’ai compris que les PME trainent une image misérabiliste alors que j’ai rencontré des patrons supers motivés et impliqués. Au fait des tenants et des aboutissants de leur business. Des gens très dynamiques. La plupart de ces entreprises n’ont finalement rien à envier aux grands groupes.
Toutefois, elles ont des spécificités particulières comme une difficulté certaine à avoir de la visibilité sur leur plan de charges, ce qui induit des difficultés à penser innovation ou investissement et à être attractives pour les talents qu’elles ont du mal à recruter ou à garder parmi leurs effectifs. Comme leurs ressources sont plus limitées, ces difficultés sont majeures et impactent la gestion du quotidien comme la mise en perspective. C’est un vrai point d’attention pour le pôle que de savoir comment accompagner au mieux les PME, nous en comptons 483 parmi nos adhérents, lors des phases d’industrialisation de leur produit au regard de la problématique des relais. Le financement de cette phase est primordial pour elles, c’est là qu’elles ont besoin de notre appui.

 

Comment intervient le pôle alors ?
Que ce soit pour l’export ou la R&D par exemple, une PME a besoin de trouver des partenaires pour intégrer des consortiums aptes à porter ses projets, le pôle peut apporter ce service. Il doit faire le lien avec les groupes, les collectivités, les agences de développement pour aider les PME à trouver leurs partenaires. De même le pôle doit faciliter l’accès à l’information, notamment sur tout ce qui a trait au marché dans les dix ans à venir afin qu’elles puissent cerner l’impact sur leur stratégie.

 

Le pôle a été fondé pour soutenir la compétitivité via le soutien à l’innovation. Quelle est votre définition de l’innovation ?
Pour moi, l’innovation doit apporter de la valeur dans l’amélioration de la performance industrielle qui passe par la capacité de produire et de livrer plus rapidement, dans les meilleures conditions et dans des coûts maîtrisés. L’innovation ce peut aussi être ce qui débouche sur de nouveaux produits ou services, de la valeur qui va créer du business. Le point commun à ces deux définitions c’est la rupture technologique.

 

L’usine du futur doit aussi porter l’innovation. Pour beaucoup de PME le challenge semble loin de leurs préoccupations immédiates, non ?
Je connais bien le sujet. Les PME ont des interrogations certes, mais il y a une réelle volonté d’y aller même si on ne sait pas trop comment ! Le pôle a bien l’intention d’amplifier la thématique autour de ce qui est devenu depuis la création du DAS l’industrie du futur. J’ai clairement l’ambition de renforcer le DAS dédié et de faire participer le pôle à la plateforme industrie du futur qui se met en place au niveau national. Je veux mettre de l’emphase dans cette thématique en pleine cohérence avec les politiques nationale et régionale parce que l’enjeu c’est de produire des milliers d’avions.
Recueilli par Nathalie Malaterre