[Portrait] Marie-Anne Soubré, la Toulousaine de l'émission « Les Grandes Gueules » sur RMC | Toulouse networks | Scoop.it
Marie-Anne Soubré, la Grande Gueule de RMC


Intervenante régulière depuis sept ans dans les Grandes Gueules, l'émission qui cartonne sur RMC, l'avocate Marie-Anne Soubré est une Toulousaine de fer et de coeur. Rencontre.


Claude Nougaro avait tort. Les mémés ne sont pas les seules à aimer la castagne à Toulouse. Il y a Marie-Anne Soubré aussi. Les fidèles de l’émission de RMC, « Les Grandes Gueules », du lundi au vendredi entre 10 h et 13 h, sont coutumiers de cette quadra à la petite voix féminine énergique qui agite le débat au sein d’un programme qui n’en finit plus d’être populaire (près de 742 000 auditeurs enregistrés à l’été 2015).

Pas le café du commerce mais la « table familiale »

Marie-Anne Soubré, ce sont les convictions d’une femme de gauche, les élans passionnés sur les sujets de société autant qu’une réelle timidité quand les joues s’empourprent dans le mouvement des fossettes. L’avocate toulousaine, inscrite au barreau du Val-d’Oise, commence à devenir un cadre de l’émission après sept saisons. Elle intervient en moyenne une fois par semaine au milieu d’un panel très diversifié, entre un président de club de rugby, un fromager, un prêtre, un conseiller en investissement, un agriculteur, un commerçant…

 

On représente tous des classes sociales différentes, avec des profils différents. À l’antenne, la liberté est totale, il n’y a pas de consigne et les coups de gueule ne sont pas orchestrés, explique-t-elle.

 

Pour Marie-Anne, « Les Grandes Gueules » n’est pas le café du commerce comme le critiquent les plus féroces contempteurs de l’émission, mais « une grande table familiale. On peut s’engueuler comme on le fait dans n’importe quelle famille ».

Une jeunesse bercée par le centre-ville

La famille, c’est le fil d’Ariane pour cette Toulousaine exilée pour plaider dans les tribunaux parisiens. Jusqu’à ses 25 ans, sa vie tournait autour du Capitole, de Saint Sernin, entre une enfance aux Chalets, une scolarité à Fermat et des études d’avocat au Salin.

Une « bobo » de l’hypercentre assumée qui adore le Florida et attendre plus d’une heure sur le trottoir pour dîner à L’Entrecôte. « Quand je viens ici et dans le Gers voir ma famille, deux fois par an, je suis en vacances, rien ne m’irrite », sourit-elle. Pas même les bouchons ? « Quand je vois ce que j’ai connu à Paris, ça me fait rire ici ! ».

Sur les migrants, « Toulouse n’est pas digne »

À gratter un peu, cette « laïque pratiquante », qui a appris à s’ouvrir à la religion en côtoyant aux « Grandes Gueules » le père Gourrier, soutien de l’ancien trader repenti Jérôme Kerviel, peut se montrer grande gueule sur sa chère Ville rose.

 

Toulouse, avec la mairie et la préfecture, n’est pas digne dans le traitement de l’accueil des migrants, estime celle qui est actuellement en grève contre la réforme de l’aide juridictionnelle, qui a occasionné des heurts à Toulouse.

 

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Son père était un opposant à la dynastie Baudis

Le nom de Soubré à Toulouse se conjugue avec l’histoire de la gauche. Son père, Luc, était conseiller régional et conseiller municipal d’opposition à Baudis père (Pierre) et fils (Dominique). Le rôle ingrat par excellence. Marie-Anne, qui avait 9 ans en 1981, premier prix du concours international de plaidoiries pour la défense des droits de l’Homme en 2004, a de qui tenir. « Je suis issue d’une famille socialiste même si je n’ai jamais été encartée. J’ai assisté aux meetings de François Mitterrand pour les campagnes présidentielles », poursuit-elle.

Ce ne sont pas les lettres d’anonymes d’insultes qui ont empêché ce petit bout de femme de rempiler un an de plus. L’occasion de « s’amuser » dans cette émission « populaire, pas populiste, où l’on ne se présentent pas comme des spécialistes ».

  

Mourad Boudjellal, « un mec en or »

Les « GG », c’est aussi des rencontres salutaires au-delà du miroir, des clichés.

 

J’ai beaucoup d’amitié pour le président du club de rugby de Toulon, Mourad Boudjellal. C’est un mec en or. J’avais une vision caricaturale de lui qui a évolué, témoigne cette fana de rugby et du Stade toulousain, qui a gardé le coeur rouge et noir.

 

Et Novès, nouveau sélectionneur de l’équipe de France ? « C’est l’homme de la situation, il va réussir. Mais il devra d’abord virer ceux qui ont mis les Bleus dans cette situation, il n’y a pas que Philippe Saint-André ». Ou comment être grande gueule et d’un chauvinisme bon teint !

Récemment, Marie-Anne Soubré est tombée par hasard sur un article du « Nouvel Obs » daté de juin 1995 où elle est décrite comme ayant « un grand coeur mais un esprit tranchant comme un scalpel. Elle est généreuse mais implacable ». Grande Gueule un jour, Grande Gueule toujours ?