« Toulouse peut devenir une grande plateforme de nearshore ! » | Toulouse networks | Scoop.it

Le « nearshore » (ou délocalisation proche) s’oppose à « l’offshore », qui conduit à délocaliser à l’étranger (le plus souvent en Asie et en Afrique). C’est l’une des priorités de la feuille de route de Syntec Numérique Toulouse, présentée en exclusivité par son Président Laurent Gerin, Vice Président de CGI, en charge du Sud-Ouest de la France.

- Quelles sont les priorités de Syntec Numérique Toulouse pour les mois qui viennent ?
Laurent Gerin : A la fin de l’été 2014, le bureau de Syntec Numérique de Toulouse a validé une feuille de route en 5 points. La première, c’est le rapprochement entre Syntec Numérique et l’industrie. On parle de l’industrie IT, ce qui implique des liens plus étroits avec des acteurs locaux forts comme La Mêlée, la TIC Valley ou Digital Place. On parle également de l’industrie manufacturière, avec des acteurs leaders tels qu’Airbus. On parle également des grandes collectivités de la région, ce qui nous amène, par exemple, à rencontrer les représentants de Toulouse Métropole dès ce mois d’octobre. Il y aura désormais une rencontre par mois entre Syntec Numérique et l’industrie locale.
La seconde priorité, c’est d’améliorer la diversité au sein de la filière. Les années passent et la filière du numérique reste à 27% de femmes pour 73% d’hommes. Personnellement, je suis content d’afficher un taux de 45% de femmes au sein de l’entité dont j’ai la responsabilité chez CGI, mais au niveau global, nous sommes encore loin de la parité. Le secteur du numérique est encore bien plus en retard en ce qui concerne le travail des personne en situation de handicapip. Selon la loi, la proportion d’handicapés au sein du secteur devrait être de 6%. Dans le secteur IT, nous en sommes à 1,2% : il est clair que l’on n’y arrivera pas mais cela ne doit pas nous empêcher de redoubler d’efforts dans ce domaine.
Le troisième point est l’adaptation de nos capacités de production aux évolutions de la demande. En l’occurrence, Toulouse pourrait devenir une plateforme de « nearshore » très attractive. Le quatrième point est lié au précédent et concerne le rayonnement de Toulouse dans le domaine des nouvelles technologies. Au-delà de ses atouts dans le domaine du nearshore, ce territoire doit davantage mettre en avant ses talents dans les domaines des systèmes embarqués, des objets connectés, etc. Cet aspect s’inscrit dans la logique qui est celle de la French Tech au niveau national et sera à l’ordre du jour de notre réunion régionale du 11 décembre. Enfin, le 5ème point est logiquement d’augmenter le nombre d’adhérents de Syntec Numérique au niveau régional, sachant que nous sommes une soixantaine aujourd’hui.

- Quels sont les atouts de Toulouse pour devenir un acteur majeur du nearshore ?
Laurent Gerin : Lorsqu’une entreprise cherche à implanter ou à délocaliser une activité numérique, elle se focalise sur trois critères essentiels : les compétences disponibles sur place (et donc les centres de formation présents), les prix de l’immobilier et les niveaux de salaire. Concrètement, Toulouse peut s’enorgueillir d’avoir un enseignement supérieur d’une très grande qualité. Concernant les prix de l’immobilier, ils sont devenus plus intéressants pour les acheteurs au fil des derniers trimestres. Enfin, pour les salaires, Toulouse pratique des niveaux moins élevés que ceux de Paris ou d’autres capitales occidentales, mais encore plus élevés que ceux d’autres métropoles régionales ou de certains pays. Par ailleurs, il est un critère que je devrais qualifier de « 4ème critère essentiel » alors qu’on a trop souvent tendance à le considérer comme anecdotique ici : c’est la qualité de la vie ! Tous les indicateurs que nous observons indiquent que le poids de la filière du numérique en Midi-Pyrénées est sous estimé et qu’il est plus proche de 50 000 personnes que de 40 000.

- Est-ce que Syntec Numérique est un soutient actif de la French Tech Toulouse ?
Laurent Gerin : Je ferai deux remarques à ce sujet. La première, c’est que l’antenne régionale de Syntec Numérique a participé à la rédaction des documents de candidature de Toulouse à la French Tech, et aussi qu’elle soutient l’action de ses adhérents dans ce domaine. Cela étant dit, Syntec Numérique est un syndicat professionnel national et soutient logiquement les initiatives qui sont engagées partout sur le territoire.

- Est-ce que CGI montre l’exemple à Toulouse ?
Laurent Gerin : Je fais en sorte que CGI montre l’exemple à Toulouse. Prenons trois exemples. Le premier concerne le nearshore. CGI vient d’emménager à Toulouse dans des locaux de 4 000 m², contre 3 000 m² auparavant. On peut retenir que c’est bon pour l’immobilier professionnel et l’emploi à Toulouse, mais il faut également savoir que Toulouse est une plateforme de nearshore pour CGI : sur les 500 personnes qui travaillent ici, plus de 150 interviennent sur des dossiers nationaux ou internationaux. Le deuxième exemple concerne l’emploi des personnes handicapées : on peut retenir que CGI va embaucher 60 personnes en CDI et une vingtaine d’apprentis, mais on doit aussi savoir que nous faisons en sorte de recruter le plus grand nombre possible de personnes en situation de handicap, dans le but de nous approcher des 3% d’handicapés dans notre personnel. Le troisième concerne la participation aux pôles d’excellence qui se développent à Toulouse. Concernant l’usine du futur, CGI vient de signer un partenariat avec les clusters de l’aérospatial Aeropspace Valley et Aéro Montréal. C’est également le cas sur des sujets comme la ville du futur ou les objets connectés : CGI devient un spécialiste mondial dans ces domaines, avec des références comme la ville de Londres ou les ascenseurs Thyssen.

Propos recueillis par Pascal Boiron, MID e-news