Toulouse, capitale occitane du coworking : jusqu'à quand ? | Toulouse networks | Scoop.it

Le Lab’Oïkos incite les entreprises et les particuliers hébergés à optimiser leurs pratiques sociales, environnementales et sociétales.

 

Espace de coworking, tiers-lieu de travail, third place… Venus de Californie, ils donnent un réel dynamisme à la notion de bureau flexible. À Toulouse, de plus en plus d’acteurs sont désormais contraints à se livrer bataille pour conserver leur part de marché.

 

Encore confidentiel il y a dix ans, le bureau de travail partagé ou coworking déferle désormais en France. L’Occitanie n’échappe pas à ce phénomène. « Début 2015, nous avons comptabilisé soixante tiers-lieux, comprendre des espaces de coworking (bureaux pour indépendants et start-ups) et de télétravail (pour les salariés d’une entreprise). En 2017, il y en a 115 », constate Annie Fachetti, coanimatrice de la commission télétravail et espaces collaboratifs de La Mêlée.

La Haute-Garonne recense 46 lieux, l’Hérault en compte 16, le Gers en concentre 13, tandis que le département des Hautes-Pyrénées est le grand retardataire régional avec trois lieux.


Toulouse rassemble à elle seule 35 espaces de ce genre. Un chiffre loin d’être définitif puisqu’un autre espace nouvelle génération est annoncé à la Cartoucherie, et que l’américain Wework est attendu.

Dans la grande couronne, Coworking Ganguise vient d’ouvrir près du lac éponyme ; Et Le 100e singe est annoncé en septembre, à Berlberaud.

« L’offre est très diversifiée et repose sur des modèles économiques eux aussi divers », tempère Annie Fachetti. En clair, avec une foule d’acteurs, la bataille des tiers-lieux a commencé, certains restant même sur le carreau. Le jeune entrepreneur Florian Zordan en a d’ailleurs fait les frais. En 2015, après quelques semaines d’activité, il a été contraint à fermer son espace.

 

Un réseau, une communauté

Les tarifs des locations de bureaux, qu’ils soient à l’heure, à la demi-journée, à la journée, ou au mois, ne sont plus des arguments de différenciation pour les acteurs, qui pratiquent des prix assez identiques. Pour se distinguer, la dimension du réseau, voire de la communauté, source de synergies et de motivation, est l’une des principales valeurs ajoutées de ces temples du travail partagé.
Le pionnier du genre, La Cantine, fédère depuis 2010 une communauté autour du numérique. Subventionnée par Toulouse Métropole, à hauteur de 60.000 euros par an, elle a souhaité se diversifier en incubant des start-ups (une trentaine en tout depuis 2012, Ndrl). « Nous étions les premiers à proposer du coworking », explique Édouard Forzy, président fondateur de La Mêlée, qui porte la Cantine. « Mais cela ne suffisait pas pour faire vivre un lieu de 1000 m². Sur ce marché concurrentiel, nous avons créé une communauté en s’adressant à un public plus large. Ainsi, notre modèle économique repose sur d’autres types de services, tels que l’organisation d’évènements pour les entreprises et des start-ups (600 par an) et la mise en place d’un incubateur. »

 

De son côté, HarryCow, qui souffle sa première bougie en mai, offre aux indépendants et aux jeunes entreprises la possibilité d’être immédiatement opérationnelles au contact d’autres entrepreneurs. « Nous avons inscrit le numérique dans un monument du patrimoine, un ancien couvent du XIIIe siècle », se félicite Nathalie Bard, à la tête de cet espace installé rue Sainte-Ursule, à Toulouse. « On souhaite créer un écosystème des freelances de toutes les professions, mais aussi des start-ups et des associations. Ainsi, on met en avant leurs compétences, et chacun est amené à se présenter autour d’un apéritif ou d’un déjeuner. Leur biographie, avec photo professionnelle à moindre coût, peut être utilisée sur Facebook. Nous les accompagnons aussi en faisant intervenir des experts, notamment administratifs et juridiques. On veut favoriser les passerelles avec les entreprises », assure Benoit Lafourcade, coassocié.

 

 

 

 

 

Le Lab’Oïkos a choisi un autre domaine : l’économie positive. Et incite les entreprises et les particuliers hébergés à optimiser leurs pratiques sociales, environnementales et sociétales pour minimiser l’impact de leurs activités sur les ressources naturelles et humaines. « Notre positionnement est notre valeur ajoutée », affirme Rémi Demersseman-Pradel, président-fondateur de l’Oïkosystème. « Et le coworking est un point d’entrée, il est une brique qui donne du sens à notre offre. Mais il n’est pas le seul. »

 

Au premier semestre, un centre d’expertise en Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ouvrira également ses portes. « Ce centre, chargé d’améliorer les performances et la qualité au travail des PME, proposera des formations collectives et individuelles, dont le programme n’est pas encore défini », souligne Raphaël Levy, « le connecteur » de cet espace place Saint-Aubin. « Ainsi notre offre sera globale et cohérente. »

 

Des services soignés

Attirer les coworkers c’est bien, les conserver c’est mieux. Aussi, les hôtes de ces lieux 2.0 développent-ils une multitude de services censés optimiser le confort des « sans bureaux fixes ». Le Lab’Oïkos a par exemple inventé un nouveau métier : le facilitateur. Et c’est Raphael Levy qui s’y colle ! Il est la personne référente qui, sur place, améliore le quotidien des indépendants et des start-uppers. Multi-compétent, comme il se définit lui-même, il gère les problèmes de connexion internet, porte une attention au bruit. Ou encore établit des devis commerciaux, si le coworker souhaite créer un évènement.

HarryCow élargit pour sa part les heures d’ouverture en journée, et propose de domicilier les entreprises. Enfin, l’espace envisage de mettre aussi en place un vidéoprojecteur et d’aménager une terrasse.

 

Kooloc a volontairement évité le centre-ville de Toulouse, déjà occupé. Imaginée par quatre associés, dont les professions embrassent plusieurs secteurs (un avocat spécialisé en droit des affaires, une formatrice, un porteur salarial et une community manager), l’idée consiste à proposer une vingtaine de postes de travail et huit bureaux privés dans le quartier Purpan. Un positionnement géographique différent, sans négliger toutefois la mise en place d’une kyrielle de petits « plus » : une conciergerie d’entreprise, des évènements autour du bien-être une fois par mois, des incentives (actions visant à motiver des collaborateurs ou entrepreneurs ndlr) … explique l’une des fondatrices, Lucrécia Grimaud. Ouvert en mars, Kooloc mise la proximité de l’aéroport pour prendre une part de ce marché.


Audrey Sommazi