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Internet, de l'utopie au cauchemar

Internet, de l'utopie au cauchemar | Toulouse networks | Scoop.it

Il l'a tant aimé... Le dernier essai du spécialiste des médias Bruno Patino est un réquisitoire teinté de mea-culpa contre le Web d'aujourd'hui, gangrené par "l'économie de l'attention".

Jusqu'à présent, les "repentis" du Web, ces pionniers aux espoirs douchés, parlaient l'américain. Désormais, il faudra aussi compter avec la voix, bien française, de Bruno Patino. Incroyable et pourtant vrai : le directeur éditorial d'Arte France, figure des défricheurs du Web, avoue ne pas reconnaître, lui non plus, l'Internet dans lequel il avait placé sa foi, cette Toile magique où tous les savoirs devaient se conjuguer, où chacun allait pouvoir s'exprimer, échanger, partager, dans une conversation universelle expurgée des hiérarchies sociales. Ce merveilleux "commerce libre des idées" dont le philosophe John Stuart Mill décelait l'avènement au XIXe siècle avec l'essor de la presse aux Etats-Unis.  

 

Vingt-cinq ans après l'explosion du réseau mondial, le rêve s'est chargé de cauchemars, constate Bruno Patino dans son dernier essai, La Civilisation du poisson rouge, d'une lecture décapante. Le directeur de l'école de journalisme de Sciences Po y décrit un univers "de prédation" dans lequel ne priment ni l'intérêt des contenus ni la démocratisation des opinions, et pas davantage la vérité des faits, mais le profit que les plateformes retirent de nos clics stakhanovistes. Pour le spécialiste des médias, l'évolution des sociétés ou l'avènement d'outils technologiques, si séduisants fussent-ils, ne sont pas les fautifs. C'est l'économie, plus exactement les options stratégiques prises par les Google, Facebook et consorts, qui ont fait du Web ce golem auquel il s'agit maintenant d'échapper.  

 

Les Gafam ont utilisé et potentialisé les formidables ressources des nouvelles technologies pour rafler des milliards de données concernant les utilisateurs, afin de les revendre aux publicitaires et aux autres services numériques, explique Patino. Plutôt que de faire payer les usagers, ils ont préféré miser sur la publicité, comme le faisaient avant eux les médias traditionnels, mais en jouant d'une arme fatale dont ces derniers ne disposaient pas : l'intelligence artificielle, laquelle permet de cibler les publics. "Ce fut un choix. Il n'y avait en la matière aucune obligation technologique", soutient le journaliste, dans le droit fil de l'analyse du philosophe Eric Sadin. 

 

LIRE AUSSI >> La face très noire de l'intelligence artificielle 

Avant de disparaître, en 2018, John Perry Barlow, l'un des pères fondateurs du réseau numérique et grand libertaire devant l'Eternel, aura eu le temps de voir sombrer son utopie positiviste d'un monde "liquide" nourri de l'intelligence collective dans un techno-capitalisme où les algorithmes ont remplacé les machines-outils. Et puisque ce sont les données - ce "pétrole" - qui font les bénéfices, il importe d'en glaner toujours plus. Comment ? En retenant sans relâche l'intérêt de l'internaute.  

Cette "économie de l'attention", ainsi que l'a baptisée Bruno Patino, s'immisce dans les replis du temps journalier, à la manière d'un intrus prenant peu à peu possession d'une maison mal fermée. Pas seulement les minutes "inutiles", passées à attendre un bus, un film, un ami. Celles, aussi, du travail, des repas en famille, des loisirs... La durée d'usage quotidien du smartphone a doublé dans les années 2000. Elle est d'une heure trente-deux minutes en France (trois heures en Chine), et les experts vaticinent un doublement dans les prochaines années.  

 

Appliquant à la lettre les enseignements de la psychologie comportementale, les robots d'Internet savent mieux que n'importe quelle pub à l'ancienne faire de nous des sujets captifs. L'enchaînement automatique des vidéos sur YouTube ou Netflix en est un exemple : il "soulage de la fatigue liée à la prise de décision", note, dans une phrase terrible, Bruno Patino. Ce confort, agréable dans un premier temps, devient vite nécessaire et prend le pas [...] sur la zone de contrôle du cerveau." Notre santé mentale est en péril", insiste l'homme des médias. Au creux de ce réel stroboscopique farci de notifications, où une sollicitation chasse l'autre à une cadence que les plateformes doivent accélérer pour préserver leur filon, la pensée n'a plus d'espace où se loger. Les manitous de Google ont calculé que le cerveau des jeunes nés connectés décrochait au bout de neuf secondes. Soit seulement une de plus que le poisson rouge figurant en couverture du livre, généralement plus apprécié pour ses moirures que pour ses capacités cognitives. Les plus jeunes, évidemment, sont les plus vulnérables. A force de ne plus savoir où donner de la tête, ils menacent de finir en poupées de chiffon, abandonnant "la lutte contre le plaisir immédiat que fait naître la réponse à un stimulus électronique, aussi minime soit-il", ajoute Patino.  

On peut déplorer qu'Internet soit devenu cette arène de corrida où se déchaînent les passions sur fond de conduites toxicomaniaques. Mais pourquoi s'en étonner, quand l'architecture économique sur laquelle le Web a prospéré est tout entière bâtie sur la viralité des contenus ? conclut l'auteur. Quand l'émotion immédiate l'emporte sur la raison, l'effet produit sur la nature du message, l'avis de l'internaute le plus proche sur les données objectives ? Quand l'information elle-même doit jouer les aguicheuses pour ne pas être éjectée de la piste aux taureaux ?  

Ouvrir les boîtes noires algorithmiques

Les algorithmes des réseaux sociaux, Facebook en tête, composent à l'intention de chaque utilisateur une image kaléidoscopique du monde correspondant à ses affinités, simulacre renforcé par l'afflux constant de nouveaux contenus de la même eau. Chacun voit le réel avec ses yeux. Cependant, lorsque le champ de vision est à ce point "subjectivé", se retrouver sur des combats communs, une lecture partagée des enjeux et des valeurs à défendre - bref, se sentir appartenir à une même société - devient impossible. Toute information émanant des médias de masse passe pour suspecte, toute mesure politique visant le bien général semble répondre aux intérêts d'une camarilla ou d'une autre, comme le montre le mouvement des gilets jaunes. Là est la tragédie : rien ne pourra jamais coller avec la représentation de l'individu-monade, tel que l'Internet des Gafam l'a engendré.

 

Certains, parmi les pionniers "repentis", refusent ce fatum numérique. Tim Berners-Lee, l'inventeur du Web, s'essaie à la construction d'un contre-Internet répondant à l'esprit premier du réseau. Bruno Patino en appelle pareillement à la création d'offres alternatives, dans laquelle les médias publics pourraient trouver une nouvelle mission d'intérêt ô combien général. Plus compliqué, il prône la régulation. Le tour de vis est déjà dans l'air, avec les mesures de rétorsion fiscale votées en avril par les députés français, contraignant les Gafam à s'acquitter en France des impôts liés à leur activité sur le territoire. Mais l'ex-héraut 2.0, lui, va plus loin : il veut ouvrir les boîtes noires algorithmiques, pour en limiter l'efficacité et la portée addictive ; mettre fin à l'irresponsabilité éditoriale des hébergeurs, qui leur permet de laisser passer des contenus problématiques sans être inquiétés. Les potentats du Web sauront-ils renoncer à leurs profits immédiats ? Pourquoi pas ? A condition que les internautes renoncent, eux, aux charmes fétides de la dépendance. 

 

 

 

 

*La Civilisation du poisson rouge. Petit traité sur le marché de l'attention. Bruno Patino, Grasset, 184 p., 17 €. 

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Crédit Agricole 31 : "La vraie concurrence viendra des GAFA"

Crédit Agricole 31 : "La vraie concurrence viendra des GAFA" | Toulouse networks | Scoop.it

Avec plus de 440 000 clients, le Crédit Agricole 31 reste la première banque de Haute-Garonne.

 

Avec plus de 440 000 clients, le Crédit Agricole 31 reste la première banque de Haute-Garonne. Mais l'institution regarde de près la concurrence. Avec l'arrivée de nouveaux acteurs et surtout l'appétit grandissant des géants du web, la banque traditionnelle imagine davantage de services digitaux.

"Notre modèle économique est quelque peu challengé", reconnaît Nicolas Langevin, le directeur général du Crédit Agricole 31 ce jeudi 29 mars à l'occasion de la présentation de ses résultats annuels. Depuis quelques années, le secteur bancaire doit faire face à une concurrence protéiforme. Il y a d'une part l'arrivée de nouveaux acteurs qui misent sur des services 100% en ligne en échange de frais bancaires très réduits. "C'est le cas d'Orange Bank (lancé en novembre dernier par l'opérateur mobile, ndlr) ou N26 également en vogue sur le digital mais pour nous ces banques proposant uniquement des services à distance ne sont pas réellement une menace. Les clients ont besoin d'avoir quelqu'un en face d'eux pour pouvoir se plaindre en cas de problème", estime Nicolas Langevin.

Autre forme de concurrence, le compte Nickel permet à n'importe qui d'aller chez un buraliste pour ouvrir un compte bancaire (sans découvert possible) avec seulement 20 euros de frais annuels. Le Crédit Agricole a depuis lancé son offre low-cost qui permet d'accéder à des services de base. "Nous avons développé une offre éco à 2 euros de frais par mois (là aussi sans possibilité de découvert, ndlr)", poursuit-il.

"Mais pour nous la vraie concurrence viendra plutôt des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Amazon vient par exemple de nouer un partenariat avec la banque d'investissement JP Morgan. Dans 10 ans, cela pourrait constituer une réelle menace", avance le directeur général.

Pour préparer l'avenir, le Crédit Agricole 31 investit 15 millions par an pour développer de nouveaux services digitaux. La banque réfléchit à la création d'un coffre-fort numérique qui permettrait aux clients de stocker des informations ou des documents importants (pas forcément bancaires) et ainsi rentabiliser ses lourdes charges en matière de sécurité informatique.

 

Un produit net bancaire en baisse

De même, face à la baisse de fréquentation des agences physiques, le Crédit Agricole 31 a opéré des regroupements d'agences en centre-ville, passant de 140 à 126 agences.

"Certaines étaient distantes de 300 mètres. Aujourd'hui, pour le client ce qui importe ce n'est pas d'avoir un distributeur en bas de chez lui mais c'est la qualité du conseil", fait remarquer Nicolas Langevin. Désormais la moitié des recrutements concerne des bac+4/5. Nous avons également doublé le nombre de conseillers en patrimoine, un segment producteur de la valeur ajoutée qui va nous aider à développer notre produit net bancaire."

En effet, en 2017, le Crédit Agricole 31 a vu son PNB baisser de 3,3% pour s'établir à près de 250 millions d'euros. Le résultat net, lui, a baissé de 1,9%, atteignant pratiquement les 70 millions d'euros. 32 rénovations d'agences sont prévues en 2018. La banque a également investi 40 millions d'euros pour reconstruire son siège social place Jeanne d'Arc à Toulouse (livraison prévue en septembre 2019). Avec plus de 441 500 clients, le Crédit Agricole 31 reste la première banque de Haute-Garonne et détient plus de 20% de parts de marché sur le secteur (la Haute-Garonne compte plus de 1,3 million d'habitants).

 

Florine Galéron

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Comment l’Europe veut mettre les GAFA au pas

Comment l’Europe veut mettre les GAFA au pas | Toulouse networks | Scoop.it

Pratiques anticoncurrentielles, optimisation fiscale, remise en question de l’utilisation des données personnelles… les griefs de l’Europe contre les géants américains du web se multiplient. Tout comme les pressions pour les forcer à rentrer dans le rang. L’initiative d’Amazon, qui va payer des impôts dans chaque pays où il dispose de filiales au lieu de centraliser ses revenus au Luxembourg, prouve l’efficacité de la pression européenne, à l’heure où le Vieux continent ambitionne lui aussi de devenir un géant du numérique.

 

Il ne fait pas bon être un GAFA en ce moment en Europe. Les Google, Amazon, Facebook et Apple (auxquels on peut ajouter le géant de l'informatique Microsoft) sont scrutés de toutes parts par les régulateurs européens. Leur domination inquiète. En une quinzaine d'années seulement, ces compagnies américaines, parfois créées dans un garage par quelques "geeks" à l'image de Facebook, ont conquis le monde, et notamment l'Europe, grâce à leurs innovations.

Les GAFAM ont su se rendre indispensables dans chaque compartiment de notre vie numérique. Google, créé en 1998, capte 94% du marché de la recherche en ligne en Europe et investit à tout va dans des secteurs prometteurs comme la réalité augmentée ou la voiture sans conducteur. Amazon est le leader mondial du commerce en ligne, loin devant ses concurrents. Facebook, le plus grand média du monde, dispose de 260 millions d'utilisateurs en Europe, davantage même qu'aux Etats-Unis, et contrôle d'autres plateformes populaires comme WhatsApp, Facebook Messenger et Instagram. Après avoir révolutionné la musique en ligne avec l'iTunes en 2003, Apple a popularisé les smartphones puis les tablettes et se lancera cet été dans le streaming musical. Quant à Microsoft, son système d'exploitation Windows domine toujours le secteur informatique.

 

Nouvelle stratégie numérique

Pendant des années, l'Europe a accepté cette domination américaine. Contrairement à la Chine (Baidu, Alibaba)  et à la Russie (Yandex), elle n'a pas favorisé l'essor d'une entreprise leader capable de concurrencer Google ou Facebook. Et si Microsoft ou encore Intel ont déjà subi de grosses amendes de la part de Bruxelles pour abus de position dominante, les initiatives contre les géants américains restaient plutôt isolées.

Ce n'est plus le cas. Depuis 2010 et encore plus depuis l'arrivée de la nouvelle Commission, en 2014, des voix s'élèvent dans toute l'Europe contre la "colonisation numérique" venue des Etats-Unis. La France et l'Allemagne, l'aigle à deux têtes sans qui rien ne se fait à Bruxelles, multiplient les appels pour "encadrer" les géants du web. Après un courrier commun envoyé à l'automne dernier à la Commission européenne, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron et son homologue allemand Sigmar Gabriel ont de nouveau sollicité Bruxelles, en avril, pour mettre en place un "cadre réglementaire assurant une concurrence équitable entre les acteurs numériques".

Benoît Thieulin, le président du Conseil national du numérique (CNN), explique:

"Le contexte a changé ces dernières années. Il y a une prise de conscience en Europe, et notamment du couple franco-allemand, que le numérique révolutionne tous les secteurs et devient un enjeu stratégique majeur. Le fait que des champions européens de l'automobile, de la banque, de l'assurance, des transports ou encore du tourisme se considèrent challengés par les géants américains d'Internet car ils s'immiscent dans leurs secteurs d'activités via de nouveaux services, a poussé l'Europe à réfléchir sur la question de sa souveraineté numérique".

La nouvelle Commission européenne, issue des élections de l'an dernier, a "pleinement conscience" de ces enjeux, selon Benoît Thieulin. D'autant plus que le numérique s'est immiscé au cœur du débat public depuis l'affaire Snowden, qui a attiré l'attention sur l'exploitation des données des citoyens par l'Etat américain, et, par ricochet, par les entreprises comme Google et Facebook qui savent tout ou presque sur nos centres d'intérêts, nos déplacements et nos habitudes de consommation.

L'agenda digital de l'UE, révélé au début du mois, prouve que l'Union européenne veut enfin se doter d'une véritable politique numérique. Au cœur des priorités de la nouvelle mandature, le Marché unique numérique, portée par le Commissaire Günther Oettinger, ambitionne d'uniformiser les réglementations européennes afin de lever les blocages qui empêchent l'émergence d'un futur champion européen du numérique.

En étant amenée à légiférer sur des sujets comme la régulation et la concurrence dans les télécoms, le commerce électronique et son développement transfrontalier, ou encore la protection des données personnelles, cette nouvelle politique va forcément se heurter aux intérêts des GAFA, qui profitent à plein du statut quo.

 

Margrethe Vestager, la terreur des GAFA

En attendant la mise en place de ce programme ambitieux (au mieux à la fin de 2016), les initiatives pour encadrer -et recadrer-  les GAFA se multiplient. Notamment depuis la prise de poste de la nouvelle Commissaire européenne en charge de la concurrence, Margrethe Vestager. En moins d'un an, la Danoise de 47 ans est devenue la terreur de géants américains. Le 15 avril dernier, elle a porté un coup dur à Google en faisant brutalement avancer une procédure d'enquête pour abus de position dominante, qui traînait depuis 2010.

Pour la première fois de son histoire, le célèbre moteur de recherche s'est vu accusé d'avoir enfreint la loi antitrust en favorisant ses propres services de shopping au détriment de ceux des autres entreprises. « Je crains que l'entreprise n'ait injustement avantagé son propre service de comparaison de prix, en violation des règles de l'Union européenne en matière d'ententes et d'abus de position dominante », a-t-elle déclaré pour justifier son acte d'accusation. Une enquête officielle a été ouverte dans la foulée, visant le système d'exploitation mobile Android, qui concentre 69,9% de la part de marché dans le mobile.

Si cette décision ne préjuge pas d'une sanction à venir, elle va à contre-courant de celle de la Federal Trade Commission (FTC), l'autorité américaine qui gère la concurrence et la protection du consommateur, qui avait blanchi Google en 2013 des mêmes griefs. Elle envoie surtout un signal fort aux GAFA: la récréation est terminée, il faudra désormais jouer selon les règles.

 

Sous pression, Amazon change ses pratiques fiscales

La décision d'Amazon, révélée ce mardi, de changer ses pratiques fiscales en Europe, est à marquer d'une croix blanche par sa dimension symbolique. Jusqu'à présent, le numéro un mondial du commerce en ligne optimisait sa fiscalité en faisant converger ses ventes européennes au Luxembourg, où se situe son siège européen. Les "LuxLeaks", des documents confidentiels exposés par la presse l'an dernier, avaient révélé que l'entreprise y bénéficiait depuis 2003 d'un accord de « tax ruling », qui lui permettait d'être taxé à moins d'1% de ses revenus, selon le Financial Times.

Désormais, Amazon va comptabiliser ses ventes dans chaque pays où il a une filiale (Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne, bientôt France) et s'acquitter des taxes sur les sociétés directement dans les pays concernés. L'initiative intervient alors que Margrethe Vestager décortique depuis octobre dernier, dans le cadre d'une enquête menée par la Commission européenne, les accords fiscaux conclus par Amazon et Fiat au Luxembourg, Apple en Irlande ou encore Starbucks aux Pays-Bas. « La décision d'Amazon me paraît être un acte de bonne volonté, un message envoyé à Bruxelles pour montrer patte blanche et dire qu'ils ont compris les nouvelles règles du jeu », décrypte un analyste contacté par La Tribune.

 

Google, Apple et Facebook toujours dans le collimateur

D'autres procédures européennes ont abouti ou sont toujours en cours. En mai 2014, la Commission européenne avait déjà obtenu de Google la mise en place du "droit à l'oubli". Ce dispositif permet aux citoyens de demander la destruction de certaines données personnelles. Il a fêté la semaine dernière son premier anniversaire, avec un bilan mitigé.

Google fait aussi l'objet de pressions de la part de plusieurs Etats membres, qui veulent davantage le taxer sur ses profits. La France a ainsi tenté d'instaurer une "taxe Google" pour l'obliger à payer des impôts dans le pays, et a poussé l'adoption par l'UE d'une directive qui oblige le paiement de la TVA acquittée lors de l'achat d'une chanson ou d'un film via Apple ou Google, directement dans le pays de l'acheteur.

De son côté, Apple fait toujours l'objet d'une enquête concernant des hypothétiques accords fiscaux en Irlande, et d'une autre enquête autour d'éventuelles pratiques anti-concurrentielles avec des maisons de disques.

Facebook n'est pas en reste. La France, l'Italie et l'Espagne ont annoncé début avril l'ouverture d'enquêtes sur la nouvelle police de confidentialité du réseau social, soupçonnée d'avoir été mise en place sans informer suffisamment les utilisateurs sur l'exploitation de leurs données personnelles. Et au début du mois prochain, la Cour européenne de justice doit rendre une décision préliminaire pour statuer sur l'autorisation de Facebook de transférer les données personnelles de ses utilisateurs européens aux Etats-Unis.

 

Ne pas verser dans « l'anti-GAFA isme » primaire

L'Union Européenne, qui a longtemps aidé les entreprises américaines se déployer comme bon leur semblait sur le continent, deviendrait-elle "anti-GAFA" au fur et à mesure que ses ambitions dans le domaine du numérique se développent? Les géants du web le craignent. Selon le Wall Street Journal, Facebook, Google, Apple et Amazon, "prises sous les tirs croisés en Europe", dépensent de plus en plus d'argent dans le lobbying auprès des institutions communautaires.

Et certaines déclarations, notamment de la part de la Commissaire en charge de la concurrence, ont effectivement de quoi les inquiéter. "Si vous voulez manger un éléphant, vous devez avoir une stratégie. Si vous tentez de l'avaler en une seule bouchée, vous allez vous étouffer", expliquait récemment Margrethe Vestager au magazine Fortune, pour expliquer sa stratégie du "coup par coup" dans ses attaques contre Google.

Mais Bruxelles aurait-il intérêt à déclarer la guerre aux géants du web ? "L'UE tente simplement de protéger ses intérêts et ceux du consommateur, comme elle aurait dû le faire depuis longtemps", nuance Benoît Thieulin. Et de rappeller les bienfaits de ces entreprises pour l'économie européenne. "Il ne faut pas oublier que Google, Facebook, Apple et Amazon, entre autres acteurs, tirent l'innovation et encouragent la création de richesse grâce à leurs nouveaux services", rappelle le président du CNN.

Reste que les GAFA semblent avoir compris que l'Union européenne est désormais à prendre au sérieux. L'intensification de leur lobbying et l'initiative fiscale d'Amazon le prouvent. Une nouvelle ère, assurément.

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Le digital et les Gafa, premier risque pour les assureurs

Le digital et les Gafa, premier risque pour les assureurs | Toulouse networks | Scoop.it

 

Panorama des nouveaux entrants dans l'assurance (Insurtech) aux Etats-Unis. Santé, habitation, auto, entreprises, animaux domestiques, etc : tous les segments sont attaqués par ces acteurs 100% numériques.

 

L’arrivée de nouveaux entrants comme les géants du numérique est perçue comme la menace la plus sérieuse pour leur métier par les grands assureurs français, qui étaient réunis à la conférence internationale du secteur organisée ce vendredi par la fédération française (FFA). Amazon et Google multiplient les initiatives dans le domaine, les mastodontes asiatiques du Web aussi.

 

Le climat est cité comme le risque le plus grave et le plus irréversible, pour la planète et nos sociétés, en comparaison des risques liés à la démographie ou la sécurité (cyber et terrorisme) : le constat fait l'objet d'un consensus auprès des grands assureurs, qui étaient réunis ce vendredi 26 octobre à la conférence internationale du secteur organisée à Paris par la Fédération française de l'assurance (FFA). Cependant, c'est un autre risque qu'ils ont en tête quand ils réfléchissent à leur environnement concurrentiel mouvant et l'avenir de leur entreprise.

Le directeur général de la Maif, Pascal Demurger, a ainsi mis les pieds dans le plat :

« Les risques qui me réveillent la nuit, ce sont les ruptures de marché. Avec le digital et le big data, les barrières à l'entrée, comme la possession d'un portefeuille de longue date pour savoir bien tarifer le risque, sont en train de s'effondrer et font apparaître des formes de concurrence inédites et plus violentes. Les habitudes des consommateurs évoluent, de nouveaux standards d'expérience client s'imposent, dont certains sont difficiles à appréhender, comme le caractère addictif de la gratuité dans le monde digital » a fait valoir le dirigeant de la mutuelle.

S'exprimant lors d'une table ronde à laquelle participait le président du superviseur européen des assureurs, l'EIOPA, Gabriel Bernardino, il a déclaré que « ce sont des risques dont la réglementation ne s'occupe pas. Je ressens une forme de décalage entre la réglementation et la réalité du pilotage d'une entreprise. » Et d'ironiser sur cette « réglementation devenue tellement complexe qu'elle constitue à son tour une barrière à l'entrée ! »

 

Après le tsunami réglementaire, la vague des Gafa

Ses concurrents ont exprimé les mêmes craintes. Ainsi, Jacques de Peretti, le Pdg d'Axa France, a évoqué le « tsunami réglementaire » (comprendre la directive européenne Solvabilité 2) et s'est interrogé : « nous ne faisons plus le métier comme avant. Mais avons-nous bien préparé l'avenir et l'industrie à l'arrivée de la vague des Gafa ? Je ne suis pas sûr ! » Pour Jacques Richier, le Pdg d'Allianz France, « le risque est, qu'en étant focalisés sur les préoccupations permanentes concernant la régulation, on oublie que le monde change. »

« Avec la technologie, les frontières entre les secteurs vont devenir de plus en plus floues. Certains acteurs vont venir manger des morceaux de notre métier, notamment la relation client, en vendant des bouts d'assurance dans une offre de mobilité par exemple » a-t-il relevé.

Le directeur général de la Maif s'est inquiété du traitement de faveur dont pourraient bénéficier ces nouveaux concurrents.

« La réglementation a du mal à appréhender des situations où les opérateurs n'attaquent pas l'assurance dans sa totalité mais tels ou tels maillons de la chaîne, les plus rentables, sans être totalement soumis à la réglementation » a observé Pascal Demurger.

Les appétits d'Amazon, Google et Rakuten

Cet échange intervenait au lendemain de l'annonce par Aviva France d'un partenariat avec Amazon pour utiliser la solution de paiement du géant de l'e-commerce (Amazon Pay). Ce dernier aurait également un projet de comparateur d'assurance au Royaume-Uni.

De son côté, Alphabet, la maison-mère de Google, a multiplié les investissements dans les startups de l'assurance (Insurtech) : CapitalG, son bras de capital-risque, « aime vraiment ce marché. Nous allons résolument chercher d'autres investissements dans l'univers de la technologie des assurances » a déclaré récemment l'un des associés, après sa prise de participation dans Applied Systems, des logiciels pour les agents d'assurance.

[Les investissements d'Alphabet dans l'Insurtech depuis 2015, au 18 octobre 2018. Crédits : CB Insights]

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Après l'échec de son site de comparaison d'assurance auto, Google Compare, fermé en 2016, Alphabet a tissé toile dans le secteur, comme le montre le cabinet spécialisé CB Insights (voir graphique ci-dessus), entrant au capital de nombreuses startups américaines de l'assurance, en particulier dans la santé, par exemple chez Oscar Health où il a injecté 375 millions de dollars en août dernier et dont il détient 10% du capital, ou encore chez Lemonade, l'assurance habitation 100% digitale.

En Asie aussi, les géants du Web investissent dans l'assurance. Le Japonais Rakuten (qui avait racheté Priceminister) a déboursé en janvier 415 millions de dollars pour reprendre Asahi Fire & Marine Insurance à Nomura afin de renforcer son portefeuille de services financiers et a regroupé toutes ses activités d'assurance en juillet. Un projet mûri de longue date, alors qu'il s'est lancé dans l'assurance-vie en 2009.

« Rakuten exploite une grande variété d'activités sur Internet, dont beaucoup proposent divers services et produits qui présentent également des risques potentiels contre lesquels les utilisateurs peuvent vouloir s'assurer. Par exemple, dans le secteur des voyages, les clients peuvent souhaiter s'assurer contre le risque de blessure ou de maladie pendant leur voyage. En proposant de prendre en charge ces risques potentiels, Rakuten permet à ses membres et d'autres clients d'acheter des services et des produits Rakuten avec une plus grande tranquillité d'esprit, et [au groupe] d'apporter davantage sa contribution à la société. Pour ces raisons, Rakuten envisage de se lancer pour la première fois dans le secteur de l'assurance non vie depuis le mois de janvier 2017 environ » avait-il expliqué en janvier.

En Chine, Ant Financial, la plus grosse Fintech au monde, connue pour le service Alipay de sa maison-mère Alibaba, a racheté un assureur Cathay Insurance China en 2015. Elle est également actionnaire du géant de l'assurance en ligne Zhong An, valorisé 10 milliards de dollars, tout comme Tencent. Ce dernier distribue de l'assurance à travers sa messagerie WeChat depuis que sa filiale WeMin Insurance Agency a obtenu l'agrément  d'assureur l'an dernier.

 

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Les géants du Net s’arrachent les startups de l’intelligence artificielle

Les géants du Net s’arrachent les startups de l’intelligence artificielle | Toulouse networks | Scoop.it

Selon CB Insights, le marché des fusions-acquisitions de startups dans l'intelligence artificielle a concerné 260 pépites en cinq ans : 10 en 2012, 19 en 2013, 36 en 2014, 41 en 2015 et 66 en 2016. 2017 s'annonce déjà comme une année record : du 1er janvier au 24 mars, 34 nouvelles startups ont cédé aux sirènes du rachat, principalement par les géants du net.

 

Google, Facebook, Apple, Intel, Salesforce, Samsung, Uber… Depuis cinq ans, les startups de l’intelligence artificielle sont prises d’assaut par les géants du net, qui misent sur cette technologie pour poursuivre et étendre leur domination. La course redouble d’intensité depuis le début de l’année, avec un record de fusions-acquisitions entre janvier et mars.

 

Alors que la France, avec l'initiative France IA, veut mettre les bouchées doubles pour devenir l'un des leaders mondiaux de l'intelligence artificielle, les géants du net, notamment américains, partent tout de même avec une nette longueur d'avance. Selon le cabinet d'études technologiques CB Insights, qui a compilé les fusions-acquisitions de startups dans ce domaine depuis cinq ans, les Google, Apple, Facebook, IBM, Twitter, Intel ou encore Salesforce, ne lésinent pas sur les moyens pour mettre la main sur les pépites qui leur permettront de dominer les nouveaux services intelligents de demain.

     | A lire. Intelligence artificielle : la France peut-elle devenir un leader mondial ?

Le marché des fusions-acquisitions dans l'IA en forte croissance

Le constat est sans appel. Il est double. Tout d'abord, l'attrait des startups de l'intelligence artificielle s'intensifie de manière spectaculaire. Depuis 2012, le marché des fusions/acquisitions dans ce domaine a concerné 260 pépites : 10 en 2012, 19 en 2013, 36 en 2014, 41 en 2015 et 66 en 2016. 2017 s'annonce déjà comme une année record : du 1er janvier au 24 mars, 34 nouvelles startups ont cédé aux sirènes du rachat. Soit plus de la moitié du total de l'année dernière. Le précédent record sur un trimestre était détenu par le troisième trimestre de 2016, avec 28 deals.

Le deuxième enseignement est que ce sont les géants du net américains qui tirent leur épingle du jeu. Le top 6 des plus gros acheteurs de startups dans l'IA se compose de Google (11 acquisitions en cinq ans), Apple (7), Facebook (5), Intel (5), puis Microsoft et Twitter (4). Les entreprises qui s'intéressent à cette nouvelle technologie qui promet de révolutionner la société et l'économie évoluent surtout dans le domaine technologique : on trouve aussi Amazon, Salesforce, Yahoo, IBM, Nokia, ebay, Oracle ou encore Uber.

     | Pour aller plus loin. Faut-il vraiment avoir peur de l'intelligence artificielle ?

Google, Facebook et Apple, les plus agressifs

Le trio de tête, composé de Google, Apple et Facebook, place l'intelligence artificielle au cœur de la stratégie de croissance dans les décennies à venir. Avec un objectif clair : améliorer les services existants, étouffer la concurrence et dominer les nouveaux usages en reliant les nouvelles technologies à la principale plus-value de ces entreprises : leur capacité exceptionnelle à collecter et à traiter des données.

Ainsi, Google, spécialiste de la publicité qui s'immisce dans de nombreux autres domaines comme la santé connectée, le cloud, la voiture autonome ou encore l'accès à internet, ratisse très large. DNN Research, acquise en 2013 pour son expertise de l'apprentissage en profondeur et neuronal (deep learning et neural network), lui a permis d'améliorer son moteur de recherche d'images. Deepmind, acquise en 2014 pour 600 millions de dollars, est derrière les récents exploits d'une intelligence artificielle au jeu de go. Moodstock, achetée en 2016, va aider la firme à développer la « recherche visuelle », tandis que la plateforme Kaggle (2017, analyse prédictive) ou encore les bots de la startup Api.ai seront au cœur de nombreux nouveaux services.

De son côté, Apple, longtemps très secret sur sa recherche dans l'intelligence artificielle, a aussi décidé de muscler son jeu. Depuis début 2016, la marque à la Pomme, déjà pionnière de l'assistant virtuel avec Siri (développée via une startup rachetée en 2010), a mis la main sur pas moins de six pépites de l'IA : Perceptio, Turi et Tupplejump (machine learning), Vocalia (reconnaissance vocale), Emotient (reconnaissance faciale), et Realface (reconnaissance d'empreinte digitale). En janvier, l'entreprise dirigée par Tim Cook a publié son premier article de recherche sur le sujet, dans lequel elle indique se focaliser particulièrement sur l'apprentissage par les machines à partir d'images de synthèse.

Enfin, Facebook s'est lancée dans l'intelligence artificielle dès 2012. Sa première emplette fut face.com, un spécialiste de la reconnaissance faciale, puis JibbiGo en août 2013 (reconnaissance vocale), Wit.ai en janvier 2015 (traduction automatique à partir de la voix), Masquerade en mars 2016 (application permettant d'ajouter des filtres sur les selfies pour concurrencer Snapchat) et enfin, via Oculus, la startup suisse Zurich Eye en novembre dernier (vision par ordinateur). Très vocal sur l'intérêt de l'IA, le groupe a également ouvert en 2015, à Paris, son propre laboratoire, baptisé Facebook Artificial Intelligence Research (FAIR) et dirigé par le français Yann Le Cun, un expert mondialement reconnu. « L'intelligence artificielle doit permettre de trier toute l'information dont un utilisateur dispose afin d'améliorer les interactions sociales », expliquait le chercheur en 2015. Une conviction que partage aussi Twitter, qui mise sur le machine learning et l'intelligence artificielle pour rendre son réseau social plus attractif et trouver -enfin- le chemin de la croissance.

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Intel, Ford, General Electrics et Uber rejoignent la course

Ces derniers mois ont aussi vu de nouveaux acteurs se lancer dans la bataille de l'intelligence artificielle. C'est le cas, notamment, du constructeur automobile Ford, qui a réalisé l'une des plus grosses fusions/acquisitions dans ce domaine en investissant un milliard de dollars dans Argo AI, pour l'aider à mettre au point sa voiture autonome prévue pour 2021. Le constructeur avait déjà acheté l'israélien SAIPS (algorithmes de machine learning pour conduite automatisée) en août 2016. Mais la route avait déjà été tracée par General Motors, qui avait acquis en 2015 la startup Cruise Automation pour concurrencer Google dans la voiture autonome. Uber est aussi dans la course, qui a acquis la startup Geometric Intelligence en décembre 2016, quelques mois après avoir récupéré Otto. Toutes deux sont spécialisées dans les logiciels pour la voiture autonome.

Si les entreprises de la high tech -rejointes aujourd'hui par les acteurs intéressés par la voiture autonome- dominent les fusions/acquisitions dans l'IA, cette technologie intéresse aussi, de manière plus marginale, tous les autres secteurs, notamment pour développer de nouveaux relais de croissance. General Electric, par exemple, a acquis en novembre dernier deux startups : la canadienne Bit Stew Systems et l'américaine Wise.io. L'objectif : concurrencer la plateforme d'intelligence cognitive Watson, d'IBM, qui fait d'ailleurs partie, comme Intel, de ces ex-géants de l'informatique devenues des entreprises technologiques pour compenser le déclin de leur secteur d'activité historique.

 

Par Sylvain Rolland

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