Non au détournement du numérique ! | Toulouse networks | Scoop.it

Depuis l’épouvantable tuerie du 7 janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo, des milliers de messages faisant « l’apologie des actes terroristes » ont été recensés : ce détournement des réseaux sociaux a conduit à un renforcement des peines encourues par les auteurs de ces messages.

On peut légitimement estimer que l’avion a été l’une des plus belles inventions de ces derniers siècles, qu’il a notamment permis a des centaines de millions de personnes de parcourir la planète plus facilement et plus rapidement, sans pour autant être favorable aux détournements d’avion. De la même manière, on penser que le numérique et les réseaux sociaux sont des outils formidables, qui ont notamment ouvert de nouveaux espaces de liberté, sans pour autant être favorable au détournement du numérique.
Aujourd’hui, le numérique est détourné de deux manières. La première – la plus visible – est le flot de messages haineux, se réjouissant des crimes commis, qui envahissent ce bien commun qu’est devenue « la toile » : 3 721 messages de ce type ont été recensés par le Ministère de l’Intérieur entre les 7 et 10 janvier en France.
La Loi protège la société contre ces détournements du numérique. Le dispositif législatif a d’ailleurs été renforcé une première fois avec la loi du 13 novembre 2014 relative à la lutte contre le terrorisme, avec des peines pouvant aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende. Les peines encourues pour celui qui publie sur Internet un message faisant « l’apologie des actes terroristes » viennent d’être alourdies : 7 ans d’emprisonnement et 100 000 € d’amende. Sans s’attendre à ce que 3 721 procédures soient entamées, on peut simplement espérer que la loi soit appliquée.
La deuxième forme du détournement du numérique est moins visible et, donc, plus insidieuse : Internet et les réseaux sociaux seraient désormais les principaux vecteurs du « recrutement » de nouveaux terroristes. Le Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a même indiqué qu’ils étaient désormais impliqués dans 9 recrutements sur 10.
Ce week end des 10 et 11 janvier 2015, tandis que près de 5 millions de personnes se sont réunies dans les villes de France, il a ainsi organisé une réunion d’urgence avec ses homologues européens pour colmater cette brèche ouverte dans la démocratie. Officiellement, il n’est pas question de prendre de mesures « liberticides » concernant Internet, mais de se coordonner afin de retirer de la toile les messages ambigus vis-à-vis du terrorisme le plus rapidement possible après leur apparition. Cela peut-il être suffisant pour empêcher les détournements du numérique ? La question mérite d’être posée.

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