Pourquoi Manuel Valls confie à Cisco des clés de la France du numérique | Toulouse networks | Scoop.it

Manuel Valls a annoncé la signature d’un étonnant partenariat entre l’État français et l’américain Cisco. Outre 100 millions de dollars d’investissement dans les start-up françaises, l’Américain va aussi apporter sa force de frappe en matière de formation et pourrait mettre en place des centres d’excellence sur la cybersécurité.

 

Dans l’effervescence qui entoure la loi Macron, le rendez-vous entre Manuel Valls et John Chambers est passé quelque peu inaperçu. Avant de s’afficher au Medef pour louer l’économie numérique mardi 17 février, le patron du géant américain des équipements de réseau Cisco a rencontré le Premier ministre, lundi 16, pour fixer les grandes lignes d’un partenariat entre l’État français et son entreprise : formation, ville intelligente, cybersécurité et investissement dans la French Tech.

Vrai-faux partenariat

Le communiqué du Premier ministre, diffusé le soir même, fait état de "coopérations dans le domaine de l’éducation et de la formation professionnelle aux métiers des réseaux numériques, avec un objectif de formation de 200 000 personnes en trois ans, du financement de plusieurs chaires d’excellence, […] et de collaborations académiques et industrielles dans les domaines de la cybersécurité, des réseaux intelligents et de la ville intelligente". Il annonce également un projet pilote de "smart city" dans une ville française. Mais aussi "l’investissement de Cisco dans des start-up françaises à hauteur de 100 millions de dollars."

Selon une source proche du dossier, l’État servirait de facilitateur entre Cisco, les administrations et les entreprises et start-up. Ce partenariat a fait l’objet d’un imposant travail en amont d’une petite équipe projet comprenant des représentants de Cisco et de plusieurs ministères dont celui d’Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du Numérique, celui de l’Éducation nationale, etc. De nombreux aller-retour entre les différentes parties engagées ont été et sont encore nécessaires pour aller plus loin que les têtes de chapitre énoncées dans le communiqué. Il faudra attendre encore entre trois semaines et un mois pour que les détails des processus soient établis.

Cisco Network Academy, la grande école numérique ?

C’est la puissance de feu historique de Cisco en matière de formation et de certification technologique sur les réseaux qui aurait conduit la France à proposer à l’américain de former 200 000 personnes en trois ans. Sa plate-forme d’éducation Netacad (la Cisco Networking Academy dispense des cours en ligne, planifie des séances de formation, permet la mise en place d’académies locales…), qui affiche plusieurs centaines de milliers d’étudiants formés annuellement dans 165 pays, pourrait en être le support. S'agirait-il de la grande Ecole numérique annoncée par François Hollande ?

Ce sont les besoins urgents de compétences dans le numérique en général et les réseaux en particulier, mais aussi les perspectives de création d’emplois associées, qui ont conduit à cette partie du partenariat. Un accord qui n’exclurait pas que d’autres entreprises participent, comme le français du secteur, Alcatel-Lucent, par exemple.

Imposer une vision américaine de la cybersécurité ?

Quant à la "collaboration académique et industrielle dans la cybersécurité", elle concernerait entre autres l’installation de centres d’excellence en France et l’accompagnement d’administrations et d’entreprises. Pour mémoire, Cisco équipe la quasi-totalité des réseaux des États-Unis et le chinois Huawei n’a pas le droit de vendre des équipements réseaux aux États-Unis pour raison de sécurité. Du côté des smart cities, Cisco investit en France depuis déjà longtemps, en particulier dans les projets d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) où il a son siège.

La démarche de l’équipementier américain, forcément attiré par un marché intéressant, est une forme de reconnaissance du potentiel de la French Tech, comme l’indiquait déjà Manuel Valls en octobre dernier lors du lancement de la grande concertation numérique et plus globalement de la France numérique. On veut le croire.

Emmanuelle Delsol