Projet Ara : chroniques d'un succès annoncé ? | Toulouse networks | Scoop.it


Après avoir transformé une bonne partie des technophiles de la Silicon Valley en smart cyborgs avec ses Google Glass (non sans se heurter à quelques détracteurs), la firme de Mountain View fait à nouveau parler d’elle avec son projet de smartphone modulaire.

UN SMARTPHONE, DES MILLIERS DE COMBINAISONS POSSIBLES

Derrière le projet Ara se cache un smartphone en kit ultra personnalisable. Composé d’un endosquelette proposé en trois tailles différentes, il permettra d’y imbriquer différents modules interchangeables : écran, appareil photo, batterie, clavier physique ou encore processeur. La promesse d’un smartphone collant parfaitement aux attentes de son utilisateur, tant du point de vue technique qu’esthétique.

A cela vient s’ajouter un prix d’entrée de gamme d’environ 50 dollars, révélant la volonté de la part de Google de rendre son produit accessible au plus grand nombre et de conquérir les pays émergents. Un projet qui risque bien de révolutionner le marché dès sa commercialisation, qui sera sans doute accompagnée de la création d’une marketplace dédiée à la vente des différents modules.

UN APPEL A LA CO-CONCEPTION AVEC DSCOUT

A phone designed for 6 billion people should be inspired by at least a few thousand”.

Une tagline accrocheuse pour inviter les potentiels utilisateurs du futur Ara à devenir des « Ara scouts », soumettant leurs idées et commentaires sur le projet. Pour porter cet appel à la co-conception, Google s’est offert les services de la société dscout basée à Chicago dont la mission principale est d’engager les consommateurs participants, profiter d’un feedback en temps réel sur les expériences qu’ils vivent, et révéler de nouveaux insights enrichissants pour le produit.

Pour cela, elle met à leur disposition une application dédiée leur permettant de partager leurs photos, idées ou sources d’inspirations. Les scouts sont également sollicités à travers des missions spéciales, plus étroitement liées au projet. Google vient ainsi s’ajouter à la liste des clients notables de l’entreprise : Microsoft, Yahoo, ou encore Flipboard. Mais ces dernières ne sont biensûr pas les seules gagnantes dans le processus. Les membres de la communauté reçoivent des récompenses pour leur participation, financières ou sous forme de cartes cadeau offertes par les entreprises porteuses des projets.

Cet engagement communautaire autour du projet Ara n’est pas sans rappeler celui des Glass explorers, early adopters des Google Glass, arborant fièrement leurs montures de droides jusque sous la douche, à l’instar de Rober Scoble, ancien de chez Microsoft et blogueur célèbre dans les milieux tech. Fédérant les développeurs d’application pour Glass mais aussi ses futurs utilisateurs potentiels et les sacralisant presque comme des « élus », Google a déjà su rallier à sa cause un petit groupe d’évangélistes, atouts de communication très persuasifs.

UNE IMPLICATION FORTE DES DÉVELOPPEURS

Tout comme pour Glass, l’implication d’une communauté forte de développeurs autour du produit Ara est un enjeu essentiel. En effet, les entreprises externes ralliées autour du projet ont pour objectif de développer de nouveaux modules et notamment de concevoir des éléments de personnalisation grâce à l’impression 3D.

Pour cela, Google a notamment mis à leur disposition un Module Developers Kit, sorte de package de ressources, présenté lors de la première conférence sur le projet qui s’est tenu les 15 et 16 avril derniers. Le document de 81 pages énonce également les contraintes techniques à respecter dans l’élaboration des nouveaux modules dont dépendra directement le succès commercial du produit.

LA MISE SUR LE MARCHE EN 2015

Qu’elle s’avère payante ou non, la stratégie de Google colle parfaitement au produit qu’elle souhaite mettre sur le marché à l’horizon 2015. Jouer sur la sensibilité communautaire des différents acteurs participants au projet et en faire un atout de communication fort auprès de sa cible. Proposer des milliers de combinaisons de modules possibles tout en assurant leur parfaite intégration en un seul objet. Le défi n’est-il finalement pas le même ? Fédérer, rassembler, unir autour d’un produit unique.

Paul Eremenko, responsable du projet au sein de la division ATAP (Advanced Technology and Project) l’annonce comme étant « the most custom-market product ever created by mankind ». Seul l’avenir pourra nous dire s’il avait raison.