L'année qui s'achève fut celle de tous les records pour les start-up françaises, en termes de financement comme de visibilité économique et politique.
Reste à fabriquer des champions capables de briller sur la scène internationale.
Trois levées de fonds majeures, quatre mariages d'ampleur et... un enterrement avec le placement en liquidation judiciaire de Viadeo, racheté par le groupe Le Figaro pour la bagatelle de 1,5 million d'euros. Un vent nouveau souffle sur l'écosystème français des start-up porté par le volontarisme du gouvernement et le dynamisme décomplexé de la nouvelle génération. Retour sur une année où la French Tech a changé de braquet.
Des mégalevées de fonds qui se multiplient
Sigfox (150 millions), Devialet (100 millions), Deezer (100 millions), Linkbynet (50 millions) : les grosses levées de fonds se sont multipliées l'an dernier. Une preuve de l'attrait grandissant des start-up « made in France », alors qu'il y a quatre ans seulement même les tours de table supérieurs à 10 millions d'euros n'étaient pas monnaie courante. « On voyait très rarement des levées à 20 ou 30 millions, alors qu'on en voit désormais tous les mois », se félicite David Monteau, directeur de la mission French Tech à Bercy. En 2015, seuls BlaBlaCar (177 millions) et Sigfox, déjà (100 millions), avaient atteint la barre symbolique des 100 millions.
Un fort engouement des « corporate »
L'année 2016 restera aussi comme celle où les grands groupes français, à l'image d'AXA, de PSA, d'Engie ou d'Air liquide, par exemple, ont renforcé leurs investissements dans les start-up de l'Hexagone. « Cela représente un milliard d'euros sous gestion pour les "corporate" français. C'est un bon signe pour l'écosystème », estime David Monteau.
Paris se rêve en capitale européenne des start-up
C'est un rêve qui pourrait bientôt devenir réalité. En 2016, Paris s'est imposé comme le principal challenger de Londres en termes de capitaux investis dans les start-up, creusant l'écart avec Berlin, qui le devançait encore l'an dernier. Au troisième trimestre, les fonds ont alloué à la French Tech 857 millions de dollars en capital-risque, soit 7 % de moins seulement qu'au Royaume-Uni. Sur les neuf premiers mois de l'année, les investissements ont explosé par rapport à la même période en 2015 : + 71 %. « En trois ans, le volume de capital-risque levé a triplé », complète David Monteau. Et la tendance devient structurelle, pas seulement sujette à quelques opérations exceptionnelles. Le nombre de start-up qui en profitent augmente aussi, et le phénomène s'étend progressivement dans les régions. Reste à confirmer cette montée en puissance en 2017. L'ouverture de Station F, l'incubateur de la halle Freyssinet porté par Xavier Niel, pourra aider.
La French Tech suscite la convoitise à l'étranger
C'est la rançon du succès. Cette année encore, plusieurs pépites de la tech française sont passées sous pavillon étranger. En mars, l'américain GoPro, inventeur des minicaméras, a mis la main sur la jeune pousse parisienne Stupeflix pour plusieurs dizaines de millions de dollars. La société a mis au point une application permettant de combiner rapidement enregistrement vidéo et photos de smartphone en un seul film. Deux mois plus tard, c'était au tour de Withings, le pionnier français des objets connectés, qui emploie 200 salariés, de se vendre au finlandais Nokia, pour 170 millions d'euros. Medtech, la star du robot chirurgical, a été racheté pour à peu près le même prix par un spécialiste américain de l'orthopédie reconstructive. La transaction de l'année reste celle de Captain Train, en mars. La plate-forme de réservation de billets de train a été rachetée par son concurrent anglais Trainline pour une valorisation d'environ 200 millions d'euros.
Talend à l'assaut du Nasdaq
Depuis Criteo, trois ans plus tôt, aucun « frenchy » n'avait tenté sa chance à Wall Street. L'été dernier, Talend, le « plombier de la donnée », est parti à l'assaut du Nasdaq dans un contexte pourtant des plus moroses outre-Atlantique, où les sociétés tech rechignaient à s'introduire en Bourse. Une audace saluée par les marchés. Le jour de l'IPO, l'action grimpait de plus de 40 % par rapport au prix d'introduction. L'opération a permis à Talend de lever 94,5 millions de dollars. Depuis, l'euphorie est quelque peu retombée. Après un pic à 870 millions de dollars mi-août, la capitalisation boursière du français a reflué à 637 millions.