Quelles sont les démarches à effectuer pour héberger un réfugié ? | Think outside the Box | Scoop.it

Une famille de réfugiés syriens vient d'arriver à Cergy-Pontoise (Val-d'Oise), le 9 septembre.


L’accueil de migrants est un geste de générosité qui se prépare et s’encadre.



Alors que des migrants dorment dans la rue ou dans des campements précaires àParis, à Calais ou à Vintimille, à la frontière franco-italienne, et que de nombreux centres d’hébergement sont saturés, plusieurs initiatives proposent aux citoyens français d’accueillir des réfugiés chez eux ou dans des logements inoccupés.

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De nombreuses propositions

L’émotion née après la photo d’Aylan Kurdi, l’enfant kurde de 3 ans retrouvé noyé sur une plage turque en tenant de rejoindre la Grèce, a engendré un élan de solidarité dans une partie de l’opinion française. « Nous avons eu des centaines d’appels » quelques jours après la diffusion de la photo, explique Michel Cros, du Service jésuite des réfugiés (JRS) qui organise un service d’accueil baptisé« Welcome ». Cette initiative, pour l’instant modeste, a permis d’héberger des réfugiés dans une cinquantaine de familles en France.

La start-up Singa vient, elle, de lancer un réseau d’hébergement des réfugiés chez l’habitant, nommé « CALM » (Comme à la maison), et soutenu par le Haut-Commissariat aux réfugiés, qui a reçu « plus de 5 000 demandes » en une dizaine de jours. Elle s’inspire de l’organisation allemande Refugees Welcome. D’autres personnes se proposent spontanément à titre personnel ou dans le cadre d’activités paroissiales.

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Pas de contrepartie financière

Au niveau juridique, rien n’empêche d’héberger un migrant chez soi, sans aucune formalité, même en situation irrégulière, hormis s’il est sous le coup d’une procédure d’expulsion. Le mieux est que la personne ait déjà déposé une demande d’asile – laquelle lui permet de recevoir une allocation journalière d’environ 11 euros. L’hébergement doit « assurer des conditions de vie digne et décente » et pas question de demander une contribution financière ou sous forme de services à la personne accueillie.


Un accueil qui se prépare

Que l’on s’adresse à la plateforme CALM ou au JRS, les démarches prennent un peu de temps, ne serait-ce que pour établir une correspondance entre les offres d’hébergement et les demandes des réfugiés. Michel Cros explique que les logements doivent être situés dans une ville ou à proximité pour que les demandeurs d’asile puissent effectuer dans la journée leurs démarches à la préfecture.

Il est important aussi d’expliquer aux familles ce que l’on attend d’elles : pas un engagement de long terme, mais un hébergement d’environ « quatre à six semaines ». Aucune obligation d’assurer le vivre et le couvert, puisque les réfugiés ont souvent accès à des distributions de nourriture, mais il est conseillé de partager un repas régulièrement pour le contact « amical » et « humain ».

« Il peut y avoir des différences culturelles sources de malentendus. Il est important par exemple que réfugiés et familles fixent une charte sur le fonctionnement au quotidien », explique Alice Barbe, cofondatrice de Singa. Attention aussi à ne pas poser de questions trop personnelles, douloureuses ou qui peuvent mettre mal à l’aise.


Différentes manières d’héberger

Si partager son logement à plein-temps avec une personne qu’on ne connaît pas peut être trop lourd pour certains, le réseau Welcome précise que l’engagement peut être à géométrie variable : il est possible d’accueillir un réfugié le temps d’un repas, pour un week-end ou quelques jours de vacances afin de lui accorder un moment de « détente » et de le « sortir des lieux et des préoccupations quotidiennes ».

Les personnes qui disposent d’un logement vacant peuvent aussi entrer dans les dispositifs de type Solibail. Les associations mettent les lieux à disposition des demandeurs d’asile et assurent le paiement d’un loyer modique pour le propriétaire.