Inégalités: "Comme un avant-goût de guerre en France" | Think outside the Box | Scoop.it

Les luttes se multiplient, les événements tragiques se suivent et le vivre-ensemble a bien du mal à se faire une place en France. Pour notre contributeur, l'économiste Jean-Luc Ginder, ces éléments pourraient bien annoncer un conflit sans précédent. Tribune.

Nous nous dirigeons vers une extraordinaire accélération des tensions et, selon toute vraisemblance, vers une guerre si nous ne décidons pas de l'éviter. Une dialectique dangereuse s'installe: il nous faut choisir notre camp, car l'autre a tort. Et comme nous avons raison, il nous faut imposer notre façon de penser. 

Les luttes à tous niveaux sont entretenues par des velléités de pouvoir et toutes les raisons se valent. Les peuples européens ont envie d'en découdre, les manifestations publiques se multiplient, les événements tragiques se succèdent. La haine, qui se trouve toujours une bonne raison d'être nous fait tomber dans le piège du doute, de la violence. 

 
 

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Il semblerait qu'il y ait une volonté de purger les animosités par la violence. Sombre volonté et mort de l'intelligence. 

 

Il est impératif de relancer l'industrie

 

L'Histoire nous raconte qu'en 1910 certains pensaient que la guerre de 1914 pouvait être évitée par la création de la SDN (Société des Nations). La SDN fut créée non pas en lieu et place de la guerre, mais après la guerre. Il en va de même pour l'ONU, mise en place bien après la deuxième guerre mondiale. 

Aujourd'hui, l'Histoire de demain est à écrire. L'évidence est que la catastrophe doit être évitée. Les potentialités démographiques de la France sont immenses et, par le biais de la francophonie, le développement de l'Afrique est un enjeu économique majeur pour notre pays. Et sur notre territoire, il est impératif de relancer l'industrie indispensable à notre équilibre social. 

La guerre se profile à notre frontière. Il est de notre devoir et de notre responsabilité de dire que les conflits ne sont pas nécessaires pour rétablir la paix. Personne ne gagne jamais dans les conflits. La peur engendrée par l'idée de la guerre n'a rien à voir avec l'intelligence. 

 

L'économie collaborative pour éviter la guerre?

Sans entrer dans les détails mathématiques et sociaux, c'est la technique des artefacts qui apporte la prédiction de ce terrible événement aux spécialistes. Le principe de prédiction de notre avenir, même s'il y a danger, est et reste une condition nécessaire (mais pas suffisante) à notre liberté. Même si les spécialistes se trompent, s'ils ne savent plus traiter les informations qui arrivent, s'ils n'osent pas quantifier la part d'intelligence et de bienveillance qui sera nécessaire pour une société apaisée. 

Certains confrères pensent que l'évitement de la guerre passera naturellement par l'économie collaborative et des "communs". Ces grands inconnus que sont les biens communs -l'air, l'eau, les savoirs, les logiciels, les espaces sociaux, la connaissance qui rendent possible la vie quotidienne et un fonctionnement de l'économie. Sont-ils assurés de ne pas se tromper? 

Les communs ne sont pas, comme on peut le penser, un concept dans lequel tout est gratuit. Il s'agissait autrefois d'une forme d'économie extraordinairement organisée et d'une réglementation très précise qui réglait les droits et les devoirs entre seigneurs et paysans. Mais des insurgés ont fait basculer cet ordre économique lorsque la notion de propriété privée s'est développée. Ainsi, les théories visant à indiquer le retour des communs avec mise à disposition gratuite sont une illusion si une réglementation ne définit ni le droit de propriété ni ce qui est commun et ce qui ne l'est pas. 

 

Les inégalités deviennent de la poudre à canon

Nous fonçons à toute allure vers une société de plus en plus fragile, de plus en plus vulnérable. Le Brexit est une illustration récente du dysfonctionnement de l'organisation de nos sociétés. Les inégalités sont de plus en plus criantes et se transforment en poudre. Le déclassement systémique se fait arme. 

Français, la poudre vient à nous et nous allons vers elle. Ne nous laissons pas entraîner, nous sommes les acteurs de notre futur et nous nous devons d'oser rêver encore et toujours. Les dirigeants en place et à venir devront définir et affirmer leur vision globale de notre futur. L'heure n'est plus aux mascarades pour la conquête d'un pouvoir. S'ils installent dans les esprits la notion explosive du "moi d'abord" du "chacun pour soi", la haine grandira en emportant la pensée et la liberté. 

La France est une grande et belle nation. J'attends de nos responsables une bienveillance vraie à son égard.