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Sivens : la stèle à la mémoire de Rémi Fraisse a disparu

Sivens : la stèle à la mémoire de Rémi Fraisse a disparu | Think outside the Box | Scoop.it
La stèle installée pour rendre hommage à Rémi Fraisse sur le site de Sivens ne sera pas restée longtemps en place. Sur les lieux il ne reste que quelques morceaux de béton. L'ouvrage a mystérieusement disparu dans la nuit de mardi à mercredi.
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Le jeune Anonymous arrêté répond par un poème à l’État français

Le jeune Anonymous arrêté répond par un poème à l’État français | Think outside the Box | Scoop.it

Le 8 avril dernier, à 06h00 du matin, un jeune français de 19 ans était arrêté à son domicile. Son crime, être soupçonné d’avoir participé à des attaques informatiques contre des sites institutionnels dans le but de dénoncer la politique d’enfouissement des déchets nucléaires et le meurtre de Rémi Fraisse. Acculé, il nous dévoile sa personnalité cachée derrière le masque à travers un poème rédigé peu après son arrestation.

 

Connu sous le pseudonyme de journaliste liberty ou de Boby sur IRC, administrateur de la chaîne Youtube Anonymous France et auteur de nombreuses vidéos contre Monsanto, TAFTA, le génocide au Congo ou encore le barrage de Sivens, ce jeune garçon risque aujourd’hui 10 ans de prison et/ou 150 000 euros d’amende. Un jugement particulièrement attendu car la privation de liberté du jeune homme symboliserait une fois de plus la dérive sécuritaire observée en France, notamment par la criminalisation des mouvements sociaux alternatifs sur internet.

Hacktiviste dans l’âme (contraction des mots hacker et activiste), il voulait donner un sens positif et engagé à sa vie et à ses actes. Ne pas se limiter aux paroles mais passer à l’action concrète. À ses yeux, à tort ou à raison, quand Anonymous attaque un site internet d’une institution, c’est dans le but de revendiquer une volonté collective de justice écologique et/ou sociale. Alors que tant d’autres hackers bien plus organisés veulent nuire à autrui, voler des informations bancaires ou avoir accès à des données personnelles, eux cherchent à mobiliser et faire réagir les pouvoirs, par exemple, en rendant un site momentanément inaccessible.

Mais derrière le masque de cet Anonymous, que certains tentent d’assimiler grossièrement à de cyber-terroristes, il y a un jeune garçon sortant à peine de l’adolescence, plein de rêves et d’idéaux en tête, amoureux d’écriture et de poésie.

 

L’opération #OpGPII tourne mal

C'’est son implication dans l’#OpGPII contre les Grands Projets Inutiles Imposés (vidéo ci-dessous) qui a motivé son arrestation par 7 agents de la DGSI ainsi que celle d’un autre Anonymous âgé de 40ans et d’une autre personne à Nantes plus tard (source). L’opération d’Anonymous visait plusieurs projets industriels portés par le gouvernement français (Notre-Dame-Des-Landes, Sivens, Roybon, Bure…), largement contestés en raison de leurs déficits démocratiques, de l’utilisation massive de fonds publics, ainsi que pour leurs impacts environnementaux, souvent négligés ou tout simplement ignorés en dépit des rapports de spécialistes.

Mais les accusations contre le jeune garçon portent plus essentiellement sur les attaques informatiques réalisées pour protester contre le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure. Attaques qui ont touché plusieurs sites de L’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs), ainsi que le conseil général de la Meuse et le conseil régional de la Lorraine en décembre dernier.

La motivation des Anonymous à s’engager sur le sujet de Bure est avant tout citoyenne, à en juger par leurs communiqués et revendications postés avant et aprèq leurs attaques. Ils mettent notamment en avant une initiative citoyenne des habitants meusiens qui demandaient, à travers une pétition en 2006 qui avait réuni près de 60 000 signatures (sortirdunucleaire.org), la réalisation d’un référendum local autour de ce projet. Pétition que Christian Namy (le président du conseil général de la Meuse) avait ignoré à l’époque.

La liberté d’expression sur internet, jusqu’où ?

Les attaques informatiques menées contre ce projet d’enfouissement de déchets nucléaires ont été réalisées sous la forme de DDOS  (Attaque par Déni de Service). Cette attaque consiste à envoyer un grand nombre de requêtes à un serveur internet pour le saturer temporairement (un peu comme une manifestation dans la rue, ou un blocus dans une université). Un moyen d’action relativement « soft » malgré tout réprimé par l’art 323-1 du code pénal.

Plus surprenant, l’Anonymous de 19 ans n’est pas accusé d’avoir réalisé ces attaques mais d’avoir participé à l’organisation de l’opération, fait réprimé par l’art 323-4 du code pénal. En outre, le parquet a retenu la circonstance aggravante car les faits auraient été commis en « bande organisée », ce qui double la peine encourue. Elle se totaliserait donc à 10 ans de prison et 150 000 € d’amende pour de la « simple » communication sur internet (et réalisation de vidéos). Dès lors une question se pose : les sites qui parlent des opérations d’Anonymous sont-ils sujets à des poursuites ? Par corolaire, doit-on s’auto-censurer en tant qu’utilisateurs, blogueurs et journalistes ?

Le jugement initialement prévu le 9 juin à la cité judiciaire de Nancy a fait l’objet d’un renvoi par l’avocat du jeune anonyme. Pour le moment, la nouvelle date du jugement est inconnue. Le collectif BureStop organisera très probablement une manifestation de soutien devant la cité judiciaire. Nous vous tiendrons informé de toute information relative à cette mobilisation de soutien.

 

Nota :

Le jugement a été reporté au 9 novembre à 9 h à la cité judiciaire de Nancy. À 4 jours près, on manquait une date très symbolique… On s’attend à une forte mobilisation pour défendre le jeune homme.

Fidèle lecteur de Mr Mondialisation, Boby nous a fait livrer deux de ses poèmes qui révèlent son humanité et sa simplicité.

Avec son accord, nous les partageons avec vous.

Jacques Le Bris's insight:

La nuit de l’attente

Dans la nuit de l’attente, qui s’étend sur mes jours,
L’insomnie y enfante, la souffrance au séjour.
Ces minutes, ces semaines, où l’unique pensée,
Est la chute, et la peine, qui seront prononcées.

C’est peut-être la peur, qui effrite mon âme,
Cette crainte qu’en ma fleur, mes pétales ne se fanent.
Est-ce déjà le moment, de libérer mes graines,
Si prématurément, pour que d’autres les reprennent.

Qu’ils attisent ce combat, de garder allumé,
En chacun de nos pas, le flambeau des idées;
Pour éclairer nos ombres, d’où s’élèvent ces grands rois,
Tyrans de la pénombre, qui éteignent notre voix.

Oui, gardons le courage, même si quand on l’éclaire,
Le tyran met en cage, il faut voir la lumière.
Celle qui brille en chacun, à travers les barreaux,
Pour qu’envers son prochain, on ne soit un bourreau.

 

Je m’efface en l’attente

Sensation si étrange, je me vois disparaître,
Invisible comme l’ange, sans sa joie, sans mon être.
Il n’y a plus la vie, on m’enlève mon combat,
Le futur s’assombrit, oui je crève loin de moi.

Et l’on a pris mes armes, dois-je attendre jugement,
Qui condamnera l’âme, à s’éteindre pour longtemps ?
Restera-t-il des braises, en dessous de mes cendres,
C’est au bord des falaises, que l’on ose se descendre.

Car ici c’est l’argent, qui est roi des justices,
Je ne chante plus ce chant, qui attise les supplices;
Sur ces autres qu’on ignore, comme chacun d’entre nous,
Nous n’avons qu’un seul tort, celui d’être à genoux.

Consommant son prochain, se consume en nous même,
L’espérance d’un destin, sans l’enclume des peines.
Marteau de l’ignorance, vient enfoncer le clou,
De nos fausses connaissances, qui nous rendent aussi fous.

Fous de croire que l’on est, plus important que lui,
Lui qui marche à côté, que l’on croise dans la nuit.
Nuit qui gagne nos cœurs, sur l’ardoise de nos vies,
Où s’efface l’ardeur, d’y laisser notre écrit.

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Sivens : la Zad est expulsée, l'histoire n'est pas finie

Sivens : la Zad est expulsée, l'histoire n'est pas finie | Think outside the Box | Scoop.it

La Zad du Testet a été évacuée vendredi 6 mars. Près de cinq cents gendarmes, deux hélicoptères et un drone ont été déployés pour expulser une quarantaine de zadistes. Reportage photo et video.

 

 Lisle-sur-Tarn (Tarn), reportage

Le jour se lève sur la zad du Testet, vendredi 6 mars 2015. Barat, l’entrée est de la zone, est bloquée par une quinzaine de fourgons de gendarmerie. Sur place, les occupants sont déjà sur le pont. Tous savent que l’expulsion n’est plus qu’une question d’heures. Deux camions ont été autorisés à entrer sur zone pour mettre en sécurité une partie des animaux. Poules, brebis, cochons, chèvres, bouc : l’ arche de Noé prend le large. A la Maison des druides, dans la forêt, une dizaine de personnes discutent de la situation : ce lieu fait partie des parcelles non expulsables pour l’instant. Pourtant, « à sept heures ce matin, les flics sont passés et nous ont demandé de partir ».

 

En contrebas, ça s’active : on range et met à l’abri des affaires personnelles et du matériel dans les véhicules stationnés sur la route traversante. A partir de 10 h, l’helicoptère de gendarmerie tournoie au dessus de la zad. Au sol, les talkies walkies sont en surchauffe. Le compte à rebours a commencé. Moins de deux heures plus tard, l’évacuation commence par la Maison des druides : les gendarmes montent cueillir les quatre personnes encore présentes.

De part et d’autre de la route qui traverse la zad, il reste deux pôles de résistance, séparés l’un de l’autre d’environ un kilomètre et demi. D’un côté, le lieu ou est mort Rémi Fraisse, de l’autre, la Métairie. Vers 12h30, peu après le déploiement massif de policiers autour de la Métairie, une épaisse fumée noire s’échappe d’une cabane en feu. On ne saura pas qui, des policiers ou des zadistes, est à l’origine de l’incendie. Alors que le feu crépite, les interpellations commencent.

Trois opposants se postent sur le toit de la Métairie avant d’être délogés, comme le reste des occupants présents à cet endroit.


- A la Métairie -

Au bout de la route, le dernier pôle de résistance donne lieu à un dispositif policier démesuré. Toute la zone est quadrillée par des centaines de gendarmes qui encerclent une trentaine de zadistes.

Quatre personnes sont installées en haut du Mirador, une plate forme emblématique qui surplombe le lieu de l’assassinat de Rémi Fraisse. A l’endroit où le jeune homme est tombé, se trouve un mémorial réalisé en son souvenir. C’est précisément là que se sont réunis la trentaine d’opposants restant. Ils sont assis, très calmes, serrés les uns contre les autres, et chantent alors qu’autour d’eux la nasse se resserre inexorablement. « Rémi, Rémi, on t’oublie pas ».

Il est environ 14 h : les deux hélicoptères qui balaient la zone sont rejoints par un drone qui tournoie comme une guêpe. Si aucune grenade n’est lancée, les interpellations n’en sont pas moins musclées : sur chaque zadiste fondent cinq ou six gendarmes. Les jeunes sont molestés, écrasés au sol, trainés. Une fille hurle alors que les gendarmes l’ont à moitié déshabillée en essayant de la maitriser.

 Voir la vidéo :

Expulsion ZAD Sivens (06/03/2015) from Reporterre on Vimeo.

Des agents photographient leurs cibles, et le sous-préfet, très élégant dans son gilet pare-balle crème, contemple la scène avec une apparente satisfaction.

La disproportion des forces en présence confine à l’absurde. Les interpellés sont ensuite répartis entre les futurs gardés à vus et ceux qui seront relâchés un peu plus tard.

Il est 14 h 40. Il ne reste plus que les personnes au sommet de la plate forme dite Mirador. Les gendarmes tentent de les amadouer, mais c’est peine perdue. Les opposants profitent de la tribune qui leur est offerte : « Réimplantation de la zad du Testet dès que possible ! » Des chants de résistance alternent avec des invectives et des diatribes politiques : « On ne peut pas se battre contre le peuple au profit du capital. Les crises économiques, la désignation de l’ennemi intérieur, tout ça est trop gros. Il faut arrêter la machine pendant qu’il est encore temps ».

 Voir la vidéo de la prise de la plate-forme :

Évacuation des derniers Zadistes from Reporterre on Vimeo.

Les policiers menacent d’envoyer un tir « non létal » si les occupants ne descendent pas de leur perchoir. Au bout de vingt minutes, un policier grimpeur escalade les dix mètres de la tour, alors que les derniers zadistes finissent par redescendre.

Il est 15h30, l’opération est terminée. Les interpellés sont emmenés aux abords de la Maison de la forêt, toujours sous très grosse escorte. Si une bonne partie est relâchée, certains sont placés en garde à vue.

En bas, les gendarmes s’apprêtent à commencer la destruction des cabanes. La zad ouverte début 2014 est maintenant déserte et silencieuse. Le mémorial érigé à la mémoire de Rémi Fraisse a été mis en pièce. Un tractopelle arrive sur zone pour évacuer ce qu’il reste des mois de vie sur place.

Pourtant, la zone humide a repris ses droits depuis le défrichage : de jeunes pousses étirent leurs minuscules feuilles vert tendre en direction du soleil.

En mai 2014, la Zad avait déjà été expulsée. Avant de renaître...

Lire aussi : Armé d’une tronçonneuse, le milicien FNSEA hurle : « Ta gueule, salope 

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Sivens: le patron de la FNSEA appelle les agriculteurs "au calme"

Sivens: le patron de la FNSEA appelle les agriculteurs "au calme" | Think outside the Box | Scoop.it



Des gendarmes demandent à des agriculteurs de quitter le site de la retenue d'eau controversée de Sivens bloqué par des zadistes Pascal Pavani  /  AFP
 



Xavier Beulin, président de la FNSEA, a appelé jeudi les agriculteurs "au calme et à la responsabilité" sur la zone de Sivens (Tarn) où la situation est, selon lui, "explosive".

"Ce n'est pas aux agriculteurs de faire évacuer la zone mais à la puissance publique de tout mettre en oeuvre si la décision est positive demain", a déclaré à l'AFP le patron du premier syndicat agricole français, affirmant "craindre le pire" à la veille d'une décision vendredi du conseil général du Tarn sur la création éventuelle d'une retenue d'eau.

"Je demande aux agriculteurs de faire confiance aux institutions", a poursuivi M. Beulin, en jugeant que "le climat est très tendu", avec des appels sur les réseaux sociaux à renforcer les manifestants qui s'opposent depuis l'automne à la création d'un barrage ou d'une retenue, explique-t-il.

"On s'attend à des rassemblements massifs de soutien aux zadistes et je souhaite à tout prix éviter les confrontations", insiste-t-il.

Environ 150 agriculteurs ont pénétré mercredi dans la "zone à défendre" (Zad) occupée par une quarantaine de militants "zadistes". Tous s'accusent mutuellement de débordements.

Pour Xavier Beulin, "l'affaire a trop duré, jusqu'à ce pourrissement inacceptable" .

"Les agriculteurs ont montré depuis le mois de septembre-octobre qu'ils savaient faire preuve de responsabilité et se sont comportés de manière digne et responsable. Mais ce qui génère aujourd'hui les tensions, c'est beaucoup d'exaspération face aux renoncements successifs" de la part des autorités nationales et régionales, selon lui.

Les agriculteurs espèrent une décision favorable à la retenue d'eau pour pouvoir irriguer leurs cultures en été.

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Au Testet, la FDSEA entretient un climat de violence et menace les opposants au barrage

Au Testet, la FDSEA entretient un climat de violence et menace les opposants au barrage | Think outside the Box | Scoop.it

A l’approche du Nouvel An, la FDSEA du Tarn encourage les menaces à l’encontre des opposants au barrage de Sivens. La Confédération paysanne lance un appel aux autorités, pour empêcher la violence de pro-barrages.

Lettre ouverte à MM. les préfets du Tarn et du Tarn & Garonne

Objet : menaces physiques à Sivens

Messieurs,

Des menaces venant des pro barrages, y compris des menaces de mort, ont été proférées et se multiplient sous diverses formes venant aussi bien d’individus, (lettre anonyme), de groupes de chasseurs, que d’organisations agricoles, d’élus envers d’autres élus, menaces à peine voilées lors de la première rencontre avec les experts envoyés par la madame la ministre Ségolène Royal.

La Confédération paysanne dénonce les discours guerriers et irresponsables de ténors de la FDSEA comme M. Xavier Beulin (Europe 1), M. Philippe Joucla, M. Huc qui, ajoutés aux invectives de certains élus, se traduisent sur le terrain par une exacerbation des passions sur les problèmes d’irrigation dans le bassin du Tescou.

Sur les secteurs de Lisle sur Tarn, Gaillac et St Nauphary, on voit paraître des tags en bordure de route appelant à la « battue aux zadistes comme pour les chevreuils » pour le réveillon du 31 décembre. La FDSEA 82 est particulièrement agressive et multiplie les appels au meurtre à l’encontre des opposants au barrage, via graffitis et pendaison de mannequins sur lesquels ils inscrivent « Zadiste ». Ces actes sont normalement répréhensibles !

Cette multiplication de menaces crée une situation dans laquelle des individus ou groupes excités par ces appels peuvent être fortement incités à passer à l’acte, particulièrement lors de la nuit du réveillon du nouvel an.

La Confédération paysanne en appelle solennellement aux pouvoirs publics pour qu’ils rappellent chacun de ces organismes et personnes à l’ordre et à la décence d’une part, et assurent la sécurité de la famille Lacoste et des occupants dans les jours qui viennent et en particulier le 31 décembre.

En aucun cas la situation ne peut être résolue par la violence. La Confédération paysanne, pour sa part, continue de travailler à promouvoir des solutions qui permettent de sortir de manière satisfaisante pour tous de cette situation.

Comptant sur votre sens des responsabilités, nous vous prions, messieurs, de recevoir l’assurance de notre considération.

Christophe Curvale

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Barrage de Sivens : la Commission européenne a bien enclenché, il y a un an, une procédure contre la France

Barrage de Sivens : la Commission européenne a bien enclenché, il y a un an, une procédure contre la France | Think outside the Box | Scoop.it

Enclenchée fin 2013, la procédure d'infraction de la Commission européenne concernant le non-respect par la France de la directive eau dans le dossier du barrage de Sivens, arrive à son terme. Aucune décision n'a encore été prise selon nos informations. Après cette longue phase non-contentieuse, s'ouvrira la procédure contentieuse avec une possible saisine de la Cour de justice européenne.

Contrairement aux informations avancées par La Chaîne Parlementaire et reprises par plusieurs médias, la Commission européenne ne va pas lancer une procédure d'infraction contre la France. Et pour cause, elle a été lancée fin 2013.

C'est en effet une procédure longue de près d'un an qui arrive à son terme concernant le projet de barrage de Sivens. Auto-saisie fin 2013, suite aux questions posées par l'eurodéputée écologiste Catherine Grèze, la Commission européenne avait lancé une procédure d'infraction contre la France pour non respect de la directive eau dans le cadre du projet de barrage à Sivens. Cette procédure pré-contentieuse a commencé par une mise en demeure, phase pendant laquelle la Commission a invité la France à se mettre en conformité avec les exigences du droit de l'Union.

La France aurait répondu aux demandes d'informations en mars 2014. "Puis, nous avons perdu le fil, avoue Ben Lefetey, le porte-parole du Collectif du Testet. Comme nous ne sommes pas partie prenante, nous n'avons pas accès à la procédure. Nous avons seulement pris contact avec la Commission cet été pour l'alerter du non-respect de la directive eau. Et nous avons versé des documents au dossier."

Pas de décision officielle
Depuis, Bruxelles planche sur le sujet et n'a pas encore rendu de décision finale sur la saisine, ou non, de la Cour de Justice européenne. "Mon contact m'affirme qu'aucune décision officielle n'a été prise, assure Ben Lefetey. Il est d'ailleurs "surpris de l'emballement médiatique en France aujourd'hui." D'après le militant, le dossier a été retardé par les élections européennes et la nomination tardive des nouveaux commissaires européens (qui sont entrés en fonction le 1er novembre)  : "la décision pourrait être prise dans les prochaines semaines".

Pour le porte-parole des opposants au barrage de Sivens, la décision de la Commission devrait faire entrer la procédure dans la phase de contentieux. "Les premières sanctions seraient alors d'ordre financier, explique-t-il, car les financements européens ne seraient plus possibles."

Un avis que partage Gérard Onesta, le vice-président EE-LV au Conseil régional de Midi-Pyrénées. "Le projet écorne au moins deux directives européennes : Habitats faune flore et Eau. L'argent européen attendu par les promoteurs du projet est une fantaisie totale. Tout le monde savait que les critères n'étaient pas remplis."

Suspendu depuis le 31 octobre, après la mort du militant écologiste Rémi Fraisse, tué par une grenade lancée par les gendarmes, le chantier pourrait donc voir son financement remis en cause. À l'issue de la réunion du 4 novembre au ministère de l'Écologie, Ségolène Royal, avait repoussé à la fin de l'année une décision ferme sur le projet, hésitant entre une re-configuration du projet ou la mise en place d'une retenue en aval du site actuel.

Gael Cérez

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Sivens Creys-Malville même combat

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Révélations sur les conversations des gendarmes lors de la mort de Rémi Fraisse

Révélations sur les conversations des gendarmes lors de la mort de Rémi Fraisse | Think outside the Box | Scoop.it

Le 2 novembre 2014, plusieurs milliers de personnes se sont réunies sur le site du projet de barrage de Sivens pour une marche blanche en hommage à Rémi Fraisse.


Les procès-verbaux retranscrivant les propos des gendarmes à Sivens la nuit du 25 octobre montrent que les militaires ont immédiatement compris que le manifestant était mort.

L'enquête sur la mort de Rémi Fraisse, le jeune manifestant de 21 ans, tué par une grenade offensive lancée par un gendarme lors des affrontements entre des opposants au projet de barrage de Sivens (Tarn) et des militaires, dans la nuit du 25 au 26 octobre, se révèle de plus en plus embarrassante pour les autorités.

Selon des informations du Monde, les gendarmes ont tout de suite eu conscience de la gravité de la situation face à laquelle ils se trouvaient. C'est ce que révèle un procès-verbal daté du 29 octobre auquel nous avons eu accès, qui retranscrit les conversations des militaires sur place, enregistrées par la caméra d'un gendarme qui filme les affrontements.

Lors de cette nuit, les militaires, équipés de jumelles à vision nocturne, voient un manifestant s'effondrer juste après le jet d'une grenade offensive, entre 1 h 40 et 1 h 50 du matin. A 1 h 53, un militaire ordonne : « Stop pour les F4 ! Il est là-bas le mec. OK, pour l'instant, on le laisse. » Les F4 désignent les grenades lacrymogènes instantanées (GLI), dont l'usage a été aussi suspendu depuis par Beauvau.

« IL EST DÉCÉDÉ LE MEC ! LÀ, C'EST VACHEMENT GRAVE »

Au milieu des cris, un autre gendarme tente de se rassurer : « C'est bon, il va se relever ! Il va se relever, c'est bon ! » Rémi Fraisse ne se relève pas. Sept minutes passent. A 2 heures, « On y va ! », un peloton fait une sortie pour récupérer le blessé. Sur procès-verbal, les enquêteurs de la section de recherches de Toulouse relèvent alors que le chef de l'unité demande à un de ses hommes « de soutenir ceux qui sont allés chercher le manifestant », sans préciser en quoi cela consiste.

Les militaires ramènent le corps inerte de Rémi Fraisse. « Il respire ou quoi ? », s'inquiète le supérieur. L'infirmier de l'escadron tente alors les gestes de premiers secours. A 2 h 03, un gendarme s'écrie : « Il est décédé, le mec ! Là, c'est vachement grave… Faut pas qu'ils le sachent ! »

Cette dernière phrase prononcée dans le feu de l'action vise les manifestants, selon la thèse avancée par le service de communication de la gendarmerie, contacté mardi 11 novembre. « Il fallait éviter que ceux qui agressaient les gendarmes ne redoublent d'ardeurs en apprenant la mort de Rémi Fraisse. » Il n'empêche que les rentranscriptions des conversations des gendarmes au moment du décès de Rémi Fraisse jettent une nouvelle ombre dans un dossier où les autorités ont – au minimum – failli dans leur communication. Le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, a notamment été critiqué pour être resté silencieux pendant plus de quarante-huit heures.

(...)

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Barrage de Sivens : un dossier entaché de conflits d’intérêts

Barrage de Sivens : un dossier entaché de conflits d’intérêts | Think outside the Box | Scoop.it

Un mort, une forêt défrichée, des manifestations violentes dans plusieurs villes de France : le chantier du barrage de Sivens a tourné au fiasco et à l'affaire d’Etat. Pendant des mois, le président du conseil général du Tarn, Thierry Carcenac (PS), a pourtant considéré qu'il n'y avait pas là matière à débat : il ne s'agissait après tout que d'une retenue d'eau sur une modeste rivière, le Tescou, au milieu d'une forêt de son département. Au demeurant, les élus locaux avaient voté pour cet aménagement destiné à soutenir les agriculteurs qui irriguent leurs cultures l'été et la préfète du Tarn lui avait donné son feu vert. D'ailleurs, l'Etat a permis à ce projet de barrage de bénéficierde fonds structurels européens et d'importantes subventions de la part de l'agence de l'eau Adour-Garonne.

Lire : la synthèse avant la réunion de mardi entre le gouvernement et les acteurs de ce dossier

« Dans notre société démocratique, comment des projets, validés de bout en bout par l'Etat, peuvent-il faire l'objet d'une telle violence ? », s'est donc publiquement interrogé l'homme fort du département. Membre du conseil général depuis 35 ans, président de cette collectivité depuis 23 ans, tout en étant député pendant 5 ans avant de devenir sénateur en septembre, Thierry Carcenac a vu bien d'autres dossiers de barrages se monter.

Mais s'il peut argumenter sur la légalité du projet de Sivens, la question de la démocratie est plus difficile à mettre en avant dès lors qu'un aménagement comme celui-là hérisse les défenseurs de la nature et va à l'encontre de toutes les politiques publiques – y compris celle affichée par le département du Tarn –, qui assurent vouloir préserver les zones humides. En détruire une quinzaine d'hectares à Sivens pourrait apparaître comme un simple dégât collatéral, si la société civile n'en avait manifestement pas assez d'être ignorée dans les dossiers de gestion de l'eau. En Midi-Pyrénées plus qu'ailleurs.

 

MULTIPLES CASQUETTES DES ÉLUS

Cette région – et plus généralement la vaste zone couverte par les bassins de l'Adour et de la Garonne –, n'échappe pas à la règle générale de l'entre-soi : ce sont les mêmes élus qui choisissent dans leurs collectivités locales de sacrifier tel cours d'eau ou au contraire d'alimenter tel autre, et qui votent ensuite les subventions nécessaires au sein de l'agence de l'eau.

Le Sud-Ouest se distingue en outre par une institution historique qui lui est propre : la Compagnie générale des coteaux de Gascogne (CACG). Cette société d'économie mixte (SEM), dans laquelle les représentants des conseils généraux sont majoritaires, intervient dans la quasi-totalité des chantiers régionaux liés à la répartition de l'eau depuis une cinquantaine d'années.

De là à penser que la bonne santé économique de cette entreprise de près de 200 personnes pèse sur les choix des élus – ruraux pour la plupart – en matière d'aménagements hydrauliques, il y n’a qu’un pas que beaucoup franchissent désormais. A la tête des institutions qui comptent, on retrouve un cercle restreint de décideurs. Ainsi la CACG est-elle présidée par Francis Daguzan (divers gauche), vice-président du conseil général du Gers, où il est chargé des dossiers de l'eau. Il siège aux côtés des vice-présidents des autres conseils généraux concernés, des conseils régionaux, des dirigeants des chambres d'agriculture... Retraité agricole, Francis Daguzan est aussi vice-président du comité de bassin Adour-Garonne – l'instance politique de l'agence de l'eau dont il est en outre administrateur, entre autres mandats. La presse locale l'appelle « Monsieur eau ».

 

« INCOMPÉTENCES ET CONTOURNEMENTS DE LA LOI »

Autre exemple, André Cabot (PS) est à la fois vice-président du département du Tarn, veillant lui-aussi sur les dossiers hydriques, tout en siégeant comme vice-président de la commission de l'agence Adour-Garonne, qui a eu à examiner la demande de 50 % de subventions pour la retenue de Sivens. Il se trouve de fait dans une telle situation de porte-à-faux qu'il avait lui-même décidé de ne pas prendre part au vote à ce sujet. Mais les opposants au barrage font remarquer qu'André Cabot n'a pas eu la même retenue pour défendre le projet de Sivens devant cette assemblée et d'autres instances de concertation regroupant élus locaux et représentants de l’Etat en région.

On pourrait noter quelques casquettes supplémentaires de cet ancien technicien chef en agriculture qui représente également les communes au sein du collège ad hoc de l'agence de l'eau en tant que maire de Valderiès (800 habitants). Pour compléter la panoplie, il est l’un des administrateurs de la CACG. En retour, le directeur de cette SEM, Alain Ponce, siège parmi les usagers à l'agence de l'eau, « une particularité du droit français », reconnaît celui-ci.

Jusqu'à présent, peu de voix s'élevaient pour exprimer leur émoi face à cette consanguinité prononcée, ou alors on ne tendait pas assez l'oreille en leur direction pour les entendre.

Question d'habitude : les élus de la région ont coutume de s'en remettre à la CACG. Dans le cas de Sivens par exemple, c'est elle qui a réalisé en 2001 les études concluant à la nécessité de construire une retenue de 1,5 million de mètres cubes. Elle qui les a mises à jour en 2009, alors que le Tarn lui avait déjà concédé cet équipement de service public l'année précédente, sans savoir exactement combien d'agriculteurs seraient intéressés pour acheter de l'eau. Elle, encore, qui en est maître d'ouvrage. Elle, enfin, qui devait devenir gestionnaire de la ressource par la suite.

 

« AUCUN APPEL D'OFFRES »

« La CACG s'est auto-désignée, il n'y a eu aucun appel d'offres, accuse Alice Terrasse, avocate du Collectif antibarrage et de plusieurs associations environnementales. Nous dénonçons depuis deux ans ces conflits d'intérêts. La délégation d'utilité publique qui lui revient est un summum d'incompétences, d'imprécisions et de contournements de la loi. » L'avocate cite d'autres exemples de conventions publiques d'aménagement pour des ouvrages de restitution d'eau refusées a posteriori par la cour administrative d'appel de Bordeaux.

« La CACG a besoin de 30 millions d'euros par an pour fonctionner, rapporte pour sa part Gérard Onesta, vice-président (EELV) du conseil régional de Midi-Pyrénées. Sur ce barrage, comme sur d'autres, elle est à la fois juge et partie. C'est contraire au droit européen. Il faut une nouvelle loi pour remettre à plat ces fonctionnements. »

Tout cela n'empêche pas Xavier Beulin, qui préside la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, largement représentée à la CACG comme à l'agence de l'eau, de qualifier les manifestants contre le barrage de « djihadistes verts ». « Quand une décision est prise, on l'exécute, sinon ce n'est plus une démocratie digne de ce nom », a déclaré le responsable du syndicat majoritaire, devant la presse, le 29 octobre. Tandis que les cultivateurs de maïs, via leur syndicat professionnel Irrigants de France, demandent au gouvernement « de ne pas céder à la pression idéologique, de préparer l’avenir » et de faire de Sivens « un symbole de l’engagement ministériel sur le dossier du stockage de l’eau ».

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Barrage de Sivens. Après le drame, la réflexion [commentaire]

Barrage de Sivens. Après le drame, la réflexion [commentaire] | Think outside the Box | Scoop.it

La nouvelle ZAD du barrage de Sivens

 


En démocratie, on ne peut pas réduire à un accident la mort d'une personne venue contester une décision, dire ses convictions, quoi qu'on en pense.

On ne peut pas, au-delà des responsabilités précises qu'établiront les enquêtes, au-delà de l'instrumentalisation incendiaire qui en est faite, ne pas réfléchir calmement à ce qui conduit au drame.

Nous vivons dans un État de droit, par opposition à un État autoritaire, ou à la loi de la jungle. Cela signifie que chacun a des droits et des devoirs. Et que les pouvoirs publics s'exercent dans le cadre de règles juridiques précises. Autrement dit, le citoyen peut s'exprimer, voter, manifester. L'État, lui, doit protéger les personnes et les biens, faire respecter l'ordre et la décision prise dans la légalité.

Double contestation

Qu'il s'agisse de la « Ferme des mille vaches », dans la Somme, du barrage de Sivens, dans le Tarn, ou de la réorganisation du trafic aérien autour de Notre-Dame-des-Landes, la question se pose dans les mêmes termes : comment conjuguer liberté individuelle et intérêt collectif ? Ces trois abcès ont en commun de s'être nourris de la double contestation d'un risque environnemental et d'un modèle économique.

L'optimisation du coût du maïs, du lait ou du transport est une forme de réponse à une donne internationale, d'adaptation à une concurrence de plus en plus féroce. On peut rejeter ces réponses libérales à une économie dans laquelle chacun est en compétition avec tous. Mais on ne peut pas contester l'exacerbation des contraintes qui conduisent au gigantisme. Question : comment se développer localement en s'excluant des grands flux mondiaux ?

Chose votée aussitôt contestée

Chacun de ces projets a pour particularité d'avoir été annoncé, débattu, voté et financé. Parfois même depuis des années. Voire des décennies. Parfois par l'alliance d'élus de différentes sensibilités. En tout cas par des majorités, souvent reconduites d'élection en élection.

Il y a quelque chose de troublant à constater que la chose votée est aussitôt contestée par des oppositions parfois significatives, parfois venues de loin pour faire nombre, parfois très minoritaires et violentes.

Les arguments des opposants doivent être pris au sérieux. Doivent être intégrés en amont aux études d'impact. Mais ils ne peuvent pas l'être au terme d'années de procédures. Sinon, ils prolongent indéfiniment les délais, font peur à des dirigeants qui n'osent plus assumer, ouvrent des espaces politiques et médiatiques à la contestation et offrent un terrain propice à l'enchaînement violence/répression.

Mort d'une absence de réponse

Alors que la réforme territoriale prétend déléguer plus de responsabilités aux collectivités, ce constat interroge sur la capacité d'une métropole ou d'une Région à porter les projets qu'elle pense bons pour son avenir. Il interroge aussi sur ce qu'il reste d'autorité, dans le bon sens du terme, aux représentants du peuple.

Question : dans quelles instances, par quelles procédures peut-on arbitrer entre des intérêts, économiques et écologiques, locaux et généraux, individuels et collectifs, aussi légitimes les uns que les autres ?

Rémi est mort d'une absence de réponse à ces questions. Aucune violence ne le ressusciterait, ni ne restaurerait ce qui devrait rester la noblesse de la politique.

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Les proches de Rémi Fraisse témoignent : « Il n'a pas mesuré ce qui l'attendait »

Les proches de Rémi Fraisse témoignent : « Il n'a pas mesuré ce qui l'attendait » | Think outside the Box | Scoop.it
- Les proches et amis de Rémi, là où nous les avons rencontrés -
 


Ils n’ont voulu parler qu’à Reporterre et ne s’exprimeront plus dans les médias. Anna, l’amie de Rémi Fraisse, sa soeur Chloé, et des amis proches racontent dans ce texte qui était celui qu’ils aimaient, et ce qui s’est passé le soir du 25 octobre

Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne), reportage

Trois jours après le drame du Testet, les proches de Rémi Fraisse ont demandé à Reporterre de transmettre ce qu’ils avaient à dire sur la mort de Rémi. Ce témoignage de son amie Anna, de sa soeur, et d’autres amis, a été publié avec leur accord plein et entier.

Dans ce texte, ils reviennent sur la personnalité du jeune homme, le déroulé des évènements du 25 octobre où il se trouvait avec son amie, et les conséquences de cette nuit funeste.

Comme ils le précisent, cet entretien sera pour eux l’unique qu’ils accepteront de livrer sur l’affaire.



« Un type bienveillant, pacifiste et un peu grande gueule »

Nous connaissions Rémi depuis le collège. C’était vraiment quelqu’un de gentil et de doux. Il était très tolérant, sincère, honnête, mais un peu grande gueule. C’est clair qu’il n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait, et il n’était pas du genre à se laisser embarquer sans raison par n’importe qui. Un type bienveillant, très apaisant. Il était extrêmement sociable et parvenait sans peine à se faire de nombreux amis où qu’il allait.

Rémi n’avait aucune implication dans des mouvements politiques organisés, sinon ses activités de botaniste dans l’association France Nature Environnement. Il participait à la protection de la nature dans la région toulousaine. Après un BTS en gestion et protection de l’environnement, il travaillait durement comme intérimaire et avait plein de projets : un voyage en Amérique du Sud, la reprise d’une école mais surtout l’achat d’un terrain. Il souhaitait monter une exploitation de plantes médicinales, se renseignait auprès de professionnels. Il avait trouvé sa voie.

Rémi aimait la musique, jouait avec nous de la guitare, du blues, appréciait beaucoup le reggae. Il avait un jour récupéré un bout de bois mort et creusé lui-même un didgeridoo. Il aimait beaucoup faire des choses de ses mains, par lui-même.


- Renoncule à feuille d’ophioglosse : Rémi participait au groupe de protection de cette plante -

« Il est venu à Sivens presque par hasard »

Rémi est venu à Sivens le samedi 25 octobre presque par hasard. Ce n’était pas un militant, encore moins un activiste. Mais il s’intéressait à la protection de l’environnement, se sentait concerné par ce combat. Comme il connaissait d’autres personnes qui y allaient, il a voulu s’y rendre aussi pour afficher un soutien pacifique.

Je suis arrivé avec lui vers 16 heures sur place [c’est Anna qui parle], on voyait déjà au loin la fumée, l’hélicoptère, on ne s’attendait pas du tout à ça. Mais des personnes nous ont rassuré en nous disant que tous ces événements se déroulaient de l’autre côté de la zone, à deux kilomètres. L’ambiance était étrange entre la fête joyeuse, les animations et discussions près des chapiteaux et de l’autre côté au loin les affrontements, les gaz lacrymogènes qui montaient dans le ciel et les bruits d’explosion.

Nous sommes restés du côté du chapiteau, Rémi a rencontré plein de gens, chantait des chansons, les messages inscrits un peu partout nous faisaient rire, il y avait un bon esprit. C’est là dedans que nous voyions notre place. Nous sommes restés à proximité toute la soirée, à faire la fête.

Vers deux heures moins le quart, dans la nuit, des amis sont allés plus loin voir ce qui se passait. À leurs dires, ça avait l’air impressionnant, on entendait encore les explosions fortes. Rémi a voulu y aller. Le temps de faire le trajet, nous sommes arrivés sur les lieux des affrontements. Les flics tiraient en rafale. Le spectacle était très violent, l’ambiance très particulière, nous n’avions jamais vécu ça. Face à une telle scène d’incompréhension et d’injustice, Rémi ne pouvait que réagir d’une manière ou d’une autre. Il avait un peu bu dans la soirée, mais n’était pas ivre, il avait juste une bouteille de vin et des gâteaux apéritifs dans son sac à dos.

Je l’ai vu partir d’un coup en criant « Allez, faut y aller ! » Il a commencé à courir devant. Il n’avait rien pour se protéger, il n’a pas mesuré ce qui l’attendait. Les flics ont tiré en rafale, je me suis écarté pour me mettre à l’abri. Quand je me suis retournée, Rémi n’était plus là.

Ensuite, les gendarmes ont fait une sortie. On a commencé à le chercher, en allant même tout devant, sans succès. Je ne sais pas combien de temps ça a duré. J’ai crié son nom dans le champ mais il ne répondait pas. J’ai passé la nuit dehors à le chercher puis à retrouver sa voiture. C’était un cauchemar. Pendant toute cette phase, j’ai perdu mon portable, un objet précieux car il contient nos dernières photos ensemble.

J’ai dormi quelques heures et dès le lever du soleil, j’ai recommencé à le chercher sur la zone des combats. Il n’y avait plus personne sur les lieux. J’ai juste rencontré une fille qui m’a accompagnée jusqu’à l’infirmerie où il n’était pas non plus. Peu après, quelqu’un a crié « Rémi Fraisse ! », il avait retrouvé son portefeuille, perdu en début de soirée. En retrouvant les amis à la voiture, j’ai découvert qu’ils ne savaient pas non plus où il était.

À 10 heures, j’ai donné son signalement au point d’accueil. Ca a beaucoup trainé. Je suis finalement tombé sur un de ses amis qui venait d’appeler les organisateurs. Ce sont eux qui m’ont appris que son corps avait été retrouvé inerte dans la nuit par les gendarmes. J’avais cru qu’il avait été embarqué. Je n’aurais jamais pu imaginer qu’il arriverait un tel évènement.

« Nous ne souhaitons pas que sa mort soit instrumentalisée »

Tout a été beaucoup trop vite depuis sa mort. La famille a été contactée par téléphone pour l’identification. Elle n’a fait qu’une description verbale et avons transmis une photo d’identité qui a confirmé qu’il s’agissait bien de lui. Nous n’avons eu aucun droit en amont, on nous a dit d’attendre l’expertise légale. À ce jour, aucun proche n’a pu avoir accès au corps. Nous avons appris le résultat de l’autopsie par les médias. C’est notamment ce manque d’information qui nous a décidé à porter deux plaintes, pour « homicide volontaire » et pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner », pour avoir accès au dossier.

Rémi était quelqu’un de foncièrement pacifiste. L’après-midi avant sa mort, il avait une nouvelle fois défendu cette attitude non violente dans une discussion avec des occupants de la zone.

Rémi est très vite devenu un instrument médiatique et politique. C’est à la fois désolant et révélateur d’une société qui à bien des égards marche sur la tête. Nous ne demandons pas l’arrêt du projet en son nom, mais il va de soi que ce barrage ne doit pas être construit. Il n’y a pas besoin d’être politisé pour se rendre compte qu’à Sivens se déroule une mobilisation citoyenne légitime, et la violence que certains utilisent là-bas beaucoup moins.

Nous témoignons ici afin qu’un tel drame ne se reproduise pas. Avec ce texte, nous voulons poser les choses une fois pour toute et pouvoir ensuite gérer ça entre nous aussi sereinement que possible.

Nous n’accepterons plus après la publication de cet article aucune sollicitation de la part d’aucun média. Que ceux-ci cessent le harcèlement autour de la famille et des proches, que toute la lumière soit faite sur les causes exactes de sa mort pour que nous puissions faire notre deuil en paix.

Propos recueillis par Grégoire Souchay

NDLR : nous remercions sincèrement les personnes interrogées pour leur confiance et saluons celles et ceux qui ont permis de rendre cet entretien possible.

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Thierry Carcenac: "Mourir pour des idées, c'est une chose, mais c'est quand même relativement bête"

Thierry Carcenac: "Mourir pour des idées, c'est une chose, mais c'est quand même relativement bête" | Think outside the Box | Scoop.it

"L'arrêt total du projet de barrage à Sivens aurait des conséquences sur l'indemnisation aux entreprises. La reconfiguration du projet pose d'autres problèmes juridiques", a indiqué le président du conseil général du Tarn lors d'une conférence de presse. Il indique toutefois partager les préconisations des experts.

En ce qui concerne le dramatique décès de Rémi, le jeune Toulousain mort sur le coup dans la nuit de samedi à dimanche, à cause d'une explosion d'origine indéterminée, Thierry Carcenac a déclaré: "Mourir pour des idées, c'est une chose, mais c'est quand même relativement stupide et bête". Néanmoins, je tiens à dire que je comprends et que je me mets à la place des parents dans cette situation".

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Le projet initial du barrage de Sivens définitivement abandonné

Le projet initial du barrage de Sivens définitivement abandonné | Think outside the Box | Scoop.it
Malgré cette annulation, un autre projet de retenue d’eau, qualifié de « Sivens Light » par ses opposants, est prévu dans la même zone.
 
C’était attendu depuis le mois de mars, mais l’Etat n’a officialisé, en toute discrétion, que jeudi 24 décembre, la suppression du projet initial du barrage de Sivens. L’arrêté a été signé en ce sens par les préfectures du Tarn et du Tarn-et-Garonne. L’Etat accordera au département du Tarn 3,4 millions d’euros en compensation, 2,1 millions pour les dépenses en pure perte et 1,3 million pour réhabiliterla zone humide.
  • Le projet initial était d’une capacité d’1,5 million de mètres cubes, d’une longueur de 1,5 kilomètres et de 230 mètres de large. Il devait s’étendre sur une quarantaine d’hectares et 4 mètres de profondeur. Au total, 13 hectares de zone humide, riche en biodiversité, étaient menacés de destruction.
  • Le nouveau projet est deux fois plus petit, capable de retenir 750 000 m³, situé 300 m en amont du site du projet initial. Ce « projet transactionnel » a été adopté le 11 décembre par le conseil départemental du Tarn.

Pour comprendre l'évolution du projet : La construction du barrage de Sivens est toujours en suspens

Pour les opposants, le second projet n’est qu’un « Sivens light »

image: http://s2.lemde.fr/image/2015/12/27/534x0/4838389_6_109a_c-est-sur-ce-chantier-que-remi-fraisse-un_d55d54e8efb2f74dce85b8ea49e76f73.jpg


En contrepartie de l’abandon du premier chantier, le Tarn s’est engagé à « compenser les atteintes environnementales » résultant de la destruction de la zone humide : la vallée de la petite rivière Tescou a en effet été totalement arasée. Près d’une centaine d’espèces protégées y vivaient. Les opposants ne veulent toujours pas entendre parler de ce nouveau projet qui doit être lancé dans les plus brefs délais et qu’ils estiment n’être qu’un « Sivens light ».

Après 16 mois de présence et d’affrontements avec les autorités, les occupants de la zone à défendre (ZAD) de Sivens ont été évacués le 6 mars. C’est sur ce chantier que Rémi Fraisse, un jeune opposant, avait été tué après avoir été atteint par une grenade offensive lancée par les gendarmes.

Lire notre synthèse : D’une ZAD à l’autre, tour d’horizon des conflits environnementaux



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Interdite à Sivens, la marche d'hommage à Rémi Fraisse déplacée à Plaisance du Touch (Haute-Garonne)

Interdite à Sivens, la marche d'hommage à Rémi Fraisse déplacée à Plaisance du Touch (Haute-Garonne) | Think outside the Box | Scoop.it

Au lendemain de l'interdiction par Maryline Lherm, la maire de Lisle-sur-Tarn, de toutes les manifestations prévues dimanche 25 octobre à Sivens, les organisateurs de la marche d'hommage à Rémi Fraisse, un an après sa mort, ont décidé de déplacer leur commémoration à Plaisance du Touch, la commune de Haute-Garonne, près de Toulouse, où il résidait. 

Un arrêté d'interdiction dans le Tarn

Jeudi, la mairie de Lisle-sur-Tarn (Tarn) a pris un arrêté interdisant les quatre manifestations prévues dimanche : la marche d'hommage à Rémi Fraisse, une opération "solidarité foin" de la FDSEA et des JA pour un éleveur du site et deux manifestations à l'appel d'associations de riverains. 
La maire de la commune a indiqué à France 3 qu'elle ne voulait prendre "aucun risque pour les manifestants et pour la commune". L'arrêté municipal indique que la famille a l'autorisation de se rendre sur le site pour un moment de recueillement, mais la mère de Rémi Fraisse a confié à France 3 jeudi qu'elle hésitait encore à se rendre sur place.

Certains pourraient tout de même braver l'interdiction à Sivens

Le collectif qui organisait la marche d'hommage à Sivens a dénoncé une interdiction "scandaleuse". Les différentes organisations à l'origine de cette hommage se sont réunies en urgence pour trouver un nouveau lieu de commémoration. Le choix de Plaisance du Touch, pour rendre hommage à Rémi Fraisse, semble cependant diviser le collectif où certaines organisations ne souhaitent pas s'éloigner de Sivens et pourraient, malgré l'interdiction, maintenir leur présence sur le site. 

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Les eaux glacées du calcul égoïste -- SIVENS : “Tout est pardonné”…

Les eaux glacées du calcul égoïste -- SIVENS : “Tout est pardonné”… | Think outside the Box | Scoop.it

“Sivens, 6 mars 2015 : rien.” La paraphrase interloquera ou indignera. Elle dit pourtant tout. Il ne s’est rien passé dans le Tarn le vendredi 6 mars 2015. Il ne s’est rien passé “en droit”, et c’est ce qui nous intéresse. Pour le reste, un storytelling épuisé, qui nous divise entre rire et larmes. Et comme il ne s’est rien passé, Lotta continua !

1. Le factuel, façon AFP

« Les gendarmes ont mis fin vendredi après-midi à l’occupation du site de Sivens (Tarn) par des zadistes, en s’emparant d’une trentaine de récalcitrants, a constaté une journaliste de l’AFP.

Douze personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, et les forces de l’ordre n’avaient pas recensé de blessés à 14h45, a précisé une source proche du dossier.

Après avoir cerné de plus en plus près une trentaine d’occupants qui refusaient de partir, les gendarmes mobiles, en grand nombre, se sont saisis d’eux.

Malgré la résistance passive des zadistes qui tentaient de s’accrocher les uns aux autres, les forces de l’ordre ont réussi à les séparer, sur le lieu même où le jeune écologiste Rémi Fraisse était mort le 26 octobre dernier, tué par l’explosion d’une grenade offensive de la gendarmerie.

Tandis que plusieurs des interpellés étaient menottés, le gros de la troupe était escorté vers la sortie de la zone par les gendarmes, a constaté l’AFP. Trois derniers zadistes restaient perchés à 12 mètres de haut sur un échafaudage, et une équipe spécialisée de la gendarmerie devait se charger de les faire descendre.

Une source préfectorale s’est félicitée de cette "intervention rapide et sans violence".

Il s’est passé environ deux heures entre l’entrée sur le site des gendarmes et la prise de contrôle de la zone par les gendarmes mobiles qui étaient plus de 300 mobilisés cette semaine pour empêcher les heurts entre pro et antibarrages puis pour expulser les zadistes.

La justice avait ordonné leur expulsion fin février mais le gouvernement avait décidé d’attendre le choix du conseil général du Tarn sur une solution de remplacement au projet de barrage initial, écarté mi-janvier par la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, qui l’estimait surdimensionné.

L’assemblée départementale a voté massivement (43 voix sur 46) vendredi matin en faveur d’un projet réduit, donnant ainsi le feu vert à l’évacuation, immédiatement ordonnée par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. »

2. Le storytelling ministériel

« Le Conseil général du Tarn a délibéré, ce vendredi 6 mars 2015, sur le devenir du projet de barrage de Sivens.

A cette occasion, le Conseil général a décidé de s’orienter vers une des options alternatives préconisées dans le rapport d’expertise rendu à la Ministre en charge de l’écologie le 16 janvier 2015. Le Conseil général a ainsi fait le choix de privilégier la solution technique visant à engager la réalisation d’un réservoir dans l’emprise initiale, plus réduit et à l’amont du projet initial.

Ségolène ROYAL et Stéphane LE FOLL saluent cette décision, qui, tout en respectant l’ensemble des critères de protection environnementale, sécurisera les apports en eau nécessaire pour des productions agricoles à forte valeur ajoutée et génératrices d’emploi local, le renforcement des circuits de proximité, et le maintien d’exploitations de taille familiale.

L’Etat accompagnera le Maitre d’ouvrage, financièrement et techniquement, dans la réalisation de ce projet alternatif.

Le Gouvernement appelle l’ensemble des acteurs à respecter la décision du maitre d’ouvrage, les invitant à l’apaisement et à la responsabilité. »

Ici on s’adresse aux medias, à l’opinion publique, aux gens “responsables”, à qui l’on raconte littéralement n’importe quoi, comme la suite va le démontrer.

“Baseline”, comme ils disent : “options alternatives », « plus réduit et à l’amont du projet initial », « protection environnementale », « productions génératrices d’emploi », « circuits de proximité », « exploitations de taille familiale »… Soit pas moins de six énormes mensonges en dix neuf lignes, ce qui témoigne de très sérieux progrès des départements de la propagande du Minagri et du Medd-T.

Bien noter que le « message » subliminal vise exclusivement les gogos vaguement écolos, Mme Michu, le journaleux lambda, les gentils qui donnent de l’argent aux ONG pour défendre la planète, tout çà… Enfin celles et ceux qui pourraient se demander, tout à fait légitimement, « c’est quoi cette sortie de crise ? »

3. Les arrières cuisines de l’Elysée

Après le drame de Sivens une délégation (très restreinte) des instances dirigeantes d’un réseau national qui fédère des milliers d’associations de défense de l’environnement rencontrait à l’Elysée M. François Hollande et Mme Ségolène Royal. On comprendra vite à la lecture de l’éclairant billet de Bernard Viguié, ancien avocat toulousain, impliqué depuis le début dans l’affaire de Sivens, billet publié le 6 mars sur son blog de Mediapart, pourquoi la quarantaine de valeureux zadistes qui étaient assiégés depuis début janvier par les milices de la FNSEA, ont été lâchés en rase campagne par toute la mouvance “responsable” des défenseurs de l’environnement, des droits de l’homme et de toutes ces sortes de choses…

4. Bienvenue au Kolkhoze

Il était donc question depuis des semaines, tandis que “la tension montait à Sivens”, c’est-à-dire qu’une horde de centaines de “petits hommes verts”, fàçon Donbass, harcelaient en toute impunité une quarantaine de zadistes épuisés, abandonnés de presque tous, pour les raisons que nous venons de voir, il n’était donc question que de la fameuse “réunion du Conseil général” qui allait voter “l’alternative Royal” pour “l’agriculture familiale” et les “circuits de proximité”

Et bien on a vu, et c’est un grand moment journalistique. Un peu Raymond Cartier (“La Corrèze, pas le Zambèze”), racontant pour Paris-Match la séance solennelle de la célébration du dépassement des objectifs du plan quinquennal dans un kolkhoze ukrainien en 1954.

Les deux journalistes de Libération n’en sont pas revenus et leur reportage au kolkhoze, de ce point de vue, est à lire et relire absolument. Tant il incarne à la perfection le “moment Sivens” du Parti du maïs, du Lobby de l’eau et de l’état-profond PS du Sud-Ouest.

5. “Tout est pardonné”

La lecture de la délibération votée à une écrasante majorité par des conseillers généraux en fin de mandat signe l’apothéose de cette sainte journée.

Il ne s’est rien passé et ”Tout est pardonné”, et on va donc continuer exactement, comme avant, en pire.

La délibération du Conseil général du Tarn, 6 mars 2015

En faisant observer au préalable que tout ceci (la délibération) n’a pas la moindre valeur, en droit, sur les affaires en cours, on prendra soin, nonobstant, de lire avec attention les considérants successifs de nos branquignols, qui carbonisent joyeusement les éléments de langage de Ségolène “Calamity” Royal, et annoncent bien évidemment qu’ils feront ce qu’ils veulent, comme ils veulent, quand ils le veulent, à savoir le barrage prévu, au même endroit, et le plus tôt sera le mieux. Et comment ne pas les comprendre quand on a compris, depuis le Salon de l’Agriculture, que Messieurs Valls et Hollande songent déjà, à l’évidence, à se reconvertir en exploitants agricoles après 2017…

6. Vers une nouvelle guerre de tranchées

Comme le note tout-à-fait justement un autre juriste, aucunement impliqué dans l’affaire, en l’état celle-ci est devenue un bazar inextricable.

Nos branquignols ne mettront pas longtemps à mesurer qu’ils n’ont remporté qu’une victoire à la Pyrrhus.

Ni le CG 81, ni la CACG ne se sont “backés” sérieusement au plan juridique. Logique, puisqu’ils vivent dans leur kolhhoze en 1954. Le ministère de l’Ecologie (ce qu’il en reste), n’allait bien évidemment pas leur prêter main forte, puisqu’il ne s’agissait pour le gouvernement que de “tourner la page”, avant que de retourner aux grands travaux de la preparation de la caravane publicitaire de la COP 21.

En l’état, au terme de quelques heures de consultation, il apparaît sans équivoque que cette séquence de “sortie de crise” et les différents actes (et tout autant l’absence d’actes), qui l’ont accompagné, peuvent nourrir une foule de recours qui ont de fortes chances de prospérer, surtout après l’invraisemblable saga déjà en cours depuis des années.

A cet égard l’affaire de Sivens devient plus symbolique encore d’une autre réalité. Dans les dix ans qui viennent, l’enjeu pour les tenants d’un avenir soutenable va aussi, en grande partie, être celui de la réappropriation collective des outils du droit pour faire respecter le droit de l’environnement.

Jacques Le Bris's insight:

SIVENS/TESTET : le dossier d’Eaux glacées

- Barrage de Sivens : lettre d’un opposant à la Préfète du Tarn

Les eaux glacées du calcul égoïste, 4 juillet 2014

- Barrage de Sivens : la faute de Ségolène Royal

Les eaux glacées du calcul égoïste, 11 septembre 2014

- Barrage de Sivens : Ségolène Royal écarte l’un des deux experts pro-irrigation

Les eaux glacées du calcul égoïste, 12 septembre 2014

- La lutte de Sivens : le film

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Les eaux glacées du calcul égoïste, 30 octobre 2014

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- "Sivens Act" ou nouvelle donne ?

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Début de l'évacuation du site de Sivens

Début de l'évacuation du site de Sivens | Think outside the Box | Scoop.it

Les zadistes réunis sur le site vendredi matin


Après la décision du conseil général du Tarn de maintenir un barrage réduit sur le site, certains zadistes ont choisi de quitter le site. Les forces de l'ordre sont entrées sur le site pour convaincre les autres de partir dans le calme.

 

Les forces de l'ordre sont entrées vendredi à la mi-journée sur le site de Sivens, pour évacuer les zadistes qui s'y trouvent encore. 

Une partie de la quarantaine de zadistes occupant le site de Sivens avait déjà quitté le site depuis vendredi matin et d'autre repliaient leurs tentes
, ont constaté sur place plusieurs journalistes, dont les équipes de France 3.

Cinq zadistes ont accepté de sortir volontairement de la zad, et sont partis dans la matinée avec l'assurance d'être protégés des agriculteurs qui encerclent le site du projet de barrage, a indiqué une source préfectorale.

De même source, on faisait part de discussions en cours de façon "tout à fait responsable" avec le collectif des zadistes en vue d'une évacuation générale du site sans violence.

Vendredi matin à Albi, le conseil général du Tarn a voté massivement pour la réalisation d'un barrage réduit par rapport au projet initial, écarté par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal. Il a aussi voté pour "l'expulsion sans délai" des occupants de la zad, et de sources concordantes celle-ci devrait intervenir dans la journée .
 
Sur place, l'un deux répondant au pseudo général des zadistes de Camille, déclarait désabusé : "Rémi est mort pour rien", en évoquant le jeune écologiste Rémi Fraisse tué le 26 octobre dernier par l'explosion d'une grenade offensive de la gendarmerie.

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Barrage de Sivens : un nouveau rapport d'experts remis ce vendredi à Ségolène Royal

Barrage de Sivens : un nouveau rapport d'experts remis ce vendredi à Ségolène Royal | Think outside the Box | Scoop.it

Malgré l'absence de compromis entre toutes les parties, la ministre souhaite que ce rapport soit une base de travail pour trouver une porte de sortie à ce conflit. 

 

Des experts remettent ce vendredi à Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie, un nouveau rapport sur le projet controversé du barrage de Sivens (Tarn), à l'issue de plusieurs semaines de concertation  entre partisans et opposants.

"Je vais regarder, échanger avec le maître d'oeuvre, c'est-à-dire le Conseil général, et ensuite les choses seront mises sur la table en toute transparence", a indiqué la ministre, qui s'est impliquée dans ce dossier local après la mort d'un homme de 21 ans, victime d'une grenade offensive lancée par un gendarme lors d'affrontements entre opposants au projet et forces de l'ordre.

Les travaux de construction du barrage-réservoir de Sivens ont été suspendus après la mort de Rémi Fraisse, tué le 26 octobre.

Plusieurs réunions ont eu lieu entre agriculteurs, défenseurs de l'environnement et élus concernés, mais un compromis n'a pas pu être trouvé entre les défenseurs du projet initial et ceux qui souhaitent qu'il soit fortement transformé.

Contesté depuis plusieurs années par des associations locales, le projet de barrage de Sivens vise à créer une retenue d'eau d'1,5 million de m3 pour l'irrigation de terres agricoles. Son coût et ses conséquences sur l'écosystème font débat.

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Sivens : une ONG va porter plainte pour infractions au code de l'environnement

Sivens : une ONG va porter plainte pour infractions au code de l'environnement | Think outside the Box | Scoop.it


Les zones humides du Testet, dans le sud de la France.

 
France nature environnement estime que des travaux préparatoires à la construction du barrage de Sivens ont été réalisés sans être en conformité avec le code de l'environnement

L’ONG France nature environnement (FNE) a annoncé jeudi le dépôt d’une plainte contre X vendredi matin, auprès du parquet d’Albi, pour plusieurs infractions au code de l’environnement lors des travaux préparatoires à la construction du barrage de Sivens (Tarn).

«Nous avons des éléments qui montrent que plusieurs infractions au code de l’environnement et au code forestier ont été commises lors des travaux», a indiqué à la presse Me Alice Terrasse, en citant la «destruction de zone humide sans autorisation», le «non-respect d’un arrêté préfectoral», la «destruction d’habitat d’espèces protégées» et «un défrichement lancé sans autorisation».

AFP

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l'arbre qui cache la forêt, le off sur sivens d'un paysan agronome

Un film de Stéphanie Muzard Benoît Biteau, élu et agroforestier avec de multiples compétences, ayant mis en place les alternatives sur sa propre ferme familiale, fervent défenseur des zones humides, du lien terre/mer, de la ressource en eau et des générations futures, a récemment témoigné dans les médias locaux et nationaux au sujet du barrage de Sivens dans le Tarn. Dans ce off de 44 minutes 06, il explique les détails de la gestion de l'eau et de ces projets, avec cette fois, le temps de la «
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Indécence, conflits d'intérêts : « Pourquoi je ne manifesterai pas en faveur du barrage de Sivens »

Indécence, conflits d'intérêts : « Pourquoi je ne manifesterai pas en faveur du barrage de Sivens » | Think outside the Box | Scoop.it

Après la décision du Conseil général du Tarn de suspendre les travaux du barrage de Sivens, des élus et associations, dont la FNSEA, favorables au projet appellent à défiler le 15 novembre à Albi. Et ce, au nom du « rétablissement de l’ordre républicain » ! Le président de l’association des maires et élus du Tarn a ainsi adressé à près de 3 000 élus un courrier les invitant à rejoindre le rassemblement. De quoi susciter l’indignation de plusieurs élus qui refusent de nourrir les haines. Méconnaissance du dossier, conflits d’intérêt, indécence alors qu’un jeune homme est mort... Autant d’éléments dénoncés par Élisabeth Coutou, élue d’une commune du Tarn, dont « la gratitude va aux citoyens qui tous les jours se mêlent de ce qui les regarde ».

 

Lettre ouverte.

 

Monsieur le président de l’Association des Maires et des Élus du Tarn,

Je viens de lire votre courrier M. le président, qui appelle à soutenir, en votre qualité, une manifestation d’associations favorables à la construction du barrage de Sivens. Vous demandez au Préfet de mettre en œuvre ce qu’est votre conception de l’État de Droit.

C’est d’abord l’impudence de votre appel qui m’a frappée. Alors que des efforts s’entreprennent pour mettre autour d’une table des personnes aux opinions contradictoires sur l’opportunité de construire ou non ce barrage, vous vous placez délibérément dans une logique d’affrontement, comme si le drame qui nous a tous endeuillés n’avait pas eu lieu.

L’État de droit se définit comme un État dans lequel chaque citoyen exerce à tout moment son pouvoir de décision. Penser qu’une fois élue, une personne puisse s’affranchir de tout ce qui fait la République - l’association des citoyens aux projets - est un contre-sens absolu de l’État de droit républicain.

Nous ne devons pas oublier comment est née la République de France, et de quelle magnifique et parfois tragique désobéissance, elle s’est constituée.

Quand des élus prennent des décisions, proposent des projets qui ne conviennent pas à une forte partie du peuple, à quel moment ce désaccord peut-il se manifester ? A quel moment les citoyens sont-ils autorisés à donner leur avis ? Dans le cas de ce barrage, il est évident que des divergences profondes sont apparues. L’attitude républicaine eut été de réunir les citoyens et d’organiser un débat contradictoire d’où aurait émergé l’intérêt général.

Ce qui s’est passé à Sivens m’apparait fortement antidémocratique et anti-républicain comme si les élus étaient affranchis de leur relation au peuple (les électeurs) dès l’élection terminée. Un élu rend des comptes en permanence à ses électeurs et non une fois à chaque élection. Nous ne sommes pas citoyens un jour tous les 6 ans mais chaque jour de ces 6 ans.

S’ajoute à cela la méconnaissance du dossier par un grand nombre d’élus qui autorise le président du Conseil Général à lire ses décisions, sans débat, et d’avoir blanc seing, sans vote mais par hochement de tête.

Je ne conteste pas la légalité des Sociétés d’économie mixte, composées d’élus. Mais je m’interroge quand un même élu est administrateur de la CACG [la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne, une société d’économie mixte, qui porte le projet de barrage avec le Conseil général, ndlr] qui a fait l’étude d’impact (dénoncée incomplète par tous les experts), vice-président du Conseil Général du Tarn (le maitre d’œuvre) et, débordant d’énergie, siège à l’Agence de l’eau qui finance la moitié du projet [1].

La légalité ne peut se résumer au cachet mis dans la bonne case. Une série de décisions légales peuvent avoir été tronquées à l’origine. Et tout l’édifice n’a plus qu’une façade légale. L’exemple du barrage de Fourogue est le plus cruel exemple du contournement de la démocratie. Le Conseil Général du Tarn est passé outre un arrêté préfectoral demandant la suspension du projet. Deux ans plus tard, celui-ci est devenu illégal, et pour finir laisse une ardoise : un déficit chronique que la collectivité publique endosse ! Des actions légales devenues illégales par le fait de l’État de droit (décisions de justice) mais maintenues en dépit de tout.

Voila pourquoi, M. le président je ne manifesterai pas ce samedi 15 novembre. Parce que je n’oublie pas qu’une enquête criminelle est en cours, par souci d’apaisement, par respect du débat démocratique et républicain. Quant à M. le préfet et M. Carcenac (président du Conseil général du Tarn, ndlr), il faudrait donc les remercier d’avoir imposé un climat de violence par une présence policière et militaire depuis début septembre, d’avoir ignoré les mises en garde de différents élus sur la dangerosité de la situation, d’avoir fait du Tarn le département où l’incurie des dossiers n’a d’égale que la troublante consanguinité des instances départementales, sociétés d’économie mixte agences, etc. Quelle indécence.

Pour ma part, ma gratitude ira aux citoyens qui tous les jours se mêlent de ce qui les regarde, prennent le temps de lire les dossiers, de mettre en place une véritable expertise et permettent aux élus démocrates d’essayer de porter leur voix.

Pour que plus jamais une « décision » n’aboutisse à la mort d’un jeune botaniste de 21 ans.

Je vous prie de recevoir, Monsieur le président, mes salutations distinguées.

Élisabeth Coutou, Adjointe au maire de Penne, le 7 novembre 2014

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Sivens : la manif des pro barrage fait débat

Sivens : la manif des pro barrage fait débat | Think outside the Box | Scoop.it


Le projet de barrage à Sivens va réunir samedi à Albi les personnes favorables à la retenue d'eau.
 


Après la décision du conseil général de suspendre les travaux du barrage de Sivens, tout un aréopage d'institutions, de syndicats, d'élus et d'associations, favorable au projet, défilera sous la bannière de Tarn ruralité samedi 15 novembre à Albi. Au nom du «rétablissement de l'ordre républicain».

Après les nombreuses actions, parfois violentes, des anti barrage de Sivens, les pro barrage passent à leur tour à la manifestation. Ce sera samedi 15 novembre à Albi entre la salle des fêtes de Pratgraussals et la place du Vigan.

Les organisateurs de ce rassemblement «citoyen et pacifique» défileront derrière la bannière de Tarn ruralité (1), association regroupant des syndicats, associations, institutions et élus, pour demander «le rétablissement de l'ordre républicain qui garantit à chaque citoyen de pouvoir vivre et travailler en toute liberté dans le respect de chacun».

Un front d'élus

Pour sensibiliser les élus, Sylvain Fernandez, président de l'association des maires et élus du Tarn (2) a ainsi adressé à près de 3 000 d'entre eux un courrier les invitant «munis des insignes de la République à rejoindre le rassemblement».

Le président ajoutait hier soir : «Cet appel a été décidé de façon collégiale au sein de l'association, nous voulons soutenir nos collègues confrontés aux menaces et autres injures, mais pas jeter de l'huile sur le feu. Il faudrait quand même à un moment que le rôle des élus soit respecté. Pour l'appel de samedi, chacun élu réagira en son âme et conscience en venant avec son écharpe ou non».

Ce courrier de Sylvain Fernandez a eu le don d'énerver certains de ses collègues, dont David Kowalczyk, élu écologiste à Saint-Juéry. Ce dernier, via une réponse écrite, reproche au président de l'association des maires d'avoir «outrepassé les missions de l'association» s'étonnant un peu plus loin qu'au nom du «rétablissement de l'ordre républicain», il ne fasse état dans son courrier des «violences exercées par la FNSEA à l'encontre de centres des impôts et de MSA». Et l'élu saint-juérien d'inviter Sylvain Fernandez «à mettre en place un vrai débat contradictoire sur le barrage de Sivens». Outre David Kowalczyk, plusieurs autres élus tarnais n'ont guère apprécié le courrier de Sylvain Fernandez. Un front contestataire est en train de se constituer pour le dénoncer d'une seule voix. Combien sont-ils ? Que comptent-ils faire ? Les réponses seront apportées «en début de semaine» confirme l'élu de Saint-Juéry qui dit se placer dans une «stratégie d'apaisement, il faut discuter et éviter de jeter de l'huile sur le feu».

Samedi à Albi les autorités s'attendent à une forte mobilisation. Un défilé dans le calme qui, à l'encontre de la dernière manifestation des agriculteurs opposés à la directive nitrate, ne sera pas accompagné par des tracteurs.

Fédération départementale des pêcheurs, des chasseurs, syndicat des propriétaires sylviculteurs, Chambre d'agriculture, Fdsea, Chambre de commerce et d'industrie, Chambre des métiers, association des maires et élus du Tarn, association «Eau, vie Tescou», Jeunes agriculteurs.

«Les élus sont questionnés»

Le préfet du Tarn Thierry Gentilhomme ne craint pas la manifestation de Tarn ruralité : «Il y aura beaucoup de monde, il va falloir gérer la circulation mais il n'y a pas de risque de débordement». Sur l'appel lancé aux élus à y participer ? «Ils sont questionnés sur ce qui se passe à Sivens, c'est normal qu'ils soient là, ils décident de projets avec toutes les autorisations et après... Je conçois que les élus manifestent».

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Lettre ouverte à Thierry Carcenac

Lettre ouverte à Thierry Carcenac | Think outside the Box | Scoop.it

lettre ouverte de Benoît Biteau – Vice Président de la Région Poitou-Charentes,  à Thierry Carcenac – Président du Conseil Général du Tarn.

 

 

Berthegille, mardi 28 octobre 2014.

 

 

Monsieur Thierry CARCENAC, vous êtes à la fois pathétique et consternant !

Consternant, en tant que maitre d’oeuvre pour la réalisation du barrage de Sivens, sur le fond de ce dossier. Comment peut-on porter un projet public, mobilisant 100% de crédits publics sur un projet sans se poser les bonnes questions, dès le départ ?
Le projet de barrage vient du fait que le Tescou subit, depuis 30 ans, des étiages sévères. Monsieur CARCENAC, vous êtes-vous interrogé sur les causes de ces étiages sévères et quelles évolutions de pratiques pourraient en être à l’origine ? Visiblement non, car vous auriez rapidement pu faire le lien entre ces étiages sévères et le développement important des surfaces en maïs hybride sur le bassin versant du Tescou. Le Conseil Général du Tarn devait-il donc, face à cette situation, avec 100 % d’argent public, accepter de réaliser, dans une fuite en avant, un équipement qui ne vient qu’en soutien de ces pratiques agricoles peu respectueuses de la ressource en eau, tant sur le plan quantitatif que qualitatif d’ailleurs, ou explorer, avec cette même enveloppe, de 8,5 millions d’euros, des alternatives à ce modèle agricole qui touche le fond ?
La réponse ne peut que trouver ses fondements dans le bon sens paysan !
Monsieur CARCENAC, vous invoquez le nécessaire soutien à ce projet au motif que cette agriculture est plus « rentable » grâce à l’irrigation.
Mais comment expliquer alors, que ces maïsiculteurs, grands bénéficiaires des aides publiques de la PAC (Politique Agricole Commune), expliquant d’ailleurs la majeure partie de la rentabilité de cette culture, ne puissent pas, au nom de cette rentabilité, financer eux-mêmes, un tel projet ?
Faisons, maintenant un peu de mathématiques.
Monsieur CARCENAC, vous expliquez que les exploitations moyennes concernées, pourraient irriguer environ 40 hectares chacune grâce au 1,5 millions de mètres cubes stockés dans le barrage de Sivens. Contrairement à ce que vous dites, la grande majorité des surfaces qui seraient irriguées grâce ce projet (cf : enquête publique) sont des surfaces en maïs ! Pour irriguer 1 hectare de maïs hydride, il est nécessaire de mobiliser, en moyenne 2 000 m3 d’eau. Ce barrage permettrait donc l’irrigation d’environ 800 hectares de ce maïs. Pour une moyenne de 40 hectares par exploitation, le projet ne peut donc que concerner environ 20 exploitations ! Ce qui signifie qu’un projet de 8,5 millions d’euros, d’argent publique, pour stocker de l’eau, ne va bénéficier qu’à 20 exploitations agricoles, parmi celles d’ailleurs les mieux dotées en aides publiques de la PAC ! Belle logique vertueuse ! En gros, sans trop caricaturer, 20 exploitations agricoles, parmi les mieux dotées d’aides publiques de la PAC, vont se voir attribuer une nouvelle aide publique indirecte d’un peu plus de 400 000 euros chacune ! 400 000 euros qu’elles ne peuvent pas financer seules et qui pourtant va servir à irriguer une plante, parait-il très rentable, à laquelle elles ne peuvent donc renoncer, et qui justifie donc la réalisation de ce barrage.
Qui parlait de bon sens paysan ?
Sur le fond toujours, Monsieur CARCENAC, vous convoquez le changement climatique, et vous avez raison, et les travaux de Garonne 2050 sur le sujet.
Ce que vous ne dites pas, Monsieur CARCENAC, c’est que ce scénario Garonne 2050, occulte, dans son analyse du changement climatique, le poids de l’agriculture dans ce changement climatique, et le rôle qu’elle peut jouer pour le limiter !
En effet l’agriculture est émettrice, en moyenne, de 20 % des gaz à effet de serre. Et ce n’est pas les moteurs des tracteurs les responsables, pas davantage d’ailleurs que les vaches qui pètent dans les prairies ! La contribution majeure de l’agriculture à la fourniture de gaz à effet de serre est liée à sa dépendance aux substances chimiques de synthèse, dérivées du pétrole, que sont pesticides et engrais azotés, dont on connait par ailleurs, les dégâts considérables dont ils sont responsables, sur cette même ressource en eau, mais aussi sur les équilibres, la biodiversité, et la santé.
Pour produire 1 kilo d’azote, il faut mobiliser 1,5 litres de pétrole. Sur un hectare de maïs, de blé ou de colza, le modèle agricole dominant apporte environ 200 à 250 kilos de cette azote de synthèse, induisant une dépendance au pétrole (et donc alimentant la fourniture de gaz à effet de serre) de 300 à presque 400 litres de pétrole par hectare, avant même d’avoir tourné la clef du tracteur !
L’agriculture occupe environ 70 % des surfaces de nos territoires et c’est une activité économique qui mobilise énormément d’argent publique via la PAC.
Ne devriez-vous pas, Monsieur CARCENAC, puisque ce changement climatique vous tracasse visiblement, accompagner, avec autant d’argent publique,  un modèle agricole qui, d’une part, renonce aux substances de synthèse et qui, d’autre part, redécouvre les vertus d’une agronomie qui sait s’en affranchir en mobilisant les ressources parfaitement gratuites et inépuisables que sont, l’azote atmosphérique, le carbone, la lumière, la vie des sols, etc. etc. ?
Ne devriez-vous pas intégrer, qu’avec autant d’argent publique fléché vers cette activité économique, il est urgent de restaurer un contrat moral décent avec la société civile, avec les contribuables, et faire en sorte que ces 70 % d’espaces occupés par l’agriculture soient des espaces de séquestration du carbone, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, tant l’usage massif de ces substances de synthèse (la France reste le premier utilisateur mondial de pesticides, en dose par hectare ! source ONU) ont dévasté la vie et donc, la fertilité, et par conséquent, la faculté des sols à séquestrer le carbone ? Les prairies humides semblables à celles que vous dévastez sur le Testet sont d’ailleurs unanimement reconnues comme de remarquables puits de carbone, contrairement à la pratique du maïs, qui elle, émet du carbone ! Ces deux paramètres fondamentaux, sont parfaitement occultés dans les différents scénarii de Garonne 2050 ! Et c’est pourtant là que sont les plus grandes marges de man½uvre pour lutter contre le changement climatique, plutôt que dans une posture fataliste, passive, qui ne prend pas le sujet à bras le corps, et qui préfère les fuites en avant en tentant de résoudre des équations, impossibles à résoudre justement ! Comment pensez-vous pouvoir, au motif de ce changement climatique, pouvoir répondre à des augmentations de températures, associés à des régimes hydrographiques sévères, nécessitant l’irrigation toujours plus exigeantes des cultures vidées de toute rusticité par la sélection génétique de plantes homogénéisées et standardisées, à partir d’une ressource de plus en plus rare et pour laquelle les priorités de gestion en bon père de famille, restent, d’abord l’eau potable, ensuite le bon état des milieux et enfin l’irrigation (article 2 de la loi sur l’eau) ?
Le stockage de l’eau n’est donc pas la bonne réponse ! Même Garonne 2050 le dit !
Savez-vous, Monsieur CARCENAC, qu’avec autant d’argent public, vous pourriez soutenir un modèle agricole, basé sur l’agronomie, apte à limiter et s’adapter au changement climatique, sachant s’affranchir des substances de synthèse (engrais & pesticides), sachant produire, oui, PRODUIRE, en s’appuyant sur des ressources parfaitement gratuites et inépuisables, préparant l’après pétrole, préservant les équilibres, les ressources et l’eau en particulier, la biodiversité (sauvage et domestique, animale et végétales), le climat et la santé ?
Que ce modèle, en respectant les capacités de la terre (avec un petit t) et la Terre (avec un grand T) à produire demain, garantit un avenir décent pour les générations futures ?
Savez-vous qu’il existe des variétés de maïs, mais aussi de tournesol, de blé, d’orge, d’avoine, et dans toutes les espèces, qu’on appelle « variétés populations » obtenues par une sélection convergente des hommes et du milieu, comme le faisaient déjà avant nous les mayas et les aztèques, il y a des millénaires, qui ont des caractéristiques techniques redoutables (fort taux de protéines par exemple) et qui permettent d’obtenir des rendements surprenants en cultures sèches, justement parce qu’elle sont parfaitement adaptées à leur zone de production, qui n’ont rien à voir avec les variétés standardisées proposées par les firmes semencières, et qui, de surcroit, redonnent aux paysans leur autonomie alimentaire, semencière et génétique ?
Savez-vous encore que l’arbre, que le modèle agricole de ces dernières décennies s’est acharné à faire disparaitre, que vous vous acharnez à faire disparaître sur la zone humide du Testet, est l’acteur central de ce modèle vertueux (agroforesterie, associant arbres et productions agricoles), qui fonctionne partout dans le monde en général, et en particulier, dans le Tarn  et qui « nous garantira demain la possibilité d’atteindre la souveraineté alimentaire sur toutes les zones de la planète » (Olivier de SCHUTTER, rapporteur spécial pour l’agriculture et l’alimentation à l’ONU) ?
Que ce modèle agricole vertueux est aussi la meilleure réponse économique pour les agriculteurs eux-mêmes qui voient leurs coûts de production diminuer de façon spectaculaire tout en faisant progresser leur rendement de 40 %, en moyenne, en France (source : INRA) ?
Réalisez-vous que dans un contexte où l’argent public se fait rare, que d’autres activités sont impactées négativement par ce modèle agricole chimique, comme la pêche ou la conchyliculture sur notre littoral. Que les contribuables sont mis à contribution à hauteur de 54 milliards d’euros par an (source : Cour des comptes – 2011), pour financer le retrait dans l’eau des seules pollutions agricoles pour obtenir de l’eau potable. Qu’engager des politiques, des logiques préventives, coûtent, en moyenne, 26 à 27 fois moins que s’acharner sur les logiques curatives, comme par exemple, le stockage de l’eau qui vient en soutien de ce modèle agricole qui refuse de se remettre en cause et qui transfert le coût des dégâts de ses pratiques sur le plus grand nombre? A savoir les contribuables, comme vous le faites vous-même en finançant ce projet de barrage et qui sont déjà ceux qui alimentent l’enveloppe PAC (11,5 milliards d’euros en France), distribuées à ces mêmes agriculteurs.
Ne pensez vous pas qu’il est désormais urgent de changer, d’avoir un peu de créativité, d’audace et de courage politique pour porter avec l’argent public, les vraies bonnes solutions, celles qui allument des cercles vertueux, qui préparent l’avenir des générations futures, loin des logiques corporatistes qui aveuglent à grands coups de propagandes et nous éloignent des véritables approches globales ?

Sur la forme maintenant, Monsieur CARCENAC, vous êtes cette fois pathétique. J’ai pris le temps de rédiger ce long courrier pour que la mort de Rémi ne soit pas vaine, ne soit pas inutile. Pour vous expliquez ce que vous n’avez visiblement toujours pas compris, et que vous sachiez que ce jeune étudiant de 21 ans, lui l’avait compris et que c’est pour ça qu’il était là-bas sur place, au Testet, pour préserver l’intérêt supérieur des générations futures !
Oui, il est mort, pour des idées, parce qu’il avait compris ce qu’en humble et modeste ambassadeur, j’essaye de vous expliquer dans ce courrier. J’aurais pu être Rémi, car je me suis également rendu sur place, où j’y ai d’ailleurs pu constater l’extrême violence des forces de l’ordre face à des militants pacifiques. Rémi aurait également pu être l’une de mes deux filles ou l’un de mes trois fils, tant ils sont également convaincus que de telles politiques publiques sont suicidaires pour les générations futures !
Rémi, jeune toulousain étudiant en biologie de 21 ans, a donc donné sa vie pour tenter de préserver l’intérêt supérieur qu’est l’avenir des générations futures !
Et cette mort, ne sera ni stupide, ni bête, comme vous le dites, si vous prenez maintenant conscience du message qu’il était venu porter sur la zone humide du Testet, lui et tous les nombreux autres citoyens opposants, si vous cessez immédiatement de tels travaux, si vous replantez des arbres au Testet, et si vous utilisez l’argent public du projet pour accompagner et pour soutenir une alternative agricole vertueuse, animée par une véritable approche globale, pour en faire un projet remarquable et exemplaire ! Et je suis prêt, si vous avez (enfin !) cette étincelle de lucidité, de conscience et d’humanisme, à mettre à votre service, gracieusement, en la mémoire de Rémi, de sa clairvoyance et de son engagement, mes connaissances, mes compétences, mes expériences et les réseaux capables d’accompagner un tel projet pour en garantir la réussite ! Faisons le ensemble Monsieur CARCENAC, pour qu’effectivement la mort de Rémi ne soit ni vaine, ni stupide, ni bête !

 

Benoît Biteau

Parti Radical de Gauche (Secrétaire National (Agriculture) & Délégué Régional)

Vice Président de la Région Poitou-Charentes,

Président de la commission « Ruralité, Agriculture, Pêche & Cultures marines ».

Membre du Conseil Maritime de Façade « Sud Atlantique » & Président de la Commission Mixte « Lien Terre – Mer »

Administrateur de l’Agence de l’Eau Adour – Garonne & Président de la Commission Territoriale «Charente »

Membre de l’Agence de l’Eau Loire – Bretagne

Administrateur du Conservatoire Régional des Espaces Naturels & du Conservatoire du Littoral

Élu référent du Conseil Régional pour le pays Marennes – Oléron.

Président de CA du Lycée de la mer.

Ingénieur des Techniques Agricoles.

Conservateur du Patrimoine Technique, Scientifique & Naturel.

Paysan Bio.

Lauréat 2009 du Trophée National de l’Agriculture Durable.

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Rejoignez #OccupySivens

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Rejoignez le mouvement #OccupySivens pour témoigner de votre indignation face à ce projet inutile et de votre profonde tristesse après la mort de Rémi Fraisse sur la ZAD du Testet. Exigeons l'arrêt immédiat des travaux.
Jacques Le Bris's insight:

Publiez votre message sur Twitter ou le site pour vous ajouter sur la carte et occuper symboliquement le Testet.

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▶ Terreur (d'État) au Testet

Séquences de l'ambiance avant la mort de Rémi
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