PS, Républicains, la classe politique cherche renouvellement désespérement | Think outside the Box | Scoop.it

Les congrès successifs du PS et du parti Les Républicains illustrent l’impuissance de la classe politique à se renouveller, par-delà les proclamations de personnalités conscientes que le statu quo alimente la forte défiance des Français à son égard.

 

Challenger à droite de Nicolas Sarkozy, qui, battu en 2012, repart à la conquête du pouvoir, Bruno Le Maire a exhorté samedi dernier à «faire tomber les murs» d’une classe politique qui «ne se renouvelle jamais».

«Vous butez contre les mêmes visages ? Nous allons vous en offrir de nouveaux. Vous butez contre les mêmes idées ? Nous allons en défendre de nouvelles», s’est ensuite élancé cet ambitieux quadra de l’ex-UMP.

L’homme n’est pourtant pas un novice en politique puisqu’il a été directeur de cabinet du Premier ministre Dominique de Villepin puis quatre ans ministre, aux Affaires européennes et ensuite à l’Agriculture pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

A gauche, Jean-Christophe Cambadélis a fait du «renouvellement des têtes et dans les têtes» un thème de sa campagne interne. A 63 ans, la première tête du PS fait cependant figure de vieux briscard de la vie politique française, adhérent au PS depuis 30 ans.

Rien à voir avec ce que l’on peut observer ailleurs en Europe, comme au Royaume-Uni, où Ed Miliband, le leader du parti travailliste, vient de jeter l’éponge au lendemain d’une cuisante défaite électorale.

L’Italie a vécu en 2014 un renouvellement de taille avec la rapide ascension de Matteo Renzi, 40 ans, jusqu’alors maire de Florence. Et l’Espagne, en crise, connaît l’émergence de nouveaux partis, comme le parti antilibéral Podemos ou le parti centriste Ciudadanos.

- Reproduction des élites -

«Je me retrouve dans Ada Colau», la femme en passe de remporter la ville de Barcelone qui vient du mouvement des Indignés, explique à l’AFP la députée Isabelle Attard. Cette ancienne directrice de musée, élue pour la première fois députée en 2012, a quitté EELV il y a quelques mois pour rejoindre le parti Nouvelle Donne.

Elle peste contre «la professionnalisation de la politique», ce «fléau» qui vous fait «commencer assistant parlementaire pour finir sénateur» et signe «un affaiblissement du pouvoir par rapport aux lobbies». Elle fustige «reproduction des élites» et «uniformisation» modelée par les cours à Sciences-Po.

«Je discutais récemment avec un député suédois qui m’expliquait qu’il hésitait entre professeur de ski ou l’import export après son mandat», relate à titre de comparaison Mme Attard.

Elle aurait aimé voir le cumul des mandats limité dans le temps, à l’instar du député-maire de Neuilly, Jean-Christophe Fromantin, aujourd’hui à l’UDI, qui garde un regard décalé et critique sur les partis politiques. «Cette règle aurait eu le mérite de créer une meilleure rotation, d’évincer les carriéristes et d’ouvrir le jeu à la société civile», explique-t-il dans un livre.

Un constat partagé dans l’opinion: selon un sondage Odoxa pour i-Télé publié vendredi, 73% des personnes interrogées pensent «qu’en général, les partis politiques ont tendance à empêcher les nouvelles personnalités politiques d’émerger».

Mais le renouvellement concerne aussi les idées. «Le renouvellement c’est le renouvellement du débat car le débat est mort», explique à l’AFP le député Les Républicains de Haute-Marne François Cornut-Gentille, auteur d’un rafraîchissant mais sombre essai intitulé «Gouvernez! Pour un nouvel exercice du pouvoir». Il n’a rien contre la professionnalisation mais déplore que «la modernisation» ne reste qu’un slogan.

«Il n’y a pas de renouvellement magique, ce ne sont pas les jeunes ou les vieux qui vont avoir les bonnes idées», explique-t-il. «Les gens disent qu’ils veulent des jeunes mais en fait ils veulent un horizon», ajoute-t-il.

«De gauche ou de droite, modérée ou extrême, la politique telle que nous la pratiquons, c’est-à-dire réduite à la défense des intérêts et à la lutte des marques, accouche d’une société plus injuste et plus violente, où le rôle de la politique et de l’Etat est à la fois de plus en plus réduit et de plus en plus contesté», écrit-il dans son livre.