96,8 % des entreprises françaises – soit 2,6 millions – comptent moins de 20 salariés. Elles représentent environ un tiers des emplois. Si chacune pouvait créer un ou deux postes, le problème du chômage serait sacrément allégé. Mais ce n’est pas la libéralisation du travail dominical ou autres macronneries qui suffiront à les y inciter. En 2014, un quart ont bénéficié du CICE, récoltant à l’arrivée un montant inférieur à mille euros dans un cas sur deux. Tout juste de quoi maintenir les emplois existants.
Un patron de petite entreprise se suiciderait tous les deux jours, selon l’observatoire AMAROK. Cette estimation non officielle doit être considérée avec précaution, mais traduit néanmoins le mal-être bien réel des dirigeants de TPE qui peinent à retrouver l’optimisme : 24 % d’entre eux affichent une trésorerie en déficit, 13 % ne se versent pas de salaire, 45 % redoutent une récession, 60 % ne voient pas de diminution du chômage avant 2018 et seuls 9 % envisagent d’embaucher en 2015. En cause, des carnets de commandes vides, l’allongement des délais de paiement, l’instauration du compte pénibilité, les charges administratives et fiscales, le poids de réglementations pléthoriques.
Autre boulet au pied des chefs d’entreprise, le calamiteux régime social des indépendants (RSI), dont les dysfonctionnements, dénoncés depuis son entrée en vigueur en 2006, ont été récemment détaillés par un édifiant reportage sur M6 : calculs de cotisations fantaisistes, service téléphonique inefficace, interlocuteurs inexpérimentés, retards dans les versements de pensions ou d’indemnités journalières… Un gigantesque foutoir informatisé qui a plongé nombre d’entrepreneurs dans des situations désespérées. Dès 2012, la Cour des comptes dressait un constat au vitriol : « réforme mal construite et mal mise en oeuvre », « mésestimation complète des contraintes techniques ». La direction du RSI a beau assurer que ses services sont en voie d’amélioration et se satisfaire d’une baisse de 11 % des réclamations, les affiliés ne voient toujours pas la différence. D’après un sondage du Syndicat des indépendants, 90 % jugent même que c’est encore pire. Le 9 mars prochain, ils manifesteront leur ras-le-bol à Paris. Le mouvement des « Libérés » va jusqu’à réclamer le droit de quitter l’organisme, dont il conteste la base légale.
Décrocher un crédit pour se remettre à flot ou se développer n’est pas non plus une partie de plaisir. 58 % des TPE ayant effectué une demande de financement à une banque rencontrent des difficultés à l’obtenir. Et si la solution venait du crowdfunding ? Ce mode de financement dit participatif, réalisé via une plate-forme Internet, apparaît comme une alternative de plus en plus crédible ou un complément aux emprunts bancaires. Une étude de l’institut Think révèle qu’un Français sur deux serait prêt à mettre la main à la poche pour aider une entreprise, à hauteur de 3.166 euros en moyenne : une manne potentielle de 75 milliards d’euros ! De leur côté, un tiers des TPE et PME envisageraient d’y faire appel. Se libérer des carcans, se réapproprier l’économie avant qu’elle ne nous broie, tel est sans doute le véritable antidote à la crise.