PRIMAIRE - La nature a horreur du vide. Au moment où le président de la République est au plus bas dans les sondages et alors que les partis installés se heurtent à un mur de défiance, les initiatives fusent de toute part pour bousculer un système institutionnel en pleine recomposition.
Tandis que les indignés de "Nuit debout" ont opté pour un sit-in permanent dans l'espoir de "préparer la société de demain", des citoyens engagés et des collectifs issus de la société civile misent quant à eux sur des primaires 2.0 pour faire émerger et imposer le candidat capable de rebattre les cartes de la vie politique française. Un pied-de-nez à la primaire des Républicains de novembre prochain qui enregistre d'ores et déjà une douzaine de candidats déclarés ainsi qu'à celle de la gauche dont on ignore encore si elle verra le jour.
Pour l'heure, rien ne permet d'affirmer que ces exercices de démocratie participative iront jusqu'à leur terme. Mais ils témoignent à leur manière du souhait d'une partie des Français de se réapproprier le débat public dans le cadre des institutions de la Ve République.
La "primaire des Français" et des micropartis
Cette semaine, plusieurs mouvements indépendants ont ainsi annoncé leur volonté commune de lancer une "primaire des Français" en opposition à celles des partis de gouvernement. Leur objectif: désigner un candidat à l'élection présidentielle de 2017 qui ne soit pas issu des formations politiques déjà représentées au Parlement. S'ils n'appartiennent ni aux Républicains ni au Parti socialiste ni au Front national, les chefs de file de ce collectif ne sont pas pour autant inconnus du grand public et se revendiquent pour la plupart proches d'une ligne libérale modérée.
On y retrouve ainsi l'ancienne candidate à l'élection présidentielle Corinne Lepage (CAP21), le parti centriste "Nous Citoyens" présidé par Nicolas Doucerain, l'eurodéputé Jean-Marie Cavada et son nouveau mouvement "Génération citoyens", "La Transition" de l'entrepreneur Claude Posternak, le "Pacte civique" de Jean-Baptiste de Foucauld ou encore le collectif "Bleu Blanc Zèbre" de l'écrivain Alexandre Jardin.
Quelle forme prendra donc cette primaire? Pour l'heure, personne n'en sait rien. Car le collectif de la "primaire des Français" espère récolter 500.000 signatures avant de mettre en place un processus structuré.
"En 2017, c'est un candidat de la société civile qui gagnera l'élection", s'est emballé Alexandre Jardin, raillant les primaires des "petits partis" dont le nombre de membres ne dépassent pas celui "de la fédération française de pétanque ou de canoé-kayak" et appelant tout le monde à "se bouger le cul". Ce vendredi 15 avril, un peu moins de 35.000 personnes avaient apporté leur soutien à cette initiative.
LaPrimaire.org, le scrutin garanti 100% web
Lancée il y a près de six mois par un avocat d'affaires et un ingénieur informatique,LaPrimaire.org a pris un temps d'avance sur la concurrence en proposant un scrutin ouvert à toutes les candidatures quelles qu'elles soient. Son ambition: "insuffler un nouvel élan démocratique à notre pays en favorisant le renouvellement" de ses élites et en contournant ses partis politiques.
La procédure de vote est radicalement simple: peut candidater qui le souhaite gratuitement, mais seuls les candidats ayant reçu au moins 500 soutiens des participants inscrits ne seront retenus d'ici à la fin du mois de juin. A charge pour eux de faire campagne afin de gagner un premier tour d'investiture (suivant un scrutin par préférence) avant une ultime confrontation finale au mois de décembre. Sera alors désigné le "Candidat citoyen" qui bénéficiera de l'aide de l'association pour réunir ses 500 parrainages d'élus en vue de se qualifier pour la présidentielle.
Premier biais, le délais risque d'être un peu court pour trouver les fameuses 500 signatures entre les mois de décembre et le 1er tour de la présidentielle. Second biais, les organisateurs se sont fixés un plancher de 100.000 participants pour aller jusqu'au bout de leur projet et rêvent d'atteindre le million d'ici le vote définitif au mois de décembre. Pour l'heure, un peu plus de 25.000 citoyens ont sauté le pas.