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Non, le pic de pollution n’est pas venu des centrales à charbon allemandes

Non, le pic de pollution n’est pas venu des centrales à charbon allemandes | Think outside the Box | Scoop.it

Des observateurs accusent l’Allemagne d’être à l’origine de la pollution de ces dernières semaines en France. Une affirmation largement démentie par les faits.

 

Les centrales à charbon allemandes sont-elles responsables du pic de pollution qu’a connu l’Ile-de-France début décembre ? Plusieurs observateurs ont défendu cette hypothèse ces derniers jours, à l’aide notamment de cartes météo, et le plus souvent contre l’avis des experts, selon lesquels il s’agissait d’un épisode majoritairement dû aux émissions locales. Et si certaines objections peuvent semblerpertinentes à première vue, elles sont en réalité largement démenties par les faits. Explications.

 

CE QUE DISENT LES SCEPTIQUES

Le think tank Les Econoclastes.fr a ainsi affirmé dans un billet que des vents d’est observés à la fin du mois de novembre auraient amené un nuage de pollution d’outre-Rhin vers la France.

 

 

http://s1.lemde.fr/image2x/2016/12/12/534x0/5047699_6_f453_le-site-les-econoclastes-fr-a-note-que-les_39f6e1f75454163ba8da396a75adc9a2.png

 

Nicolas Meilhan, l’auteur du billet, ironise :

« Bon finalement je me demande si on ne serait pas dans ce cas très rare “de vent d’est ou de nord-est, où l’import de particules est effectivement un problème puisque les émissions dans le secteur Nord-Est sont très importantes en raison de l’impact du Benelux et d’une partie de l’Allemagne. Maintenant je dis ça, je dis rien. »

L’expert en « énergie et transports » s’était déjà agacé quelques jours plus tôt sur Twitter que la pollution allemande soit passée sous silence, carte à l’appui.

 

https://twitter.com/NicolasMeilhan/status/806443551038918656?ref_src=twsrc%5Etfw

 

 

POURQUOI C’EST FAUX

La composition des particules permet de connaître leur origine

Pour comprendre de quoi il est question, il faut d’abord rappeler de quel type de pollution il est question. Dans le dernier épisode en Ile-de-France, mais aussi ailleurs en France comme dans la vallée du Rhône et en Europe, notamment à Londres, il était principalement question de particules fines PM10. Selon les mesures de l’Association de surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France (Airparif), la concentration en particules fines a atteint des niveaux particulièrement élevés du 30 novembre au 9 décembre.

Le terme PM10 désigne la taille des particules (un diamètre de 10 µm, soit 10 millièmes de millimètre, ou moins). Ces dernières sont considérées comme particulièrement néfastes pour la santé à forte concentration. Or, il existe différents types de particules PM10. Il est donc possible d’avoir des indications sur leur origine en fonction de leur composition.

C’est ce qu’a fait l’institut de mesure de la qualité de l’air pour le pic de pollution de début décembre : « Les centrales thermiques produisent des particules soufrées, explique Karine Léger, porte-parole d’Airparif. Or, il y en avait très peu pendant cet épisode de pollution, seulement des traces. »

A l’inverse, d’autres marqueurs relatifs à d’autres types de pollution ont été observés pendant le pic de pollution. C’est notamment à partir de cette base que les experts ont pu affirmer que la grande majorité de la pollution n’était pas d’origine industrielle (Allemagne comprise), mais issue du trafic routier et du chauffage au bois.

 

Une pollution « piégée » par les conditions météorologiques

Tous les épisodes de pollution n’ont pas les mêmes caractéristiques. « Dans certains cas, une part de pollution importée est observable, en plus de la pollution produite localement », reconnaît Karine Léger. Mais concernant celui de décembre en Ile-de-France, les conditions climatiques confortent l’idée d’une pollution majoritairement locale, assure-t-elle :

« Il y a eu sur la période une forme de couvercle d’air chaud à basse altitude au-dessus de l’agglomération, avec des vents très faibles. »

Les particules fines à Paris et autour étaient donc loin d’être charriées par les vents d’est. Elles ont surtout été produites localement, et se sont accumulées sur place, comme piégées par les conditions météorologiques. A Airparif, on fait d’ailleurs remarquer que le peu de vent présent pendant le pic de pollution venait « plutôt du secteur sud », d’où un panache de pollution plus marqué au nord de la région, plus particulièrement le jeudi 8 décembre :

http://s2.lemde.fr/image2x/2016/12/12/534x0/5047700_6_c7ec_le-panache-de-pollution-aux-particules-fines-le_32a2b9dbc765214c5354cb580c494c5f.png 

 

Que penser, alors, de la carte relayée par Nicolas Meilhan sur Twitter, qui semblait pourtant montrer que la pollution venait d’Allemagne ? Vérification faite, cette dernière vient de la plate-forme nationale Prev’Air qui donne des indications sur la qualité de l’air. Mais cette dernière a été interprétée de manière hâtive, nous explique Frédérik Meleux, ingénieur à l’Ineris et coordinateur de la plate-forme :

« Sur cet épisode, il y avait des vents quasiment nuls. Quand il y a un apport de pollution continentale, on voit une continuité des masses de pollution, sur plusieurs jours. »

Or, depuis fin novembre, on a surtout pu voir des masses de pollution localisées autour des grandes villes, sans continuité, relève l’ingénieur.

 

La pollution française s’exporte aussi

Les particules fines issues de l’activité industrielle de pays voisins ont pu en revanche jouer dans d’autres cas. Par exemple, sur quelques jours au cœur du pic de pollution de mars 2014 en Ile-de-France. Après plusieurs jours de pollution localisée et renforcée par l’absence de vent, des masses d’air venues de pays voisins s’y étaient ajoutées, donnant des concentrations en particules fines plus fortes encore, comme l’avait noté Frédérik Meleux dans une analyse à l’époque. Sauf que dans ce cas précis, il s’agissait surtout d’une pollution issue du transport routier et de l’agriculture, selon l’intéressé, et pas vraiment des centrales au charbon.

Si la pollution ne s’arrête pas aux frontières, il n’est pas si simple de distinguer la part qui vient d’Allemagne ou d’autres pays comme la Belgique et les Pays-Bas, qui ont eux aussi de fortes émissions. Sans oublier que la pollution française s’exporte aussi. « Il me paraît difficile d’extraire l’Allemagne et de dire qu’il y a là un comportement particulièrement différent », estime Frédérik Meleux.

La question des centrales à charbon allemandes revient régulièrement sur la table depuis que Berlin a décidé de sortir du nucléaire. Un choix qui rend le pays dépendant de ces infrastructures (la part du charbon dans la production d’électricité est restée stable, autour de 40 % du total) et le pénalise pour remplir ses objectifs climatiques.

Dans le même temps, la part des énergies renouvelables a tout de même fortement augmenté (elles représentent environ 30 % du total aujourd’hui). Mais ce débat, on l’a vu, n’avait pas grand-chose à voir avec le pic de pollution de décembre.

 

Lire aussi :   La pollution de l’air en neuf questions



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"Ils sont tombés sur la tête !" : Corinne Lepage accuse le gouvernement de vouloir abolir le principe pollueur-payeur

"Ils sont tombés sur la tête !" : Corinne Lepage accuse le gouvernement de vouloir abolir le principe pollueur-payeur | Think outside the Box | Scoop.it

Le texte provoque la colère des écologistes. Un amendement déposé mardi 1er mars par le gouvernement sur la loi biodiversité menace en effet le principe pollueur-payeurComme le détaille Libération, il permettrait aux pollueurs de ne rien payer en cas de préjudice écologique qu'ils auraient causé.

Ce texte propose d'inscrire dans la loi la notion de "préjudice écologique", une notion ajoutée en 2012 avec la jurisprudence Erika, du nom du pétrolier affrété par Total et qui s'est échoué le 12 décembre 1999 au large de la Bretagne, souillant les côtes françaises sur près de 400 kilomètres. Le groupe pétrolier français avait été condamné en 2012 à réparer les conséquences de cette catastrophe et à verser près de 171 millions d'euros.

Le problème, c'est que derrière cette bonne idée se cacherait un vice caché. Le texte précise certes qu'est "réparable (...) le préjudice écologique résultant d’une atteinte anormale aux éléments et aux fonctions des écosystèmes ainsi qu’aux bénéfices collectifs tirés par l’homme de l’environnement". Mais il définit aussi ce qui n'est pas réparable : "N’est pas réparable, sur le fondement du présent titre, le préjudice résultant d’une atteinte autorisée par les lois, règlements et engagements internationaux de la France ou par un titre délivré pour leur application."

"Ce sera à l'Etat de payer, donc au contribuable"

Traduction : si la pollution est causée par une activité autorisée par l'Etat, elle ne sera pas qualifiée de préjudice écologique et ne pourra donc pas faire l'objet de réparation par le pollueur.

Contactée par francetv info, Corinne Lepage est soufflée. "Mais ils sont tombés sur la tête !" s'insurge l'ancienne ministre de l'Environnement en découvrant l'amendement.

"On casse le principe pollueur-payeur et on s'achemine vers celui de pollué-payeur"

Corinne Lepage

francetv info

L'avocate s'alarme : "S'il y a des dommages à l'environnement, comme c'était le cas en 1999 avec l'Erika, ce sera à l'Etat de payer les dégâts, donc aux contribuables ! Sous prétexte de faire progresser le droit, le gouvernement organise sa régression en cassant toutes les avancées de l'arrêt Erika."

Elle lance l'idée d'une pétition 

Contactée par Libération, une autre ancienne ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, n'a découvert cet amendement que ce mardi. Elle aussi en colère, la députée PS compte déposer deux sous-amendements. Le premier pour "supprimer le permis de polluer que ce texte reconnaît" et le second pour retirer du texte la possibilité pour les pollueurs de ne pas payer les dégâts. 

Corinne Lepage, elle, a lancé sur Twitter l'idée d'une pétition pour empêcher "l'abolition du principe pollueur-payeur". Avec sans doute l'espoir qu'elle rencontre le même succès que celle contre la réforme du Code du travail

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