Le concours Lépine a récompensé une invention transformant les pneus usagés en pétrole.
vos pneus sont gorgés de pétrole. Mais le récupérer à la fin de vie des pneumatiques n’est pas chose aisée. Des entrepreneurs franco-allemands de l’entreprise Pyrum prétendent avoir trouvé la solution. Ils viennent de recevoir le Grand Prix duconcours Lépine – dont l’édition 2015 a récompensé des inventions ayant trait au recyclage, au tri et au traitement des déchets–.
L’astuce réside dans un traitement spécial appliqué aux fragments de pneus : la pyrolyse. Selon les dires des inventeurs, ils parviendraient de la sorte à convertir les pneus en pétrole pour 50 %, en coke pour 38 % et en gaz pour 12 %. Ce dernier, alimentant un gros groupe électrogène, permettrait de fonctionner en autarcie énergétique.
Le prototype d’unité de production Pyrum consiste en un silo de métal haut de 25 mètres. Dans ce récipient vertical et inerte (pour éviter la combustion), les fragments de pneu sont chauffés à 700ºC. Sur la multitude d’aspérités ornant les parois, les gaz émis se condensent en partie (50 %) en précieux liquide noir. « Après raffinage, ce pétrole peut être transformé à 60 % en équivalent diesel, à 30 % en équivalent essence et à 10 % en solvants », explique Pascal Klein, 28 ans, l’un des deux fondateurs de Pyrum, qui espère pouvoir commercialiser cette technologie dans les prochains mois.
Selon les chiffres de l’ADEME (Agence française de l’Environnement et de la maîtrise de l’énergie), quelque 17 millions de tonnes de pneus usagers sont générées dans le monde chaque année. Le marché potentiel est donc colossal. Les fabricants de pneumatiques n’ont pas attendu la venue de Pyrum pour s’y intéresser. Cela fait une vingtaine d’années qu’ils cherchent l’astuce qui permettra de faire du pneu en fin de vie une matière première pour en créer d’autres de nouvelle génération. L’un de ses fabricants « a déjà fait des pneus avec notre pétrole issu de la pyrolyse de pneu, il les a testés sur un circuit et il en était satisfait », commente le fondateur de Pyrum, avant de regretter leur manque d’engagement actuel.
Le coût de production de ce pétrole par pyrolyse s’élève à 0,2€/L, de quoi lui ouvrir les portes d’autres opportunités de réemploi.