« Coopérons ! » L'appel de Charlotte Marchandise, candidate citoyenne | Think outside the Box | Scoop.it
Dans un texte du 26 janvier 2017, Pascal Greboval, rédacteur en chef de Kaizen, appelait Benoît Hamon, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon à coopérer et à se rassembler derrière la candidate arrivée en tête de la primaire citoyenne du site Laprimaire.org, Charlotte Marchandise. Cette dernière a souhaité réagir dans une tribune. Elle invite tou-te-s les candidat-e-s qui se reconnaissent dans l’appel d’Edgar Morin « Changeons de Voie ; changeons de Vie » (lancé en septembre 2016) à dépasser leurs divergences pour proposer un grand projet commun faisant fi des ego de chacun.

Par Charlotte Marchandise-Franquet, avec toute son équipe.

Inventons une nouvelle voie politique en ralliant derrière un même étendard tous les candidat-e-s qui se reconnaissent dans l’appel d’Edgar Morin, et en élisant la figure de proue de manière transparente via jugement majoritaire.

Dans le paysage politique agité à l’approche de l’élection présidentielle, une idée est en train de  germer : celle d’une « alliance » entre les quelques candidat-e-s qui ont compris que nous vivons une mutation sociétale majeure, ceux qui ont compris que si nous devions échouer à préparer cette transition avec clairvoyance et à permettre un sursaut, nous la subirons tous avec les implications dramatiques qu’elle peut avoir. Cette idée de coopération, récemment évoquée dans un article publié ici même, mon équipe et moi y souscrivons. Il nous semble urgent de remplacer les clivages, parfois stériles et souvent incompréhensibles par la majorité des électeurs, par une dynamique de synergie fertile. Démontrer que nous savons unir nos talents et œuvrer avec conviction, au-delà des conformismes périmés et des quêtes personnelles. Démontrer que l’élection présidentielle n’est pas l’élection d’un personnage providentiel, mais le moment de porter un projet de société avec et pour les habitants de notre pays. Démontrer qu’en 2017, il est possible de faire un pas de côté, de faire de la politique autrement.

À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle.

Renouveler la méthode politique est impératif car l’ancien mode opératoire ne fonctionne plus. C’est un constat objectif : la confiance n’est plus là. Les derniers événements politiques, qui traduisent plus des rejets successifs que l’adhésion, en sont une preuve. Nous atteignons les limites politiques, sociales, humaines, écologiques, sanitaires et éthiques qui assurent la cohésion et la soutenabilité d’une société. Il y a une urgence démocratique à proposer un projet nouveau en lien direct avec les attentes des Françaises et des Français, à la hauteur des défis de notre époque, un projet construit de façon transparente et méthodique, main dans la main avec la société civile qui invente déjà ce futur aux quatre coins de nos territoires.

C’est un appel à une coopération fructueuse entre candidats porteurs de valeurs humanistes. Mon équipe et moi joignons avec enthousiasme notre appel à celui de Pascal Greboval et de Kaizen, bien que conscients que le monde politique comme les militants pourraient, au premier abord, juger la démarche « irréaliste ». Pourtant, beaucoup d’électeurs appellent de leurs vœux une voie différente, citoyenne, avant-gardiste ! Nous voulons voter Pour, sans calculs et sans arrière-pensées. Il est temps de secouer les habitudes, de bousculer les certitudes. Le monde à venir est incertain, nous entrons dans une zone de turbulences inédite à laquelle les politiques « classiques » sont inaptes à nous préparer sérieusement ; réagissons ! Montrons que nous pouvons innover politiquement et nous mettre en capacité d’avancer dans le XXIe siècle. L’enjeu justifie l’audace.

Edgar Morin sur le tournage de « Chronique d’un regard »

Alors, nous appelons de nos vœux que les candidat-e-s qui se reconnaissent dans l’appel « Changeons de Voie, changeons de Vie » lancé récemment par Edgar Morin se réunissent, avec énergie et bienveillance, pour mettre en commun nos forces vives et co-élaborer un projet dans un esprit d’ouverture constructif, rationnel et respectueux. La question du ou de la « candidat-e officiel-le » est une question, bien qu’importante, secondaire ; Pascal Greboval suggère que je sois la « tête de gondole » et propose aux autres candidats de se rallier derrière moi : j’en suis flattée et l’en remercie… mais ce ne devrait pas être le point focal du débat. Le choix du ou de la président-e de transition (qui présidera le temps d’instaurer une nouvelle forme démocratique, construite par et pour le peuple) peut se faire dans un second temps via jugement majoritaire.

Avant tout il est essentiel que cette alliance se fasse en pleine lumière, en toute transparence. Les négociations secrètes et les accords opaques contribuent à la défiance généralisée envers la politique. Avant tout il est essentiel que nous affirmions les valeurs d’un projet de société qui nous rassemble.

La source de mon engagement est le projet d’une société équilibrée, éthique, fraternelle et tournée vers l’avenir. Le moteur qui nous anime, avec les milliers de personnes qui ont participé au processus de LaPrimaire.org, est de construire ce projet en sortant des clivages partisans et des jeux d’alliances du siècle dernier. Nous voulons construire collectivement ce projet en regardant l’avenir en face, et non pas en se projetant dans des prolongations illusoires du modèle socio-économique tel qu’il existe aujourd’hui. Contrairement à ce qui nous est répété, l’utopie consiste à croire que la tendance peut être maintenue et le pessimisme consiste à penser que ce monde peut continuer sans changement profond ; le pragmatisme et l’optimisme, eux, résident dans l’élaboration collective d’une vision du monde novatrice, réaliste car non dogmatique, responsable car lucide, désirable car fraternelle.

Faisons la démonstration qu’un projet à la hauteur de cet enjeu peut être incarné et matérialisé, et posons de nouvelles perspectives pour un avenir viable et enviable pour tous. Démontrons que nous comprenons l’immensité de l’effort de réinvention à fournir : agir en responsabilité requiert de coopérer, afin d’éviter de diviser les seules forces politiques aptes à fournir des réponses durables à une société en voie de délitement et en quête de sens. Donc oui, coopérons, consoeurs et confrères candidat-e-s ! Faisons front uni contre les projets mortifères, dépassons les divergences secondaires et regroupons derrière les convergences nos énergies, nos convictions, nos compétences et nos ambitions pour la France et pour le monde. Proposons un grand projet commun plus fort qu’une somme de projets disjoints, stimulons nos concitoyens d’espoirs enfin réalistes, et ébranlons de façon salutaire ce système verrouillé par quelques puissants agrippés à leurs privilèges : ensemble, nous avons les clefs d’un renouveau vital, d’une reconstruction de la société ; ensemble nous pouvons poser les fondations d’une révolution douce qui soit rigoureuse sur le plan économique, écologiquement soutenable et génératrice de conditions d’épanouissement pour chacune et chacun. Une révolution démocratique.

Le système politique actuel privilégie l’accession au sommet de l’État d’une élite politicienne présélectionnée pour nous par une minorité influente. Par la mise en symbiose de nos forces nous avons la possibilité extraordinaire, et plus que jamais indispensable, de prouver aux Françaises et aux Français que l’exercice du pouvoir est une charge qui nécessite d’une part une lucidité au-delà des doctrines de la pensée politique ordinaire et d’autre part une volonté de se mettre au service de l’intérêt du plus grand nombre. Face aux « people » de la politique-spectacle et aux obsessionnels de la conquête du pouvoir, il nous appartient de proposer une coalition d’une portée et d’une puissance inédites, et de nous mettre ensemble au service de valeurs communes, d’une vision et d’une approche partagées, d’un projet de société visionnaire pour la France et l’avenir collectif. Nous avons d’ailleurs une responsabilité inédite : les candidats traditionnels ne sont pas assez crédibles, et pas suffisamment fiables aux yeux des électeurs, pour enrayer le danger du Front National qui peut être la dernière phase « dégagiste » de citoyens désespérés.

Les graines de meilleurs lendemains peuvent prendre racine dans cette brèche politique qui se profile. Si tous les candidats concernés par cet appel s’animent d’une volonté commune, alors nous saurons nous mettre d’accord sur des règles méthodologiques simples permettant d’assurer que la recherche de l’intérêt général durable prime systématiquement sur les ego respectifs ; et si nous savons faire preuve de ténacité et de professionnalisme, nous transcenderons nos dissemblances et en ferons des atouts : je suis certaine que l’irréaliste peut alors se réaliser.

Cette innovation démocratique a une capacité concrète à produire une société souhaitable et adaptée aux nouveaux défis comme aux nouvelles possibilités d’un monde en mutation rapide. Nous pouvons changer le monde !

Au plaisir, donc, de travailler ensemble avec ambition et humilité pour avancer dans ce grand projet et façonner de nouvelles voies, de nouvelles vies.