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L’intérêt des Français pour l’information atteint son plus bas niveau historique, selon un baromètre

L’intérêt des Français pour l’information atteint son plus bas niveau historique, selon un baromètre | Think outside the Box | Scoop.it

D'après le baromètre 2020 pour le journal La Croix, 59% des Français interrogés suivent les informations avec intérêt, un chiffre en baisse de 8 points par rapport à l'année précédente.

 

L’intérêt des Français pour l’information atteint son plus bas niveau historique, indique le baromètre 2020 sur "la confiance des Français dans les médias", réalisé par le cabinet Kantar pour le journal La Croix. La 33e édition de cette enquête annuelle, diffusé jeudi 16 janvier dans le journal La Croix et sur le site la-croix.com, indique également un léger rebond de la confiance envers les médias.

>> Les médias ont trop parlé des gilets jaunes et de la fausse arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès, selon un baromètre

D'après ce baromètre, 59% des Français interrogés suivent les nouvelles avec un intérêt "très grand" ou "assez grand", soit une baisse de 8 points par rapport à l'année précédente. Jamais ce chiffre n'était descendu aussi bas depuis le lancement du baromètre en 1987. À l'inverse, 41% des personnes interrogées ont un intérêt "assez faible" ou "très faible" pour les nouvelles.

La confiance envers les médias en hausse

La confiance envers les médias traditionnels connaît quant à elle un léger rebond, 46% des Français affichant leur confiance (+ 2 points). La radio reste le média avec le plus fort taux de confiance (50%), devant la presse écrite (46%) et la télévision (40%). Internet suscite une incrédulité jamais atteinte (23% de confiance). Les efforts des rédactions restent globalement peu perceptibles : un an après l’émergence des "gilets jaunes", 71 % des Français n’ont pas le sentiment que les médias rendent "mieux et davantage compte" de leurs préoccupations.

Ce baromètre analyse aussi le choix des sources d'information. La radio et la presse écrite, citées respectivement par 15% et 4% des sondés comme moyen d’accès principal à l’information, sont de plus en plus marginalisées par la télévision (48%) et le numérique (32%). Le fossé générationnel se creuse, les plus de 65 ans optant à 65% pour le poste de télé, tandis que les plus jeunes s’en détournent (18% des 18-24 ans).

Les infox repérées sur Internet

Globalement, 59% Français sondés estiment qu'ils repèrent les infox sur Internet, un chiffre en baisse de 3 points. Les jeunes (72%) et les plus diplômés (67%) estiment être ceux qui en détectent le plus. Qui sont les acteurs qui devraient agir contre la propagation des fausses nouvelles ? Les sondés répondent d’abord "les journalistes" (à 38%) puis "les organismes de contrôle" (36%). La catégorie 18-24 ans désigne en premier "les citoyens eux-mêmes" (36%).

Le détail de ce baromètre est diffusé ce jeudi 16 janvier dans le journal La Croix, ansi que sur le site la-croix.com. Ce baromètre a été réalisé par le cabinet Kantar pour La Croix entre le 2 et le 6 janvier 2020. Les entretiens ont été réalisés en face à face selon la méthode des quotas, auprès d’un échantillon de 1 007 personnes, représentatif de l’ensemble de la population française âgée de 18 ans et plus.

 

 

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Huit médias français s’allient à Facebook contre les « fake news »

Huit médias français s’allient à Facebook contre les « fake news » | Think outside the Box | Scoop.it

Le réseau social va déployer en France son dispositif de signalement par ses utilisateurs d’une information qu’ils pensent être fausse. Celle-ci pourra ensuite être vérifiée par des médias partenaires, dont « Le Monde ».

Huit médias français, dont Le Monde, ont décidé de collaborer avec Facebook pour réduire la présence de fausses informations sur le réseau social. L’annonce en a été faite, lundi 6 février, par l’entreprise américaine, soumise à d’importantes pressions ces dernières semaines pour lutter davantage contre la prolifération de fake news, considérée par beaucoup comme un élément marquant de la dernière campagne électorale aux Etats-Unis.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2017/02/06/huit-medias-francais-s-allient-a-facebook-dans-sa-lutte-contre-les-fake-news_5075054_3236.html#dHDL2diCihy0koyq.99

 

Concrètement, le projet est de déployer prochainement en France un dispositif similaire à celui qui a été mis en place en décembre aux Etats-Unis avec le concours de cinq médias (ABC News, AP, FactCheck.org, Politifact et Snopes), et qui doit prochainement être lancé en Allemagne, avec la rédaction de Correctiv. En France, outre Le Monde, les médias partenaires sont l’Agence France-Presse (AFP), BFM-TV, Franceinfo, France Médias Monde, L’Express, Libération et 20 Minutes. Après la France, Facebook projette de poursuivre le déploiement dans d’autres pays.

Ce dispositif permet aux utilisateurs, grâce à une nouvelle catégorie de signalement, de « faire remonter » une information qu’ils pensent être fausse. Les liens signalés sont rassemblés au sein d’un portail, auquel les médias partenaires ont accès. Ceux-ci peuvent dès lors vérifier ces informations.

Si deux médias partenaires établissent que le contenu signalé est faux et proposent un lien qui en atteste, alors ce contenu apparaîtra aux utilisateurs avec un drapeau mentionnant que deux « fact-checkers » remettent en cause la véracité de cette information. Quand un utilisateur voudra partager ce contenu, une fenêtre s’ouvrira pour l’alerter.

image: http://s2.lemde.fr/image2x/2017/02/06/534x0/5075052_3_5ded_pour-les-liens-signales-comme-problematiques_09bee2c7a1ae0e8479434431095079a1.png

 

 

 

 

Expérimentation

Ce contenu ne pourra pas donner lieu à une exploitation publicitaire sur Facebook. Quant à l’algorithme qui programme la distribution des contenus aux utilisateurs, il « pourra » réduire la circulation du « fake », selon les termes du communiqué de l’entreprise américaine.

« C’est cet élément qui nous a décidés, explique Jérôme Fenoglio, directeur du Monde. Pour la première fois, il serait possible d’agir sur un algorithme quand un contenu pose un problème éditorial. »

Avant ce déblocage, la décision de rejoindre ou non l’initiative de Facebook a suscité d’importantes hésitations au sein des médias. Le modèle proposé par le réseau social ne revient-il pas à faire à sa place le travail de chasse aux « fake news » ? L’accepter, n’est-ce pas permettre à un Facebook sous pression de montrer patte blanche et faciliter sa communication ?

Finalement, le pragmatisme l’a emporté et les titres concernés ont décidé d’avancer, tout en insistant sur le fait qu’il s’agit d’une expérimentation dont un premier bilan sera rapidement mené, dans deux mois. Le besoin de ne pas se désunir, pour discuter demain avec Facebook dans les meilleures conditions, a également joué. « On a tout intérêt à se serrer les coudes et à travailler ensemble sur ces questions », estime Michèle Léridon, directrice de l’information de l’AFP.

Lire aussi :   La traque ardue des « Fake news »

De chaque côté, on sait que si l’expérimentation devait se prolonger, la question des compensations pour le travail spécifique que les médias réaliseraient serait nécessairement posée. Même s’il ne s’agit dans un premier temps, de part et d’autre, que de tester et d’évaluer.

En parallèle, une autre plate-forme dont Google est partie prenante, et soutenue par Facebook, a également annoncé son lancement prochain : CrossCheck, au sein du projet First Draft. CrossCheck permettra au public de soumettre des questions et rassemblera les informations fournies par les seize médias français partenaires, dont à nouveau l’AFP, Le Monde, Libération, Franceinfo et France Médias Monde.


Alexis Delcambre
Journaliste médias

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Quand les médias deviennent fous

Quand les médias deviennent fous | Think outside the Box | Scoop.it

Saynète révélatrice : le 20 juillet dernier, à l'émission "C dans l'air", sur France 5, Gérard Chaliand mit brusquement les pieds dans le plat au sujet du terrorisme. Âgé de 82 ans, cela fait soixante bonnes années que notre confrère Chaliand étudie, sur le terrain, les guérillas de l'ancien tiers-monde, et le terrorisme qui - parfois - les accompagne. Disons que, sur le sujet, il en savait dix fois plus tous les invités réunis. Les pieds dans le plat ? Il demanda brusquement à la cantonade si l'on se rendait bien compte du rôle insensé que jouent les médias dans cette affaire. Pour le dire d'une autre façon, il évoqua l'espèce de crétinisme inconscient qui fait des médias - talonnés par les réseaux sociaux -les complices objectifs du terrorisme. Pour ne pas dire pire. Axel de Tarlé animait ce jour-là l'émission. Il balaya courtoisement la question de Chaliand ( "0ui, bien sûr, on sait que les médias offrent une caisse de résonance" ), avant d'en revenir très vite aux parlottes convenues sur l'état d'urgence. Manifestement, il n'avait pas vu passer la balle. Et quelle balle ! Tarlé n'avait pas réalisé que Chaliand désignait la dérive redoutable de nos démocraties, celle qui amène à exécuter bêtement la « feuille de route des terroristes ». En gamins obéissants… Comme par un fait exprès, le surlendemain, sur France Inter, l'excellent sociologue Michel Wieviorka entreprit lui aussi de minimiser le rôle mortifère des médias et leur fonction inconsciente d'idiots utiles du terrorisme. On avait envie de se pincer. Quoi ? Même lui ?

 

Si je reviens une fois encore sur cette dérive médiatique, que j'ai déjà abordée plus de dix fois dans cette chronique, c'est sur un ton plus inquiet. Cette fois, je ne dénonce pas seulement les dérapages les plus grossiers (j'allais écrire "rustiques"), qui réveillent de temps en temps les commentateurs. Parmi ces dérapages rustiques, nous citerons les tueries de Nice, et l'irresponsabilité bêtasse de l'équipe de France 2, intoxiquée par l'obsession du scoop, au point de perdre les pédales. Penché vers un homme, hagard, dévasté, assis sur la promenade des Anglais juste à côté des corps de sa femme et de son fils recouverts d'un drap, le journaliste l'interrogeait pour un "micro-trottoir" ignominieux. Dès le lendemain, la direction de l'information de France Télévisions présenta ses excuses aux téléspectateurs, en désavouant le directeur-adjoint des services politiques de France 2. C'était la moindre des choses. Ces dérapages caricaturaux existent, certes, et doivent être stigmatisés sans complaisance. Mais la  "folie médiatique" dénoncée par Chaliand embrasse une réalité beaucoup plus vaste, multiforme, sociétale. Il faut prendre le temps d'en examiner posément les dimensions. Désignons quelques pistes. Il y a d'abord le "trop". Après chaque attentat, les médias ont l'habitude de le monter en épingle, en continu, pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures, voire davantage.

 

A toute heure, sur toutes les chaînes et les stations,on répercute à n'en plus finir les échos du carnage. On ajoute un détail, puis un autre. On fait réagir les "people" ou les quidams. Bref, on organise autour de l'attentat un tintamarre assourdissant. Sans réaliser que c'était précisément le but recherché par les tueurs. Oh, bien sûr, il faut toujours donner l'information, et la plus complète et précise possible. Mais sans singer ces racoleurs de spectacle qui invitaient jadis le passant à entrer sous le chapiteau. Entrez ! Entrez ! Mesdames Messieurs, il y a des choses à voir ! Le pire reste le soin particulier avec lequel on fait le portrait du tueur, au risque de susciter des vocations au meurtre, et d'amorcer une sanglante épidémie mimétique. On joue là sur la fascination pour le crime, syndrome connu, dont l'expert psychiatre Daniel Zagury a retrouvé trace dans l'étrange starification des tueurs en série, façon Guy Georges ou Michel Fourniret. Une starification dont Hollywood a d'ailleurs fait son profit. Zagury, qui s'intéresse aujourd'hui aux terroristes, leur applique le même diagnostic : "On a tendance à héroïser négativement ces tueurs. [… ] On les conforte alors dans leur fantasme de toute-puissance." (1) Ce sont donc ces terroristes - qu'ils soient ou non kamikazes - que l'on mythifie aujourd'hui comme « par accident ». Oui, c'est fou ! Comme est folle la surenchère sécuritaire dans laquelle se jettent à corps - et âme - perdus les ténors politiques que les médias obsèdent. Au fait : les médias et les ténors politiques allemands en ont-ils fait autant ces dernières semaines. Pas sûr.

 

(1) "La Croix", 15 mai 2016.

Jean-Claude Guillebaud

Journaliste

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Sept idées fausses sur les médias

Sept idées fausses sur les médias | Think outside the Box | Scoop.it

Les gardiens de nos médias CAC 40 ont une rhétorique bien rodée pour se garder de toute critique, et continuer à passer pour des héros des libertés publiques tout en oeuvrant à verrouiller le système d’information français.

Demi-vérités, mythes éculés ou mensonges éhontés, certains de leurs arguments s’avèrent hélas encore très efficaces auprès du public. Voici comment s’armer intellectuellement contre ces pseudo-évidences en sept leçons.

 

Les journalistes ont-ils trahi, au sens où Julien Benda pu parler en son temps d’une trahison des clercs ? On pourrait le penser, à voir avec quelle ardeur certains d’entre eux défendent les pouvoirs en place, mordent les mollets des quelques réfractaires, et se satisfont globalement d’un fonctionnement où leurs seuls interstices de liberté sont pourtant condamnés à demeurer sans vraie portée. L’idée de trahison est toutefois peu adaptée, la plupart des journalistes n’ayant pas une claire conscience de l’idéal professionnel qu’ils sacrifient en se faisant les défenseurs d’un système des médias devenu profondément vicieux dans son fonctionnement, et dangereux dans ses implications démocratiques. La plupart n’agissent pas avec l’intention de nuire. Eux-mêmes sont en effet devenus, via l’instruction reçue dans les écoles de journalisme, ou la formation sur le tas dans les open spaces des rédactions contemporaines, le produit d’une vision javélisée de ce métier qui ne leur permet plus d’accéder au sens que celui-ci pouvait avoir, lorsque la grande presse d’opinion existait encore. Accompagnateurs enthousiastes de la ruine de leur profession, beaucoup de journalistes ont l’impression sincère de défendre un système actionnarial certes pas parfait, mais suffisamment bon, au sens où la psychanalyste Mélanie Klein, parlait de soins maternels suffisamment bons pour ne pas trop amocher un psychisme. Lorsqu’ils interviennent dans l’espace public pour patrouiller en faveur de leurs actionnaires, qualifier de complotistes les détracteurs d’un système d’information gardienné dans sa quasi-totalité par les entreprises du CAC 40, et certifier la liberté d’expression dont ils jouissent, certains d’entre eux ont même réellement le sentiment de s’inscrire dans un glorieux combat historique en faveur de la vérité des faits. Si on les attaque, n’est-ce pas d’ailleurs le signe qu’ils gênent ? Si on les malmène dans les meetings, si on les insulte sur les réseaux, n’est-ce pas la preuve qu’ils ont mis leurs pas dans les traces des deux Albert, Londres et Camus ?

A cela, ajoutons que l’idée de traîtrise ne convient pas davantage à la sociologie nouvelle de ce métier, aux nouvelles lignes de front que celle-ci commence malgré tout à esquisser, et aux espoirs qui peuvent tout de même en naître. Plutôt que des Judas, beaucoup de journalistes sont en effet désormais des estropiés de ce système. Si on laisse de côté la fine pellicule des éditorialistes surpayés et fanatiquement dévoués à la perpétuation de ce dernier, la précarisation galopante de la profession est désormais une réalité. Il s’agit désormais d’un milieu où, pour parler crûment, on peut obtenir la sacro-sainte « carte de presse », et donc être déclaré journaliste professionnel, pour un revenu mensuel correspondant à la moitié d’un Smic. Lorsque l’on sait que, malgré cela, le nombre de cartes de presse a pour la première fois reculé en France depuis 2015, cela en dit long sur la réalité salariale d’un métier que la destruction en cours du code du travail va bien sûr encore considérablement contribuer à dégrader. Ainsi beaucoup de journalistes sont-ils en train de changer de classe, c’est un fait. Seulement voilà, même chez ces gens-là, et à cet égard la puissance de l’idéologie ne laisse pas d’impressionner, vous en trouverez encore très peu à cette heure pour remettre en question le système général de possession des médias pourtant en grande partie responsable de leur situation. Ou pour quitter le domaine de la plainte purement locale, et réclamer autre chose que des « chartes éthiques », c’est-à-dire de bonnes paroles de leurs actionnaires, des promesses vertueuses de non-intervention, et autres airs de flûte grandioses qui n’engagent que ceux qui les écoutent.

Autant de raisons pour lesquelles, aujourd’hui, il est plus que jamais important d’identifier les différentes idées fausses qui empêchent le public de prendre conscience de la nécessité de s’emparer de la question des médias, et d’en faire une question politique prioritaire. Ces verrous-là, je viens de le dire, ils sont souvent entretenus par les journalistes eux-mêmes. Parfois ce sont de pseudo-évidences en réalité erronées, parfois des mensonges éhontés, parfois des mythes consolateurs pour la profession, mais tous ont en tout cas un très fort pouvoir de neutralisation, et entretiennent le public dans l’idée que finalement, il y a quelques brebis galeuses dans ce métier, mais que globalement tout ne va pas si mal, que tout pourrait même être pire, et surtout que l’on ne voit pas comment cela pourrait aller beaucoup mieux. J’en ai listé sept au total. Il est absolument indispensable d’avoir ces sept idées trompeuses en tête, et de s’armer intellectuellement face à elles. Car désormais, c’est bien le drame, nous ne retrouverons pas une véritable vie démocratique tant que, d’une façon ou d’une autre, la situation dans les médias n’aura pas été déverrouillée.

1/ Première idée fausse : les actionnaires de médias « n’interviennent » pas

(...)

2/ Deuxième idée fausse : on ne peut pas se passer de ces grands capitaux privés

(...)

3/ Troisième idée fausse : critiquer les médias c’est attaquer les personnes

(...)

4/ Quatrième idée fausse : la diversité existe, « les médias » ça n’existe pas

(...)

5/ Cinquième idée fausse : les journalistes doivent être neutres

(...)

6/ Sixième idée fausse : les journaux sont par définition des forces démocratiques, à défendre quoiqu’il arrive

(...)

7/ Septième et dernière idée fausse : les médias ne peuvent pas grand-chose

(...)

 

Aude Lancelin

 

Ce texte (ici élagué) est une version augmentée de l’intervention prononcée le 13 septembre 2017 au colloque « Penser l’émancipation », qui s’est tenu à l’université de Vincennes, sur le thème : « Médias, la nouvelle trahison des clercs ». Merci aux organisateurs de la revue Période.

 

 

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Politiques, intellectuels, médias, reprenez-vous vite !

Politiques, intellectuels, médias, reprenez-vous vite ! | Think outside the Box | Scoop.it

Il est temps de prendre conscience de la situation

Nous aurions pu récupérer un peu dans la torpeur de l’été, oublier les averses printanières, nos inquiétudes quant à l’avenir politique du pays ; guérir nos récentes blessures de guerre et espérer des fous d’Allah, une trêve.

Nous n’aurons eu aucun répit. Des attentats islamistes nous ont frappés, une fois de plus : en France, l’indescriptible massacre du 14 juillet à Nice, puis le père Hamel égorgé dans son église de Saint-Etienne du Rouvray ; en Allemagne aussi, et toujours en Syrie, etc.

 

Après la tuerie de Nice, alors que le décompte invraisemblable de tués et de blessés tombait comme autant de mares de sang noyant la ville sous l’horreur, les réseaux sociaux mais aussi des médias et des politiques ont rivalisé des poncifs habituels : « c’est l’œuvre d’un fou », « il n’est même pas religieux », « pas d’amalgame », qui ont résonné comme autant de coups supplémentaires portés aux victimes.

L’enquête progressant, il fut rapidement établi que ni l’attentat de Nice, ni plus tard l’assassinat de Saint Etienne du Rouvray, n’étaient l’œuvre de malades mentaux délirants. Les hommes qui ont commis ces horreurs ne sont ni déséquilibrés ni solitaires.

Dans tous les cas, si quelqu’un peut me dire ce qu’est un terroriste islamiste équilibré, je suis preneuse ! Vouloir édifier au vingt-et-unième siècle, un grand califat et asservir la planète toute entière pour y parvenir, c’est sensé vous croyez ?

Les hommes qui s’engagent dans le djihad et commettent ces attentats islamistes, ne sont pas plus déséquilibrés ni solitaires que bien d’autres. Ils sont souvent délinquants, peuvent être alcooliques ou toxicos, instables et parfois violents ils ont pris l’habitude de transgresser les lois ; ils ne viennent pas de milieux nécessiteux ; ils ont des appuis, des réseaux ; ils ont méthodiquement planifié leurs actes, en prenant leur temps et avec un sang-froid hors du commun.

Ils ne sont pas forcément très religieux, ils se sont radicalisés plus ou moins vite, mais tous se sont tournés vers Daech, fascinés par sa propagande, pour venger leurs frustrations petites ou grandes et vomir leur haine des valeurs occidentales.

Ils sont attirés par l’organisation paramilitaire de Daech, son dessein sectaire d’une nation islamique mondiale : terrasser des mécréants et la civilisation occidentale pour instaurer un grand califat islamique, c’est sans nuance et cette implacable et virile toute puissance est à même de les galvaniser suffisamment pour passer à l’acte sans arrière-pensée.

Ils obéissent aux derniers commandements de Daech qui recommande de ne plus rejoindre le califat mais de frapper sur place. Nul besoin de se former en Syrie, ni même de se procurer des armes lourdes, n’importe quel objet, véhicule, peut devenir une arme par destination et tuer.

 

Apprendre que le terroriste de Nice a commis des violences conjugales n’a rien de bien étonnant ; en revanche, tous les hommes violents ne deviennent pas terroristes, il ne resterait plus grand monde sur terre ! Les coupables de violences conjugales et plus généralement violences de genre, sont de tous les milieux sociaux, de toutes les religions ou athées, et de toutes les obédiences politiques.

Si les violences conjugales n’expliquent pas à elles seules le ralliement à Daech, (nous ne lutterons évidemment pas contre l’islam radical en luttant seulement contre les violences conjugales), il est malgré tout légitime de s’interroger sur le lien entre machisme, masculinisme et terrorisme car seules des sociétés patriarcales peuvent inventer et développer des systèmes totalitaires aussi mortifères.

 

 

Comment avons-nous pu jusqu’ici, supporter en silence, autant d’aberration ?

Le religieux prend infiniment trop de place dans nos sociétés livrées au capitalisme sauvage et mondialisé. Sans régulation et une meilleure répartition des richesses, les plus démunis et fragilisés peuvent se tourner vers ce qui les réconforte à bon compte ; les intégristes ne se privent alors pas de les recruter.

Il faut toutefois relativiser cette influence en matière de terrorisme islamiste : la plupart des djihadistes sont issus de familles relativement aisées. Certains se sont radicalisés après un long parcours d’endoctrinement religieux et d’entraînement en Syrie ou ailleurs, mais dans les cas de radicalisation dite « rapide », il semble plutôt que ces hommes brièvement exposés à la propagande djihadiste (via Internet, des relations, un imam aux prêches douteux…) compensent des frustrations d’ordre privé, telles par exemple, des difficultés de couple, en se vengeant, en se projetant héros de la nation islamique.

Il est intéressant de noter qu’à l’occasion des attentats, les religions se confortent mutuellement (en tous cas le catholicisme et l’islam) : assoir leur emprise et tacler la laïcité, ne leur déplait pas.

Les récents propos du pape sont révélateurs : avec aveuglement, il a mis sur le même plan les violences islamiques et catholiques, comparant les massacres terroristes commis par Daech avec les violences et crimes commis individuellement par des catholiques. Oui, les violences machistes du système patriarcal tuent chaque jour mais on ne peut pas comparer un système politique visant à l’instauration d’une dictature politico-religieuse avec des crimes individuels. Le nazisme pourrait-il être réduit à des crimes machistes individuels ?

 

L’envahissement du religieux, l’influence des réseaux intégristes catholiques  pro-vie et anti-mariage pour tous et les concessions constantes à « l’islam de France », sont insupportables. Ils répondent aussi à un besoin de reprise en mains d’hommes et même de femmes, perturbés par la perte d’un  mode de vie et de rapports de genre traditionnels. Pour beaucoup d’hommes, c’est un moyen de réaffirmer la domination masculine.

Trop de politiques, intellectuels et médias semblent avoir perdu tout esprit critique, ils se sont retranchés pour certains derrière une confortable et aveugle complaisance, pendant que d’autres à l’inverse, instrumentalisent les problèmes à des fins politiciennes. Pourtant, le progrès et l’égalité valent bien d’être défendus et sans compromis aucun.

En ce qui concerne l’islamisation de notre société par les Frères musulmans et les salafistes, islamisation qui prépare le terrain du terrorisme, combien de décideurs et faiseurs d’opinion luttent avec bon sens, mesure et efficacité, contre :

  • Une urbanisation génératrice de ghettos, des politiques sociales inopérantes, l’absence d’intégration des populations migrantes (notamment l’isolement des femmes arrivées dans le cadre du regroupement familial), l’échec scolaire, … ;
  • Le voilement progressif des femmes et des fillettes de plus en plus jeunes, symbole visuel de l’asservissement des femmes et étendard politique ; les créneaux non mixtes dans les piscines ; les médecins interdits d’ausculter et de soigner des musulmanes dans les hôpitaux, … ;
  • les salafistes qui ont fini par régler la vie de certains quartiers : l’économie salafiste ou frèriste parallèle avec ces boutiques et sites Internet qui vendent des accoutrements exportés d’Iran, abayas ou hijabs pour cacher les corps des femmes et des fillettes (bâches informes pour les pauvres rue Jean-Pierre Timbaud à Paris ou boutiques de luxe pour les riches saoudiennes) ; les vastes territoires zones de non-droit livrés aux trafics et à la violence où la charia a déjà remplacé la loi de la République et où des élèves contestent effrontément l’enseignement des classes d’histoire, de biologie, … ;
  • le communautarisme, le relativisme culturel, le complotisme, l’obscurantisme, l’antisémitisme décomplexé, l’antiracisme tombé aux mains d’idéologues racistes anti-blancs, … ;
  • l’islamisation via Internet et les réseaux sociaux et via des imams qui complaisamment évitent de traiter du sujet ou pire, à l’instar de celui de Brest ou de la mosquée du Mirail à Toulouse, Mamadou Daffé, prêchent l’impensable en toute impunité ;
  • le caillassage des médecins, pompiers et forces de l’ordre ; la haine de la France, des valeurs républicaines, de l’occident, le verrouillage des institutions internationales qui ont fini par vider de leur substance les Droits Humains ;
  • etc.

Au contraire, le recrutement universitaire est verrouillé afin que l’enseignement se fasse le relai d’une pensée gauchiste radicale, culpabilisant l’occident colonisateur et impérialiste et disculpant  de toute responsabilité, l’autre partie de la planète ; la plupart des médias suivent et les politiques n’ont pas le courage de contredire.

Sinon, expliquez-moi pour quelles raisons tant de politiques, intellectuels et médias feignent d’ignorer ce qui s’est produit en Algérie dans les années 90, quand les islamistes ont commencé à s’attaquer insidieusement aux femmes, aux laïques, à la société civile, puis les ont harcelés, assassinés, au nom d’Allah et du Coran, avant de verrouiller la société toute entière ?

Les 220 000 morts algériens dont de nombreuses femmes jugées insoumises, pas assez bonnes musulmanes, toutes et tous sacrifiés sur l’autel du terrorisme islamiste du GIA, ancêtre de Daech, qui en parle à part quelques intellectuels algériens stigmatisés et à peine soutenus chez nous ?

A l’extrême droite, l’islamisation est instrumentalisée pour promouvoir une France nationaliste et raciste.

La droite s’illustre par une surenchère électoraliste de mesures inutiles ; après avoir supprimé des forces de police et désorganisé le renseignement, c’est véritablement indigne.

A gauche, il est de bon ton de réduire l’étendue de l’islamisation et même le terrorisme islamiste au seul désespoir social et à confier aux représentants de l’islam le soin de régler les problèmes, c’est une inexcusable erreur de jugement : l’islam politique doit être combattu sur tous les plans et par l’état au premier chef.

La gauche radicale quant à elle, cautionne le relativisme culturel et même le racisme essentialiste révoltant d’une Houria Bouteldja, meneuse du Parti des Indigènes de la République (PIR), et contribue en cela à détruire sans alternative crédible, le peu de confiance qu’il nous reste, dans nos valeurs républicaines. Elle n’a plus que le mot « islamophobie » à la bouche, et je ne serais pas surprise que pour se justifier, elle en arrive un jour à défendre aussi les dérives du catholicisme : soutenir la lutte contre l’avortement, revendiquer l’homophobie, en tant que vils héritages coloniaux et impérialistes ! Ah j’oubliais, ça ne risque pas d’arriver, car seule l’islam est la religion des opprimés, ce qui l’autoriserait même à persécuter les femmes et les minorités sexuelles… !

Les démocraties occidentales ne sont pas irréprochables, loin s’en faut, mais la gauche radicale aide du mieux qu’elle peut les islamistes à les culpabiliser et condamner. Pourtant, opposer schématiquement occident et « indigènes » ne mène nulle part : hors du monde occidental, des personnes pauvres, fragiles, des femmes, des enfants, des étrangers, des minorités sont exploitées et victimes des violences les plus abjectes.

*Judith Butler : « Il est extrêmement important de considérer le Hamas et le Hezbollah (groupes terroristes s’il en est) comme des mouvements sociaux progressistes, qui se situent à gauche et font partie d’une gauche mondiale ».

 

 

Quelles solutions ?

Le plus urgent est de comprendre comment s’adapte le terrorisme islamiste et d’apporter les bonnes réponses politiques.

Nous le savions déjà mais le dernier numéro de Dabiq, la revue de Daech, nous le confirme, l’Etat Islamique ne nous haït pas à cause de la situation dans nos banlieues, ni de notre politique extérieure, mais parce que « nous sommes des mécréants qui refusons l’unicité d’Allah », parce que nous sommes laïcs et que « nos sociétés libérales autorisent ce qu’Allah interdit ».Tant que nous ne nous soumettrons pas à l’autorité de l’islam, Daech nous combattra. Daech et les islamistes nous haïssent donc pour ce que nous sommes : laïcité, mode de vie, mixité, égalité Femme/Homme, etc.

Il s’agit de se venger, de nous humilier et de nous terrifier ; de nous imposer par tous les moyens (que les djihadistes rejoignent la Syrie ou improvisent sur place), un grand califat islamique.

Par conséquent, il nous faut cesser de trouver des excuses aux assassins, sortir de la complaisance et du déni et combattre l’islamisation, la radicalisation et le terrorisme sur tous les plans, avec une détermination sans faille, pour tenter de rattraper le temps perdu :

  • Au plan international : plus de contrats avec les pays fondamentalistes islamistes, wahhabites ou frères musulmans, seulement avec les pays arabes qui s’en démarquent. Le Qatar et l’Arabie Saoudite nous achètent pour infiltrer l’Europe de l’idéologie islamiste. Les droits humains sont universels et aucun relativisme culturel ne peut les conditionner ni les entraver. Les droits des femmes sont toujours les premiers menacés et attaqués, puis la route est tracée pour installer un régime totalitaire.
  • Au plan national : l’Observatoire de la laïcité doit prendre toute sa place et son président enfin profiter de la retraite ; les lieux de culte soupçonnés d’intégrisme, dont les mosquées, doivent être surveillés ; les activités douteuses des membres de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) doivent être interdites : il doit être impossible de présenter, sur le territoire de la République, le  Djihad comme une forme de résistance, le relativiser et inciter les jeunes à se radicaliser. L’association IESH (Institut européen des Sciences Humaines) des Frères musulmans est installée en France et en Europe de manière tentaculaire. Son influence est inouïe sur les jeunes français endoctrinés par un islam fondamentaliste, avec la bénédiction de l’état français qui ne prélève aucun impôt sur les dons encaissés par l’association. Ce n’est pas tolérable.
  • Economique : mieux réguler le capitalisme et ses effets sur les populations, mieux répartir les richesses et les investissements…, c’est une urgence ;
  • Urbanisme : peu à peu détruire les cités-ghettos sociaux et ethniques ; réformer de fond en comble et avec des moyens à la hauteur des enjeux, l’accueil et la réinsertion des démunis et des sans-abris nationaux ainsi que des populations migrantes et réfugiées.
  • Education, formation : déconstruire par le biais des programmes scolaires toutes les fausses croyances et contrer toute contestation de l’enseignement scientifique, cultiver l’esprit critique et d’analyse ;
  • Lutter contre toutes les discriminations, plus que jamais contre le sexisme, l’homophobie/la lesbophobie, l’antisémitisme et le racisme (à ne pas confondre avec la critique salutaire des religions), dès l’école primaire ;
  • Intégration : pas d’accueil (regroupement familial, migrants, réfugiés) sans parcours d’intégration avec transmission des valeurs républicaines et notamment d’égalité Femmes/ Hommes…)… ;
  • Internet / Réseaux sociaux : empêcher toute propagande djihadiste et islamiste via les réseaux sociaux et Internet.
  • Police, justice : développer une véritable coordination européenne et internationale ; coordonner en France forces de l’ordre, sécurité et le renseignement ; instituer un renseignement de proximité ; revoir la formation des juges sur l’évaluation des risques ; modifier les contraintes du contrôle judiciaire ; réintroduire une police de proximité ; lutter contre les trafics et la délinquance ; exercer une surveillance dans les prisons, prodiguer un enseignement à tout prisonnier, les employer à des travaux d’intérêt général… ;
  • etc.

 

Par respect pour tous les morts du terrorisme, pour empêcher plus de morts innocentes ; pour défendre notre civilisation, notre République laïque une et indivisible et ses valeurs, (car aussi perfectibles soient-elles, il n’existe toujours pas sur terre d’alternative plus probante), il faut nous mobiliser pour combattre le terrorisme islamiste et plus globalement, la tentation obscurantiste du conservatisme religieux.

Dans les réponses apportées jusqu’ici par le gouvernement et tous les politiques républicains, il manque systématiquement, la lutte pleine et entière contre tous les intégrismes, contre l’islam politique, l’islamisation de l’Europe par le salafisme et les frères musulmans.

Nous ne sommes plus au XIème siècle, aucune religion ne doit être en mesure d’imposer ses diktats, de museler ses opposants, et encore moins de susciter une ferveur prosélyte capable de conduire des êtres humains à en tuer d’autres pour assoir la volonté de puissance et de domination d’une caste politico-religieuse.

Si l’état ne peut et ne doit pas mettre un policier derrière chaque citoyen, les gouvernements et les politiques, les intellectuel-le-s et les médias, les militant-e-s, les responsables religieux, doivent le dire et le redire et sans relâche, et très fort, les imams au premier chef :  

  • non le califat ne s’implantera jamais,
  • oui c’est un mythe ;
  • non il n’y aura pas de revanche ni encore moins de paradis, ni de vierges ;
  • oui vous serez condamnés, rejetés et haïs par votre religion et par vos proches, par l’humanité toute entière. 

 

Qui le dit vraiment, haut et fort, et de cette manière ? Seulement une poignée et toujours les mêmes. Alors j’attends.

 

Christine Le Doaré

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