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Sur une remarque du professeur Raoult.

Sur une remarque du professeur Raoult. | Think outside the Box | Scoop.it

J’ai écouté cette semaine une interview que le professeur Raoult a donnée à André Bercoff 

Le professeur Raoult n’est pas seulement le numéro un mondial de sa spécialité (d’après un sondage international auprès de tous ses pairs) mais il laisse aussi son expérience et son intelligence s’approcher de tous les problèmes de société et il les traite à partir d’une gigantesque culture tant littéraire que scientifique.

Avant tout, je dois dire que j’ai été surpris par le côté serein du Professeur Raoult, qui ayant fait son devoir toute sa vie et n’ayant plus rien à prouver est parfaitement détendu, même si « on » vient de le mettre à la retraite, lui le meilleur au monde dans sa spécialité.

Mais, lors de cette interview, il a prononcé une phrase qui m’a frappé comme la foudre tant elle était à la fois courte et profonde.

J’en suis resté pantois et depuis j’y pense sans arrêt tant elle me paraît lumineuse pour expliquer ce dont nos sociétés en général, et la France en particulier, souffrent.

A la question posée par André Bercoff sur la façon dont il avait traversé la période troublée du Covid, il a eu cette réponse magnifique, que je cite de mémoire.

Il commence par un constat, fait par l’un de ses confrères.

Le monde hospitalier est géré par à 95 % par des gens issus de la même école, l’École Nationale d’Administration qui ont LA caractéristique commune de n’avoir aucune culture scientifique, ayant arrêté toute étude scientifique en seconde.

Or, dans l’administration, l’avancement dans la hiérarchie se fait en fonction de la capacité de chacun à obéir, tandis que dans le monde scientifique, l’avancement dans la hiérarchie se fait en fonction des découvertes, de la capacité à gérer et à mener des équipes et du désir de former des jeunes qui prendront la relève.

 

Et donc, dit-il tranquillement : il y a deux sortes de hiérarchies qui coexistent en France, celles fondées sur la capacité à obéir et celles fondées sur la capacité à penser librement.

Et c’est cette idée que j’ai trouvé prodigieuse.

 

Je vais essayer de la développer plus avant, ce qu’il n’a pas vraiment fait dans son interview. Qu’il veuille bien m’en excuser, mais à partir de maintenant, ce n’est plus lui qui parle, mais moi.

Commençons par souligner que la hiérarchie fondée sur l’obéissance ne peut fonctionner que sous la contrainte.  Il faut en effet punir les désobéissants.

Ce qui veut dire que cette première hiérarchie se doit de haïr les deuxièmes qui elles ne sont fondées que sur la Liberté.

Il y a donc un conflit perpétuel et sans solution entre ceux qui ont choisi d’obéir, et pour qui tout ce qui n’est pas permis est interdit, et ceux qui, ayant des idées originales, veulent aller là où leur esprit les poussent, puisque pour eux, tout ce qui n’est pas interdit est permis.

Car cette liberté de penser et d’approcher l’inconnu est la marque de fabrique des esprits libres.

Tout esprit normalement constitué comprend intuitivement que personne ne peut être à la fois obéissant et libre en même temps. Et donc,» en même temps », pour un esprit scientifique ne veut rien dire. Quelque chose ne peut exister et ne pas exister en même temps.

Dans une société équilibrée, ceux qui veulent faire carrière dans l’obéissance vont dans les services publics et seront payés par les impôts, les autres allant dans la recherche scientifique, les affaires, le sport, les arts ou que sais -je encore et feront carrière en fonction de leurs réussites.

Hélas, pour de nombreuses raisons que je me tue à dénoncer chaque semaine dans ces billets, le poids de l’état en France (qui ne mérite pas de majuscule) ne cesse de monter depuis au moins 1960. A cette date, le poids de l’État dans l’économie était à 30 % en France et de 30 % en Suisse. En 2022, nous avons dépassé 60% en France, tandis que chez nos voisins helvétiques, nous en sommes toujours à …30 %.

Pourquoi cette différence ? La réponse est simple.

L’État, comme chacun le sait dès qu’il a eu à remplir des formulaires, est le lieu par excellence où se déploient ceux qui font carrière dans l’obéissance.

Augmenter sans arrêt le nombre de ceux qui travaillent dans la hiérarchie de l’obéissance est donc la meilleure façon pour les chefs de cette hiérarchie d’écraser l’ennemi, c’est-à-dire les gens libres.

Dans cette analyse, la hausse du poids de l’état n’est que la conséquence de la victoire écrasante des administratifs qui ont pris le contrôle des dépenses étatiques sur les créatifs qui avaient mieux à faire ailleurs.

En 1960, plus de 60 % des Français travaillaient dans des activités où ils n’avaient pas à obéir à ceux qui travaillaient dans la hiérarchie de l’obéissance, se développant comme ils le voulaient « ailleurs » c’est-à-dire dans des hiérarchies libres et concurrentielles fondées sur le mérite. C’est toujours le cas en Suisse. Ce n’est plus le cas chez nous.  Aujourd’hui 60 % de nos concitoyens travaillent dans des activités fondées sur l’obéissance, où il faut obéir aux ordres, aussi idiots soient- il. Et, comme nous l’avons vu dans le cas du Covid, ce sont ceux qui obéissent le mieux aux ordres les plus stupides qui sont promus, comme l’a montré la crise du Covid.

Et donc le poids de l’état n’a cessé de monter chez nous ce qui veut dire que le poids du secteur obéissant et donc non créatif ne cesse de croître par rapport à celui du secteur libre (et donc créatif) , ce qui nous amène inexorablement à un effondrement du niveau de vie de tous les citoyens, créatifs ou pas.

Je parie d’ailleurs que, quand le secteur obéissant s’effondrera sous son propre poids, les créatifs s’en sortiront beaucoup mieux que les obéissants et cela pour des raisons évidentes : les créatifs continueront à créer mais les obéissants ne pourront plus les en empêcher et leur voler le résultat de leur création par la taxation.

 

Comme en URSS, l’effondrement sera celui de la société « obéissante » , ce qui permettra aux individus libres de se développer à nouveau. Une révolution a lieu quand la hiérarchie de l’obéissance s’écroule. Et nous allons tout droit vers une révolution.

Pourquoi en suis-je sûr ?

En France aujourd’hui, à peine 1/3 de ceux qui travaillent exercent leurs talents dans ce qui les passionne tandis que les 2/3 restant n’ont qu’un but, empêcher le 1/3 restant de faire ce qui les intéresse, en attendant la retraite, qu’ils ne toucheront pas puisqu’ils ont détruit ceux qui étaient productifs.

Et la réalité est que les premiers adorent leur travail tandis que les deuxièmes le haïssent car ils n’ont pas la même notion du travail.

Ce qui m’amène à la notion de travail, à laquelle je viens de consacrer une émission sur YouTube avec Emmanuelle que vous pouvez découvrir à l’adresse suivante.

 

Notre thèse est la suivante : notre civilisation a hérité de deux notions du travail.

  1. Le travail esclavage, idée héritée des Grecs où seuls travaillaient les esclaves et les « idiotes », en Grec ancien idiotes signifiant ceux qui avaient besoin de travailler pour vivre, et qui sont devenus chez nous les idiots. C’est une notion qui a été reprise avec enthousiasme par tous les Marxistes qui prospèrent dans tous les secteurs de l’économie obéissante, parce que pour eux, il ne peut y avoir de satisfaction dans le travail. Le but est donc de travailler le moins possible.
  2. Le travail accomplissement personnel, pierre de voûte du christianisme qui s’est développé en premier dans les grands ordres monastiques.  Ce travail a pour but de développer le bien commun. Et ce genre de travail nous amène automatiquement dans une société de création et donc de liberté, comme en font foi nos cathédrales, nos grandes universités d’autrefois, nos villes et nos villages, chacun accomplissant avec enthousiasme ce qu’il a choisi librement de faire. Et de ce travail naît le bonheur individuel et la prospérité collective. Le but est de travailler le plus possible.

 

A ce point du raisonnement, je constate que nous sommes sortis il y a longtemps du cauchemar de Charlie Chaplin dans les temps modernes où la majorité des gens devaient faire un travail qui les rebutait, simplement pour survivre.

Mais je me souviens aussi de ce que disait Richelieu « l’Homme est un mulet qui se gâte au repos ». Rien n’est pire que l’oisiveté, mère de tous les vices, comme nous le dit l’Église depuis la nuit des temps.

Et donc, le but d’un système politique efficace devrait être de réduire le nombre de ceux qui travaillent dans la société d’obéissance pour faire croître au maximum le contingent de ceux qui veulent s’engager dans la société libre. Force est de constater que le but du système politique dominant en France est de suivre une politique qui amène exactement au résultat inverse.

Étant libéral, c’est-à- dire défendant LES hiérarchies de Liberté contre LA hiérarchie d’obéissance, je crois depuis toujours que Locke nous a donné les clefs intellectuelles pour qu’une  société de Liberté puisse se développer.

Il faut :

  1. La séparation des pouvoirs.
  2. Le droit de propriété comme un absolu.
  3. Le jugement des conflits avec l’État par des jurys populaires de citoyens tirés au sort.
  4. Le vote des impôts, des dépenses de l’État et des collectivités publiques par les citoyens et donc la démocratie directe.
  5. L’interdiction des déficits budgétaires et donc de la dette étatique sauf en temps de guerre.

 

Je ne vois malheureusement aucun homme politique de gauche et encore moins de droite (la Droite française hait la Liberté et adore l’économie de l’obéissance) qui aurait un tel programme.

Je crains donc qu’il nous faille passer d’abord par un effondrement de l’économie de l’obéissance.

Hélas, historiquement, un tel effondrement n’a pas toujours amené à un retour de la Liberté, bien au contraire.

Et pourtant, l’effondrement est inéluctable.

Ce sera à nous d’être prêts pour pousser dans le bon sens quand le moment sera venu.

Nous aurons peu de temps.

 

Charles Gave

20 février, 2023

 

Jacques Le Bris's insight:

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

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Le ministère de la Justice supprime un tweet dans lequel Christiane Taubira dit que la loi renseignement peut porter atteinte à la vie privée

Le ministère de la Justice supprime un tweet dans lequel Christiane Taubira dit que la loi renseignement peut porter atteinte à la vie privée | Think outside the Box | Scoop.it

TWEET-FAIL - Live-tweeter une intervention d'un ministre en plein hémicycle peut poser quelques soucis. Ainsi le ministère de la Justice a commis ce lundi 13 avril, au premier jour de l'examen du projet de loi sur le renseignement, un joli fail.

Comme l'a relevé le rédacteur en chef de Numerama, le ministère de la Justice a posté un message reprenant les mots de la Garde des sceaux à l'Assemblée, avant de l'effacer quelques instants après. Difficile, en effet, de synthétiser une pensée en 140 signes. Le tweet pouvait ainsi laisser croire que Christiane Taubira n'appréciait que très moyennement le projet de loi sur le renseignement. Le message en question, le voici :

https://twitter.com/gchampeau/status/587677210259120128

Ces mots-là ont bien été prononcés par Christiane Taubira. Le problème est que la ministre de la Justice, après avoir formulé cette remarque, a défendu le travail du gouvernement. Voici ce qu'elle a dit :

Sur l'esprit de ce texte, il est évident que les techniques de recueil de renseignement sont  susceptibles, sont susceptibles, de porter atteinte à la vie privée, aux droits des personnes sur la vie privée, à la vie familiale, à l'inviolabilité du domicile ainsi qu'au secret de correspondance.

Ce sont des droits qui sont garantis par notre Constitution, bien entendu, inscrits dans notre Code civil essentiellement aux articles 9 et 10. Ce sont des droits aussi auxquels la France est engagée dans ses relations conventionnelles puisque ce sont des droits qui sont prévus à l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'Homme.

Et le gouvernement a eu le souci, constamment, dans l'écriture de ce texte, de s'assurer qu'il serait respectueux de ses propres obligations, ses obligations inscrites dans le Code civil, ses obligations conventionnelles, ses obligations constitutionnelles. Et c'est pour ça que nous avons le souci, constamment en écrivant ce texte, de veiller à trouver la bonne mesure entre les nécessités opérationnelles ainsi que la protection des lois et des libertés.

Voilà. Difficile de dire tout ça en 140 signes. On le reconnaît.

Là où le message posté / supprimé par le ministère de la Justice pose problème, c'est que certains suspectent Christiane Taubira d'être opposée personnellement à ce projet de loi sur le renseignement. Éric Ciotti a ainsi attaqué la ministre ce lundi, lui reprochant son "silence".  

Mercredi 8 avril, Le Canard Enchaîné rapportait des propos tenus par la Garde des sceaux aux ex-ministres Aurélie "Bonnie" Filippetti et Arnaud "Clyde" Montebourg. Voici ce qu'elle dit selon l'hebdomadaire :

J'avale des couleuvres de plus en plus épaisses. La loi sur le renseignement, qui permet une intrusion dans la vie privée, est aux antipodes de mes idées
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Pr. Didier Raoult : "Le maître mot de cette époque : le cynisme."

Avec le Pr Didier Raoult qui revient sur le colloque international organisé à l'IHU Méditerranée la semaine passée, les 30 et 31 mars.

Retrouvez Bercoff dans tous ses états avec André Bercoff et Augustin Moriaux du lundi au vendredi de 12h à 14h sur #SudRadio.

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Pr.
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Un journaliste se livre : « Jamais depuis la seconde guerre mondiale l'information n'a été aussi muselée »

Un journaliste se livre : « Jamais depuis la seconde guerre mondiale l'information n'a été aussi muselée » | Think outside the Box | Scoop.it

Laurent Mauduit - Main basse sur l'info

 

 

Dans cette entrevue, Laurent Mauduit parle cash et explique parfaitement pourquoi la presse est en état de déliquescence avancée. On comprend mieux pourquoi personne ne l'invite pour qu'il parle de son livre. Laurent Mauduit est cofondateur de Mediapart, ancien chef du service économique de Libération et ancien directeur adjoint de la rédaction du Monde. Autant dire qu'il sait de quoi il parle.



Son livre, "Main basse sur l'information" est sorti il y a une semaine, pourtant, il est très probable que personne n'en a entendu parler jusque là et pour cause. Le seul article paru dans la presse pour la sortie de son livre (hormis celui de Mediapart qui n'est accessible qu'aux abonnés) a été publié sur...son propre blog hébergé sur le Huffington Post.

Voilà de quoi montrer que les médias sont seuls juges de ce qui convient d'être dit ou non au public. Cela ne s'applique évidemment pas que pour la sortie d'un livre...

Alors qu'il est ambassadeur des États-Unis en France, Thomas Jefferson écrit : "si l'on me donnait à choisir entre un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n'hésiterais pas un moment à choisir cette dernière formule."

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, jamais la liberté et le pluralisme de la presse n'ont à ce point été menacés. Pourtant, ce droit de savoir était au fondement de notre démocratie, garantie par l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Certainement serait-il bon de le rappeler :

La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.Depuis quelques années d'un quinquennat laborieux et liberticide, pire encore peut-être que celui de Nicolas Sarkozy, nous avons vécu un véritable tournant. En 2012, la concentration de la presse entre les mains de quelques milliardaires a atteint en France des proportions inimaginables. Ils contrôlent à eux seuls la quasi-totalité des grands médias nationaux, de la presse écrite ou de l'audiovisuel. Des milliardaires qui ont de surcroît presque tous comme point commun de ne pas avoir la presse ou l'information pour métier. Des milliardaires qui ont presque tous acquis des journaux non selon des logiques professionnelles, mais d'influence ou de connivence. Qu'on en juge :

  1. Vincent Bolloré est à la tête d'un groupe issu du capitalisme néocolonial français, et a pris de force Canal + pour asservir la chaîne cryptée à ses lubies.
  2. Le financier franco-israélien Patrick Drahi, véritable symbole des excès de la finance folle, s'est lancé dans une course à l'endettement et a croqué en quelques mois Libération, le groupe L'Express avec ses innombrables publications, dont L'Expansion, L'Entreprise, L'Étudiant, Lire, À Nous Paris, Classica, et pris le contrôle de 49 % du capital de NextRadioTV (BFM-TV, BFM-Business, RMC), avec une option exerçable en 2019.
  3. Le trio richissime composé de Xavier Niel, Pierre Bergé et Matthieu Pigasse, après avoir mis la main sur le groupe Le Monde, a élargi son empire en achetant Le Nouvel Observateur. Le même banquier d'affaires Matthieu Pigasse a par ailleurs investi dans le magazine Les Inrocks et la radio Nova, ainsi que dans Vice. À eux trois, ils possèdent désormais Le Monde, M, Le Monde des religions, La Vie, Télérama, Courrier international, L'Obs, Rue89, Vice, et comme actionnaire minoritaire Le Huffington Post.
  4. Le milliardaire du luxe Bernard Arnault, après avoir avalé le premier quotidien économique français, Les Échos, s'est offert le premier quotidien populaire, Le Parisien. Il possède de ce fait Radio Classique, Aujourd'hui en France, Investir, et pour partie L'Opinion.
  5. Le milliardaire libanais Iskandar Safa s'est offert le magazine de droite radicale Valeurs actuelles.
  6. Arnaud Lagardère a en partie liquidé l'immense empire de son père mais a gardé le contrôle de trois grands médias : Europe 1, Paris-Match et Le Journal du dimanche. Le groupe est par ailleurs encore propriétaire de France Dimanche, Elle, Version Femina, Ici Paris, Public, Télé 7 jours, Gulli, MCM, Mezzo, Virgin Radio, RFM.
  7. Martin Bouygues, le roi du béton, détient la première chaîne privée française, TF1, et donc TMC, NT1, HD1, LCI, TV Breizh, Histoire et Ushuaïa TV.
  8. Serge Dassault, avionneur et marchand d'armes de son état, est à la tête du Figaro.
  9. François Pinault, l'autre milliardaire du luxe, est le propriétaire du magazine Le Point.
  10. Les Bettencourt contrôlent et financent massivement le journal L'Opinion.
  11. Bernard Tapie contrôle La Provence.
  12. Le groupe EBRA, propriété du Crédit Mutuel, détient les journaux régionaux Lyon Plus, Top Est, Le Bien public, L'Est Républicain, Les Dernières nouvelles d'Alsace, Le Progrès, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Journal de la Haute-Marne, Vaucluse Matin, Vosges Matin, Le Dauphiné libéré, Le Républicain Lorrain, La Liberté de l'Est.

L'énumération parle d'elle-même, et vaut pour constat. Nous vivons un mouvement de concentration tout à la fois historique et grave. Nous assistons à un retour de la presse de l'entre-deux-guerres, cette presse vénale et corrompue, propriété des plus grandes puissances d'argent, avec lesquelles le CNR avait précisément voulu rompre.Mais que l'on observe encore les crédits publics à la presse, pour achever ce tour d'horizon : dans le cas des aides directes, ce sont les milliardaires qui sont les premiers servis et, pour tout dire, les aides les plus colossales tombent toujours, semble-t-il, dans la poche des plus riches.

Au hit-parade de ces aides directes (chiffres 2014) :

1er - Le Figaro (groupe de Serge Dassault) arrive 1er (15,2 millions d'euros)
2ème - Aujourd'hui en France (Bernard Arnault) (14 millions)
3ème - Le Monde (Niel, Pigasse et Bergé), (13,1 millions)
6ème - Libération (Patrick Drahi), (8 millions)
7ème - Télérama (Niel, Pigasse et Bergé) (7,1 millions)
9ème - L'Obs (Niel, Pigasse et Bergé), (5,2 millions)
10ème - L'Express (Patrick Drahi), (4,9 millions)
12ème - Le Parisien (Bernard Arnault), (4,3 millions)
14ème - Paris-Match (Arnaud Lagardère), (3,6 millions)
15ème - Le Point (François Pinault), (3,5 millions)
17ème - Les Échos (Bernard Arnault), (3,4 millions)
et ainsi de suite...

 


Nous avons encore oublié qu'une démocratie se construit avec une presse libre.

 

Main basse sur l'information, de Laurent Mauduit. Sortie le 8 septembre aux éditions Don Quichotte.

 

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