« BahamasLeaks » : la Commission européenne « réprimande » Neelie Kroes | Think outside the Box | Scoop.it
L’ancienne commissaire européenne Neelie Kroes a été directrice d’une société offshore aux Bahamas 

Coupable, mais pas sanctionnée. Neelie Kroes, l’ancienne commissaire européenne à la concurrence puis à la société numérique, était soupçonnée d’avoir caché qu’elle était, durant son mandat, administratrice d’une société offshore aux Bahamas. La responsable libérale néerlandaise a violé les règles, mais ne sera pas punie, a annoncé, mercredi 21 décembre, la Commission de Bruxelles.

Mme Kroes n’a, certes, pas respecté le « code de conduite » des commissaires, estime la Commission, mais « ne peut pas être blâmée », si elle n’était pas au courant qu’elle occupait toujours un poste dans la compagnie Mint Holdings.

Une fois l’affaire dite du « BahamasLeaks » dévoilée, la responsable néerlandaise a, en effet, soutenu qu’elle n’était pas au courant du fait qu’elle était toujours renseignée comme directrice. Elle a présenté ses excuses, nié tout rôle opérationnel et indiqué que la fonction n’était pas rémunérée. L’ex-commissaire a été en poste de 2004 à 2014 et directrice de cette société bahamienne de 2000 à 2009. Le code régissant le mandat des commissaires précise que, durant celui-ci, ils ne peuvent exercer aucune autre activité, qu’elle soit rémunérée ou non. Ils doivent également notifier tous les rôles de direction qu’ils auraient exercés au cours des dix années précédentes.

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AFFAIRE SENSIBLE

En septembre, l’actuel président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait écrit à Neelie Kroes pour lui demander des explications. Son entourage insistait sur le nécessaire respect des règles d’intégrité, de discrétion et de transparence. L’affaire paraissait d’autant plus sensible que Mint Holdings avait pour vocation de racheter, à grande échelle, des actifs dans le secteur de l’énergie, alors que Mme Kroes défendait, à Bruxelles, la libéralisation du marché du gaz.

Au Parlement européen, certains ont évoqué une collusion « dramatique » entre des responsables européens et le monde des affaires. Les révélations du « BahamasLeaks » suivaient de peu l’annonce de l’embauche de l’ancien président de la Commission José Manuel Barroso par la banque d’affaires Goldman Sachs. A la fin octobre, le comité d’éthique de l’Union européenne s’est prononcé sur ce cas et a jugé que le responsable portugais n’avait, lui non plus, pas violé les règles « d’intégrité et de réserve », mais que son choix était sans doute « peu judicieux ».

Une autre affaire empoisonne la vie de la Commission. Elle concerne l’actuel commissaire allemand à l’économie numérique, Günther Oettinger. Outre ses déclarations plus que hasardeuses, en novembre, sur les Chinois « bridés, tous peignés de gauche à droite avec du cirage noir », il a aussi dû reconnaître qu’il avait emprunté, en mai, l’avion privé d’un homme d’affaires allemand considéré comme un proche de la présidence russe pour se rendre à un dîner avec le premier ministre hongrois, Viktor Orban. Le commissaire a livré des explications contestées sur les raisons précises de ce voyage et nié tout « cadeau » qui lui aurait été fait. Pour la Commission, l’épisode semble clos, et M. Oettinger va en devenir son vice-président, chargé du poste-clé du budget, à la suite du départ pour la Banque mondiale de sa collègue bulgare, Kristalina Georgieva.

Il est à noter que, mercredi, Mme Kroes a été sanctionnée d’un blâme pour une autre affaire : elle aurait oublié de déclarer ses revenus 2015 à la Commission, alors qu’elle avait accepté de toucher l’indemnité dite « transitoire » accordée pendant trois ans aux anciens membres du collège européen. L’ancienne ministre néerlandaise siège, notamment, au « comité de conseil en politique publique » de la société Uber.