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18 mensonges contre Didier Raoult - Idriss Aberkane

18 mensonges contre Didier Raoult - Idriss Aberkane | Think outside the Box | Scoop.it
Source : https://youtu.be/adbIFb6wU6U
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Les algorithmes dangereux pour le débat démocratique

Les algorithmes dangereux pour le débat démocratique | Think outside the Box | Scoop.it
Les réseaux sociaux nous ciblent de façon toujours plus pointue et ne nous font parvenir que les informations qui nous conforteront dans nos propres opinions. Des moyens pour lutter contre simplifications et désinformation existent.
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    Les algorithmes dangereux pour le débat démocratique

Quel rôle Facebook a-t-il joué dans le référendum sur le Brexit et les élections américaines ? De nombreuses études montrent l’influence qu’ont les algorithmes de recommandation des médias sociaux et ce, via deux canaux principaux.

 

Comme l’outil d’Amazon qui nous suggère des produits en fonction de notre historique de recherches et d’achats («les clients ayant acheté cet article ont également acheté…»), les algorithmes des médias sociaux cherchent à nous catégoriser, nous classer dans un groupe d’individus aux goûts similaires. Il s’ensuit que les informations qui nous sont diffusées deviennent toujours plus spécialisées. C’est le phénomène de polarisation qui nous amène à ne recevoir que ce qui nous renforce dans nos opinions : je ne suis, par exemple, très certainement pas le seul en France à n’avoir reçu aucune recommandation pro-Trump au cours des dernières semaines dans mon fil Facebook ou Instagram.

 

Par ailleurs, les informations reçues via les médias sociaux pèchent par absence de hiérarchisation et, donc, d’évaluation de la qualité de leur contenu. Les articles écrits par les journalistes les mieux informés sont souvent au même niveau que ceux des blogueurs les moins crédibles. Les rumeurs, idées simplistes ou fallacieuses peuvent donc se répandre.

Deux pistes pour rehausser la qualité de l’information.

La polarisation des médias américains et l’émergence de chaînes de télévision ultra-partisanes (Fox News ou MSNBC) ont été rendues possible lorsque la Commission fédérale des communications dirigée par un proche conseiller de Ronald Reagan a aboli, en août 1987, «la doctrine d’impartialité des diffuseurs». Il s’agissait d’un principe établi en 1949 qui imposait aux médias de traiter les sujets d’actualité controversés et de présenter des arguments contrastés. Il serait facile d’imposer un tel principe de diversification aux algorithmes des médias sociaux. C’est sans doute essentiel d’ailleurs. En effet, dans tout système dynamique, des états transitoires peuvent devenir pérennes à cause de forces de rappel extérieures. De même, les citoyens peuvent s’attacher à des solutions démagogiques qui, au lieu d’apparaître progressivement pour ce qu’elles sont, se voient crédibilisées par leur répétition constante et non critique sur les réseaux sociaux.

 

De plus, pour pallier le nivellement de l’information et réintroduire la qualité des sources dans les algorithmes, il est possible d’utiliser un classement relativement objectif des journaux. De tels classements non doctrinaires existent pour les revues académiques (par le CNRS) lesquelles sont hiérarchisées en fonction des citations réciproques de leurs auteurs. Les dépêches de l’AFP pourraient ainsi être jugées de haute qualité car nombreux sont les médias qui les reprennent. Un média qui n’est cité par aucun autre est sans doute moins bien informé. Bien sûr ceci peut entraîner des biais mais l’utilisation d’une telle hiérarchisation dans les recommandations algorithmiques pourrait éviter la propagation des rumeurs et améliorer la qualité du débat : il ne s’agirait plus simplement de «faire le buzz» par une information provocante mais de piètre contenu.

A l’heure où le Parlement débat de la liberté, de l’indépendance et du pluralisme des médias, il faut très certainement élargir la question à l’ensemble des diffuseurs «algorithmiques» d’information afin d’améliorer la qualité du débat démocratique.

 

Guillaume Chevillon Professeur en économétrie et statistiques (Essec Business School)
Jacques Le Bris's insight:

On progresse, l'algorithmopathie dont j'ai parlé ici est détectée par les Journalistes.

Bien sûr, ils ne s'en sentent pas encore les premières victimes !

Les voies de la guérison seront tortueuses.

Se plaindre de ce qu'a fait Facebook, alors que c'est la règle des médias, influer sur l'opinion des gens, c'est se moquer du monde.

Ce serait aussi comique que l'arroseur arrosé, si ce n'était pas de l'avenir de l'humanité qui était en jeu.

Les Journalistes, en suivant aveuglement ce que leur disait Facebook ont manqué à leur premier devoir : vérifier leurs sources d'information.

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La gueule des journaleux, quel pied, mais quel pied !

La gueule des journaleux, quel pied, mais quel pied ! | Think outside the Box | Scoop.it

Ah le pied ! J’avoue être partie me coucher avec la crainte d’une nouvelle déception, suite aux derniers mensonges jubilatoires des merdias français, notamment chez le clown Yann Barthès et sa clique issue de la bobosphère, n’ayant qu’insultes et propos méprisants envers celui qui osait piétiner la langue de bois et, à l’instar de leur bête noire MLP, avait le culot de vouloir briser l’ordre établi : les privilégiés d’un côté, le peuple de l’autre !

Quelle immense joie d’être accueillie à mon réveil par LA nouvelle du siècle : Donald Trump 45ème président des Etats Unis !

 

Donal Trump à la Maison Blanche c’est le rêve américain qui reprend vie ; et par ricochet la levée d’un immense espoir pour l’Europe, à commencer par la France !

Les journaleux du monde entier, les nôtres en tête … au tapis !  Ridiculisés par leurs rodomontades dont nous avons encore les échos en mémoire !

http://static.ripostelaique.com/wp-content/uploads/2016/11/trump.png

 

Ah oui, le plafond de verre a sauté, mais pas pour la méprisante Clinton, qui pas un seul instant n’a douté de sa victoire, forte de tous ses soutiens, politiques, financiers, médias … et de leur force de frappe de nuisances contre leurs adversaires !

La joie pour le Peuple américain est aussitôt mêlée d’un immense espoir pour l’élection possible de Marine Le Pen car elle change énormément la donne : malgré toutes les immondices versées journellement à pleins seaux contre « l’ennemi » de la caste au pouvoir, par leurs alliés dûment arrosés pour leur cirer les pompes, il s’avère possible de pouvoir compter sur un sursaut de raison de la part de ceux qui habituellement se laissent endormir par les miroirs aux alouettes.

Enfin un travailleur et non un « politicard » aux manettes d’un pays ; celui qui depuis des décennies, n’a cessé d’entrainer le monde dans une spirale guerrière pour sa gloire personnelle. Car n’en doutons pas, Clinton élue, c’est la troisième guerre mondiale qui aurait déferlé sans tarder.

J’avoue que la jubilation qui m’habite m’empêche d’écrire ces lignes sereinement, tant je ne cesse de m’imaginer la tronche des gauchos et compagnie, à commencer par nos politicards si identiques à la sorcière Hillary … mais surtout celle des journaleux, notamment français, tellement sûrs de leurs victoires passées et de l’efficacité des leurs mensonges si bien huilés, qu’ils n’ont pas hésité un seul instant à vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué !

Alors oui, ce matin à la télé, on sent que la haine et le mépris ne sont pas loin, mais je note malgré tout une immense différence, rien que dans le ton employé pour parler de « monsieur Trump » sans les termes orduriers qui fleurissaient dans tous leur propos, jusqu’à hier soir très tard !

Et les petits kapos français qui ce matin doivent s’étouffer dans leur bile, ont deux voies possibles ; soit continuer à œuvrer dans l’ombre pour saper le moral des Français en minorant les actions de Trump, soit carrément retourner leur veste … comme ils savent si bien faire pour certains.

 

En attendant,  mini revue de presse de ce matin :

Le Monde titre : l’élection de Donald Trump va être  un séisme pour le monde !

Suis entièrement d’accord, sauf que nous n’accordons certainement pas le même sens au mot séisme, puisque tous ceux qui pensent comme moi sont persuadés que ce pourrait être un séisme très positif !

http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/11/09/l-election-de-donald-trump-serait-un-seisme-pour-le-monde_5027807_829254.html

 

France Inter :

Ici, on est tellement « ému » qu’on en fait des fautes d’orthographe…

« Donald Trump n’est pas un politicien. C’est un homme d’affaires. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles il a été élu. Il a construit sa campagne contre l’establishment et contre Washington.

Il a surgi dans la campagne des primaires du Parti républicain en faisant presque rire le parti. Puis petit à petit, il a bien fallu que les élu républicains se sont rendus à l’évidence : Trump a remporté la primaire et donc l’investiture du parti. Il a alors moins fait rire. »

https://www.franceinter.fr/monde/donald-trump-devient-l-homme-le-plus-puissant-du-monde

 

Le Figaro : « Donald Trump, de clown à président »

« L’Amérique en colère qui s’est levée telle une déferlante à travers le pays pour soutenir sa candidature ne l’a jamais lâché, malgré les scandales. Donald Trump a su la séduire avec son style indomptable et ses sorties non consensuelles, injurieuses »

C’est un peu comme si ce matin, non pas Marine, mais Jean-Marie Le Pen en personne était annoncé président de la France ! De quoi en faire jubiler plus d’un, parmi les offensés permanents de la clique au pouvoir !

http://www.lefigaro.fr/elections-americaines/2016/11/09/01040-20161109ARTFIG00067-donald-trump-de-clown-a-president.php

Petite précision, à l’heure où j’écris, le bouffon bouffi de l’Elysée ne s’est pas encore exprimé, quand Marine l’a fait immédiatement après l’annonce de la victoire de Trump …la différence entre un amateur et une professionnelle … même si celle-ci n’a jamais pu accéder au podium à cause des menées du clan du premier.

Quel immense espoir pour nous citoyens français, identiquement malmenés par la clique des privilégiés aux dents longues … après le Brexit, le Trumpxit … le Frexit ???

D’ailleurs, même s’il tweet son amertume envers ses troupes, le big chef des socialopes en personne, donne Marine gagnante … s’ils ne cessent leurs enfantillages ; « la victoire de Donald Trump est le signe que Marine Le Pen peut gagner en 2017 »

http://lelab.europe1.fr/jean-christophe-cambadelis-previent-la-victoire-de-donald-trump-est-le-signe-que-marine-le-pen-peut-gagner-en-2017-2895119

 

Le pied j’vous dis !

http://static.ripostelaique.com/wp-content/uploads/2016/11/CHAMPAGNE-ET-LYS.png

 

Josiane Filio

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La crise sanitaire a révélé l’inquiétant déclin du journalisme | Le

La crise sanitaire a révélé l’inquiétant déclin du journalisme | Le | Think outside the Box | Scoop.it

Absence d’enquête de terrain, «people-isation», perte de neutralité au profit d’un genre de militantisme, enquêtes à charge, dépendance totale envers la communication des agences gouvernementales et des industries, le journalisme tel que défini il y a 50 ans dans la Déclaration de Munich est en train de disparaître sous nos yeux, éclipsé par un «fact-checking» général aussi superficiel que biaisé.

Épisode 55

Communication partout, journalisme nulle part ? Telle pourrait être une des formules – volontairement un peu provocatrice – aidant à problématiser l’évolution du journalisme contemporain dans un pays comme la France. Le problème était déjà résumé en 2014 par Christine Leteinturier (Université Paris 2) : « Le champ du journalisme est, en France, l’espace où l’affrontement entre information et communication est sans doute le plus fort. (…) L’émergence d’un ‘journalisme de communication’ au tournant des années 1990, consolidé par l’expansion rapide du Web, fragilise cette position d’indépendance des journalistes dans un univers médiatique désormais très largement dominé par des enjeux commerciaux ». Ce disant, il ne s’agit pas de critiquer quiconque en particulier, ni de mettre tout le monde dans le même panier (il y a environ 35 000 journalistes en France, dont un quart de pigistes et CDD très courts, comme le rappelait récemment le sociologue Erik Neveu), mais de réfléchir à une évolution générale. Le constat est en effet incontournable : depuis le début de la crise sanitaire, le traitement de l’information par la grande majorité des médias français ne respecte pas la plupart des principes déontologiques de la profession. Loin de jouer un quelconque rôle de contre-pouvoir, ils constituent au contraire les relais globalement très dociles, parfois même complaisants, de la communication gouvernementale. Il n’en a pas toujours été ainsi.

Il y a 50 ans, la Déclaration de Munich                       

C’est à Munich, en 1971, que les syndicats de journalistes des six pays constituant alors le marché commun européen (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas) adoptèrent la « Déclaration des devoirs et des droits des journalistes » à l’initiative d’un journaliste français, Paul Parisot (1917-2007). Ce dernier était un homme de gauche et grand résistant, journaliste à Franc-Tireur puis à France Soir et au Matin, élu président du Syndicat des Journalistes Français en 1964, devenu l’un des principaux artisans de la création de l’Union Nationale des Syndicats de Journalistes en 1966 et enfin de la Déclaration de Munich cinq ans plus tard. Relire ce texte fondateur 50 ans plus tard s’avère une lecture nécessaire quoique peu réjouissante tant ce temps paraît lointain.

Dans son préambule, la Déclaration de Munich commence par affirmer que « le droit à l’information, à la libre expression et à la critique est une des libertés fondamentales de tout être humain », que ce « droit du public de connaître les faits et les opinions » détermine « l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes » et que tout ceci « prime toute autre responsabilité, en particulier à l’égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics ». Comme l’ont montré les historiens du journalisme tels Jean-Marie Charon (La presse en France de 1945 à nos jours, Seuil, 1991) ou Fabrice d’Almeida et Christian Delporte, Histoire des médias en France de la Grande Guerre à nos jours, Flammarion, 2003), au sortir de la guerre et de la Collaboration, Parisot et nombre de ses collègues sont particulièrement sensibles à l’emprise d’une part de la propagande des gouvernements, d’autre part de l’emprise des « puissances d’argent ». On sait que Parisot lui-même mena notamment un combat contre l’emprise croissante de l’homme politique et patron de presse Robert Hersant (1920-1996), dont le passé collaborationniste était alors dans toutes les mémoires, et dont les entreprises de presse sont aujourd’hui largement détenues par le groupe Dassault.

Cette Déclaration de Munich énonce les 10 devoirs que doit respecter « tout journaliste digne de ce nom », parmi lesquels ceux de :

« défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique » « ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations » « s’obliger à respecter la vie privée des personnes » « rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte » « s’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d’une information » « ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs » « n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction ».

Le moins que l’on puisse dire est que nombre de ces vertueux principes ont été régulièrement bafoués durant la « crise sanitaire » que nous vivons depuis un an et demi, et que les deux grandes préventions des fondateurs du journalisme moderne (la double mise à distance de la propagande des gouvernements et de l’influence des « puissances de l’argent ») ont quasiment disparues.

« People-isation » et journalisme de « derrière les écrans »

Longtemps, le journalisme a pu se définir par l’enquête et se juger par la qualité et l’originalité de l’information recueillie. Longtemps, les entreprises de presse pouvaient se classer sur une sorte d’échelle de sérieux allant de la presse People et ses paparazzi d’un côté aux journaux employant des journalistes d’investigation de l’autre. Longtemps, le correspondant de guerre a constitué une sorte de référence absolue, incarnant aussi bien l’indépendance que la capacité de faire enquête et de produire de véritables révélations sur les terrains les plus difficiles, avec des valeurs telles que la découverte de la vérité, l’impartialité et le courage. Ce n’est pas pour rien que le plus prestigieux des prix convoités par tout journaliste qui se respecte est le prix Albert Londres, du nom de celui qui, dans les années 1920, fut l’un des tout premiers à révéler aussi bien la réalité du régime bolchevique que celle de la vie dans le ghetto juif de Varsovie ou encore celle des bagnards français de Guyane et des malades mentaux des asiles métropolitains.

Las, même s’il ne s’agit pas d’idéaliser ce passé, force est de constater que ce temps est révolu. De nos jours, le journalisme de presse écrite se pratique presque exclusivement dans un bureau, avec un ordinateur, une connexion internet et un téléphone portable. Pire, comme le traitement médiatique de la crise sanitaire le montre, la presse réputée la plus sérieuse s’est laissée aller à ce l’on appellera une people-isation sans précédent, en particulier dans la couverture des controverses scientifiques, lors même que cette façon de faire était généralement jusqu’ici l’apanage de la télévision.

La grande polémique qui a entouré l’IHU de Marseille et son directeur Didier Raoult illustre jusqu’à la caricature cette people-isation au terme de laquelle la question posée est « Quelle est la personnalité de cet homme ? », alors que la bonne question était : « Qu’est-ce que cet homme dit qu’il faut faire pour gérer au mieux l’épidémie ? ». Le dernier avatar de cette tendance est l’essai biographique (Raoult. Une folie française, Gallimard, 2021) que lui ont consacré deux journalistes ayant le prestigieux statut de « grand reporter », dont la quatrième de couverture donne le La : « Le Professeur, le Marseillais, le druide, le Gaulois, le sauveur ou le gourou. Génial pour les uns, charlatan pour les autres, connu dans toute l’Afrique, célèbre jusqu’en Amérique… Avec sa chloroquine, Didier Raoult a déversé dans le chaudron de la crise sanitaire une potion explosive ». On est bien sur le registre People et non sur celui de l’analyse. Dès l’introduction, le propos est clair, il s’agit de « chercher à comprendre les ressorts de sa personnalité », et les premiers chapitres emmènent le lecteur dans le récit d’une saga familiale contée par le principal intéressé qui, comme chacun l’a compris depuis longtemps, adore parler de lui-même si on l’amène sur ce terrain (au lieu de s’intéresser à son travail). Le problème est que, non seulement les journalistes ne devraient pas confondre leur métier avec celui de psychanalyste (ou de romancier-biographe), mais de surcroît tout ceci ne présente en réalité aucun intérêt pour la santé publique des citoyens du monde. Pire, hormis les verbatims de quelques personnalités, on ne trouve pas dans le livre ce qui aurait été très intéressant, à savoir une véritable analyse de la « folie française » annoncée dans le titre, en analysant les controverses souvent passionnelles qui ont eu lieu à ce sujet et autour de la gestion de la crise sanitaire chez les élus, chez les scientifiques, chez les journalistes et chez les médecins. Ceci aurait, il est vrai, nécessité quelques centaines d’heures de travail supplémentaire.

Ce constat n’a toutefois rien d’exceptionnel. C’est à peu près toute la presse française qui s’est fourvoyée dans cette personnification des enjeux de santé publique, comme si elle était hypnotisée par le charisme et l’exubérance provocatrice du personnage.

Une autre caractéristique du traitement médiatique de l’IHU de Marseille est que la quasi-totalité des journalistes qui en ont parlé soit n’y ont jamais mis les pieds, soit n’en ont vu que le bureau du directeur. Et ceci n’a rien d’anodin, c’est au contraire essentiel. Car derrière Didier Raoult se cache une institution publique regroupant un hôpital et plusieurs centres de recherches et où travaillent et étudient des centaines de personnes. Ne rien en connaître ne peut évidemment que contribuer à tout ramener à la personnalité d’un homme, et alimenter les fantasmes les plus ridicules sur ce qui s’y passe du matin au soir. Ainsi en est-il de ce pseudo-récit du « druide » distribuant sa « potion magique », que tant de personnes (y compris des journalistes et même des universitaires) ont fantasmé à des degrés divers en commentant les files de personnes venues en réalité se faire tester (à une époque où seul l’IHU avait l’intelligence de l’organiser) puis éventuellement soigner (à une époque où la consigne mortifère officielle était de rester chez soi avec du Doliprane au risque que la situation dégénère et qu’il faille hospitaliser).

Les très rares journalistes parisiens qui ont pris la peine de venir voir de quoi il retournait réellement en ont du reste livré un récit bien différent (par exemple cet article pourtant succinct d’Anne-Laure Barret paru le 28 mars dans le JDD). Mais il est infiniment plus confortable de rester dans son bureau à Paris (ou ailleurs) à consulter des documents, regarder des vidéos sur YouTube et passer quelques coups de fils, plutôt que de prendre un train pour venir quelques jours à Marseille et y faire un vrai grand reportage sur la façon dont on y fait de la recherche et dont on y a soigné – et on y soigne encore – les gens. Albert Londres doit se retourner dans sa tombe.

Enquêtes à charge, attaques sur les personnes

Dès lors que le débat était sottement centré sur une seule personne, le contenu ne pouvait qu’en être biaisé par les émotions et l’issue de pouvait qu’en être manichéenne pour la plupart des intéressés. Comme si to like ou to not like Raoult était the question. Que cette discussion ait lieu au café du commerce et dans les repas de famille, on le comprend. Mais qu’elle s’étale dans les médias est atterrant. Et il y a pire : comme si un pli avait été pris, cette personnification des choses ne s’est pas limitée au directeur de l’IHU de Marseille. Elle s’est étendue à tout le débat public.

Sur Raoult d’abord, on peine à trouver un article de presse dont le ou les auteurs aient été capables de mesure ou d’équilibre. L’on trouve essentiellement des articles à charge, dénués d’objectivité du fait de leur incapacité à voire la complexité des choses et à se poser une autre question que celle de savoir s’ils doivent finalement être favorables ou défavorables à la personne dont ils parlent. Même le journal indépendant Mediapart (dont l’auteur de ces lignes est un abonné de la première heure) n’a pas su y résister. Sans doute influencée notamment par les syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche (que Raoult s’est évidemment mis à dos depuis l’époque où il était président d’université), la rédaction en chef du journal a fait le choix d’une ligne anti-raoultiste dure qui n’est très certainement pas passée inaperçue dans l’entre-soi que constitue le monde journalistique parisien. Ceci se comprend notamment à la lecture du compte Twitter de Fabrice Arfi, l’un des cadors de la rédaction de Mediapart, qui aura tiré à boulets rouges sur l’IHU du début à la fin (voir par exemple la façon dont il reprend à son compte et justifie l’hostilité de son journal à la suite de l’article pourtant frauduleux du Lancet fin mai 2020). Dans le journal, c’est Pascale Pascariello (qui pourtant connait bien la petite musique des industries pharmaceutiques et de l’OMS depuis l’affaire de la grippe de 2010 couverte à l’époque dans Là-bas si j’y suis) qui fut chargée de l’assaut, qui eut lieu au tout début du mois d’avril 2020. Tout en prétendant « ne pas prendre parti dans la polémique sur les traitements » (voir la vidéo liée à l’article), la journaliste a fait pourtant une enquête à charge visant à discréditer et la personne et le traitement. Le chapô de l’article est très clair et dit d’emblée que la neutralité affirmée est en réalité feinte : « Mediapart a voulu comprendre la défiance du monde médical et scientifique à l’égard de Didier Raoult, son principal promoteur. Nos recherches nous ont permis de découvrir des rapports et des témoins qui pointent des résultats scientifiques biaisés et des financements opaques ». En deux phrases, il est ainsi suggéré au lecteur, premièrement que Raoult est un marginal rejeté par les professionnels de la médecine et de la recherche (ce qui est faux, il a au contraire reçu tous les signes de reconnaissance professionnelle possibles au cours de sa carrière, mais il s’est en revanche fâché aussi avec une partie de ses collègues du fait de sa personnalité, ce qui est totalement différent), deuxièmement qu’il est un fraudeur (ce qui relève de la diffamation), le tout en convoquant notamment une série de témoignages anonymes. Et le journal ne déviera jamais de cette ligne, la santé y étant ensuite traitée par la journaliste Caroline Coq-Chodorge, qui n’hésitera pas à prendre fait et cause pour les médecins anti-raoultistes proches du pouvoir politique actuel, allant jusqu’à écrire que Didier Raoult salissait l’image de la recherche médicale française dans le monde entier. Parallèlement, force est de remarquer que Mediapart s’alignera sur la presse mainstream en adoptant une ligne militante sur la vaccination généralisée de la population.

Concernant l’affaire Raoult, la vérité nous semble avant tout politique. Ce que Mediapart ne peut probablement pas accepter, c’est qu’il faille donner raison à la stratégie proposée par un homme classé politiquement à droite. C’est bien ce que le partenaire marseillais de Mediapart, Marsactu, avait du reste rappelé à la fin du mois de mars, en montrant les soutiens politiques de droite sans lesquels Raoult n’aurait jamais pu réussir à financer totalement son projet d’IHU. Or, si ceci est parfaitement exact, c’est aussi parfaitement banal. A une échelle infiniment plus petite, l’auteur de ces lignes n’aurait jamais pu créer en 2011 un Observatoire Régional de la Délinquance et des Contextes Sociaux en région PACA sans des soutiens politiques de gauche, ce qui n’a pourtant jamais dérangé les journalistes commentant ses travaux.

Qu’un journal qui a, non sans raison, réussi à incarner une certaine survie du journalisme d’investigation en France se laisse aller à un tel parti-pris laisse deviner la suite, dans les autres médias, où l’on s’encombrera encore moins de précautions. Certains journalistes sont en effet devenus clairement des leaders de l’anti-raoultisme en France, transgressant allègrement les règles d’impartialité de leur métier, en faisant presque une sorte d’affaire personnelle, un genre de règlement de comptes. Outre les « fact-checkers » sur lesquels nous reviendrons, citons par exemple Cécile Thibert au Figaro, Victor Garcia à L’Express ou encore Géraldine Woessner au Point, et leurs pages personnelles sur les principaux réseaux sociaux (notamment Twitter). Ce sont des dizaines d’articles et de messages allant tous dans le même sens et au ton souvent même moqueur voire insultant.

Inquisition, cyberharcèlement et cancel culture dans les pratiques journalistiques

Le temps passant, et l’IHU ne lâchant rien de ses positions, ce journalisme de parti-pris deviendra de plus en plus agressif et même menaçant. Libération héberge le blogueur-influenceur Christian Lehmann, prêt à tout pour discréditer globalement l’IHU et son ennemi personnel Raoult, tenant régulièrement sur Twitter des propos insultants voire orduriers (« Ta gueule, va jouer avec ton épandeur à purin », adressé à la députée Martine Wonner). En mars 2021, il publiera un article accusant à tort l’IHU de s’enrichir sur le dos des malades, en faisant mine de ne pas savoir que le prix des soins médicaux n’est évidemment pas encaissé par l’hôpital où ces soins ont eu lieu mais par l’entité administrative régionale que constitue l'Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille (AP-HM) qui regroupe 5 hôpitaux à Marseille et dans sa région. Cet article sera repris et commenté dans une dizaine d’autres de la presse nationale et régionale dans les 48 heures qui suivirent. Comment un tel personnage peut-il pourtant être pris au sérieux ?

Plus récemment, L’Express, par le biais de V. Garcia (devenu l’un des plus fanatiques des anti-raoultiens), allait encore plus loin dans un article prétendant faire des « révélations » sur des cas de Covid qui auraient été cachés par l’IHU au sein de son personnel. Il en recense « une petite dizaine », ce qui est grotesque dans la mesure où 1) l’on parle de plusieurs centaines de personnels qui ont soigné plusieurs dizaines de milliers malades, 2) le chiffre est en réalité beaucoup plus élevé et, loin de le cacher, l’IHU les a comptabilisés très précisément et en donnera même la répartition par catégories de personnels, 3) ceci est banal, cela s’appelle les maladies nosocomiales et c’est un vrai sujet que, hélas, aucun journaliste n’a jamais abordé (combien de personnes ont attrapé le Sars-Cov-2 à l’hôpital alors qu’elles y venaient pour d’autres raisons ?), 4) ceci est évidemment arrivé dans tous les hôpitaux ayant accueilli beaucoup de malades Covid mais le journaliste n’a pas cherché à faire une seule comparaison avec un autre hôpital. C’est qu’il ne s’agit plus d’informer les lecteurs d’un journal, il s’agit de faire tout ce que l’on peut pour discréditer une personne et l’institution qu’elle dirige. Quant à la suite de l’article de V. Garcia, qui prétend décrire « une ambiance délétère tant sur le plan humain que professionnel » dans un hôpital marseillais où l’auteur n’a jamais mis les pieds, elle vire à la farce. Ceci mérite-t-il encore le nom de journalisme ? Faudra-t-il un créer Conseil de l’ordre des journalistes pour y convoquer ces femmes et ces hommes qui ont renié les principes de base de leur métier en se prenant pour des pseudo-justiciers chargés d’abattre l’ennemi qu’ils se sont désignés ?

Cette petite entreprise de démolition n’a pas concerné que le directeur de l’IHU de Marseille, elle s’est étendue à tous les chercheurs qui ont osé le soutenir publiquement, ou bien qui ont tout simplement manifesté des opinions différentes de celles du ministre de la Santé et de son « Conseil scientifique Covid-19 ». L’épidémiologiste Laurent Toubiana, le physiologiste Jean-François Toussaint, comme l’auteur de ces lignes et bien d’autres encore (Christian Perronne, Louis Fouché…), en ont fait l’expérience. Le premier s’est vu non pas discuté pour ses idées mais mis en cause sur le plan personnel par des journalistes (Libération, L’Express, et quelques autres) allant jusqu’à mettre en cause son statut professionnel de chercheur à l’INSERM et sa compétence d’épidémiologiste. Là encore, il ne s’agit nullement d’analyser un débat scientifique en rendant compte de façon équilibrée des arguments des uns et des autres. Il s’agit de faire taire un point de vue en essayant de discréditer la personne qui le porte.

On pourrait y voir une illustration de la banalisation de la cancel culture qui a fait grand bruit ces dernières années aux États-Unis, et qui se répand partout en lien avec l’usage de plus en plus massif des réseaux sociaux. Elle était définie récemment par Yannick Chatelain (École de Management de Grenoble) comme « une logique d’attaque et d’adhésion contrainte » : « C’est bien cette logique, attaques personnelles et usages intempestifs des réseaux sociaux, qui est au cœur de la Cancel Culture. De manière paradoxale, sous couvert de ‘libérer la parole’ cette dernière s’éloigne de la liberté d’expression. Cette Culture ne tolère nul débat autre que l’adhésion tout en ouvrant la porte à la délation et à l’ostracisation. Ainsi, la pratique de la Cancel Culture va viser à faire adhérer des individus à une cause sous peine d’être soupçonnés de soutenir, voire d’être complice de ce qui est dénoncé ». Le problème est que, parfaitement compréhensible dans ses usages polémiques par les militants de telle ou telle « cause », une telle attitude est en contradiction avec les règles de base de la neutralité journalistique.

Pour notre part, à la suite de la publication dans Le Parisien d’une première tribune collective, en septembre 2020, signée par quelque 200 universitaires et professionnels de santé, nous avons reçu un seul appel d’un journaliste. Et il ne s’agissait pas de nous demander des précisions ou de nous soumettre les réactions d’éventuels contradicteurs sur le fond, mais de nous demander comment nous pouvions accepter (parmi les 200) la signature de trois médecins qualifiés par ce même journaliste de « complotistes ». Le même « journaliste » de L’Express téléphonera ensuite aux principaux signataires de la tribune pour leur demander de la même manière pourquoi ils avaient de si mauvaises fréquentations... La stratégie consiste à tenter de discréditer cette parole collective émergente s’est poursuivie sans discontinuer dans cet hebdomadaire qui, le 6 octobre 2020, inventera la catégorie de « rassuriste » et de « marchands d’espoir » pour désigner l’ensemble de ces savants qui n’ont pourtant rien à vendre ni à gagner financièrement dans cette affaire, contrairement à d’autres. L’auteur de ces lignes se verra même raillé comme un chercheur qui « d’ordinaire relativise les chiffres des… violences », ce qui constitue la critique d’extrême droite la plus couramment adressée au chercheur dans le débat public depuis plus de vingt ans. Quant au parallèle fait par le sociologue entre la dramatisation de l’épidémie et la dramatisation de « l’insécurité », il suggère à ces journalistes que les propos du chercheur « fleurent bon le complotisme », prônant ainsi une sorte d’abdication joyeuse de tout esprit critique.

Un autre de Libération (Florian Gouthière), lui aussi devenu un anti-raoult fanatique, écrira sur Twitter qu’il faudrait « montrer l’imposture de la clique Mucchielli », en réponse complice à son ex-confrère Vincent Glad (devenu tristement célèbre avec l’affaire de la « Ligue du LOL », qui s’est soudainement trouvé une passion à donner son avis sur la crise sanitaire via son compte Twitter très suivi).

Plus récemment, notre travail collectif sur les statistiques de mortalité, qui montre notamment que le Sars-Cov-2 n'a provoqué aucune surmortalité en dessous de 65 ans contrairement aux mensonges répétés du pouvoir exécutif, a bien entendu été attaqué immédiatement par les "fact-checker" du Monde et de Libération qui pourraient tout aussi bien exercer au sein du service de communication du gouvernement. Nous nous en sommes déjà expliqués.

Quant au professeur Toussaint, à la suite de son intervention au séminaire de recherche de l’IHU, en avril 2021, il recevra un message de l’un des journalistes cités plus haut, non pas pour lui demander des précisions quelconques sur sa conférence d’épidémiologie mais pour le menacer de dénonciation : « J’ai récemment consulté des vidéos de votre conférence à l’IHU. Pouvez-vous me confirmer le nombre de participants ? (…) Cette conférence n’était-elle pas en violation avec le confinement imposé sur tout le territoire à cette date ? Comment avez-vous pu vous rendre à Marseille ? Pourquoi ne portez-vous pas de masque ? Sur les images, les deux portes sont fermées. Cet amphithéâtre dispose-t-il de fenêtres ? La pièce était-elle aérée ? ».

Inquisition, flicage, menace ? Chacun jugera le « journalisme » dont il est ici question. Un journalisme qui ne discute nullement les idées mais s’attaque uniquement aux personnes en cherchant tout ce qui peut permettre de leur nuire. Un journalisme qui surveille en fin de compte la bonne application des discours et des mesures prises par le gouvernement. Une caricature de ce que Serge Halimi appelait « les nouveaux chiens de garde » il y a quelques années. Et qui se confirme dans le fait que ce traitement médiatique est totalement discriminatoire : il ne vise que les savants ne partageant pas la ligne officielle du ministère de la Santé. Et si Didier Raoult est évidemment la cible privilégiée de ces « chiens de garde », leur dénigrement s’applique en réalité à toute personne réclamant un débat scientifique contradictoire. C’est ainsi que Bruno Andreotti (Laboratoire de Physique de l’École normale supérieure), peu suspect de sympathie envers le directeur de l’IHU de Marseille mais auteur d’un passionnant article « Contre l’imposture et le pseudo-rationalisme. Renouer avec l’éthique de la disputatio et le savoir comme horizon commun », se verra d’autant plus attaqué qu’il mettait en évidence les apories intellectuelles des « No fake med », de journalistes comme Géraldine Woessner ou encore de l’essayiste Laurent Alexandre.

En revanche, un journal comme Le Monde n’a cessé de dresser des portraits très élogieux voire complaisants (voir notamment ceux de Yazdan Yazdanpanah, Karine Lacombe et Dominique Costagliola) des personnalités du monde médical ou de la recherche médicale les plus proches du pouvoir politique actuel. Un « deux poids, deux mesures » qui est général. En mars 2021, le même journal, qui fut jadis une référence en matière de journalisme, ira jusqu’à relayer la propagande de l’Élysée présentant le Président de la République comme un épidémiologiste de haut vol. Bientôt un roi thaumaturge ? On s’attendrait éventuellement à lire ce genre d’article dans la presse People, pas dans Le Monde. Comment un tel journal a-t-il pu tomber aussi bas ?

« Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste »

En vérité, c’est un torrent de boue qui s’est déversé sur l’IHU de Marseille depuis un an et demi. Des centaines d’attaques, visant soit la personne du directeur, soit un des aspects du traitement proposé contre la Covid. Il faut donc dire à présent quelques mots du traitement médiatique de l’affaire de l’hydroxychloroquine et, derrière elle, du véritable sujet de fond qui est celui de l'existence de traitements précoces venant perturber la doxa du Covid (pour laquelle il n'y a globalement rien à faire à part attendre la vaccination générale).

Nous avons déjà consacré plusieurs épisodes de l’enquête sur la gestion politico-sanitaire de la crise du Covid qui se déploie depuis mars 2020 sur ce blog. On n’y reviendra donc pas en détail aujourd’hui. Il convient cependant de rappeler les faits suivants :

1- les journalistes dits « scientifiques », rapidement soumis à la pression des influenceurs type « NoFakeMed » et autres Youtubeurs s'auto-proclamant porte-paroles de la Science (« Osons causer » et autres du même genre), ont globalement adhéré assez rapidement à l’idée que le traitement proposé par l’IHU de Marseille était inefficace. Et dès lors qu’ils épousaient cette thèse, ils n’étaient plus capables d’examiner les choses de façon impartiale. Tout ce qui allait dans ce sens était mis en avant, tout ce qui le contredisait était passé sous silence.

2- les mêmes journalistes dits « scientifiques » ont relayé l’idée que l’hydroxychloroquine était un médicament dangereux voire mortel, ce qui constitue en réalité l’une des plus importantes fake news constatées durant cette crise (voir notre épisode du 11 mai 2020), qui n’a rien à envier aux théories complotistes que tant de journalistes prétendent traquer.

3- ces mêmes journalistes se sont précipités pour relayer l’article frauduleux du Lancet à la fin du mois de mai 2020 (voir notre épisode du 26 mai), non pas pour le discuter avec impartialité et un minimum d’esprit critique (il n’était pas difficile de voir la fraude), mais au contraire pour s’empresser de célébrer joyeusement la mort rêvée de l’ennemi qu’ils combattaient. Parmi d’innombrables exemples et pour ne pas répéter les mêmes noms à chaque fois, citons à présent Nicolas Martin, producteur de l’émission « La méthode scientifique » sur France Culture, qui annonçait sur Twitter la « fin de partie » pour l’hydroxychloroquine le 27 mai, la formule constituant évidemment une moquerie directe à l’endroit de l’IHU de Marseille.

4- au-delà du traitement proposé à l’IHU, c’est l’idée même de traitement précoce que la plupart des journalistes dits « scientifiques » n’auront finalement jamais comprise. Après le protocole de l’IHU de Marseille, ils feront ainsi subir le même traitement déloyal à l’ivermectine à partir du début de l’année 2021, lors même qu’il s’agit probablement du médicament le plus efficace de tous. Le docteur Gérard Maudrux l’a montré en examinant de près la façon dont ces journalistes (exemple avec Le Figaro et Le Monde) ont traité le cas de l’Inde. Mieux : c’est un simple blogueur de Mediapart qui a fait la leçon aux « Décodeurs » du Monde. Le 13 avril 2021, dans un article intitulé « S’agit-il d’un traitement éprouvé face à l’épidémie due au SARS-CoV-2 ou d’un faux espoir ? », ces journalistes prétendaient s’attaquer à une question très importante : « Une telle question, dont peut dépendre la vie de milliers de malades en France et de millions dans le monde, méritait un traitement rigoureux de la part des ‘Décodeurs’ ». Las, le « traitement rigoureux » annoncé vire en réalité à la farce. Sur 53 articles scientifiques disponibles à ce moment-là, les journalistes du Monde n’en citent que 4. Pire, leur argumentation devient rapidement dogmatique, passant sur le terrain politique (en résumé : l’ivermectine a été soutenue par des personnalités d’extrême droite, donc il faut forcément la rejeter) et se terminant évidemment sur la comparaison avec le traitement préconisé à l’IHU de Marseille, deuxième une sorte de « grand Satan » pour ces journalistes. Une honte intellectuelle, mais parfaitement alignée sur la position officielle du ministère de la Santé. Pour la petite histoire, ce même blogueur sera censuré par Mediapart quelques temps après (le 23 juin), lorsqu’il montrera qu’une journaliste du même journal en ligne ne connaît pas non plus les études scientifiques au nom desquelles elle prétend parler.

Fact-check : l’arroseur arrosé

Terminons ce triste florilège avec de nouveau les « Décodeurs » du Monde qui illustrent (hélas) parfaitement la disparition du journalisme dont il est ici question. Le 21 mai 2021, Gary Dagorn et Assma Maad publiaient un article intitulé « Didier Pittet et la transmission du Covid-19 par aérosols : une position à rebours du consensus scientifique ». De quoi s’agit-il ? Le 25 juin 2020, Emmanuel Macron avait voulu « une mission indépendante chargée d’évaluer la réponse française à la crise sanitaire engendrée par l’épidémie, dans une triple dimension sanitaire, économique et sociale et en comparaison internationale ». La direction en fut confiée à Didier Pittet, Médecin-chef du service de prévention et contrôle de l’infection à l’hôpital de Genève et professeur à la Faculté de médecine de Genève, entouré d’une économiste de l’OCDE, d’une directrice de recherche émérite au CNRS, d’un président de chambre de la Cour des Comptes et d’un médecin de santé publique du CHU de Bordeaux. Patatras, dans son rapport final, la mission indépendante a fait preuve… d’indépendance. Et, loin de s’en féliciter, les « Décodeurs » du Monde vont au contraire l’en réprimander ! A un moment, le rapport aborde la question de l’efficacité des mesures de type socio-politique (et non pharmaceutique) et écrit notamment cette phrase : « L’état des connaissances actuelles ne permet pas de prouver scientifiquement l’efficacité du port de masque au niveau populationnel pour contrôler l’épidémie ». En clair : il est inutile de porter un masque en extérieur. Ceci contredit directement la ligne du gouvernement français qui, après avoir expliqué au début de l’épidémie (printemps 2020) que les masques ne servaient à rien, en a fait au contraire par la suite un élément central de sa communication, réussissant à l’imposer comme un signe d’obéissance majeur et, pour les plus apeurés d’entre nous, une sorte de talisman magique. Sacrilège donc. En bons gardiens du Temple, nos jeunes journalistes se sont crus autorisés à faire la leçon à l’expérimenté professeur suisse. La suite est tragi-comique. Pour « prouver » que le masque est en réalité indispensable, ces deux journalistes invoquent d’abord sept exemples de lieux où « des contaminations aéroportées ont été démontrées », ce qui prouverait l’utilité du masque partout. Un double problème se pose pourtant lorsque l’on vérifie le travail des vérificateurs. D’abord, les liens hypertextes indiqués renvoient vers une seule et même source : le blog que tient un journaliste médico-scientifique du nom de Marc Gozlan, sur… le site Internet du Monde. Voilà une forme d’endogamie qui est bien pratique pour éviter d’être contredit. Ensuite, et c’est plus grave encore, certains des articles cités en « sources » disent, lorsque l’on prend la peine d’aller les lire, le contraire de ce pourquoi ils sont cités ! Il s’agit donc d’une véritable manipulation des lecteurs et, une fois encore, c’est un simple blogueur de Mediapart (néanmoins doctorant à l’université par ailleurs) qui l’a montré. Quant au prétendu « consensus scientifique », il est un argument purement rhétorique – très précisément, c’est ce que l’on appelle un argument d’autorité – utilisé quand cela arrange son utilisateur. De « consensus scientifique » sur le port du masque dans l’espace public, il n’en existe pas. L’affirmer ainsi constitue un acte militant et non du journalisme.

Six hypothèses pour expliquer la déroute du journalisme français

Comment interpréter tout ceci ? Le constat est une chose, l’explication une autre. Et elle n’est pas facile. Il ne s’agit pas de faire à quiconque un procès d’intention, et nous n’avons pas interviewé tous les journalistes cités pour connaître leurs motivations, leurs parcours professionnels passés et leurs façons de travailler. On se contentera donc de faire six hypothèses explicatives générales, qui ne sont pas exclusives les unes des autres :

1- La peur. La peur, mise en scène tous les soirs à travers de grandes « cérémonies télévisuelles » (cf. les travaux de Daniel Dayan), tel est le point de départ, l’émotion basique qui a concerné tout le monde, chacun réagissant en fonction de son histoire personnelle et de ses liens sociaux (on l’a en partie analysé dans un précédent épisode). Que l’on soit boulanger ou journaliste, l’émotion est la même et elle produit les mêmes effets de paralysie de la réflexion. En espérant que d’autres motivations n’entrent pas en jeu (comme la recherche du sensationnalisme), on peut supposer que c’est elle qui fait perdre tout sens des réalités et amène par exemple un rédacteur en chef à décider que le journal de 13 heures de France Inter, le 12 août 2020, peut s’ouvrir et tenir plusieurs minutes sur un sujet aussi bancal que celui-ci :

« C’est l’une des grandes inconnues de la pandémie de coronavirus : peut-on être recontaminé quand on a été malade une première fois. L’enjeu de l’immunité est déterminant pour l’avenir et aujourd’hui, une première tendance nous vient de Chine, du berceau même de l’épidémie, dans la province du Hubei, une femme aurait été infectée par le Covid-19, testée positive il y a 3 jours alors qu’elle avait contracté la maladie il y a 6 mois ». La présentatrice passe ensuite la parole à la journaliste « spécialiste santé » de la radio qui reconnaît que « on a finalement peu détails encore, on ne sait pas si cette femme a des symptômes évocateurs ou si elle a juste un test positif sans fébrilité apparente. Face à un cas pareil, on peut avancer en tous cas deux explications : la première (…) c’est qu’elle n’est pas malade en fait mais qu’il lui reste dans la gorge ou dans le nez des résidus de virus morts qui remontraient à sa première infection au mois de février, il s’agirait donc d’une fausse recontamination. (…) Deuxième explication : il s’agit bel et bien d’une recontamination. (…) Le phénomène serait a priori marginal puisqu’en 6 mois on n’a jamais rapporté de cas vraiment avéré de recontamination ».

En clair : 1) on ne sait à peu près rien d’une « information » provenant de Chine mais on fait quand même l’ouverture du journal sur le sujet, 2) on considère qu’un seul cas suffit à constituer un événement mondial, 3) il est probable que l’explication est triviale (on trouve des résidus de virus chez une personne anciennement infectée) mais on se fait peur en annonçant en somme qu’on n’en a jamais fini avec le virus (ce qui prépare le terrain à l’idée qu’il faudra se reconfiner et que seul le vaccin nous délivrera). Ceci n’a pas de sens. Avant mars 2020, dans n’importe quelle école de journalisme, l’enseignant aurait probablement renvoyé l’étudiant(e) proposant un tel sujet à ses chères études en lui demandant de trouver quelque chose de plus solide. Mais cela concerne le Covid, la peur nous paralyse, donc les règles ordinaires de pensée ne fonctionnent plus.

2- La politisation. C’est un autre point central. La politique tient une place centrale dans le journalisme contemporain. Beaucoup de rédacteurs en chef sont d’anciens journalistes politiques. Les chaînes d’information continue scrutent en permanence les micro-événements de la vie politique : petites phrases, tweets, communiqués de presse, etc. Le traitement de la crise sanitaire a de surcroît été parasité par la campagne électorale américaine et le positionnement anti-Trump de la quasi-totalité des journalistes français. Parmi les multiples conséquences de ce fait, il est clair que dès lors que le nom de Raoult a été associé à celui de Trump, pour beaucoup d’esprits simples (quel que soit leur niveau de diplôme) tout ce que pouvait dire Raoult était devenu suspect. Cette politisation est pourtant une véritable hypocrisie car la médecine n’est ni de droite ni de gauche (l’auteur de ses lignes s’époumone à essayer de le faire comprendre depuis le début). En l’espèce, une large partie de la gauche et de l’extrême gauche intellectuelles et politiques a fait preuve d’un sectarisme aux conséquences dramatiques (surtout pour les classes sociales défavorisées, plus touchées que les autres par l’épidémie). Ceci concerne de très nombreux journalistes, de même que de très nombreux universitaires.

Au passage, on remarquera que cette politisation traverse le champ médiatique lui-même, comme en témoigne l’épouvantail que représente depuis quelques temps la chaîne d’information continue CNews (ancienne I-Télé, racheté par le groupe Canal+ contrôlé par Vincent Bolloré en 2017) aux yeux de la plupart des journalistes. La récente Une de Libération évoquant « Le spectre de la bande FN » en témoigne. Et pourtant, quelles que soient les idées politiques de chacun (et l’auteur de ces lignes a écrit un livre entier contre les idéologies d’extrême droite et leur incarnation médiatique actuelle Éric Zemmour), le pluralisme des opinions est un des fondements de la démocratie. Il n’y a, à l’inverse, que dans les dictatures que le pouvoir impose une vérité officielle et exerce une police de la pensée pour la protéger de toute critique.

3- La naïveté. On ne peut pas comprendre le fonctionnement du monde en ce début de 21ème siècle si l’on ignore la puissance financière et politique de certaines industries (et donc la puissance des trafics d’influence qu’elles développent), les principaux équilibres géopolitiques, les rouages de la propagande électorale dans les démocraties libérales et quelques autres choses majeures. Or la plupart de journalistes sont totalement passés à côté de ces enjeux pourtant tous bien présents dans la gestion de la crise sanitaire. Ils n’ont en particulier rien compris aux relations entre la médecine et les industries pharmaceutiques et à la notion de conflit d’intérêt qui en découle. Ceux-là même des journalistes dits « scientifiques » qui d’ordinaire traitent de ces sujets, lorsqu’il est question par exemple des industries du tabac ou des pesticides, se sont soudainement retrouvés aveugles et candides face aux enjeux financiers des traitements précoces puis de la vaccination. Ils ont embrassé la cause de la vaccination générale sans jamais se questionner sur les conséquences du fait qu’il s’agit probablement de la plus grande opération commerciale de tous les temps, générant des profits vertigineux, lors même que les industriels ont pris soin de s’exonérer de toute responsabilité sur les éventuelles conséquences futures d’une telle vaccination de masse et d’urgence. La députée européenne écologiste Michèle Rivasi s’épuise à essayer de l’expliquer depuis des mois, dans un consternant silence médiatique. Comme le rappelait récemment la sociologue Gaëlle Krikorian dans Alternatives Economiques, « les risques sont finalement minimes pour les firmes, alors qu’ils pèsent au contraire sur les individus (les effets secondaires à long terme), les États et les systèmes de santé ». Comment un journaliste digne de ce nom peut-il passer à côté de tels enjeux ? Pire, comme certains d’entre eux peuvent-ils assimiler la recherche de conflits d’intérêts à une vision complotiste ? Pire encore, comment ceux-là même qui venaient d’écrire un livre dans lequel ils montrent que « les industriels du tabac, des pesticides, du plastique ou du pétrole fabriquent le doute sur les sujets scientifiques qui les affectent sur le plan commercial » (Stéphane Foucart, Stéphane Horel, Sylvain Laurens, Les gardiens de la raison. Enquête sur la désinformation scientifique, La Découverte, 2020, p. 11), peuvent-ils ne pas réfléchir symétriquement au rôle de l’industrie pharmaceutique dans toute la gestion de cette « crise sanitaire » ? C’est confondant, pour ne pas dire honteux.

4- La pression de conformité. C’est là une des notions les plus classiques et importantes de la psychologie sociale, qui vaut en toutes circonstances. De fait, il ne faut pas négliger le rôle des pressions psychologiques et morales que subissent toutes celles et ceux d’entre nous qui, depuis un an et demi, ont osé tenir publiquement des positions contredisant ou même relativisant la narration globale que nous appelons la doxa du Covid qui tient en quatre propositions centrales : 1) nous sommes tous en grave danger, 2) il n’y a pas de traitement médical, 3) nous ne pouvons pas faire autre chose que confiner, 4) la délivrance viendra uniquement du vaccin. L’auteur de ces lignes peut en témoigner à titre personnel, et la plupart des autres universitaires ayant contribué à cette enquête également. Par courriel et sur les réseaux sociaux en particulier, nous avons subi d’innombrables signes de réprobation et de rejet allant de la moquerie à la menace, en passant par l’insulte. Ceci peut exercer une pression de conformité plus ou moins forte selon les personnes, qui peut aller du simple agacement à des troubles du sommeil et de la dépressivité. Nous avons également été témoins de la façon dont le Conseil de l’Ordre des médecins, agissant probablement sur ordre, a cherché à intimider – et continue à le faire – tous les médecins généralistes ou hospitaliers qui avaient le malheur de désobéir à la doxa, en particulier tous ces généralistes qui ont utilisé massivement des antibiotiques de la famille des macrolides (azithromycine), avec au demeurant d’excellents résultats (témoignages et rapide analyse ici). Dès lors, il n’y aucune raison de penser que l’univers professionnel des journalistes a échappé à cette règle. Il est même au contraire plus que probable qu’ils ont été d’autant plus surveillés que leur audience est grande. Il est donc plus que probable que celles et ceux qui avaient des doutes, des réserves, et ont eu des occasions de le manifester dans une conférence de rédaction ou une discussion informelle, ont subi une forte pression de conformité pour ne plus les exprimer et rentrer dans le rang. Les médecins de l’IHU de Marseille comme ceux du collectif « Laissons les médecins prescrire » ont du reste déjà évoqué publiquement le fait que de nombreux journalistes parisiens les ont sollicités à titre personnel pour être soignés tout en disant qu’ils ne pourraient pas l’avouer publiquement sous peine d’être injuriés par leurs collègues voire menacés dans leur emploi. Rares sont ceux qui ont le courage de le dire (en télévision, citons par exemple Jean-Marc Morandini, Olivier Mazerolle et Laurent Ruquier).

5- La force de la propagande, l’emprise de la Com’ et le rôle des influenceurs

Les journalistes sont aussi, pour la plupart d’entre eux, des personnes sous influence de forces sinon qui les dépassent, du moins face auxquelles ils ont opté pour une confiance globale qui évite à la fois du travail (la vérification systématique) et des désagréments (si l’on met en évidence des erreurs ou des manipulations).

Confiance d’abord dans le discours des membres du gouvernement, du Conseil scientifique Covid-19, des directeurs d’hôpitaux (à commencer par le directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch), des directeurs des Agences Régionales de Santé (ARS) et des agences publiques placées directement sous son autorité comme Santé Publique France (SPF). Et bien entendu confiance dans les chiffres, dont l’étalage médiatique quotidien a été mis en scène ad nauseam. Nous y reviendrons pour montrer qu’une autre voie est possible et a été pratiquée à la marge par quelques très rares journalistes restés en prise avec le terrain. Pour l’heure constatons la façon dont la grande majorité des journalistes a été massivement influencée non pas par une réalité de la vie quotidienne avec laquelle ils ne sont plus connectés, mais avec une réalité virtuelle qui est celle d’Internet et des réseaux sociaux. La tendance était ancienne et le confinement l’a bien entendu exacerbée. Cloîtrés chez eux comme les autres, ayant sans doute trop peur de se rendre dans un hôpital pour décrire ce qui s’y passait ou même d’aller rencontrer un médecin généraliste pour l’interviewer lui et sa patientèle, la plupart des journalistes ont pratiqué plus que jamais un journalisme en chambre qui les rend totalement dépendants de ce qu’ils peuvent apercevoir du monde réel par le prisme de leur écran. Et loin d’en demeurer conscients et critiques, certains s’y sont abandonnés, allant jusqu’à croire que des vidéos pouvaient remplacer l’expérience vécue ou que la « vérité scientifique » pouvait se trouver sur les réseaux sociaux à condition de faire la police entre les « bonnes » et les « mauvaises » sources. Le résultat est que ces journalistes ont dès lors été aisément manipulés par les communicants et propagandistes en tout genre. Ceci vaut notamment pour les agenciers de l’AFP qui, en retour, influencent toute la presse, et dont la fragilité face aux nouvelles stratégies de communication et d’influence des organisations est connue de longue date : « les agenciers se retrouvent souvent démunis pour interpréter les évènements, au risque de recourir aux grilles de lecture toutes prêtes qui leur sont fournies par l'air du temps, par leurs collègues et bien souvent en fin de compte, sous des formes plus ou moins détournées, par les institutions couvertes elles-mêmes » (écrivait Éric Lagneau dans Hermès dès 2003).

Illustrons à nouveau ce phénomène général par un exemple. Journaliste à L’Express, Victor Garcia (souvent associé à Stéphanie Benz) est, on l’a déjà dit, devenu un des anti-raoultistes les plus fanatiques. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. L’analyse, fastidieuse mais intéressante, du fil de son compte twitter éclaire sur son évolution. Au départ, en mars 2020, il s’interroge honnêtement sur les traitements précoces et essaye de s’approprier la littérature scientifique sur le sujet. Il ne ferme aucune porte, note même les bons résultats obtenus à l’IHU de Marseille et fait le lien avec une « bonne prise en charge suivie par une équipe dédiée » (29 mars 2020). Mais très vite, on voit qu’il est interpelé par des anti-raoultistes de la première heure comme l’urgentiste Mathias Wargon (dont l’épouse n’est autre que la ministre déléguée au logement) et l’anesthésiste-réanimateur Damien Barraud (l’un des plus acharnés de tous, plusieurs fois bannis de Twitter pour cause de harcèlement, dont Libération fera pourtant le portrait flatteur en avril), qui eux-mêmes se citent et se retwittent l’un l’autre. Puis on le voit se mettre à discuter avec des influenceurs anonymes de réseaux sociaux comme « Philoxime » ou « Jim Profit #VaccinesWork » (le nom devrait suffire à mettre en garde), ou encore avec des « communicants » comme Vincent Olivier. On l’observe ensuite au mois d’avril relayer l’entreprise de politisation des questions médicales consistant à assimiler Raoult à Trump, suivant en cela nombre de ses propres collègues. Le 25 avril, c’est un de ses confrères de L’Express, Thomas Malher, qui interviewait le médecin américain David Gorski, apôtre de l’Evidence Based Medicine, ennemi de Raoult de longue date et en profitant pour régler ses comptes, sous ce chapô éloquent : « Conspirationnistes, Didier Raoult, Luc Montagnier ... L'oncologue américain David Gorski s'en prend aux charlatans et aux médecins avides de gloire qui gravitent autour du Covid-19 ». Quelques jours plus tard (1er mai), il encensait Patrick Cohen, de l’émission « C’est à vous » de France 5, lui aussi un anti-raoultiste enragé (voire son réquisitoire à sens unique du 3 juin 2021), réglant probablement ses comptes suite à une passe d’armes sur les vaccins remontant à 2018, émission durant laquelle le journaliste prétendant dire la science avait été un peu humilié par plus savant que lui. Fin mai, la mue étant achevée depuis longtemps, Victor Garcia célèbrera à son tour l’article pourtant frauduleux de The Lancet en faisant à son tour la plaisanterie convenue : « Fin de partie » (pour Raoult). En réponse à son propre article, le journaliste ajoute, menaçant : « Il faudra bien un jour se pencher sur la responsabilité de ceux qui ont crié victoire et ont promu ce traitement inefficace et dangereux... Le tout sans preuve et avec des méthodologies douteuses, pour rester poli ». On y voit aussi intervenir d’autres anti-raoultistes primaires à commencer par des représentants du collectif « No Fake Med ». Et la rétractation de l’article frauduleux du Lancet ne sera évidemment pas signalée dans ce fil twitter. Vous avez dit neutralité ?

6- Une dernière hypothèse pour comprendre ce déclin du journalisme français est relative au poids croissant des services de « fact-checking » dans les rédactions des grands médias. La question est très importante, elle mérite à soi seule un large développement.

Le fact-checking, cache-misère de la crise contemporaine du journalisme

Le journalisme contemporain est en crise profonde et l’une des raisons est le bouleversement de son modèle économique traditionnel. L’arrivée d’Internet au tournant du 20ème et du 21ème siècles a bouleversé la donne et remis progressivement en question un modèle fondé sur les ventes (en kiosque et/ou sur abonnement) et sur des recettes publicitaires qui se sont écroulées à partir du début du 21ème siècle, en plus encore avec la crise de 2008 (surtout pour la presse quotidienne régionale). Ceci se lit aisément dans les statistiques officiels de vente que diffuse l’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias (ACPM).

Ces mêmes données montrent ensuite la chute des ventes en kiosque ou par abonnement de la presse écrite. Un journal comme Libération, qui a failli disparaître à plusieurs reprises (en 1981, en 2006 et en 2014), a perdu 40% de son lectorat papier entre 2015 et 2019. Depuis sa dernière reprise en main par ses propriétaires, le journal est ainsi devenu avant tout un site Internet. Il ne survit cependant que grâce aux aides financières directes et indirectes (portage, distribution, « modernisation ») de l’Etat (4,2 millions d’euros en 2019, dernier chiffre publié). Enfin, la situation est pire encore pour les hebdomadaires qui, à l’image de L’Express ou de L’Obs, ont perdu environ 50% de leurs abonnés papier entre 2015 et 2019.

Cette situation, qui place les journalistes dans une relation de double dépendance envers les milliardaires qui possèdent les titres et l’Etat qui les aide à fonctionner, a été l’objet de nombreuses critiques soulignant la perte d’indépendance, voire la création de nouveaux liens de connivence. Toutefois, comme le souligne Nicolas Becquet (Observatoire Européen du Journalisme), « le paysage médiatique français s’alarme régulièrement du manque d’indépendance des médias face aux actionnaires-industriels-milliardaires. Pourtant, ces mêmes médias permettent l’instauration progressive d’une menace tout aussi toxique pour l’avenir des médias et de la démocratie, celle du soft power, de l’argent et de l’écosystème des GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) ». Le phénomène marquant des années 2015-2020 est en effet l’entrée massive des réseaux sociaux dans le formatage et la production de contenus au sein des rédactions de presse, par le biais notamment du fact-checking.

Au départ, l’affaire concernait les élections et la lutte contre les propagandes des uns et des autres, conduisant à la création de fausses rumeurs visant à discréditer les uns ou les autres. La tactique politique était vieille comme l’activité en question. Mais les réseaux sociaux lui donnaient une forme de diffusion nouvelle. Le fact-checking est né de cette volonté de vérifier quasiment en temps réel les affirmations des politiciens en campagne, la campagne électorale américaine pour l’élection présidentielle de 2016 (et le traumatisme qu’a représenté la victoire de Trump pour beaucoup) en constituant le point d’orgue (voir le livre de Valérie Jeanne-Perrier). Mais pour les géants d’Internet et des réseaux sociaux, il ne s’agissait que d’une étape pour accroître encore leur domination du monde numérique, la décision d’investir dans la presse étant antérieure.

Google a d’abord créé en 2013 un fonds « pour l’innovation numérique de la presse » doté initialement de 60 millions d’euros. Comme La

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